L'Infante du Mal ; l'ascension de Fubuki Kyo

The Evillious Chronicles

Personnages importants : Kyo Fubuki (OC) / Male!Michaela / Kyle Marlon / Riliane Lucifen d'Autriche / Allen Avadonia / Clarith

Relation : Kyo Fubuki (OC) x Male!Michaela
TW : Meurtre / Manipulation

Commission pour AkiMidori03 !

L'illustration en couverture appartient à Aki Midori, merci de ne pas l'utiliser.

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Lucifenia, An 501 du Calendrier d'Evillious.

Le Soleil commençait à se lever sur le pays, balayant celui-ci des ténèbres peu rassurantes de la nuit. La plupart des habitants, dormaient encore paisiblement, enfin débarrassés de la tyrannique Infante régissant jadis sur le Royaume. Les méfaits de cette souveraine, bien qu'encore en pleine cicatrisation, n'étaient plus que souvenirs. Beaucoup la pensaient morte, d'autres prétendaient que la jeune Princesse déchue n'avait fait que s'enfuir. Mais les uns comme les autres se trouvaient soulagés de ne plus avoir un tel démon à leur tête. Ironique, lorsque l'on se rappelait de la facilité déconcertante qu'avait eu l'enfant à faire rouler celles de sa population ; un simple sourire placé au mauvais moment, et vous étiez sûr de perdre la vie, sous ordre de la souveraine. Son règne de terreur n'avait duré que deux ans. Deux longues années, avec augmentations des taxes, famines, corruptions et trahisons.

Le peuple, épuisé, avait fini par se soulever, à l'aide de l'armée révolutionnaire. Guidé par celle-ci, il s'était rendu au château, dans l'objectif de renverser l'Infante, en un magistral coup d'Etat, bien décidé à obtenir vengeance. L'échafaud avait été mis en place, la guillotine dressée, prête à accueillir la nuque de la jeune Princesse, âgée de quinze ans seulement. Leurs cris s'étaient élevés dans les cieux, leur rage atteignant l'oreille des dieux lors de cette journée où tout avait basculé.

Bien que les révoltés obtinssent ce qu'ils désiraient, ce jour-là, cela n'avait pas été de la manière dont ils l'imaginaient. Alors qu'ils étaient arrivés devant le portail principal du château, cherchant à détruire celui-ci afin de pénétrer dans l'enceinte de la cour royale, une figure que seuls peu d'entre eux connaissaient s'était adressée à eux, depuis l'un des balcons, situé au sommet d'une tour. L'endroit correspondait à la chambre de la Princesse.

« Peuple de Lucifenia, calme ta colère ! La tyrannique Riliane Lucifen d'Autriche n'est plus ! »

Ils avaient tous relevé la tête, comme une seule entité mue par un même objectif. Leur regard fut attiré par sa chevelure bleutée, voletant au gré du vent. Son visage, dont la moitié se trouvait camouflé par des mèches turquoise, exprimait sa satisfaction, dans un sourire triomphant. Son unique iris à la teinte dorée analysait la foule, qui lui avait rendu son regard avec incompréhension, brusquement arrêtée dans son élan dévastateur.

Kyo Fubuki, le dirigeant de Loram.

Il avait attendu d'obtenir sa complète attention pour brandir face à lui une tête qui avait visiblement été découpée, soulevant une vague mêlant dégoût et joie. Ses traits n'étaient pas identifiables d'aussi loin, mais l'on pouvait clairement la reconnaître à ses mèches dorées, ainsi que les ornements présents dans sa chevelure.

Une vague d'acclamations avait timidement commencé à se faire entendre, s'amplifiant peu à peu, au fur et à mesure que la population Lucifenienne avait pris conscience que leur bourreau avait finalement trépassé, réduit au statut de simple tête sans vie.

Ah ah ah...

Kyo avait fait basculé son bras vers l'arrière, puis ramené en avant, se débarrassant de l'encombrante boîte crânienne, qui s'était envolée au-dessus de la foule. Seules quelques secondes s'étaient écoulées, avant qu'une énorme stalactite ne transperce la tête, pénétrant au niveau du cervelet pour ressortir par la bouche, déchirant ses joues, ainsi que sa mâchoire. Quelques dents s'étaient détachées, atterrissant au milieu du peuple horrifié par cette vision, suivies par le crâne qui avait explosé à l'impact.

Quelle bande de naïfs...

.

Par la suite, Kyo Fubuki avait été reconnu comme héros, et placé sur le trône. Poste qu'il avait bien entendu accepté. A partir du moment où il avait su pour la révolte se préparant en secret, cette idée avait germé dans son esprit. Pourquoi se cantonner à la tête d'une ville, lorsque l'on peut diriger un pays tout entier ?

Pour tout dire, la chance avait été du côté du jeune garçon, cette fois-ci. Aidé par une sorte de scientifique extravagant travaillant à la cour, sous le joug d'une certaine Elluka, il avait aidé la tyrannique souveraine à s'enfuir, en compagnie de son frère jumeau, après avoir gagné leur confiance à tous les deux, en commettant des atrocités qui lui avaient été demandées afin de prouver sa loyauté. Puis, il n'avait eu qu'à décapiter une servante aux cheveux blonds, et à la défigurer suffisamment pour que le peuple ne la reconnaisse pas. Et le tour avait été joué. Le scientifique – quel était son nom déjà ? – avait fui en compagnie des pitoyables jumeaux, lui laissant le champ libre afin de s'emparer du trône.

Ne demeurait qu'un seul problème. Riliane, qui lui avait promis de revenir, une fois que la situation se serait apaisée. Un tel sourire avait illuminé son visage, à cette déclaration. Mais cela n'arrangeait absolument pas les affaires du Fubuki. Il n'avait pas profité de cette Révolution pour que l'arrogante princesse reprenne sa place, par la suite. Et puis, le peuple ne lui pardonnerait jamais. Pas vrai ? Dans le doute, il devrait peut-être faire en sorte de la retrouver, afin de l'éliminer. Elle, et son frère. Et ce scientifique, s'il se mettait dans ses pattes. Il devait y réfléchir, trouver un moyen de l'empêcher de refaire son apparition un jour.

