Neigbourhood - Larry Stylinson



Juillet 2000
(point de vue Harry)

- Maman, maman est-ce que je peux aller jouer au hangar avec Louis, s'il te plait, dis oui, j'entremêle mes doigts et les tends devant le visage de maman.

Maman soupire et lève les yeux au ciel mais je la supplie et me colle contre elle pour qu'elle accepte.

- Où est Louis? Elle finit par demander.
- Je suis là, dit Louis en descendant les marches de l'escalier.

Il saute hyper haut la dernière marche et arrive vers moi et maman en courant. Elle regarde Louis avec des yeux sérieux et finit par dire.

- Vous pouvez aller au hangar les garçons mais vous faites attention d'accord? Elle dit en nous pointant du doigt tout les deux. Louis, c'est toi le plus grand je te fais confiance, pas de bêtise ok?

Louis hoche la tête et ses cheveux bougent comme des spaghettis.

- Ouais!! Je cris en sautant le plus haut possible.

Je suis trop content! Maman ne veut jamais que j'aille au hangar avec Louis. Elle dit que c'est dangereux et que je suis trop petit pour y aller tout seul.

- Harry, tu mets tes baskets, me dit maman en regardant les chaussures de sport de Louis.
- Oui maman, je lui répond en courant vers le placard des chaussures.

Louis me suit en courant, il a des supers nouvelles chaussures. C'est sa maman qui lui a acheter l'autre jour. Même Louis il m'a dit qu'avec ses nouvelles chaussures il arrivait à courir beaucoup plus vite. J'attrape mes baskets bleus pour les mettre le plus vite possible. Je veux aller jouer au hangar.

- Vous faites attention surtout! Nous rappelle maman.
- Oui à tout à l'heure.

J'entends maman dire quelque chose mais Louis me tire par le t-shirt pour aller dehors. On traverse le jardin en courant mais une fois le portail dépassé, Louis tend son bras devant pour me barrer la route.

- Attention la route Harry! Il y a des voitures, tu veux te faire écraser? Il me demande comme les grands.
- Non.
- Alors on regarde avant de traverser, il me gronde un peu.

J'hoche la tête. Louis est plus grand que moi alors des fois il me fâche parce-que je fais pas attention à ce que je fais... Et quand je fais n'importe quoi, c'est lui qui se fait fâcher par les grands parce-qu'il doit me surveiller. Mais moi je trouve que c'est pas sa faute. Si des fois je fais des bêtises, c'est pas sa faute à lui... J'ai que 6 ans, moi.
Louis me donne la main et on regarde tout les deux de chaque côté de la route. Il n'y a pas de voiture. Maman me le dit à chaque fois mais j'oublie.

- C'est bon on peut traverser, dit Louis.

J'hoche la tête et on traverse la route. Louis il habite juste en face de ma maison. Maman elle dit que c'est mon voisin mais moi je dis que c'est mon meilleur copain. Le hangar, il est juste de l'autre côté de la maison de Louis. Il faut traverser le chemin avec les bois à coté. Ça me fait peur parce-que Louis m'a dit qu'il y a des grosses bêtes dans les bois et qu'ils peuvent même nous attaquer.
Alors on traverse le jardin tout les deux mais sa maman est dehors avec ses petites soeurs. Louis il a pleins de soeurs. Il dit que c'est chouette des fois mais que c'est énervant les filles, elles arrêtent pas de pleurer et de vouloir jouer à la poupée... Alors on joue tout les deux.

- Vous allez où comme ça, tout les deux? Nous demande Johannah, la maman de Lou.
- On va au hangar, répond mon meilleur copain.
- Anne est d'accord?
- Oui elle a dit de faire attention, je lui répond.
- D'accord, Louis tu fais attention à Harry, elle répète à Louis.
- Oui maman.

Louis souffle fort, je crois qu'il en a un peu marre. Johannah emmêle mes cheveux avec sa main mais Lou m'attrape par le bras et me tire vers le fond du jardin pour aller suivre le chemin des bois. Je referme le petit portail et quand je me retourne Louis est en position de course.

- On fait la course? Il me demande avec son grand sourire.

J'hoche la tête en me rapprochant de lui, sur la ligne de départ. Je met mon pied gauche devant.

- Le premier au bateau à droit de grimper dans l'arbre! Dit Louis.
- D'accord.
- Prêt, feu, go, partez! Hurle Louis.

Je pars à fond la caisse après le signal de Louis. Je veux monter dans l'arbre, je l'ai jamais fait! Je cours le plus vite possible mais Louis il va trop vite pour moi. C'est à cause de ses nouvelles chaussures! On arrive presque au bateau du papa de Louis et j'ai du mal à respirer.

- Attend Louis, c'est de la triche! Je cris en essayant de ne pas tomber sur un caillou.

Louis ne m'écoute même pas, il court et tape dans le bateau en criant "victoire". Moi ça m'énerve, il triche avec ses chaussures! Je m'arrête de courir, de toute façon j'ai perdu. Quand j'arrive vers lui, on respire fort tout les deux.

- Toi, tu triches ! Tes chaussures elles vont plus vite que les miennes! Je lui dis en tapant du pied.
- T'es un mauvais perdant Harry!
- M'en fiche, je dis en m'asseyant sur une grosse pierre.

J'entends Louis souffler fort. Je voulais grimper dans l'arbre moi... C'est toujours pareil, c'est toujours moi qui perd. Il pourrait me laisser gagner des fois. Je sens que la main de Lou vient décoiffer mes cheveux et il s'accroupit devant moi.

- Bon pour cette fois on va monter tout les deux dans l'arbre, d'accord? J'hoche la tête parce-que je sais pas si il me fait une blague. Mais faut pas le dire aux grands.

J'hoche encore la tête et Louis attrape ma main. Je me relève et on part vers le plus gros arbre, celui où on compte pour jouer à cache-cache.

- Je vais te porter pour que tu attrapes cette grosse branche là, me dit Louis en me montrant la branche. Tu t'accroches et t'essaie de t'asseoir dessus, surtout tu tombe pas sinon tu vas te faire très mal et on pourra plus jamais revenir jouer ici.

J'hoche la tête. Louis il a toujours raison alors je l'écoute.

- Allez t'es prêt? Il me demande.
- Oui.

Louis se baisse un peu pour attraper mes jambes et me soulever. Il est trop fort. Je m'accroche au tronc d'arbre et Louis me dit que je dois mettre mes pieds sur ses épaules mais j'ai peur. La branche est trop loin.

- J'ai peur Louis, je lui dis en essayant de le regarder.
- Regarde pas en bas Harry, je suis là. Je te rattraperais si tu tombes, me rassure Louis.

Il essaye de me soulever encore plus haut et j'accroche des feuilles mais elles se déchirent. Je tend ma main gauche vers la branche et je sens que les bras de Louis vont bientôt lâcher.

- Vite Harry!

Je tend mon deuxième bras et accroche la branche. Je tiens fort et Louis lâche mes jambes. Il souffle fort et je l'entend rigoler parce-que mes jambes pendent dans le vide.

