Jour 2 - 3

Leurs regards vitreux ne se détournaient pas de leur cible, de leur proie et ce n'était qu'une question de secondes avant qu'ils ne l'attrapent.

 « - Hwanwoong ! »

Soudainement, on vint lui attraper le bras tout en le tirant doucement ce qui fit sursauter le jeune adulte qui manqua de peu d'hurler à l'aide. Ses iris noirs s'orientaient dans la direction de son agresseur, la tétanie paralysait toujours ses jambes et Hwanwoong ne savait pas comment réagir si son assaillant faisait partie du duo de trentenaire : il était foutu, il allait mourir.

« - Ca va Woong-ie ? »

Lorsque les yeux du garçon se posèrent sur son attaquant, l'adolescent découvrit qu'il s'agissait en réalité de Youngjo qui l'observait inquiet par sa réaction tandis que, derrière lui, se trouvait Geonhak qui fronçait les sourcils, surpris par la réaction disproportionnée de son ami. Pourquoi aurait-il peur d'eux ?

« - Hein ? Oh oui, désolé Hyung. Je me suis égaré dans mes pensées c'est tout. »

Le jeune adulte balbutia ses paroles factices tout en dessinant un faux sourire rassurant sur son visage, toujours tiré par l'angoisse. Mais cette fausse excuse ne marcha pas sur les Hyung qui voyaient très bien qu'il mentait et cela ne les rassurait pas. Hélas, ils n'avaient pas le temps de lui faire passer un interrogatoire, ils en parleraient une fois qu'ils auront retrouvé les autres.

« - Si tu le dis... On va payer ?

- Ouais ! Je pense qu'on aura assez d'eau. »

Le plus petit enchaîna rapidement avec sa réplique afin de pouvoir quitter l'oppressante boutique au plus vite. Le trio se dirigea vers la caisse tenue par un homme d'âge mûr, ses tempes étaient déjà bien grisonnantes signe de son âge avancé. Tout en gardant une mine aigri tout du long, le vendeur passa les articles sur le tapis. L'homme donnait l'impression que la situation le dépassait et que cela l'énervait de voir les gens faire de telles réserves alimentaires.

« - Ce n'est pas la fin du monde... »

Le caissier baragouina ces propos dans sa moustache puis il annonça le prix au groupe. Ce fut à cet instant que Youngjo demanda un peu paniqué.

« - Dites-moi que vous avez pensé à prendre de l'argent.

- C'était ton rôle Hyung ! »

Geonhak écarquilla les yeux face à la bêtise de son aîné et ami d'enfance. Comme avait-il pu omettre un tel détail ? Le plus âgé se gratta la tête avec une mine désolée.

« - J-Je... J'ai totalement oublié.

- Tss... Heureusement que je suis là. »

Hwanwoong soupira tout en se penchant vers sa chaussette où il avait caché ses liasses de billets, puis il les tendit au commerçant qui hésita un instant avant de les prendre en lâchant un « merci » dédaigneux : un homme vraiment charmant. Le caissier s'apprêtait à rendre le surplus au plus jeune mais ce dernier refusa poliment la chose.

« - Gardez la monnaie, cela ne me sera plus utile. »

L'homme écarquilla les yeux de surprise, depuis quand refusait-on quelques Wons ? Tout en se faisant dévisager par le travailleur, le trio rangea leurs fournitures dans leurs sacs sous les remerciements et les plates excuses de Youngjo qui avait mal fait son rôle. Hwanwoong lui répondit constamment que ce n'était pas grave, que le plus important était qu'il avait payé leurs achats et ce fut dans une ambiance agréable qu'ils quittèrent le 7-eleven afin de rejoindre leurs amis qui devaient les attendre depuis quelques temps.

