Sebaciel - Captivité

Il faisait noir tout autour de lui, et il fallut un moment au comte pour reprendre ses esprits. Il se releva et se mit à marcher dans le noir, surpris de ne pas être attaché. Quelque chose clochait, et le jeune homme le savait bien. Jamais il n'avait été enlevé et laissé libre de ses mouvements. Ciel avait une envie folle d'appeler son démon, mais il ne savait pas ce que l'on attendait de lui, et il préférait garder l'atout Sebastian dans sa manche.

Le temps passait, et le jeune noble était toujours plongé dans le noir, ne sachant plus depuis combien de temps il était retenu captif. Il avait mal au ventre à force de jeûner, et avait déjà libéré plusieurs fois son estomac. Le comte ne supportait plus le noir et commençait à perdre la raison. Pourtant, il ne voulait toujours pas faire appel au pacte, ne connaissant toujours pas l'identité de son agresseur.

Ciel : À ton avis Ciel, qu'est-ce qu'ils te veulent ?

Ciel : Hmm... Sûrement te rendre fou, mais sa ne fonctionnera jamais.

Ciel : ... Je commence à me parler seul... Rien ne va plus.

Le comte avait attendu encore ce qui lui sembla une éternité, quand on vint ouvrir la pièce vide dans laquelle il était retenu. La lumière lui fit mal aux yeux, mais le jeune homme passa outre, se concentrant sur la silhouette qui venait vers lui. C'était un homme aux cheveux blanc, aux yeux violets, et tout de blanc vêtu. Son instinct lui criait de se méfier de cette personne.

Ciel : Qui êtes-vous ?

Ash : Je me nomme Ash. Je suis un ange. Je suis déçu. Cela fait maintenant 17 jours et vous n'avez toujours pas appelé le démon.

Malgré son malaise et son sentiment de mourir à petit feu, Ciel se félicitait de ne pas avoir céder à la tentation et appelé Sebastian. Il serait tombé dans le piège lui aussi.

Ciel : Qu'est-ce que vous lui voulez ?

Ash : Je veux qu'il meurt, et qu'il arrête de se mêler de mes affaires.

Ciel : Ces disparitions... C'était vous ?

Ash : Je vois que tu es encore assez lucide après plus de deux semaines. Peut-être devrais-je te laisser de nouveau dans le noir. Si l'envie te prend d'appeler le démon, fais-le, il ne pourra jamais te trouver autrement puisque j'ai caché ton odeur et ton aura. Bonne chance !

Ciel : Attendez ! Pourquoi faites-vous ça ?!

Ash : Si tu crois que je suis assez idiot pour te le dire... Je t'apporterai peut-être un petit peu à manger ce soir. Au revoir !

De nouveau le noir, et l'attente. Le soir venu, l'ange revint et apporta à manger à Ciel, mais c'était bien trop peu pour rassasier le garçon, et le jeune homme se refusa à manger la nourriture venant de cette chose. Il eut cependant le droit à de la lumière le temps de manger, et vit le couteau sur le plateau.

Quand Ash arriva pour récupérer le plateau, le jeune comte lui planta le couteau dans l'œil avant de fuir sa cellule en courant. Il était faible et se sentait de plus en plus mal, mais il se força à courir, encore et encore, s'éloignant de plus en plus de la maisonnette perdue au milieu de rien.

Le comte s'enfonçait toujours plus dans la forêt, et il finit par se laisser tomber à bout de forces, à la limite de la crise d'asthme. Sans tarder il murmura le prénom de son majordome, avant de sombrer dans l'inconscience.

***

Le soleil vint chatouiller le nez du jeune homme, qui se leva prestement, regardant partout autour de lui. Il n'eut pas le temps de bouger qu'on le serrait et il réalisa alors qu'il était dans sa chambre, et dans les bras de Sebastian.

Ciel : S-Sebastian... ?

Sebastian : Monsieur...

Le démon resserra l'étreinte, tout en faisant attention à ne pas faire mal au jeune homme, qui était extrêmement maigre et couverts d'écorchures. Le soleil était trop fort pour le comte qui avait passé plus de deux semaines dans le noir, alors il ferma les yeux avant de serrer lui aussi son majordome, ce qui surprit fortement la créature.

Sebastian : Où étiez-vous ? Que vous est-il arrivé ? Pourquoi ne m'avez-vous pas appelé ?