- Allez assit toi maintenant! Il me dit.
- Mais j'ai peur Lou, je vais tomber, je lui répond et j'ai envie de pleurer.
- Non tiens toi bien, je suis dessous. Tu risques rien je l'ai fait plein de fois moi, il me dit et pousse mes pieds pour que je m'assois.

Je le vois juste dessous, il soulève encore mes jambes et j'arrive à mettre une jambe sur la branche. Louis m'encourage, il me dit que c'est très bien. Je suis allongé sur la branche maintenant, il me reste juste à m'assoir.

- À moi, maintenant! Tu bouges pas j'arrive, dit Lou.

J'hoche la tête et je le regarde grimper à l'arbre. Il s'accroche autour du tronc et en plus il va super vite. Il est trop fort! En même temps il vient des fois avec son père parce-que c'est son bateau sous le hangar. Louis m'a dit qu'il était cassé. Alors il grimpe tout le temps dans l'arbre et même que son père il le fâche pas. Je l'aide un peu et attrape sa main pour qu'il puisse s'asseoir sur la branche avec moi.

- Merci Hazza, il sourit en s'asseyant à côté de moi.

Même que moi aussi je serais fort comme Louis. C'est maman qui me l'a dit.

- Regarde là bas, c'est l'école! Il pointe son doigt loin devant nous.

Je fronce fort mes yeux pour regarder loin devant nous. C'est grand, on voit très loin et les maisons sont toutes petites. Je crois que c'est l'école. On reste tout les deux, tranquille sur la branche. Louis balance ses pieds dans le vide. Ça fait un peu peur mais je dis rien parce-que sinon il va dire que je suis un bébé. Et c'est pas vrai.

- J'ai une idée, on fait le concours de celui qui cri le plus fort? Demande Louis.
- Oh ouais! Je commence, je le préviens. Bouche toi les oreilles!

Louis m'écoute et met ses mains sur ses oreilles. Je m'écarte un peu de lui pour pas lui crier dans les oreilles parce-que la dernière fois il m'a dit que ses petites soeurs elles arrêtent pas de lui crier dans les oreilles et il en a marre. Je me tiens fort à l'arbre et tend mon dos tout droit pour pouvoir crier de toutes mes forces.

- AHHHHHH! Je cris de toutes mes forces et Louis rigole.
- Je crois que tu me gagnes mais j'essaie quand même, dit Lou.

Je suis fort pour ce jeu, même Louis le dit. Il s'installe tout droit comme moi et je met mes mains sur mes oreilles jusqu'à ce qu'il cri.

- AHHHHHH!

J'explose de rire parce-que le visage de Louis est tout rouge. Il est rigolo comme ça. Alors on rigole tout les deux jusqu'à ce qu'on décide de qui gagne.

- Je crois que c'est toi qui gagne Hazza! Dit mon meilleur copain en levant mon bras.
- Ouuuais!! J'ai gagné! J'ai gagné! J'ai gagné!

Je suis trop content! J'ai gagné. En plus je gagne presque jamais, c'est toujours Louis qui gagne et moi je boude. Maman m'a dit que c'est parce-qu'il est plus grand et que je finirais bientôt par le rattraper. Ma soeur aussi, elle est plus grande que Louis alors elle est plus forte que lui.

- Oh! On va construire une cabane? Cri Louis en se tournant vers moi, les yeux grands ouverts.
- Où?
- Dans le bois à coté, mon père il a des cordes et des planches dans le hangar, m'explique Louis tout excité.
- Ouais trop cool! On pourrait inviter nos soeurs à prendre le thé? Je lui demande.
- Euh... Si tu veux mais d'abord il faut la construire.

Louis il a toujours des bonnes idées! On va construire notre cabane et peut-être même qu'on pourra dormir dedans? Gemma pourra venir, elle dormira avec nous. Louis est tout content et il saute d'un coup et atterrit par terre comme un super-héros.

- Tu viens Hazza? Il me demande en me regardant d'en bas.
- Euh... Mais je vais pas me faire mal?
- Non t'as bien vu que j'ai pas eu mal moi, me rassure Lou.

J'hoche la tête même si ça fait un peu peur. Louis il a bien réussi et il même pas eu peur.

- Saute Hazza, je te rattrape, dit Louis en tendant ses bras vers moi.
- Mais je vais t'écraser!
- Mais non, essaie tu vas voir.

Je sais pas si il a raison cette fois. Mon coeur commence à battre très vite et j'ai peur de me faire mal ou de faire mal à Louis.

- On compte jusqu'à trois, d'accord? Dit Louis.

J'hoche la tête et Louis commence à compter tout seul. Moi je me concentre.

- Un, deux, trois!

Je ferme fort les yeux et fait un bond vers le sol. La branche est trop haute et quand mes pieds touchent enfin la terre je tombe sur mes genoux. Ça me fait mal à la cheville alors je préfère ne pas bouger. Ça me pique fort et j'ai envie de pleurer mais je ne le fais pas parce-que je veux pas que Louis trouve que je suis un bébé.

- Hazza ça va? Tu t'es fait mal? Dis moi si t'as mal quelque part? S'inquiète Louis en s'asseyant près de moi.
- Ça va je crois que j'ai un peu mal là.

Je m'assoie tout doucement sur le sable, mes yeux me piquent parce-que je vais bientôt pleurer. Louis me regarde et il remarque que je tiens fort ma cheville.

- T'as mal à ta cheville? Me demande Lou, très inquiet.

J'hoche la tête et il retire mes mains de ma cheville pour regarder. Il se rapproche, baisse ma chaussette et me fait un bisou magique sur ma cheville où j'ai mal. Lou se redresse et me regarde, il me dit de pas pleurer parce-que je suis fort et que j'ai quand même réussi à sauter. Il enfonce sa main dans mes cheveux et me fait un bisou sur la joue. Louis c'est le meilleur copain du monde.

- Tu peux te lever? Il me demande.

Il se relève et attrape mes mains pour m'aider à me lever. Et même si ça tire un peu dans ma cheville ça va parce-que Lou m'a fait un bisous magique. J'essuie mes yeux et on marche tout les deux vers le bois. Mais on fait doucement parce-qu'il faut que je garde des forces pour construire notre cabane.

. . .

Avec Louis, on a mis toute la journée à construire notre cabane. Maintenant c'est la plus belle cabane du monde! On a mis des planches entre les arbres pour faire la limite. On les a plantés dans l'herbe pour que ça tienne mais elles arrêtaient pas de tomber... Alors on a essayé de les mettre de travers et ça tient. Louis il a prit de la corde bleue, des planches et même des clous dans le hangar de son père. Il dit qu'il à le droit. J'espère qu'il va pas se faire fâcher comme d'habitude. On a arrachés des grandes feuilles dans les arbres pour faire le toit. Bon des fois ça tombe un peu mais il faut juste les remettre.
Des fois j'avais un peu mal à ma cheville alors Louis, il me donne la main. Il dit que ça donne du courage. Et après j'ai plus mal.
Même que quand maman est arrivée pour me chercher, elle a dit on était trop fort parce-que la cabane est très belle. J'aide Louis à ranger les affaires qu'on a prit dans le hangar de son père.