Les rayons du Soleil gênant sa rétine au travers de ses paupières, il entrouvrit les yeux, ces derniers rivés sur la tête de lit face à lui. Le menton enfoncé dans son oreiller, Kyo réfléchissait depuis maintenant une bonne heure, au moins. Il inspira profondément, avant d'expirer. Quelle plaie. Il aurait dû la tuer tout de suite, dès qu'il en avait eu l'occasion.

« Quelque chose ne va pas ? »

Sa pupille dévia jusqu'à atteindre le recoin de son œil, attirée par la voix l'ayant interpelé. Ainsi, la personne partageant son lit ne dormait plus non plus. Depuis combien de temps ? Le dirigeant pivota sur le flanc pour faire face à son amant ; le jeune Elphegorien à la chevelure turquoise pour qui il avait eu le coup de foudre ; Mike. En croisant son regard, Kyo ne put empêcher un léger sourire de se former sur ses fines lèvres. Il passa l'une de ses mains le long des côtes du garçon, effleurant sa peau nue et incroyablement blanche. Celui-ci frémit à ce contact, gardant une expression neutre sur le visage, comme s'il tentait de dissimuler les émotions qu'il pouvait ressentir en cet instant. Etrange. Lorsque Kyo l'avait connu, Mike ne manquait jamais d'étirer ses jolies lèvres, exprimant toujours cette joie contagieuse qu'était la sienne. N'était-il pas ravi de pouvoir se trouver aux côtés du Fubuki ?

« Je réfléchis, c'est tout, murmura ce dernier.

- A propos de la réunion censée se tenir aujourd'hui ?

- La réunion ? »

Y'avait-il une telle chose de prévue ? Kyo se plongea dans ses esprits le temps de quelques secondes. Ah, oui. Les meneurs de la Révolution souhaitaient s'entretenir avec lui. Il avait plus important à faire, et il ne voyait pas de quoi ils pouvaient bien vouloir discuter. Les tensions s'étaient apaisées, non ? Alors, quelle utilité ? Un petit grognement mécontent lui échappa, tandis qu'il s'emmitoufla un peu mieux sous sa couverture, ne laissant que le haut de sa tête dépasser, comme un enfant capricieux refusant de se lever pour aller à l'école.

« Ah oui... se souvint-il. Je me demande bien de quoi ils vont bien vouloir discuter... »

Mike ne répondit pas, se contentant de se redresser, laissant la couette glisser le long de son corps frêle afin de le dévoiler peu à peu. Kyo n'en perdit pas une miette, profitant de la vue de ces merveilleuses courbes. Tout cela lui appartenait, dorénavant.

*

*                 *

Après s'être levé, les deux amants s'étaient rendus ensemble dans la grande salle de bain réservée jadis à la Princesse. Désormais, Kyo en était le propriétaire. Il s'agissait d'une grande pièce faite d'un carrelage à la blancheur immaculée comportant un large bassin. Sa température constamment tiède était un régal pour le corps, tant et si bien que le dirigeant rechignait toujours à en sortir. L'on commençait par se laver le corps, puis l'on se rinçait dans l'imposante baignoire, où l'on pouvait ensuite rester, afin de se relaxer.

« Tu es sûr que tout va bien ? » demanda le dirigeant à son aimé, frottant son dos d'une légendaire douceur, afin de faire mousser le savon servant à nettoyer sa délicate peau.

Les gestes, presque sensuels, montaient de son bas-dos à ses omoplates, passant par les côtes du garçon, et redescendant au niveau de la colonne vertébrale. Kyo se trouvait sur le rebord du bassin, dans le dos de son aimé, qui patientait accroupi, tout en se faisant laver le corps.

« Mmh... soupira Mike. Je pensais à Clarith, c'est tout. »

Voilà qui expliquait son comportement depuis leur réveil. Clarith.

Cette timide demoiselle avait longtemps été l'objet de l'affection de l'Elphegorien. Un amour réciproque qu'ils vouaient l'un envers l'autre, sans pour autant oser se déclarer. Une gêne pour Kyo, qui était tombé amoureux du jeune homme à la chevelure turquoise dès le premier regard. Il avait été tenté de la tuer, lors de la Révolution. Mais n'aurait-il pas alors récolté la haine de la personne qu'il convoitait ? Il ne l'aurait pas supporté. Voilà pourquoi il avait décidé de la laisser en vie, et de réfléchir à un meilleur plan. Il avait attendu quelques jours après s'être emparé du trône, avant de rendre visite à la jeune fille aux cheveux blancs enneigé. Il avait fait en sorte de la menacer, de l'effrayer : chose plutôt aisée, lorsque l'on constatait sa faible constitution. Kyo se souvenait même de ses yeux embués, manquant de lâcher une goutte salée à chaque instant. Quelle pathétique gamine. Comment Mike avait-il pu s'éprendre d'une telle lâche ? Le Fubuki ne comprenait pas.

Mais peu lui importait, désormais. Il avait ordonné à Clarith de quitter le pays, de partir, le plus loin possible, et de ne jamais chercher à revenir. Elle avait d'abord refusé, bien entendu, tremblant de tous ses membres, à deux doigts d'éclater en sanglots. Le dirigeant lui avait alors expliqué que si elle ne s'exécutait pas, le corps de Mike risquerait d'être retrouvé sans vie, un matin, et que personne ne pourrait soupçonner Kyo d'en être à l'origine, puisqu'il venait tout juste de sauver le pays. Comprenant l'impasse dans laquelle elle se trouvait, Clarith n'eut alors d'autres choix que d'accepter. Elle fut forcée d'écrire une lettre des plus violentes à son aimé, lui expliquant qu'elle s'en allait, loin de lui, loin de cette insécurité qu'elle avait pu ressentir à cause de Riliane. Puis, dans l'après-midi, elle s'était exilée, partant pour les contrées isolées de Jakoku, situées à l'extrême Nord de la région d'Evillious. Depuis lors, l'on n'avait plus jamais entendu parler d'elle.

