Toi et moi
Résumé :
Tu ne le supplies pas de rester, ça ne sert à rien.
Et puis la vie continue, tu n'as pas le choix.
Puis les années passent, s'étirent et s'écoulent, tu te sens toujours aussi seul.
#amour non réciproque
#meilleurami
#cœurbrisé
#mort de personnage
#cancer
#pas de fin heureuse
Os triste. Pas de dialogue.
À sept ans, on ne comprend pas trop les sentiments et les émotions qui nous submergent parfois. On reconnaît la colère et la tristesse. Mais l'amour ? Pas l'amour que l'on a pour maman ou papa, mais ce truc bizarre que le ventre fait quand il te regarde ou te sourit. Tu te sens timide, tu as les joues rouges et un sourire stupide sur le visage.
À douze ans, tu comprends des choses. Des choses que tu n'es pas prêt à avouer ou à accepter. Tu sais ce que ça veut dire quand tu as le cœur qui bat à tout rompre quand tu le regardes et qu'il te rend ce regard avec ce sourire si spécial.
À quinze ans, quand tu as le béguin pour lui, tu as ton premier cœur brisé. Et Dieu que ça fait mal. Tu le regardes avec une autre. Il t'a avoué aimer les garçons et les filles et à ton tour, tu lui as avoué que tu aimais les garçons. Tu lui as dit parce que c'est ton meilleur ami et tu lui dis tout. Il aura le cœur brisé aussi quand sa petite amie le quittera pour un autre garçon. Et tu le regarderas encore et encore se réconforter avec d'autres que toi. Tu seras là pour lui quand il aura un énième cœur brisé. Il sera là pour toi quand par dépit et pour cacher tes sentiments pour lui, tu es sorti avec un garçon du lycée qui t'a jeté quand il a eu ce qu'il voulait de toi.
Vous êtes les meilleurs amis, vous faites les quatre cents coups ensemble comme des frères.
Comme des frères.
À vingt ans, tu souffres comme jamais auparavant quand Camille Belcourt entre dans la vie de ton meilleur ami parce que toi, tu en sors. Tu ne seras plus celui dont il avait besoin. Tu vas le regarder tomber profondément amoureux et le regarder faire des choses folles pour elle. Tu vas lui dire que tu doutes d'elle, qu'elle le manipule pour avoir ce qu'elle veut et il ne te croit pas, trop aveuglé par les mots de cette femme et pour la première fois, vous allez vous disputer fort et sans retour en arrière. Parce qu'il l'a choisi elle et pas toi. Il a fait une croix sur votre amitié en un claquement de doigts juste pour être avec elle parce qu'elle lui a demandé.
C'était elle ou toi sinon elle le quittait.
Et il a choisi.
Magnus a choisi Camille.
Il n'a pas écouté tes excuses, tu l'as même supplié. Tu ne veux pas le perdre. Il t'a juste tourné le dos pour être avec elle.
À vingt-cinq ans, quand il revient dans ta vie (ce qui n'était pas de sa volonté puisque ta sœur l'a invité à son mariage sans savoir qu'il accepterait l'invitation.) toi, tu as fait ta vie, il le fallait. Tu es heureux et tu es amoureux. Il te dit que lui et Camille viennent de divorcer, tu ne savais même pas qu'il s'était marié. Tu lui présentes ton petit ami. Tu ne vois rien dans ses yeux, tu croyais un peu stupidement et naïvement le rendre jaloux, mais tu ne vois rien de ça au contraire, il est heureux pour toi. Il ne reste pas longtemps, il part à l'étranger pour son travail. Tu ne le supplies pas de rester, ça ne sert à rien.
Tu l'accompagnes tout de même à l'aéroport. Alors que tu le regardes partir, tu te demandes ce qui a fait que l'étreinte partagée se sentait si mal. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que ton meilleur ami ne se retourne pas pour te faire un signe de la main.
Et puis la vie continue, tu n'as pas le choix.
Tu arrêtes avec les « si » qui tournent en boucle dans ta tête.
« Si » ton meilleur ami t'avait aimé comme toi, tu l'aimais.
« Si » on s'aimait où on en serait maintenant. Marié, avec des enfants ?
Tu arrêtes de te poser ce genre de question. Et tu dis oui quand ton petit ami te demande de l'épouser, tu ne doutes pas, tu l'aimes.
Tu n'as personne quand tu apprends que ton mari t'a trompé, tu n'as personne quand tu dois emballer tes affaires pour retourner chez tes parents.
