Celui-qui-fourrait-son-nez-partout
Carry on my wayward son
There'll be peace when you are done
Lay your weary head to rest
Don't you cry no more
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Un hibou moyen duc à l'air farouche plongea sur nous et Olive poussa un cri en couvrant sa tête de ses bras. Il atterrit sans délicatesse dans l'assiette d'Amy dont le sourire se transforma aussitôt en infinie tristesse : elle n'avait même pas encore commencé son pudding. Le hibou s'avança en direction de Sharon et tendit la patte au bout de laquelle se trouvait une lettre, trempée par le petit déjeuner d'Amy.
- Non, mais t'es pas possible, Sherlock ! le gronda Sharon en détachant la lettre du bout des doigts. Elle est toute sale, maintenant !
Sherlock ? Sharon était du genre à lire du Conan-Doyle ?
- Sympathique, ce nom, fis-je remarquer.
- Parce que tu sais d'où il vient peut-être ?
- Élémentaire, mon cher Watson, lui répondis-je avec un clin d'oeil.
Je ne savais même pas si cette réplique existait vraiment dans les livres (je ne les avais jamais lu) mais Sharon sembla comprendre, contrairement à Olive et Amy qui échangèrent un regard plein d'incompréhension. Sharon détacha son attention de nous et ouvrit sa lettre, tandis que d'autres rapaces nous lançaient l'exemplaire quotidien de la Gazette du Sorcier. Je attrapai le mien encore dans les airs, à la manière d'une Attrapeuse, mais celui de Amy écrasa la partie de pudding sur laquelle le hibou de Sharon n'avait pas atterri. Respectueusement, je ne ris ni ne me moquai d'elle, mais pensai en mon fort intérieur que le Karma ne fonctionnait pas seulement en ceux qui croyaient au Karma. Le gros titre ? Encore une mauvaise nouvelle ! La seule différence avec l'actualité de cette époque était peut-être que le nom Grindelwald n'était pas écrit dans le gros titre (seulement dans la moitié de l'article). Des disparitions. Trois enfants de famille de sorciers différentes avaient disparus, enlevés dans leur sommeil, dans leur propre lit. Les kidnappeurs s'étaient introduits en cassant les serrures, les journalistes soupçonnaient une technique de Grindelwald. Un collier avait été retrouvé sur l'un des lieux ; il était représenté sur la photographie de l'article. Sharon stoppa la lecture de sa lettre pour se pencher au dessus de mon épaule et je pouvais, du coin de l'oeil, la percevoir froncer les sourcils.
- Drôle de bijou, remarqua-t-elle. Pas très "Grindelwald"...
Je ne lui demandai pas à quoi ressemblait un bijou très "Grindelwald". Mais je savais que son obsession était les Reliques de la Mort. Or, le pendentif du collier représentait un demi-soleil, avec de longs rayons droits, dans lequel était écrite la lettre "C". Pas du tout le symbole des Reliques. Sherlock trempa son bec dans mon jus de citrouille puis s'envola à tire d'aile, déçu par le peu d'attention que lui portait sa maîtresse.
- Grosse ambiance, lança Olive en constatant nos expressions graves.
Nous ne la considérâmes pas. Il ne manquait plus qu'une nouvelle organisation de mages noirs se soit crée, en plus de celle de Grindelwald. Mais je ne m'inquiétai pas. Rien de pareil n'était mentionné dans les livres de Harry Potter, rien de grave, donc... C'est peut-être une mission pour toi, Edith... Je fis taire la petite voix dans ma tête et réprimai un frisson. Non... Je tenais déjà dangereusement tête au plus puissant mage noir du Royaume-Uni, il n'était pas question que je démembrasse un cartel de sorciers malveillants. Le courage de lire l'article jusqu'au bout me quittant peu à peu, je cédai la gazette à Sharon qui s'en empara et se plongea entièrement dedans, oubliant presque qu'on lui avait envoyé une lettre.
