La salle des trophées

  Arithmancie signifie "divination par les chiffres". À Poudlard, il ne s'agissait pas du tout d'une matière divinatoire. Je m'étais, pour tout dire, attendue à quelque chose de très compliqué : Et ça l'était. Beaucoup plus que les pauvres mathématiques moldus. L'Arithmancie était l'étude de la puissance magique des chiffres. Elle était indispensable pour inventer des sortilèges, par exemple.

  Le vieux grimoire de sortilège sentait un peu le moisi, comme s'il n'avait pas été ouvert depuis des décennies - ce qui était probablement le cas, puisque le dernier emprunt remontait à 1896 (!!!). Un fin nuage de poussière s'en échappa et me fis toussoter. Les pages jaunies et irrégulières semblaient si fragiles que je craignais de les déchirer en les tournant. Je survolai la longue préface, inutile tandis que le professeur Fields faisait l'appel. La liste des sortilèges qui m'intéressaient se trouvait après. Les premiers sortilèges consistaient à retirer à la vict... euh... au sujet des capacités de réflexions qui la rendrait plus crédule, et donc plus apte à obéir. Le deuxième chapitre portait par le contrôle par la maîtrise des sentiments. Intéressant...

- Kenneth, Lacerta, appela le professeur Fields.

Je relevai la tête et répondis présente, en couvrant le livre de mes bras. Le cours commença sur l'étude de l'Hexad et j'attendis que le professeur tourna le dos pour me replonger dans l'ouvrage. Il y était écrit que l'on pouvait influencer les choix d'une personne en lui insufflant un sentiment ou une émotion. Peut-être était-ce ce qu'il me fallait. Et si... Et si je dressais Rosemonde Westmore et Rubeus Hagrid l'un contre l'autre ? Cette idée était horrible. Cette idée était parfaite. Que leur insuffler alors comme émotion ? Le chapitre était clair et concis. C'était une liste de sortilèges, accompagnée d'illustration sur les gestes de baguette à effectuer :

  Invidia : Formule pour rendre le sujet envieux, jaloux. Il suffit d'ajouter le nom d'une personne à la formule pour que le sujet soit jaloux d'elle.

  Accusas : Formule pour rendre le sujet paranoïaque. Fonctionne comme le sortilège précédent.

  Iratus : Formule pour rendre le sujet en colère. Fonctionne comme le sortilège précédent.

  Vereor : Formule pour insuffler la terreur au sujet. Fonctionne comme le sortilège précédent.

  Acedia : Formule pour rendre le sujet passif et paresseux.

  Laxo : Formule pour retirer l'empathie du sujet.

  Elleborosus : Formule pour rendre le sujet fou.

  Luctus : Formule pour rendre le sujet profondément triste.

  ATTENTION : Les formules ne durent pas éternellement. Les effets se dissipent au bout de deux heures en fonction de la réceptivité du sujet et de multiples utilisations peuvent avoir des effets secondaires indésirables, tels que l'apparition de cornes, la teinte de la peau en vert, la perte des cheveux, une incapacité de parler autrement qu'en rime ou une augmentation du volume du nez ou des oreilles.

  Les images suivantes montraient les effets secondaires sur le corps humain, et je retins tant bien que mal une grimace de dégout. Le livre ne disait pas si les formules marchaient sur les demi-géants. Le maléfice qui attira mon attention tout de suite fut le sortilège de Colère, iratus. Il était absolument parfait pour déclencher une dispute. Si je parvenais à le lancer sur Westmore et Hagrid, ils se diraient assez de choses horribles pour ne plus jamais s'adresser la parole, et Hagrid verrait toutes ses chances de réintégrer Poudlard, détruite. Je me dépêchais de griffonner toutes les formules sur un bout de parchemin que je rangeai précieusement dans ma poche puis je refermai discrètement l'ouvrage et le recouvris d'une feuille, sur laquelle je fis mine d'écrire les cours. Le professeurs Fields écrivaient des formules mathématiques très compliquées sur le tableau noir, dans lesquelles revenaient constamment le chiffre "6". Il accompagna sa démonstration de l'étoile de David, la représentation graphique de l'Hexad. En pleine Seconde Guerre Mondiale, je trouvais ça de très mauvais goût.

