Résumé : Magnus Bane a grave merdé.

Avertissement : Angoisse/Pas de fin heureuse pour Malec.
⚠️ Suicide d'un personnage⚠️

Des cris d'hommes venant d'une forte dispute peuvent être entendus, de l'autre côté de la rue. Les quelques passants tardifs habitués du quartier qui promènent leurs chiens où sorte leur poubelle, lèvent les yeux vers une fenêtre entrouverte. Les chiens du quartier aboient. Des lumières de voisins curieux s'allument. Beaucoup froncent les sourcils d'incompréhension. C'était tellement rare, voir du jamais-vu d'entendre une telle dispute, de tels cris... de tels mots venir du couple. Ce beau couple que forment ses deux jeunes hommes avait amené dans le quartier calme et vieillissant, une touche de gaieté et de renouveau.

La dispute s'intensifie, elle est très bien entendue de l'extérieur, laissant les voisins entendre les mots crier... Quelques-uns sont remplis de sanglots.

"Alexander, je suis... je suis tellement désolé...

— Tu t'en fous Magnus... Tu n'as aucun regret... Tout ce que tu veux là, c'est que je m'en aille pour que tu sois débarrassé de moi et que tu puisses aller la baiser.

" Arrête !"

— Quoi tu ne veux pas entendre la vérité ? Que veux-tu entendre alors ?

" Je ne sais pas..."

La dispute dure encore quelques minutes puis, les cris finissent comme ils avaient commencé, sec et bref. Aucune porte n'a été claquée, puis le silence complet. Mme Stanford regarde par la fenêtre, le jeune brin sortir de la maison avec un petit sac. Avec regret, elle comprend qu'elle ne verra plus ce gentil jeune homme. Ce gentil jeune homme toujours prêt à aider.

...

Magnus Bane, a grave merdé.

Mais faute avouée à moitié pardonnée non ? Ou la vérité fait moins mal que le mensonge ? Quelles dictions de merde...

Avec Alexander... son petit ami, amoureux depuis le lycée, ils avaient emménagé ensemble à la fin de leurs études dans un petit studio à New York. Ils avaient à peine vingt ans. Terriblement amoureux, Alexander a dû tout abandonner pour le suivre à Londres. Il avait abandonné famille et travail. Magnus avait été égoïste, il avait convaincu Alexander de le suivre. Il lui avait promis qu'il prendrait soin de lui. Il a quitté sa famille par amour, pour être avec lui, parce qu'il aimait et il était celui qui lui avait promis un avenir. Il a tout gâché.

Magnus avait réussi à monter les échelons. Il s'est vu promouvoir le poste de premier journaliste pour le département de la mode. Il avait des employés, un bureau dans la tour « Le grand London Journal » À trente ans, il avait la vie de ses rêves. Mais est venu Camille Belcourt et avec elle tous les tourments qui vont suivre. Une employée qui a suivi Magnus lors de sa promotion, promue elle aussi comme assistante personnelle de Magnus.

Au début, travailler avec elle était facile. Une employée modèle, serviable et polie. Extrêmement belle et charismatique. Ils sont devenus rapidement amis au lieu de collègue de travail. Elle voulait plus. Elle a souvent montré à Magnus son intérêt pour son charme et sa virilité, quand la porte du bureau était fermée. Il l'a souvent repoussé bien sûr, il a un petit ami.

Mais quand les sentiments s'en mêlent ou justement quand les sentiments s'estompent pour celui à qui vous avez juré de toujours être là, de le protéger, de toujours l'aimer. Il ne pouvait pas avoir les deux n'est-ce pas ? Et l'idée de tromper Alexander le révulsait, il ne lui aurait pas fait ça. Mais il y a pensé... Il se l'avoue quand elle est dans son bureau, quand elle le regarde... quand elle flirte... Il a envie d'elle.

Et ce soir... Il pensait à elle.