Bien sûr, par la suite, Kyo s'était placé en oreille attentive, consolant le chagrin de Mike, qu'il avait pourtant lui-même causé, dans l'ignorance la plus totale de l'Elphegorien. Les deux hommes s'étaient rapprochés, et, deux semaines plus tard, avaient commencé à se fréquenter de manière plus intime et romantique. Intérieurement, le Fubuki jubilait au vu de la facilité déconcertante avec laquelle il avait pu s'emparer de ce beau garçon, tout en faisant en sorte que celui-ci consente à leur union. Souvent, Mike remerciait son amant d'être là, de l'avoir aidé à remonter la pente. Et Kyo rétorquait qu'il n'avait fait que son devoir, un innocent sourire surplombant ses lèvres.

« J'espère qu'elle va bien...

- Pourquoi est-ce que tu t'inquiètes encore à son sujet, après ce qu'elle t'a fait ? Je te rappelle qu'elle t'a lâchement abandonné...

- Je sais, mais... Je l'aime toujours. Certes, je t'aime aussi, Kyo. Mais je ne peux pas l'oublier. Pas dans l'immédiat. Excuse-m'en. »

Les phalanges du dirigeant glissèrent lentement jusqu'aux cuisses du garçon, tandis qu'il se pencha légèrement afin de permettre à son front de rencontrer l'arrière de son crâne.

« Je comprends. Mais ne t'en fais pas, je t'y aiderai. »

Comme pour illustrer ses propos, il fit remonter ses mains, jusqu'à l'intimité de son amant, l'effleurant du bout des doigts. Un petit couinement surpris échappa à Mike, qui se crispa vers l'avant.

« K-Kyo ! grogna-t-il pour protester.

- Tu ne veux pas ? demanda l'intéressé, prêt à retirer ses mains en cas de refus.

- Ce n'est pas ça, mais... Tu n'as pas à faire, aujourd'hui ? Ne va pas te mettre en retard...

- Oh ! Si ce n'est que ça ! »

Les mains se replacèrent contre l'entrejambe de l'Elphegorien, attrapant franchement celui-ci afin de commencer à jouer avec, au plus grand damne de son propriétaire qui lâcha un petit souffle d'aise à ce contact inapproprié.

« La réunion n'a lieu qu'en fin de matinée. J'ai tout mon temps pour m'occuper un peu de toi... » susurra Kyo dans l'oreille de Mike, faisant frémir celui-ci au passage.

Et pourtant, si le garçon connaissait la vérité derrière leur relation, il interdirait sans doute au Fubuki de l'approcher. Mais ce dernier n'en ressentait aucun remord. Il était un manipulateur né, prêt à tout pour posséder ce qu'il considérait comme lui appartenant. Sa seule faiblesse résidait en son fils, Kyuso, qu'il aimait inconditionnellement. Celui-ci était resté à Loram, le temps que son père ne prépare correctement le terrain au niveau de la capitale de Lucifenia.

Après quelques frottements, Mike commença à durcir, et ceci d'autant plus lorsqu'il sentit dans son dos l'érection déjà présente du dirigeant, qu'il s'amusait à faire glisser, en bas de celui-ci, s'approchant souvent du creux entre ses fesses, sans pour autant s'y aventurer, créant en lui une sorte de petite frustration. Chaque mouvement de Kyo en direction de ce creux occasionnait chez lui un battement de cœur raté, qui ne faisait que durcir davantage la gêne présente entre ses jambes. De ce fait, il ne fallut pas longtemps au membre de l'Elphegorien avant d'atteindre sa taille maximale. L'excitation montait en lui à une vitesse fulgurante, que n'aurait su surpasser celle de la lumière. Il désirait le dirigeant. Ici, et maintenant.

Le Fubuki finit par se lever, entraînant Mike avec lui. Il le fit se retourner, avant de poser ses lèvres contre les siennes dans un baiser passionné que le jeune homme aux cheveux turquoise ne manqua pas de rendre. Dans le même temps, il se fit gentiment plaquer contre le mur le plus proche, sans vraiment s'éloigner du bassin remplit d'eau chaude, embuant et humidifiant la pièce d'une brume légère. C'est pour cela que, lorsque le dos de l'Elphegorien heurta le mur froid, un frisson s'empara de son corps, qui réagissait au contraste de température. A ce moment-là, se joignant à la danse, le membre de Kyo se pressa contre l'autre, se frottant à celui-ci, tandis que les mains du dirigeant maintenaient le bassin de son amant. Ce dernier ne put, à cause de cela, se joindre aux mouvements, forcé de subir ceux de la personne face à lui. De petits gémissements s'élevèrent entre ces murs, où ils ne se trouvaient que tous deux. Mike tremblait, aussi bien à cause du mur derrière lui que des maltraitances prodiguées à l'encontre de son intimité. Si Kyo poursuivait ainsi, il ne faudrait pas longtemps à l'Elphegorien pour venir, il le sentait bien.

Voyant bien la plaisante souffrance interne à laquelle était en proie son amant, le Fubuki ne put empêcher un petit rire de passer la porte de ses lèvres, mettant ainsi fin au langoureux baiser jusqu'alors échangé.

« Eh bien ? Il y a un problème, Mike ?

- A-aucun, mentit l'intéressé.

- Vraiment ? Ca me rassure alors. »

A peine eut-il prononcé cette phrase que Kyo rendit les mouvements contre le bassin de l'autre d'autant plus féroces et insistants, déclenchant chez lui un couinement plus fort que les autres. Il n'était pas rare pour eux de jouer à ce genre de jeux, où le premier qui craquait perdait. Et pour le coup, semblait-il que le dirigeant remportait le match, puisqu'à ce moment, Mike perdit son sang-froid.

« Kyo ! Je n'en peux plus !

- Mh ? Et donc ? Que veux-tu que j'y fasse ?

- T-tu le sais très bien... »

Nouveau geste contre le membre du pauvre Elphegorien, nouveau gémissement incontrôlé.

« A-ah... Tu es injuste...

- Injuste ? Non, je ne peux simplement pas deviner ce dont tu as envie si tu ne l'exprime pas à voix haute. »

C'était un mensonge. Kyo savait très bien ce que désirait Mike.

« J-je te veux en moi. » parvint-il finalement à articuler, d'une toute petite voix.

