🎭 Take me on...

  Mercredi 19 Janvier 1944

Lorsque Magnus se leva, le matin qui suivit, Barnaby avait déjà quitté le dortoir. Avec empressement, selon les dires de Victor. Il lui avait ajouté, avec un clin d'œil : « Barn' doit retrouver quelqu'un, si tu vois ce que je veux dire... » Mais, sur le coup, Magnus n'avait pas vraiment compris ses insinuations. Mais les explications arrivèrent dès qu'il se rendit dans le Hall d'Entrée. L'équipe de Quidditch de Serdaigle s'entraînait depuis très tôt le matin, mais les rumeurs fusaient déjà. Magnus surprit une conversation entre les filles de sa classe.

– Lisbeth Dillonsby, disait Peakes.

– Et qui est-ce ? demanda Kenneth.

– Voyons, Lacerta ! Dillonsby ? Tu ne te souviens pas ?

Kenneth répondit à la question d'Ackney en secouant la tête de gauche à droite.

– C'est une pauvre idiote de quatrième année qui suit Edgecombe à la trace depuis qu'il est Poursuiveur...

Plus Ackney avançait dans ses explications, plus Magnus sentait son cœur se compresser dans sa poitrine, comme si quelqu'un l'avait attrapé de ses mains et s'amusait à l'écraser dans son poing.

– Mais pourquoi il sort avec, maintenant ? s'étonna Kenneth.

Ses paroles confirmèrent les craintes de Magnus. Barnaby n'avait pas attendu, pour lui prouver qu'il ne l'aimait pas. Il avait, d'ailleurs, très rapidement réagit. Trop rapidement. Il s'éloigna avant d'entendre la fin de la conversation. Il avait bien eu assez de détails comme ça. Comment Barnaby, qui n'avait jamais eu aucune relation amoureuse, avait pu sortir aussi subitement avec cette Lisbeth ? Effectivement, la rumeur se révélait vrai, lorsqu'à plusieurs reprises, Magnus aperçut Barnaby et cette Dillonsby pavaner dans les couloirs, l'après-midi-même, main dans la main.

Jeudi 20 Janvier 1944

  Lisbeth s'accrocha au bras de Barnaby en ronronnant. Elle ne comptait pas le lâcher. Il était tout ce dont elle avait toujours rêvé : un prince charmant beau, populaire, intelligent et Poursuiveur dans l'équipe de Quidditch de Serdaigle. Elle lança un regard victorieux à sa meilleure amie, Peggy, qui lui rendit une moue à la fois blasée et jalouse. Cependant, Barnaby avait un rictus figé et regardait droit devant lui, dans le vide, une expression indéchiffrable collée sur son beau visage. 

  - Ça va, Barn ? s'étonna Lisbeth.

  Cette interruption tira à Barnaby une brève grimace et reporta son attention sur sa nouvelle petite amie.

  - Oui, oui, mentit-il en restant vague. Tout va bien...

  Il s'efforça de transformer son rictus en un sourire moins crispé et Lisbeth, convaincue par ses paroles, posa doucement la tête sur son épaule, sans cesser de lui écraser le bras.

  - Tu as prévu quelque chose pour le week-end à Pré-au-Lard ? demanda-t-elle, le ton innocent.

  - Non. Pourquoi ?

  Lisbeth rougit.

  - On pourrait sortir... commença-t-elle avec une petite voix.

  - Ce n'est pas ce qu'on va faire ? demanda Barnaby en fronçant les sourcils. Ce n'est pas une sortie à Pré-au-Lard ?

  Le visage de Lisbeth vira du rose au pourpre.

  - Si, balbutia-t-elle. Mais je voulais dire... je voulais dire tous les deux... On pourrait aller se promener, que tous les deux...

  - Ah, oui... marmonna Barnaby.

  - Alors ? Tu es d'accord ?

  - Si tu veux...

