Edith's mission
La musique en média va avec le chapitre ^^ (vous remarquerez que le titre du chapitre fait écho au titre de la musique)
- Girabo ! fit une voix dans mon dos.
Une force invisible me contraint à pivoter sur mon même, et mon regard croisa alors les yeux perçants et noisettes de Connor Rosier. Nom d'une licorne... Que me voulait-il ? Le duel ne s'était achevé que depuis quinze minutes et voilà qu'un Serpentard venait me chercher des Noises à nouveau ?
- Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je, les dents serrés, sans pouvoir tourner les talons.
Rosier haussa les sourcils puis s'adressa à moi avec une sorte de mépris moqueur.
- Je suis très content que tu aies cessé de faire semblant.
- Ce qui veut dire...?
- Tu sais très bien, voyons. Ces fiançailles ne nous arrange ni l'un, ni l'autre, et tu as enfin cessé de faire comme si c'était le contraire.
Il joua avec sa baguette et approcha d'un pas.
- Cependant, j'ai presque l'impression que tu n'en as plus rien à faire. (Un sourire forcé tordit ses lèvres fines.) Écoute, j'avais d'autres aspirations mais c'est toi qui m'a été destiné. Tant que tu es à Poudlard, tu es libre de faire ce qui te chante, dans la limite du raisonnable, mais dès que tu obtiendras tes ASPICs et ne mettras plus jamais les pieds dans ce maudit château tu seras à moi. J'ai beau ne pas en rêver tout particulièrement, nos parents nous ont fiancé, et je respecterais cet engagement.
Je ne dis rien ni ne laissai paraître aucune émotion, ce qui contrastait violemment avec mon habituel comportement. Mais que pouvais-je dire ? faire ? Pour tout avouer, j'étais lasse. Rosier ne me faisais pas peur. Jedusor, si. Jedusor me faisais dorénavant trembler de peur. Les petites querelles de Rosier n'avait pas plus d'importance à mes yeux que la vie d'un Né-Moldu aux siens. Si Lacerta voulait vivre une fin malheureuse, tant mieux pour elle. Elle était la seule à pouvoir s'en sortir. Son destin n'était pas de mon ressort. Du moins, tant que Jedusor laisserait son enveloppe corporelle en bon état. Je lançai un regard blasé à Rosier et hochai la tête. Il ajouta quelque chose que je n'écoutai pas puis me libera de l'emprise de son sortilège.
- Très bien, dit-il, satisfait.
- Au revoir, rétorquai-je en filant dans la direction opposée.
Il dit encore quelque chose mais je ne pus le comprendre (ni ne le voulus). J'en avais marre de lui. Qu'il continuât à me suivre comme un animal de compagnie pour épier mes faits et gestes, s'il n'avait que ça à faire. De toute façon, il lui manquait toujours les événements, les preuves susceptibles d'apporter une raison concrète au fait de me soupçonner. Sans oublier que Jedusor, lui, n'en avait déjà plus besoin. Il possédait une information qu'il souhaitait et n'avait plus qu'à creuser dans cette direction. Cela me tuait. Comment en était-il parvenu à trouver mon véritable prénom !? Les seuls qui connaissaient mon identité, derrière ce masque de fille à papa sorcière et Sang-Pur, étaient Cattus et Dumbledore. Or, aucun des deux n'aurait jamais parlé de quoi que ce fût à qui que ce fût. Ce fut alors que me revint le souvenir de mon arrivée dans le monde de Harry Potter, lorsque je croyais encore qu'il s'agissait d'un rêve. "Vous pouvez m'appeler Edith, ou Eddie, comme tout le monde." Quelles personnes avaient entendu cette phrase déjà ? La réponse n'était pas bien compliquée : Amy Blackthorn et Sharon Ackney. Mais ce ne pouvait être elles ! Elles avaient cru à un mauvais sort, pourquoi aller le raconter ? À Jedusor en plus !