Avec honte, il prend sa tête dans ses mains et se remémore ce qui vient de ce passé.

Ils ont passé une bonne soirée, ils étaient sortis dîner pour finir par aller prendre un verre dans un bar. Camille a fait son apparition. Elle n'a rien montré de désagréable, elle les a salués, ils ont discuté un peu et elle est repartie en leur souhaitant une bonne soirée. Mais elle a lancé quelques regards à Magnus, des clins d'œil quand Alexander ne regardait pas... Des lèvres mordues... Une caresse sur l'avant-bras ou une main glissée dans son bas du dos quand elle lui a fait la bise pour lui dire au revoir.

Ils sont rentrés au loft et Magnus a tout de suite emmené Alexander au lit. Entre deux baisers passionnés... alors qu'il était au plus profond de son petit ami... il a gémi le nom de Camille. Il a prié qu'Alexander ne l'ait pas entendu, mais ce ne fut pas le cas.

Il a senti Alexander se figer sous lui... avant de le sentir bouger et de l'entendre hoqueter un sanglot.

— Laisse-moi partir Magnus s'il te plaît... entend-il désespérément venir de dessous lui.

Magnus, secoue la tête de négation, soufflant des «Je suis désolé » et serre son petit ami dans ses bras, parce qu'il sait que s'il le lâche, Alexander partira.

— S'il te plaît... cria Alexander en essayant de le pousser hors de lui.

Magnus finit par se retirer et s'assied lourdement sur le lit.

Alexander se jette hors du lit et va s'enfermer dans la salle de bains. Magnus peut y entendre la douche coulée et les sanglots d'Alexander.

Mais lui, rien. Il ne sait pas comment se sentir. Soulagé ? Oui, soulagé de ne plus mentir sur ce qu'il ressent... ou sur ce qu'il ne ressent plus.

Il sait qu'il doit une explication, mais laquelle donner ? Qu'est-ce qu'il y a à dire ? Et putain quand il a cessé de s'inquiéter pour Alexander ? Quand il a cessé de lui demander comment s'était passée sa journée ? Quand il a cessé d'être amoureux de lui ? Il ne ressent plus ce qu'il ressentait... Pourquoi ? Qu'est-ce qui a changé ? Il le sait, depuis que Camille est arrivée dans sa vie, tout à changer. S'il ne l'avait pas rencontré, ou s'il ne l'avait pas laissé s'approcher de lui, il sait qu'il n'aurait jamais eu ce genre de pensée, ni ce désir d'être avec elle. Avant elle, Alexander était celui qui était dans ses pensées jour et nuit... et non elle !

Il pensait à Camille pendant qu'il faisait l'amour à son petit ami... Que dire à ça ?

— Tu m'as trompé ? 

Magnus entend venir la question de la porte de la salle de bains. Le dos tourné à la porte, il avait juste remis son caleçon et s'était assis sur le bord du lit. Il n'a pas la force, ni le courage de le regarder, alors il reste dos à Alexander.

— Non... je ne t'ai pas trompé, souffle Magnus tout en regardant le tapis sous ses pieds nus.

— Mais tu y as pensé.

— Oui... avoue Magnus, fermant les yeux en entendant les sanglots d'Alexander.

— Je... je croyais... qu'on allait bien... qu'on était heureux.

— Ce n'est pas toi Alexander... c'est moi.

— Je ne comprends pas Magnus, pleure Alexander.

— Je suis amoureux d'elle... je l'aime, souffle Magnus.

— Tu l'aimes ?... et... moi, tu ne m'aimes plus ? demande douloureusement Alexander.

— Plus assez... Plus assez pour continuer... Alexander... je...

— Putain, sanglote Alexander dans un cri en s'écroulant le long du mur de la chambre.

Ses mains sont sur ses oreilles, pour ne pas en entendre plus. Il a juste l'impression qu'il va mourir sur place... Oui, que tout l'air de ses poumons est parti... Ses poumons brûlent... Ça fait mal... Même les mains de Magnus à cet instant qui essaye de le relever et qui tente de l'apaiser lui font mal. Il le repousse sèchement et se relève... seul.

