L'amour fait souffrir.


Résumé : tu es la définition de ça Magnus... La définition que l'amour fait mal... que l'amour fait souffrir... que l'amour détruit...

Avertissement : Angoisse/Fin heureuse.


Je te regarde comme je l'ai fait tant de fois depuis plus de cinq ans maintenant. J'avais l'impression de connaître tout de toi. De tes sourcils froncés quand tu réfléchis ou ta voix grognée quand tu te perds dans le plaisir. Mais ce qui se passe dans ta tête, ce que tu penses, je croyais le savoir... Mais je me suis trompé. Je me rends compte que j'ai voulu que tu sois mon premier, j'ai voulu aussi que tu sois mon dernier. Mais en te regardant maintenant sous ton vrai jour, je m'aperçois que toi... tu en avais décidé autrement. Tu ne voulais pas la même chose que moi. Parce que ce n'est pas ce que tu as voulu et ça, depuis le début. Tu n'as jamais voulu que je sois TON dernier. J'ai essayé si fort d'être celui que tu voulais... j'ai essayé si fort. Tu n'as peut-être pas vu les efforts que je faisais ou tu n'as tout simplement pas voulu les voir.

J'ai choisi ce que je suis devenu pour rester à tes côtés... pour toujours. Comme tu me l'as souvent dit « je t'aime pour toujours » tu as peut-être cru que je ne te prenais pas au sérieux. Mais j'ai bu tes mots Magnus... Tous tes mots.

Je n'ai pas eu de doutes jusqu'à maintenant. Tu ne m'as jamais fait douter. Mais maintenant ?... Alors que tu me cries dessus... Que tu me cries à la figure "pourquoi tu as fait ça ?" Je doute de moi et de toi.

Je me dis que j'avais fait un choix logique... Enfin, c'était logique pour moi. Je voulais rester avec toi pour toujours... Comme tu me l'as souvent dit. Mais j'avais tort.

— Tu ne peux pas faire ça et t'attendre que je saute de joie ? Hein Alexander ? Tu t'attendais vraiment que j'en sois content ? cries-tu en tournant dans notre loft comme un lion en cage.

— Oui...

Ma voix sort comme un murmure brisé et je déteste ça. Je déteste à quel point tu me brises en ce moment.

— Moi Alexander... Moi, je ne voulais pas de ça !

Tu cries encore, c'est la première fois que tu es si en colère contre moi.

— Je l'avais compris, j'avais compris Magnus.

Je l'accepte, parce que je n'ai pas le choix. Revenir en arrière n'est plus possible pour moi. Mes larmes tombent en même temps que tout mon être se brise. Tout ce que j'avais espéré pour nous, notre avenir, tout ça vient de partir en fumée.

— Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

Tu demandes un peu plus doucement. Il y a quelques jours, ma réponse immédiate aurait été « on le découvrira tous les deux », mais maintenant ?

— Je ne sais plus...

Et c'est vrai, je ne sais plus, je suis perdu. Est-ce que ma décision vient de briser notre relation ? Apparemment, c'est le cas. Tu ne me regardes plus comme avant. Tu me regardes comme si j'étais devenu quelqu'un que tu ne connais plus... tu me regardes... comme si j'étais un étranger.

— Moi non plus... je ne sais plus Alexander... Je ne sais pas pourquoi tu as fait ça... C'était stupide...

— Stupide ? Sérieusement Magnus ? demandais-je.

Vraiment, tu penses que je suis stupide.

— Oui, c'était stupide... Je n'en reviens pas que Simon ait accepté de faire ça... que même Jace t'ait laissé faire ça. Comment ont-ils pu ? Et ta famille a accepté ça... Devenir un vampire, c'était stupide Alexander...

Tu recommences à crier... J'ai juste envie de m'enfuir et de ne pas regarder en arrière. Au fond de moi, je ne m'attendais pas à une réaction de ce genre. Je m'attendais que tu en sois heureux.

J'ai trop regardé de film à l'eau de rose. Trop de films avec une fin heureuse.

Il n'y aura jamais de fin heureuse pour moi.

Mais il faut que tu saches quelque chose avant... avant que je ne quitte cet endroit où je ne suis plus le bienvenu. Ce n'est plus ma maison.

— Je l'ai fait pour toi... Je croyais que c'était quelque chose que tu voulais... je croyais...

Je souffle un coup, déglutissant mon chagrin en essayant de ravaler mes larmes, parce que j'ai l'impression que tout ça « nous » sera fini quand j'aurais fini de parler. J'ose même plus te regarder... J'ai mal et c'est toi qui me fais souffrir comme jamais.

— Tu m'as menti Magnus, tu aurais dû être honnête avec moi... Tu m'as fait croire que tu me voulais pour toujours. Tout ce que tu me disais était faux ? Ça servait à quoi ? Tu essayais de m'apaiser ? Tu me disais tout ça pour que je n'aie plus peur de te laisser ? ... Tous tes mots, tes je t'aime pour l'éternité... ça cachait quoi ? « Je vais lui faire croire une vie éternelle ensemble, juste pour qu'il puisse vieillir et mourir en paix, après je reprendrais ma vie de débauche... Je recommencerai avec un autre ou une autre... comme je l'ai fait avant toi »... C'est ça que tu aurais dû me dire Magnus.