Un large sourire se forma sur les lèvres du Fubuki, qui fit soudainement cesser les mouvements. Il libéra les hanches prisonnières entre ses mains, pour faire glisser celles-ci jusqu'aux fesses de son amant. Toujours appuyé contre le mur, ce dernier comprit alors ce qu'il en était. Il leva une jambe, puis l'autre, afin de les enrouler autour de la taille du garçon le maintenant afin de l'empêcher de chuter. Un nouveau baiser fut échangé, tandis que Kyo pénétrait finalement en Mike, ayant légèrement écarté les fesses de celui-ci dans le but de lui faciliter le passage. Il y alla d'abord doucement, histoire d'habituer l'intérieur de son amoureux, poussant lentement son intimité afin de ne pas le blesser. Puis vinrent les coups de bassins, d'abord vifs, mais assez petits pour commencer. Il valait mieux le ménager, au début, au vu des parois resserrées autour du membre de Kyo. Il n'avait pas encore l'habitude de ce genre de choses, devinait-il, et cela devait être la raison pour laquelle il n'était pas vraiment détendu. Il fallait donc le mettre en confiance, lui faire comprendre qu'il ne risquait rien, avec le dirigeant comme partenaire. Le Fubuki pouvait sentir dans son dos les doigts crispés de Mike, qui s'agrippait tel un koala à une branche. A chaque coup, un petit gémissement échappait à son amoureux, se perdant dans l'espace tout autour d'eux. Dans le même temps, les lèvres du meneur se promenèrent sur le torse face à lui, remontant parfois au niveau du cou, sortant de temps en temps sa langue afin de la promener sur les parcelles de peau offertes à lui. Heureusement que cette partie de son corps n'avait pas encore été couverte de savon.

Après quelques minutes à habituer l'intérieur de Mike à sa présence, les mouvements de Kyo décidèrent de se faire plus amples, plus brutaux. S'exclamant d'abord dans un cri de surprise qu'il voulut étouffer, le dominé amena l'une des mains présentes dans le dos de son amant pour la coller contre sa bouche et minimiser les chances de se faire entendre de l'extérieur. Ce serait vraiment embarrassant, si l'on venait à surprendre les activités de ces deux-là. Techniquement, personne ne devrait rentrer ici, puisqu'il s'agissait d'une pièce réservée au dirigeant, mais le simple fait de s'imaginer que quelqu'un perçoive leurs ébats... A cette simple pensée, le visage de Mike s'empourpra violemment, une bouffée de chaleur venant s'emparer de ses joues humidifiées par l'air brumeux ambiant. Le plaisir donné par son amant se propageait dans tout son corps, jusqu'à son membre qui, il le sentait, réagissait positivement, au point qu'un petit filet blanchâtre ne commence à s'en échapper. Les deux seraient bons pour se laver à nouveau. Mais son esprit n'était pas concentré sur une telle chose, actuellement. Il se souciait davantage du bien être infligé par les mouvements de hanche de son partenaire. Au moins, dans ce genre de situation, ne pensait-il plus à Clarith, l'espace d'un instant. Il se sentait bien. Si bien. Tellement qu'il dût finir par se retenir afin de ne pas terminer avant Kyo.

Tout à coup, ce fut l'explosion. Son partenaire, dans un long râle, se libéra en lui. Un liquide tiède et visqueux frappa contre ses parois. Mike put alors se relâcher. Il laissa son propre sexe expulser la même substance, qui s'écoula entre les corps des deux garçons haletants. Le visage de Kyo vint se réfugier dans le creux du cou de l'Elphegorien, tandis que ce dernier fit de même, en enfonçant le sien dans la chevelure bleutée du beau dirigeant. Ce dernier se retira, laissant un Mike fébrile dérouler ses jambes de sa taille afin de retrouver la terre ferme.

« Semble-t-il que je vais devoir te refrotter le dos... » susurra Kyo, après un moment de silence et d'immobilité.

*

*             *

Lorsque leur toilette fut terminée, ayant pris plus longtemps que prévu, les deux hommes durent se séparer pour la journée. Mike avait à faire dans une ville se situant à l'Ouest du pays, et ne devait pas traîner, s'il voulait pouvoir être rentré pour la nuit. Le Fubuki, quant à lui, n'avait qu'à attendre l'heure de cette réunion ennuyeuse à laquelle il ne pouvait échapper. Il décida de passer un peu de temps au sein de la Cour Céleste, en attendant. Cela lui permettrait de prendre un prend l'air, et de profiter du calme qu'offrait cet espèce de petit jardin intérieur.

Il longea donc les couloirs, descendant les escaliers menant au rez-de-chaussée, où se trouvait sa destination. En chemin, il croisa le Prince d'outre-mer, Kyle Marlon, qui faisait partie des meneurs de la Révolution. Il s'agissait d'un homme d'approximativement sa taille, son visage anguleux étant entouré de mèches d'un bleu profond. Son regard, de la même teinte, se posa sur le Fubuki, qui y devina une certaine animosité, mais décida de ne pas y prêter attention plus que cela. S'il possédait des ressentiments à son égard, il lui ferait sans doute part lors du rassemblement ayant lieu plus tard dans la journée. Il n'avait, pour le moment, pas de temps à perdre avec de telles futilités. Enfin... Techniquement, si, du temps à perdre, il en avait. Mais il ne désirait pas le gaspiller pour possiblement se disputer avec cet homme. C'est pourquoi il se contenta de l'ignorer royalement, sans se préoccuper des iris du Prince de Marlon, qu'il sentit perdurer dans son dos.

En y réfléchissant un peu, il devait agir ainsi à cause de la relation s'étant établie entre Kyo et Mike : Kyle était lui aussi tombé éperdument amoureux du jeune Elphegorien. Malheureusement pour lui, ces sentiments, voués à l'échec, ne lui avaient jamais été rendus, et ne le seraient probablement jamais. Le dirigeant ne le considérait même pas comme une menace. Il attendit de bifurquer en direction de la cour et de se retrouver donc hors du champ de vision du Prince pour laisser un petit « Tch. » lui échapper. Malgré tout... Est-ce que cet homme n'allait pas chercher à lui porter préjudice, à cause de cette ridicule jalousie ? S'il appartenait à ce genre-là, il devait alors faire un bien piètre souverain. Dans tous les cas, Kyo possédait bon nombre des membres de l'armée révolutionnaires dans sa poche, grâce à la délivrance qu'il avait apporté au Royaume de Lucifenia.

