___ Rengoku x fem!reader
> LES CENDRES DU PHOENIX <
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𝙲𝙷𝙾𝙸𝚇 :
𝙲𝚊𝚗𝚘𝚗, 𝚜𝚎𝚚𝚞𝚎𝚕 𝚝𝚛𝚊𝚒𝚗 𝚍𝚎 𝚕'𝚒𝚗𝚏𝚒𝚗𝚒
𝙴𝚗 𝚌𝚘𝚞𝚙𝚕𝚎, 𝙵𝚕𝚞𝚏𝚏 🍏
⚠️ 𝚅𝚒𝚘𝚕𝚎𝚗𝚌𝚎, 𝙱𝚊𝚍 𝙴𝚗𝚍
Tu l'avais remarqué. Il fallait avouer aussi qu'il ne passait pas inaperçu avec ses cheveux étranges. Blonds, leurs pointes semblaient avoir été trempées dans une teinture rouge des plus vives. Un Occidental ? Pourtant, ses yeux étaient bridés, quoiqu'immenses et arqués vers le ciel auquel il souriait sans cesse.
Tu poursuivis ton service en lui jetant de nouveaux regards discrets. Ou peut-être que ce qui attirait tant ton attention était le sabre qu'il portait à la ceinture et qu'il ne prenait pas la peine de cacher. Et si la police débarquait maintenant ? Il aurait indéniablement des problèmes et serait passé aux fers, ronin ou non...
Aux abords de la route principale menant à la capitale, le restaurant où tu travaillais était bien situé. Ce dernier jouissait d'une bonne notoriété, si bien que même des gens de la ville se déplaçaient au village pour y boire et se rassasier. Cet homme y faisait aussi souvent halte, mais son accoutrement suggérait qu'il venait d'ailleurs. Sans doute rentrait-il de voyage ?
Contrariée de n'en savoir plus, une voix interrompit le fil de tes pensées.
— Délicieux ! Succulent !
Ton sourire commercial de façade s'agrandit.
— Tu parais joyeuse aujourd'hui [t/n]-chan.
Le citadin avait posé sa main sur tes genoux, là où personne ne pouvait la voir. Un frisson désagréable te parcourut le corps.
— Voilà pour vous, cher client.
Assise, tu le servis davantage en alcool pour qu'il se taise. Les yeux rivés sur sa coupe remplie plus que de moitié de saké, l'habitué sursauta et jura d'avoir failli s'arroser. Contrarié, il releva le nez vers le perturbateur, mais s'arrêta quand celui-ci clama à nouveau.
— Merveilleux ! Tellement savoureux !
Tu pouffas tout bas. Déconcerté, le client se renfrogna et te chassa d'un geste. Avant d'entrer dans l'arrière-cuisine, une pensée te traversa : « De quoi êtes-vous tous effrayés ? Il est le seul ici à ne pas cacher ses intentions. »
Quand tu revins, la table de l'homme était vide.
— Il est déjà parti... ? marmonnas-tu.
Prise par une soudaine impulsion, tu dénouas la bande de tissu qui retenait tes manches, t'excusa auprès de ton patron et te dépêcha dans la rue. Tu aperçus au loin sa silhouette. Tes pas s'accélérèrent.
— Monsieur le samouraï ! Monsieur le...
Sa veste blanche ornée de flammes se gonfla quand il se retourna. Ton cœur rata un battement.
— Monsieur le samouraï ! Attendez !
Mais ta jambe bloquée par un pan de ton kimono, tu perdis l'équilibre. La bourrasque te surprit d'abord, puis alors qui tu imaginas le pire, quelque chose fit barrage. Lorsque tu rouvris les yeux, tes mains agrippaient le bras tendu de l'homme maintenant devant toi.
— C'est dangereux de courir ! lâcha-t-il.
Tu t'écartas aussitôt.
— Je t'écoute jeune fille ! Qu'y a-t-il ?
Son attitude désinvolte ne te découragea pas. Alors, après avoir repris ton souffle, tu te redressas.
— Votre... Votre nom ! Puis-je connaître votre nom ?