Ciel : Je ne sais pas où j'étais, mais j'étais retenu par un ange. Il m'a enfermé sans nourriture et dans le noir pendant presque deux semaines. J'avais juste assez de quoi vivre et ne pas mourir...

Sebastian : Chez un ange ?

Ciel : Je ne savais pas qui m'avait enlevé. Ce n'était pas comme les enlèvements habituels, alors je ne voulais pas risquer de te mettre en danger aussi. Et j'ai bien fais. Il voulait que je t'appelle. Il avait tout prévu pour te piéger.

Sebastian : Monsieur...

Sous les yeux étonnés du comte, son majordome se laissa tomber au sol, la tête sur ses genoux et entourant sa taille de ses bras.

Sebastian : Vous n'imaginez pas à quel point j'ai eu peur monsieur. Quand je vous ai entendu m'appeler... J'ai accouru aussi vite que je le pouvais. Et vous retrouver bien vivant... Vous auriez dû m'appeler, même si c'était un piège contre moi. Votre vie est bien plus importante.

Le comte attendrit commença à caresser doucement la chevelure soyeuse du corbeau. Il sourit au léger soupir de satisfaction que laissa échapper son majordome.

Ciel : Non, tu as tord. Ma vie n'est pas plus importante que la tienne Sebastian.

Le jeune noble se pencha lors pour poser son front contre les cheveux du démon, et se lâcha pour évacuer toute sa peur, sa douleur et le mal-être qu'il avait de nouveau ressentit.

Ciel : Tu m'as manqué Sebastian !

Le démon releva doucement la tête, pour laisser le temps à son maître de se relever aussi et fis face au visage en pleur du garçon. Le voir dans cet état lui fit mal au cœur, lui rappelant les sentiments qu'il s'était découvert pour son maître en l'absence de ce-dernier. Il voulait réconforter son maître, mais ses sentiments parlèrent pour lui.

Ciel était toujours accroché à la veste du démon quand il sentit quelques chose de chaud, salé et mouillé sur ses lèvres. Il ouvrit les yeux pour voir que Sebastian l'embrassait. En tant normal, le comte aurait giflé son majordome pour avoir osé faire une telle chose, mais il se sentait si bien en cet instant, il aimait tant sentir les lèvres de son domestique.

Sebastian finit par se détacher du comte pour le laisser respirer. Le jeune homme attrapait la cravate de Sebastian pour reprendre ses lèvres quand une grande explosion retentit dans tout le manoir. Le démon soupira d'énervement.

Sebastian : Ce doit encore être Bard qui a fait exploser la cuisine. Je reviens tout de suite monsieur.

Ciel : Oui. Je t'attends.

Le temps passait, mais Sebastian ne revenait toujours pas. Le jeune maître des lieux, commençant à s'inquiéter de l'absence de son domestique, se leva pour aller jusque dans la cuisine. Elle était dans un état impeccable, mais il n'y avait aucune trace des domestiques. Le jeune noble fit un tour complet du manoir, observant même les jardins et la cour intérieure, mais il ne vit personne. Inquiet, il enfila un manteau assez chaud pour aller voir dans les écuries, et vit qu'il manquait une charrette.

Cela faisait maintenant deux heures que le comte était seul dans le manoir à tourner en rond. Il se demandait où étaient partis ses domestiques et pourquoi ils ne l'avaient pas prévenus. Mais ce qui inquiétait le plus le comte, c'est que Sebastian lui avait dit qu'il revenait tout de suite, hors le démon ne mentait jamais. Il avait forcément du se passer quelque chose, et cela ne rassurait pas du tout le jeune homme. Épuisé par la fatigue et le stress, le garçon s'endormit sur un fauteuil dans l'un de ses innombrables salons.

Il était 23 heures quand le comte rouvrit les yeux. Se remémorant les évènements précédant sa sieste, il se leva pour refaire d'un tour du manoir, qu'il constata vide, encore. Il soupira d'ennui et commençait sérieusement à perdre patience. L'attente devenait insoutenable, et l'ignorance était bien pire.

Lorsqu'il entendit la porte d'entrée du manoir s'ouvrir une heure plus tard, il se précipita dans le hall, oubliant toute prudence. Le premier des domestiques à rentrer fut la femme de chambre, salement amochée, puis Bard et Finny entrèrent, pas forcément en meilleur état. Enfin Sebastian fit son apparition, et referma la porte à double tour derrière lui. Les quatre domestiques firent face au comte qui était à la fois soulagé de les voir, en colère de savoir qu'ils étaient partis sans rien dire, et curieux de savoir pourquoi ils étaient dans un tel état.