- Dépêche toi Harry, j'ai laissé Gemma toute seule à la maison, me dit maman.
- Maman, est-ce que Louis il peut dormir à la maison? Je demande et Louis a l'air tout content.
- Euh, oui il faut qu'il demande à sa maman.
- Ouais! Ouais! Ouais! Viens Lou on va demander à ta maman! Je lui dis en l'attrapant par le bras pour retourner chez lui.

Maman me sourit et je l'a double pour courir avec Louis jusqu'au petit portail en bois du jardin. Je fonce comme une fusée de l'espace. Comme c'est les vacances, sa maman elle va dire oui! J'en suis sûre! Johannah elle est trop gentille, à chaque fois je peux rester jouer avec Louis toute la journée. À part quand il y a son papa, là j'ai jamais le droit.
Avec Louis on arrive dans son jardin et sa maman elle est en train mettre la table dehors sur la terrasse.

- Alors les garçons vous vous êtes bien amusez? Nous demande Johannah.
- Ouais on a construit une cabane tu voudras la voir? Lui dit Louis.
- Oui demain je viendrais la voir, elle dit en rigolant.

La petite soeur de Louis elle à des long cheveux dorés. Et même que sa maman lui a fait une tresse, moi aussi j'aimerais en avoir une de tresse. Gemma maintenant elle arrive à les faire toute seule. Charlotte elle est plus petite que moi alors elle pour l'instant elle sait pas les faire. Mais Louis il pourrait apprendre pour m'en faire une dans mes cheveux. C'est une bonne idée.
Lou me tape le bras avec son coude et sa maman nous regarde.

- Vous avez fait une bêtise? Elle demande en faisant des petits yeux.
- Non! Dit Lou, on fait pas tout le temps des bêtises!
- Non, mais vu vos têtes, elle rigole et maman arrive derrière nous.
- Est-ce que Louis il peut dormir à ma maison ce soir? Je lui demande

Johannah me sourit et passe une main dans mes cheveux. Je vois qu'elle regarde maman alors je regarde Louis et il me montre ses deux doigts qu'il a croisé.

- Oui Louis peut dormir à ta maison, mais Louis tu es sage! Préviens Johannah. Pas de bêtises comme la dernière fois.

Louis et moi on hoche la tête tout les deux. La dernière fois que Louis est venu dormir à la maison on a fait les foufous. Mais maman était pas très contente parce-qu'on a fait une bataille d'oreiller et que j'ai déchiré le mien. Alors il y avait des plumes partout dans ma chambre.

- Promis maman, pas de bêtise! Dit Louis et quand il promet, il promet pour de vrai.
- D'accord alors.

Elle dit merci à maman et moi je saute dans les bras de mon super copain. Des fois j'aimerais bien qu'il dorme toujours à la maison! On s'amuserait comme des fous! Mais il a un papa et une maman donc il peut pas.

. . .

- Vous pouvez jouer un petit peu au calme et quand ça sera l'heure d'aller dormir je viendrais vous le dire, d'accord? Dit maman en sortant de ma chambre.
- D'accord maman.

Maman sourit et sort en tirant la porte pour pas qu'on fasse trop de bruit. Je me retourne vers Louis, il a mis son pyjama de stars wars. On a prit la douche tout les deux parce-qu'on s'est beaucoup salit au hangar cet après midi. Il a déjà commencé à sortir mes legos de la caisse en plastique rangés sous mon bureau. Louis il connaît bien ma chambre parce-qu'on joue très souvent tout les deux.

- Lou j'ai une idée! Je lui dis en attrapant un legos rouge.
- Attend tu veux pas qu'on construit une fusée géante? Ou alors un vaisseau spatiale? Il me demande sans me regarder et il construit une tour de legos grande jusqu'au ciel.
- Tu veux pas qu'on se déguise?

Il lâche son legos, la tour tombe par terre et se casse en mille morceaux.

- Ouais! Tu veux te déguiser en quoi? Demande Louis en courant vers mon armoire.
- Moi je veux mettre les habits de Gemma! Je décide.
- Mais t'es pas une fille Hazza, tu veux pas être un cow-boy?
- Non! Je vais chercher Gemma, elle va nous prêter ses affaires. Tu veux pas mettre ses colliers comme la dernière fois? J'insiste.
- Bon d'accord.

Louis est d'accord, de toute façon je sais qu'il adore se déguiser. La dernière fois, il a mis une robe de Gemma et il l'imitait. Même Gemma arrêterait pas de rigoler. Il est trop drôle mon Louis. Il fait tout le temps rire tout le monde. Je lui tire la langue et sors de ma chambre doucement pour aller dans celle de Gemma, juste en face. Sa porte est ouverte alors je rentre et elle relève la tête, assise devant son bureau.

- Gemma, tu peux me prêter tes affaires pour se déguiser? Je lui demande.
- Quoi? Non, t'as tes déguisements dans ton placard, elle répond en retournant à son dessin.
- Mais on veut se déguiser en fille.
- Non Harry, vous êtes des garçons, déguisez vous avec tes déguisements d'halloween, s'énerve ma grande soeur.
- Mais Gemma...
- Non Harry, allez sors de ma chambre s'il te plait, elle dit.

Je souffle fort. Pourquoi on peut pas s'amuser? Nous, avec Lou, on veut se déguiser en fille! Elle est pas gentille.

- T'es pas gentille Gemma, je lui cri dessus et sors en fermant la porte de sa chambre.

Pourquoi elle veut pas me prêter ses robes? Je vais pas lui déchirer. On va lui rendre après, on veut juste jouer nous. Louis m'attend, assit sur mon lit. Je ferme la porte et le rejoint sur mon lit.

- Elle veut pas.

Louis me regarde et hausse les épaules. Il me dit que c'est pas grave de toute façon, on a cas prendre mes déguisements. Je suis toujours d'accord avec Lou, alors je vais chercher mes déguisements dans mon dernier placard de l'armoire. Quand je reviens pour lui montrer mes affaires, Lou est debout sur le lit. Il sait qu'on a pas le droit de sauter dessus mais juste il reste debout.

- Moi je prends pas tes déguisements. Je suis un fantôme.

Lou arrache la couette sur mon lit et soulève le drap blanc pour se couvrir avec. Il reste debout et bouge ses bras. Je le sais parce-que je le vois à travers.

- Ouuh! Ouh! Il imite le fantôme mais ça me fait même pas peur.
- Attend Lou moi aussi je veux être un fantôme!

Je cours pour rejoindre Lou sous les draps. Il me laisse une place et on fait les fantômes tout les deux. J'adore jouer avec Louis. Il m'attaque et veut m'attraper pour m'attacher les bras mais je me laisse pas faire alors je le fais tomber sur le lit. Je m'assois sur son ventre. Je l'ai gagné! Je suis le plus fort.