Il te dévisagea et tu rougis. Tu l'avais dérangé, tu l'avais nul doute dérangé et pour ça ?! Tu te mordillas la joue en triturant tes mains.
— Hum ! Je vois. Tu t'es pressée pour me demander mon nom... Je ne comprends pas !
Réellement surprise par sa réponse, tu ris de bon cœur. Il attendit patiemment que tu reprennes tes esprits, avec toujours ce même sourire radieux accroché aux lèvres.
— Une femme vous demande votre nom, gloussas-tu. Qu'y a-t-il à comprendre ?
L'homme garda le silence, figé, le temps de réaliser.
— Oui ! conclut-il soudain.
— Oui ?
Que signifiait ce oui ?
— Je vais te le donner !
Soulagée, la tension dans tes épaules s'envola instantanément.
— Je suis Kyojuro Rengoku, le pilier de la flamme.
Pilier de la... Qu'était-ce ? Une troupe de théâtre ?
— Et le tien ?
Tu lui offris ton plus beau sourire.
— [t/p] [t/n] ! Enchantée, Rengoku-san.
— De même !
Après quelques banalités échangées et vous être séparés, tu chantonnais à présent sur le chemin du retour. Tu passas devant une maison et une voix s'adressa à toi.
— Pauvre petite... Cet homme t'apportera le malheur.
L'entremetteuse du village te lança un regard plein de compassion avant de hocher la tête en silence. Tu l'ignoras et poursuivis ta route. C'était la première fois que tu ressentais une telle euphorie à imaginer l'avenir. Qu'importe ce qui arriverait, du moment que tu pouvais le revoir, tu serais heureuse.
Quelques années plus tard...
Lèvres scellées, tu avais attendu à son chevet. Grâce au travail acharné de Shinobu, sa vie avait pu être épargnée. Tu avais confiance en lui. Il se réveillerait bientôt, tu le savais.
— Démons..., marmonnas-tu avec rancœur.
Rengoku était fort, incroyablement fort. Mais la vision cauchemardesque de son état à la fin de sa dernière mission... Tu ne l'oublierais jamais.
Le message t'avait été transmis par l'intermédiaire d'un corbeau. L'oiseau s'était engouffré au beau milieu de la journée dans le restaurant, causant au passage une belle panique. Malgré tes années de bons services, ton patron avait réellement songé à te mettre à la porte. Cela n'aurait pas changé grand-chose... Après de plus plates excuses, tu avais simplement quitté à la hâte le restaurant pour te rendre chez la pourfendeuse dont la maison servait de lieu de récupération pour les membres de l'organisme clandestin. En arrivant, tu t'étais ruée dans les couloirs jusqu'à le trouver sur ce que tu avais cru être son lit de mort.
Tu ne t'étais pas enfuie quand il t'avait avoué la nature de son métier, alors pourquoi t'enfuirais-tu maintenant qu'il était devenu borgne et probablement estropié ? Il avait été le seul à t'emporter un peu de bonheur dans ce monde.
Tes pensées vagabondèrent au-dessus des rizières de tes souvenirs. Tu n'avais pas de parents et ne sauras jamais s'ils t'avaient abandonnée ou étaient simplement morts. Le vieux gérant du restaurant t'avait recueilli alors que tu errais près de la rivière, âgée de dix ans à peine. Être habile de tes mains était la seule possession à laquelle tu pouvais prétendre, aussi tu avais travaillé dès lors pour rembourser ta dette. Mais quand le vieil homme était mort et que son fils avait pris sa succession, ta situation s'était aggravée. Tu avais supporté ses attouchements et réflexions à longueur de journée. Il n'était jamais allé plus loin, tu avais toujours refusé catégoriquement.
Le jour où Rengoku avait débarqué sans prévenir pour te demander en mariage fut sans conteste le plus beau. Vous vous connaissiez depuis moins d'un an, mais tu avais tout de suite accepté sous le regard courroucé du gérant. Tu avais pensé dès lors à partir. L'occasion s'était enfin présentée.
Les larmes perlèrent, pendues au bout de tes cils. Tu les essuyas avec ta manche. Dans ton dos, la femme aux papillons t'observait.
— Tu dois te reposer, [t/n]-san.
Un sourire d'apparence froide témoignait d'une réelle inquiétude.
— Ce n'est pas bon pour ton corps.
— Le sien importe plus que le mien, affirmas-tu sur un ton résolu.
Là, tu saisis le linge flottant dans la bassine, l'essoras et le posas sur le front de ton bien-aimé pour faire baisser la fièvre. Même dans cet état, il se battait. Il n'avait pas encore renoncé à son devoir. Il se relèverait.
Démunie, Shinobu abandonna l'idée de te faire entendre raison et partit s'occuper de ses autres patients. Elle te connaissait têtue au point de devenir butée.
Tu serras la main moite dans les tiennes et prononças une prière ou bénédiction. Ainsi, tu espérais le préserver des mauvais esprits pour que sa nuit soit plus douce. Tu fredonnas un air semblable à une berceuse et allongée à ses côtés, ferma les yeux.
Une lumière aveuglante te réveilla. Quelqu'un t'avait porté jusqu'à ta chambre et bordée, à moins que... La tête dans le futon, tu respiras à pleins poumons l'odeur familière qui s'en dégageait et te levas d'un bond. Tu coulissas la porte à la volée et t'élanças dans le couloir.
— Ne cours pas ! s'alarma Shinobu devant qui tu passas en t'excusant.
Tu le retrouvas dans le jardin, assis dans les escaliers à regarder le ciel. Il tourna son visage vers toi. Malgré la cécité du gauche, ses yeux flamboyaient, plus ardents que le soleil qui vous baignait. Figée et le cœur palpitant, tu ne discernais plus le rêve de la réalité.
Il tapota la place à côté de lui. Une fois assise, le silence s'installa.
— Il fait beau ! Il semble que j'ai dormi longtemps !
Sa voix franche te fit flancher. Tu ouvris enfin la bouche.
— Rengoku-san... Pourquoi m'avoir choisi pour épouse... ? demandas-tu sur un ton brisé. Je n'ai ni grande ascendance ni richesse. Je ne peux ni t'aider ni t'accompagner sur la voie que tu empruntes. À quoi te sers-je... ?
Il combla le silence avant de s'exprimer à nouveau avec sincérité.
— Aucune idée !
Sous le choc, tu te contentas de regarder tes pieds pour éviter qu'il voie tes yeux humides.
— Mais..., souffla-t-il.
Sa main se leva pour se poser doucement à l'arrière de ta tête.
— Je reste persuadé que ce n'était pas erreur.
La joie déborda et inonda tes joues.
— Souris souris ! Je suis en vie, pardonne-moi de t'avoir fait attendre.
Tu cachas ton visage dans tes genoux en reniflant.
— J'ai cru que tu allais nous abandonner... Dieu merci... Merci...
— Bien sûr que je n'allais pas nous abandonner !
Tu relevas les yeux vers lui, muette. Il parut alors réaliser quelque chose. Dès lors, il se figea à nouveau.
— Rengoku...
Il ne dit rien.
— J'attends...
Toujours rien.
— Un enfant.
Son sourire demeura intact, sans vaciller. Il commençait à t'inquiéter.
— Rengoku ?
Il sembla se réveiller.
— Ah oui !
— J'attends un enfant.
— Et le mien pour sûr ! ajouta-t-il.
Replongé dans ses réflexions, tu ne savais quoi faire de cette nouvelle. Tu pensais qu'il serait heureux... Mais peut- être t'étais-tu en fin de compte trompée... ?
— [t/p] !
Tu sursautas.
— Oui !
Son visage rayonnait de bonheur.
— Tu dois arrêter de manger des crevettes !
Rengoku était persuadé depuis toujours que la coloration étrange des cheveux dans sa famille était due à une trop forte consommation de friture de crevette. D'après lui, un de ses ancêtres avait trop abusé d'ebiten, si bien qu'ils seraient devenus ainsi, un trait qui se serait ensuite transmis à ses descendants. Ne disposant d'aucune autre explication, tu avais accepté l'idée et t'étais volontiers pliée à ce régime, tout en ne te privant pas d'en rire à l'occasion.
