___ Killer x fem!reader
> ALLIANCE <
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𝙲𝙷𝙾𝙸𝚇 :
𝙼𝚘𝚍𝚎𝚛𝚗 𝙰𝚄 𝚂𝚘𝚞𝚕𝚖𝚊𝚝𝚎𝚜
𝙴𝚗𝚗𝚎𝚖𝚒𝚎𝚜 𝚝𝚘 𝙻𝚘𝚟𝚎𝚛𝚜
𝙰𝚗𝚐𝚜𝚝🍏, 𝙷𝚊𝚙𝚙𝚢 𝙴𝚗𝚍
Ton téléphone vibra pour la vingtième fois depuis ton arrivée au boulot. Un coup d'œil rapide à l'affichage te confirma l'identité inchangée de son auteur.
— Elle abuse...
Voilà deux heures que ta mère te rappelait ton rendez-vous arrangé de ce midi, soit une moyenne d'un message toutes les six minutes. Elle n'en démordait pas malgré ton refus, tu devais aller rencontrer ce type.
Sur cette Terre, le concept d'âme sœur était une réalité. Le hasard profilant trop bien les choses, tes parents s'étaient eux-mêmes littéralement tombés dessus à la sortie d'une supérette. Fraîchement diplômés, se passer la bague au doigt après trois mois de relation relevait d'une pratique courante.
Si pour beaucoup, la promesse du bonheur était la quête d'une vie, tu avais traité trop d'affaires sordides pour partager cet avis. Malgré la tendance à naître non loin l'une de l'autre ou le magnétisme inconscient à se rapprocher, la perspective de trouver sa jumelle parmi huit milliards d'individus décourageait. Persuadés que chercher une aiguille dans une botte de foin serait plus simple, beaucoup décidaient de fonder une famille avec une personne de leur propre choix. Alors quand le destin sonnait soudain à leur porte, cela se résultait souvent par un crime passionnel, et toujours par des vies déchirées.
Lasse, tu te laissas basculer en arrière contre ton dossier. Tu ne doutais pas de la bonne volonté d'une mère à aider sa fille en âge d'avoir trois gosses à l'école. Tu aurais juste voulu qu'elle respecte ton choix de te retirer du marché au lieu de s'acharner.
— Encore ta maternelle ?
— Qui d'autre ?
Ton ami chirurgien ouvrit avec minutie la carcasse du macchabée allongé sur la table. Tu profitais de tes pauses pour lui tenir compagnie, bien que ta présence le dérangeait plus qu'autre chose. Tes yeux passèrent de sa mine renfrognée à la bague cloutée à son doigt.
— Dit, Law. Tu l'as rencontré comment ton mec ?
Tout en continuant son opération au scalpel, il te répondit sur un ton égal.
— Je ne mélange pas vie privée et boulot, lieutenante [t/n].
— Cachottier. Il appartient à un gang pour que tu refuses de nous le présenter ?
— Et ton coéquipier ? changea-t-il de sujet.
— Perdu, comme à son habitude.
Il pouffe de dédain.
— Ton patron tolère ses retards ?
— Il met cela sur le compte d'un souci génétique, alors il lui pardonne. Pour la peine, il est toujours le dernier à déposer son arme de service le soir.
Tu regardes ta montre avant de te lever.
— Il faut que j'y retourne.
— Et pour ton rendez-vous galant ? Tu vas y aller ?
La main sur la poignée, tu lui adressas un sourire narquois.
— « Je ne mélange pas vie privée et boulot. »
Puis tu quittas les lieux qui te donnaient toujours autant la chair de poule. Tes parents avaient sans doute raison de s'inquiéter. Quelle personne saine d'esprit voudrait travailler entourée de morts toute la journée ? Cela avait de quoi remettre en question la qualité de tes fréquentations.
● ● ●
Marre. Tu en avais marre. Et la qualité de la nourriture avalée ne parviendrait pas à refouler ce sentiment d'impatience qui fourmillait dans tes fesses. Tu en avais marre de jouer à la gentille fille qui continuait elle aussi et malgré tout d'espérer tomber sur la bonne personne. Mais là, la démarche était dénuée de toute forme de romantisme. Même la quantité de bière ingurgitée ne rendait pas la compagnie de ce type plus agréable.