- Je suis plus fort que toi Lou, je le nargue en lui tirant la langue.
- Je me suis laissé faire parce-que je suis un fantôme gentil.
- C'est même pas vrai! T'as voulu m'attacher.

Louis rigole et secoue ses jambes pour que je le libère mais c'est hors de question. J'ai une meilleure idée.

- Attend Lou! J'ai une trop bonne idée! Tu bouges surtout pas, je reviens, je me relève et sors du lit.

J'ouvre le tiroir de ma table de chevet, j'ai mis ma lampe torche ici. Je l'attrape et éteins la lumière. On se retrouve dans le noir. Maman a fermé les volets et ça fait peur parce-qu'il fait tout noir.

- Harry, c'est toi qui a éteins? Demande Louis.
- Oui attend.

Je retourne ma lampe torche et appuie sur le bouton. Elle s'allume et ça y est j'ai plus peur. J'éclaire mon lit pour voir que Lou est assit sous la couverture. Je me dépêche de le rejoindre et saute sur le lit. Louis a l'air très content de jouer dans le noir.

- Tu veux qu'on joue à trape-trape dans le noir? Demande Louis super content.
- Non j'ai peur du noir tu le sais Lou, je souffle parce-qu'il le sait très bien.

Il râle alors je le pince sur le ventre mais il se laisse pas faire et me pousse en rigolant. Lou attrape la couverture et on se cache dessous avec la lumière. On essaie de faire des ombres avec nos mains. C'est trop drôle et Lou imite un chien avec sa main. Moi j'y arrive pas trop mais je sais faire un papillon qui vole. On fait plein de signe, j'arrive à faire un lapin même. Lou rigole et puis il fait un doigt d'honneur.

- Ça c'est un gros mot! Je lui dis.

Il rigole et dit que c'est pas grave, qu'on a le droit parce-que les grands nous voient pas. C'est trop drôle. Et puis c'est pas une grosse bêtise. On s'allonge tout les deux, on dort ensemble de toute façon. À chaque fois.

- Lou, est-ce que t'as une amoureuse toi? Je lui demande.
- Non. T'en a une toi?
- Ah non! C'est nul les amoureuses! Je lui dis.

Louis rigole et on reste sous la couette pour discuter tranquillement.

- C'est mieux d'avoir un meilleur copain parce-qu'on peut rigoler et faire les fous! Les filles c'est trop nul elles veulent jamais faire du vélo ou courir dans le fossé pour attraper les grenouilles, je lui explique.
- Ah oui c'est mieux. Demain on pourra retourner au hangar pour jouer entre meilleur copain! Dit Lou.

Il me tend sa main et je tape dessus.

- Mais quand même c'est bien les filles parce-que ça fait des bisous, Lou chuchote avant de rire.
- Hm bof. Moi je préfère jouer, c'est vrai que des fois c'est rigolo de faire des bisous mais bon... Moi je m'en fiche. T'en a déjà fait toi des bisous?
- Oui, avoue Louis.
- À qui? Je lui demande en ouvrant grand mes yeux.
- À Hannah, dans ma classe.
- Sur la bouche?
- Oui, il hoche la tête.
- Beurk! Mais c'est ton amoureuse? Je comprend plus trop moi.
- Avant! Maintenant j'aime personne, Lou hausse les épaules. C'est mieux de jouer tout les deux.
- Ouais! Nous on sera meilleur copain pour toute la vie! Je tends mes bras loin pour lui montrer qu'on sera copain pour toujours.
- Oui, promis.

Louis me tend sa main et je viens lui serrer.

- Promis.

On se serre la main comme des grands. On sera copain pour toute la vie. C'est pour de vrai! Je suis très content et Lou aussi. Je me rapproche de lui et lui fait un bisou sur la joue. Il rigole et décoiffe encore mes cheveux. J'aime pas trop quand on me décoiffe sauf quand c'est Louis.

. . .
[Le lendemain]

Ce matin Gemma est parti à la danse. Elle fait danse tout les samedis matin parce-qu'elle adore. Même que quand elle sera grande elle sera danseuse. Lou, il dit qu'elle est très belle ma soeur mais que quand même moi aussi.

C'est papa qui nous surveille, aujourd'hui. Il a dit qu'on pouvait jouer en attendant parce-que Louis doit aller manger chez sa mamie à midi. C'est nul, moi je veux qu'il reste tout le temps à la maison... Mais papa a dit que c'est pas grave, il pourra revenir à la maison plus tard. Alors je suis content comme ça.

Avec Louis on est dans la chambre de Gemma. On se déguise enfin! Maintenant qu'elle est à la danse elle pourra pas me fâcher. Louis il a mis un chapeau et des boucles d'oreilles. Moi j'ai pris la robe bleue qu'elle a mis la dernière fois à l'école. Elle est très belle.

- Regardez moi madame! Lou me tapote l'épaule et il a mit les gants de Gemma et imite les filles.

Je rigole trop fort que ça fait mal au ventre. Il est bête des fois mon Louis. Il pose et parle comme une fille, c'est trop drôle. On s'amuse trop bien. J'attrape les chaussures de Gemm', ses colliers, ses robes, ses bracelets... On les mets tous un par un. Lou me dit de m'asseoir par terre parce-qu'il me fait un spectacle. Je m'installe et attends qu'il prépare la scène invisible. Il prend la chaise du bureau de Gemma et s'assoit en croisant les jambes comme les filles. Il fait semblant d'avoir des longs cheveux et imite les filles.

- Bonjour les filles! Il dit avec une voix de filles. Aujourd'hui on va apprendre les bonnes manières!

J'explose de rire. Et même Louis il rigole. Il est bête.

- Les garçons! Louis ton papa est là! Cri mon papa depuis le salon.

J'écarte grand mes yeux et avec Louis on doit vite tout ranger sinon il reviendra plus dormir à la maison.

- Vite! Vite! Enlève! Je dis à Louis.

Il enlève le t-shirt de ma soeur et me le lance très vite. J'attrape tout les habits et les remets dans l'armoire le plus vite du monde. Lou retire les chaussures et les lance sous le lit. J'entends que nos papas s'approchent dans le couloir. J'ai peur mais la porte s'ouvre et avec Louis on se relève tout droit en regardant ailleurs.

- Qu'est-ce que vous faites là? Nous demande papa en croisant les bras. Gemma ne pas être contente du tout!

J'hoche la tête mais c'est tout. On dit rien parce-que le papa de Louis apparaît juste derrière et quand il nous voit je crois qu'il va être très vite énervé.

- On range sa chambre, dit Louis.
- C'est pour ça que Harry porte une robe et toi des boucles d'oreilles, dit le papa de Louis.

Lou arrache la fausse boucle d'oreille de Gemma et la jette sur le lit. Son papa il est presque jamais gentil. Il fâche toujours Louis et ses soeurs, même sa maman. Il fait peur. Et c'est pour ça que je peux jamais aller dormir chez lui.

