Autre - La Fin
La porte se referme, et mes yeux fixent ta nuque. Tu es dos à moi, ne me fais pas face, et j'admire cette musculature parfaite qui a toujours été tienne. Les secondes s'écoulent, le temps passe indubitablement, et plus je te regarde plus le vide prend place en moi.
C'est cet instant que tu choisis pour faire volte-face, et lorsque tes yeux vairons viennent croiser les miens, le temps reprend soudain son court. La douleur au fond de ma poitrine me semble plus forte que jamais, et mes iris humides quittent ton visage pour se poser sur mes mains, serrant les draps involontairement.
Le silence est lourd, pesant, dramatique, et je n'ose pas affronter ton regard. Je ne veux pas y lire cette souffrance que tu dois ressentir également. Le monde autour de moi s'écroule, ta seule présence dans la pièce me rappelle tout ce que je suis en train de perdre, tout ce bonheur que nous aurions dû partager. Tout cet amour que nous nous portons et qui ne pourra plus jamais être exprimé.
Je sens le matelas qui s'affaisse alors que ta main chaude, grande, puissante vient enserrer la mienne pour lui offrir des caresses d'une infinie douceur. Tu m'as toujours protégé, traité comme la chose la plus précieuse et fragile du monde. Mais aujourd'hui cette fragilité se révèle vraie, et cela me fait plus mal que jamais.
Ta main libre vent frôler ma joue, et je détourne de plus belle mon visage du tiens. Je me sens faible, je me sens lâche, mais par-dessus tout, j'ai l'impression cruelle et terrible de te trahir. Toi qui a toujours été là, toi qui seras toujours là lorsque le dernier souffle de vie quittera mon corps.
J'étais seule, perdue, et tu es arrivé. Toi qui avait tout d'une bête, tu m'as offert un véritable conte de fée, et aujourd'hui, alors que nous n'avons pas encore atteint le dixième de ce qu'aurait dû être notre vie, mon corps me fait défaut.
Comment pourrais-je te regarder ? Comment pourrais-tu me pardonner de te quitter si tôt et de façon si brutale ? Moi-même je me sens horrible, et t'infliger ma faiblesse humaine ne me fait que plus de mal encore.
Tes doigts passent finalement sous mon menton et tu relèves mon visage vers le tiens. Nos yeux se croisent une fois de plus. Ces yeux qui m'ont tant fais rêver, et qui sont aujourd'hui inondés de larmes. Un nouveau choc pour moi. Toi, si puissant, si fort, mon protecteur, qui me laisse voir pour la première et dernière fois ce spectacle horrifique.
Je ne peux plus le supporter, s'en est trop, cette douleur qui me détruit de l'intérieur est trop profonde, je ne sais pas comment la faire taire. Et c'est ainsi, dans un hurlement de désespoir que mon visage vient s'enfoncer au creux de ton cou pour te sentir, te toucher, essayer d'échapper à cet immanquable dénouement.
Je te sens me serrer contre toi, je sens les tremblements de ton corps, j'entends les sanglots étouffés au fond de ta gorge, tes gémissements de peine. Pourquoi a-t-il fallut que ça tombe sur toi, sur nous ? Tu aurais dû avoir le droit de vivre heureux, tu aurais dû avoir un happy end, j'aurais mieux fait de passer mon chemin et te laisser la possibilité d'un avenir meilleur.
Les sanglots éclatent et je te serre de plus belle contre moi. Je m'accroche à toi comme si ma vie en dépendait, tu es mon phare, tu es mon monde, et une fois de plus l'idée de t'abandonner maintenant me donne la nausée.
Je veux te parler, mais mon souffle devient de plus en plus instable. Je sens mon corps qui me laisse tomber, les larmes mêlées à mes plaintes. Dans un ultime effort, j'arrive à te demander pardon. Ce simple mot qui franchit mes lèvres et qui est si insignifiant par rapport à tout ce que j'aimerais pouvoir te dire. Pourtant tu te détaches légèrement, et je vois dans ton regard que tu as compris le sens profond de ce petit mot.
Dans une étreinte chaude, tes lèvres viennent posséder les miennes, et je ne peux réprimer un sanglot à ce doux contacte. Ta voix brisée vient susurrer à mon oreille des déclarations si belles et si douces. J'ai le souffle coupé, mais ma main vient toucher une dernière fois ta peau.
Tes lèvres bougent, mais je n'entends plus rien, la sensation de ton corps chaud retenant le mien s'estompe peu à peu. Une étincèle de douleur apparait dans tes yeux et je sais que tu as compris. Il est l'heure. Je vois ton visage s'approcher et je sais que tu m'embrasse une dernière fois le front. Cette attention apaise un peu la peur qui me gagne.
Mon souffle se coupe pour de bon, mes yeux te fixent une dernière fois, et je ne pense plus qu'à une chose, du plus profond de mon âme : nous nous retrouverons un jour, je t'en fais la promesse.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top