Jour 4 - 1

L'astre solaire percé la canopée avec ses rayons remplis de photons léchant les corps, toujours endormis, des six garçons emmitouflés dans leur sac de couchage. Ils étaient assoupis de manière paisible, aucun ne tressautait à cause d'un plausible cauchemar qui pourrait hanter leur esprit tourmenté. Non, tout était calme, tranquille et la petite bande ne semblait pas sur le point de se réveiller de ci-tôt bien que neuf heures soient passés depuis quelques temps déjà.

Le compte à rebours tournait toujours, inlassablement, continuellement, renforçant le sentiment d'angoisse qui rongeait le cœur de chaque être humain. Trois jours, quatorze heures, treize minutes et quelques secondes trottant infatigablement au creux de l'oreille des Hommes fixant avec horreur le cadran de leur horloge. Ce temps, inaltérable, était tout ce qui restait à l'humanité, au Monde avant de définitivement s'arrêter de tourner.

Lorsque le dernier grain de sable tombera, un nouveau Big Bang naîtra. Mais, cette fois-ci, il ne sera pas à l'origine de la création de la Vie, au contraire, il va la conduite à son anéantissement. Seulement, ça, personne ne voulait réellement y croire, y faire face car c'était déroutant, effrayant, tétanisant. Actuellement, il n'y avait plus que l'Espoir comme dernier rempart face à l'effondrement mentale, c'était le dernier rêves d'une majorité : croire que tout ceci soit factice.

Certains diront qu'espérer était une réaction bien naïve, voire immature, cela était une excuse pour ne pas accepter une réalité qu'on devait confronter : le réalisme prédomine chez certains. Puis, d'autres trouveront cela courageux de rester optimiste jusqu'au bout, de se former l'idée que demain tout ira mieux, qu'il n'y aura plus cet objet inconnu les surplombant dans le ciel azur.

Peu importe la situation, les avis seront constamment divergents, opposés, contradictoires. Cela était un trait caractéristique à l'espèce humaine : jamais nous ne serons en accord les uns avec les autres. S'il fallait être réaliste alors jamais nous ne pourrions être un, former une nation sans inégalité. Nos opinions sont hétérogènes, cela était la plus grande force des Hommes tout comme une de leur immense faiblesse. La contradiction mène à l'évolution tout comme elle amène à la discorde.

Soudain, du mouvement se fit au niveau des six garçons et, plus précisément, du côté de Dongju qui commençait à se tortiller jusqu'à se retrouver sur Geonhak qui grogna d'inconfort face au poids qui s'abattait sur lui.

« - Yah, Son Dongju... Tu es lourd !

- Mmh... Et toi tu es le coussin parfait Hyung. »

Le plus jeune baragouina ses propos tout en enlaçant la taille de son aîné, il était bien contre son corps musclé, il se sentait en sécurité et protégé de ce mal qui le terrifiait un peu plus chaque jour. Dongju n'avait que dix-sept ans, le garçon était le plus jeune de ce groupe et pourtant il était très mature. Il avait appris vite à grandir, à devenir un « adulte » mais, parfois, son côté enfantin ressortait et il avait terriblement besoin d'être soutenu et rassuré, même s'il ne le disait jamais de vive voix.

« - Bouges ! Je ne peux plus respirer !

- Abuses pas non plus Hyung. Je ne suis pas gros.

- Si.

- Non.

- Si, tu as un visage tout joufflu et tu as pris du poids ces dernières semaines.

- Je vais te tuer Geonhak Hyung. »

Ce fut ainsi que débuta un combat matinale entre Dongju et son grand frère. Le plus jeune se mit à cheval sur le bassin de son aîné avant de frapper à plusieurs reprises le torse de ce dernier qui tentait de se protéger tout en riant bruyamment : le maknae n'avait vraiment pas de force, il sentait à peine la douleur des coups. Geonhak tenta d'attraper les poignets de son assaillant mais ce dernier montrant les dents signe que s'il lui attrapait le bras alors il aurait le droit à une nouvelle marque de croc dans sa chaire. Alors, la victime se laissa faire, ce n'était pas si douloureux, au contraire, cette petite bataille était plutôt divertissante mais un peu tintamarresque.

Toute la petite bande fut éveillée par les éclats de rire cristallin de Geonhak et les menaces de Dongju qui répétait, inlassablement, qu'il n'était pas gros. Youngjo avait été le premier à émerger suivi par Seoho et, tous les deux, sortirent péniblement de leur couchette tout en fixant, mi-amusé et mi-blasé, le duo qui se battait amicalement. Ils étaient bien mignons à faire cela mais les aînés auraient apprécié qu'ils soient moins bruyants, quelques heures de sommeil supplémentaires auraient été agréable bien que neuf heures trente soient passé.