À trente ans, quand tu es dans ton lit fraîchement divorcé à contempler le plafond de ton ancienne chambre d'ado, tu te demandes où tu as merdé. Tu te demandes si tu n'as pas donné assez de toi ou de ton amour pour qu'il te fasse une chose pareille.
Et surtout, tu te demandes « pourquoi c'est si difficile de m'aimer entièrement et pleinement ? Est-ce que c'est difficile de m'aimer au moins assez pour rester à mes côtés ?
Ton meilleur ami revient de l'étranger, ce n'est plus pareil, tu te confies moins et lui aussi.
Et c'est une boucle sans fin.
Magnus tombe amoureux encore et encore.
Etta
George
Woosley
Imasu
Dot
Et toi, Alexander ? Tu te sens stupide, pathétique et toujours aussi amoureux.
Tu le détestes... tu l'aimes.
Tu le hais... tu ne veux pas le perdre.
Tu ne veux plus le voir... il te manque atrocement.
Tu essaies de lui avouer ce que tu ressens pour lui, mais en un seul regard, tu sais, alors tu ne dis rien.
Puis les années passent, s'écoulent et tu te sens toujours aussi seul. Tu as eu quelques aventures sans attaches. Parce que donner ton cœur n'est plus possible. Il est déjà à quelqu'un d'autre. Tu ne veux pas de relation amoureuse par choix parce que tu ne veux pas souffrir davantage.
Avec Magnus, vous vous voyez rarement, mais quand vous le faites, vous sortez ensemble, allez dans un club, buvez à en être malade comme quand vous étiez plus jeune. Il n'y a plus cette proximité spéciale qui vous liait à l'époque, il y a une certaine distance. Ce n'est pas toi qui l'as mise, mais lui. Il te tient à l'écart de ton toucher et de son esprit. Il ne te parle plus comme avant.
Puis quand vient la nuit où vous faites l'amour pour la première fois, tu n'as pas de regrets. Il t'a donné sans le vouloir le plus beau moment de ta vie parce que c'est lui. Il était ivre et lui bien sûr regrette ce que vous avez fait. Ça fait mal de l'entendre dire « Alexander, on n'aurait pas dû faire ça » mais tu lui dis que toi, tu ne regrettes pas. Il s'adoucit quelque peu et te regarde comme il l'a toujours fait : amical et fraternel et il te dit « je sais Alexander » sa voix est douce. Tu aurais voulu entendre autre chose et c'est là que tu lâches prise, tu t'effondres. Le dernier espoir qu'il te regarde différemment qu'avec ce regard fraternel vient de s'envoler comme ce qu'il te restait de ton cœur. Il n'a pas les mêmes sentiments que toi. Tu le savais, tu espérais tout de même.
Il s'excuse parce qu'il voit enfin ce que tu endures et comment il te fait souffrir. De toute façon, il n'a pas à s'excuser, ce n'est pas sa faute et tu le perds encore une fois, mais cette fois, pour de bons, tu le sais que tu ne le reverras pas quand il te dit au revoir. Avec une ultime supplication et entre deux sanglots, tu lui dis que tu l'aimes, quitte à tout perdre, tu lui cries qu'il ne te quitte pas. Mais il te regarde avec impuissance, il te regarde déverser ton cœur, mais il s'éloigne de toi quand même parce qu'il pense que c'est mieux pour toi.
Ce n'est pas mieux pour toi.
Et tout s'effondre encore une fois.
Putain et la vie ne t'épargne pas.
Pourquoi certaines personnes doivent souffrir toute une vie ?
Il a l'impression et c'est peut-être le cas qu'il a toujours souffert, qu'il a toujours eu cette douleur dans sa poitrine. Qu'il n'a jamais été pleinement heureux. La douleur de ne pas avoir réussi dans la vie, de ne pas avoir ce qu'on désire le plus. De ne pas être aimé. Il est aimé, sa famille l'aime et il le sait. Mais il n'a jamais connu le sentiment d'être aimé de passion, de désir, de luxure et d'être aimé sincèrement et passionnément. D'être la seule et unique personne pour quelqu'un. D'être l'autre moitié d'une âme.
Il n'a jamais entendu le « je t'aime Alexander » le je t'aime dévoué, passionné, vrai et surtout le je t'aime qui veut dire pour toujours.
Il y a eu seulement une chose (quelqu'un) qu'il l'a rendu heureux, mais il n'a pas eu assez de temps pour en profiter et le voir grandir. Il n'a pas eu assez de temps pour lui donner l'amour qu'il lui restait dans son cœur meurtri. Il n'a pas eu assez de temps pour son fils Max.
