Partie Unique
La première fois, Nate avait quatorze ans. Il avait claqué toutes ses petites économies dignes d'un collégien pour acheter à Mathéo le cadeau de ses rêves. Cette fois-là, le cadeau en question avait été un jeu vidéo sorti récemment. Les années suivantes, il y avait eu un manteau, une place de cinéma pour un film tant attendu, un coffret DVD, un livre ... Pour ses dix-huit ans, Nate avait même réussi à leur payer à tous les deux un week-end à Paris grâce à l'argent qu'il s'était fait en travaillant pendant l'été. La joie de Mathéo lorsqu'il l'y avait emmené avait suffi à le rendre heureux pendant de nombreux jours.
Aujourd'hui, ils avaient vingt-trois ans, Noël était dans moins d'un mois et Mathéo n'avait toujours pas dit à Nate quel était son vœu le plus cher.
Nate pourrait cette fois-ci, faire preuve d'imagination et trouver lui-même un cadeau. Mais voilà maintenant neuf ans qu'il se démenait chaque année pour exaucer le rêve de son meilleur-ami.
Enfin ... meilleur ami.
Nate avait beau réussir à duper tout le monde, pouvait-il réellement se mentir à lui-même ? Il pourrait, mais il savait sans le moindre doute que ses sentiments envers Mathéo allaient bien au-delà de l'amitié ou d'un amour fraternel. Se démènerait-il autant pour un simple ami et même meilleur ami ? Non. Bien sûr que non. En tout cas, il ne le pensait pas et ne le saurait sûrement jamais puisque jusqu'à présent, il n'y avait jamais eu dans sa vie de personnes plus importantes que le jeune homme.
Ils s'étaient rencontrés à l'âge de cinq ans et d'aussi loin qu'il s'en souvienne, Nate avait eu un véritable coup de foudre pour Mathéo. Il aurait même déclaré à sa mère à la sortie de l'école qu'il avait trouvé sa petite étoile, ce qu'il fallait traduire dans sa famille par « la personne pour laquelle il voulait faire n'importe quoi afin de la rendre heureuse et la garder à ses côtés ». Et malgré les années, ce sentiment ne l'avait jamais déserté et ne s'était à aucun moment amoindri. Pire encore. Il n'avait fait que prendre de plus en plus d'importance.
Alors depuis, Nate s'était toujours évertué à rendre Mathéo le plus heureux possible, notamment en lui offrant à chaque Noël le cadeau de ses rêves. L'avantage, c'était que le jeune homme était quelqu'un qui aimait les choses simples. Un repas, un cinéma, un livre, etc. Mais cette année, Nate ne savait pas pourquoi, son ami rechignait à lui parler de son vœu. Être aussi secret n'était pas dans ses habitudes, pourtant, à chaque fois que Nate abordait le sujet, Mathéo parvenait toujours à faire dévier la conversation. C'était étrange. Il n'en avait pas l'habitude, mais il était bien déterminé à avoir le fin mot de l'histoire et à offrir cette année encore de quoi rendre Mathéo heureux.
Et justement, il était actuellement en route pour rejoindre son ami chez lui pour leur soirée pizza hebdomadaire et se passait en pensée tous les moyens qu'il allait pouvoir utiliser aujourd'hui pour faire cracher le morceau à Mathéo.
Il ne lui fallut qu'une dizaine de minute pour aller de chez lui jusqu'à la maison de Mathéo. Une fois arrivée sur le palier de la porte, il sonna et attendit. Malgré la proximité des garçons et les demandes des parents, ils s'étaient toujours mis d'accord pour ne jamais entrer chez l'autre sans sonner. Cela leur permettait alors d'accueillir l'autre et surtout de redoubler d'imagination pour cela.
Mais là, personne ne vint lui ouvrir. Il sonna une nouvelle fois mais n'entendit même pas de bruit à l'intérieur. Puis, un son. Faible. Qui semblait venir du jardin. Il fit alors le tour de la maison, passant par-dessus la barrière et chercha la provenance de ce bruit.
Et il l'entendit.
« Ô Roméo ! Roméo ! Pourquoi es-tu Roméo ? Renie ton père et abdique ton nom ; ou, si tu ne le veux pas, jure de m'aimer, et je ne serai plus un Capulet. »
Nate leva la tête et se mit à rire. A l'étage, sur le balcon donnant sur la chambre de ses parents, les épaules entourés d'un châle, se trouvait Mathéo. Le coup de Roméo et Juliette ... aucun des deux ne l'avait fait jusqu'à présent.