Le plat de résistance fut à peine servi que tu inspiras profondément.
— Mon frère d'un an mon aîné se faisait racketter à l'école. Un jour, j'en ai eu assez de le voir rentrer défiguré et en pleure, alors j'ai pris entre huit yeux ses harceleurs et les ai roués de coups. C'est à ce moment-là que j'ai découvert que j'aimai venir en aide aux plus faibles, mais surtout botter les culs de ceux qui le méritent. Naturellement, j'ai rejoint les rangs de la police et me considère aujourd'hui mariée à mon boulot. Aussi, il va de soi que je ne lâcherai pas mon job pour croupir en femme au foyer. Je n'aime pas non plus les enfants, ils crient, chialent, coûtent un bras à l'entretien, et je suppose sans me tromper que la planète est déjà suffisamment à l'agonie pour pondre davantage. Je ronfle, n'hésite pas à dire ce que je pense quitte à prononcer des vérités fâcheuses, comme celle où j'ai la fervente impression de perdre mon temps avec un pervers qui a lorgné sur mon décolleté durant toute l'entrée. Mais l'erreur est humaine, pas vrai ?
Satisfaite par l'expression incrédule que t'adressa le type aux sourcils d'escargot, tu décidas qu'il était l'heure pour toi de tirer ta révérence. Au moment où tu sortis guillerette du restaurant sous un ciel gris, un bip t'annonça le début de réunion.
— Merde...
Tu arrivas essoufflée, ta plaque de travers. À pas feutrés, tu te glissas derrière tes collègues pour te frayer une place. Cependant, le regard perçant de ton patron ne te manqua pas. Tu t'excusas donc platement et pinças les lèvres. Les tables disposées en « U », tu te concentras sur la projection.
— Comme vous le savez, les passeurs cherchent sans cesse à se réinventer. C'est pourquoi les trafiquants ont mis sur le marché une nouvelle drogue.
La diapositive suivante montra en gros plan le cliché d'une pomme. Personne n'osa lancer de vanne. Le « Faucon » de son ancien nom de code n'était pas quelqu'un qui aimait rire.
— Les SMILE sont sans conteste à l'origine de crises sanitaires dans de nombreux pays. Au-delà d'une forte hausse de la mortalité, ses séquelles sur le système nerveux sont irréversibles.
Une mosaïque de photos défilèrent sous tes yeux et ceux de tes collègues. L'estomac retourné, tu baissas finalement ton regard, suivie par d'autres.
— Comportements apathiques et violents, hystérie, mais aussi paralysies multiples... ne sont que des aperçus des conséquences sur ses victimes.
Le capitaine pesa ses derniers mots sur plusieurs secondes de silence.
— Plusieurs informateurs nous ont confirmé que le trafic a aujourd'hui franchi nos frontières... et que son berceau s'est implanté ici, dans notre ville. Si nous échouons, les bas quartiers ne tarderont pas à tomber sous leur joug. Un incendie que nous nous devons de prévenir.
Deux portraits apparurent, aucun ne t'était inconnu. Tu ravalas ta bile. Pour avoir tricotée avec leurs subalternes au cours de plusieurs enquêtes, tu reconnaissais qu'ils n'étaient pas des enfants de cœurs.
— Les premières pistes portent nos soupçons sur le gang des Kid Pirates. Beaucoup connaissent déjà leur chef surnommé allègrement « Kidd », ainsi que celui de son second qui dissimule son identité sous un casque, « Killer », bien que nous la supposons. Un règlement de compte a certes coûté un bras à leur tête, mais ne doutez pas une seule seconde de leur dangerosité. Ils se sont imposés ces dernières années comme leaders. Trafic d'armes, prostitution, braquages, braconnage... La liste de leurs méfaits n'est pas suffisamment longue, et le business des SMILE est un commerce qui rapporte gros.
L'atmosphère dans la salle était lourde. Tu étouffais, car tu pressentais la suite.
— Lieutenant Roronoa, lieutenante [t/n], je vous confie l'affaire et par déclinaison, le commandement des opérations.
La sentence était tombée. Si tu comprenais les raisons du choix de ton patron, dont ton expérience et tes connaissances accumulées sur le gang, cela ne t'empêcha pas à cet instant d'avoir l'envie de te chier dessus. Jamais tu n'avais endossé une pareille responsabilité. Tu ne te sentais pas les épaules suffisamment larges. C'était une bande organisée, là ! Et non des racailles à qui tu avais remodelé la figure au collège !
Tu en étais maintenant sûre. Si le capitaine Mihawk ne voulait pas ta peau, les Kid Pirates s'en chargeraient.
● ● ●
Ton avancement sur tes autres affaires fut désastreux cet après-midi-là. Tu décidas donc de t'attaquer à l'épais dossier de la nouvelle que ton patron t'avait transmis. Discrète, tu en fis une copie à l'imprimante pour la rapporter chez toi. Tu l'épluchas toute la soirée sur le sol de ton salon, ordinateur sur les genoux et part de pizza en bouche. Concentrée, tu n'entendis pas ton téléphone qui vibrait furieusement à côté de toi. Tes recherches aboutirent finalement sur une adresse, à priori celle d'un vieil entrepôt où une branche du réseau des Kid Pirates avait été démantelée.
— Eurêka !
Tu bondis sur tes pieds en frétillant. Tu saisis ton manteau et une fois chaussée, tu sortis de chez toi. Dehors, une voix au-dessus de ta tête t'arrêta.
— Hey ! Tu vas où ?!
Comble de l'ironie, ton coéquipier habitait le même immeuble que toi. Tu le suspectais parfois de te surveiller comme s'il craignait que tu commettes la bêtise irréparable.
— Faire du repérage !
Il te somma d'attendre, puis te rejoignit essoufflé au pied du bâtiment deux minutes plus tard.
— Tu as avisé le capitaine ?
— Pour qu'il refuse ? Sans façon, j'y vais en civil.
— Tu as conscience que tu es sur l'affaire depuis même pas une semaine et que ça pue déjà ?
— Roooh... Quel rabat-joie ! Merci de me soutenir !
— T'es plus casse-cou que mon ancien coéquipier...
— Il fait quoi maintenant d'ailleurs ?
— Plus grand-chose depuis qu'il a été troué.
Un blanc plomba l'ambiance. Tu bredouillas des excuses.
— Je serai prudente, ajoutas-tu.
— Bof, je te connais et j'y crois pas trop. Et tu n'iras pas seule, je t'accompagne.
— Eh ben. On peut dire que la confiance règne, partenaire.
Tu acceptas et vous décidâtes de prendre ta voiture. Portières claquées et ceintures bouclées, tu plissas néanmoins du nez en démarrant.
— Tu empestes l'alcool. Tu es sûr d'être en état de venir ? Je te promets que si tu vomis, je te laisse sur le bord de la chaussée.
— Et tu as réussi à décrocher ton diplôme avec une mentalité pareille ? T'inquiète. Tes conneries me font dessoûler de toute façon.
Tu freinas brusquement et Zoro eut un haut-le-cœur.
— Désolée ! Tu peux arrêter de me déconcentrer ?
Trois quarts d'heure plus tard, tu coupas le moteur sur le bas-côté, derrière l'entrepôt. De ta voiture, tu observas le bâtiment. Ton premier constat te conforta dans l'idée que vous étiez les seules âmes qui vivent ici. Ton coéquipier dut arriver à la même conclusion, car il sortit le premier de l'habitacle.
— Au moindre signe, on se replie. Compris ?
— Et si c'est un rat ?
— [t/p].
Tu râlas, mais acceptas toutefois sa condition. Inutile de tenter le diable, tu n'assumerais pas. Qui avait eu l'idée de venir déjà ?
— On y va ?
Vous longeâtes le mur sans bruit.
— Il n'y a pas un chat...
Sous une fenêtre au carreau brisé, vous scrutâtes l'intérieur, puis Zoro passa son bras à travers le trou et tourna le verrou.
— Lucky !
Vous entrâtes dans le local sans difficulté et allumâtes les lampes torches de vos téléphones.
— Hahaha... Et dire que dans les séries policières, les commissaires brandissent leur arme tendue, bien en évidence. Qui fait ça ?
— Tu es obligée de parler tout le temps ? souffla ton coéquipier derrière toi.
— Je suis stressée. Faire du terrain, c'est bien. Mais dans un lieu abandonné et de nuit, c'est crépi.
— Pourquoi tu as voulu venir alors ?
— Affronter ses peurs pour les surmonter, tu connais ?
Soudain, une sonnerie retentit.
Psycho Killer, qu'est-ce que c'est ♫
Fa fa fa fa fa fa fa fa fa far better ♪
Run run run run run run run away ♫
Psycho Killer, qu'est-ce que [...]
— Merde !
Tu réagissais enfin. Quelle gourde ! Tu n'étais pourtant plus une débutante !
Tu t'empressas de ramasser ton téléphone qui t'avait échappé dans un sursaut. L'écran fissuré affichait sans surprise le numéro de ta mère. Tu n'avais pas jugé utile de lui annoncer que tu avais écourté le rendez-vous de la journée et de façon peu élégante de surcroit.
— Lâche-moi un peu, maman... !
Le son coupé, tu te relevas et te retournas.
— Pardon, Zo... ro ?
Personne derrière toi. Tu étais seule. Quand l'acier froid pressa ta gorge, tu sus qu'il était trop tard. L'entrepôt n'était pas si désinfecté finalement.
● PDV extérieur ●
Quand Killer pressa son couteau contre la gorge de la fouineuse, il s'attendait à tout, sauf à cette réaction. La femme hurla à lui vriller les tympans, puis s'évanouit tout bonnement. Par réflexe, il la rattrapa avant qu'elle s'écrasât au sol. Dans une position forte inconfortable, il la portait maintenant à pli de coudes sous les aisselles pour éviter de lui lacérer le visage avec ses faucilles.
— Un vrai tueur !
Le second homme apparut devant lui. Ce dernier traînait par la cheville l'autre intrus qu'il avait gentiment invité à pioncer. Cependant, « Le Massacreur » n'avait pas détaché son regard de la femme, frappé par le trouble.
— Elle...
— Quoi ? Elle t'a tapé dans l'œil ? Ce serait bien la première fois.
— C'est elle, fafafa.
Hilare, son ami se moqua royalement de la situation cocasse.
— Sérieusement ?!
Killer dévisagea encore la femme. Son corps n'exprimait aucun doute. Une attirance physique et soudaine qui vous clouait sur place au point d'oublier le reste. Le sentiment d'avoir retrouvé la partie qui vous avait toujours manqué, d'être enfin complet. C'était puissant, un appel à la fois bestial et vital à se lier par toutes les façons possibles et imaginables à cette personne à peine rencontrée. Par raison inductive et intuitive, pour ne plus la perdre.
— D'après ce que j'ai entendu, elle a été en effet taillée sur mesure pour toi ! Les mêmes goûts de chiotte en musique !
— Il n'y a rien de drôle, Kidd, fafafafafa !
L'expression du chef de gang changea du tout au tout. Elle devint subitement froide et dure.
— Tu as raison. Nous ne fricotons pas avec les flics.
● PDV reader ●
Tu repris lentement connaissance. L'esprit embrumé, la lumière pendue au plafond te grilla les yeux et ne t'aida pas à remettre tes idées confuses en place. Où étais-tu ? D'abord, tu notas que tu étais assise sur une chaise, bras ligotés dans le dos pour t'éviter de tomber, quelle délicate prévenance... Plus sérieusement, tu venais de récolter assez pour cauchemarder durant des mois.
— La belle se réveille, on dirait, s'enchanta une voix éraillée.
Ouah, un compliment dès le lever, cela n'arrivait jamais. Toujours dans le pâté, ton attention se focalisa sur la tête de balais à brosse devant toi. Quelqu'un avait renversé un pot de peinture rouge dessus. Et vu l'identité de ladite tête, ce quelqu'un n'avait pas dû s'en sortir vivant. Là, tu avais vraiment gaffé.
— Vous savez que séquestrer une personne est passible d'emprisonnement ?
— Depuis quand les flics s'intéressent enfin aux basses gens ?
— Pardon ?
Il jeta ta plaque à tes pieds. Ils avaient visiblement fouillé ta voiture.
— Qui t'a payée ? Je connais les véreux dans ton genre. Toujours à guetter tels des chacals. Ça vous plaît de jouer au gentil toutou ? COMBIEN ON VOUS A PAYÉS ?!
— Kidd, fafafa.
Cet écho de voix déclencha un frisson en toi. Elle résonna familière, mais tu ignorais si c'était une bonne chose ou non.
— Je ne vous suis pas... Et puis c'est quoi ce rire ? Vous allez me sortir toute la gamme ou quoi ?
Tu devenais arrogante que pour éviter de te pisser dessus. Et Zoro ? Tu remarquas la silhouette étendue par terre, à deux pas de toi. L'avait-il tué ? Par ta faute, était-il... ?
— Ne me provoque pas. Les têtes d'oiseau dans ton genre, on les zigouille.
L'avertissement fit mouche. Un vent glacial te parcourut l'échine et quelques gouttes mouillèrent ta culotte. Qu'allait-il t'arriver maintenant ? Allaient-ils te torturer ? Et pour quel motif ? En avait-il besoin d'un ?
Sans t'en rendre compte, tu avais serré les poings si fort dans ton dos que tes doigts bleuirent sous des yeux spectateurs. Combative et quitte à crever, tu voulais au moins connaître le fin fond de l'affaire. Ta poitrine se secoua d'un rire sinistre.
— J'en attendais pas moins de vous. Répandre le poison dans l'existence des autres ne vous satisfait pas. Il a fallu aussi que vous trempiez vos magouilles dans la drogue. Les SMILE, cela vous parle ?
— Je ne veux pas t'entendre prononcer cette saloperie ! C'est pour elle que tu es là ?! Les flics nous soupçonnent ? Évidemment ! Mais laisse-moi t'apprendre une chose, nous sommes les victimes ici !
— Oh. Et j'imagine que le trafic d'armes, la prostitution, les braquages et le braconnage, c'est aussi du pipeau ? Tu t'es payé la prothèse de ton bras avec l'aumône, peut-être ?
Les veines de ton interlocuteur grossirent à vue d'œil. Tu avais touché une corde sensible.
— Je t'accorde que les armes, ça nous connaît. Mais pour le reste, c'était pas nous ! Tu nous croiras sans doute pas, mais nous respectons un code d'honneur !
— Va le raconter aux morts et à ceux dont les vies ont été détruites ! t'époumonas-tu.
Tu avais lu les rapports, ta main en avait rédigé beaucoup. Des dossiers agrémentés de photos, les cadavres qui s'empilaient à la morgue étaient bien réels eux ! Ils étaient tous écorchés à l'arme blanche de leur symbole, un crâne enflammé et perforé par deux couteaux ! Qu'ils osent se déclarer innocents !
Vidé de son énergie, ton corps s'affaissa. Tes heures de sommeil en moins commençaient à tirer, en plus de ta situation catastrophique actuelle qui incendiait tous tes nerfs. S'ils devaient te faire disparaître, qu'ils le fassent et vite ! Laisser nourrir l'espoir alors que l'issue serait sans conteste fatale était la pire des tortures...
Ce fut alors qu'une ombre baraquée passa à côté de toi. Tu n'avais pas senti sa présence avant qu'il se présente devant toi, le bras droit casqué de Kidd. En réalité, cet homme était suffisamment lâche pour se cacher de ses crimes sous un masque.
— Nous avons été piégés. On nous a fait porter le chapeau de méfaits dont nous n'étions pas les auteurs.
Cette voix à nouveau, l'aura qu'il dégageait te laissa un instant coi.
— Donc on t'a donné le nom « Killer » parce que ça déchirait ? Ai-je l'air d'une cruche ?
— De la légitime défense. Je ne l'ai pas accepté par plaisir, fafafafafa.
