Sebaciel - Abandon
Ciel avait fait le tour de sa suite plusieurs fois, avait invoqué le pacte et s'était finalement rendu compte que son pentagramme était devenu terne, presque totalement translucide, laissant réapparaitre la couleur bleue de son œil. Le jeune compte avait été abandonné par son majordome. Le regard froid, déçu et cachant une profonde colère. C'était bien là la dernière chose qu'il avait vu de son majordome.
Le petit comte vint s'assoir sur l'un des canapés de sa suite, les jambes flageolantes. Son corps entier tremblait, étant même parfois prit de soubresauts. Ciel ne pouvait pas se laisser aller pour si peu. Il devait résonner comme il le faisait si bien. Il était seul, dans la suite d'un hôtel de luxe en France, âgé de seulement treize ans. Il fallait qu'il trouve le moyen de rentrer en Angleterre, c'était ça le plus urgent : rentrer chez-lui.
Une fraction de seconde, le jeune comte pensa que sans Sebastian à ses côtés, même au manoir, il ne serait plus réellement chez lui, mais il balaya cette idée tout aussi rapidement qu'elle était arrivée. Sebastian avait trahit sa promesse, leur pacte, sa propre parole. Il l'avait tout simplement abandonné en terre étrangère, il lui avait mentit. Le comte n'avait pas besoin de lui, plus besoin était un terme plus juste.
Après avoir dressé la liste mentale des tâches qu'il devait accomplir pour rentrer chez lui, Ciel fit couler un bain et se lavait, avant de retourner à sa chambre pour s'habiller. Cette tâche avait été très fastidieuse pour le jeune homme. Vingt-sept minutes... Le temps qu'il lui avait fallu pour être habillé correctement. Il n'était pas présentable, loin de là, simplement habillé correctement. Il lui fallut douze minutes supplémentaire pour réussir à fixer son cache-oeil, et le comte se regarda ensuite dans le miroir. Un profond soupir de tristesse sortit en trémolo du fond de sa gorge. Il n'était pas question qu'il craque.
Bien décidé à rester fort, le garçon se rendit dans la cuisine de sa suite. Il se mit à faire bouillir l'eau, souhaitant se faire un thé. Il se retourna pour accéder au bon placard quand il remarqua l'argenterie. Tous les couverts étaient là, ceux étincelants du service habituel, mais aussi les couteaux plus aiguisés qui servaient d'arme au diable en temps normal. la gorge du comte se noua, mais il refusait toujours de craquer.
Après s'être brûlé et coupé en préparant ses tartines, le comte mangea comme il le pu à cause de sa perte d'appétit. Il entendait d'ici son majordome : "Allons monsieur, il ne serait pas raisonnable de débuter votre journée le ventre vide." Cette image du démon provoqua comme un vide chez le comte. Vide qui fut rapidement comblé par une puissante colère. Il envoya valser son petit déjeuner du revers de la main, pestant et criant contre son majordome qui avait disparu. Sebastian pouvait en être sûr, il recevrait une correction exemplaire lorsqu'il reviendrait ! ... Si seulement il décidait de revenir.
Face à cette constatation, les larmes montèrent aux yeux du jeune Lord. Pourquoi pleurait-il ainsi l'abandon du démon ? C'était insensé ! La vie s'ouvrait enfin à lui, il pourrait épouser Elizabeth, avoir des enfants, développer son empire du jouet, vieillir aux côtés de sa femme, de sa famille, ... Pourtant, cette perspective lui laissait un goût amer.
Le jeune secoua la tête et entreprit de ranger ses vêtements et affaires dans sa valise. Il avait soupiré contre ses vêtements mal pliés qui allaient se froisser, puis pesté quand il lui fallut user de toute sa force pour fermer la maudite valise. Quand il essayait finalement de la soulever et qu'elle lui glissa des mains pour lui écraser le pied, le jeune comte gémit de douleur avant de donner un coup de pied dedans, par pure rage. Il s'effondra en pleure, désespéré, quand la douleur inonda son pied.
L'horloge affichait dix heures trente-quatre, cela faisait seulement une heure et quelque que le noble se retrouvait seul, mais il était déjà à bout de force. Il implora le démon de revenir hurlant son nom tel un chien pleurant la mort de son maître. Drôle de situation, pensa-t-il, puisque son serviteur portait le nom de son défunt chien. Les rôles était désormais inversés, sauf que Sebastian était tou simplement partit.
Après avoir pleuré, le comte prit une heure de plus pour ranger la suite et fermer la deuxième valise qui comprenait le service à the et le matériel que le démon avait apporté. En faisant un dernier tour de verification, Ciel fut étonné devoir que les lunettes et les gants du majordome étaient resté dans la suite. En y repensant le fait que l'argenterie soit complète était plus étrange encore. Le noble fit tenté de laisser les affaires du démon ici, mais il se résigna. Un petit papier tomba quand il attrapa les gants, il était écrit des choses dessus, mais Ciel remit le papier dans les gants et enferma le tout dans la valise. Il ne restait plus qu'à tour descendre.
