Jour 4 - 5
« - On arrive les gars. Accrochez-vous. »
Hwanwoong tenait fermement la main de Dongju, leurs jambes poussant aussi fort qu'ils pouvaient afin qu'ils puissent distancer ses hommes qui les poursuivaient depuis plusieurs minutes déjà. Les voix ne cessaient d'hurler autour d'eux, résonnant sur l'écorce des immenses arbres donnant le sentiment qu'ils étaient encerclés, pris au piège et que leur fuite était futile car ils finiraient par se faire attraper.
Les larmes aux yeux, le souffle erratique, les plus jeunes du groupe crachaient leurs poumons qui travaillaient à pleins régimes afin de leur fournir une quantité d'oxygène suffisante. Ils devaient les semer, les distancer, leur faire fausse route qu'importe ! Ils devaient fuir le plus loin possible ! Hélas, ils perdaient du terrain et leurs voix se faisaient de plus en plus clairs, leurs propos de plus en plus compréhensibles : les espoirs s'évaporaient comme la fumée qui s'échappaient de leurs lèvres à cause de l'écart de température entre eux et l'air extérieur.
Soudain, à cause d'une erreur d'inattention, Dongju ne remarqua pas la racine sortant de quelques centimètres du sol boueux. Le plus petit trébucha, son pied butant dans l'espace entre la terre gluante et le bout de bois, puis, il s'effondra de tout son long par terre. Dans cette malencontreuse action, les mains se délièrent, les doigts se séparèrent et ceci provoqua un instant de panique supplémentaire chez Hwanwoong qui se retourna, instantanément, vers son petit frère qui geignit sur le sol en proie à l'effroi.
Les yeux du plus âgé se plongèrent vers ce petit corps prit de spasmes, tout semblait se figer autour d'eux alors qu'une sensation d'accélération était présente du côté adversaire. C'était comme si le duo courrait sur place alors que les assaillants avançaient de manière menaçante vers eux. Ce n'était plus qu'une questions de minutes, non, de secondes avant que leurs agresseurs ne puissent mettre la main sur les deux maknae.
« - Hyung... »
Dongju se plaignit tout en tentant de se redresser péniblement. Le plus jeune était certes en pleine crise de panique mais il gardait une espèce de sang-froid qui forçait le respect à Hwanwoong qui se réveilla face à cette action qu'il trouvait héroïque dans son étrange mirage formé par l'adrénaline et l'angoisse.
« - J'arrive Dongju ! Vite... Vite ! »
Le Hyung tira sur le bras de son petit frère afin de le ramener à ses côtés. Leurs corps s'entrechoquèrent, les bras de Hwanwoong vinrent instinctivement entourer le corps tressautant de son ami. Hélas, ils étaient trop tard... Le piège venait de se rabattre, des dizaines d'Hommes les entouraient avec des sourires victorieux peint sur le visage tandis que, sur ceux des victimes, on n'y voyait que de la terreur : la fuite prenait fin ici.
« - Vous pensiez nous échapper ? Oh ! Ils se tiennent la main ! Comme c'est adorable.
- Des petits bébés perdus tremblant l'absence de leur mère. Il fallait l'écouter lorsqu'elle vous disait de ne pas vous promener seul dans les bois les gosses.
- Oh oui... Vous auriez dû car je vais vous demander, maintenant, de gentiment nous suivre. Au moindre geste de rébellion, je vous mets hors d'état de nuire. Compris ?
- Vous nous voulez quoi ? »
Hwanwoong gronda en prononçant ses mots. Naturellement, il se plaça devant Dongju afin de le protéger de cet homme au sourire sadique qui les menaçait avec son couteau de boucherie : ces gens étaient des sociopathes, il n'y avait pas d'autres explications. Aucune humanité ne brillait dans leur iris, seul la soif de sang et de mort scintillait de manière déplaisante.
« - Je n'en ai pas la moindre idée gamin. On a juste l'ordre de capturer toutes les personnes qu'on croise puis de les ramener à la boss. Donc, c'est vous qui découvrirez tout ça lorsque vous serez à ses côtés. Maintenant, suivez-nous sans faire d'histoire. »
Le Hyung fusilla du regard l'homme tandis que deux personnes se rapprochaient d'eux par derrière tout en leur pointant une arme sur la tête : apparemment ils n'avaient pas d'autres choix que d'obéir. Les deux maknae commencèrent à marcher en essayant de suivre le rythme de leur escorte qui les firent s'enfoncer de plus en plus dans l'épaisse forêt. Seul le son de leur pas résonnait dans les bois, il n'y avait aucun son naturel dans les parages : le lieu semblait comme mort, violé par ces barbares.
Dongju se colla le plus possible qu'il put à son grand frère, l'effroi était clairement discernable dans ses prunelles ébènes tremblantes d'instabilité. Ceci brisa le cœur de Hwanwoong, qui était aussi mal mentalement vu la situation actuelle, mais il tenta tout de même de le rassurer en lui murmurant quelques mots doux à l'oreille comme des « tout va bien se passer ». Hélas, comment pourrait-il calmer son jeune ami alors que lui-même n'arrivait pas à calmer les battements affolés de son organe vitale ?
Hwanwoong se sentait débile. Le garçon n'était clairement pas en position d'aider son ami et ils savaient très bien que tout n'allait pas bien se passer : ils n'étaient plus naïfs depuis longtemps. Leurs respirations irrégulières sifflaient en différées tandis que leurs mains se cherchaient, se liaient, se serraient, limite elles se brisaient tellement les jeunes adultes étaient tendus. Qu'allaient-ils leur arriver ?
