[ Noragami ] Sous le cerisier en fleur
Noragami
Personnages : Hiyori Iki / Yato
Relation : Hiyori Iki x Yato
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Un pétale de fleur de cerisier vint se loger dans ses longs cheveux bruns. Il l'attrapa délicatement entre son pouce et son index, afin de le faire glisser et ainsi le retirer. Elle ne put s'empêcher de rougir à ce geste, sans pour autant oser croiser son regard. Rien d'étonnant ici, puisque cela faisait maintenant plusieurs jours qu'elle agissait bizarrement en sa présence. Elle semblait ailleurs, constamment perdue dans ses pensées. Parfois, un éclair soudain empli de tristesse traversait son visage, donnant l'impression qu'elle était sur le point de pleurer. Mais jamais une larme ne s'écoulait de ses jolies prunelles violacées. Peut-être cela lui aurait-il fait du bien, de laisser ses émotions éclater ? Peut-être se serait-elle sentie mieux, ensuite ? Mais Yato refusait de la forcer. Il savait à quel point il pouvait être difficile de se confier, parfois. Cependant, il ne pouvait nier que cet état dans lequel Hiyori se trouvait l'inquiétait. Avait-il fait quelque chose de mal ? Pas dans ses souvenirs, en tout cas. Elle avait commencé à agir de la sorte depuis leur sortie à Capyper Land. Rien que ce jour-là, elle n'avait pas semblé d'humeur à s'amuser. Il lui en avait déjà parlé, et s'était excusé, mais pour autant, elle n'avait pas expliqué le problème, ni ne s'était de nouveau illuminé. Son sourire lui manquait. Il aurait pu tant donner pour le voir de nouveau.
« Yukine en met du temps... » murmura Yato pour briser le silence.
Ils étaient censés retrouver le jeune Instrument Divin ici, sous ce cerisier lui étant si cher depuis la disparition de son ami Suzuha. Mais il comptabilisait actuellement une vingtaine de minutes de retard, au plus grand dam du dieu mineur, qui se sentait particulièrement mal à l'aise dans cette atmosphère tendue.
« L'entraînement avec Kazuma doit prendre plus longtemps que prévu, répondit timidement Hiyori.
- Ouais, bah il pourrait me prévenir, dans ce genre de cas. »
Yato croisa les bras sur son torse, avant de pousser un long soupir. Ses orbes bleutés dévièrent l'espace de quelques secondes vers son amie, qui les mains jointes, avait le regard rivé sur le sol. Ses rougeurs refusaient de disparaître, bien qu'elles fussent moins présentes qu'auparavant.
Une part du garçon voulait tenter de nouveau de parler à Hiyori de ce qu'elle pouvait avoir sur le cœur. Puisqu'ils n'étaient que tous les deux, peut-être se livrerait-elle plus aisément ? Mais si cela déclenchait l'effet inverse, et qu'elle finissait par se renfermer davantage ? Si elle venait à en vouloir à Yato pour insister ? Si cela la faisait fuir ? Tant de doutes et de craintes s'immisçaient dans son cœur. Il voulait qu'elle puisse aller mieux. Il désirait extraire le mal l'habitant, faire de son mieux pour le détruire, afin de retrouver la lycéenne qu'il connaissait bien. En parler, ne pas en parler...
« H-Hiyori... hasarda-t-il.
- Oui ? »
Ils relevèrent le visage en même temps, autorisant leurs prunelles à se croiser, pour la première fois depuis des jours. Les teintes de la jeune fille n'en furent que plus marquées. Elle détourna rapidement le regard, serrant davantage les poings. Yato, lui, sentit son cœur rater un battement. Il s'était sûrement mis à rougir également. Elle était si jolie. Cela le peinait tellement de la voir dans un tel état...
« Dis, je... Je m'inquiète pour toi, ces derniers temps.
- Je sais. Je suis désolée...
- Non, tu n'as pas à t'excuser ! Seulement... Seulement j'aimerais bien savoir ce qu'il se passe. Peut-être que je pourrais faire quelque chose, que je pourrais... T'aider à aller mieux ? Je veux pouvoir t'aider, Hiyori. »
L'interpelée leva son visage vers la cime de l'arbre, où, en cette saison, se mettaient à éclore des fleurs par centaines, donnant à celui-ci une magnifique couleur rosée. A cette vue, les lèvres de la lycéenne s'étendirent, afin de former un triste sourire. Quelque chose sembla alors lui revenir en mémoire, puisqu'elle serra soudainement la mâchoire. Puis, une larme roula le long de sa joue, suivie d'une autre, et d'une autre, tant et si bien qu'elle finit par éclater en sanglot, face à cet arbre à la signification si précieuse.
« Hiyori ?? »
Yato hésita à s'approcher d'elle, à la prendre dans ses bras. Etait-ce là ce qu'elle retenait, depuis quelques jours maintenant ? Que devait-il faire ? Il ne voulait pas la voir ainsi ! Jamais il n'aurait souhaité la faire pleurer ! Elle passa le revers de ses mains sur son visage, dans le but d'effacer ces gouttes salées.