Puis, Seoho se retourna vers son seul Hyung en soupirant, même si un petit sourire malicieux était dessiné sur ses lèvres. A quoi pensait, encore, cet homme-écureuil ? Youngjo pencha la tête sur le côté en signe d'incompréhension mais l'autre n'éclaira pas sa lanterne, il murmura simplement un « ils sont inarrêtables » avant de s'étirer soulevant, par mégarde, son t-shirt dévoilant sa peau claire.

« - On va réveiller les larves ?

- Je te laisse Hwanwoong, Youngjo Hyung. La dernière fois que j'ai essayé de le réveiller il m'a frappé à plusieurs reprises... Gamin ingrat.

- Ne t'en fais pas. Je sais exactement comment réveiller mon bébé Hwanwoong-ie. »

Un sourire taquin naquit sur le visage du plus âgé ce qui fit hausser un sourcil à Seoho : qu'allait-il lui faire ? Chacun se rapprocha de leur cible à pas de loup tandis que la bonne humeur de Geonhak et Dongju se diffusait toujours dans les bois. Comment faisait les deux pour ne pas se réveiller ?

Seoho fut plutôt doux dans sa manière de réveiller Keonhee, sa main se posa calmement sur son épaule qu'il secoua légèrement tout en lui chuchotant de se réveiller. Le concerné grogna tout en gigotant un petit peu dans l'espoir de faire partir son Hyung. En voyant ce genre de réaction, le plus âgé décida d'être un peu plus direct : il ne voulait pas se réveiller avec la manière douce ? D'accord, alors il était tant d'être plus vif. Attrapant la fermeture éclair du sac de couchage de son dongsaeng, Seoho l'abaissa tout en ouvrant, brusquement, le duvet de Keonhee qui se plaint en se recroquevillant sur lui-même. La fraîcheur matinale vint lécher la peau du plus jeune qui frissonna tellement cela était désagréable. Il tenta à plusieurs reprises de reprendre son sac de couchage mais son frère était déterminé à le réveiller.

« - Debout Keonhee-ah ! On doit lever le camp.

- Encore un peu... Je suis fatiguée.

- Non, réveille-toi avant que je ne te balance dans le lac.

- NON ! Je suis réveillé ! C'est bon ! »

Keonhee se redressa en un bon et il manqua de peu de frapper la tête de Seoho en se redressant. L'aîné eut un petit sourire satisfait tout en se remettant debout en présentant une main tendu à son dongsaeng afin de l'aider à se relever. Le fraîchement réveillé l'attrapa sans réelle hésitation puis tous deux partirent se préparer pour la marche du jour.

Non loin du sac, maintenant désert, de Keonhee, Youngjo avait choisi une méthode drastiquement différente pour réveiller Hwanwoong. Cette fameuse technique utilisée quelques jours auparavant pour sortir de sa torpeur le petit paresseux : l'attaque de bisous. En effet, le plus petit c'était immédiatement retourné sur le ventre lorsque la bruyante bataille de Geonhak et Dongju avait débuté le tirant de son agréable sommeil, sa nuque était donc parfaitement accessible. Youngjo se mit à quatre pattes au-dessus du dos de son ami avant de l'enlacer en plongeant dans son cou afin de lui déposer une pluie de bisous baveux.

« - Ah ! Hyung ! Pas ça ! »

Hwanwoong se débattit violemment, soudain bien réveillé, mais en étant allongé sur son ventre il n'avait pas vraiment de manière de se défendre, à part se retourner mais son aîné était bien trop lourd pour effectuer une telle action. Puis, avec une voix remplit de malice, Youngjo lui susurra quelques mots au creux de l'oreille.

« - Tu n'aimes pas mes bisous ?

- Ah ça non ! Pas de bisous, surtout dans le cou ! Je n'aime pas ça !

- Bon..., bouda faussement le plus vieux. Si tu n'aimes pas ça... Alors, partons sur des chatouilles. Tout le monde aime ça !

- Aaah ! Hyung ! Haha ! Stop ! Haha »

Le rire cristallin du plus petit se propagea dans les environs, intriguant les oiseaux qui cessèrent de gazouiller pour observer les deux amis allongés sur le sol. Les mains de Youngjo parcoururent le corps de Hwanwoong de long en large, passant parfois sous les fins vêtements du plus petit lui provoquant de légers frissons tandis que les gestes des doigts du plus vieux créèrent une douce torture qui retourna l'estomac du plus jeune. Ce dernier ne pouvait pas s'empêcher de rire aux éclats tandis que sa respiration s'accélérait devenant limite difficile.

Leurs pupilles s'écarquillèrent de bonheur, Youngjo fixait le garçon en-dessous de lui comme s'il était la septième merveille du monde. Leur corps se rapprochèrent inconsciemment faisant que, à un moment, les visages n'étaient séparés seulement par quelques centimètres. Les fronts se collèrent tandis que des gouttelettes de sueurs perlaient à cause du fou rire provoqué par les caresses de l'aîné. Leurs regards se perdirent et leurs respirations devinrent un souffle commun aux deux protagonistes. Puis, Youngjo ouvrit sa bouche, présente quelques millimètres au-dessus de celle de Hwanwoong, puis il susurra de sa voix envoûtante tout en se rapprochant un peu plus de son dongsaeng.

« - Alors, tu es réveillé maintenant ?

- Mmh... Oui.

- Bah heureusement que tu l'es ! »

Le rire de Keonhee s'éleva faisant sursauter les deux qui s'étaient plongés dans une bulle si intime qu'ils en avaient oublié la présence des quatre autres.

« - Je n'imagine même pas ce qu'aurait fait Youngjo Hyung si tu avais dit que tu n'étais pas réveillé Hwanwoong.

- Il l'aurait embrassé, balança sans pression Dongju.

- Peut-être. Ou il serait allé plus loin encore. »

Tous les regards se tournèrent vers Seoho qui vérifiait son sac à dos une dernière fois afin de s'assurer qu'il n'avait rien oublié. Keonhee avait un air choqué sur le visage en discernant le sous-entendu de son grand frère tandis que Geonhak peinait à étouffer ses éclats de rire et que Dongju regardait de manière blasé son Hyung.

« - JE SUIS RÉVEILLÉ ! »

Hwanwoong, sous la panique, se redressa subitement en faisant tomber son aîné à la renverse. Le rouge monta aux joues du plus jeune qui se sentait affreusement gêné alors que son grand frère frottait son fessier en couinant de douleur.

« - Aïe, fais gaffe Woong-ie... Mes fesses...

- Oh, pardon Hyung ! »

Le plus petit tendit une main timide à son frère de cœur afin de l'aider à se relever, tout en s'excusant d'avoir été un peu trop brusque en se redressant. Youngjo frotta son pantalon afin de retirer la terre séchée qui le recouvrait et son dongsaeng n'arrêtait pas de chuchoter des « pardon » tout en se grattant l'arrière de la tête.

« - Ca va Woong-ie, je ne vais pas mourir pour être tombé sur les fesses.

- Mais je t'ai fait mal...

- Certes, mais on a eu un accident de car il y a peu donc, crois-moi, j'ai eu plus mal lors de ce dernier que tout de suite. Donc, ce n'est rien. Arrête de t'excuser d'accord ? »

Enfin, tout le monde termina de pleinement se réveiller. Chacun avala une petite barre de céréales afin d'avoir un minimum de force pour leur marches matinales. Puis, les garçons rangèrent leurs derniers effets personnels dans leur sac à dos de manière efficace et ordonnée. Rapidement, la petite bande était prête à quitter les lieux mais un bruit soudain les fit sursauter : une branche craquant derrière eux.

Keonhee sursauta en poussant un cri apeuré, ses yeux fixèrent l'endroit d'où provenait le craquement et il n'arrivait plus à dévier son regard de cette zone. La tension augmenta d'un cran tandis que les six paires d'œil étaient braquées dans la même direction, ce petit buisson au feuillage dense cachant ce qu'il y avait derrière lui : ils avaient un mauvais pressentiments. Les instincts se réveillèrent, les pupilles se rétrécirent jusqu'à limite se fendre tant la décharge d'adrénaline qui se propagea dans leur corps fut intense.

Le temps semblait s'être figé, les oiseaux s'étaient soudainement tus, le soleil était parti se cacher derrière l'un de ses gros nuages donnant un air lugubre et menaçant à la forêt. Les éléments de la nature semblaient vouloir ignorer la suite des évènements, ils ne voulaient pas être les témoins de ce qui allaient arrivé à nos six garçons. Soudain, venant de nulle part, un groupes d'hommes et de femmes armés de couteaux ainsi que de haches débarquèrent sans crier gare et ils foncèrent tous en direction des adolescents tétanisés.

« - On court ! »

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