Sebaciel - Déclarations Polaires

Le paquebot était en train de couler, et le jeune homme se retenait à la bouée de sauvetage que son démon lui avait enfilé avant de sombrer lui aussi. Ciel tremblait, ses muscles étaient tétanisés par la température glaciale de l'océan Arctique. Le souffle du garçon se faisait de plus en plus court alors que l'inquiétude de ne pas voir Sebastian refaire surface s'installait dans son esprit. Pourquoi le démon ne revenait-il pas ? Sa blessure avait-elle eut raison de lui ? Allait-il également mourir dans ces eaux polaires ? Il était désormais trop tard pour le noble qui n'avait plus la moindre once d'énergie : et l'inconscience le gagnait alors qu'il se laissait involontairement couler vers les profondeurs de l'océan.

Le jeune homme pensait à son majordome, qui n'était toujours pas là. Il aurait au moins souhaité pourvoir lui dire au revoir, savoir qu'il allait bien et qu'il avait survécu à la faux de la mort. Il revit Sebastian si faible... Le noble ne comprenait pas. Sa vie était en danger, il allait bientôt se noyer, et pourtant, seul Sebastian occupait ses pensées. Était-ce là une nouvelle manifestation de cet amour qu'il s'était découvert pour son démon ?

Sa vision commençait à devenir floue, et le jeune n'arrivait presque plus à se retenir de respirer, lorsqu'il sentit quelque chose l'attraper par le col. Il était remonté vers la surface, et même si la poigne ferme l'étranglait légèrement, il ne pensait qu'à une chose. Est-ce Sebastian ? Va-t-il bien ? M'a-t-il encore sauvé la vie ?

Le froid du vent fut un choc pour le comte, alors qu'il se sentait soulevé pour être placé dans la barque. Son col ne l'étranglait plus, et il se mit à tousser et inspirer au maximum pour reprendre de l'air. Il ne voyait toujours pas nettement, mais le besoin de savoir si c'était bien Sebastian était plus fort que tout. La frustration fit alors place au soulagement en entendant cette voix si familière, si réconfortante. Il ne pouvait pas encore le voir, mais il en était sûr. Son démon était bien vivant.

_ Je suis désolé d'avoir mis si longtemps monsieur. La barque était à moitié détruite et avait coulée très profondément avec le navire.

_ Ce n'est rien. Je... ATTENTION DERRIÈRE TOI !

Le noble n'eut pas le temps de crier autre chose que plusieurs créatures réanimées se jetaient sur le démon, le faisant de nouveau disparaître sous la surface. Dans la nuit, le comte voyait à peine se qu'il se passait. Lorsque le corps de son majordome réapparut, il ne fallut pas plus d'une seconde pour que le jeune homme l'attrape et le tire vers la barque. Le démon surprit avait vu ce qui arrivait, mais n'eut rien le temps de dire qu'il sentit son maître le tirer dans le but de le faire sortir de l'eau.

Il était évident pour la bête qu'il protégerait mieux son maître de cette façon, et se retourna pour monter d'un saut dans la barque. Il posa sa veste sur les épaules du jeune noble, avant de le coucher entre ses jambes, dans le fond de la coque. Ciel était perdu, surprit, et voulu rétorquer au diable qu'il n'avait à le traiter comme ça, lorsque les monstres arrivèrent et se jetèrent de nouveau sur le démon. Il se recroquevillait sentant leur moyen de sauvetage trembler, bringuebaler dans tous les sens. Ciel avait la nausée, mais il entendait les coups, et le souffle de Sebastian qui perdait de sa régularité à mesure que les créatures tombaient. Le temps sembla interminable, puis le silence.

Le comte osa relever la tête pour voir son démon, debout au-dessus de lui, toujours prêt au cas où une de ces choses aurait survécue. Sebastian se décala alors, libérant son jeune contractant, et se laissa tomber à genoux, toussant et crachant de son sang démoniaque. Ciel était plus inquiet qu'il n'aurait jamais voulu l'admettre, et se précipita pour s'agenouiller près de son serviteur.

_ Sebastian !

_ Je suis désolé... de me montrer à vous dans un tel état. C'est... indigne du majordome... de la maison Phantom...

_ Tais-toi ! Est-ce que ça va ? Je ne t'avais jamais vu dans un tel état.

_ La faux de la mort est mortelle, même pour les démons.

_ Mais tu vas guérir, n'est-ce pas ?

Le démon tourna son visage pour détailler celui emplit de peur de son cadet. Le comte avait peur pour lui ? Une douce chaleur se propagea dans le corps du démon. Il avait développé des sentiments pour cet humain, et pensait n'être qu'un simple pion pour lui, mais peut-être se trompait-il ? Peut-être que, sans partager les même sentiments, le noble avait tout de même un peu de sympathie à son égard ? Il soupira de fatigue et d'espoir, offrant au comte un petit sourire sincère, et non l'un de ses habituels sourires moqueurs.