 Illuminé par un grand sourire, le visage de Lisbeth reprit sa couleur naturelle et elle déposa furtivement un baiser sur la joue de son petit ami. Barnaby ne ressentit absolument rien, lorsque les lèvres de Lisbeth se posèrent sur sa peau, si ce n'était le contact désagréablement gluant de son rouge à lèvre. Il se mit alors à imaginer Magnus à la place de Lisbeth. Lorsqu'il s'en rendit compte, il frémit et chassa cette pensée de son esprit.

De l'autre côté de la table, Lacerta Kenneth jetait un regard furieux en direction du garçon. Elle savait. Elle les avait vu, la semaine précédente. Barnaby fut pris d'horreur. Combien de temps allait-il se passer avant qu'elle ne diffuse la nouvelle, comme elle adorait le faire ?

Il détourna aussitôt les yeux, faisant comme si ne rien était. Avec un peu de chance, elle n'avait peut-être pas tout compris. Le seul fait qu'elle avait gardé le silence toute une semaine en était bien la preuve. Barnaby ne put s'empêcher de s'imaginer ce qui se passerait si on venait à le savoir. Non, non. Personne ne viendrait à le savoir. C'était fini. Il n'y avait rien à savoir.

Shacklebolt tint la promesse qu'il lui avait faite. Pas une seule fois il ne mentionna ce qui était arrivé dans la salle commune, deux jours plus tôt. Mais le malaise subsistait. Comment pouvait-il en être autrement ? Victor et Terence, au beau milieu de tout ça, tentaient de comprendre en vain ce qui n'allait pas. Pourtant, Barnaby faisait de son mieux pour paraître devant eux comme si de rien était. À force d'en persuader les autres, il s'en persuaderait peut-être lui même...

*

Lisbeth tenait absolument à montrer à tout le monde que Barnaby Edgecombe était désormais son petit ami. Elle l'embrassait pour un oui ou pour un non dès qu'ils se croisaient et lui agrippait la main dès qu'ils se promenaient ensemble. Peggy, jalouse, avait fini par qualifier ce comportement de "parfaitement ridicule", mais Lisbeth ne s'en préoccupait pas le moins du monde. Peu importait ce que pensait Peggy, Lisbeth savourait chaque seconde passée avec celui dont elle avait toujours rêvé, et il le lui rendait bien. Lisbeth se remémora la manière dont il lui avait demandé de sortir avec lui, un mardi soir, dans la salle commune. Il l'avait fait avec un tel empressement que Lisbeth en avait déduis que Barnaby s'était retenu de tout lui avouer depuis des années. Bien évidemment, Lisbeth s'était exclamée de joie et avait accepté sur le champ. Elle avait toujours su qu'au fond, son beau Poursuiveur partageait ses sentiments. Qu'elle s'en réjouissait ! Rien ne pouvait la rendre plus heureuse.

  Le week-end à Pré-au-Lard devenait de plus en plus éminent, et Lisbeth, trépignante d'impatience, avait prévu tout un emploi du temps pour un après-midi parfait entre amoureux. Un nouveau pub venait d'ouvrir dans le village, les Trois Balais, et la rumeur affirmait qu'il y était servi les meilleurs Bièraubeurres du pays. « On ne peut pas passer à côté », songea Lisbeth en ajoutant les Trois Balais à sa liste d'endroits à ne pas manquer.

  Barnaby, lui, n'avait pas vraiment de préférences. Il semblait être d'accord avec tout ce que Lisbeth proposait. Parfois, elle le trouvait presque lunatique, l'air absent, comme s'il ne se souciait pas vraiment de grand chose... Mais ça devait faire partie de son caractère. Il avait la grande qualité de faire preuve de beaucoup de patience avec Lisbeth, disait Peggy. Cependant, Lisbeth et elle s'accordaient à dire que c'était un garçon terriblement gentil, et pour ça, Lisbeth ne comptait pas le lâcher.

*

Samedi 13 Février 1944

  C'était enfin le week-end durant lequel les élèves, à partir de la troisième année, pouvaient se rendre dans le petit village le plus proche de l'école, un village entièrement sorcier nommé Pré-au-Lard. Si la contrainte du premier cours de transplanage était passée, Barnaby avait encore celle de la sortie à supporter. Il espérait juste que tout se passerait sans problème.

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