Ton visage à ce moment n'a jamais été aussi expressif. On dit souvent que quand on connaît bien la personne, on peut lire en elle comme dans un livre ouvert. Bien là en ce moment, je peux voir que ce que je viens de te dire, tu l'as pensé et que je n'ai rien dit de faux.

— Alexander...

— Non... Tais-toi... Magnus tais-toi...

Je pleure comme un gamin, sanglote ma peine. Ce n'est pas parce que je suis un vampire maintenant que je ne ressens plus rien. Mon cœur est peut-être mort, il ne bat plus, mais mon âme souffre. Jamais, je n'ai autant souffert quand ce moment.

Je t'arrête de parler avant d'en entendre plus. Tu ne me veux pas comme ça, je l'ai compris. Qu'as-tu d'autres à dire ? Je ne veux pas le savoir.

— Tu sais que je l'ai fait pour toi... parce que je t'aime... Je croyais que tu m'aimais assez pour vouloir ça.

— Je t'aime Alexander.

Et je le sais, mais je ne suis pas assez pour partager, même vouloir une éternité ensemble.

— Mais pas assez pour une éternité ensemble, répondis-je, ma voix ne sort pas plus fort qu'un murmure.

— Mon amour... Je suis... je suis désolé... Je voulais juste te donner la vie que tu voulais... Je voulais être avec toi jusqu'à ta fin... Mais je t'aime Alexander, je ne t'ai jamais menti sur ce que je ressens pour toi...

— Ma fin ? Je ne voulais pas de fin Magnus... Je te voulais... juste TOI ! finis-je par crier avant de me retourner.

— Attends... Où vas-tu ?

Tu sanglotes, j'ai l'impression que c'est moi qui te fais souffrir et c'est injuste. Tu me rattrapes là où je m'apprêtais à franchir cette porte... Tu pleures, mais je n'y fais pas attention. Si tu as le cœur brisé, c'est de ta faute. Si tu ne vois pas que j'ai fait ça pour toi, parce que je t'aimais, je n'y suis pour rien. J'ai tout abandonné pour toi, ce n'est pas de ma faute, si tu ne vois pas ça. Tu m'as menti... Tu m'as fait croire que tu me voulais, alors que toi, tu n'attendais que ma fin pour reprendre ta vie de débauche et continuer... mais sans moi. Je dégage mon bras de ta main, ma force vampirique est encore nouvelle, alors je tire doucement sur mon bras pour que tu me lâches... Tu le fais, tu me laisses partir.

— Jace avait raison, "aimer, c'est détruire"... Et en fin de compte, tu es la définition de ça Magnus... La définition que l'amour fait mal... que l'amour fait souffrir... que l'amour détruit...

Je te regarde à travers le flou de mes larmes, tu grimaces à mes mots. Tu ne me regardes plus et tu fais un pas en arrière. Je vois tes larmes glissées sur tes joues et je rencontre ton dos, alors que tu te retournes.

Je pars en te laissant derrière moi.

L'idée d'en finir en attendant le soleil se levait m'a traversé l'esprit. Mais je ne peux pas laisser les personnes qui m'ont soutenu dans mon choix derrière moi... C'est avec amertume que je me demande ce que je vais faire maintenant. Je suis un immortel seul. L'institut n'est plus ma maison.

...

Soixante-sept ans à errer de villes en villes, de clans en clans. Ma famille n'est plus. Je n'ai plus personne. La dernière à partir fut Isabelle. Le premier fut mon père suivi de ma mère. Jace est parti tôt, trop tôt, sur une mission. Ils restent les descendants, mais je n'avais pas de contact avec eux, juste quelques visites nocturnes à Isabelle et Jace pendant plusieurs années, mais c'était tout.

Malgré moi, j'aurais voulu les rejoindre, la solitude pèse. Traverser les années sans rien accomplir me fatigue. Je n'ai pas de but à part trouver mon prochain repas. Magnus me manque toujours. Le sentiment de chagrin s'est atténué avec le temps et avec l'aide des nombreux amants qui m'ont accompagné. Amants qui n'ont jamais été plus qu'un simple exutoire au chagrin au début. Ou pour assouvir mes besoins quand le chagrin avait fait place au vide. L'amour n'est plus pour moi, aimer, je pense que je n'y arrive plus. Je ne me souviens plus de ce que ça fait. Je sais juste que ça fait mal.

Si je n'avais pas vu Magnus depuis plus de soixante-sept ans, je l'avais voulu. Isabelle m'avait parlé de lui et de ses frasques. Il ne changera jamais. Il ne s'est pas arrêté, il s'est même marié. Quelle ironie, il s'est marié à une loup-garou, un être immortel. Il s'est marié, dix ans après qu'il m'ait sorti de sa vie.