Mais, le plus jeune sentit de nouveau une sueur froide couler le long de sa colonne vertébrale le faisant frissonner désagréablement. La sensation d'être épié naquit une nouvelle fois en lui faisant renaître son angoisse passé ce qui n'échappa pas aux deux aînés : Hwanwoong avait un problème, et puis, ils avaient aussi un étrange sentiment. De manière synchrone, ils accélèrent le pas mais l'étrange sensation d'être espionné ne les lâchait pas. Puis Geonhak prit la parole et ce qu'il annonça effraya un peu plus les deux autres.

« - On est suivit. Deux hommes dans la trentaine habillé de manière décontracté avec un sourire bizarre sur le visage. Ils ne me disent rien qui vaille...

- Les hommes de la supérette, couina Hwanwoong.

- Tu es sûr qu'ils nous suivent Geonhak ?

- Certain. À chaque fois qu'on tourne ils prennent le même chemin que nous. Et, je t'assure que j'essaye de les semer depuis tout à l'heure mais ils ne veulent pas nous lâcher.

- C'est vrai que tu ne nous fais pas prendre la même route que tout à l'heure.

- Et... Tu sais où on est Geonhak Hyung ? J-Je... Ces quartiers ne me disent rien qui vaillent... J'ai un mauvais pressentiment.

- Tant qu'on est ensemble tout ira bien mon Woong-ie.

- Youngjo Hyung a raison. On est là, tout ira bien. »

Les deux plus âgés tentèrent de rassurer le plus jeune qui tremblait légèrement, la panique augmentait graduellement chez lui et cette sensation de mauvais présage ne voulait pas le lâcher : quelque chose allait se passer, il en était persuadé. Geonhak prit, par hasard, à gauche et comme il se doutait, les deux hommes prirent la même intersection, mais, les garçons firent face à un problème de taille : ils étaient tombés dans une impasse.

Hwanwoong hoqueta de surprise tandis que ses yeux s'écarquillèrent en entendant le rire gras des trentenaires ricocher sur les murs de la ruelle : ils étaient dans la merde. Les trois garçons pivotèrent lentement sur leurs talons pour faire face à leurs assiégeants mais le plus petit ne put s'empêcher de reculer pour, limite, se plaquer contre le mur totalement terrifié. Ses iris noires plongèrent à nouveau dans celle ambre de son assaillant qui le dévorait, sans retenu, du regard ce qui fit bouillir les deux aînés qui n'aimaient pas qu'on regarde ainsi un de leur dongsaeng.

« -Héhé ! Il faut toujours faire attention les enfants lorsqu'on est loin de chez soi. On peut rapidement se perdre et arriver dans des endroits peu fréquentables pour des personnes de votre âge.

- C'est vous qui nous suivez depuis tout à l'heure !

- Nous ? Mais du tout voyons. Hin, hin...

- Ne mentez pas bande de... »

Geonhak fit descendre sa main jusqu'à sa ceinture, sa main rentra en contact avec le manche de son arme blanche et cela le titillait de la sortir pour menacer les deux « connards » qui leur faisaient face. Pour qui se prenaient-ils à les suivre tout en regardant de cette manière Hwanwoong ? Mais, le garçon fut coupé dans son élan par Youngjo qui tendit son bras, les sourcils froncés, tout en lui faisant un signe de la main de se détendre un peu.

« - Geonhak, calme-toi. Vous nous voulez quoi ? On n'a plus d'argent, juste quelques réserves de nourritures et de quoi camper. En soit, rien de bien intéressant pour vous. Donc, vous nous voulez quoi ?

- Lui. »

Le doigt d'un des deux trentenaires se mit à pointer Hwanwoong qui poussa un petit cri de détresse tout en se pétrifiant davantage. Tout ceci n'était qu'un cauchemar, il allait bientôt se réveillait n'est-ce pas ? Les deux Hyung furent surpris de la franchise des adultes, cela les prit de court mais Youngjo se rattrapa du mieux qu'il pouvait, même s'il était toujours déboussolé. Le plus vieux se plaça instantanément devant son dongsaeng qui tremblait comme une feuille tandis que des larmes d'horreur envahissaient son regard charbonneux. Geonhak, quant à lui, secoua la tête de gauche à droite en sortant, sans hésiter une seconde de plus, son couteau tout en fixant avec haine les deux hommes au regard lubrique qui riaient grassement.