Tout d'un coup, passant derrière une haie, l'entrée d'une grotte gigantesque se discerna dans la roche mais elle semblait tout sauf accueillante. Les poils des amis s'hérissèrent tandis qu'ils fixèrent l'ouverture béante vers laquelle on les poussait : il avait un mauvais pressentiment qui leur nouait la gorge. Dongju résista un peu, son instinct lui hurlait de ne surtout pas rentrer dedans mais l'accentuation de la pression de l'arme à feu sur l'arrière de son crâne l'obligea à avancer. Finalement, après une forte réticence, le maknae rentra dans ce lieu qui lui donnait froid dans le dos.
La première chose qui réveilla les sens du duo, une fois leurs premiers pas effectués dans la caverne sordide, fut l'odeur pestilentielle qui y régnait. Cette flagrance nauséabonde fit se plier en deux Dongju qui manqua de peu de vomir toutes ses tripes sur le sol constitué de pierres grisâtres. Le pauvre garçon eut plusieurs haut-le-cœur et autres relents et ceci fit rire, comme perdre patience, leurs gardes qui finirent par le bousculer un peu afin de le faire marcher de nouveau faisant gronder Hwanwoong qui prit un coup dans le ventre.
Reprenant leur marche en supportant comme ils pouvaient l'odeur, le plus vieux tenta de s'y attarder un peu plus afin de connaître sa possible source. La puanteur était majoritairement métallisée mais une flagrance d'excrément, d'humidité et de viande pourrie se mêlaient créant ce parfum méphitique. Aucuns des deux n'osèrent demander la source de cette senteur vomitive, de plus, ils ne purent poser aucunes questions puisqu'une femme dans la trentaine arriva devant eux avec un sourire maléfique sur le visage.
Elle était plutôt grande, Hwanwoong dirait dans le mère soixante-quinze voire quatre-vingts, mince avec une peau d'une blancheur incroyable sans la moindre impureté ou tâche : un épiderme parfait. Son visage était encadré par une longue chevelure noir corbeau totalement raide et son regard était aussi sombre que de l'obsidienne. Il n'y avait aucune couleur sur son corps, elle était aussi pâle qu'un cadavre tandis que ses vêtements étaient tous dans une teinte noire. Enfin, il y avait une unique touche de couleur sur elle : ses lèvres. Ces dernières avaient été coloré d'un rouge écarlate très profond donnant la sensation qu'elle avait appliqué quelque chose dessus comme un gloss ou une laque à lèvres. Mais n'était-ce pas étrange, au vue de la situation, d'être aussi coquette ?
La dame s'approcha félinement des deux jeunes garçons qui se blottissaient un peu plus fort l'un contre l'autre comme si cela allait les faire disparaître, les amener ailleurs, loin, très loin de cette prédatrice. Ils déglutirent difficilement en la voyant se rapprocher avec ce sourire à la perturbante chaleur, puis, elle se lécha les lèvres comme le ferait un loup affamé en face de sa proie.
« - Mais quelle jolie prise avons-nous là. »
Sa voix ressemblait à un roucoulement déstabilisant, cela était à la fois doux mais glaçant. C'était semblable à une brise frigorifiante en pleine hiver, à ce petit coup de vent léger qui passait sous les vêtements obligeant à contracter l'entièreté de ses muscles à la suite de cette intrusion des plus désagréables. Dongju détourna le regard, son instinct l'obligea à se mettre dans une position de soumission face à cette personne qui ne lui inspirait guère confiance.
Hélas, alors que ses prunelles fixaient difficilement le sol visqueux, dont il peinait à discerner la couleur, l'adolescent vit la silhouette de deux pieds en face des siens et, avant même qu'il n'ait pu resserrer sa prise sur la main de Hwanwoong, la femme déposa ses longs doigts fins sous le menton du plus jeune qui hoqueta de surprise. Elle l'obligea à relever les yeux puis de les plonger dans les siens onyx tandis que sa main se mit à longer les bords de se mâchoire. Immédiatement, Dongju se pétrifia sur place en laissant la « boss » gérer la danse en glissant derrière la nuque du plus petit afin de tirer sur les petites mèches de cheveux qui s'y trouvaient. Hwanwoong ne savait pas comment réagir, son cerveau n'arrivait pas à réaliser ce qui se passait à côté de lui pourtant il sentait bel et bien la main crispée de son dongsaeng dans la sienne.
« - Deux superbes spécimens. Les dieux vont les adorer. »
La dame humecta une énième fois ses lèvres mais, cette fois-ci, elle plongea sur la bouche de Dongju qui écarquilla les yeux de stupéfaction et choc. Son corps tout entier se raidit et il sentit même son estomac se contracter brusquement lui donnant de nouveaux relents. Mais, les hoquets nauséeux de la victime ne l'arrêtèrent pas puisqu'elle se mit à violemment mordre la lèvre inférieur de Dongju qui couina de douleur en enfonçant ses ongles dans la paume de son Hyung.
Ce geste, cet appel à l'aide fut l'élément qui réveilla brusquement Hwanwoong de son état chimérique. Malgré qu'il soit toujours troublé, le plus âgé fit la première action qui lui passa par la tête soit pousser cette horrible personne pour ensuite se placer devant Dongju : il sera son bouclier. Si elle voulait de nouveau le souiller de la sorte, alors, il faudrait lui passer sur le corps. Le plus petit en taille sortait de plus en plus de son état de trouble faisant que la colère montait et que son regard s'assombrissait de secondes en secondes : Hwanwoong était prêt à tuer pour protéger son ami.
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