Léophano (Léozangdar x Siphano) - Roule.
Un petit OS que j'ai fait à mon stage.
Inspiré de : Roule-Soprano.
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Tu sais, quand on s'est rencontré, sur la route qui menait à Marseille, j'sais pas comment j'ai pu accepter de te prendre à la mer.
T'étais un gamin, un mec perdu, un mec sans domicile, un vagabond sans importance. Mais j't'en ai donné de l'importance, plus que tu ne le crois aujourd'hui.
J't'ai pris dans ma voiture, et j't'ai emmené à Marseille, avec la belle plage des Calanques, ma préférée. J'roulais, tu écoutais de la musique avec ton vieux portable pourri. Je t'ai demandé ton nom et tu m'as répondu timidement :
« Léo.. »
J'aimais ton prénom, ta voix de bonhomme un peu fragile et tes lèvres, oh dieu, tes lèvres ! Si fines, si belles, tellement magnifiques.
Alors nous avons roulé, en silence, juste le moteur qui ronronnait. Tu regardais le paysage avec des yeux remplis d'émotion, moi je guettait une réaction, un « C'est magnifique» : mais rien ne sortait de ta bouche.
Pourtant, tu avais l'air heureux avec moi, t'étais comme excité de voir la belle Mer Méditerranée qui envahi les Calanques. Nous nous sommes arrêtés pour faire pipi, tu n'as ni bronché, ni discuter avec moi pour m'en dissuader, tu te levais et tu m'obéissais.
Puis nous avons repris la route. Tu as commencé à parler avec moi :
« Tu sais, euh..
-Julien. Je m'appelle Julien.
- Tu sais Julien, j'ai fugué de chez moi. »
Je suis resté interloqué. Je roulais avec un gamin qui avait fui l'appartement de ses parents. Un gamin sans repères.
« Et pourquoi as-tu fui ? lui demandais-je.
- Parce que mes parents ne voulaient plus de moi. Ils m'ont jeté. Et j'ai perdu mon appartement et mon petit-ami.
- Ton petit-ami ?
- Je suis gay, Julien. »
Il était gay.
Il était gay.
Ça ne pouvait pas concorder avec sa «fugue». Il était beau, mais il devait faire tomber les filles, pas les garçons. Puis ce n'était pas une fugue. C'était un abandon.
« Pourquoi aimes-tu les hommes ?
- Parce que l'Amour ça se décide pas, Julien. »
Je continuais à regarder la route, je ne voulais pas te regarder droit dans les yeux. Je n'étais pas homophobe, j'étais moi-même bisexuel, et je trouvais que tu avais un petit plus que Clémence, ma bien-aimée. Tu étais sérieux avec tes relations amoureuses.
La chanson de Soprano «Roule» passait à la radio, et je tournais enfin me tête vers toi et ton si joli t-shirt où était gravé un squelette dans le tissu.
Tu me regardais, les yeux pétillants, les sens en alerte. Tu voulais me poser une question, je le sentais.
Alors tout doucement tu m'as demandé :
« Pourquoi tu m'as pris MOI ? Je ne suis qu'un mec banal. »
C'est vrai que je t'avais dit que je ne prenais jamais un inconnu ou une inconnue dans ma belle Clio verte. Je me bloquais à cette question. Le silence s'installa avec « Roule» en fond.
Je ne savais que te dire, je ne pouvais pas exprimer mes sentiments éphémères, qui s'envoleront un jour. Je ne voulais pas que tu quittes le siège passager.
Alors, après un silence ;long et interminable, je te fis :
« Parce que toi t'es unique au monde. »
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