- Kenneth, m'interpella une voix.
Je tournai la tête en direction de Magnus Shacklebolt, debout entre la table des Serpentards et des Serdaigles. Il me fit signe de la rejoindre et j'obtempérai en me levant lentement du banc.
- J'ai le nouveau mot de passe de la Salle de Bain, dit-il.
- Des Préfets ?
- Non, des professeurs.
- Ah, au temps pour moi...
Shacklebolt leva les yeux au ciel.
- C'est "Neige éternel".
- C'est nul, comme mot de passe, fis-je remarquer.
- Ce n'est pas moi qui choisi...
J'avais presque oublié que le statut de préfète de Lacerta me permettait d'avoir accès à la Salle de Bain des Préfets ! Mais... j'aimais mieux la salle de bain de mon dortoir. Elle était pratique. Je me promis tout de même d'essayer l'autre salle de bain. Harry en avait fait une plutôt bonne description dans la Coupe de Feu.
- Merci, Magnus, c'est noté.
- Il n'y a pas de quoi, me dit-il en hochant la tête. Euh, tu n'aurais pas vu les gars, par hasard ?
- Ils sont sur le terrain de Quidditch, avec Janice. Ils assistent aux entraînements de l'équipe de Poufsouffle.
- Ah, d'accord, marmonna Shacklebolt, et je pouvais voir à son expression qu'il était profondément déçu qu'on ne lui ait pas proposé de venir. Merci.
Je m'apprêtai à ouvrir la bouche pour ajouter quelque chose mais me ravisai. Ses affaires ne me concernaient pas. Alors je me partis me rasseoir à ma place.
- C'est peut-être des moldus, marmonna Sharon.
- De quoi ? lui demandai-je (l'interpellation de Shacklebolt m'avait fait perdre le fil de ce que nous étions en train de faire).
- Les attaques...
Je lançai un regard intrigué à Olive et Amy et, après un bref instant de silence, nous éclatâmes de rire. Le rose monta aux joues de Sharon.
- Des moldus ! répéta Olive, des larmes commençant à perler le long de ses joues, tant elle riait.
- C'est la chose la plus drôle que tu as jamais dite ! s'exclama Amy, hilare.
J'avais le souffle trop coupé pour ajouter quoi que ce soit. Cette hypothèse était beaucoup trop désopilante. Même moi, pourtant Moldue dans la vraie vie, n'aurais jamais sorti quelque chose d'aussi stupide.
- Ce n'était pas une blague, rétorqua Sharon.
- Mais, oui, bien sûr ! s'étrangla Olive.
- Explique-nous tes arguments, dans ce cas, intima Amy qui, sans cesser de sourire, tentait de reprendre un certain sérieux.
- Pourquoi des sorciers auraient-ils crocheté les serrures ? demanda Sharon avec un air féroce.
- Parce que les sorciers protègent leurs maisons avec de puissants contre-sorts, sans se douter que les méthodes moldues peuvent être efficaces, répondis-je.
Je repensai aux Animaux Fantastiques. Queenie avait tenté d'ouvrir le bureau de Grave sans succès, et c'était Jacob qui avait réussi, à l'aide d'un bon vieux coup de pied. Les sorciers sous-estimaient tant les moldus...
- Et pourquoi auraient-ils capturé des enfants au hasard ?
- Pourquoi des moldus auraient-ils capturé des enfants de sorciers ? répliquai-je. Il y a des tarés dans ce monde. Parfois, il ne faut pas poser de questions. Il faut les arrêter, c'est tout.
- Tu as raison, lâcha Sharon à contrecoeur.
Je haussai les sourcils. Que venait-elle de dire ?
- C'est idiot, continua-t-elle. Ce ne peut pas être des moldus...
Venait-elle juste de me donner raison ?! Elle reposa le journal sur la table avec lassitude.