« Dois-je l'écouter encore ou lui répondre ? clama à son tour Nate.
– Bien sûr qu'il faut lui répondre ! cria Mathéo en riant. Aller, monte !
– Tu ne veux quand même pas que je monte par la gouttière !
– La porte du jardin est ouverte. On ne va pas se faire avoir deux fois ! »
Nate entra dans la maison en se frottant le bras gauche. Il y a quelques années, alors que Mathéo l'avait accueilli en jouant une princesse Raiponce des plus adorables, Nate avait voulu monter dans la chambre en s'accrochant à la gouttière, à défaut de pouvoir réellement s'agripper à une longue chevelure. Malheureusement pour lui, il avait glissé et s'était cassé le bras lors de la chute. Depuis, aucun des deux n'avait retenté l'expérience.
Sans plus attendre, il monta à l'étage et rejoignit son ami dans sa chambre. Il le trouva assis sur son lit, pliant le châle qu'il avait emprunté à sa mère pour jouer Juliette. Lorsqu'il entendit Nate entrer, il leva les yeux vers lui et lui adressa un énorme sourire qui fit rater un battement au cœur de Nate.
« Alors, comment as-tu trouvé mon accueil ?
– Magnifique ! Je me demande même pourquoi on avait pas pensé à Roméo et Juliette plus tôt !
– La prochaine fois, on fera le Tartuffe !
– Tu souhaites me montrer ce sein que je ne saurais voir ? dit Nate en s'installant sur la chaise de bureau de Mathéo.
– Qui te dit que je serai celui qui jouera Dorine ? »
Nate éclata de rire avant de redevenir pensif. Ce garçon était beaucoup trop lumineux. Et plus les jours passaient, plus il voulait préserver ce sourire et cette lumière. Mais pour cela, il fallait qu'il sache le vœu de Mathéo.
« Dis le moi, lui dit-il alors de manière abrupte.
– Te dire quoi ?
– Quel est ton vœu pour Noël ?
– Tu es encore avec cette histoire de vœu ? Je t'ai dit qu'il n'y avait rien que je voulais cette année.
– C'est faux ! Tu veux toujours quelque chose, le moindre petit désir devient un souhait pour toi. Un restaurant, un film, ...
– Et toi alors ? D'ailleurs, si je me souviens bien _ et forcément que je m'en souviens puisqu'on se connait depuis dix-sept ans maintenant _ c'est bientôt ton anniversaire et tu ne m'as pas fait ta liste des vingt-trois choses que l'on doit faire pendant l'année de tes vingt-trois ans. »
Et oui, une autre tradition qu'ils avaient instaurée lorsqu'ils avaient dix ans. Mais là n'était pas la question.
« Tu essayes encore de dévier la conversation et m'embrouiller l'esprit ! Je sais que tu as un nouveau souhait de Noël !
– Non, pas cette année. Je suis adulte maintenant. A quoi me servirait d'avoir un souhait de Noël ?
– Arrête de dire n'importe quoi ! Tu as un souhait mais tu ne veux pas me le dire et j'aimerais bien savoir pourquoi !
– Je n'ai pas ...
– Mathéo, le coupa Nate.
– Ok ! J'ai un souhait ! Mais je ne veux pas te le dire. Tu te moqueras de moi et j'en ai pas forcément envie.
– Me moquer ? Impossible.
– Si ... tu vas me trouver idiot ... et tu te moqueras. »
Mathéo, qui jusque-là était assis sur son lit, se laissa tomber en arrière, les bras en étoile, et fixa le plafond.
« J'ai vraiment peur que tu me trouves idiot ... parce que moi-même, j'aurais voulu un autre souhait ... mais comme chaque année, lorsque j'ai un vœu de Noël, je ne peux pas le changer jusqu'à ce qu'il soit réalisé.
– Ce ne peut pas être idiot. Aucun souhait n'est idiot.
– Le mien l'est pourtant.
– Laisse-moi en juger. Je te promets que je ne me moquerai pas. »
Il voudrait le supplier, se mettre à genoux s'il le fallait. Mais il voulait savoir quel était son plus grand souhait pour Noël cette année. Mais en même temps, il commençait à avoir peur. Pour que Mathéo réagisse ainsi, le souhait devait être assez particulier. Nate espérait en tout cas que ce ne serait pas trop coûteux afin qu'il n'ait pas à trouver un autre petit travail d'ici les vacances de Noël.