- Louis dépêche toi de prendre tes affaires, on se barre. C'est du grand n'importe quoi dans cette famille. Les gosses se déguisent en gonzesses! J'ai jamais vu ça! Commence à crier le papa de Lou. Mon fils c'est pas une tapette!
- Ils s'amuse simplement, il n'y a rien de bien méchant, dit mon papa. Ce n'est pas parce-qu'il joue avec les affaires de Gemma que ça va les transformer en fille!

Il attrape Louis par son t-shirt et le pousse dans le couloir. Je veux pas qu'il fasse mal à mon copain. Louis entre dans ma chambre et prend son sac à dos très très vite.

- Mon fils ne s'amuse pas à se déguiser en fille! C'est comme ça qu'on en fait des pédés! Il cri très fort et je me bouche les oreilles.

Les grands arrivent dans le salon très vite parce-que le papa de Louis veut partir. Il attrape Louis par le bras et sort.

- Mark arrête un peu, nos gosses veulent seulement s'amuser, si on leur interdit de le faire ils trouveront un autre moyen d'y arriver, dit mon papa calmement.
- Vous êtes complètement tarés ici! Si tu veux rendre ton fils pédé c'est ton problème mais n'entraîne pas le mien dans vos conneries! Le papa de Lou cri fort et pointe son doigt vers nous.
- T'as un sérieux problème, laisse ton fils vivre un peu.
- Ne me dis pas ce que je dois faire avec mon fils! Occupe toi plutôt du tien!
- Moi au moins je suis pas bourré quand je m'en occupe.

Mark il pousse Louis dehors et il s'avance vers mon papa avec des gros yeux en colère. Il attrape son t-shirt entre ses mains et le secoue très fort. J'ai peur et appelle mon père pour qu'il se recule et vienne avec moi. Mais aussitôt mon papa pousse fort celui de Louis par les épaules. Ils ont l'air très en colère.

- Sors de chez moi! Dit papa.
- Bouge Louis, tu refoutras plus jamais les pieds ici, il dit en sortant avec Louis.

Papa a des yeux en colère quand il referme la porte. Il regarde Louis et son père partir à travers la fenêtre. Ça m'a fait peur. C'était comme Nicolas et Louis, qui voulait se battre la dernière fois à l'école. Papa souffle fort et me regarde. Il se baisse pour être en face de moi et me sourit.

- Ça va Harry? Il me demande en caressant mes cheveux.

J'hoche la tête même si j'ai eu très peur.

- Ça m'a fait un peu peur, je lui avoue.
- C'est normal chéri. Le papa de Louis n'était pas dans son état normal aujourd'hui, m'explique papa.
- Il est malade?
- Oui on peut dire qu'il est malade, dit papa. Maintenant, je ne veux plus que tu aille chez lui, d'accord? Tu as vu comment le papa de Louis peut-être méchant.

J'hoche la tête, c'est vrai qu'il a été très méchant. Moi je veux pas qu'il me fâche quand je suis avec Louis. Il est pas gentil de faire ça.

- Comment je vais faire pour jouer avec Louis? Je lui demande tout d'un coup.
- On s'arrangera avec sa maman, ne t'inquiète pas. 

Il fait un bisou sur mon front. Mais je suis quand même un peu triste. J'ai même pas pu dire au revoir à Louis.





Novembre 2007
(Point de vue Louis)

- Wesh Louis, t'as pas un stylo j'ai oublié ma trousse, chuchote une voix à ma droite.

Je tourne la tête vers mon voisin de table, blasé. Il a jamais ses affaires celui là! Un vrai clochard. Je soupire et lui balance un stylo bleu. Il me remercie à peine et commence à écrire le cours. Zayn et moi on est dans la même classe et on s'est très vite bien entendu. Toujours ensemble pour faire des conneries.

Le cours d'histoire m'ennuie tellement que je préfère dormir que d'écouter le blabla de la prof. Pourtant je suis plutôt bon, c'est sûrement parce-que je m'ennuie tellement que j'écoute sans m'en rendre compte. Mes parents me voient faire un métier qui rapporte de l'argent genre avocat ou médecin. Moi, je veux juste être coach de foot ou coach sportif, quelque chose en rapport avec le sport quoi.
Je soupire et tourne les yeux vers Zayn, il a posé sa tête entre ses bras contre son cahier. Ses yeux sont fermés et je suis presque sûr qu'il pourrait ronfler d'une minute à l'autre. Devant moi, Liam discute avec Oli. Je me fais chier clairement... Mon téléphone vibre, j'y jette un coup d'œil et en profite pour regarder l'heure, 15h30.

"✉️ Harry: Tu fini à quelle heure?"

Je suis un pro pour envoyer des messages en cours. La technique est simple, une trousse assez grande pour faire entrer son téléphone à l'intérieur.

"✉️: 17h et toi?"
"✉️ Harry: Moi aussi tu m'attends à l'arrêt de bus?"
"✉️ : Oui Hazza comme d'hab'."

Je ne sais pas pourquoi il me demande de l'attendre à l'arrêt de bus puisque c'est ce qu'on fait tout les matins et tout les soirs. Sauf le mercredi parce-qu'il m'arrive d'être collé... On est voisin et c'est mon meilleur ami d'enfance. Alors avec Harry, c'est notre tradition. On fait toujours le trajet ensemble. Après on rejoint nos potes et on se parle pas plus que ça durant la journée mais on sait qu'on peut compter l'un sur l'autre. Notre amitié est sacré pour moi. Harry c'est un peu comme mon petit frère ou je sais pas... Faut pas toucher à Harry, c'est juste une personne très importante et précieuse pour moi.

On se connaît depuis presque toujours puisqu'on est voisin. Enfant, on passait nos journées ensemble. Mais depuis quelques années on est un peu moins proche. En réalité nos parents ne s'entendent pas du tout et notre amitié en a souffert... Malgré tout on arrive à ce voir de temps en temps, soit à l'école, soit à l'arrêt de bus ou alors on traine dans la rue devant nos maisons tout les deux.
Il y a toujours eu un lien spécial entre nous qui fait que quoi qu'il arrive tout va bien. On peut se dire tout ce qui ne va pas, ni lui, ni moi ne le prendra mal. C'est tellement simple. On se prend jamais la tête comme avec la plupart de mes potes. Je sais très bien qu'avec lui je peux être tranquille, dire ce que je veux, faire ce que je veux, il acceptera tout. Et je pense qu'il ressent la même chose. On a une relation parfaite. J'aimerais passer plus de temps avec lui mais on a chacun nos amis, puis je veux pas être trop collant non plus. On est très bien comme ça.

La sonnerie qui indique la fin du cours résonne. Je range mes affaires en trois secondes et balance mon sac sur mon épaule. J'avance vers la sortie, accompagné de mes potes comme d'hab'. Zayn, Liam, Oli.

- Ah au faite! Tiens, Zayn me tend mon stylo bleu.
- Putain tu fais chier Zayn, tu pouvais pas me le rendre avant!
- Désolé, il hausse les épaules.