Dans le couloir qui menait à la salle de Défense contre les Forces du Mal, alors qu'au loin, la Dame Grise et Nick Quasi-sans-Tête traversaient les murs tout en discutant poliment, mon esprit percuta violemment. Amy. C'était Amy, l'amoureuse transie, qui avait tout dit au jeune homme qui faisait battre son coeur ! Je rêvais de me tromper, mais c'était l'explication la plus évidente. Jedusor avait dû venir la voir et lui parler d'elle, pour se la mettre dans la poche, avant d'orienter le sujet vers moi... Et cette idiote avait vidé tout son sac, sans oublier les plus petites poches ! Je le lui avais dit ! Je le lui avais dit de se méfier de ceux qu'elle croyait gentils ! Ne lui avais-je pas prévenu que ce monde n'était pas un monde de Bisounours ? Je contemplai le sol sans savoir que faire. Les cheveux de Lacerta me tombèrent par mèches devant le visage et j'arrachai les pinces qui les retenaient à moitié coiffés. Il chutèrent en cascade sur mes épaules voutées.
Que faire ? Que faire ? Que faire ?
Des éclats de voix m'arrachèrent à mon esprit torturé. Ils provenaient d'une salle, quelque part, sans que je n'arrive vraiment à distinguer où. Je m'apprêtai à continuer mon chemin, sans m'en soucier, mais je crus reconnaître la voix de Magnus Shacklebolt, mon homologue Préfet et plus ou moins proche parent de Kingsley Shacklebolt.
- Écoute, je sais que ça te paraît très abrupt ! Mais il faut bien que je puisse te parler !
Vas-t'en Edith, bon sang, ce ne sont pas tes affaires ! dit une voix dans ma tête. Rappelle-toi que les tiennes sont particulièrement plus importantes !
Non ! répliqua une autre. S'il s'agit d'un Shacklebolt, il aura peut-être une influence sur Kingsley !
Mais la vie de Kingsley n'est pas détaillée, ce qui signifie qu'il peut avoir n'importe quel passé !
C'était donc à cela que ressemblait la schizophrénie... Je laissai les deux voix se disputer tout en restant immobile. Visiblement, le deuxième petit ange sur mon épaule était en train de gagner, car me parvenait une bonne partie du monologue de Magnus.
- Tu m'évites tout le temps depuis que je te l'ai dit ! Même là tu ne me regardes pas dans les yeux... Je ne te demande pas de... Je ne te demande pas de... Juste, écoute ce que j'ai à dire, d'accord ? Non ! Ne pars pas !
La poignée de la porte à ma gauche se mit à bouger légèrement puis plus rien.
- S'il te plaît ! Tu voulais savoir mon secret et je te l'ai dit ! continua Magnus.
Un secret ? Magnus Shacklebolt avait un secret si horrible que la personne à qui il l'avait confié ne voulait plus lui parler ? Magnus Shacklebolt ? Le deuxième petit ange aurait pu afficher un sourire vainqueur s'il avait été réel.
- Maintenant, tu dois admettre la vérité ! (Il y eut un moment de silence et Magnus s'écria :) Je t'aime, d'accord ? Je t'aime de tout mon coeur ! Qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? Où est le mal ? Répond-moi !
Ah. Il n'y avait rien de spécial, dans ce secret. Magnus Shacklebolt se prenait juste le râteau du siècle par la fille qu'il aimait (enfin, le deuxième, après la collection de râteaux distribués par Lily Evans à James Potter quelques décennies plus tard).
- S'il te plaît, répond-moi ! pria Magnus. Non ! Non, non, non ! Ne t'en vas pas !
Cette fois-ci, la porte s'ouvrit vraiment et Barnaby Edgecombe s'en échappa, une expression indéchiffrable sur le visage qui se transforma en horreur lorsqu'il m'aperçut. Il s'enfuit dans la direction inverse, me laissant stupéfaite. Qu... Quoi ? Barnaby Edgecombe ? Edgecombe venait de refuser la déclaration de Shacklebolt ? Shacklebolt était gay ?! Si je ne l'avais pas vu, je n'y aurais jamais cru... Shacklebolt poussa un cri de rage et j'eus le temps de m'extraire avant qu'il ne m'eût surprise. Je me réjouis pour lui ne de pas avoir été la véritable Lacerta. Je savais comment était traitée l'homosexualité dans les années quarante par les Moldus (j'avais déjà vu The Imitation Game) et me doutai, en constatant la réaction de Barnaby Edgecombe, que l'avis des sorciers quant à la question n'était pas meilleur. Pour toute vérité, les remarques intelligentes ne furent pas les premières à survenir parmi toutes les pensées qui se bousculèrent dans ma tête à ce moment là. "Magnus Shacklebolt est gay ?! Mais on ne dirait pas du tout !" furent les pensées puériles qui me vinrent en premier lieu, accompagnées bien sûr de "Il est amoureux de Barnaby Edgecombe !". Après plus de réflexion, j'en vins à conclure qu'il ne s'agissait là que d'un nouveau secret que j'allais devoir garder pour moi-même. Car, MOI, je savais garder les secrets, contrairement à quelqu'un d'autre...