« - Roh, allez ! Vous pouvez bien nous laisser jouer un peu avec votre petit camarade. Il est si adorable !

- Hors de question bande de gros porcs ! Vous ne l'approcherez sous aucun prétexte.

- Mais on veut juste lui faire deux-trois trucs. Je suis sûr que c'est encore un puceau, cela serait triste qu'un si joli garçon comme lui ne puisse pas goûter au sexe avant de mourir.

- Ça serait du gâchis, renchérit son collègue.

- Dégagez ! Vous êtes répugnants ! Sales pédophiles dégueulasses ! »

Geonhak fulminait, son arme tournoyait dans sa paume et il se préparait à l'enfoncer dans la poitrine du premier connard qui allait tenter de faire un pas vers eux : personne ne touchera à Hwanwoong. Youngjo continuait de se positionner devant le plus petit, son poing se serrait hostilement montrant qu'il était prêt à se battre pour protéger son petit frère de cœur. Mais tout ceci n'intimida pas tant les deux pédophiles qui continuèrent de se moquer tout en lançant des répliques immondes.

« - Qu'est-ce qui vous dit qu'il n'est pas consentant votre petit ami ? Regardez, il ne dit rien qui prouve qu'il est contre le fait de passer un peu de temps avec nous deux. On vous le ramènera en un seul morceau, juste son dos pourra être douloureux mais il sera en vie votre copain. Et, en plus, il aura passé du bon temps !

- Partez, gronda Youngjo les dents serrés. Partez avant qu'on vienne aux mains.

- Si on doit se battre pour ce petit bout de chaire je suis pour. Celui qui gagne remporte le gamin !

- Hwanwoong n'est pas un jouet ! »

Le plus vieux sortit son arme avec une habilité remarquable tout en hurlant sa dernière réplique en s'avançant, déterminé, vers les salopards qui lui faisaient face : personne n'avait le droite de traiter ainsi son dongsaeng. Les deux camps se jaugèrent longuement du regard, si des éclairs pouvaient quitter leur iris alors un orage serait présent dans la ruelle. L'air devint soudain pesant, angoissant signe qu'un combat était proche.

La patience allait être la clef de la victoire, les quatre se fixaient simplement dans le blanc des yeux tout en jouant de leur dague. Qui allait craquer le premier ? L'un des trentenaires montrait clairement des signes d'impatience, Geonhak se doutait que ce dernier allait être celui qui ferait le premier mouvement, c'était cet homme qui déclencherait la bataille. Puis, tandis que le deuxième plus âgé surveillé les adultes, Youngjo tendit discrètement un petit papier à Hwanwoong qui se trouvait juste derrière lui. Le garçon le déplia avec ses mains tremblantes, il avait la sensation qu'il allait déchirer le petit mot froissé tellement il manquait d'habilité actuellement. L'adolescent finit par accéder au contenu et il put lire un unique mot : « Fuis ».

Aussitôt, le garçon de dix-huit ans redressa la tête en direction de son frère de cœur qui lui faisait dos ne voulant pas lâcher son adversaire du regard sous peine d'ouvrir une possible brèche dans sa maigre défense. Youngjo lui demandait-il réellement cela ? Fuir ? Abandonner ses deux amis ? Cela était si lâche de sa part ! Jamais il ne pourrait faire cela, c'était tout simplement impensable ! Hwanwoong était un garçon loyal qui soutiendrait ses amis jusqu'au bout dans n'importe quelle situation. Il s'en fichait de donner sa vie pour la leur, si cela pouvait leur permettre de survivre quelques jours de plus alors il le ferait sans hésiter. Et pourtant, ce que demandait Youngjo était la meilleure chose à faire.