Si tu souhaitais que l'enfant ressemble à son père, ce n'était pas le cas de ton mari qui préférait une fille. Comme il le disait si souvent : « j'ai déjà trouvé mon successeur, inutile ! ». Il priait avec une telle ferveur, que le soleil semblait l'avoir finalement entendu.
— Mes excuses, [t/p] ! On ne peut plus changer le passé, mais je suis de tout cœur avec toi. Hum ! Je resterai avec toi.
Il prit une grande inspiration.
— Je ne peux pas pousser pour toi, alors pousse pousse ! cria-t-il avec force et détermination. POUUUSSE !
— Faites-le sortir ! exigea la sage-femme.
Senjuro, ton beau-frère et cadet de la fratrie, parvint à tirer son grand frère hors de la pièce, tandis que le travail s'accentuait.
— Quelle idée de faire des enfants en cette période d'incertitude...
— Je veux être mère, haletas-tu entre deux poussées. Malgré le monde dans lequel nous vivons... je veux connaître ce bonheur.
— C'est le bon état esprit, approuva la vieille femme avec un mince sourire.
Quelques heures plus tard, tes yeux papillonnaient, la vue trouble. Tu t'étais endormie peu après l'aube, le travail a duré toute la nuit. À mes côtés, Rengoku berçait votre enfant, une petite fille. Il la scrutait avec une forme d'adoration mélangée à un peu de nervosité. Dès que tu bougeas, il abandonna cette dernière et sa main libre t'aida à te redresser. Il te tendit votre fille. Réveillée, elle réclama le sein et tu satisfis son appétit en la couvant du regard.
— Quel nom lui as-tu donné ? demanda Rengoku.
— Ruka...
Ruka. C'était le prénom de sa mère. Tu voulais la remercier d'avoir mis au monde un fils aussi gentil et généreux.
— Excellent choix, murmura Rengoku sous le coup de l'émotion.
Une ombre remua à la porte.
— Entre, Senjuro, l'invitas-tu.
D'un pas incertain, il s'approcha et s'assit avec vous. Son regard s'illumina quand la petite main de Ruka emprisonna son doigt.
— Et votre père... ?
Rengoku hocha négativement la tête. Bien que son sourire n'avait pas quitté son visage, tu sentais que la situation le pesait. Depuis la mort de sa femme, Shinjuro Rengoku s'était renfermé dans leur chambre et avait commencé à boire. Tu l'avais peu croisé et ces rares fois, vous vous étiez seulement salués. Tu espérais secrètement que l'arrivée de Ruka arrangerait les choses dans cette famille... Non... Ta famille.
Six mois déjà que Ruka était née, ton deuxième soleil dans ta vie. La convalescence de Rengoku achevée peu après sa naissance, il acceptait à nouveau les ordres de mission. Il partait souvent avec Tanjiro Kamado, son fameux successeur et bon garçon, ainsi que les deux amis inséparables de ce dernier. Quelque part, tu étais soulagée qu'il ne voyage pas seul... qu'il pouvait à présent compter sur quelqu'un. L'entraide face à l'adversité était la meilleure des armes.
Assise au bord du balcon, Ruka dormait à poings fermés sur tes genoux. Une ombre s'agrandit à côté de toi. Apercevant ton beau-père, tu t'apprêtas à te lever pour le laisser au calme, mais il te fit signe de ne pas bouger. Bouteille d'alcool en main, les lèvres en avalèrent une gorgée, d'abord silencieuses, puis...
— Mon fils Kyojuro est un imbécile. Il n'a pas le talent. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il se fasse tuer. Tu devrais te préparer.
— Il ne mourra pas, répondis-tu confiante.
— Alors il a épousé une sotte également.
— Ne voulez-vous pas aussi la fin des démons ?
Il ne dit rien, déglutissant à la place une nouvelle gorgée.
— Peut-être que votre fils n'est pas l'un de ces élus, accordas-tu, mais je reste persuadée que d'une façon ou d'une autre, sa volonté se transmettra, inébranlable. Les humains triompheront un jour des démons. Son existence... et ses actions... ne sont pas vaines. Tout comme les vôtres.