Je décidai de faire demi-tour silencieusement pour ne pas que Shacklebolt ne m'aperçût. Je descendis un escalier un peu plus loin pour me rendre vers la Grande Salle. Le repas ne touchait pas encore à sa fin, mais les plats de résistances étaient peu à peu remplacés par les desserts sur les longues tables des maisons. À la table des Serdaigles, une fille de Gryffondor était en train de distribuer des tracs tout en discutant avec Sharon et Bones. Je m'approchai d'eux en silence. Je reconnaissais cette fille, avec ses lunettes mauves en forme de papillon et son visage rond. Elle était dans la même année que moi et se nommait Rosemonde Westmore. Je cherchai des yeux Amy mais ne la distinguait pas parmi les élèves. Pourtant, nous avions sérieusement besoin de parler, elle et moi.
- Hey, Janice, dis-je à l'adresse d'une de mes camarades en m'asseyant devant la table. Tu n'aurais pas vu Amy par hasard ?
La rouquine secoua la tête de gauche à droite.
- Non, pourquoi ?
- Pour rien... Pour savoir...
Je lui adressai un sourire conventionnel et me tournait vers Sharon et Westmore.
- Il faudrait juste que vous signiez la pétition, dit Westmore en tendant une feuille de parchemin et une plume blanche à Sharon et Bones.
- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je en me penchant vers eux.
Westmore cacha subitement son parchemin de ma vue, comme s'il y était écrit quelque chose d'absolument confidentiel.
- On va réhabiliter Rubeus Hagrid, répondit Sharon.
- Ackney ! s'offusqua Westmore. Ne lui dis pas !
- Réhabiliter ? répétai-je sans comprendre.
- Oui, réhabiliter. Le faire réintégrer Poudlard, en somme, expliqua Bones.
Non... Non non non non non non NON ! Cattus ne pouvait pas me faire ça ! Pas à moi !
- Comme élève ? l'enquis-je, la voix étranglée.
- Nan, comme professeur, se moqua Sharon. Bien sûr comme élève ! De quoi d'autre veux-tu qu'il s'agisse ?
Westmore me fixa avec une méfiance en serrant sa pétition et ses tracs contre sa poitrine.
- Mais... Mais... Il a ouvert la Chambre des Secrets ! tentai-je.
Ce que j'avais le plus envie de faire, à cet instant, c'était creuser un gros trou dans le sol, m'installer au fond et remettre la terre à sa place. Je ne pouvais par faire ça à Hagrid ! Ruiner ses chances d'être comme tous les autres et de ne pas vivre une vie de marginal, dans une hutte, devant utiliser en secret un parapluie rose pour pratiquer la magie !
- J'ai fait des recherches, répliqua Rosemonde. L'animal que cachait Hagrid était une Acromantule. À peine sortie de l'oeuf. Or, une Acromantule ne peut pas tuer un être humain sans laisser de traces. Très peu de créatures le peuvent.
Je m'apprêtais à trouver une autre horrible excuse, mais Westmore me coupa avant même que ma bouche ne s'ouvrît.
- Lors des deux premières attaques, Hagrid se trouvait avec des camarades de classe, il n'a donc pas pu donner des ordres à sa créature. Attends, je n'ai pas fini. Hagrid est à Gryffondor, or, le responsable des attaques de l'année dernière est censé être l'héritier de Serpentard.
Pourquoi ne pouvais-je pas laisser Rosemonde Westmore venir en aide à un innocent puni à tord ? Pourquoi ? Qu'avais-je fait au destin pour qu'il me punisse de la sorte ? Si je n'arrêtais pas cela tout de suite, je pouvais tout de suite tirer une croix sur le monde de Harry Potter.