Actuellement, ses deux aînés devaient se défendre ET le protéger ce qui augmentait drastiquement leurs risques de se faire blesser plus ou moins gravement. Fuir était le choix le plus raisonnable mais aussi le plus dur à faire. En partant, Hwanwoong ne saurait pas si tout se passait bien pour eux, s'ils étaient indemnes ou pas. Ils croyaient en eux, en leur capacité de se défendre mais face à ses hommes bien plus âgé qu'eux. Et si les trentenaires gagnaient l'avantage ? Et si, par frustration d'avoir perdu leur proie, ils se rabattaient sur Youngjo et Geonhak ? Et si...

Hwanwoong n'eut plus le temps de cogiter intérieurement puisque l'un des adultes se lança à l'assaut, il en avait marre d'attendre, et il se jeta sur Youngjo tandis que l'autre plongea sur Geonhak avec un air blasé : c'étaient, hélas, eux qui avaient attaqué en premier. Les corps se rencontrèrent brutalement, les lames s'entrechoquèrent dans un effrayant bruit métallique, le combat était lancé. Les deux amis serrèrent les dents tout en fronçant les sourcils, il devait toucher les zones sensibles de leurs adversaires avec leur couteau, voire leur pieds ou leurs mains.

Hélas, les deux adultes se débrouillaient très bien comme s'ils avaient fait cela toute leur vie. Ils envoyaient de puissants coups que Youngjo et Geonhak évitaient de justesse et heureusement car ces derniers feraient surement énormément de dégâts. Coups de pieds dans les parties génitales, coups de poings dans les reins, tout y passait et aucun ne se retenait dans chaque camps. Chacun relâchaient toute leur haine ou leur sadisme dans chaque gestes, cela était effrayant tellement le tableau était d'une brutalité inouïe.

Hwanwoong, quant à lui, restait en retrait, ses yeux fixant avec effroi la scène tandis que ses membres étaient toujours tétanisés et que cette même question tournait en boucle dans sa tête : devait-il fuir et abandonner ses amis ? L'adolescent recula de quelques pas tout en fermant les paupières tout en amenant ses mains à ses oreilles afin de couvrir les bruits environnants. Il commença à secouer la tête de gauche à droite, un geste de frénésie puisque la folie semblait le gagner. Que devait-il faire ? QUE DEVAIT-IL FAIRE ?

Tout d'un coup, une personne se mit à gémir en tombant lourdement sur le sol de pavé. Du sang s'écoulait abondamment de son nez, surement cassé à la suite du coup, puis Youngjo poussa un cri de sauvage tout en sautant sur l'homme à terre afin de le terminer.

« - AAAH ! ESPECE DE MONSTRE ! ERREUR DE LA NATURE ! TU MERITES DE CREVER SALE PEDOPHILE DE MERDE ! »

Le plus âgé était totalement déchaîné, ses coups frappaient sans retenu le corps du trentenaire qui se recroquevillait de douleur tout en crachant un peu plus de sang à chaque seconde : l'homme n'avait aucune chance face à ce Youngjo fou. Hwanwoong eut envie de courir vers lui, de le supplier d'arrêter de le frapper mais l'homme ne le méritait-il pas ? Après tout il sous-entendait de vouloir le violer, d'abuser de lui. Alors, peut-être méritait-il son sort ? Tout en se maudissant pour ce qui allait suivre, le plus jeune mordit sa langue tout en poussant sur ses frêles jambes afin de se faufiler le plus rapidement possible vers la sortie de la ruelle. Hwanwoong devait profiter de l'ouverture que lui avait offerte Youngjo, il lui avait clairement créé une porte, il se devait de l'emprunter. Sans se retourner, le jeune adulte accéléra l'allure, puis, il tourna à droite tout en murmurant d'une voix coupable.

« - Désolé... »

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