Je souffle. Il fait chier. Je me trimballe mon stylo maintenant.

- On a quoi maintenant? Demande Oli en regardant son portable.
- Maths, répond Liam.

Oh putain. Comment bien terminer sa journée avec math en dernière heure... Je déteste ça. J'imagine juste la tronche du prof et ça me gonfle déjà. On traverse le couloir pour rejoindre la salle 215. Parmis la foule d'élèves, j'arrive à distinguer les yeux verts d'Harry. Il a un sourire accroché au visage et regarde une fille juste à côté de lui. Je ne sais pas de quoi ils parlent mais ça a l'air passionnant. Louise, la fille avec lui est une de ses meilleures amies. Étrangement il n'a presque que des amis filles. Mais elle est très cool. J'ai déjà fait une soirée avec elle et elle est super drôle.
Je ne sais pas si Harry m'a vu mais lorsqu'il passe près de moi je ne peux pas me retenir de passer une main dans ses cheveux bouclés. J'adore faire ça pour l'embêter. Il râle toujours parce-qu'il met cent ans à se recoiffer. Malgré tout je ne m'arrête pas, on est en plein milieu du passage et j'ai maths. Mais je l'entends râler, je me retourne pour le voir, tête baissée, les mains dans sa tignasse brune et les yeux rivés vers moi. Je me retiens de ne pas exploser de rire. J'adore sa bouille. J'entends sa voix grogner mon prénom mais je ressens très bien son sourire dans l'intonation de sa voix. Il est toujours adorable aussi! C'est le genre de personne qui peut réussir à se faire pardonner de tout en un battement de cils.

. . .

C'est définitif, je déteste les maths. Mise à part ma partie préférée du cours; la sonnerie. Là c'est un pur bonheur. Je souffle de soulagement et sors de la salle de cours. Enfin la journée est fini! Je vais pouvoir rentrer chez moi et me poser dans mon lit. Il est 17h et c'est le moment préféré de la journée. Les gars me suivent jusqu'à la sortie puis on se check pour rentrer chacun de notre côté. Je ferme mon manteau et me dirige vers l'arrêt de bus, à quelques mètres. Il est toujours blindé de monde cette heure-ci. Je soupire et j'entends des pas se rapprocher, derrière moi.

- Lou, attends moi.

Je me retourne et je vois que Harry trottine vers moi. Il s'arrête à ma hauteur. Et me fait son sourire parfait qui fait ressortir ses fossettes comme d'habitude. Adorable.

- Alors bouclette, comment s'est passé ta journée? Je lui demande en passant une nouvelle fois ma main dans ses cheveux.
- Louis! T'es chiant! Il grogne en me montrant ses dents.

Il me fait plus rire que peur.

- Tranquille et toi? Il me demande une fois devant l'arrêt de bus.
- Content qu'elle soit fini.

Il me sourit comme un enfant et on s'abrite sous l'abris de bus parce-que quelques gouttes commencent à tomber. On est en plein mois de novembre et il fait vraiment super froid. Je suis trop frileux et justement je vois Harry grelotter.

- Ferme ton manteau imbécile, je lui dis en tirant sur le col.
- Non mais c'est bon le bus est là dans trois minutes.

Je soulève un sourcil en riant.

- C'est quoi ton délire tu veux tomber malade ou quoi? Je lui demande.
- Non juste, j'aime pas fermer mon manteau ça fait moche.

Cette fois j'explose de rire.

- Tu sais que t'as un sérieux problème toi, j'avoue en secouant la tête.
- Ouais c'est pour ça que t'es mon meilleur ami, il dit en souriant timidement.

Ses mots me viennent droit au coeur. Parce-que ouais, c'est vrai on est meilleur ami. C'est juste qu'on ne se le dit pas. Mais on est toujours là l'un pour l'autre.
Je lui souris et passe ma main dans ses cheveux. Encore une fois. Il va râler mais j'adore.

- Louis! Il grogne en perdant patience.

Je souris et le bus arrive. Harry resserre son manteau autour de lui. Il est vraiment débile des fois. La foule s'agglutine a l'intérieur du bus alors que les portes s'ouvrent à peine. Je sens la main d'Harry accrocher mon manteau pour ne pas se perdre au milieu de tout ce monde. Je trouve un espace libre et tire Harry vers moi. Il arriverait à se perdre dans un bus celui là.
On passe le trajet serré contre la fenêtre du bus. Une chance pour nous que notre arrêt ne soit pas trop loin. Je sors mon téléphone de ma poche pour patienter. Harry regarde la rue défiler à travers la vitre. Il semble concentré alors je le laisse tranquille. Je le taquine assez pour en rajouter une couche sinon il va finir par ne plus me supporter.

Au bout de dix minutes, notre trajet est terminé. On sort tout les deux en respirant enfin l'air pollué de la ville. Harry soupire et on avance vers nos maisons.

- Ça va Hazza? Je lui demande soudainement en voyant sa petite tête.
- Ouais ça va pourquoi? Il me répond.
- J'sais pas, t'as l'air bizarre.
- Non..

Je cherche pas plus loin. Harry est quelqu'un d'assez calme et parfois introverti alors c'est vrai que j'ai souvent tendance à prendre ça pour autre chose. Je m'inquiète pour lui mais en réalité il est juste lui même. C'est toujours ce garçon calme qui a peur de tout.
Une vingtaine de mètres plus loin, on arrive devant nos maisons. Parfois quand on a des trucs à se raconter, ce qui n'a pas l'air d'être le cas aujourd'hui, alors on reste assit 5 ou 10 minutes sur le palier de sa maison à parler où juste rigoler tout les deux. Cependant lorsqu'on arrive devant chez lui, on s'arrête et il me regarde plutôt bizarrement. J'ai l'impression qu'il est angoissé ou qu'il a peur de quelque chose. Je lui souris et m'apprête le décoiffer encore une fois mais il esquive en souriant.

- Allez à demain Hazza, je dis en riant.
- Attends Lou, il s'empresse de dire.

Il passe son sac à dos sous son bras et le ramène contre son torse. Il ouvre la grande fermeture éclair et se met à fouiller à l'intérieur. J'attends qu'il termine et il se redresse en sortant une enveloppe blanche. Qu'est-ce qu'il a reçu? C'est son bulletin ou quoi?

- C'est quoi? Je lui demande

Il respire profondément et me la tend.

- C'est pour toi, je l'attrape doucement. S'il te plait lis là quand tu seras sera chez toi. Et si ça ne te plait pas, brûle là et oublie là, fait comme ci elle n'avait jamais été là mais ne m'en veux pas. S'il te plait, dit Harry les yeux larmoyants.