Maintenant, la douleur est réelle et elle n'a rien à voir avec son cœur irrévocablement brisé. Non, c'est une autre douleur. Elle est physique maintenant.
Un peu déconnecté du monde et de tout ce qui l'entoure, Magnus regarde l'horizon. Debout, mais avachi par les années, ses avants bras appuyés sur le rebord du balcon de sa demeure en Italie. Il pense à ce qu'il a laissé derrière lui, il y a toutes ces années. Ce qu'il a laissé et qu'il ne peut pas récupérer, pas maintenant, jamais.
L'amour était au bout de ses doigts. L'amour lui tendait les bras.
Alexander l'aimait.
Il aimait Alexander bien sûr, mais pas de la même manière que lui.
Il ne l'a jamais regardé comme Alexander l'a fait. Peut-être parce qu'il le considérait comme un frère. Ils ont passé leur enfance ensemble, ils ont grandi ensemble. Ils ont partagé des choses comme des frères le feraient.
Il savait que son meilleur ami avait des sentiments pour lui. Qui ne l'aurait pas vu ? Il fallait être aveugle pour ne pas voir Alexander le regardait parfois avec des yeux tendres et aimants ou à d'autres moments avec des yeux passionnés et emplis de désir. Mais il a fermé les yeux.
Il ne voulait pas lui briser le cœur. Mais il l'a quand même fait le jour où il est parti après qu'ils aient fait l'amour. Il ne se souvient pas trop de cette nuit-là, il était trop ivre. Puis le matin au réveil, il n'a ressenti que du regret. Alexander lui disait qu'il l'aimait et il n'a fait que de lui tourner le dos, il est parti sans un regard en arrière.
À cinquante ans, il est seul.
Son mariage avec Camille fut un vrai désastre. Ses relations après elle, étaient encore pires. Quand il y repense, il ne sait pas pourquoi son cœur n'a pas choisi Alexander.
Et les regrets et les « si » emplissent la tête.
Il avait reçu un appel d'Isabelle la sœur d'Alexander il y a quelques jours. Alexander venait de s'éteindre à la suite d'années de combat contre le cancer. La dernière fois qu'il l'a vu, il partait sans regarder en arrière. Il est tombé malade quelques semaines plus tard.
Il s'est rendu sur sa tombe plus d'une fois avant de venir se terrer ici en Italie.
Isabelle lui a dit qu'il laissait un fils qu'il avait adopté parce qu'il se sentait seul et qu'il voulait combler cette solitude. Et il avait dit à Isabelle qu'il avait encore un peu d'amour dans son cœur meurtri à donner. Il laisse un fils de neuf ans. Une fois encore orphelin le petit Maxwell a été pris en charge par Isabelle, elle ne pouvait pas le laissé. Elle avait promis à son frère sur son lit de mort qu'elle s'occuperait de lui comme son fils.
Magnus a longtemps pleuré son meilleur ami.
La douleur est moindre, mais toujours là dans sa poitrine.
« Si j'avais au moins essayé de l'aimer différemment »
« Si mon cœur l'avait choisi ? »
Et de si... et des si... sans cesse, pleins et trop de questions.
Isabelle l'invite quelques années plus tard au mariage de Max. Il n'est pas en forme, le poids d'une dure vie de travail le fait marcher avec une canne, mais il s'y rend, Isabelle reste son amie. Ils se connaissent depuis toujours. Elle avait deux dents en moins quand il a rencontré Alexander. C'est comme sa petite sœur.
Isabelle lui dit qu'Alexander aurait voulu qu'il soit là et qu'il aurait été heureux d'avoir son meilleur ami avec lui, et surtout qu'Alexander aurait voulu que Max rencontre celui qu'il a tant aimé.
Magnus ne retient pas ses larmes.
"Celui qu'il a tant aimé."
Il ne les retient plus. Il laisse couler ses larmes de douleur et de chagrin.
"Je t'aime Magnus."
Il laisse sortir dans l'épaule d'Isabelle les sanglots de son cœur brisé.
"S'il te plaît, reste avec moi."
💔💔💔
« On se rend compte de la valeur de quelqu'un, de l'importance qu'il avait dans notre vie, de l'amour que l'on a pour lui quand on l'a définitivement perdu et c'est ironique que l'on veuille quelque chose ou quelqu'un justement quand il est trop tard. »
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