« E-excuse-moi, Yato... »
Ce dernier se pinça les lèvres, avant de finalement prendre son courage à deux mains. Il avança vers son amie, et, d'un geste protecteur, enroula ses bras autour d'elle, afin de la prendre tout contre lui. Elle ne protesta pas, posant son front contre l'épaule du dieu, et se laissa aller à ses pleurs. Délicatement, Yato se mit à caresser ses cheveux, espérant ainsi la rassurer.
« Dis-moi ce qu'il t'arrive. Je m'inquiète beaucoup pour toi.
- J-je... »
Elle renifla, et se lova davantage contre son ami.
« Je me sens mal depuis notre sortie à Capyper Land...
- J'ai cru remarquer, oui. Qu'est-ce qu'il s'est passé, là-bas ?
- J'ai... Des souvenirs qui me sont revenus. Des souvenirs que j'aurais préféré oublier...
- Tu veux me les raconter ?
- M-mh... En fait, pendant que tu avais disparu avec Nora, je... J'y suis allée, avec des amis. Je me sentais déjà mal, parce que je commençais à t'oublier. Et le soir, pendant la parade, il y a ce camarade, Fujisaki, qui... Qui m'a... »
Le dieu sentit son corps se tendre. Quoi qu'Hiyori s'apprêtât à dire, quelque chose lui disait que cela ne lui plairait pas. Qu'est-ce que ce garçon avait bien pu lui faire, pour la mettre dans un état pareil ? Il fronça les sourcils, sans cesser de passer ses doigts dans la chevelure de la lycéenne, tout en douceur afin de la rassurer. Il était là pour elle, et le resterait.
« C'est injuste... Yato... J'aurais voulu que... »
Elle s'agrippa à son haut, son corps se mettant légèrement à trembler.
« J'aurais voulu que tu sois le premier à m'embrasser... ! »
A ce moment, une colère sourde commença à gronder en lui. Là se trouvait donc le problème. Ce garçon du nom de Fujisaki l'avait embrassé, apparemment sans son accord. Il avait été doublé. Lui aussi aurait aimé être le premier à poser ses lèvres contre celles d'Hiyori. Mais jamais il n'avait trouvé le courage de lui révéler ce qu'il pouvait ressentir à son égard. Après tout, il était un dieu, et elle demeurait humaine. Il s'y était résolu. Alors pourquoi son cœur lui faisait-il aussi mal ? Pourquoi imaginer son amie se faire embrasser par quelqu'un d'autre que lui le faisait se sentir si étrange ? Il resserra son étreinte sur la jeune fille. Le plus important restait qu'à cause de ce type, cette personne qui lui était si précieuse se sentait mal. Et cela, il ne le supportait pas.
« C'est fini... Il n'est plus là... » tenta de la rassurer Yato.
Après un petit instant de réflexion, il se décida à poser ses lèvres sur le front d'Hiyori qui, à ce geste, leva la tête vers le dieu. Jamais ils ne s'étaient retrouvés dans une position aussi tendre, avec leurs visages séparés par seulement quelques centimètres. Peut-être Yato pouvait-il... L'embrasser ? Elle avait déclaré qu'elle aurait aimé qu'il soit son premier, après tout... Quant à leurs différences... Pourquoi ne pouvait-il pas les mettre de côté ? Il l'aimait. Et cela semblait réciproque. Alors pourquoi ne pas... ?
L'une de ses mains glissa jusqu'à l'une des joues rougies de la jeune fille, qu'il effleura du bout des doigts. En plus d'un millénaire d'existence, c'était bien la première fois qu'il ressentait quelque chose d'aussi puissant, d'aussi agréable. Avant qu'il ne s'en rende compte, leurs nez se rencontrèrent, diminuant d'autant plus cette distance entre eux. Il pouvait sentir l'air allant et venant de la bouche entrouverte d'Hiyori frapper contre ses lèvres.
« Hiyori, je... hésita-t-il.
- Qu-qu'y a-t-il ?
- Si tu le désires, je... Je peux être le deuxième, le troisième, ainsi que tous ceux qui suivront. Parce que, tu vois, je... Je t'aime Hiyori. Et je veux faire de toi la personne la plus heureuse au monde. »
Elle ne fut pas en mesure de répondre quoi que ce soit, se contentant de s'empourprer davantage. Elle ouvrit la bouche pour parler, la referma, et décida finalement de se contenter d'hocher la tête. Ce fut pour Yato le signal. Il se pencha un peu plus vers elle et ferma les yeux, laissant innocemment leurs lèvres se toucher, délicatement, timidement, effaçant toute trace d'un quelconque précédent passage.
Une brise se leva, balayant les pétales des fleurs du cerisier, qui les entourèrent, comme pour leur donner leur bénédiction. C'est un amour inconditionnel, presque interdit, qui venait de se développer, de se concrétiser, entre un dieu de la guerre et une simple humaine.
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