Arrivé à destination, il s'approcha de la fontaine présente au milieu de l'espace extérieur, s'asseyant sur son rebord. L'eau passant devant le Soleil formait devant ses pupilles un arc-en-ciel miniature. Il se sentait bien. Il aurait tant aimé que Kyuso soit présent, avec lui, pour admirer ce magnifique endroit. Lorsque tout serait arrangé ici... Il le ferait s'installer à ses côtés. Il pourrait profiter, lui aussi, du luxe de ce lieu. Rien que d'imaginer son fils heureux arracha un sourire au Fubuki, qui laissa un long soupir d'aise s'échapper de ses poumons. Dans la cour, travaillant joyeusement, se trouvait également une jeune servante aux cheveux rosés attachés en deux couettes tournoyantes. Elle arrachait les mauvaises herbes présentes aux alentours, semblait-il, sans grande difficulté.

Il lui fallut quelques minutes avant de s'apercevoir de la présence du garçon. Une fois que ses iris eurent rencontré les siens, elle se redressa rapidement, s'inclinant par la suite face au dirigeant, d'une manière des plus respectueuses.

« Votre Altesse, bien le bonjour ! »

Votre Altesse... Tant de personnes l'avaient déjà nommé ainsi, depuis sa prise du trône... Pour autant, il ne supportait pas cette appellation. Bien que légèrement irrité – le fait que son interlocutrice soit une femme n'aidait pas – il força un petit rire, secouant la main comme si l'on venait de le flatter.

« Allons, allons ! Un simple 'Monsieur' suffira amplement ! Après tout, toi et moi restons des êtres humains, tous deux égaux devant la mort ! »

Faux. Kyo ne se considérait pas comme un « égal », mais bel et bien comme une personne de rang supérieur. Son égo ne connaissait aucune limite. Mais pour le moment, il avait besoin que le peuple Lucifenien lui mange dans la main. Ainsi, malgré la fausseté de cette déclaration, celle-ci l'aiderait à se rapprocher de la classe populaire. La servante sembla ne pas trop savoir où se mettre, suite à cela, comme pouvait en témoigner les rougeurs de ses joues. Le Fubuki feinta un sourire attendri, bien qu'en réalité, il la trouvait simplement pathétique.

« A qui ai-je l'honneur ? Il me semble t'avoir déjà aperçu, sans avoir eu le plaisir de pouvoir t'aborder.

- Ah... Euh, je... Je suis Chartette Langley. Je travaillais auparavant au service de Son Altesse Ril—de l'Infante du Mal. Je faisais partie de l'armée révolutionnaire.

- Oh, je vois. J'espère dans ce cas être à la hauteur de tes attentes, et ne pas te donner de nouvelles envies de Révolution !

- Pour le moment, il n'y a aucun risque ! Vous nourrissez le peuple, avez baissé les taxes, et avez considérablement réduit le nombre d'exécution, pour vous cantonner aux criminels ! La situation s'améliore de jours en jours !

- Mh... Dis-moi Chartette, puis-je me permettre une question ?

- Oui, bien sûr ! »

Kyo inclina la tête sur le côté, plongeant son œil valide dans l'étendu des iris de la demoiselle. Il y décelait tant de naïveté... C'en était pitoyable.

« Si tel est le cas, à quoi rime donc la réunion de cet après-midi ? »

Chartette prit quelques secondes pour y réfléchir, comme si elle n'était pas sûre de la réponse à fournir. Le dirigeant fut incapable de savoir si elle l'ignorait, ou si elle se montrait réticente à lui révéler. Il fit néanmoins preuve de patience.

« Pour être honnête, je n'en suis pas vraiment sûre moi-même. C'est le Prince Kyle qui l'a demandé. »

Le souverain de Marlon, hein ? Comme Kyo le soupçonnait. Il allait devoir se méfier de cet individu, donc. Il ne pouvait néanmoins pas l'éliminer. Dans ce cas, mieux valait-il réfléchir soigneusement à la situation, et garder son rôle de dirigeant compatissant et à l'écoute. Personne ne le prendrait au sérieux, s'il venait à amener Mike sur le tapis, de toute façon.

« D'accord. Je te remercie. » lança Kyo.

Chartette s'inclina une fois encore, tandis que le Fubuki descendit de son perchoir. Il devait réfléchir à ce qu'il s'apprêtait à affronter. Une part de lui craignait que le Prince de Marlon ne cherche à le déchoir, par un moyen ou un autre. Prudence était de mise.

*

*             *

Le dirigeant avait quitté la Galerie des Sons, un grand sourire illuminant son visage. Il avait salué toutes les personnes ayant participé au rassemblement, avant de partir en direction de sa chambre, sans se départir de ce visage, figé sur une expression satisfaite.

Lorsqu'il parvint à destination, Kyo s'assura de bien fermer la porte de celle-ci à clé, afin de ne pas être dérangé. La seconde suivante, son air aimable fut remplacé par une expression de fureur, qui avait fait s'évanouir toute trace de bonté. Il attrapa l'un des coussins trônant sur le somptueux lit, ayant été fait pendant son absence, et l'amena à son visage, pour hurler dedans, afin d'expulser toute la haine qu'il ressentait en cet instant présent. Jurant avec mépris et colère, de façon étouffée afin de ne pas se faire entendre, il repensait à cette réunion qui venait tout juste d'avoir lieu. Qu'avait-il mal calculé ? Où est-ce que les choses avaient coincé ? Non. Non, il n'y était pour rien. Riliane et Allen avaient simplement fait preuve d'inconscience, en s'installant aussi près de la capitale, malgré les quelques tensions qui pouvaient encore se faire parfois ressentir. Quelle personne censée demeurerait aussi près de l'endroit où elle risquait de se faire exécuter ? Et puis, Clarith... N'était-elle pas censée se trouver dans les contrées Nordiques ? Il aurait dû faire preuve de davantage de prudence, et s'assurer qu'elle s'y était bel et bien rendu.

« Des soldats de Marlon en patrouille nous ont rapporté la présence d'une personne ressemblant fortement à la Princesse Riliane, accompagnée d'une jeune femme aux longs cheveux blancs, dans la petite ville portuaire se situant à l'Ouest, non loin de la Forêt de la Confusion. Ce qui est plutôt étrange, puisque cela n'entre pas en cohérence avec votre propre rapport, disant que vous auriez éliminé l'Infante du Mal. » avait déclaré le Prince Kyle.

Une petite ville portuaire se situant non-loin de la Forêt de la Confusion... N'était-ce pas l'endroit où se rendait Mike, ce jour-là ? Secoué de haine et de panique, ses dents se plantèrent dans l'oreiller qu'il tenait entre ses mains, mordant violemment celui-ci, comme si cela pouvait permettre à sa colère de se déverser, tel un venin, en passant par ses crocs plantés.

« Je me rendrai personnellement sur les lieux, demain, aux aurores. Malgré ce que vous pouvez accomplir pour ce pays, si vous cachez la Princesse, l'armée révolutionnaire réfléchira sûrement à des sanctions. J'espère que vous comprenez. » avait ajouté le Prince d'outre-mer.

Chaque soldat présent ayant mené la Révolution avait acquiescé en silence, tandis que Kyo s'était empressé de coller sur son visage un sourire de courtoisie, malgré la panique qui s'était immiscée en lui. Il avait assuré à Kyle qu'il ne devait s'agir que d'une coïncidence, puisque la Princesse n'était plus de ce monde. Mais bien entendu, celui-ci désirait s'en rendre compte par lui-même.

Et voilà où en était le Fubuki, maintenant. Au moins savait-il où trouver la Princesse, désormais. La tâche lui avait été facilitée. Peut-être devait-il considérer cette situation comme bénéfique, finalement ? Il éloigna la literie de son visage, et laissa un long souffle évacuer ses poumons agités.

Calme... D'ici ce soir, ces insectes ne seront plus que de mauvais souvenirs.

Il fallut quelques minutes à Kyo afin d'apaiser la colère bouillonnante présente dans ses veines. Il reposa l'oreiller, et alla farfouiller dans la table de chevet en marbre se tenant à côté de la place qu'il occupait dans la couche ; dans le tiroir de celle-ci se trouvaient quelques kunaïs ainsi qu'un poignard. Il s'en empara, et les dissimula dans ses vêtements. Puis il se tourna vers la cheminée, éteinte, présente au fond de la pièce. S'il se souvenait bien, lorsque son petit groupe s'était échappé, en pleine Révolution, Allen leur avait indiqué qu'un passage secret se trouvait là-dedans. Ils avaient dû marcher plusieurs longues minutes – peut-être un peu moins d'une heure – dans un long couloir envahi par l'obscurité, débouchant non-loin de la mer. Kyo se rappelait avoir aperçu une ville, ce jour-là. Il y avait fort à parier que les jumeaux s'étaient rendus là-bas, en compagnie du scientifique, et que Clarith les y ait retrouvés par la suite, par un déconcertant hasard. Le Fubuki le découvrirait bien assez tôt, de toute façon.

Il s'approcha du foyer de la cheminée, et commença à effleurer les dalles présentes autour de celui-ci. La pierre était froide, graveleuse, laissant une petite traînée blanchâtre sur ses doigts. Après un bref instant, il remarqua que l'une d'elle semblait plus enfoncée que les autres. Il appuya davantage contre celle-ci, qui consentit à suivre le mouvement, rendant le contour du foyer absolument imparfait. Suite à cette action, un passage se creusa. Des odeurs d'humidité et d'ancienneté familières lui parvinrent alors, lui faisant légèrement plisser le nez. Il n'était pas sûr de vouloir retraverser cet endroit déplaisant, mais il le fallait, s'il voulait rapidement arriver à destination. De plus, ainsi, personne ne le verrait sortir du palais, et le lendemain, lorsque Kyle se rendrait compte que Riliane ne se trouve nulle part, il ne pourrait accuser Kyo de l'avoir cachée entre-temps.

Il s'aventura alors dans ce long conduit non-éclairé. Peu lui importait. Il ne lui fallait que se rendre tout droit. La lumière n'était pas primordiale, ici.

Il marcha durant un petit moment, assez pour que sa peau ne devienne moite et froide, en réponse au climat l'entourant. Cette sensation n'était pas des plus agréable, ce qui arracha une grimace au dirigeant, tandis que de légers rayons de l'astre solaire se firent entrevoir, par la fente d'une sortie droit devant lui.

Quelques minutes de plus s'écoulèrent avant que Kyo ne pose enfin un pied à la surface. Jamais il n'aurait cru ressentir une telle joie en étant à l'extérieur un jour. Dire qu'il faudrait refaire le chemin inverse pour rentrer... Cette simple pensée le fit frémir. Puis, il soupira longuement avant de regarder tout autour de lui. Il se trouvait à quelques pas d'une plage de sable fin, bordée par la mer. Si l'on empruntait celle-ci, l'on se retrouvait assez rapidement sur les terres de Marlon. Sur le rebord de cette plage se trouvait une modeste maison, non-loin de ce qui ressemblait à un couvent, ou autre structure religieuse du même acabit. Puis, un peu plus au fond du paysage, une petite ville, d'apparence calme. C'est ainsi que sont les endroits portuaires, généralement. L'on n'y retrouvait que rarement le dynamisme présent, par exemple, dans une capitale.

Le Fubuki épousseta ses vêtements, et se lança d'un pas décidé en direction de la zone habitée. Il serait probablement en mesure de trouver, au minimum, des indices sur la position des personnes qu'il recherchait. Il devait cependant faire attention de ne pas se faire voir par son amant, qui s'interrogerait probablement sur la raison de sa présence ici.

Tu parles d'une journée...

Le jeune homme décida de repenser au début de matinée qu'il avait passé en compagnie de Mike. Non, en vérité, il se remémora chacune d'entre elles, chaque moment aux côtés du garçon aux cheveux turquoise, et de se projeter sur les semaines, mois, et années à venir. Rien ne pourrait l'empêcher de rester auprès de lui. Rien ne l'arracherait du pouvoir. Lorsque Kyo désirait quelque chose, rien ni personne ne pouvait se mettre sur son chemin, sous peine de subir de lourdes représailles. En soi, il n'était pas mieux que Riliane, l'Infante du Mal. Cette façade qu'il se donnait pour ne pas tomber sous le poids encore présent de la Révolution finirait sans doute par voler en éclat, un de ces jours. Les opposants et autres résistants seraient exécutés sans merci, leur corps pendrait au bout d'une corde, que le dirigeant laisserait sécher au Soleil afin de donner l'exemple.

Tout en y songeant, il arriva au sein de la ville portuaire. Comme prévu, les rues, bien que fréquentées, laissaient planer une toute autre ambiance que celles de la capitale, où se trouvait le château. Son unique œil doré balaya les environs. Apparemment, le marché était de sortie. Il pouvait demander des indications à n'importe qui. Il se revêtit d'un petit sourire, et s'avança dans l'allée où les marchands vendaient leurs marchandises, tout en discutant, ou en riant de bon cœur. Une odeur de produits de la mer, mêlée à celles de quelques fruits estivaux flottait dans les environs, se mariant étonnamment bien entre elles.

Kyo s'approcha d'une jeune vendeuse qui ne s'occupait de personne, et la salua d'un ton chaleureux.

« Bonjour ! »

L'interpelée leva la tête, de longues mèches brunes tombant autour de son visage rond semblable à celui d'un enfant. Elle cligna des yeux, avant que ses lèvres ne s'étirent à son tour en un sourire, que le dirigeant devina sincère.

« Bien le bonjour ! Puis-je vous être utile ? répondit-elle.

- C'est fort probable. Je recherche quelqu'un.

- Mmh ? Je peux essayer de vous aider, oui. Comme je vis ici, je connais pas mal de gens des environs !

- Ah, semblerait-il que je sois tombé sur la personne adéquate, dans ce cas ! Je cherche une jeune femme, à l'air assez timide et renfermé. Elle a de longs cheveux blancs, ainsi que de grands yeux marrons. »

La marchande ne réfléchit que quelques instants, avant d'être en proie à une soudaine illumination. Elle fit claquer ses paumes entre elles, avant de déclarer.

« Oh, vous parlez de Clarith ! Bien sûr, je la connais bien ! Elle vit dans la petite maison un peu à l'écart de la ville, au bord de la plage ! Il me semble qu'elle est déjà rentrée chez elle, je l'ai déjà vue au marché, aujourd'hui. »

Au premier essai. Et si, comme il le pensait, Riliane et Allen se trouvaient avec elle, il serait en mesure de faire d'une pierre deux coups. Quant au scientifique, eh bien... S'il devait l'éliminer également, il en ressentirait une certaine déception, mais ce qui devait être fait serait fait. Le pauvre servirait de dommage collatéral.

« Je vois ! Je vous remercie !

- Avec joie ! Passez une bonne journée !

- Vous de même ! »

Kyo inclina la tête face à la jeune demoiselle, et rebroussa chemin, repartant en direction de la plage, où trônait cette maison solitaire.

Il ne lui fallut pas longtemps pour l'atteindre. Aux premiers abords, il n'aurait jamais pensé que quelqu'un vivait en son intérieur, ou alors, qu'elle n'était qu'une annexe du couvent qui la surplombait. Il s'agissait là d'une belle cachette que s'étaient dégotés ses ennemis.

Le Fubuki se saisit du poignard dissimulé dans l'une de ses manches, prêt à passer à l'offensive, peu importe qui ouvrirait la porte, lorsqu'il frapperait contre celle-ci. Plusieurs inspirations furent nécessaires, afin qu'il se mette en condition, prêt et concentré. Il serra le poing, faisant rencontrer ses phalanges avec le bois de la porte se dressant face à lui. Aussitôt, il perçut une agitation naître au sein de la demeure.

« C'est Ythel ! s'exclama la voix reconnaissable de Riliane.

- Je ne pense pas, il n'est pas censé rentrer maintenant. Mais ce serait bien, répondit celle d'Allen.

- Je vais voir. » ajouta celle de Clarith.

Les trois se trouvaient donc ici. On pouvait très clairement affirmer qu'il s'agissait du jour de chance de Kyo.

Il n'eut à patienter que quelques secondes, avant que la porte ne s'ouvre sur la jeune albinos, qui n'eut le temps que d'écarquiller les yeux à sa vue, avant que, dans un rapide élan, le Fubuki ne lui plante l'arme blanche au milieu du front, dans un coup fatal. Il se décala ensuite d'un pas, laissant le corps sans vie de Clarith tomber à ses pieds. Et d'une.

Un cri se fit entendre, à l'intérieur.

« Je t'avais pourtant dit de partir loin d'ici. » déclara le dirigeant d'une voix glaciale.

Il enjamba le cadavre afin de pénétrer l'enceinte de la demeure. La Princesse déchue, Riliane, s'était collée contre le mur au fond de la pièce, analysant la scène de son regard bleuté. Son petit corps frêle tremblait. Elle n'était plus la figure autoritaire d'autrefois, et personne ne pourrais lui venir en aide, si ce n'était Allen. Et honnêtement, malgré ses talents d'épéistes, il ne serait pas capable de faire grand-chose face à Kyo.

« K-Kyo ? l'interpela justement ce dernier. Pourquoi tu— ? »

L'intéressé ne prit pas la peine de le laisser terminer sa phrase. Il plongea les mains dans ses poches, puis les ressortit. Dorénavant, chaque espace entre ses doigts se trouvait armé d'un kunaï, prêt à se faire lancer. Il visa l'Infante du Mal, et fit revenir ses paumes vers lui.

« Riliane ! »

Au moment où il porta son attaque, Allen se jeta entre eux, s'interposant afin de protéger sa précieuse jumelle. Plusieurs lames se plantèrent dans son corps, lui faisant pousser un gémissement de douleur, tandis qu'il s'agenouilla au sol. Son expression, déformée par la souffrance, se redressa vers Kyo, le dévisageant avec colère et incompréhension. Le Fubuki, lui, faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, gardant un air froid et impénétrable.

« Q-qu'est-ce que cela signifie ? parvint à articuler le garçon à terre. Tu nous as sauvés, non ? Alors pourquoi... »

Le dirigeant garda le silence un petit instant. Les voir dans une telle position... C'était tellement risible. Pitoyables jumeaux à la destinée séparée. Au moins seraient-ils rassemblés dans la mort. N'était-ce pas là une faveur, de la part de l'homme assoiffé de pouvoir ? Il ne put se contenir davantage, et c'est ainsi que naquit sur son visage un large sourire, qui n'avait plus rien à voir avec la façade qu'il se donnait. Celui-ci dégageait un sadisme couplé à un orgueil profond, remplaçant à merveille celui qu'avait incarné Riliane avant lui. Aucun doute n'était possible : Kyo représentait le nouvel Infant du Mal, le nouveau vassal de cet impardonnable péché régit par Lucifer.

« Navré. Je comptais me débarrasser de vous plus tard, mais certaines circonstances ont fait que ça se fait plus tôt que prévu. »

Allen serra les dents, et se releva avec peine, servant de bouclier humain à sa tendre sœur. Le dirigeant roula des yeux, avant de tendre sa main en direction de la gêne que représentait le blondin. En un clin d'œil, ses iris s'écarquillèrent, tandis qu'il porta une main à sa poitrine. Qu'espérait-il accomplir face à une personne maîtrisant la magie ?

L'ancien serviteur sentit son cœur se tordre. Non... Il ne se tordait pas exactement. C'était davantage comme s'il se figeait, décidant qu'il était trop épuisé pour continuer à travailler. Jamais il ne se serait douté qu'une telle chose puisse être aussi douloureuse. Le même résultat aurait été obtenu s'il s'était retrouvé avec plusieurs aiguilles plantées dans celui-ci. L'air commença à lui manquer. Riliane... Il devait protéger Riliane... Ses forces l'abandonnèrent, le forçant à se mettre de nouveau à genoux face à son adversaire, dans une position de faiblesse insupportable.

Cette vision satisfaisait Kyo. Une mort assez rapide, néanmoins douloureuse. Haletant, Allen posa ses deux mains contre le sol, cherchant à avaler le plus d'oxygène possible. Bien entendu, avec son cœur ne battant plus, la circulation allait avoir du mal à se faire, pour ne pas dire qu'elle n'aurait plus jamais l'occasion de se mettre en service.

Comme si elle prenait finalement conscience de la situation, Riliane secoua la tête, et s'agenouilla auprès de son frère, pleurant son nom alors qu'il ne fut bientôt plus capable de respirer, tombant sur le sol, inconscient, dans son propre sang qui avait découlé des plaies engendrées par les kunaïs. Sa mort cérébrale ne tarderait sans doute pas. Et de deux.

La Princesse déchue hurla. De grosses gouttes salées roulaient le long de ses joues. Elle secouait son frère, dans l'espoir vain que cela le ferait réagir. Mais tout était fini, pour lui. Comme cela serait bientôt le cas pour elle. Le Fubuki n'avait pas envie de perdre plus de temps.

Il s'agenouilla à son tour aux côtés du corps du garçon, non pas pour se lamenter de sa perte, mais pour soudainement attraper la chevelure de la jeune fille, qui poussa un couinement désapprobateur. Elle plissa les yeux, portant ses mains au poignet la saisissant, frappant et tirant dessus.

« Lâchez-moi ! » couinait-elle faiblement.

Ses ongles griffaient la peau du dirigeant, qui se leva, entraînant Riliane avec lui. Il la projeta un peu plus loin dans la pièce, mais, avant qu'elle n'atteigne le sol...

L'Infante sentit un poids énorme dans son dos. Une pointe glacée déchira sa peau, se frayant un chemin dans sa chair encore jeune. La sensation glaciale disloqua plusieurs de ses os, avant de transpercer son cœur battant la chamade, de peur, d'angoisse et de tristesse. Elle sentit un goût métallique envahir sa bouche, et lorsqu'elle ouvrit celle-ci, ce ne fut que pour vomir du sang. Son corps, transpercé d'une stalactite, s'affala sur le sol, mollement, sans plus aucune forme de résistance. Et de trois.

*

*              *

« Tu as passé une bonne journée ? »

La nuit était tombée depuis maintenant un petit moment.

Comme toujours, le Soleil avait disparu derrière l'horizon, sans un bruit. Comme toujours, la Lune avait fait sa majestueuse apparition. Rien ne différait de l'ordinaire. Personne ne soupçonnait qu'à plusieurs kilomètres de là, un triple meurtre avait eu lieu. Logiquement, les corps avaient été débarrassés un peu plus tard, par deux hommes de confiance de Kyo.

Ce dernier se tourna vers le jeune homme lui ayant posé la question, qui l'attendait dans le spacieux et confortable lit. Un sourire illumina son visage. S'éloignant de son bureau, auquel il était assis, il se glissa à son tour dans les couvertures, et prit son amant au creux de ses bras.

« Assez banale, oui. La réunion ne s'est pas éternisée, Kyle avait seulement besoin d'éclaircissements à propos de quelques détails. Et la tienne ?

- Excellente ! J'ai fait de bonnes affaires au marché, alors je suis satisfait !

- J'en suis ravi. »

Les deux hommes échangèrent un baiser.

Rapidement, l'Elphegorien s'endormit, sous les caresses du Fubuki, qui ramenait ses phalanges du haut de son crâne jusqu'à sa nuque dans de doux mouvements réguliers.

Il n'avait plus rien à craindre. Les potentiels parasites susceptibles de mettre en danger sa position sur le trône n'étaient plus de ce monde. Quiconque tenterait de l'en éloigner subirait le même sort. Les rebelles seraient pendus. Tout cela alors que le Fubuki serait acclamé pour avoir débarrassé la nation de l'Infante du Mal. Personne ne semblait soupçonner ses propres péchés. Personne ne voyait le sang entachant ses mains.

Kyo jeta un œil à son poignet, où s'étendaient de petites griffures, fraîchement apposées.

Une nouvelle Ère Chaotique, régie par l'Orgueil,était sur le point de commencer.    

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