Comme il le peut et comme un automate, il rassemble quelques affaires. Il rassemble le peu qu'il a... Pourquoi rester ? Qu'il parte tout de suite... ou demain, ça ne changera rien. Magnus ne l'aime plus et il ne l'aimera plus jamais.

— Alexander...

— Tu sais que je vais être à la rue ? demande Alexander.

Sa voix est rauque, ses larmes ne s'arrêtent pas. Sa respiration est saccadée. Ses larmes ne s'arrêteront pas de sitôt. Il le sait. Magnus était toute sa vie. Il n'a jamais été méchant, ni malveillant, mais il veut que Magnus souffre... Il ne veut pas être le seul à souffrir.

— Tu sais que... tu sais que je t'ai suivi ici parce que je t'aimais... J'ai tout quitté pour toi.

— Alexander, je suis... je suis tellement désolé.

— Tu t'en fous Magnus... Tu n'as aucun regret... coupe Alexander en le regardant droit dans les yeux ce coup-ci.

Magnus n'a aucun regret, il le voit. Il le connaît assez pour savoir comment est Magnus.

— Tout ce que tu veux là, c'est que je m'en aille pour que tu sois débarrassé de moi et que tu puisses aller la baiser... continue Alexander.

— Arrête ! siffle Magnus.

— Quoi ? tu ne veux pas entendre la vérité ? Que veux-tu entendre alors ? cria Alexander à travers la chambre.

— Je ne sais pas.... crie en retour Magnus.

— Si tu le sais ! Tu t'attends à ce que je te dise « C'est bon Magnus... je ne t'en veux pas... tant que tu es heureux » c'est ce que tu veux entendre ?

— Al...

— Non... Tais-toi Magnus... je ne peux pas... hoquette Alexander à travers ses larmes. Je dois sortir d'ici... Tu me dégoûtes...

Alexander réalise quelque chose.

Magnus ne pleure pas.

— Attends Alexander ! s'il te plaît...

— Attendre quoi ? Attendre que tu regrettes ? Attendre quoi Magnus ?... Attendre que tu m'aimes à nouveau ? demande-t-il.

Sa voix est brisée, ce terrible constat le fait suffoquer. Jamais ô grand jamais, il n'aurait pensé vivre ce que Magnus lui fait vivre en ce moment, non jamais il n'a ressenti une telle douleur. Il regarde celui qu'il aime tant, il regarde le visage de Magnus qui n'a même pas versé une larme, il n'a même pas pleuré leur amour. Toutes ces années jetées par la fenêtre sans même une larme... Leur amour jeté, piétiné pour une autre femme.

— Tu aurais pu au moins avoir la décence d'être un peu triste... pour nous... pour toutes ses années partagées ensemble. Mais non, Magnus Bane ne pense qu'à lui-même, il ne pense qu'à son propre bien... J'espère qu'un jour, tu connaîtras ce que je ressens en ce moment. J'espère qu'une fois dans ta vie, tu ressentiras ce que c'est d'avoir le cœur brisé, finit Alexander en pleure.

Il ouvre le tiroir de la commode, il tire un étui qui était caché sous un tas de vêtements et il le balance dans le torse de Magnus. L'étui s'ouvrant sous l'impact fait voler un anneau doré à travers la chambre. Il ne sait pas pourquoi il a fait ça, mais il voulait que Magnus comprenne une chose. Il voulait qu'il comprenne que ça a toujours été Magnus pour lui, il voulait qu'il comprenne que lui, il l'avait choisi.

Alexander quitte la maison sans un regard en arrière.

...

Assis sur le lit, Magnus regarde la chambre, il reste quelques petites choses d'Alexander, il a juste pris le minimum... Ce qui tient seulement dans un sac. Dans sa main, il serre l'anneau qu'il avait ramassé. Alexander, voulait-il le demander en mariage ? Voulait-il faire de lui son mari ? Est-ce qu'il vient vraiment de laisser partir celui qui a toujours fait partie de sa vie ?

Mais il n'a pas menti à Alexander, il ne ressent plus pour lui comme au début. Camille a évincé tout ce qu'il ressentait. Il a aimé Alexander, il l'aime encore ? Il ne sait pas. Mais il sait ce qu'il ressent pour Camille. Il l'aime... Il est amoureux d'elle.

Il sort de la chambre avec la ferme intention de boire toute sa réserve d'alcool jusqu'à évanouissement. Juste pour oublier... Oui oublier. Il est à la moitié de la première bouteille, la nuit est bien entamée, quand son téléphone sonne, il ne regarde pas l'appelant, il décroche rapidement.

— Hum ? demande-t-il à l'autre bout de la ligne, avant de porter la bouteille à sa bouche.

" Magnus... Bonsoir " ronronne une voix à l'autre bout du téléphone.

...

Deux ans après, l'annonce du mariage de Magnus Bane et de Camille Belcourt fait sensation. Mariage médiatisé bien sûr. Personne n'est surpris de l'annonce. Couple parfait... Beau et charismatique, l'annonce passe partout sur les chaînes de télévision. Couple que beaucoup voyaient déjà comme le couple idéal.

Alexander a réussi à sortir de la rue, il a passé beaucoup de nuits à dormir dans un parking souterrain et par chance, il a été reconnu. Catarina Loss, collègue de travail de Magnus, avait déjà aperçu le couple et avait discuté un peu quand ils étaient ensemble.

Elle connaît l'histoire du couple, Alexander lui a tout raconté, il avait besoin de parler et il n'avait personne pour le faire. Alors, il s'en est sorti avec l'aide de Catarina et des amis de cette dernière, Ragnor et Raphaël. Catarina avait un peu poussé Alexander à recontacter sa famille, il avait dit que ce n'était pas la peine. Il les avait perdus quand il est parti avec Magnus. Ses parents conservateurs n'ont jamais accepté qu'il soit gay. Sa sœur Isabelle et son frère Jace, pris dans la bataille n'ont pas eu le choix de suivre leurs idéaux. Puis eux aussi ont fini par le détester d'être comme ça.

Alors quand il est assis dans le canapé avec Catarina un soir à partager un plateau télé, il voit l'annonce du mariage de Magnus Bane avec Camille Belcourt. C'est une douleur qui le prend à la poitrine. Il ne se rend pas compte qu'il sanglote dans les bras de Catarina.

...

Le mariage a été un succès. De l'extérieur du moins. Magnus était déchiré de l'intérieur. Là, ce qu'il ressent en ce moment quand il est là debout avec les invités à boire... à rire... Il devrait être heureux non ? Il ne l'est pas. Il ne ressent pas l'euphorie d'un mariage, le bonheur d'avoir lié sa vie à quelqu'un.

— Magnus ?

Il lève la tête pour voir Isabelle Lightwood devant lui, accompagné de Jace. Tous deux habillés en circonstance. Il ne les a pas invités ici. Pourquoi l'aurait-il fait ?

— Qu'est-ce que vous faites ici ? demande-t-il en guise de salutation.

— Où est mon frère ? demande Isabelle, sans détour.

— Comme si tu t'en souci, se moque Magnus.

— Comme toi, apparemment, crache Isabelle en regardant autour d'elle.

— Où est mon frère ? demande Jace en s'approchant de Magnus le poing serré.

— Je ne sais pas, grogne Magnus.

— Que se passe-t-il ici ? demande Camille, se pendant aux bras de Magnus.

— Oh joie... La mariée... La briseuse de ménage... grogne Jace. 

Si ses yeux avaient pu tuer Camille Belcourt, elle serait étalée au sol.

— Je n'ai pas brisé de ménage, il était brisé avant même que j'arrive, se moque vicieusement Camille.

— Oh oui, c'est vrai... comme celui de mes parents quand tu es arrivé.

— Quoi ? demande Magnus, en regardant Isabelle, Jace et Camille.

— Magnus cette femme dont tu viens de faire d'elle ton épouse à briser notre famille. Mes parents ont divorcé à cause d'elle... Elle a manipulé mon père pour qu'il divorce de ma mère. Il l'a fait pour être avec elle. Mais il a vu son jeu quand elle a commencé à parler de mariage... Mon père ne voulait pas se remarier et tu sais ce qu'elle a fait ? Elle a vidé son compte en banque, celui de son entreprise, elle a tout pris, elle ne lui a rien laissé et elle s'est barrée.

— Magnus, ce sont des mensonges... supplie Camille, regardant Magnus, les larmes aux yeux.

— Je sais ma chérie... Je n'ai jamais cru les Lightwood, ils ne sont que des manipulateurs...

— Comment oses-tu ? grogne Jace, empoignant Magnus par le col.

— Vous... Comment osez-vous venir ici et dire des choses pareilles ? Vous mentez, je connais ma femme, elle ne fera jamais ça, cria Magnus en retour en se servant de ses mains pour repousser Jace loin de lui.

— Regarde par toi-même alors, si tu ne nous crois pas, déclare Isabelle en se tournant pour regarder derrière elle.

Simon Lewis, en regardant sa petite amie, sait que c'est le signal. Il lance une vidéo sur un écran qui sert normalement à diffuser des photos du couple. Souvenirs d'enfance de chacun ou souvenirs d'eux pendant les deux dernières années ensemble, voyages, etc.

Sur les écrans, une vidéo apparaît montrant Robert Lightwood devant la caméra alors qu'il pleure tout ce qu'il a. Magnus jette un coup d'œil à Isabelle qui ne regarde pas la vidéo et met ses mains sur ses oreilles pour ne pas entendre. Jace baisse la tête et croise les bras sur sa poitrine. La voix de Robert résonne et lui fait tourner la tête pour regarder, Camille grogne et s'en va laissant Magnus au milieu de tout ça. Mais il est à nouveau attiré par la voix de Robert pour pouvoir la suivre.

« J'ai fait une erreur stupide... pour une femme... Je croyais qu'elle m'aimait. Elle a joué avec moi. Elle a pris tout ce que j'avais... j'ai perdu ma famille... mon argent. J'ai perdu un fils, parce que mes idées n'étaient pas ce que je voulais pour lui. Il aimait un homme et pour moi, c'était inconcevable... Je l'ai perdu. Il est parti. Et maintenant, je vois les gros titres, Magnus Bane l'amant de mon fils se marie avec la femme qui m'a tout pris. Le destin est cruel... Camille... Camille Belcourt si un jour, tu vois cette vidéo, sache que tu as ruiné des vies. Magnus, je ne sais pas ce qu'il s'est passé avec mon fils, mais je me doute qu'elle a fait ce qu'elle fait de mieux... Elle t'a séduit. Elle t'a fait croire en des choses. Elle t'a murmuré mots et merveilles, elle s'est insinuée dans ton esprit. Je suis désolé de faire ça, je suis tellement désolé, mais c'est la seule chose que je peux faire... Je ne peux plus vivre comme ça, je ne peux plus continuer à vivre dans la culpabilité et dans la honte... Je n'ai plus rien. Je suis ruiné. Je suis désolé Maryse, mes enfants... Je vous aime. N'en doutez jamais... déclare Robert Lightwood.

Il lève la main, avec horreur, il tient un pistolet contre sa tempe et fait feu.

La vidéo se coupe et des acclamations d'horreur se font retentir... Magnus n'a jamais couru aussi vite pour rejoindre les toilettes, pour vider le contenu de son estomac. Quand il a le courage de sortir des toilettes, la salle de réception est quasiment vide.

En rentrant chez lui, il sait déjà que Camille a pris la poudre d'escampette quand il regarde à travers son appartement. Ses tiroirs, son appartement sens dessus dessous, le tiroir de sa chambre où il entreposait l'argent liquide, il n'y a plus rien, elle a tout pris. L'argent, passeport, vêtements, elle n'a rien laissé.

Quelques jours plus tard, il recevra un courrier qui stipule que le mariage a été annulé selon les lois en vigueur. Il s'en doutait, il n'est pas surpris.

Il n'ira pas travailler non plus, il recevra son solde de tout compte. Le mariage avait entaché le journal, la vidéo du suicide de Robert Lightwood circulait et était associée au nom du journal. Ils ne voulaient pas que Magnus soit lié un jour de plus, ils avaient une réputation à tenir.

Sans travail, ni de quoi payer les factures, il se retrouve à dormir dans les rues de Londres, à mendier pour manger. Le grand Magnus Bane n'est plus. C'est sa faute, s'il est là à tendre la main pour avoir une pièce, pour avoir de quoi manger.

Un jour qu'il tend la main, une autre main lui sert la sienne. Il reconnaît cette main, il l'a toujours connue. Un pouce caressant ses phalanges, une épaule contre la sienne, un parfum qu'il connaît.

" Tu as une sale tête," entend-il.

— La tête des mauvais jours, répondit Magnus.

— Ouais... Espérons que demain soit un bon jour.

— J'espère aussi Alexander.

...

Ils sont de nouveau revenus à apprendre à se connaître. Ils ont discuté pendant des heures. Magnus a continué de dormir dans la rue, il ne voulait pas d'aide. Mais il avait une couverture de plus offerte par Alexander... Un café le matin, une offre pour aller manger quelque chose. Un baiser sur la joue pour dire bonjour ou au revoir.

Puis un jour l'offre de venir vivre avec Alexander chez lui dans son petit studio est venue. Il a accepté contraint et forcé par la dureté de l'hiver.

Un hiver est devenu un printemps, un été. Avec l'aide d'Alexander, il a réussi à retrouver un travail dans un petit journal. Bien que cette histoire suive son nom, le journal lui a donné sa chance. Il travaille maintenant pour Garroway Journal, dans la rubrique info & divertissement. Alexander lui a repris ses études pour devenir professeur de lettres. Il avait appris le décès de son père, mais il n'a jamais voulu voir la vidéo. Il a repris contact avec Isabelle et Jace, ils se téléphonent, mais ne se voient pas. Il n'est pas prêt.

Avec Magnus, il cohabite. Rien de plus. Ils ne peuvent pas revenir à ce qu'ils étaient. Il sait que Magnus ne l'aime plus comme avant. Lui, il l'aime toujours, il ne le niera pas, mais trop de mal, trop de blessures les sépare. Il ne dira pas non plus qu'il est jaloux et blessé quand Magnus rentre parfois sentant le sexe. Ou quand il voit les suçons dans son cou, non, il ne le dira pas. Il n'a plus le droit de dire quelque chose. Il n'est plus à lui et ne le sera plus jamais.

Il a essayé lui aussi de sortir, mais ça ne fonctionne tout simplement pas. Il n'est pas encore prêt, peut-être qu'il ne le sera jamais. Mais il supporte, Magnus, bientôt, partira. Il le sait parce que Magnus a commencé à chercher des appartements. Il ne lui a pas dit qu'il savait. Il l'a juste vue sur l'historique de l'ordinateur qu'ils utilisent tous les deux.

C'est bizarre de devenir ami, après avoir été amant. Même au lycée, ils ne sont pas restés longtemps amis avant d'être des petits amis.

Magnus déménage l'hiver, un an après avoir été sorti de la rue par Alexander. Ils resteront en contact un moment avant que les SMS échangés, les appels soient de plus en plus courts, voire à disparaître au cours de l'été suivant.

Alexander le savait, il n'a jamais espéré plus. Magnus aussi dur que cela doit être dit, mais c'est comme ça qu'est Magnus, il ne sait jamais soucier des autres et de leurs sentiments. Il a toujours pensé à lui et à son propre bien. Quand Alexander a dû le suivre, il a dû faire face à un ultimatum : tu me suis Alexander ou toi et moi, c'est fini. Voilà ce que Magnus lui a dit quand il a douté de le suivre, il ne voulait pas abandonner sa fratrie. Mais il aime Magnus alors il n'a pas réfléchi longtemps avant de le suivre. Magnus a toujours pris ce qu'il voulait, et ce, de toute personne prête à donner. Magnus est gentil et attentionné quand il aime, il aime sincèrement, mais quand plus rien ne va, c'est un véritable goujat. Il ne lui en veut pas, c'est comme ça qu'il aime Magnus.

... Point de vue Magnus...

Derniers cartons posés dans mon petit appartement, je fais vite le tour, c'est vide. Il n'y a qu'un petit matelas et juste le nécessaire pour l'instant. J'ai mis de l'argent de côté pour pouvoir meubler un peu en attendant d'avoir mieux.

Je glisse le long du mur de ma nouvelle chambre, je regarde autour de moi. Je suis seul encore, mais je l'ai choisi. J'ai vu dans les yeux d'Alexander qu'il m'aimait toujours malgré ce que je lui avais fait, mais je ne ressens pas ce que je voudrais pour lui et ce que lui voudrait. Je ne sais pas ce qu'il ne va pas chez moi. J'ai passé des nuits avec d'autres, j'avais besoin de quelqu'un qui me fasse ressentir, je ne ressens rien. 

Je pense souvent à nous avant, au lycée, à nous à Londres. Je n'aurai jamais pensé un jour ne plus ressentir pour lui ce que je ressentais, l'amour de ma vie et je le pensais, mais ce n'est plus pareil maintenant. Je pensais après avoir repris le cours de ma vie, que j'aurais fait la part des choses. Quand j'ai accepté d'emménager avec lui, je voulais qu'on se rapproche et que tout redevienne comme avant, mais je n'y arrive pas. J'ai toujours Camille en tête et ça me tue.

...Fin du point de vue...

Cela fait maintenant deux ans, qu'Alexander enseigne dans un lycée de Londres. Son métier de rêve. Enfin, il a ce qu'il a toujours voulu. Appuyé contre l'îlot de sa cuisine, café à la main tournant les pages du journal de l'autre, un article attire son attention.

" Le journal... Garroway change bientôt de nom pour passer par Garroway-Bane. "

Magnus Bane, cogérant du journal Garroway... Eh bien, cela faisait quelque temps qu'il n'avait pas pensé à Magnus, se rendit-il compte. Peut-être parce qu'il est amoureux et qu'il est arrivé à passer à autre chose. Après quatre ans, il était temps non ? Magnus ne sait pas empêcher de vivre. Il a certainement rencontré quelqu'un. Alors pourquoi lui devrait-il arrêter de vivre pour quelqu'un qui ne l'aime plus ? Il avait besoin d'avancer, il en a besoin pour continuer à vivre, même si c'est sans Magnus.

Alexander s'assied lourdement sur sa chaise, les sourcils froncés. Continuer à vivre même si c'est sans Magnus ? Il fut un temps où cet état de fait l'aurait envoyé dans un tourbillon de tourment, mais aujourd'hui ? Il ne ressent pas grand-chose. Magnus a continué à vivre, c'est vrai, c'est un fait. Il a son appartement, un travail, certainement un nouvel amant.

Alors pourquoi pas lui ?

Andrew lui est tombé dessus comme ça. Collègue, ils se voient souvent et une chose en a amené à une autre, ils avaient leur premier rendez-vous. Andrew est un peu comme lui, calme, un peu timide. Ils sont ensemble depuis deux ans maintenant, ils envisagent d'habiter ensemble. Alors, oui, Alexander s'est permis de vivre et de continuer. Il n'allait pas attendre quelqu'un qui ne l'aime plus et qui l'a rayé de sa vie.

...

Assis dans le restaurant avec Andrew, ils fêtent leurs deux ans ensemble. Un fabuleux dîner romantique. Discutant de tout et de rien. Leurs mains se frôlent sur la table, des mots d'amour chuchoté. C'est simplement parfait.

La porte du restaurant s'ouvre, levant le regard, ils croisent des yeux qu'il connaît très bien. À ses côtés, il reconnaît Luke Garroway et quelques membres du journal. Ils viennent certainement fêter la nouvelle qu'il a vue dans le journal.

Mais avant qu'il ne réagisse, Andrew se lève attirant son regard et pose un genou par terre, un étui dans la main.

Magnus Bane sait maintenant ce que c'est d'avoir le cœur brisé quand Alexander hoche la tête pour dire oui à celui agenouillé devant lui.

Si c'est le voir être heureux avec un autre, lui a fait réaliser ce qu'il a perdu, ça lui a fait réaliser qu'il aimait toujours Alexander, mais ça, il le savait déjà. Il n'a peut-être pas réalisé au bon moment, mais maintenant, il le sait. Il n'a jamais cessé d'aimer Alexander Lightwood. Il a laissé partir cet homme doux et dévoué, juste parce que Camille lui avait apporté l'excitation de connaître autre chose, de ressentir le frisson d'être désiré par quelqu'un d'autre qu'Alexander. Il a laissé les mots de Camille s'infiltrer dans son esprit, il l'a laissé entrer dans sa tête parce qu'il voulait connaître autre chose que la routine dans laquelle il s'était installé avec Alexander. Il ne l'a pas compris tout de suite. Il a compris quand il a rencontré un gars, un soir dans un bar, mais il n'a rien fait avec lui. Il voulait Alexander, il voulait retrouver ce qu'ils avaient avant. Leur routine, leur maison. Leur soirée télé, les dimanches, à ne rien faire. Même les tâches ménagères qu'ils faisaient ensemble. Leurs étreintes brûlantes et passionnées. Leurs mains enlacées quand ils se promenaient dans le parc à côté de leur maison. Il voulait retrouver tout ça. 

Mais il sait que c'est trop tard, maintenant. C'est, et ce sera pour toujours sa faute absolue, son plus grand regret, oui Alexander sera son plus grand regret et qu'aucune demande de pardon ou même un souffle d'excuse, n'effacera la douleur qu'il a infligé à celui qui a tout perdu pour tout de lui donner.

Il se dit quand même à travers son cœur brisé, qu'Alexander à l'air heureux et il en est content. Il est content, même si ce n'est pas lui qui lui donne le sourire éblouissant qu'il a en ce moment alors que l'homme toujours à genou lui glisse la bague aux doigts, il aurait voulu être celui qui s'agenouille.

Mais c'est trop tard pour faire comme s'il n'avait pas jeté par la fenêtre leur vie... leur avenir, parce qu'il avait été piégé par les mots d'une femme avide et piégé par les mains d'une femme manipulatrice.

Alexander est heureux même si c'est sans lui.

Magnus, oui maintenant, il sait, ce que c'est d'avoir le cœur brisé. Il se rappelle douloureusement ce que lui avait dit Alexander, le jour où il est parti...

« J'espère qu'une fois dans ta vie tu ressentiras ce que c'est d'avoir le cœur brisé ».

" Je sais maintenant Alexander "... disent ses yeux quand il rencontre ceux d'Alexander alors que ce dernier se lève pour enlacer son futur mari.

Sa main essuie sa joue quand il regarde Alexander sortir du restaurant avec son futur mari... Oui c'est aussi à ce moment-là qu'il pleure enfin leur amour.