Son rire particulier te déglinguait. Tu contenais ta colère et en même temps, quelque chose dans son attitude, sa posture, faisait bouillonner ton corps. Oui, il te rendait folle.
— Bien entendu. « De la légitime défense », la carte habituelle pour justifier un meurtre.
Il ne releva pas, te donnant ainsi raison. Si tu sentais son regard te brûler la peau, tu ne pouvais que défier les opercules étroits et ronds, ceux derrière lesquels tu supposais se trouver ses yeux.
— L'homme que tu cherches s'appelle Kaido.
— Killer !
— Nous avons besoin de leur aide, capitaine. J'ose espérer que la corruption n'a pas encore gangrené tous leurs rangs. Vous le savez comme moi que certains sont dignes de confiance, fafafa. Nous n'y arriverons pas seuls.
Le poing de Kidd heurta le mur. L'horrible craquement t'indiqua qu'il s'était sûrement brisé une ou plusieurs phalanges. La bague cloutée à l'une d'elles attira ton attention. Celle-ci se reporta cependant très vite sur Killer qui s'était remis en mouvement. Il s'approcha de toi et tu retins ton souffle.
Tu n'étais pas quelqu'un de lent à la détente. Pourtant, lorsqu'il retira son casque et plaqua sa frange décousue en arrière, tu compris l'étendue de ta bêtise. De longs cheveux blonds et sauvages qui t'appelaient à les dompter. Des cils recourbés bordant des yeux bleus d'une clarté pure et non prompte au jugement qui te regardait dans ton entièreté. Une fine barbe sous le menton qui aguichait tes sens. Et surtout, des bras musclés qui saurait te serrer avec force, mais tendresse.
Les signaux étaient déjà là, mais ton inconscient avait préféré les éluder, galvanisé par les valeurs que tu défendais. Son choix de se présenter à toi referma l'étau. Un contact visuel soutenu entre vous, et tout doute s'évapora. Quand la raison te percuta, tes lèvres articulèrent des sons malgré toi.
— Le destin est une sale p*te.
Il était ton âme sœur.
— Tu t'attendais certainement à mieux, je suis navré.
Sonnée, tu ne répondis rien, car rien ne pourrait t'apporter le début d'une quelconque consolation. Malgré tes maigres espoirs, tu avais toujours souhaité, au moins, que l'homme de ta vie serait une personne droite. Tu t'accrochas à son sourire figé et dérangeant pour ne pas fléchir. Tu étais tombée bien bas, mais jamais autant que quand cette personne se révéla davantage à toi sur la cause de dernier.
— La séquelle commune à tous les consommateurs de SMILE est une paralysie faciale. Qu'importe ce que nous ressentons, nous sommes condamnés à rire le reste de notre vie. Les crises sont convulsives et douloureuses. Nous avons tous perdu le droit d'exprimer notre peine, notre colère, fafa... Alors ne doute pas un seul instant de notre volonté quand nous te disons que nous voulons plus que tout mettre à terme à ce trafic, fafafa. Nous ne pouvons pas guérir, mais nous ne souhaitons à personne de subir le même sort, fafafafafa. S'il te plaît, fafafafa. Fafafafafa... Fa...
Bien que son visage tordu de rire l'empêcha de continuer, tu lus dans ses yeux humides une profonde honte qu'il cacha bientôt avec sa main en se détournant de toi. Là encore, cela ne suffit pas à étouffer les expirations spasmodiques. Il était tout simplement incapable de s'arrêter. D'autres ombres se levèrent une à une, des membres de Kid Pirates. Tous étaient atteints par ces symptômes similaires. Quels faits ignorais-tu ? La scène semblait irréelle. Tu avais l'impression d'avoir cette fois plongé les pieds dans une affaire bien plus complexe que tu ne le croyais. Tu ressentis un vif besoin de faire quelque chose, de te rendre utile. Pour les victimes du SMILE, et même le soleil haut dans le ciel, le cauchemar ne s'arrêtait jamais.
— Laissez-nous partir, moi et mon ami. Nous retenir ici n'arrangera rien.
