Crise d'identité

   Une jeune fille de mon âge me regardait en fronçant les sourcils. Elle était très belle mais avait un air très méprisant que je lui rendis. Ses cheveux blonds et ondulés lui arrivaient en dessous des épaules et des deux côtés de son petit nez mutin, ses yeux d'un bleu limpide, presque fades, clignaient en même temps que les miens. Son teint porcelaine dépourvu de la moindre imperfection la faisait ressembler à une poupée, ce que renforçaient ses lèvres en pétales de rose.

   - C'est bon, vous pouvez vous détourner du miroir, Lacerta, dit l'homme roux à la barbe que Madame Whisp m'avait amené après mon réveil.

   - Ce n'est pas un rêve ? Je suis vraiment cette sorcière.

   Dumbledore acquiesça.

   - Vous êtes elle, comme si vous l'aviez toujours été. En tant normal, j'aurais confié un cas aussi exceptionnel que le vôtre au Ministère de la Magie, mais des temps sombres courent et Grindelwald s'intéresse beaucoup aux formes de magie qu'il ne comprend pas.

   Dumbledore se leva de sa chaise.

   - Venez avec moi, nous pourrons discuter avec plus de discrétion dans mon bureau.

   Je ne me sentais pas très bien Je m'étais tellement attendu à me réveiller chez moi que j'étais devenue aphone lorsque je m'étais réveillée sur le lit de l'infirmerie. Dumbledore – qui ne ressemblait pas du tout à Jude Law – m'avait montré un miroir qui détecterait mon imposture. Et qui n'avait rien détecté...

   Était-ce scientifiquement possible ? Ou même magiquement ?

   Un rêve ne pouvait pas être si vrai...

   Je sentis les cheveux de Lacerta me chatouiller la nuque. Mes cheveux. Mes mains pâles. Mon air méprisant. Mes yeux bleus.

   Comment m'étais-je retrouvé là ? Quelle était l'explication sensée qu'on pouvait donner à la situation ? Ce Dumbledore paraissait d'une infinie sagesse, mais s'il n'était qu'une invention de mon cerveau, pourquoi ne ressemblait-il pas au Dumbledore des films ?

   Sans que je ne m'en sois rendue compte, nous étions arrivés devant une porte dérobée, à côté d'un tableau représentant une femme enrobée d'un âge mûr. La Grosse Dame, le bureau de Dumbledore. Aussi étrange que cela soit pour un directeur de maison (car en 1943, Dumbledore dirigeait la maison Gryffondor) son bureau était minuscule et très encombré. Je m'attendais à un endroit plus vaste. D'un sortilège, il dégagea des parchemins et autres reliques magiques – dont ce qui ressemblait fortement à la Pensine – d'une vieille table très simple et me proposa une chaise.

   Je me sentais comme dans la peau de Harry – même si j'étais dans celle de Lacerta – lors de ses longues conversations avec le vieux directeur. Il me regarda par-dessus ses lunettes en croissant de lune et parla en premier.

   - Présentez-vous, s'il vous plaît.

   Je pris une grande bouffée d'air.

   - Je m'appelle Edith Xavier, j'ai seize ans et j'habite à Glasgow en Écosse. Je suis une Moldue et...

   - Une Moldue ? me coupa Dumbledore. Pourtant la magie vous semble familière... Savez-vous ce que c'est ?

   - Une baguette magique, répondis-je du tac au tac en fixant la baguette de Dumbledore – qui n'était pas la baguette de Sureau.

   - Et ceci ?

   - Le dessin d'un Botruc. Essayez-vous de me faire dire que je mens ?

   - Que feriez vous si vous étiez à ma place ?

   Voilà qu'il me faisait ce fameux regard qui vous donne l'impression de passer au rayon X. Je compris soudain le malaise que décrivait Harry.

   - Écoutez, de là d'où je viens vous... vous... n'êtes pas réel... balbutiai-je. Vous êtes un personnage de livre. Un très bon personnage, ajoutai-je précipitamment.

   Il ne dit rien, l'air... relativement calme...

   - Je peux le prouver, j'ai appris beaucoup de chose sur vous dans ses livres. Notamment des choses que vous essayez de cacher.

   La lueur dans ses yeux bleus changea.

   - Euh... Votre soeur, Ariana, par exemple, vous n'en parlez jamais. Je sais que quand elle était petite, des Moldus lui ont fait du mal parce qu'ils l'avaient vu faire de la magie et qu'elle n'a plus jamais été la même depuis. Je sais aussi que vous avez été très ami avec Grindelwald dans votre jeunesse, et que c'est pour ça que vous ne voulez pas qu'on vous confie le pouvoir.

   Silence.

   - Oh ! Et vous avez fait brûler l'armoire de Jedusor pour qu'il rende aux orphelins les objets qu'il avait volé.

   J'aurais pu en rajouter mais il me sembla que certaines informations pouvaient être un peu déplacées. Lentement, Dumbledore joignit ses mains et entrecroisa ses doigts.

   - Comment s'appelle ce livre ?

   - Harry Pot... Euh... Je ne sais pas si je peux le dire... Ça se passe dans les années 90, donc dans le futur pour vous. Et rien que le titre vous spoil l'avenir...

   - Spoil ?

   - Oui, enfin, ça vous dit ce qui va se passer avant que vous ne le voyiez par vous-même. C'est un mot qu'on emploie couramment en 2018.

   - Si je comprends bien, non seulement vous ne venez pas du monde magique mais vous ne venez pas non plus de cette époque ?

   Je hochai la tête.

   - C'est étrange à croire, mais avec tout ce que vous savez, il est indéniable qu'il faut que je vous apporte mon aide. Lacerta Kenneth n'a pas l'air connue par vous, que voulez-vous donc connaître à son sujet ?

   Waouh ! Dumbledore m'accordait sa confiance et proposait de m'aider ! Si ça n'avait pas été impossible, je m'en serais vanté partout ! Je lui posais plusieurs questions auxquelles j'obtins les réponses :

   -Lacerta est une Sang-Pur

   -Elle est la Préfète de Serdaigle

   -Elle est fiancée à Connor Rosier (Rosier étant le nom d'un Mangemort) qui lui est à Serpentard

   -Du coup elle a une idéologie un peu Malfoyenne

   -Elle prend beaucoup soin d'elle-même

   -Elle est intelligente (très douée en sortilège et métamorphose), raisonnable mais très peureuse

   -Et enfin (et à mon grand dam) elle déteste les Gryffondors, et particulièrement Hagrid qu'elle qualifie de « monstre »

   Super. Je suis tombée sur Pansy Parkinson...

   Avant de sortir de son bureau, Dumbledore me posa une dernière question.

   - Vous avez cité Tom Jedusor. A-t-il un impact important dans le livre auquel nous sommes censés appartenir ?

   Oui, c'est le boss de fin...

   - C'est un grand sorcier, répondis-je en faisant attention à mes mots. Très puissant. Il apprend au héros que l'amour peut sauver plusieurs fois la vie.

   Mais pas volontairement...

   Sur ce, je refermai la porte sur un Dumbledore en pleine réflexion.

   Je décidai de faire le tour de Poudlard. Le château semblait beaucoup plus fantastique et mal entretenu que dans les films. Bien que cela paraisse incroyable, il semblait beaucoup plus magique... Du lichen dévorait les façades extérieures, se battant pour la place avec le lierre. Les vitres hautes étaient, quant à elles d'une teinte jaunâtre qui donnait à l'intérieur une lumière brumeuse. Les courants d'air violents firent s'envoler mes cheveux. Pour une habituée de la fraîcheur d'Ecosse, je faisais pâle figure dans ces couloirs glacés. Rôdant au hasard, je finis par me retrouver dans un hall gigantesque juste en face de... la Grande Salle. C'est alors, qu'avançant dans cet endroit à l'atmosphère beaucoup plus agréable, je me rendis compte que j'avais faim. Je repérai Amy et Sharon qui discutait à la table juste à gauche quand une voix m'interpella.


Note de l'auteur : Un chapitre un peu plus court, malheureusement. Si vous avez le moindre conseil ou la moindre question, n'hésitez pas. Oui, Jedusor arrive bientôt. Non, il n'y aura pas d'histoire d'amour entre lui et l'héroïne. Le design de Lacerta s'inspire de Fleur Delacour. Pour le nom Lacerta, je me suis inspirée des Black, qui donnent à leurs enfants des noms de constellation : Lacerta est la constellation du Lézard. L'infirmière est une ascendante de Kennilworthy Whisp, l'auteur du Quidditch à travers les âges. Amy Blackthorn et Sharon Ackney sont des OC, mais pas Olive Hornby (lire la chambre des secrets)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top