[ Koi to Uso ] Secret
Koi to Uso
Personnages : Nisaka Yuusuke / Nejima Yukari
Relation : Nisaka Yuusuke x Nejima Yukari
/ ! \ Contient des spoilers de l'épisode 3 de la saison 1 / ! \
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« Il y a quelque chose que tu me caches, pas vrai ? »
Mon cœur s'arrêta, puis repartit à une vitesse phénoménale. Son visage était proche. Trop proche. A quatre pattes face à moi, assis sur mon futon, à lire un livre. Au moindre mouvement brusque, nos lèvres pouvaient se rencontrer.
... Ses lèvres...
Les souvenirs de ce soir-là me revinrent comme une gifle en pleine figure. Lui, endormi à son pupitre à côté de la fenêtre ouverte de cette salle de classe. Moi, me penchant vers lui afin de lui voler un chaste baiser, l'âme emplie d'une tristesse infinie. Le tout baigné dans une ambiance orangée de coucher de Soleil, camouflés par les rideaux voletant au rythme du vent. Personne d'autre aux alentours pour témoigner de mon geste, un secret absolu scellé dans les profondeurs de mon cœur.
Puis, j'avais fait en sorte de me comporter tout à fait normalement avec lui, par la suite, comme si rien ne s'était passé. Ce qui était le cas, quelque part : j'étais le seul au courant. Il aurait été étrange que je me comporte comme s'il y avait eu quelque chose entre nous, de son point de vue. Et pourtant... Pourtant, il l'avait décelé, comme épiant à travers la serrure de mon cœur pour se rendre compte d'un infime changement dans mon comportement toujours si impassible. Qu'étais-je censé répondre, à cet instant précis ? Je me voyais mal mentir à mon meilleur ami... Mais il demeurait inconcevable que je lui dise la vérité.
Depuis combien de temps ressentais-je ce sentiment, à son égard ? Je ne m'en rappelais plus vraiment. Un petit moment, déjà.
Ses grands yeux marrons m'examinaient, dans l'expectative. Il semblait inquiet, comme s'il s'agissait d'une question cruciale, comme s'il s'attendait à ce que je lui avoue un crime impardonnable. Considérerait-il ce qu'il s'était passé comme tel ? Je n'en avais aucune idée. J'étais terrifié. J'aurais voulu me trouver ailleurs, ne pas avoir à faire face à mon ami et son visage de chiot perdu.
« Dis-moi ce que c'est... », insista-t-il.
D'ordinaire, j'aurais sans doute refusé de lui répondre en feignant l'indifférence, ou marmonné un 'moi ce que c'est' en roulant des yeux afin de profiter de son expression cherchant à comprendre ma blague, puis se lamenter de ma froideur à son égard. Sauf que la situation actuelle était tout sauf ordinaire. Nous parlions ici d'amour. De sentiments et de mensonges. De secrets et d'embarras.
Je ne quittais pas Nejima du regard, espérant peut-être trouver la réponse sur son visage, alors que celui-ci était, au contraire, plein de questions. J'avais l'impression que les murs de l'impasse dans laquelle je me trouvais se resserraient petit à petit, menaçant de rapidement m'écraser si je ne m'en sortais pas.
« Neji... Je... », commençai-je.
Je plissai les paupières, et serrai la mâchoire, baissant la tête. Comment pouvais-je lui dire ? Dans cette société où l'on nous assignait un partenaire selon des critères bien précis, l'amour que je lui portais n'avait pas sa place. Mon ami avait déjà reçu sa notice, l'assignant à la jolie Ririna Sanada, qu'il devrait un jour épouser afin de fonder une famille. De plus, même s'il était possible de contourner l'avis gouvernemental, au prix d'une lourde amende, il ne le ferait que pour Misaki Takasaki, de qui il était éperdument amoureux. Le jeune brun était purement et totalement hétéro, et ne ressentait absolument rien à mon égard, si ce n'était une confiance, couplée d'une amitié quasi-inébranlable. Mais celle-ci ne durerait probablement pas, lorsqu'il connaîtrait mon secret. Peut-être le dégoûterais-je ? Peut-être n'oserait-il alors plus m'approcher ? Peut-être même le dirait-il aux autres garçons de la classe, qui se mettraient à me juger ?
J'avais peur. Beaucoup trop peur.
Pourtant, les mots étaient là, brûlants, prêts à sortir à la lumière du jour afin de rompre la serrure que j'avais moi-même fermée, empêchant quiconque de connaître l'ampleur de mes sentiments.
En me concentrant suffisamment sur sa présence, je pouvais sentir sa douce respiration effleurer mon visage. Sa chaleur corporelle, si proche, tentait de se mêler à la mienne, sans y parvenir. Ou plutôt, la mienne voulait se réfugier vers la sienne, mais n'osait pas, de peur de se faire repousser. Tout comme moi, je voulais pouvoir me blottir dans ses bras, et oublier cet amour impossible qui me tiraillait tellement.