May : Monsieur ! Nous sommes désolés d'être partis sans prévenir, mais l'explosion de tout à l'heure était une attaque du manoir.

Sebastian : C'était Ash monsieur. Il avait posé une sorte de rituel sur vous et cela l'a conduit jusqu'au manoir. Malheureusement il n'était pas seul et nous avons dû anéantir la menace et traquer ceux qui s'étaient enfuis.

Je titubais légèrement au nom de mon geôlier. Il était même venu nous attaquer directement au manoir ? Je tremblais à cette idée, mais réalisais que j'étais parfaitement en sécurité avec mes domestiques. Ceux-ci semblaient tous épuisés, même mon majordome.

Moi : Merci beaucoup. Vous pouvez tous aller vous soigner et vous reposer. Demain vous aurez une journée de repos.

Finny : Merci monsieur ! Mais vous devez quand même manger !

Sebastian : Monsieur a raison. Je me charge du repas. Vous vous êtes admirablement battus cet après-midi. Ces anges ne pourront plus jamais s'en prendre au jeune maître grâce à vous. Bon travail. Reposez-vous maintenant.

Les domestiques partirent tous, nous laissant seuls Sebastian et moi. Il était amoché lui aussi, mais j'étais si soulagé de le voir que je le serrais contre moi. Je lui pris ensuite la main pour le conduire jusque dans ma chambre, où je l'asseyais sur mon lit avant d'aller chercher quelques cotons et un peu d'alcool pour désinfecter ses plaies.

Moi : Je me suis inquiété.

Sebastian : Pardon monsieur. Mais nous n'avions pas le temps de vous prévenir puisque certains anges avaient déjà fuis.

Moi : Tu vas bien. C'est le principal.

Sebastian : Monsieur...

Moi : Je t'aime Sebastian.

Sans attendre sa réponse je posais les cotons dans une bassine et attrapais sa cravate pour l'embrasser. Décidément le contact avec ses lèvres était vraiment très agréable.

Sebastian : Je vous aime aussi monsieur. Et vous ne risquez plus rien de la part de ce groupe d'anges.

Moi : D'ailleurs, tu as dis que c'était un ange devant les domestiques tout à l'heure.

Sebastian : Ils étaient plusieurs anges contre nous. J'ai dû les mettre au courant de leur nature et de la mienne, tout en leur apprenant comment vaincre une de ses créatures.

Moi : Donc ils sont au courant pour toi ?

Sebastian : Oui, mais je leur ai aussi dit que j'étais amoureux de vous, et que , par conséquent, il m'est désormais impossible de dévorer votre âme.

Moi : Donc... Nous pouvons être ensembles ?

Sebastian : Les autres nous soutiennent et sont heureux pour nous. Alors si vous le souhaitez monsieur, j'accepte d'être officiellement votre compagnon.

Moi : Bien. Dors avec moi ce soir. Demain nous contacterons ma cousine pour annuler nos fiançailles. Et j'enverrai un courrier à Sa Majesté pour demander notre union officielle.

Bien qu'étonné de la rapidité de son maître, Sebastian acquiesça et vint se glisser dans la couche du comte, après s'être dévêtit. Ciel se colla aussitôt au démon, une fois de plus surprit, mais celui-ci rendit immédiatement son étreinte au jeune homme. Ils passèrent un moment simplement collés l'un à l'autre, chacun profitant de la chaleur et de la présence de son amour près de lui. Puis le comte brisa le silence pour demander un baiser au démon.

N'attendant que ça depuis le début, sans oser brusquer son maître, Sebastian fondit sur la bouche tant attendue. Le plus âgé passa sa langue sur les fines lèvres sucrées du plus jeune, perturbant quelque peu ce-dernier qui ne savait pas quoi faire, tout en appréciant ce geste que venait de faire son majordome. Le démon lui susurra alors d'ouvrir sa bouche, laissant perplexe le comte qui fit cependant ce que lui demandait le corbeau. Il n'en fallut pas plus pour que la langue taquine du démon passe la barrière de chair pour retrouver sa jumelle et l'entraîner dans une sensuel ballet.

Les deux amants se recouchèrent l'un contre l'autre et Ciel finit par s'endormir. Il ne fit pas de cauchemar cette nuit là, ni la suivante. Désormais auprès de celui qu'il aimait, son protecteur, le comte n'eut plus jamais peur du noir, bercé par le souffle lent et les battements de cœur du corbeau.

— THE END —

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