● ● ●
La pâle aurore blanchissait l'horizon. Main dans la poche, tu remuais sur place pour te réchauffer en terminant ta cigarette. Tu te les réservais uniquement pour les grandes occasions, comme celles où cette nuit, tu avais échappé une fois de plus à la mort. Une petite voix te murmurait que l'armoire à glace à tes côtés n'aurait pourtant jamais approuvé un tel dénouement. Ce dernier d'ailleurs en T-shirt marine, tu le jalousais d'être aussi vigoureux. Zoro piquait son meilleur somme sur ta banquette arrière, et tu savais Kidd parti avec le reste de ses hommes pour leur QG dont tu n'avais appris que le nom : le « Victoria Punk ». Quelle soirée étrange. Les Kid Pirates avaient prouvé leur bonne foi en vous relâchant presque sans une égratignure. Tu t'étais peut-être après tout trompée sur leur compte. Cela méritait bien une enquête approfondie.
— Rien à faire, je n'arrive pas à concevoir d'être raccompagnée chez moi par le bras droit des Kid Pirates. J'ai constitué tout un dossier sur vous, vous savez. J'ai aussi épluché ton cas. Ce n'est pas dangereux ? Tu m'as quand même confirmé ton identité ! Je connais ta taille, ton poids, la date de ton anniversaire, tes anciennes relations et ton palmarès sportif en outre. Punaise, tu m'expliques comment un prodige de la gymnastique finit malfrat ? Je doute même si c'est conventionnel ou non que je sois au courant de tout ça sur toi, alors que ma mère s'évertue depuis si longtemps à... laisse tomber. Si je dois à l'avenir changer de job, ce sera ta faute.
Tu continuas ta tirade. Tu ignorais pourquoi la compagnie d'un homme te rendait si nerveuse ni pourquoi Killer ne t'avait toujours pas collé un pain pour te faire taire. Avec un surnom pareil, tu commençais réellement à croire qu'il l'avait usurpé. À moins que votre lien te conférait vraiment l'immunité ?
— Pour la bague, je suis allergique au plaqué. Donc le jour où tu te décideras, j'en veux une toute en or. Aussi, pas besoin de fantasy, j'apprécie la simplicité.
— Fafafafafa. Dois-je transmettre au capitaine que tu vas nous aider ?
Son rire n'était pas si désagréable après tout. Il te surprit à s'adresser à toi sur un ton doux. Tu n'étais pas un chien qui fuirait la queue entre les jambes. Tu affronterais de front ce destin, déciderais par toi-même si ce bonheur promis en vaut le coup. Et puis au moins, tes parents n'auront plus à s'inquiéter à présent pour ta vie sentimentale. Ou si.
— Cela ne me plaît pas vraiment, mais oui, faut croire. Si ce Kaido est bel et bien le responsable de ces atrocités, on doit l'empêcher de faire plus de mal.
— Parce que nous-je suis ton...
— Non, le coupas-tu tout de suite en écrasant ton mégot. Cependant, bien que cela ne paye pas de mine et que cela ne vous innocente pas de tout crime, je sais reconnaître la sincérité. Vois-le comme un super pouvoir.
Tu gloussas à ta mauvaise blague. Il était temps que tu regagnes ton lit après toute cette excitation... Dès demain, tu rendras visite à Law, ce sera un bon début. Tu trépignais à l'idée de lui tirer les vers du nez.
Ton cœur frémit lorsque Killer effleura ton épaule sans réussir à prononcer des remerciements. Tu n'eus pas non plus peur quand à la place, ses doigts dessinèrent le contour de ta mâchoire avant de capturer ton menton. Vos regards accrochés l'un à l'autre et dans un accord muet, il se pencha pour poser ses lèvres sur ton front. La chaleur contracta délicieusement ton ventre. Une petite pointe de frustration naquit en son sein lorsque le baiser prit fin.
— Fafafa ! Il me tarde de commencer notre collaboration, lieutenante [t/n].
https://youtu.be/dJ6fjGS1lRg
N/A
Première fanfiction sur Killer et One Piece tout court, autant dire que je n'étais pas très assurée au début. ☆o(><;)○ J'espère néanmoins qu'elle vous a plu ! ♡( ^ ◡ ^ )
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