Il n'avait pas la force de tout porter. Alors il demanda à l'intendant de l'hôtel de lui envoyé un majordome qui vint prendre les valises. Ciel détailla l'homme, dans une tenue semblable à celle de Sebastian. Il ne pu s'empêcher de trouver que l'uniforme allait beaucoup mieux au démon. Il retint de justesse un soupire, et arriva au comptoir.
Hotelier : Monsieur le comte, vous partez ?
Ciel : Oui. Je rentre en Angleterre. Merci pour vos services. Au re...
Hotelier : Attendez. Vous devez payer.
Ciel : Sebastian n'a pas payé ?
Hotelier : Eh bien non. Votre majordome avait dit qu'il payerai aujourd'hui au moment de votre départ. Ou est-il d'ailleurs ?
Ciel : Je ne sais pas... Je vous paierai une fois rentré chez moi.
Hotelier : Ce n'est pas possible monsieur.
Ciel : Mais c'est Sebastian qui a de l'argent sur lui. Pas moi...
Hotelier : Je suis désolé monsieur.. Je suis seulement un employé. Et puis, si vous avez pas d'argent, vous allez rentré comment en Angleterre ?
Ciel : ...
Hotelier : Bon. Je vais demander à mon patron. Vous pouvez aller attendre dans le salon privé derriere.
Ciel : Merci.
Il était à présent assis par terre, dans une ruelle adjacente au port. Le maître d'hôtel l'avait chassé lorsqu'il avait refusé de donner sa bague comme gage de paiement. Frigorifié, le jeune homme se remit à pleurer. Est-ce ainsi qu'il allait mourir ? Mort de froid et de faim parce que Sebastian était partit ?
Le comte leva soudain la tête. Il avait cru étendre la voix du démon l'appeler. Il regarda autour de lui, et pleura de plus belle en ne voyant personne. Il murmura le nom du démon, entre deux sanglots, plus sous forme de soupir triste. C'est alors que des pas précipités arrivèrent vers lui. Il leva de nouveau les yeux pour voir cette silhouette noire élancée juste au dessus de lui.
Ciel n'eut pas le temps de comprendre qu'il était dans les bras de son majordome, qui le serrait contre lui.
Sebastian : Mais pourquoi êtes-vous partit seul ?!
Ciel : Tu m'as abandonné !
Sebastian : Bien sur que non. Nous en avons parlé hier soir monsieur.
Ciel : De quoi tu parles ? On s'est disputé. Tu étais en colère et tu es partit.
Sebastian : Monsieur, j'étais en colère parce que vous avez laissé ces nobles vous faire boire alors que vous êtes jeune. Vous étiez ivre.
Ciel : Mais tu es partit quand même ! Tu m'as laissé tombé !
Sebastian : Si nous sommes venu en France monsieur, c'est parce que j'ai un ami démon qui pouvait m'aider à comprendre mes symptômes. Vous ne vous souvenez donc de rien ?
Le comte commençait à se souvenir. Sebastian avait raison. Cela faisait un moment qu'il souffrait apparemment sans savoir de quoi. C'était la raison première de leur venue en France. Le cœur du jeune se mit à battre la chamade, soulagé, et il enlaça de plus belle son domestique.
Ciel : Je me souviens maintenant. Pardonne-moi. Mais pourquoi le pacte ne fonctionnait plus ?
Sebastian : J'étais trop éloigné de vous. Ce pourquoi vous deviez rester sagement dans la suite et attendre mon retour. Je vous avais même laissé un mot.
Ciel : Je l'ai vu. Mais je ne l'ai pas lu... je ne me souvenais de rien.
Sebastian : Monsieur...
Ciel : Alors, tu as trouvé de quoi tu souffres ? C'est grave ?
Sebastian : Ça n'a pas d'importance. Rentrons monsieur. Vous êtes gelé.
Ciel : Si tu es malade j'ai le droit de savoir Sebastian.
Comprenant bien que son maître allait le lui ordonner, le diable décida de lui dire.
Sebastian : Je suis amoureux monsieur.
Ciel : Étonnant venant de toi.
Sebastian : Je le sais bien.
Ciel : Qui est-ce ? Je la connais ?
Sebastian : Ce n'est pas une femme monsieur. Et je vous le direz peut-être un jour, lorsque vous aurez grandit encore un peu.
Ciel : Pourquoi pas maintenant ?
Sebastian : Parce que je souhaiterais pouvoir laisser le temps faire son œuvre, et conquérir le cœur de cette personne avant de vous dévoiler son identité.
Ciel : Tu resteras toujours avec moi Sebastian, n'est-ce pas ? Je t'interdis de m'abandonner ! C'est un ordre.
Sebastian : Yes my Lord.
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