« Ok ... mais je te promets que si tu ris, non seulement tu feras Dorine, mais tu feras aussi tous les rôles que je te dirais et si tu n'es pas d'accord, je t'obligerai à monter par la gouttière la prochaine fois ! »
Nate savait qu'il ne se moquerait pas, mais la menace de Mathéo le fit frissonner et il ne put que se pincer les lèvres et hocher la tête.
« Alors ... en fait ... »
Mathéo se mit à rougir et se mordit la lèvre inférieure. Le sujet semblait délicat, mais Nate ne put s'empêcher de trouver son ami simplement beaucoup trop craquant en ce moment même.
« Je voudrais tomber amoureux ... ou en tout cas, être en couple avec une personne qui me plaît ... et avoir mon premier baiser le jour des premières neiges ... »
Nate ne put rien répondre. Il était sous le choc. Il s'était attendu à tout, sauf à cela. Son cœur se serra à l'idée de voir Mathéo en couple avec quelqu'un. Mais il se l'était promis. Il ferait tout pour le rendre heureux et même si son vœu ne l'enchantait pas plus que cela, il allait s'y tenir.
« Oublie les menaces ... tu peux te moquer ... c'est complètement idiot.
– Quand est-ce ?
– Hein ? comment ça ? demanda Mathéo, les yeux écarquillés.
– La météo. Quand est-ce qu'elle prévoit les premières neiges ?
– Je ... je ne sais pas. Je n'ai pas voulu regarder. »
Nate sortit son téléphone de sa poche et partit chercher sur internet une date approximative des premières neiges. Le vingt-et-un décembre ... Cela lui laissait donc trois semaines pour trouver à Mathéo une personne qui pourrait lui plaire.
« Mais ... tu ne trouves pas ça ... bizarre ? Enfin ... je sais pas mais, ça fait un peu jeune fille qui attend le prince charmant !
– Cliché ! lui dit Nate en le rejoignant sur le lit. Mathy, comme tu l'as dit, ça fait dix-sept ans qu'on se connait, et tu n'as jamais été en couple. Enfin, d'après ce que j'en sais. Et pourtant, tu es celui de nous deux qui s'extasie devant les romances qu'on lit, les films qu'on regarde. Roméo et Juliette, Elisabeth Bennet et Mr Darcy, Jack et Rose, ... Enfin voilà, ça me parait normal en fin de compte que tu veuilles toi aussi connaître ta propre histoire d'amour ... enfin, plus joyeuse que Roméo et Juliette et Jack et Rose quand même.
– Cliché, répondit Mathéo avec un petit sourire. Donc tu ne trouves pas ça bizarre ?
– Non ... je trouve plutôt que cela te va bien. »
Ce qui le dérangeait au final, c'était l'idée d'aider son ami à trouver l'amour. De l'aider à trouver quelqu'un qui ne serait pas lui. Mais pourrait-il prétendre l'aimer s'il l'empêchait d'être heureux ? Non. Ce ne serait pas juste. Alors il l'aiderait.
« Mais tu sais comment tu vas faire pour réaliser ton vœu ?
– Eh bien ... pas vraiment. J'avais pensé à un site de rencontre ou une application mais ... On entend tellement de truc dessus que je trouve ça effrayant.
– Force un peu le destin alors.
– Mais comment ?
– Si tu veux, on peut se retrouver tous les jours après les cours pour se promener en ville et laisser le destin faire le reste !
– Tu ferais ça ?
– Bien sûr ! Quel pote je serais si je ne t'aidais pas ? »
Puis, il n'allait pas cracher sur des sorties supplémentaires avec Mathéo.
Ils établirent alors une sorte de plan. L'heure à laquelle ils se rejoindraient. Quel style de personne Mathéo aimerait rencontrer. Le genre lui importait peu. Mais il aimerait une personne qui accepte ses préférences littéraires. Le fait qu'il préfère une soirée film ou jeu vidéo plutôt qu'une sortie alcoolisée. Les lieux où ils iraient pour provoquer la chance de Mathéo et accessoirement ceux où ils iraient se poser et manger un morceau.
Alors c'est ce qu'ils firent pendant plusieurs jours. Ils se réunirent en ville et allèrent dans des cafés, dans quelques bars assez cools. A côté de cela, Nate parcourait les endroits qu'aimait fréquenter Mathéo. La librairie au cœur de la vieille ville. Le magasin de jeux vidéo du nouveau centre commercial. Le vieux disquaire. Il observait les gens qu'il y croisait, regardait leurs choix d'achat, les écoutait interagir avec les autres. Mais il n'y avait rien de concluant. Jusqu'à ce qu'il la croise.
Elle était plutôt jolie avec sa petite taille et ses formes. Un nez en trompette et un regard mutin. Et surtout, les bras chargés de Shakespeare, Feist, Card et d'autres auteurs que Mathéo adorait. Il l'avait peut-être trouvé et cela lui donna presque les larmes aux yeux. Il sortit alors de la librairie tout en fouillant dans ses poches à la recherche de son téléphone. Il ne savait jamais où il le mettait et les tremblements de ses mains ne l'aidaient pas.
Et là ... il le sentit.
Un flocon. Se poser sur ses mains qui tenaient enfin son téléphone.
« Zut ... ça ne devait pas arriver maintenant ... pas aujourd'hui. »
Il chercha le numéro de Mathéo et l'appela avec urgence.
« Mathy ! Il faut que tu viennes ! Les ... enfin, elles sont là !
– Nate ! Calme-toi ! Explique-moi !
– Il neige. Les premières neiges sont là. Et ... j'ai peut-être trouvé ... je pense ... je suis pas sûr ... mais vient ! Je suis à la vieille librairie.
– Les premières neiges ... Ok ... je suis pas loin ... je viens. »
Nate entra à nouveau dans la librairie. Il voulut vérifier qu'elle était encore là. Il voulait que Mathéo réalise son rêve. Même si un premier baiser paraîtrait précipité, si le jeune homme pouvait au moins rencontrer quelqu'un, ce serait déjà un pas vers l'exaucement de son vœu.
Il reçut un message de Mathéo lui disant qu'il se trouvait devant la librairie. Super, il ne lui restait donc plus qu'à ...
« Où elle est ? pensa Nate en se tournant dans tous les sens. »
Il lui avait fallu quelques secondes pour lire le message de Mathéo et ce petit moment d'inattention avait suffi pour qu'Elle disparaisse. Il fit un rapide tour de l'établissement, mais c'était officiel. Elle était partie. A cause de lui, tout était fichu. Il venait de mettre en l'air le vœu de son ami.
Ce fut alors penaud, les yeux rivés vers le sol qu'il sortit rejoindre Mathéo.
« Alors ? Qu'est-ce que tu as trouvé ?
– J'ai ... Elle est partie. Pourtant, elle était jolie ... et elle avait les mêmes goûts que toi en matière de lecture. Alors j'ai pensé que ... mais c'est fichue. Je l'ai perdu de vue quelques secondes et elle est partie. Je suis désolé.
– C'est pas grave. Je pense pas qu'elle aurait été la bonne de toute façon.
– Qu'est-ce que tu en sais ? Si ça se trouve, à cause de moi, tu es passé à côté de la personne qu'il te fallait.
– Faux. En fait ... je dois t'avouer quelque chose. Je t'ai menti. »
Nate leva brusquement la tête et planta son regard dans celui de Mathéo. Comment ça menti ? pensa-t-il.
« Comment ça menti ? demanda-t-il quand même au final.
– En fait ... mon vœu de cette année, ce n'était pas de rencontrer quelqu'un. Je n'ai aucune envie de rencontrer qui que ce soit en réalité. »
Il s'était fichu de lui ? Alors, certes, d'un côté Nate se sentait moins oppressé à l'idée de trouver un amoureux ou une amoureuse pour son ami, mais cela faisait bien dix-sept jours exactement qu'il faisait tout pour lui trouver la fille ou le garçon parfait. Et cela faisait alors dix-sept jours qu'il était quotidiennement à cran, tiraillé entre l'envie d'aider son ami et l'envie de lui effacer cette idée de la tête.
« Tu t'es foutu de moi ? Mais ... pourquoi ? On s'est démené pendant plus de deux semaines ! On est allé dans des endroits qui au final se sont révélés être de véritables enfers. On a parlé à tellement de personnes que je ne saurais même pas te dire combien il y en a eu ! On a battu notre record de café et de soda bus en une journée, d'allées retours faits en une soirée. Tout ça pour qu'au final tu me dises que ce n'était pas ton souhait de Noël ! Et c'est quoi en réalité ton souhait ? Et pourquoi tu as menti ? Et puis pourquoi mentir en sortant quelque chose comme ça ! Quitte à mentir, tu aurais pu dire un film, un restaurant, ou même ce nouveau jeu ! Mais non, toi tu as choisi ce histoire de premier baiser sous la neige ! Et je t'ai cru ! Je suis le pire idiot de la Terre ! Je suis vraiment ... Je ... tu ...
– Il, nous vous, ils, effectivement. Quoi d'autre ?
– Tu viens de m'embrasser.
– Il semblerait.
– Mais ... pourquoi ?
– Si tu te taisais un peu, j'aurais pu tout t'expliquer avant de t'embrasser. Je peux parler maintenant ? »
Nate hocha doucement la tête. Alors qu'il était en train de s'énerver, Mathéo s'était simplement approché de lui et l'avait embrassé. Tout simplement. Ça avait été doux et électrisant à la fois. Une douce chaleur avait envahi l'esprit de Nate qui ne savait absolument pas quoi faire. Alors il l'écouta.
« Ok. Alors ok, je m'excuse de t'avoir menti. C'est vrai, je ne cherche pas à rencontrer qui que ce soit. Au début, quand je t'ai dit ça, je m'en suis voulu, mais en fin de compte, ça m'a permis de réaliser ce que je voulais réellement. Quelques moments avec toi en dehors de nos soirées habituelles. Des sortes de sorties ... tous les deux. Comme des ... rencards.
– Des ... rencards ? répéta Nate en se figeant.
– Oui. Des rencards. Et c'était génial. Même si tu me poussais à accoster des gens. Mais je savais que ça te tenait à cœur. De la même manière que je sais chaque année que tu fais tout pour m'offrir mon souhait de Noël.
– Tu le savais ?
– Bien sûr ! Bon, il m'a fallu quelques années pour comprendre que tu faisais en sorte de savoir mon souhait de Noël pour me l'offrir. Mais bien sûr qu'à force j'ai fini par le comprendre. C'est même un peu à cause de ça que je suis amoureux de toi. »
Ok. Son cœur venait sûrement de s'arrêter. Il avait même dû cesser de battre il y a un moment, ce qui expliquerait qu'il ait des hallucinations auditives le laissant croire qu'il se trouvait actuellement au paradis.
« Amoureux ? répéta-t-il à nouveau.
– C'est ça. Et c'est pour ça qu'en fait, mon vrai souhait de Noël, c'était juste de réussir à t'embrasser sous les premières neiges.
– Mais ... depuis quand ... enfin je veux dire ...
– Depuis quand je suis amoureux de toi ? Peut-être depuis le premier jour. Quand je t'ai vu à l'âge de cinq ans. Je te trouvais tellement beau et tellement cool que je suis venu partager mon goûter avec toi. »
Dix-sept ans. Tout comme ses sentiments. Une larme coula doucement le long de la joue de Nate avant qu'il ne se mette à rire.
« Nate ? Tout va bien ? Tu es sous le choc ... ça se comprend ... je suis désolé.
– Non ... c'est pas ça ... C'est juste que ... dix-sept ans. Ça fait dix-sept ans que tu es amoureux de moi. Et ça fait dix-sept ans que je suis amoureux de toi. Vaut mieux tard que jamais, nan ? »
Il n'arrivait pas à réprimer ses larmes. Cette fois-ci, la pression de ces deux dernières semaines semblait réellement s'enfuir de son corps sous cette forme lacrymale. Il avait beau vouloir le bonheur de Mathéo, il se rendait compte que l'imaginer avec quelqu'un d'autre lui avait vraiment meurtri le cœur. Bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Maintenant, il respirait. Il s'approcha de Mathéo et le prit dans ses bras, laissant éclater un véritable sanglot.
« Désolé pour mon mensonge, chuchota Mathéo alors qu'il entourait Nate d'une puissante étreinte. Je n'avais pas imaginé que tu puisses avoir les mêmes sentiments.
– Alors du coup, j'ai réalisé ton vœu ?
– Oui, répondit Mathéo en riant doucement. Cette année encore tu as réussi.
– Donc tu es heureux ?
– Plus que jamais. Même si, commença-t-il avant de s'éloigner un peu de Nate et de prendre son visage entre ses mains. Est-ce que tu serais d'accord pour qu'on s'assure que mon souhait a bien été exaucé vue qu'il neige encore ?
– Je peux réellement ? »
Finalement, il n'attendit pas la réponse de Mathéo avant de capturer ses lèvres dans un baiser. Leur second. Mais qui sonnait comme un premier. Un baiser qui n'avait pas le goût de l'urgence et de besoin de silence mais celui d'un pardon de la part de Mathéo et d'une promesse de bonheur de la part de Nate. Le tout, bien sûr, mêlés dans des je t'aime silencieux.
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