  Soudain, une boule de papier tomba sur ma table. Elle semblait avoir été arrachée d'une feuille de parchemin. Je lançai un regard autour de moi à la recherche de la personne susceptible de me l'avoir envoyé. C'était Shacklebolt, à deux tables devant moi, que j'aperçus se retourner à toute vitesse, les yeux exorbités. Je défroissai le papier en fronçant les sourcils. Il y était écrit :Je ne suis pas désolé, je n'ai pas à l'être, il faut que nous parlions. Je ne compris pas en quoi Shacklebolt n'était pas désolé... Il ne m'avait rien fait de mal, si ? Avait-il révélé des informations sur moi ? Il n'en avait pas. M'avait-il viré de ma fonction de Préfète ? Il n'y avait aucune raison... Je me retournai machinalement. Derrière moi, Barnaby Edgecombe consultait son manuel de Numérologie, la mine concentrée.

  - Oh... compris-je soudain.

  Edgecombe leva la tête vers moi en fronçant les sourcils. Shacklebolt avait juste mal visé.

  - De la part de Magnus, dis-je en lui tendant le morceau froissé de parchemin.

  - Qu'est-ce que c'est ? demanda Edgecombe, le ton méfiant.

   Je haussai innocemment les épaules.

  - Aucune idée, mentis-je.

  Edgecombe accepta le message et se remit au travail. Edith Xavier, entremetteuse professionnelle, à votre service !

  - Lacerta Kenneth ? m'appela un minus de première année à la sortie du cours.

  Il se précipita vers moi, les joues roses, une lettre à la main.

  - Le professeur Dumbledore m'a chargé de te remettre ça... dit-il, ses yeux mordorés évitant de me regarder dans les yeux. 

  Il me tendit sa lettre et je la pris en haussant les sourcils.

  - Merci, euh...

  - Je m'appelle Lyall.

  - Lupin ?!

  Le petit hocha la tête, surpris que je connusse son nom.

  - Eh bien, merci, Lyall Lupin...

  Je le regardai s'éloigner en courant, trop choquée par ma rencontre avec le père de Remus Lupin pour pouvoir émettre le moindre son. Je baissai alors les yeux sur la missive qu'il m'avait fait parvenir. Une lettre de Dumbledore ? Avait-il trouvé le moyen pour moi de retourner dans mon monde ? Je la dépliai avec une telle impatience que je manquai de la déchirer. Mais je sentis mon visage se décomposer lorsque je parcourus le contenu du message.

  Miss Kenneth, votre heure de retenue aura lieu aujourd'hui à partir de 19 heures 30, après le repas. Vous serez chargée d'astiquer les objets de la salle des trophées. Mr Picott vous y attendra pour vous fournir le matériel nécessaire, car l'usage de la magie vous sera interdit.

  Albus Dumbledore

  - Plagiat Ron Weasley, grommelai-je en me remémorant la punition que Ron avait reçu pour être venu à Poudlard en Ford Anglia.

  Ça allait donc être à mon tour de à passer un coup de chiffon sur l'insigne de Jedusor pour "services rendus à l'école". J'écrasai rageusement le parchemin dans mon poing. Dumbledore m'était d'une siii grande aide... Le tour de garde la veille, la retenue aujourd'hui, le cours d'Astronomie le lendemain... Quand allais-je donc avoir le temps de mener ma mission à bien ? Je commençais à désespérer, notamment parce que Cattus n'avait pas pointé le bout de son nez poilu depuis un petit bout de temps... 

  C'était d'une telle illégalité qu'une punition plus grosse qu'une retenue m'aurait été donnée si on m'avait vu. Mais, en cours d'Histoire de la Magie, le professeur Binns (déjà fantôme à cette époque) ne semblait même pas se rendre compte qu'il avait des élèves. Je pus donc jeter sur mes camarades de classe des sortilèges d'Émotion, pour m'assurer qu'ils étaient efficaces. J'imposai la tristesse à Olive Hornby, qui éclata en sanglot lorsque sa plume fit une tache d'encre sur son cours, et j'insufflais la crainte à Victor Stebbins, qui poussa un long cri lorsqu'une foule de hiboux passa soudainement devant la fenêtre de la salle à tire-d'aile. Quant à Janice Peakes, elle s'endormit sur sa table. Je l'avais ensorcelé avec le maléfice de Paresse. Quoique... Nous étions dans le cours du professeur Binns, et, que ce dernier sort fonctionnât ou pas, je ne pouvais le vérifier, puisque la moitié de la classe accompagnait Janice dans son sommeil. J'en déduis que, même sans les formuler à haute voix, je parvenais à jeter les sortilèges plutôt efficaces. 

  Les effets se dissipèrent lors du repas. Janice cessa de bailler, Stebbins de sursauter à chaque fois qu'on l'interpellait et Olive finit par se rendre compte que ce n'était pas si grave si il n'y avait plus de poulet rôti. Je n'aperçus ni Rosemonde ni Hagrid dans la Grande Salle. En revanche, j'eus le malheur de croiser le regard sombre de Tom Jedusor. Il me regardai l'air pensif, sans se soucier du fait que je le voyais. Si nous avions été dans le monde moldu au XXI siècle, je lui aurais bien adressé un signe grossier de la main. Amy me fis détacher mon attention de lui en entamant une conversation futile sur un sujet qui ne m'intéressait pas. Je me contentai de lui répondre par des onomatopées, mais elle ne se rendis pas compte que je ne l'écoutais pas. Je quittai la Grande Salle avant que le repas ne prît complètement fin. Sans me soucier des autres. Je me rendis dans la Salle Commune de Serdaigle pour y ranger mes affaires. Je posai mon sac sur le lit et pris dans mes doigts le médaillon de Lacerta. A l'intérieur, Urania Kenneth me regardai avec un sourire paisible et je poussai un soupir en refermant le pendentif dans un claquement sec. Je glissai ma baguette magique dans la manche de ma robe et consultai ma montre. Il était l'heure de descendre.

  La salle des trophées se trouvait non loin de la salle des Sortilèges, celle dans laquelle Alphard Black et moi avions entendu les hurlements de la Née-Moldue, Éléonore McIntosh, lors de son attaque par les Mangemorts. Ma pensée dériva vers elle. Était-elle toujours à Saint-Mangouste ? Se souvenait-elle de ceux qui lui avaient fait du mal ? 

Apollon Picott m'attendait là, avec du matériel de nettoyage posé au sol.

- Vous êtes en avance, constata-t-il de sa voix grinçante. Ne pensez pas que je vais vous faire sortir plus tôt pour autant.

Je hochai la tête en silence.

- Avez-vous votre baguette ?

- Je suis venue sans rien, mentis-je alors que ma baguette glissait sous ma manche.

- Bien, dit Picott en se baissant.

Il attrapa des chiffons et un seau d'eau chaude et mousseuse qu'il me tendit.

- Je veux que tous les trophées de cette salle reluisent. Je serais de retour à 20 heures 30 pour inspecter votre travail.

Je hochai une seconde fois la tête et le débarrassai de son fardeau, qui devint le mien. Alors, il ouvrit la porte de la pièce dans le cliquetis de son jeu de clefs et ferma la porte derrière moi en la claquant. Il n'avait fait aucune remarque désobligeante. Il m'avait simplement demandé de faire correctement mon travail. Picott semblait bien moins antipathique que son successeur, Rusard. Je posai le matériel au sol et contemplai ce qui se présentai à moi. Des lampes à huiles éclairaient correctement la pièce, mais c'étaient les trophées qui brillaient à la lueur de la lune qui paraissaient les plus beaux. Je fronçai les sourcils en les examinant. Ils n'avaient pas l'air particulièrement sales... Pourquoi laver des objets sur lesquels on ne trouvait que très peu de poussière ? En parcourant le étagères, je reconnus quelques noms qui ne m'étaient pas inconnus. Je pus donc découvrir qu'un ancêtre de Neville Londubat avait fait gagner la coupe de Quidditch durant 6 ans à sa maison (ce qui me fis rire, étant donné les capacités de Neville sur un balai volant), ou qu'un aïeul de Ernie Macmillan avait fait des découvertes en matière de Sortilèges qui lui avait valu les félicitations officielles du Ministre de la Magie de son époque. Ce fut alors que je l'aperçus, brillante, chatoyante, splendide. L'épée de Gryffondor était accrochée à un mur, protégée par une vitre de verre. Que faisait-elle là ? N'était-elle pas supposée se trouver dans le bureau du directeur ? Peut-être n'y était-elle simplement pas encore à cette époque... Je m'arrachai à ma contemplation et retournai vers le matériel de nettoyage. Ayant gardé ma baguette, j'aurais pu me servir de ma baguette, mais je ne connaissais pas de sortilège de nettoyage. J'étais pourtant certaine que J.K. Rowling en avait inventé dans sa saga. Je mis ma baguette plus à l'abri dans une poche et me baissai pour tremper un chiffon dans l'eau chaude. Je l'essorai avec force et commençai à astiquer les premiers objets que je trouvai sous la main.

- Et donc, comme ça, Rosier n'a plus à espionner Kenneth ? s'éleva une voix dans le couloir adjacent à la salle des trophées.

  Je me figeai, cessant de frotter une tache persistante sur la coupe du championnat de Bavboules. Rosier, Kenneth, on parlait de moi...

- Non, en effet, répondit une autre voix, glaciale.

Mon coeur rata brutalement un battement. Je reconnus la voix de Tom Jedusor. À quoi m'étais-je donc attendue ?

- J'ai trouvé une autre source, bien plus efficace, pour tout savoir de ses agissements.

Amy...

- Tu entends ça, Rosier ? ricana la première voix. Tu vas enfin pouvoir consacrer toute ton attention sur ta cible...

- La ferme, Avery, ordonna une troisième voix que je reconnus comme étant celle de Connor Rosier.

Oh, misère ! Lui aussi était là ! Toute la bande de Mangemorts se trouvaient derrière la porte, à ma droite ?! Heureusement qu'ils ne pouvaient me voir, mais ils pouvaient à tout moment entrer dans la salle...

  - Nan, parce que Kenneth est bien jolie, continuait Avery, mais elle est plate comme une première année. Alors que l'autre, elle a une sacrée paire de...

- Ça suffit, Avery, le coupa sèchement Jedusor. Tu vas nous faire repérer.

- Mais tu t'en moques, toi, Voldemort, non ? dit une quatrième voix, trainante, que je savais être celle de Lestrange.

- C'est vous-même qui avez tenu à venir, rétorqua Jedusor. Si quiconque nous surprend, je dirais que je vous ai pris à roder dans les couloirs pendant mon tour de garde.

Je fus parcourue d'un frisson. Jedusor était bel et bien fidèle à lui-même. Il n'hésitait donc jamais à sacrifier ses alliés si cela lui était bénéfique.

- C'est une bonne guerre, admit Lestrange.

- Restez sur vos gardes, dit Jedusor. On va passer par la salle des trophées. J'ai quelque chose a y faire.

Je bondis derrière un pilier, le coeur battant à la chamade au moment où la porte s'ouvrit.

- Tu veux aller admirer ton insigne de bravoure ? se moqua Rosier.

Je haussai les sourcils. Jedusor et ses sbires étaient donc encore assez proches pour qu'il y ait une certaine égalité entre eux... Je retins mon souffle et m'écrasai contre le pilier, tentant de me faire la plus fine possible. J'entendis leurs pas tous proches et mon regard balaya la pièce. J'aperçus le seau et les chiffons, derrière une vitrine. Oh mon Dieu ! Je n'avais pas pensé à cacher le matériel de ménage ! Je me maudis intérieurement et suppliai un quelconque dieu pour qu'aucun Mangemort ne l'aperçoive.

- Il me semble qu'elle est par là, marmonna Jedusor.

- De quoi ? demanda Avery.

Les bruits de pas s'évanouirent.

- L'épée de Gryffondor, constata Lestrange, avec étonnement.

- C'est une copie, dit Jedusor d'un ton égal. Une copie presque parfaite. Seul un goblin pourrait la différencier de l'originale.

- Comment tu sais que c'est une copie alors ? questionna Avery.

- J'ai vu l'original l'année dernière, dans le bureau de Dippet. Elle ne quitte jamais la tour.

- Et pourquoi tu veux voir celle-là, alors ?

- Ça, ce sont mes affaires, Avery, répondit Jedusor.

Ses camarades ne posèrent pas plus questions. J'étais la seule à savoir que Jedusor voulait faire de l'épée un Horcruxes... J'entendis Jedusor murmurer de longues incantations tandis que les Mangemorts restaient silencieux.

- Hé! C'est quoi ça ? demanda soudainement Rosier.

- Un seau, répondit Avery avec flegme.

Il y eu un silence et je tirai ma baguette de ma poche en tremblant.

- Il y a quelqu'un ici, constata Lestrange le ton méfiant.


Note de l'auteur : Sooooo... Qu'en pensez vous ??? Aimez vous ? Que va-t-il arriver à Edith ? La suite, dans le prochain épisode ! Si vous avez des questions, posez-les !

Rodnoffyrg 💝

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