Ça me serre le coeur de le voir dans cet état là. Qu'est-ce qu'il y a dans cette lettre? J'hoche la tête et Harry semble un peu soulagé. Il respire à nouveau profondément comme si un poids pesait sur ses épaules. Ça me perturbe un peu je dois l'avouer. Il sourit difficilement et pose un bisou sur ma joue gauche avant de me tourner le dos et rejoindre le pavillon de sa maison. C'est vraiment bizarre. C'est peut-être un carnet de blague pourri qui ne fait rire que lui?
Je soupire et fait demi-tour pour rentrer chez moi. Il est 17h30 mon père n'est pas encore à la maison. Une chance. Je rentre et retire mes chaussures. J'entends du bruit dans la cuisine. Mes soeurs et ma mère doivent certainement y être. J'ai à peine le temps de rentrer dans la cuisine que j'aperçois les deux dernières, se disputer pour le dernier gâteau au chocolat. Maman me sourit, laissant les filles régler leur problème.

- Tu as passé une bonne journée? Elle me demande alors que je m'approche pour embrasser sa joue.
- Ça a été, je lui répond simplement.

Elle me sourit et soupire en voyant mes petites soeurs se disputer.

- Daisy, Phoebe ça suffit! Elle s'énerve et mes soeurs s'arrêtent aussitôt. Phoebe lâche ce gâteau.

Elle se redresse et attrape le gâteau au chocolat des mains de Phoebe pour le ranger dans le placard.

- Si vous ne pouvez pas vous entendre pour un gâteau, aucune de vous ne l'aura, elle s'impatiente.

Mes soeurs se chamaillent souvent. En même temps elles sont quatre à la maison et leur solidarité féminine n'est pas toujours au top. Charlotte et Félicité s'échangent un regard puis monte dans leur chambre, certainement pour faire leurs devoirs. Je soupire et maman tente de faire obéir les jumelles.

- Les filles, terminez de goûter, s'il vous plaît, dit maman un air fatigué.

Elle attrape l'éponge dans l'évier et essuie la table de la cuisine.

- C'est quoi cette enveloppe? Elle me demande en ramassant les miettes dans sa main.
- Oh c'est Harry qui m'a donné ça. Je monte dans ma chambre, j'ai des devoirs.

Elle hoche la tête et jette les miettes dans la poubelle. Je me dirige vers les escaliers et les monte une à une à toute vitesse. Je rentre dans ma chambre en balançant mon sac dans un coin. C'est comme ça tous les soirs. On a 1h30 pour que tout soit parfait à la maison. Charlotte et Félicité le savent mais les petites ont du mal. En 1h30, il faut que les filles aient fait leurs devoirs, soit en pyjama, que le repas soit prêt, que la table soit mise... Sinon mon père se met dans une colère noire et pourrait casser n'importe quoi autour de lui. La dernière fois, il a foutu un coup de pied dans une chaise parce-que la viande n'était pas assez cuite. Toute notre famille subit ses sautes d'humeurs. Et surtout ma mère. Elle vit un véritable enfer avec lui mais elle ne le quitte pas de peur qu'il fasse une connerie ou qu'il frappe les filles ou moi. Je sais qu'elle essaie de me le cacher mais je sais qu'il est violent et je vois bien qu'il boit tous les soirs.

Je soupire et m'installe sur mon lit. Je prends 5 minutes pour lire la lettre d'Harry. Après j'irais donner un coup de main à ma mère. Je ne veux qu'elle s'en prenne plein la gueule encore une fois. Elle a déjà beaucoup de mérite de nous élever tout les cinq.
J'examine l'enveloppe blanche, il n'y a rien d'écris dessus. Je la retourne et déchire le rebord collant. Ça m'intrigue vraiment son truc. J'attrape la feuille blanche qui se trouve à l'intérieur et la déplie. wow. Qu'est-ce qu'il a bien pu vouloir me dire pour m'écrire un roman pareil? Je respire un bon coup, bizarrement stressé et je commence à lire.

"Louis,
Je suppose que tu dois trouver ça bizarre. Peut-être même que tu ne vas pas lire cette lettre et ça serait sans doute mieux mais c'est Gemma qui m'a dit que c'était une bonne idée. Alors je suppose qu'elle a raison...
J'ai décidé de t'écrire cette lettre parce-que je dois t'avouer quelque chose. C'est pas évident d'en parler mais je dois le faire. Et même avec une lettre j'ai beaucoup de mal à trouver mes mots... C'est quelque chose qui me fait souffrir depuis un moment maintenant et c'est pour ça que Gemm' m'a conseillé de t'en parler. (Je t'avoue que j'ai beaucoup hésité.) J'ai peur de t'en parler parce-que je ne veux pas que ton regard change. Je veux qu'on reste meilleur ami, comme on l'a toujours été. J'ai du mal à assumer ce que je vais te dire. C'est très compliqué pour moi de trouver les mots juste pour ne pas te dégoutter. Pourtant je reste la même personne. Alors si ce que tu vas lire ne te convient pas, je t'en supplie, ne me laisse pas tomber. J'ai encore besoin de toi. Fais comme si je ne t'avais jamais donné cette lettre. Ne m'en parles plus jamais et je ne t'en parlerais plus jamais. On fera comme si il ne s'était rien passé. Mais s'il te plait ne m'ignore pas parce-que je crois que je ne pourrais pas supporter d'être sans toi. Tu es trop important pour moi. Je sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là..
J'arrête pas de pleurer, tous les soirs. Ça fait longtemps que je garde ça pour moi et Gemma est la seule à être au courant. Parfois j'ai envie de m'enfermer dans ma chambre et de plus jamais en sortir. J'ai peur de faire honte à ma famille, à toi.. C'est trop compliqué.
Je sais qu'on en parle pas souvent tous les deux mais tu sais, je suis encore jamais sorti avec personne. C'est parce-que ça ne m'intéresse pas. Enfin les filles en particulier... Je crois que je suis gay en tout cas je ne suis pas attiré par les filles. Peut-être que tu t'en doutais déjà... Je ne sais pas. Et j'ai peur de ta réaction. J'ai peur de te décevoir et de te faire fuir parce-que sincèrement je ne me pardonnerais jamais de t'avoir écris cette lettre si c'est pour te perdre. Je me demande si c'est une bonne idée que tu saches ça mais je ne peux plus faire semblant. Je suis honnête envers toi et te cacher ça, ne serait pas très loyal. J'espère que tu ne m'en veux pas et que tu m'acceptes comme je suis malgré tout... Tu es mon meilleur ami et je ne veux pas te perdre.
Harry."

wow. Je ne sais pas comment réagir à cette lettre. Je m'y attendais tellement pas! Enfin j'ai déjà eu des doutes sur sa sexualité mais maintenant qu'il me l'annonce vraiment... Je suis sous le choc. Ça me fout les boules qu'il n'est pas eu le courage de ne me le dire en face mais je ne lui en veux pas. C'est quand même quelque chose de difficile à dire. Même si j'aurais apprécier pouvoir le réconforter et le rassurer. C'est juste que... Ça m'a retourné l'estomac. Je ne pensais pas qu'il était aussi mal... Il devrait savoir que je ne le jugerais jamais. On se connaît depuis qu'on est enfant! C'est vraiment étrange qu'il m'annonce ça comme ça. On a toujours fait nos bêtises ensemble. Il n'y pas de honte entre nous. Je replie la lettre et la range dans un tiroir de mon bureau. Harry est un garçon bien, c'est injuste qu'il se sente aussi mal juste pour son orientation sexuelle. C'est sa vie et personne n'a rien à y dire!
Je soupire un grand coup, j'ai du mal à m'en remettre. Et puis durtout je ne veux pas qu'il croit que ça me pose un problème. J'attrape mon téléphone et lui envoie un message, juste pour qu'il comprenne que je suis là.

"✉️: au fait t'aurais pu mettre un timbre sur l'enveloppe."
"✉️ Harry: pas de sous. "
"✉️: bon je te pardonne alors."

Je sors de ma chambre en répondant à son message. Je rejoins maman dans la cuisine pour lui donner un coup de main. Elle mérite que quelqu'un l'aide au quotidien. Avoir une famille avec 5 enfants et un mari alcoolique, c'est pas facile. Je suis l'aîné de la famille, c'est à moi de l'aider.

"✉️ Harry: Tu l'as lu..?"
"✉️: Ouais et t'es toujours mon meilleur ami Hazza. Je pourrais jamais te juger! Tant que t'es bien, je suis bien."
"✉️ Harry: Merci. Merci. Merci. Tu peux pas savoir comme je suis soulagé! Je veux tellement pas te perdre! T'es quelqu'un de génial Lou! "

Je souris bêtement. J'ai envie de sortir, traverser la rue et le serrer dans mes bras.

. . .

[Quelques jours plus tard.]

Il n'est pas encore 8h lorsque je frappe à la porte d'en face. Pour une fois que je suis prêt en avance... La porte s'ouvre à peine quelques secondes après, c'est la petite tête d'Harry qui apparaît. Il me sourit doucement et son regard me fixe. Il me laisse entrer.

- T'es tombé du lit ou quoi? Il me demande en souriant.
- Non. Mais tu pourrais me féliciter pour une fois que c'est moi qui viens te chercher, je lui fais remarquer avec une pointe de sarcasme.
- Toutes mes félicitations monsieur Tomlinson, dois-je m'habituer? Il me demande avec une voix de la haute bourgeoisie.
- Absolument pas mon cher.

Il explose de rire et enfile ses chaussures en vitesse en s'asseyant sur une chaise.

- Gemma n'est pas là ce matin? Je lui demande.
- Elle commence à 10h.

J'hoche la tête. Harry se relève et attrape son sac qu'il dépose sur une épaule sans délicatesse. Il me sourit et ça veut dire qu'on peut y aller. On sort de la maison tout les deux. L'air frais vient fouetter mon visage pendant qu'Harry verrouille la porte de la maison. Sa mère commence le boulot à 7h tous les matins alors elle est déjà partit depuis un petit moment.
On avance vers l'arrêt de bus à quelques mètres. Je vois Harry greloter alors je le pousse un peu pour le taquiner.

- Ça te sert à quoi de pas fermer ton manteau sérieusement Harry? Je lui demande.
- Mais j'aime pas.

Je soupire, il m'exaspère.

- Te plains pas si t'as froid alors, je répond.
- Mais j'ai rien dit je te signale Louis, c'est toi qui commencé, dit Harry.

Oui j'avoue qu'il n'a même pas dit qu'il avait froid mais moi je sais qu'il a froid. Je l'ai vu greloter. Il n'a pas besoin de me le dire. Et de toute façon quand il a froid, j'ai froid. On forme presque une seule personne lui et moi. Je lui donne un coup d'épaule et l'encercle avec mes bras. Il sourit et je frotte ses bras rapidement pour tenter de le réchauffer.

- J'suis trop gentil avec toi, je râle en le lâchant.
- Non t'es parfait.

Je soupire et le pousse encore pour l'énerver mais ça le fait sourire. On s'arrête devant l'arrêt de bus et je remonte le col de mon manteau. Harry reste près de moi et ne bouge pas, mise à part pour trembler de froid. Bien fait. C'est bête pour lui parce-que ce matin, pour une fois, on est en avance et le bus devrait arriver dans 7 ou 8 longues minutes. Je crois que je vais lui offrir un manteau à noël. Un très beau qu'il voudra bien fermer. J'aperçois la buée blanchâtre sortir de sa bouche et je l'attrape par l'épaule pour le coller contre mon torse. Il n'y a encore personne dans la rue donc je peux me permettre de le réchauffer un peu. Et puis le voir trembloter ça me donne encore plus froid. Je le serre contre moi et frotte son dos. Il me remercie difficilement en posant sa tête contre mon épaule. J'ai toujours envie de prendre soin de lui. Harry c'est comme... Mon petit frère mais sans le lien de sang, ou plutôt non, c'est comme... Je sais pas, c'est mon meilleur ami d'enfance...

- Au faite, tu viens toujours à l'anniversaire de Louise ce soir? Demande Harry avec une voix étouffée.
- Ouaip! On fait comment? On y va tout les deux où tu vas chez elle directement? Je lui demande alors qu'il relève la tête.
- Il faut être chez elle à 20 heures, il me répond.
- Donc on voit avec qui pour nous emmener? Je lui demande en sachant que nos parents ne se parlent quasiment plus.
- Je vais voir avec ma mère, t'inquiète pas, il sourit et repose son visage dans mon cou.

C'est une position assez étrange pour des meilleurs amis mais ça me gêne pas vraiment. On est juste bien. C'est bizarre... Je sais que les amis ne se serrent pas comme ça mais c'est tellement naturel entre nous. Ce sont les autres les plus gênés mais moi j'aime bien l'avoir dans mes bras.
Le bus arrive après quelques minutes. On se sépare difficilement et entrons à l'intérieur où la température est bien plus chaude.

. . .

✉️ Harry: On part dans 5 min.

Je reçois le message d'Harry alors que je viens à peine de terminer de me préparer pour ce soir. C'est l'anniversaire de Louise. Elle fête ses 15 ans et elle a organisé une soirée dans le garage de ses parents pour l'occasion. J'ai hâte d'y être. Je sors de ma chambre et pars directement dans la cuisine où ma mère est encore en train de nettoyer la plaque de gaz. J'enfile mon manteau en silence. Mon père est en train de s'endormir sur le canapé et vaut mieux pas le déranger. Mes soeurs sont dans leurs chambres alors je profite d'être seul avec maman pour discuter avec elle.

- Ça va mams?

Elle se retourne vers moi et me sourit.

- Oui. Tu pars déjà? Elle me demande.
- Dans 5 minutes, je lui répond.
- Il faut que je vienne vous chercher?
- Non c'est pas la peine, Anne a dit qu'elle ferait conduire Gemma, tu sais elle fait la conduite accompagné. Elle veut l'a faire conduire la nuit pour qu'elle s'habitue, j'explique à maman.

Elle hoche la tête en essuyant la plaque noir.

- