[ IM - Great Priest Imhotep ] Cloudy Sky
IM - Great Priest Imhotep
Personnages importants : Imhotep / Djéser / OC
Relation : OC x Djéser
TW : Meurtre
Commission par Kuroha-Femogtyve !
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Il était arrivé dans la soirée, assis sur un trône en or, qui se faisait porter par deux serviteurs à l'aide de longues barres qu'ils maintenaient, posées sur leurs épaules. Je ne l'avais pas su directement, trop occupé à travailler dans mon office pour réellement faire attention à ce genre de choses. Il n'était pas rare de recevoir d'importants invités, dans l'enceinte du palais de Pharaon, mais la plupart du temps, ma présence n'était pas nécessaire. Enfin, pour être honnête, j'en avais entendu parler, mais n'y avait prêté que peu attention. J'avais plus important à faire que de m'occuper de ce genre de choses : j'étais Grand Prêtre au service du dieu Amon, après tout. Et puis, je n'aimais pas me mêler aux autres. Raison de plus pour rester en dehors de ces histoires d'invités. Et puis, avec la tension régnant actuellement entre le Pharaon et le clergé, je doute que ma présence fût réellement admise parmi les membres du palais.
Occupé à travailler, enfermé dans cet espace sombre et frais, je n'avais pas vu la journée défiler. Etudier des parchemins prenait énormément de temps, et une fois que j'étais plongé dans l'un d'eux, c'était comme si mon esprit quittait l'espace-temps de notre dimension, imperturbable et impénétrable. Je suppose que c'est ce sérieux dont je faisais preuve qui m'avait rapidement élevé au rang de Grand Prêtre. Mes liens avec les dieux étaient beaucoup plus forts que parmi les autres prêtres. Mais de ce fait, j'étais également beaucoup moins intransigeant, n'hésitant pas à appliquer les sanctions réservées aux infidèles à la lettre. J'avais la réputation d'être impitoyable. Cela effrayait la population. Ce qui expliquait pourquoi je détestais me mêler à elle. Ces regards en coin qui se voulaient discrets m'atteignaient toujours, juges, suspicieux, apeurés... Quoi qu'ils puissent en penser, cette situation m'affectait pas mal. Alors quoi de mieux que de rester dans cet office ? Ici, j'étais seul, seulement accompagné par mes pensées, et par les dieux. Un endroit parfait, que je ne désirais quitter pour rien au monde.
Je ne l'entendis pas rentrer. Ou peut-être bien que si, mais dans tous les cas, je ne réagis pas à sa présence. Le Prince Djéser, ces derniers temps, avait l'habitude de me rejoindre ici, afin de discuter un peu avec moi, me parlant de son projet pour l'Egypte, que j'écoutais d'une oreille... Plutôt distraite. J'appréciais cette présence, mais malgré tout, avais du mal à m'y faire. Vous avez dû le remarquer, maintenant : je suis quelqu'un de solitaire. Par obligation ? Par choix ? Je dirais un peu des deux. Cela ne m'empêchait pas de considérer celui-ci comme un ami. Peut-être même mon seul et unique ami. Ses visites étaient le Soleil pénétrant dans cet espace clos, embellissant mes journées lorsqu'il s'y immisçait, illuminant la sombre Lune que j'étais. Mais l'admettre m'était plus compliqué.
Je sentis mon corps se raidir, lorsque la présence derrière moi se pencha par-dessus mon épaule afin de parcourir le parchemin que j'avais en main des yeux. Cette aura... Ce n'était pas Djéser. Un frisson me parcourut, alors que je me retournai vivement en direction de l'intrus, m'emparant de mon sceptre par la même occasion : un grand bâton doré se terminant par ce qui ressemblaient à une Lune en croissant, protégeant de son berceau un petit Soleil. Faisant face à un parfait inconnu, ma méfiance ne s'en fit que plus élevée. Qui était cet individu, dont la couleur violacée envahissait cet espace qui était le mien ? Ses cheveux en bataille n'étaient que vaguement mis en ordre par la présence d'une barrette grisâtre à laquelle étaient attachées deux plumes de la même teinte. Seul son œil droit, lui aussi violacé, semblait valide, puisque l'autre était recouvert d'un bandeau noir. En dessous de ceux-ci s'étendaient deux triangles grisés, le long de ses pommettes mattes. Accrochés à ses oreilles se trouvaient des ornements d'un bleu pur, pendant à une petite chaîne aux allures fragiles, tandis qu'un bandeau asséné d'une rose rouge entourait son cou. Un grand habit mauve recouvrait son corps, seulement légèrement plus grand que moi. Un grand parchemin était attaché dans son dos, par une corde ramenée au niveau de son torse, qu'il tenait à l'aide de ses deux mains. Il ne semblait pas en mesure d'attaquer. Après cette rapide analyse, je décidai d'abaisser mon sceptre, afin de ne pas me montrer hostile, malgré tout.
« Je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'être pas censé vous trouver ici. »
L'intrus ne répondit pas tout de suite, se contentant d'esquisser un sourire, tandis que ses bras se croisèrent sur sa poitrine, lâchant par la même occasion le cordon relié au parchemin.
« Allons, Messire Imhotep, est-ce bien là une manière d'accueillir un collègue ? »
Un collègue ? Mais je ne connaissais pas cet individu. De quoi parlait-il ? Etait-il un nouveau disciple, au service d'Amon ? Si tel était le cas, cela représentait une raison de plus pour le remettre à sa place. Un disciple, fraîchement arrivé, qui plus est, se doit de respecter un minimum ses maîtres. D'autant plus lorsque celui-ci se trouve être un Grand Prêtre. Un soupir m'échappa, et je baissai la tête afin de retirer le couvre-chef que je portais, sculpté en l'honneur de la divinité Thot, veillant sur la Lune, et qui recouvrait jusqu'à la moitié de mon visage, depuis que j'avais commencé à travailler, dévoilant mon regard bleu cendré, entouré d'épaisses cernes.
Etrange. Il avait un peu trop de prestance à mon goût pour n'être qu'un simple disciple.
« Oh, allez, je ne dois pas me présenter, quand même ! Si ? »
Il semblait faussement outré, son sourire ne le quittant pas trahissait son amusement par rapport à la situation. De mon côté, j'étais plus confus qu'autre chose.
« J'ai bien peur que si. Votre visage ne me dit rien.
- Et si je vous dis Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon ? »
A l'entente de ce nom, mes yeux s'écarquillèrent, et j'en lâchai mon masque de surprise. L'instant qui suivit, j'étais agenouillé face à mon visiteur, un poing posé au niveau du cœur. Quel maladroit je faisais. Bien sûr, pour ma défense, c'était la première fois que je le rencontrais. Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon n'était autre que le Grand Prêtre du pays voisin, Apolinopolis-Magna. En vérité, il s'agissait d'un morceau d'Egypte qui avait décidé de déclarer son indépendance, suite à la violente discorde opposant le clergé à la famille royale. Ce petit pays abritait les opposants à la royauté, partisans au clergé révolté. Même si, dans les faits, il restait beaucoup de membres religieux qui désirait demeurer au sein d'Egypte ; soit par loyauté, soit parce qu'ils considéraient qu'Apolinopolis-Magna ne tiendrait pas le coup, économiquement parlant. Pour ma part, j'appartenais à la première catégorie. Je pouvais comprendre les réticences de Pharaon à accorder sa confiance au clergé : il était vrai que nous étions entourés par de nombreux secrets et mystères, et sa réaction était donc légitime. D'un autre côté, il était tout de même normal que les religieux, énormément fiers quant à leur poste, la prennent assez mal. Enfin. Peu importait maintenant. J'avais choisi mon camp.
« Pardonnez-moi. Comme c'est la première fois que nous nous rencontrons, je n'avais pas réalisé qui vous étiez. »
Un petit rire s'échappa de ses lèvres, tandis qu'il s'avança d'un pas supplémentaire vers moi. Je sentis alors quelque chose atterrir sur mon crâne, et levai le regard pour remarquer qu'il s'agissait de la paume de sa main. Il était en train de me tapoter la tête, comme si j'étais un vulgaire animal de compagnie attendant sa friandise pour avoir été un bon garçon. Ma mâchoire se serra d'irritation, et je me redressai afin de chasser cette paume, sans pour autant la retirer de force. Et effectivement, il la ramena vers lui, alors que je me remis à sa hauteur. Mon expression assombrie par son geste sembla également l'amuser. Cet individu avait-il réellement été choisi par le puissant Amon ?
« Quel est donc cet air lugubre ? J'aurais fait quelque chose de mal ? »
Son ton suggérait qu'il le savait très bien. Mais je décidais de ne pas rentrer plus loin dans son jeu. Aussi, je décidai de diriger la discussion vers quelque chose de plus sérieux.
« Peu importe, soupirai-je. Vous vous trouvez bien loin d'Apolinopolis-Magna. Que nous vaut l'honneur d'une telle visite ?
- Mmh ? Oh, vous n'avez pas été mis au courant ?
- Disons plutôt que je ne m'y suis pas particulièrement intéressé. Je laisse les affaires politiques à la politique.
- Ah oui ? Dans ce cas : je suis ici au nom de mon pays, afin de signer avec le Pharaon provisoire un traité de non-agression, stipulant qu'aucune de nos nations respectives n'attaquera l'autre. Nous voulons garder une relation pacifique avec vous. »
Etrangement, en entrant dans une conversation de cet acabit, mon interlocuteur perdit toute trace d'amusement, prenant un visage des plus posés. Je me dis que malgré un tempérament plutôt joueur, il devait tout de même prendre ses responsabilités de façon appliquée. C'était déjà cela. J'opinai face à son explication. Je ne pouvais que montrer mon accord face à un choix pareil. Je n'étais pas un grand amateur de conflits. Et attaquer des personnes qui étaient des présumés anciens collègues n'étaient pas une chose plaisante.