Il dévisagea ton enfant puis toi et tu maintins son regard irascible, sérieuse. Sa bouteille tendue devant lui, le liquide transparent s'égoutta sur la pelouse. Silencieux, il se leva. Avant de partir, il marqua néanmoins une pause.
— Cela... Seul l'avenir nous le dira.
Tu souris. C'était une maigre victoire, mais rien n'était encore perdu. Tes yeux pointés vers le ciel étoilé d'été, tu relus la lettre de Rengoku posée à côté de toi. Il t'informait revenir d'ici peu. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il était parti pour le village des forgerons. Tu allais vraiment finir par pincer les joues de ce Tanjiro pour ne pas prendre plus soin de son sabre. Il allait bientôt passer plus de temps que toi avec ton mari !
Mi-contrariée mi-amusée par cette pensée, tu soulevas ta fille dans tes bras. Il fallait aller dormir. Et qui sait ? Peut-être te le ramènera-t-il enfin ? Tu fredonnas un air joyeux pour office de berceuse. Il te tardait d'être demain.
Au tournant de l'angle, une légère brise lécha ton visage. Ton corps se figea. Un long frisson te parcourut l'échine, un mauvais pressentiment. Tu poursuivis malgré tout ta route d'un pas feutré et ouvris sans t'annoncer la porte de la chambre.
— [t/p]-san ?
— Cache-toi dans l'armoire et allume de l'encens, Senjuro.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-il inquiet.
— Vite... ! le pressas-tu en murmurant. Et ne sors pas... !
Bougie éteinte et dans le couloir, tu te hâtas de trouver ton beau-père. Il était un ancien pourfendeur, il avait sûrement conservé son sabre. Tu devais l'avertir.
Tu sentis la présence de quelqu'un dans ton dos et te retournas.
— Shin... !
Mais ce n'était pas Shinjuro. Instantanément, il captura ton regard. Malgré que ceux de ton mari soient singuliers, tu n'avais jamais croisé de pareils yeux, deux arcs-en-ciel figés pour l'éternité. Au centre était gravé un numéro : deux. Alors, tu compris.
— Je suis jaloux ! Avoir une femme aussi jolie...
Des sueurs commencèrent à perler sur ton front. Tout ton corps tremblait. D'où venait ce froid soudain ? Tu serras fort ta fille dans tes bras. Réveillée, elle s'agita. Le démon regarda goulûment cette dernière.
— Pauvre petite chose... À l'aube de sa vie...
Il te sourit, le reste d'un en-cas à la commissure des lèvres.
— Quelle belle nuit, n'est-ce pas ? Je suis Doma, enchanté !
Il souleva son chapeau et tu demeuras clouée sur place, incapable de fuir ou de crier. Ta respiration inaudible, tu avais l'impression que tes poumons se gelaient au fil des interminables secondes.
— Tu ne parles pas beaucoup ! C'est plutôt une qualité. Je t'ai aussi entendu chanter dehors tout à l'heure. Tu ne veux pas chanter pour moi ?
— Partez...
Mais il ignora ta supplique et s'approcha de toi. Son visage à ta hauteur, il s'extasia.
— Waouh ! Tu me rappelles vraiment une femme que j'ai connue. J'ai pensé la garder à mes côtés, mais elle était trop intuitive, alors je l'ai mangée. Elle aussi serrait son enfant comme tu le fais.
— S'il vous plaît...
Il t'ignora encore et s'assit en tailleur à tes pieds, poing contre sa joue.
— Tu es seule ?
— E-Et ma fille, balbutias-tu.
Il tira une mine ennuyée.
— Comment faire ?! s'exclama-t-il sur un ton dramatique. Je n'ai besoin que de l'une d'entre vous.
— A-Au moins elle...
Il se releva d'un bond et posa son index sur tes lèvres. Une larme dévala ta joue.
— Chuuut. Ne pleure pas. Je n'aime pas les pleurs.
— S'il vous plaît..., supplias-tu encore. Au moins elle...
— Cela m'arrangerait aussi ! Les femmes sont plus nutritives ! Vois-tu... Tu es la seule à pouvoir transmettre mon message.
Tu relevas lentement le menton.
— Seigneur Muzan s'impatiente, si je ne fais pas quelque chose, ma tête va vraiment finir par tomber. Il faut le voir en colère, il... Hein ? Où vas-tu ? Bah. Je peux bien lui laisser un peu d'avance...
Dans une tentative désespérée, tu étais parvenue à actionner tes membres. Tu devais t'éloigner d'ici, même si c'était vain. Peut-être... ! Quelqu'un !
Tu claquas la porte arrière de la résidence et t'élanças dans la ruelle. NON ! Tu ne devais pas impliquer des innocents. La rivière, elle effacera ton odeur !
Tu quittas la route, mais à peine tu fis un pas dans les herbes qu'une chose te frappa. Tes jambes coupées valsèrent plus loin. Tombée, tu dévalas la colline, la tête rentrée et tes bras autour de ta fille en pleurs pour la protéger.
— Ah là, là... Ce n'est pas poli de partir quand une personne te parle.
Gémissante de douleur, tu sentis qu'on te la tirait des bras et tu crias, résistas.
— Allez, soit gentille.
Le démon te l'arracha et tu hurlas. Un bruit de craquement d'os brisé puis de chair déchirée se succédèrent. Le sang éclaboussa ton kimono. Puis Doma relâcha le corps de ta fille. Elle avait cessé de pleurer.
— Quel gâchis ! déclara-t-il en se léchant les doigts. Enfin, c'est la vie ! Au moins, même s'y elle ne connaîtra pas le Paradis, je lui ai épargné bien des souffrances ! Maintenant, mon message...
● PDV extérieur ●
[t/p] fut retrouvée seule le lendemain dans le fossé, berçant le corps sans vie de sa fille.
— Elle a froid, marmonnait-elle inlassablement. Je dois la couvrir.
La police conclut à une attaque de bête sauvage. Soignée puis ramenée chez elle, son mari rentré s'était précipité vers elle. Cependant, elle ne semblait plus le voir. La lumière vivace de ses yeux s'était éteinte, des yeux de poisson mort ne serait pas loin de la vérité. Une dispute éclata alors entre le père et l'aîné, irréconciliables. Le père s'était absenté pour acheter de l'alcool, tandis que l'aîné terminait sa mission. Le cadet, quant à lui, était demeuré caché comme lui avait ordonné [t/p], ce qui lui avait sauvé la vie.
Personne n'aurait pu prévenir ce drame. Comment le démon, une lune supérieure, avait pu trouver la résidence familiale demeurait un mystère. Seul subsistait le message laissé par Doma à l'adresse des pourfendeurs : une « amaryllis bleue » contre la promesse du Paradis.
Alitée depuis, Rengoku restait aux côtés de [t/p], attentif à la moindre sollicitation pour l'aider. [t/p] avait réellement réalisé la mort de leur fille, leur unique enfant, quand pour la première fois, elle avait vu le sourire de son mari se faner.
Après une éternité, elle sortit enfin du silence.
— Si les divinités existent, marmonna-t-elle ce jour, je pense avoir fait quelque chose de mal pour qu'elles me punissent ainsi... Et qu'elles refusent d'entendre mes prières.
Délirante, elle tendit la main au-dessus d'elle, tentant d'attraper quelque chose d'invisible.
— C'est donc ça... J'aurais dû la croire... ! J'aurais dû... rester loin de toi.
Les poings de Rengoku se serrèrent. Son regard brûlait d'une flamme nouvelle. Il n'avait pas su protéger la femme qu'il aimait. Il n'avait pas su protéger leur enfant.
Il saisit son sabre et se leva. À l'embrasure de la porte, il posa sa main sur l'épaule de son petit frère.
— Veille sur elle, Senjuro.
— Où vas-tu, grand frère... ?
Ses yeux s'embrasèrent, effrayants.
— Accomplir mon devoir.
https://youtu.be/5_VQ-hU8HQY
N/A
Il est là ! Bon anniversaire, tydogy_dabi ! Avec ce recueil, c'est beaucoup de premières fois ; première fanfiction Demon Slayer, sur Rengoku, bad ending... Dans l'espérance d'avoir répondu à tes attentes, ou au moins que tu as passé un « agréable » moment. (・ω<)☆
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