- Je tiens également à ajouter que Hagrid était bien trop jeune pour découvrir l'existence d'un lieu que même les plus grands sorciers n'ont jamais trouvé au cours du millénaire qui nous sépare de la création du château, acheva Westmore, l'air particulièrement satifait.
- Et elle a développé encore plus d'arguments sur le papier, ajouta Bones, amusé.
- Je vois, dis-je d'une voix sourde en me levant brusquement.
Je quittai la salle sans rien avoir mangé, sous le regard surpris de Sharon, Bones er Westmore. Ce ne fut que lorsque je me retrouvai hors de la vue de tous que je m'autorisai à fondre en larmes. Je me précipitai vers les toilettes les plus proches, la vision brouillée et me noyai le visage sous l'eau fraîche d'un lavabo craquelé. Lorsque je relevai la tête, je constatai dans le vieux miroir que mon maquillage avait coulé et que les larmes qui perlaient le long de mes joues rosies se mêlaient à l'eau du robinet qui ruisselait sur ma figure.
- T'as vraiment une sale tête, lâchai-je au reflet pathétique de Lacerta.
Je serrais l'emprise de mes doigts pâles sur les rebords du lavabos. Un sanglot aigue s'échappa de ma gorge malgré moi. Puis un deuxième, et un troisième. Tout mon corps se mit à trembler et je fus prise d'un frisson incontrôlable. Personne ne viendrait m'aider. Personne, même pas Cattus. J'étais loin de ma famille, jetée dans un univers que je croyais connaître. S'il ne s'agissait que d'un monde de fiction, pourquoi le sauver ? Pourquoi faire le sale boulot à la place du soit disant "Gardien", Cattus ? Pourquoi s'attacher aux personnages qui, de toute façon, n'étaient pas réels ? Pourquoi m'inquiéter autant que cela ? Pourquoi ressentir la moindre empathie pour eux ? Qu'est-ce cela pouvait bien me faire que Rubeus Hagrid rate sa vie où la réussisse ? Les sanglots ne s'atténuèrent pourtant pas.
Personne pour m'aider. Personne, personne, personne... Je devais garder tous ces secrets en moi, mentir, tout le temps, jouer à la comédie,et demander à ce que les autres ne me disent que la vérité. En dehors de la dimension"je sauve le monde de Harry Potter", valais-je vraiment mieux que Tom Jedusor, dans ma manière de me comporter ? Mes larmes tombèrent lentement dans le lavabo, noircies par cet affreux mascara que je m'imposais. Je tenter de les essuyer de mes joues du revers de la main, mais ne réussis qu'à étendre les traces. Avec mes cheveux décoiffés et mon visage ridiculement barbouillé, je n'avais plus rien à voir avec la vraie Lacerta. J'étais affreuse.
Non, je savais à qui je ressemblais, à cet instant même... Je secouai la tête avec force, refusant de l'admettre. Partager des caractéristiques avec un seul méchant était déjà assez... Je cherchai de l'aide dans les grands yeux bleus humides de Lacerta. Là non plus, il n'y en avait aucune.
Je n'avais pas le choix. Il me fallait exécuter ma mission. Peu importait que mes actes fussent considérés comme bons ou mauvais aux yeux des autres. C'était le bonheur de Hagrid ou ma vie et tout le monde des sorciers. Je laissai s'échapper un dernier sanglot avant de respirer profondément. Je repris lentement le contrôle de moi-même, ponctuant mon silence de petits reniflements. Mes problèmes s'entassaient les un sur les autres comme dans un mille-feuilles... Il ne restait plus qu'à trouver un moyen de les régler...
🌠🌠🌠
Note de l'auteur : Voilà ! Ce petit chapitre était un peu plus court mais intense ! Qu'en pensez vous ? Les révélations et les dilemmes auxquels Edith doit faire face ? Pour ce qui en est du texte, préférez vous des chapitres réguliers d'environ deux milles mots ou de longs chapitres qui sortent aléatoirement sur de plus longues périodes ?
Je vous aime, mes lecteurs ! 💝 Rodnoffyrg 💝
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