En parlant de Pharaon provisoire, il devait faire référence à Djéser. Ce dernier avait obtenu les pouvoirs de son père, le temps d'un voyage de celui-ci, dont j'ignorais les détails. Mais j'étais tout de même surpris d'apprendre qu'il avait laissé une tâche aussi importante qu'un traité se faire alors qu'il était absent.
« Je vois. Dans ce cas, j'espère que vous passerez un agréable séjour ici, et que le traité pourra être fait sans encombre, cher collègue.
- Je l'espère aussi ! »
Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon resta quelques minutes de plus dans mon office, parcourant mon travail du regard, d'un œil plutôt curieux. Bien que cela m'agaça, je ne fis aucune remarque : il venait d'accéder au titre de Grand Prêtre, avec la création de ce pays indépendant. Il devait un peu chercher à comprendre ce qu'impliquait ce titre. Je ne pouvais l'en blâmer, loin de là.
Lorsque mon collègue repartit finalement de ma zone de travail, je retournai à celui-ci. Pas très longtemps, peut-être une vingtaine de minutes, le temps de ranger et remettre en ordre ce qui avait été fait ce jour-là. Il commençait à se faire vraiment tard, après tout, et même si l'on me comparait souvent à un oiseau de nuit à cause de ma fâcheuse tendance à n'aller dormir que dans les alentours de quatre heures du matin, je préférais passer mes fins de soirées à méditer sous les étoiles, autour du palais. L'air se faisait alors plus frais, et beaucoup moins de personnes étaient susceptibles de me croiser, et donc de m'assaillir de leur regard perçant.
Je reposai le masque de Thot sur mon espace de travail maintenant libéré de la majorité de sa paperasse, puis laissai un profond soupir passer entre mes lèvres entrouvertes. Tournant les talons, je quittai l'office, laissant finalement l'air extérieur caresser mon visage impassible. Rien à voir avec le vent brûlant qui pouvait parfois traverser l'Egypte dans la journée. Le soir était infiniment plus agréable et doux. Mes yeux cernés se levèrent vers le ciel parcourut d'une terne couleur orangée, indiquant que l'astre solaire terminerait bientôt sa chute afin de laisser entrer les ténèbres rassurantes de la nuit. Rê partait se reposer de sa longue journée de travail, et Thot entamait la sienne.
Je me dirigeai vers le palais, dans l'espoir d'y trouver le Prince Djéser. Je trouvais étrange qu'il n'ait pas cherché à me rendre visite, lui qui ne perdait jamais une occasion de venir perturber mon travail. Certes, puisqu'il ne s'était pas montré, j'avais pu terminer plus tôt que d'ordinaire, mais son absence restait tout de même perturbante. Je me doutais bien, cependant, que le fait de remplacer son père sur le trône ne devait pas être de tout repos, et qu'il devait lui-même avoir un certain nombre d'obligations à remplir. Surtout avec cet invité, ce Grand Prêtre venu d'Apolinopolis-Magna.
Passant les gardes qui gardaient l'entrée de l'imposante demeure, je gravis les escaliers escarpés conduisant en son intérieur. Puis, je déambulai dans les couloirs, laissant mes pas me porter jusqu'à la salle de trône. Personne. Celle-ci était totalement vide, et silencieuse. Etrange, dans ce cas, où est- ce que le Roi en intérim pouvait bien se trouver ? Dans sa chambre ? Probable. Sa journée avait sans doute été épuisante pour lui au point qu'il décide de directement partir se reposer, une fois celle-ci achevée. Dans ce cas-là, je devrais plutôt revenir le lendemain, et ne pas chercher à le déranger. Cependant, lorsque je m'apprêtais à tourner les talons, afin de quitter l'enceinte du palais, une voix attira mon attention, venant de la salle à manger royale. Djéser ? Il mangeait à une heure pareille ? Maintenant que j'y réfléchissais, il soupait très probablement en compagnie de son invité, qui n'avait quitté mon office qu'il n'y avait peu. Une heure ne s'était même pas écoulée depuis lors. Il avait dû alors se rendre aux côtés du Prince et les deux hommes étaient directement parti manger. Et à en juger par le bruit me parvenant, ils étaient seuls. Etais-je... Etais-je autorisé à me joindre à eux ? A me glisser dans leur conversation, et profiter, moi aussi, d'un bon repas ? Je secouai la tête. A quoi pensais-je ? Quelle insolence de ma part. M'inviter à la table royale sans y être convié ? Et puis quoi, encore. Pour autant, je sentis un désagréable sentiment me compresser le cœur, à l'idée de me dire que notre invité, lui aussi Grand Prêtre, profitait à lui seul d'un moment privilégié avec le Pharaon provisoire. Mes sentiments s'agitèrent, comme si je craignais de me faire remplacer. Mais pourquoi est-ce qu'une telle chose arriverait ? Il ne travaillait pas ici. Il avait fui l'Egypte, et ne reviendrait sûrement pas. Oui, il n'était là que pour quelques jours, le temps de signer ce traité entre les deux nations. Essayant de faire en sorte que mon cœur retienne ces informations, je quittai finalement le palais, dans l'optique d'aller prier les dieux, avant de directement aller me coucher. Mon envie de profiter de la nuit et de sa Lune n'étaient plus, pour ce soir.