Je rouvris les yeux, espérant qu'il ne s'agissait que d'un rêve, et que je me trouvais en fait dans ma chambre, seul, en train d'imaginer cette scène paralysante. Hélas, son visage fut la première chose sur laquelle mes pupilles se posèrent, me ramenant à la réalité. Quelques secondes s'étaient écoulées, qui, à mes yeux, paraissaient être d'interminables minutes.
Je pris une profonde inspiration. Quelque chose devait sortir, n'importe quoi.
« Je ne peux rien te dire. Je ne veux pas que tu me détestes. »
Le meilleur moyen pour lui faire peur. Bien joué, Nisaka. J'y réfléchirai à deux fois avant de laisser mon instinct parler à ma place. En effet, à peine eu-je prononcé ces mots que je vis ses sourcils se froncer sur ses yeux noisette, alors que son corps se recula légèrement. Il ne semblait pas comprendre, comme si je venais de m'exprimer dans une langue parfaitement inconnue.
« Te... Détester ? Pourquoi je te détesterais ? Nous sommes amis, non ? Tu peux tout me dire. »
Mais continuerait-il de l'affirmer, s'il connaissait la vérité ? J'avais des doutes à ce sujet.
Soudain, ses iris s'écarquillèrent, comme si une révélation venait de le percuter de plein fouet. Est-ce qu'il avait compris ? Son expression me criait que oui.
« Tu... Nisaka, tu es... »
Je serrai de nouveau la mâchoire, et détournai le regard, n'osant pas affronter son visage. Je ne voulais pas le voir se déformer afin de laisser un air de dégoût remplacer son innocence habituelle. Mon cœur n'y survivrait pas. Il se briserait instantanément, ne laissant qu'un trou béant et sombre au creux de ma poitrine palpitante.
« Tu es donc bien amoureux de Takasaki... » murmura-t-il.
Et voilà, notre amitié venait de se...
Attendez...
Quoi ?
Moi, amoureux de Takasaki ? Mes iris revinrent à lui, à ce visage que je chérissais tant. Il exprimait maintenant une profonde tristesse, une déception sans nom qui avait effacé toute trace d'inquiétude pour la remplacer par de la certitude. Et moi, je ne comprenais pas. D'où sortait-il une idée aussi absurde ? Je n'aimais pas Takasaki. On pouvait même affirmer que je ne la portais pas spécialement dans mon cœur. Son amour, pareil au mien, avait eu la chance de pouvoir s'exposer au Soleil, et d'être accepté tel qu'il était, accueilli, et chérit. Elle avait eu cette chance que je recherchasse tant. Aussi, par la faute de cet amour égoïste, il était probable que Nejima rejette l'avis gouvernemental, s'exposant alors à une forte amende, fermant ses possibilités d'intégrer l'université qu'il désirait. Les personnes ne se conformant pas à cette notice étaient assez mal vues, comme des anarchistes, des rebelles antisystèmes. Je suppose qu'il s'agissait de l'une des raisons pour laquelle je ne souhaitais pas lui dire la vérité, également. Même si je me doutais que de son côté, cela ne changerait rien.
Cependant, je me devais de lever ce malentendu. J'ignorais de qui il pouvait tenir une information pareille, peut-être était-ce une rumeur circulant au sein de notre lycée ?
« Pourquoi je serais amoureux d'elle ?
- Eh bien... »
Ce fut à son tour de se sentir mal à l'aise. Il laissa un silence de quelques secondes s'installer, sans doute le temps de trouver ses mots.
« Vous... Vous vous soutenez souvent du regard, comme s'il y avait une complicité cachée entre vous deux. Et puis, quand vous discutez, vous vous arrêtez toujours lorsque j'arrive. Votre... Comportement l'un envers l'autre est bizarre. J'en ai donc conclu que vous étiez amoureux... »
Un sourire d'une infinie tristesse s'étira sur ses lèvres fines et tremblotantes. Ses pupilles n'étaient plus posées sur moi, et fixaient maintenant le sol comme s'il était en train de s'y passer quelque chose d'intéressant qu'il ne voulait rater pour rien au monde.
« Mais... Je ne te déteste pas, tu sais. Après tout, on contrôle pas les sentiments, alors... Tant que vous êtes heureux, tous les deux, ça me va. Tu n'as pas à t'en faire. »
On ne contrôle pas les sentiments.
Cette phrase se grava dans mon esprit. Est-ce que cela signifiait qu'il accepterait les miens, si je venais à lui avouer ? Une lueur d'esprit, fragile telle la flamme d'une bougie, s'alluma en moi, me réchauffant un instant.
Afin de regagner son attention, je poussai un soupir bruyant, qui le fit redresser les yeux. La mine blasée, je secouai la tête négativement, pour lui faire prendre conscience de l'absurdité de ses propos.
« Je ne suis pas amoureux de Takasaki. Je t'en fais la parole.
- ... Hein ? »
Nous revînmes au point de départ, avec Nejima et son air perdu, qui cherchait à comprendre. Une soudaine irritation s'empara de moi. Je n'appréciais pas que les choses tournent en rond comme elles étaient en train de le faire. Cet inconfort me poussa à agir. Cet agacement chassa mes peurs en un souffle, me poussant à attraper mon ami par les épaules, afin de le pousser.