_ Il n'a rien touché... de vital, malgré l'aspect impressionnant de la blessure. Cela va prendre du temps, mais je guérirai my Lord. Et je vous rappel que je ne peux... vous mentir monsieur.

_ Donc tout va bien. Tu vas bien.

Le comte se jeta sur le démon pour le serrer contre lui, étonnant la bête. Sebastian hésitait entre serrer le comte lui aussi et rester là, sans rien faire. Après tout il était un démon, et son majordome, avait-il le droit d'enlacer lui aussi le garçon ?

_ Ne m'abandonne jamais Sebastian. C'est un ordre.

_ Yes. Yes my Lord.

_ Et tu as raison. Un majordome de la maison Phantomhive ne peut pas se montrer dans cet état. Tu as fait du bon travail aujourd'hui. Tu te reposeras en rentrant au manoir.

_ Monsieur... Arrêtez. Je ne voudrais pas avoir à subir un orage en plus.

Le comte se tourna vers le démon. Sebastian venait-il de lui faire comprendre que recevoir de l'attention de sa part était rare à ce point ? Le majordome quant à lui savait son maître très intelligent, et il avait peur d'être allé trop loin en prononçant ces mots. pourtant, Ciel ne se renferma pas comme il l'aurait habituellement fait. Un petit rire lui échappa, et de nouveau il regarda le démon.

_ Depuis quand as-tu peur d'un simple orage Sebastian ?

_ Depuis que mes forces m'ont abandonné, que nous sommes dans un milieu hostile pour vous, et que je ne puis vous dire exactement quand les secours arriveront.

_ Et toi ? Tu crois que tu es le seul à te faire du soucis pour la santé de l'autre ?

La discussion avait prit une tournure beaucoup plus sérieuse que les deux ne l'avaient imaginé, et les yeux carmins fixaient ceux vairons du garçon, avec une intensité plus forte qu'à l'ordinaire.

_ Vous ne devriez pas vous en faire pour un être tel que moi monsieur.

_ Et pourquoi ne le pourrais-je pas ? Tu n'es pas que mon majordome Sebastian. Et tu le sais mieux que quiconque...

_ Justement. Je suis aussi votre diable, et ma priorité est votre sécurité et votre santé, même si mon enveloppe charnelle devait...

_ STOP ! Je refuse de t'entendre dire ça une fois de plus !

_ Mais monsieur...

_ Pas de mais. Quand je dis que tu n'es pas simplement mon majordome, je ne veux pas parler de ta nature Sebastian.

_ Mais de quoi parlez-vous dans ce cas ?

_ Sebastian... Peut importe ce que je te dis, tu resteras à mes côtés, n'est-ce pas ?

_ Bien sûr monsieur.

_ Je...

Le noble fut coupé par une corne marine. Les deux compères levèrent les yeux pour voir arriver devant eux un autre paquebot, destiné à leur sauvetage. Ciel fit volte-face pour finir de dire ce qu'il avait entamé, mais le démon était déjà debout, prêt à porter son maître pour qu'il atteigne l'échelle de secours.

_ Monsieur, si vous pouvez enfiler ma veste, je vais faire les ourlets. Vous pourrez monter sans peine ensuite.

_ Oui.

Sebastian regardait faire l'enfant, le couvant du regard. Puis se mit accroupi pour faire les ourlets comme annoncé précédemment. Il porta le garçon et l'aida à atteindre l'échelle, puis le regarda grimper et être hissé sur le pont par les sauveteurs. Ce fut ensuite à son tour, et il vit son maître se pencher pour le voir monter. Le démon leva le bras, mais une douleur vive le prit à l'abdomen. Il faisait un effort trop important pour sa blessure, mais serra les dents et s'accrocha à l'échelle. Une fois hissé lui aussi sur le pont, le démon ignora son contractant pour aller se poser dans un endroit isolé des autres survivants.

Ciel lui emboîtait le pas pour le rejoindre lorsqu'une tornade blonde lui sauta dessus en pleurs. Le comte rageait, sa cousine lui demandait de l'attention et du réconfort, alors que c'était à son majordome, encore plus pâle que d'ordinaire, qu'il voulait en apporter. Il croisa le regard brun-rouge du démon, et fus surpris par son manque d'éclat. Aussitôt le jeune repoussa la marquise pour venir se placer près du démon.

_ Sebastian ? Qu'est-ce que tu as ?!

La marquise s'approcha également et fut choquée par l'état du majordome. Lui qui était toujours si bien portant, et d'une telle prestance, ressemblait à cet instant à un homme mourant, presque cadavérique. Alors que Ciel commençait à déboutonner la chemise du démon, n'obtenant pas de réponse, Elizabeth était partie chercher les infirmiers pour s'occuper en urgence du majordome.

