LUCAS LALLEMANT X ELIOTT DEMAURY

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 Être nouveau, ce n'était pas le meilleur sentiment au monde. Alors être nouveau au mois de janvier, autrement dit quatre mois après le début de l'année scolaire, ça l'était encore moins.

Et pourtant, Eliott devrait bien faire avec.

Capuche relevée sur ses cheveux bruns afin de protéger ses oreilles du froid hivernal, il daigna enfin appuyer sur la sonnette du lycée où il passerait ses derniers mois en tant que terminale. Une minute plus tard, un surveillant approcha et ouvrit le portail sans lui adresser un mot. Eh bien, quelle sécurité. Mais Eliott ne chercha pas à s'attarder sur de si futiles détails et posa le pied dans l'enceinte de l'école.

Quelques lycéens trainassaient dans la cour, réunis en petites bandes, attendant que le temps de récréation se finît. Lui n'avait pas cette chance : premièrement, il n'avait aucun ami avec qui traîner ici ; et ensuite, il avait rendez-vous avec le proviseur à dix heures dans son bureau. Son seul souhait, cependant, était qu'il ne le présenterait pas devant tous les élèves comme s'il était le nouvel hamster de la classe.

Du coin de l'œil, il vit une fille le suivre du regard, puis une autre. Eliott ne savait pas bien pourquoi, mais il sentait qu'il subirait beaucoup ce genre de choses pendant quelques temps. Quoique le regard des autres n'était pas ce qui l'inquiétait. Il espérait plutôt qu'on le regardait simplement parce qu'il était inconnu au bataillon ; pas parce qu'il avait posé pour divers appareils plus ou moins professionnels.

Eliott prit un virage à gauche pour entrer dans l'établissement même. Il fut accueilli par un groupe de quatre garçons qui semblèrent ne pas le remarquer. Il vint même à se demander s'il n'était pas subitement devenu invisible, car l'un d'eux le percuta de plein fouet avant de continuer sa route, en pleine conversation avec ses amis, mine de rien. Sa main faillit en lâcher la bretelle de son sac à dos.

Avant qu'il ne pût s'en empêcher, Eliott se retourna vers le quatuor, prêt à répliquer quelque chose à ce garçon – question de dignité. Mais sa bouche resta fermée ; aucun son n'arriva à en sortir. L'adolescent parlait avec entrain, gesticulait un peu, faisant flotter d'une manière étrangement gracieuse ses cheveux châtains. Un petit sourire aux lèvres, il ne semblait vraiment pas s'être rendu compte de sa présence.

Mais pourquoi cela l'affectait-il tant ?

Les yeux d'Eliott s'efforcèrent de quitter le visage du garçon pour se poser sur le sol. Il ne fallut qu'une seconde pour qu'ils remontèrent, comme s'ils étaient attirés par ces traits angéliques à la manière d'un aimant.

Puis, il ne pouvait plus le voir.

Eliott se retourna.

Il pouvait toujours percevoir le mouvement des lèvres du garçon lorsqu'il discutait.

Le proviseur l'attendait.