Dans un petit cri de surprise, il se retrouva dos au sol, moi au-dessus de lui, mes lèvres plaquées contre les siennes. Mes yeux étaient fermés, n'osant plus se rouvrir. La chaleur de cette étreinte se propagea en moi. Je désirais rester figé ainsi pour l'éternité. Je ne voulais pas rouvrir les yeux, voir son expression, me prendra la gifle de la réalité en plein visage.
Nejima ne se débattit pas. Pour autant, il ne répondit pas à ce contact.
Je ne sais pas combien de temps passa, avant que je n'ose enfin libérer ma vision afin de l'affronter, en même temps que je séparai nos lèvres, me reculant avant de me redresser. L'expression de mon ami demeurait inchangée : de l'incompréhension. Je le fixai quelques secondes, m'efforçant d'arborer mon air impassible d'ordinaire, mais devinai qu'actuellement, mon visage devait plus refléter la tristesse qu'autre chose. Une boule de larmes s'était formée dans ma gorge, et je dus faire un effort surhumain afin de reprendre la parole.
« Toi. C'est de toi que je suis amoureux, Neji. »
A ces mots, je détournai le regard, autorisant cette boule infernale à éclater, noyant instantanément mes orbites sous une eau salée emplie de chagrin. Je portai une main à ma bouche pour m'éviter de couiner de sanglots, mes épaules tremblants frénétiquement. Etait-ce la fin ?
Un bruit m'indiqua qu'il s'était lui aussi relevé, et je le vis du coin de l'œil se rapprocher. La vision troublée par le flot de larmes, je ne savais pas quel genre d'expression son visage reflétait, désormais. Et c'était sans doute mieux ainsi. Au moins me serai-je débarrassé de ce mensonge me rongeant le cœur, jour après jour. D'ailleurs, à cet instant, j'avais cette impression douloureuse que mon organe vital s'apprêtait à exploser dans ma poitrine, ne supportant plus la pression à laquelle il était confronté depuis les dernières minutes.
Un soulagement s'empara de lui, et la surprise m'envahit, lorsque Nejima entoura mon corps de ses bras, me prenant contre lui dans un geste de pure affection. Le flot s'arrêta, comme en soudaine suspension, laissant tout de même mon visage trempé.
Hein ?
J'avais tout prévu, sauf une réaction de ce type. Qu'est-ce que cela signifiait ? Ce fut à mon tour d'être en proie à la confusion la plus totale. Mon ami me garda un long moment contre lui, en silence, tandis que je restais sans bouger, les bras ballants, comme si mon cerveau s'était désolidarisé de tous mes muscles afin de se concentrer sur la recherche de la réponse à mes questions.
Nejima... Mon meilleur ami... La personne dont j'étais éperdument amoureux... Me tenait contre lui. Son corps contre le mien me transmettait sa chaleur, m'accueillait prêt de lui. Ses bras me maintenaient doucement mais fermement. Son existence enveloppait la mienne.
Il se décala finalement, posant ses mains sur mes épaules. Malgré le rouge colorant ses joues, un sourire illuminait son visage. Son si joli visage. Celui qui ne manquait jamais de me faire fondre.
« Je te remercie d'avoir été sincère avec moi, Nisaka. » déclara-t-il.
L'une de ses mains glissa jusqu'à mon visage, essuyant les restes de larmes à l'aide de son pouce.
« Je... Je ne peux pas répondre à tes sentiments. Je suis désolé. Mais sache que je ne te blâme pas pour eux. Je te l'ai dit, non ? On ne contrôle pas ses sentiments. »
...
Mes craintes, mon anxiété, tout cela s'envola, comme s'ils n'avaient jamais été présent. Une légèreté sans pareil s'empara de mon être, m'incitant à sourire à mon tour à mon ami. Il était rare que je me montre aussi expressif. Même si j'avais été repoussé, je me sentais étrangement heureux. Je connaissais tellement de personnes qui auraient pris peur, ou se seraient mises à me détester, sous prétexte que j'étais un garçon amoureux d'un autre garçon.
Mais ce n'était pas son cas. Il m'acceptait tel que j'étais, dans mon entièreté. Comme avais-je pu douter de lui ? Mes peurs passées me parurent soudainement bien risibles.
Silencieusement, je posai à mon tour mes phalanges sur ses épaules, mais pas pour le pousser en arrière cette fois-ci. Je l'amenai contre moi, dans une étreinte amicale qu'il me rendit, tapotant délicatement l'espace entre mes omoplates. Je pus sentir les liens de notre amitié se renforcer, suite à cette confession, et à la prise de conscience de la place que j'occupais dans le cœur de ce garçon, et de l'amour qu'il me portait.
Un amour différent du mien, mais d'une pureté qui n'en demeurait pas moins éclatante.
Nejima Yukari.
Le meilleur ami que je puisse espérer avoir.
La personne que j'aimais le plus en ce monde.
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