***

Ciel faisait les cents pas dans le couloir, devant sa cabine. Il attendait que le médecin sorte enfin lui donner des nouvelles, lorsque la porte s'ouvrit. Le vieil homme détailla le comte un instant, réalisant son âge et lisant toute la peur sur son visage, puis baissa les yeux. S'en fut trop pour Ciel qui entra en trombe dans la cabine et referma la porte à clé derrière lui. Sebastian était endormi sur le grand lit double, pâle, si pâle... Le comte s'approcha et prit dans sa main celle de son serviteur, qui ouvrit les yeux au doux contact.

_ Monsieur ?

_ Sebastian... J'annule mon ordre.

_ De... quel ordre... parlez-vous ?

_ Sers-toi de tes pouvoirs, fais ce qu'il faut pour guérir.

_ J'ai été vu par le... médecin, et il repassera... tous les jours. Je ne peux pas... me régénérer sans que cela vous mette... dans une position délicate.

_ Je m'en moque. Fais-le, c'est mon nouvel ordre.

_ Je refuse. Vous serez enfermé pour avoir osé... pactiser avec un démon.

_ Et bien qu'ils m'enferment ! Tu viendras me chercher.

_ Je refuse... monsieur.

_ Tu oses désobéir à mon ordre ?! Mais pourquoi ?!

_ Parce que je vous aime. Et je ne veux pas... Que vous soyez blessé... Par ma faute.

_ Si tu te laisse mourir, je serais bien plus que blessé.

_ Monsieur...

_ Moi aussi je t'aime. Alors guérit vite, je te l'ordonne encore une fois. Et je ne me répéterai pas.

_ Vous êtes inconscient.

_ Une fois rétablit tu me protégeras. Je te fais confiance.

Le démon n'ayant plus d'autre choix ferma les yeux et exécuta l'ordre de son maître, se servant de ses pouvoirs pour commencer à régénérer sa blessure. Sa respiration était redevenue régulière, et déjà son teint se normalisait. Ses yeux se rouvrirent de stupeur lorsqu'il sentit une douce caresse sur sa joue, puis une main jouer tendrement dans ses cheveux de jais.

_ Tu vas déjà mieux. ça se voit.

_ Je ne vais pas régénérer complètement monsieur. Le médecin pensera que la blessure était plus impressionnante qu'elle n'en avait l'air. Et vous ne serez pas en danger.

_ D'accord. faisons comme ça alors.

Le comte caressa de nouveau la joue du démon, observant ses yeux qui retrouvaient leur éclat, profitant de la douceur de sa peau sous ses doigts. C'est alors que Sebastian attrapa doucement la main du garçon, avant de la porter à sa bouche pour l'embrasser. Ciel ne savait plus où se mettre, et les rougeurs sur ses joues ne trompaient pas quant à sa gêne.

_ Vous êtes glacé my Lord. Laissez-moi vous faire couler un bain chaud et...

_ Hors de question. Tu restes allongé et tu te reposes. Je vais dormir avec toi, ça me réchauffera.

_ Je suppose que je n'arriverais pas à vous dissuader.

_ Non en effet.

Le majordome soupira, tapotant l palace à côté de lui, et le noble retira vite fait ses vêtements, arrachant quelques boutons, pour se lover contre le corps de son serviteur. Le corbeau attrapa son homologue et le colla à lui, l'entourant de ses bras dans une étreinte protectrice.

_ Vous devriez dormir monsieur. Vous en avez besoin. Je veillerai sur vous cette nuit.

_ Vielle sur moi pour toujours Sebastian. Et je ferai de même avec toi.

Le corbeau et son maître se fixèrent un moment, admirant les trait de l'autre, jusqu'à ce que Ciel réponde à la question silencieuse de son majordome. Celui-ci s'empara alors des lèvres du plus jeune et l'embrassa tendrement et amoureusement, faisant gémir subrepticement ce-dernier. Le comte se calla finalement tout contre l'adulte, le serrant lui aussi.

_ Je t'aime Sebastian.

_ Je vous aime aussi monsieur.

_ Appelle-moi Ciel lorsque nous sommes seuls.

_ Très bien. Dans ce cas, dors mon Ciel. Et fais de veaux rêves.

_ Merci. Bonne nuit Sebastian.

Oui, cette journée avait était éprouvante, mais finalement, le bonheur semblait de nouveau à sa portée, et le jeune homme n'hésiterait pas à en profiter au maximum, aux côtés de son majordome démoniaque. Le comte ré-embrassa une deuxième fois le corbeau, avant de plonger dans les bras de Morphée, un véritable sourire aux lèvres, provoquant également celui de son diable d'amant.

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