Magnus Bane m'a fait mal et je l'aimais, c'est tout ce que je sais et c'est ce dont je me souviens.

Point de vue Magnus

Soixante-sept ans qu'Alexander ne fait plus parti de ma vie. J'ai compté les années bien sûr, j'ai fini par compter les jours. Je croyais qu'il allait revenir vers moi. Qu'il me laissait un peu de temps ou que lui allait prendre du temps et que je le reverrais. Mais il n'est jamais revenu. Je sais que c'est de ma faute, je n'aurais jamais dû le laisser partir. J'ai repris mes habitudes d'avant " lui ". J'ai rencontré une loup-garou et je me suis marié. Ce fut un désastre. Je n'aimerais plus comme j'ai aimé Alexander. Jamais quelqu'un ne le remplacera.

Je l'ai laissé partir. Qu'il soit un vampire, ce n'est pas ce qu'il m'a repoussé. Il a tout abandonné pour moi et je l'ai laissé partir. Il a abandonné son devoir pour moi. L'immortalité peut devenir un fardeau. Je le sais, je le subis. Quand il m'a annoncé son immortalité, ma première pensée a été qu'il allait finir par m'en vouloir d'avoir sacrifié sa vie de mortel pour moi. Je n'avais pas envie qu'on se déteste, qu'il se lasse de moi. Il est jeune et j'avais peur qu'il ait besoin de voir autre chose, d'expérimenter ailleurs et avec d'autres. Il ne connaissait que moi. Je l'ai laissé partir parce que je ne voulais pas qu'il finisse par me détester.

J'ai toujours pensé que je le verrai vieillir et mourir. Je m'étais imaginé ce moment. Imaginer quelle douleur j'allais ressentir alors qu'il prendrait son dernier souffle. J'ai accompagné des êtres chers dans ce moment, j'ai souffert, mais je savais qu'avec Alexander, ce serait plus difficile. Je savais que j'allais connaître des jours de tourments. Mais je ne m'attendais pas à connaître ses jours, alors qu'il est encore de ce monde.

Je regrette tellement de l'avoir laissé partir.

M'asseyant derrière mon bureau, du papier à lettres devant moi, je dois le revoir. Il le faut, j'en ai besoin. J'ai besoin de lui... J'ai toujours eu besoin de lui.

Alexander mon amour,

Je regrette.

Ne doute pas que je ne le regrette que soixante-sept ans après, mais je le regrette depuis que tu es parti. À la minute où tu as franchi la porte, j'ai regretté.

Je regrette de t'avoir laissé partir.

Je t'ai toujours dit que tu étais le seul et le grand amour de ma longue vie. C'est vrai, tu l'as toujours été et tu l'es encore.

Je t'aime toujours.

J'ai fait des choses stupides... Comme me mariait. Elle était gentille, mais elle n'était pas... toi.

Ceux et celles avec qui j'ai été... n'ont jamais été toi, ils ne t'ont jamais remplacé.

Tu me manques tellement, tu me manques un peu plus chaque jour.

J'ai l'impression que je ne peux plus continuer... sans toi. J'ai peur de ne plus jamais te revoir... J'ai peur de ne plus sentir tes bras autour de moi. Je ne sais plus comment passer une journée sans pleurer ton absence.

Je te sens toujours si près de moi et en même temps si loin. Je veux revoir ton visage... ton sourire... tes yeux. Entendre ton rire... entendre ta voix.

Je te demande pardon... Pardonne-moi mon amour.

J'ai besoin de toi.

Je veux que tu reviennes vers moi... Je veux revenir en arrière et te garder près de moi.

Reviens-moi... Je t'en supplie mon ange.

Je t'aime tant Alexander.

Magnus.

Je dépose la lettre protégée par un sort sur la tombe familiale des Lightwood en espérant qu'il puisse la lire. Même si c'est demain ou dans dix ans, je veux qu'il puisse la lire. J'attendrai. Je l'attendrai.

...

Il a fallu un an pour qu'Alexander trouve la lettre. Et un peu plus de trois ans pour qu'il ait le courage de faire un pas vers Magnus. Il le trouve sur le balcon de son loft assis dans un fauteuil regardant l'obscurité profondément perdue dans ses pensées. Sans le prévenir de sa présence, il s'assied à ses côtés, s'amusant du sursaut du sorcier.

— Tu vieillis... Tu ne m'as pas entendu arriver...

— Tu es revenu... murmure Magnus, à travers son cœur tambourinant.

— Oui... J'ai mis un peu de temps, mais je suis là... pour toujours... si tu veux de moi...

Magnus saute de son siège pour atterrir sur les genoux d'Alexander. L'étreignant comme s'il allait partir à tout moment et qu'il ne voulait pas le lâcher. Ses larmes mouillent le cou froid d'Alexander.

Alexander resserre Magnus contre lui.

Peut-être ce coup-ci, Magnus ne lui fera plus mal et qu'il lui montrera comment aimer à nouveau.

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