ARTHUR BROUSSARD X ALEXIA MARTINEAU (+ BASILE SAVARY)

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 Arthur était appuyé contre un mur quand le slow commença. Gobelet de plastique vide à la main, mordillé par ses dents dans un geste nerveux. Quand il était avec ses amis, il ne voyait pas la quantité horripilante de monde présent ; seul, il ne voyait que ça, avait même l'impression qu'il y en avait des milliers et non des dizaines.

La musique ralentit et ses yeux clignèrent une fois, deux fois. Les couples se formèrent au centre de la pièce et il vit d'abord Basile. Évidemment. Comme si la vidéo présentée plus tôt ne leur avait pas suffisamment permis d'étaler leur amour. Mais son regard ne sut le quitter. Son menton était appuyé contre l'épaule de Daphné et ses bras la serraient fort contre lui, comme s'il avait peur qu'elle s'enfuît. T'en fais pas, voulut-il lui dire, elle ne partira pas, jamais. Elle l'aimait trop pour ça. Un petit sourire triste grandit sur les lèvres d'Arthur. Il était heureux pour Basile ; il l'était vraiment. Il méritait Daphné et Daphné le méritait et ils méritaient de s'aimer aussi fort. Mais parfois... Parfois, il espérait seulement qu'il pût l'aimer lui.

Un jour, peut-être, lui aussi trouverait quelqu'un qui l'aimait ainsi.

« Salut. »

Arthur détacha son regard des boucles de Basile, qui se balançaient au rythme de ses pas. Devant lui se tenait Alexia, lèvres plissées en un sourire plat. Il posa son gobelet sur la table et croisa ses bras sur sa poitrine, lui adressant un sourire franc.

« Hey. »

Elle ne dit rien.

Arthur aimait bien Alexia. Au début du second trimestre, il avait dû se mettre à côté d'elle en cours de SVT puis, un peu plus tard, de français. Ils avaient eu du temps pour parler ensemble, et il avait pu décider que, oui, il l'aimait bien. Ils ne se parlaient pas vraiment en dehors, mais il l'aimait bien.

Quand elle n'ouvrit toujours pas la bouche, son visage se figea et il déglutit. C'était exactement pour cette raison qu'ils ne se parlaient qu'en cours ; autre part, ils n'avaient rien à se dire. Et ces silences-là étaient la pire chose qui pouvait lui arriver au cours d'une journée. Ses yeux furetèrent à droite et à gauche, à la recherche d'une issue de secours.

Mais, finalement, elle parla :

« Tu veux danser ? »

Son regard se reposa subitement sur elle et l'observèrent. Le bleu de ses cheveux semblait plus éclatant que jamais sous les lumières multicolores. Son menton était légèrement baissé, ses yeux levés vers lui, impatients d'entendre une réponse. Arthur supposa qu'il était resté trop longtemps sans rien dire, car sa tête bascula vers le sol.

« OK. »

La réponse était sortie, comme ça. Juste comme ça. Alexia releva la tête, rayonnante.

« Vraiment ?

— Ben... ouais ? »

Elle lui sourit du sourire le plus brillant qu'elle lui eût jamais accordé. Puis son bras se tendit, sa main s'ouvrit. Arthur y déposa la sienne. Et, juste comme ça, ils étaient sur la piste.

Arthur ne savait pas exactement combien de temps ils dansèrent ainsi. Quelques secondes, minutes. Peut-être même que plusieurs chansons s'étaient écoulées. Il ne savait pas. Proche de lui, les yeux d'Alexia valsaient entre le sol, les murs et son visage. Il n'aimait pas ça, il sentait qu'elle ressentait quelque chose ; mais lui ne le ressentait pas. Il détestait ça. Il détestait le fait que ses yeux à lui ne valsassent pas entre le sol, les murs et son visage. Il détestait le fait qu'ils valsassent entre le sol, son visage et Basile.

Il détestait ça.

Tout à coup, ses yeux croisèrent ceux d'Alexia et Arthur n'osa les quitter. Elle avança sa tête. Un petit peu, puis encore un petit peu. Il crut avancer la sienne à son tour. Un tout petit peu. Et, juste comme ça, elle l'embrassa et il l'embrassa et ils s'embrassèrent. Elle était seule, lui aussi et... voilà. Juste comme ça. Et il détestait ça. Il détestait garder les yeux ouverts, tournés légèrement vers la gauche pour voir Basile.

Et, juste comme ça, Alexia rompit le baiser. Et il détestait le regard plein d'espoir qu'elle lui offrit alors.

Il était une personne horrible.

Et il détestait ça.