Le lendemain se déroula à peu près dans la même optique, ainsi que les jours suivants. De longues journées en solitaires, dans cet office, à ne me concentre que sur ce que j'avais à faire. Le soir, lors de mes balades nocturnes, qui se faisaient plus courtes que d'ordinaire, il m'arrivait de croiser rapidement l'autre Grand Prêtre, qui me regardait toujours avec ce sourire narquois. Et à chaque fois que cela se produisait, je sentais une certaine irritation à son égard se former, de plus en plus. J'avais cette impression désagréable qu'il cherchait à me provoquer, à me faire passer un désagréable message. Finalement, après une petite semaine de solitude, en fin de matinée, le Soleil pénétra au sein de mon espace de travail. Par rapport à d'habitude, en entendant la porte de celle-ci s'ouvrir de l'extérieur, je ne restai pas plongé dans mon travail, mais me retournai afin d'identifier directement mon visiteur. Et lorsque mon regard, bien que camouflé par le masque, croisa le sien, je sentis une rassurante chaleur s'emparer de mon être. Jamais je n'aurais pensé que quelqu'un puisse me manquer autant, que j'en soit dépendant à ce point, un jour. Le réalisais-je à cause de la jalousie qui avait traversé mes veines tout ce temps ? Sans aucun doute. D'ordinaire, j'attendais la venue de Djéser avec une joie que je dissimulais. Aujourd'hui encore, je ne la révélais pas, mais je la sentais tout de même exploser en moi. J'espérais que les dieux me pardonneraient ces émotions nuisibles à l'efficacité de mon travail. Le sourire du Prince illumina d'autant plus la pièce, tandis qu'il s'approcha de moi.
« Im ! Désolé de ne pas m'être montré, ces derniers jours ! J'ai été pas mal occupé.
- Oui, je m'en doute bien, Prince Djéser. Accueillir quelqu'un d'aussi important n'est jamais de tout repos. », répondis-je, tournant mon visage vers les parchemins en papyrus.
Je décidais d'agir comme je le faisais habituellement. Un petit rire affectueux me parvint de la part du Prince.
« Effectivement ! Mais tu sais, tu as le droit de venir me rejoindre quand tu le souhaites, jamais je ne refuserai la présence de mon meilleur ami ! »
La nuit où j'étais entré dans le palais à sa recherche me revint en tête. Lorsque l'idée de rejoindre les deux hommes lors de leur dîner m'avait effleuré l'esprit. Etait-il au courant ? Impossible, à moins que les dieux ne lui aient fait passer le message au travers d'un songe nocturne. Répondant à mes interrogations internes, comme s'il les avait devinées, Djéser poursuivit, alors qu'il arrivait à mes côtés.
« Cette nuit, j'ai rêvé que j'étais avec Ouserkhépérourê-Meriamon, et que tu nous regardais de loin, sans oser nous rejoindre. Tu avais l'air profondément attristé. Je me suis dit que ça devait être un message des dieux, alors... Voilà, sache que tu es toujours le bienvenu ! »
J'avais donc raison. Je hochai furtivement la tête, feignant de ne l'écouter que d'une oreille. Quelques secondes de silences passèrent entre nous, avant qu'il n'ajoute.
« Tu veux dîner avec nous, ce soir ? Ça me ferait plaisir que tu discutes avec Ouserkhépérourê-Meriamon. Vous êtes tous les deux Grands Prêtres, après tout. Oh ! Même si lui est en phase de devenir Roi, en vérité. Et puis, comme il repart demain... »
Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon ? Devenir Roi ? Je vois. Négocier un traité devait dans ce cas être une sorte d'épreuve, pour lui, afin de vérifier qu'il possédait le talent nécessaire pour négocier. Avec Djéser, il n'avait sûrement eu que peu de difficultés : le jeune homme était d'un tempérament tellement agréable qu'il ne refuserait jamais un pacte de non-agression.
« Je vois. Eh bien, je vous remercie pour l'invitation. Je serai présent, ce soir.
- C'est vrai ? s'exclama le Prince. J'ai hâte de te voir, alors ! »
Il me donna une petite tape amicale sur l'épaule, son sourire s'élargissant. Je n'y réagis pas, extérieurement, me contentant d'un petit « Mmh... » distrait. Mais en vérité, j'avais également hâte. Je considérais seulement que je devais faire preuve de retenue face à un membre de la famille royale. Même si nous étions amis, je faisais tout de même attention à ma position. Me montrer trop familier n'était pas envisageable.
« Allez, je vais y retourner. Je te promets que nous recommencerons à passer du temps ensemble comme avant, dès que mon père sera rentré ! »
Il tourna les talons, commençant à se diriger de nouveau vers l'extérieur. Il commença à fermer la porte derrière lui, mais s'arrêta avant que celle-ci ne le soit complètement, et sembla réfléchir un instant, avant d'ajouter.
« Et même, lorsque Ouserkhépérourê-Meriamon sera reparti pour Apolinopolis-Magna, je serai un peu plus disponible, d'accord ? »
Je tournai la tête vers mon ami, et laissai un fin sourire se dessiner sur mes lèvres ; chose plutôt inhabituelle chez moi. Il y répondit, avant de finalement refermer la porte, me laissant de nouveau seul dans cet espace sombre. Je ne me remis cependant pas directement au travail. Je me contentais de rester immobile le temps de quelques secondes, profitant de la chaleureuse sensation que ce Soleil m'avait laissée, se propageant dans la totalité de mes membres. C'est ainsi avec une motivation nouvelle que je repris mes lectures et rédactions.
Je ne vis pas la journée passer.
Rapidement, ce fut l'heure de manger.
L'astre céleste entamait sa longue descente, disparaissant lentement à l'autre bout du désert.
J'entrai dans l'imposante salle à manger. Une grande table dorée faisant la largeur de la pièce se trouvait en son centre, entourée de plusieurs chaises de la même matière. De nombreux plats étaient disposés sur le meuble, de la viande, de la salade, des légumes... Nous n'avions que l'embarras du choix. Les odeurs de ceux-ci se mélangeaient étonnamment bien, créant une harmonie extrêmement plaisante pour les narines. Cela suffisait à éveiller mon appétit. J'avais moi-même droit à de sublimes repas, grâce à ma position au sein du royaume, mais jamais aussi spectaculaires, bien entendu. Djéser et Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon, déjà attablés, s'arrêtèrent dans leur conversation animée pour se tourner vers moi. Djéser me salua, et m'invita à les rejoindre.
« Excusez mon retard, déclarai-je en prenant place, devant un plat encore vide, entouré d'argenterie.
- Non, ne t'en fais pas, Im ! Nous ne sommes pas là depuis longtemps, et puis, je sais bien que tu as des choses importantes à faire. », me rassura le Prince.
Le futur Roi d'Apolinopolis-Magna resta silencieux, tandis que mon ami désigna les plats répartis sur la table, nous invitant à nous servir. Je laissai mon collègue commencer, ce qu'il ne se priva pas de faire. Il remplit son assiette de diverses choses, suivi par le Prince, puis moi-même. Je fus le moins gourmand des trois, ne me servant pour l'instant que de salade et de deux cuisses de volaille. Nous nous souhaitâmes un bon appétit, et remercièrent les dieux pour ce repas, avant de commencer à nous délecter du goût exquis des aliments. La viande fondait sous la langue, et sa tendresse excitait mes papilles. Sa saveur se propageait dans ma cavité buccale, au fur et à mesure que je la broyais à l'aide de mes dents. La salade, elle, était bien fraîche, et croquante. Un véritable plaisir pour l'estomac. Je m'apprêtai à complimenter Djéser sur la cuisine royale, mais fus devancer par l'autre prêtre.
« Votre Altesse, comme toujours, les plats de ce soir sont aussi exquis que votre personne. »
... Etait-ce une teinte de rouge que je vis apparaître sur les pommettes de mon ami ? Il remercia l'invité d'une voix douce, loin du ton enjoué que je lui connaissais bien. Et bien que parmi eux, ce soir-là, la jalousie refit surface. Pourquoi est-ce que le Prince rougissait face à cette personne ? Pourquoi une telle tendresse dans sa manière de parler ? Jamais cela n'avait été le cas avec moi...
Je choisis cependant de me taire, me contentant de terminer mon plat, sans me resservir par la suite. Ce désagréable sentiment avait coupé mon appétit, nouant mon estomac d'une incassable corde. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi je réagissais ainsi. Peut-être parce que je n'appréciais que peu Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon. Trop insolent à mon goût. Notre première rencontre, et les sourires qu'il lui était arrivé de m'adresser me restaient en travers de la gorge. Je n'avais qu'une hâte : d'arriver au lendemain, afin qu'il retourne d'où il venait pour, je l'espérais, ne plus jamais revenir. Cet égoïste souhait résonnait dans mon esprit. Comment Djéser pouvait s'entendre avec un tel individu ? Je n'arrivais pas à le concevoir.
« Im ? »
La voix de l'intéressé me ramena à moi, et je m'empressai de relever la tête afin de rencontrer son regard ambré chaleureux. Il semblait quelque peu inquiet. Je me mis à espérer que mon état d'esprit ne soit pas trop visible sur mon visage.
« Tu ne te ressers pas ? Tu n'as pas aimé ? Ou alors, il y a un autre plat qui te ferait envie ?
- Ah, non, Prince Djéser, ne vous en faites pas. Je ne mange jamais énormément, le soir. »
Ce n'était pas exactement un mensonge. J'avais davantage l'habitude de me nourrir surtout le matin. Trop manger le soir n'était pas très bon pour le sommeil. Et même si je ne me couchais jamais très tôt, dîner léger était toujours une règle d'or que j'appliquais à la lettre, quitte à me servir un en-cas au milieu de la nuit. Mon ami sembla hésiter un instant, mais opina tout de même avant de reprendre son repas là où il l'avait laissé. Le silence s'abattit de nouveau, seulement dérangé par le son métallique de l'argenterie frappant contre les assiettes, ou découpant les aliments, ainsi que les discrets bruits de mastication.
« Vous deux me semblez bien proches, fit soudainement remarquer l'invité, entre deux bouchées. Le clergé et la royauté ne seraient plus en période de conflit ?
- Oui, Im est mon meilleur ami. On ne se parle pas depuis si longtemps que cela, mais on s'est rapidement rapproché, lui et moi. Nous avons la même vision des choses, disons. Le conflit interne secouant nos deux fonctions ne sont que les faits de mon père. Je ne les approuve absolument pas.
- Je vois. C'est une bonne chose, acquiesça-t-il. J'espère sincèrement que vous et moi pourrons nous rapprocher également, à l'avenir, en vue du poste que je compte obtenir, dans ce cas.
- Bien entendu. D'ailleurs, pourquoi Im et vous ne resteriez pas en contact ? Puisque, pour le moment, vous êtes collègues, je pense que vous pourriez ainsi vous entraider, et même nouer des liens amicaux ! »
Des liens amicaux ? Avec cet arrogant ? Je n'étais pas vraiment sûr de vouloir une telle chose... Néanmoins, je ne voulais pas prendre le risque d'attrister Djéser. Aussi répliquai-je alors.
« Si cela ne dérange pas Messire Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon, j'en serais ravi. »
Menteur.
« Moi de même. J'en profiterai pour vous demander des nouvelles de Son Altesse aussi souvent que possible. »
Mes mâchoires se crispèrent. Pour qui se prenait-il ? Un air moqueur lui apparut, lorsqu'il remarqua que sa remarque avait eu un tel effet sur moi. Mon regard avait dû s'assombrir, très certainement.
« Allons, avec ce que nous avons vécu, lors de cette semaine, il est évident que nous resterons en contact également. »
En voyant que je dirigeai vers le Prince rougissant un regard en coin, l'invité élargit son sourire, et, sans me quitter des yeux, lui répondit qu'il était honoré. Lassé de ses provocations incessantes, de ses attaques, et de l'étrange relation régnant entre lui et le Prince, je pris une profonde inspiration. Bien que n'ayant pas trop manger, l'amertume présente en moi était telle que l'odeur de la nourriture, si plaisante auparavant, me donna la nausée, et retourna mon estomac. Je devais quitter cette pièce. Je ne voulais plus me retrouver aussi proche d'Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon. Son attitude déplaisante et provocatrice me mettait hors de moi.
« Je vous remercie pour l'invitation, encore une fois, Prince Djéser. Mais je... Je vais retourner dans mes quartiers. Je me sens extrêmement fatigué, je pense avoir attrapé quelque chose de mauvais.
- Oh ? Tu es sûr que tout va bien ? Tu as besoin que j'appelle l'un des médecins ? s'inquiéta mon interlocuteur.
- Non, non, ne vous en faîtes pas. Je pense avoir surtout besoin de repos. Excusez mon impertinence.
- Ne t'en fais pas. File te coucher, dans ce cas, je ne t'en veux pas. Et reviens-moi en forme. »
Scrutant son visage, je vis qu'il était sincère. Bien sûr. Il n'était pas mon Soleil pour rien, après tout. Je m'excusai encore une fois, saluai les deux hommes, et me levai de mon fauteuil pour quitter la pièce. Lorsque la porte de la salle à manger fut refermée derrière moi, mes jambes me lâchèrent, et je m'accroupis devant celle-ci, recroquevillé avec ma misère, les larmes me montant aux yeux. Qu'est-ce qui n'allait pas, chez moi ? Je savais très bien que, bien qu'il ne possédât pas le meilleur comportement, ma haine envers Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon était irrationnelle et surtout mû par ma jalousie. A la manière que le Prince et lui avaient de se parler. Quelque chose n'allait pas. Que se passait-il entre ces deux-là ? Pourquoi est-ce que j'avais l'impression que cette chose m'échappait ? Je ne le savais pas. Je l'ignorais complètement. Mes dents se plantèrent dans ma lèvre inférieure, s'enfonçant dans celle-ci jusqu'à ce que je sente un liquide métallique se déverser sur mes papilles. Tout irait bien. Demain, l'invité s'en irait. Ce sentiment injuste quitterait le pays avec lui. Je retrouverais mon ami. Les choses s'arrangeraient.
Oui.
Tout irait bien.
*
* *
Mon monde.
Mon monde, secoué depuis plusieurs jours, subissait le plus grand séisme qu'il n'ait jamais connu.
Après m'être calmé, en faisant les cent pas dans les corridors du palais, j'avais décidé d'aller attendre le Prince Djéser dans sa chambre, afin de m'excuser, et de lui faire part des sentiments qui me tiraillaient en ce qui concernait Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon. Et puis, ainsi, peut-être lui et moi aurions pu parler comme nous le faisions d'habitude.
Cependant, lorsque je l'entendis se rapprocher de ses quartiers, celui-ci était accompagné. Il discutait dans de petits murmures, avec une voix que je connaissais bien. Une voix qui m'irritait. Sans trop comprendre pourquoi, en les entendant, je m'étais précipité dans la garde-robe du Prince, ne voulant sans doute pas être vu par mon collègue, qui en aurait sûrement profité pour me lancer une énième remarque arrogante.
Mais je ne m'étais pas préparé à la scène qui allait suivre.
Lorsque Djéser était rentré dans la pièce, il ne parlait plus. Ses lèvres étaient scellées, occupée contre celles du Grand Prêtre, qui le tenait contre lui. Il avait ouvert la porte à l'aveuglette, et la referma de la même manière. Il se fit ensuite guider jusqu'à son lit par le jeune homme, qui l'y fit basculer, relâchant sa bouche quelques instants. Puis, il se glissa au-dessus de lui, pour reprendre ses baisers là où il les avait laissés. De petits couinements échappaient à Djéser, qui semblait apprécier la situation, se comportant comme s'il était familier avec celle-ci.
Qu'est-ce que je faisais là ?
Mes yeux s'écarquillèrent, cependant, lorsque Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon retira ses vêtements à mon ami, parcourant son torse de sa langue. A partir de ce moment, je n'eus plus la force de regarder. Je me détournais, me mettant dos à la porte de la garde-robe, ne pouvant dès lors qu'entendre les respiration haletantes et gémissements qu'occasionnaient la situation. Des bribes de conversations me parvinrent également.
« Vous êtes sûr de vouloir recommencer, Votre Altesse ?
- Oui. A partir de demain, je ne pourrai plus connaître cette sensation avant un moment, alors je veux en profiter.
- Vous servir ainsi de moi pour assouvir vos fantasmes envers une relation impossible... Si l'intéressé finissait par être au courant, je me demande bien avec quels yeux il vous regarderait.
- Tu sous-entends que je suis égoïste ? C'est peut-être vrai. Mais tu l'es également, mon cher Ouserkh. Vous vous ressemblez beaucoup, physiquement. Alors je n'ai qu'à fermer les yeux, et me l'imaginer. Il ne sera pas au courant. Jamais. »
Une relation intime. Les deux partageaient une telle chose. Qui plus est, elle permettait au Prince d'oublier un amour qui semblait n'être qu'à sens unique. La jalousie explosa. Elle fit remonter le long de ma trachée une boule désagréable, qui m'empêchait de respirer correctement. J'étais loin de m'imaginer que ces deux-là s'étaient autant rapprocher, en si peu de temps. Pourquoi n'était-ce pas de moi qu'il se servait, pour assouvir ce fantasme ?
... Je perdais la raison.
Ces pensées ne me ressemblaient pas.
Je décidai alors de me boucher les oreilles, et plissais les paupières aussi fortement que je le pouvais. Je ne voulais pas assister à une telle chose. Je voulais seulement me trouver loin d'ici. Dans mon office, par exemple, ignorant tout de ce qui pouvait se dérouler dans cet espace clos.
Les sons, bien que diminués, me parvenaient tout de même. Les complaintes montantes de mon ami, les râles de l'invité... Tout cela semblait totalement surréaliste. Je... Devais être en train de rêver, pas vrai ? Je m'étais endormi sur le lit du Prince, en l'attendant, et mes ressentiments m'avaient conduit à faire ce cauchemar. Je ne voyais pas d'autres explications. Je me mordis de nouveau la lèvre, ce qui me coûta une petite douleur.
Donc, je ne rêvais pas.
Je patientai alors, dans cette bulle qui était la mienne, que les choses s'arrêtent. Qu'ils repartent, ou s'endorment, afin de pouvoir repartir. D'oublier la scène à laquelle je venais d'assister. Je crus même entendre, un court instant, le Prince Djéser gémir mon nom, celui-ci percutant les murs de la chambre royale.
Je ne pus faire autrement, en cet instant, que de me dire que ce son venait de ma situation actuelle, me faisant probablement imaginer des choses.
J'aurais voulu, à ce moment-là, me trouver à la place de mon collègue.
Je ne le réalisais que maintenant.
Petit à petit, les sons s'atténuèrent, jusqu'à disparaître, soudainement, coupée comme s'ils avaient été un indésirable orchestre. Un silence assourdissant prit alors la place de ceux-ci. Je préférai tout de même attendre quelques instants, avant de retirer mes mains de devant mes oreilles. Tout était... Calme. Silencieux. Peut-être un peu trop. Je doutais sincèrement qu'ils se soient endormis aussi rapidement, pour être honnête. Devais-je me risquer à jeter un coup d'œil ?
Hésitant, je rapprochai mes yeux azurés de l'entrebâillement de la porte.
Je crus défaillir.
Je ne pensais pas voir pire que la scène précédente, ce soir-là.
Et pourtant.
Le sang.
Le sang s'étalait, partout sur les draps normalement immaculés du Prince.
Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon, toujours au-dessus de lui, tenait dans sa main une lame affûtée, colorée de rouge. Il demeura immobile, quelques secondes, avant de finalement se redresser, et s'asseoir sur le rebord de la couche.
Djéser se trouvait là, inanimé. Sa gorge avait été tranchée nette, laissant une marre d'hémoglobine s'en échapper.
Mon ami. Mon précieux ami.
L'intrus, passant le revers de sa main sur son front, souffla de la même manière que s'il venait de finir une tâche pénible. Nous avions été trompés.
Il posa l'instrument à ses côtés, et joignit ses mains, les yeux clos. Incapable de bouger, je ne pus que l'observer, tandis qu'il se mit à prier.
« Vénéré Amon, accepte ce sacrifice de ma part. Roi pour quelques semaines, j'ai pu déchoir ce jeune homme, en lui prenant la vie. Il fut aisé de parvenir à mes fins, considérant la confiance aveugle qu'il me portait. J'ai tenté d'être le plus rapide possible, et de le faire partir alors qu'il nageait dans le plus grand des plaisirs. Maintenant, je te prie de l'accepter parmi les tiens, au royaume des morts. »
Un sacrifice ? Pourquoi aurait-il sacrifié Djéser ? Je ne comprenais plus rien. Tout cela n'avait aucun sens. A moins que... Attendez... Déchoir un roi ? N'était-ce pas l'une des conditions à remplir afin d'être soi-même Roi ?
Je me rendis compte à quel point mon corps tremblait. Je me sentais faible, impuissant. Je n'avais même pas la force de sortir de ma cachette. J'étais pétrifié.
« Bien. Il ne me reste plus que l'épreuve du désert. », déclara Ouserkhépérourê-Meriamon choisi par Amon.
Il s'étira, et se retourna contemplant le visage livide de son amant. La main tenant précédemment l'arme se dirigea vers celui-ci, et caressa sa joue, d'une tendresse qui ne collait absolument pas à la situation. Comment pouvait-il encore agir ainsi, au vu de l'acte qu'il venait de perpétrer ?
Puis, sans rien ajouter, il se leva, et s'habilla, avant de quitter l'endroit, en reprenant son arme avec lui.
La haine me submergea, en même temps que la tristesse, alors que je quittai finalement ma cachette pour venir m'étaler sur le lit, aux côtés de mon ami, pleurant contre son corps qui perdait peu à peu de sa chaleur. Le Soleil s'était éteint. Les nuages avaient eu raison de son existence. Et moi... Moi, Lune spectatrice de ce cruel destin, je chercherai une solution pour le faire revenir. Je prierai les dieux sans relâche, et consacrerai ma vie, s'il le fallait, à sa résurrection. Le Soleil ne peut pas mourir. Il emporterait toute forme de vie avec lui.
Le Soleil finirait pas revenir.
Les nuages se dissiperaient.
*
* *
« Imhotep, tu m'écoutes, quand je te parle ? »
La voix accusatrice d'Hinome me fit revenir à moi, m'arrachant aux souvenirs de mon ancienne vie. Je secouais la tête, sans me rendre compte que de petites larmes se mirent à rouler le long de mes joues, avant de s'écraser sur le parquet de la maison, sans un bruit. Mon regard, rivé droit devant moi, n'était pas posé sur la jeune fille, mais sur les rayons du Soleil, qui venaient de pénétrer dans l'enceinte de sa demeure.
« I-Imhotep... ? Tout va bien ? », s'enquit l'adolescente.
Le Soleil m'illumina de son regard, sur le pas de la porte, et me tendit la main, m'invitant à m'approcher. Hinome nous examinait tour à tour, sans comprendre ce qu'il pouvait se passer. Ce qui était normal, en soi. Elle n'avait pas assisté aux évènements s'étant déroulés plusieurs millénaires plus tôt.
Mes prières... Les dieux avaient entendu mes prières.
Et ils les avaient exaucés.
Les nuages avaient été chassés.
Et le Soleil, de nouveau, était né.
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