- Westmore s'en sort avec sa pétition ? lui demandai-je à voix basse.
Je jetai un bref coup d'oeil en direction de Amy. Elle ne m'avait pas entendu. Parfait. Il ne fallait surtout pas que Jedusor fût au courant de mon soudain intérêt pour Hagrid.
- Pourquoi ? Tu veux la signer ?
Je ne lui répondis pas, me contentant d'un sourire superficiel.
- Ça avance bien. Elle va le présenter au Ministère de la Magie, dans une ou deux semaines.
- Hagrid le sait ?
- Bien sûr, quelle question idiote ! Elle lui fait un compte rendu tous les matins, après le petit-déjeuner.
- Même ce matin, là, aujourd'hui ?
Sharon fronça les sourcils et déplia de nouveau sa lettre pour en reprendre la lecture.
- Euh... Oui, logiquement.
Quelle aubaine ! Ils se retrouvaient tous les matins pour discuter ! Il me suffisait juste de leur lancer un sort informulé, sans même avoir besoin d'élaborer un stratagème pour les faire se retrouver au même endroit !
- Où ça ?
- Pourquoi est-ce que tu me poses ces questions ?
- Oh, pour savoir, répondis-je, en essayant de paraître la moins suspecte possible. Ils se retrouvent dans le parc, non ?
- Non, à l'entrée du Grand Hall.
Je hochai la tête.
- D'accord. J'espère qu'elle réussira, avec Hagrid... mentis-je.
Tout ce que je voulais, en réalité, c'était la voir échouer. Pour rentrer chez moi. Mais je n'allais pas le dire en face de Sharon. Durant tout le reste du petit-déjeuner, mon regard ne quitta pas la table des Gryffondors, juste en face de moi, derrière celle de Poufsouffle. Westmore était assez reconnaissable, même de dos, avec sa choucroute châtaine au dessus de sa tête. Je bondis du banc lorsque je l'aperçus se lever. Ni Olive, Amy ou Sharon ne firent de remarque. Elles devaient avoir fini par s'habituer à mon comportement imprévisible, à force. Elle sortit de la Grande Salle et je la suivis de loin. Je voyais déjà la grande silhouette de Hagrid se détacher dans l'entrée et pressai légèrement le pas. Arrivant de nulle part, un élève me bloqua le chemin. Rosemonde Westmore et Hagrid échappèrent à ma vue un bref instant.
- Excuse-moi, dis-je à l'élève en essayant de le contourner, mais il fit un pas sur le côté pour m'en empêcher.
Je levai les yeux, surprise. Ces cheveux noirs, ce teint translucide et ce sourire vicieux...
- Tu vas quelque part, Kenneth ? demanda Jedusor d'une voix doucereuse.
- Je ne suis pas sûr que ce soient vraiment tes affaires... répliquai-je, le ton acerbe.
- Oh, mais pourquoi aborder un ton aussi rude, Kenneth ?
- Laisse-moi tranquille.
Le sourire de Jedusor devint plus tordu encore.
- Ta retenue s'est bien passée, Kenneth ?
Peur : Sentiment d'angoisse éprouvé en présence ou à la pensée d'un danger, réel ou supposé, d'une menace (souvent dans avoir, faire peur) ; cette émotion éprouvée dans certaines situations : Trembler de peur. Cette définition ne semblait même pas être assez forte pour décrire ce que je ressentais. Je sentis presque mon visage blêmir sous sa remarque. J'intimai à mon coeur de ralentir son battement, tant le rythme auquel il battait était effréné.
- Je ne comprend pas ce que tu veux dire, mentis-je, la voix légèrement tremblante.
Je me calmai du mieux que je le pouvais. Il y avait du monde autour de nous. Il ne risquait en rien de me faire du mal.
- La retenue que tu as eu à faire dans la salle des trophées, hier soir. C'est Dumbledore qui te l'avait donné, n'est-ce pas ?
Je ne répondis pas.
- Tu croyais vraiment que je ne l'apprendrais pas ? (Jedusor éclata d'un rire aiguë.) Ma chère Lacerta ! Malgré tout ce que tu peux croire ou espérer, on ne peut rien me cacher.
Je le fusillai du regard, serrant mes poings qui tremblaient.
- C'est si drôle de voir que tu croyais t'en être sortie ! continua-t-il. J'ai su que c'était toi dès que j'ai jeté ce sortilège de Révélation de Présence Humaine. Je n'arrivais pas à entrer dans la tête de l'intrus. L'Occulmencie n'a pas que des avantages !
- Tu crois vraiment pouvoir me menacer alors que je sais que tu te promènes le soir avec tes petits copains, dans le château ?
- Mais tu ne vas rien dire, Kenneth, affirma Jedusor avec un ricanement. Ce n'est pas dans tes intérêts.
Il a raison...me chuchota une petite voix dans ma tête que je ne voulais pas entendre.
- Que peux-tu bien savoir de mes intérêts ? sifflai-je.
- Pas grand chose, pour l'instant, mais assez pour savoir que, si tu as conseillé à la Dame Grise de me faire confiance, c'est pour une bonne raison.
J'écarquillai les yeux de stupeur.
- Rosier n'a pas tout le temps été inutile, dit Jedusor, en se délectant de la situation.
- C'est tout ce que tu avais à me dire ? demandai-je d'une voix blanche, en tentant de garder mon calme du mieux que je le pouvais.
- Non. J'ai encore une question. Deux, en fait.
- Et tu penses que je vais te répondre, peut-être ?
- Tu finiras par le faire, Lacerta. Tôt ou tard. Ou je viendrais chercher la réponse moi-même.
Encore des menaces. Un éclair rouge passa furtivement dans ses yeux et il se mit à jouer avec sa baguette magique. Le message se faisait plutôt clair, tandis qu'il agitait la bague des Gaunt, une partie de son âme, sous mon nez. Il ne pouvait pas se douter que je savais tout. Mais il trouvait que je me rapprochais déjà dangereusement d'une vérité qu'il ne racontait même pas à ses Mangemorts. J'attendis qu'il me posât ses questions mais il ne le fit pas. Il se contenta d'étirer un sourire féroce et se détourna de moi sans un mot. Tôt ou tard, devait-il se dire, il aurait ses réponses. Il pouvait attendre.
Je ne savais comment réagir. Jedusor... Jedusor m'avait parfaitement cerné... Juste en m'observant, il connaissait mes forces et mes faiblesses. Par l'intermédiaire "d'espions", il pouvait connaitre mes réactions même lorsqu'il n'était pas là. Il était vraiment trop fort. Je repensais à la manière qu'il avait eu d'insister sur le prénom de mon "vaisseau". Lacerta. Je savais que j'allais devoir encore avoir affaire à lui. Tôt ou tard. J'espérais juste que ce serait le plus tard possible.
J'aperçus Westmore revenir vers la Grande Salle, le pas bondissant et serrant un bloc note contre sa poitrine à la manière du professeur Ombrage. J'avais raté son entrevue avec Hagrid. Un juron manqua de m'échapper. Tôt ou tard, je réussirai à mettre à mal cette satané pétition.
Tôt ou tard.
Note de l'auteur : Yo tout le monde, comment ça va ? Vous avez aimé ce nouveau chapitre ? Un peu d'échec, de sueur froide et de Jedusor ;) Edith rencontre son mystérieux admirateur au prochain chapitre ! Une préférence pour le titre ? (parole de chanson, proverbe, nom d'animal ?) N'hésitez pas à poser vos questions !
P.S. Voici la traduction des paroles en anglais du début : Continue mon fils égaré / Il y aura la paix quand tu auras terminé / Laisse ta tête lasse se reposer / Ne pleure pas plus
Rodnoffyrg 💝
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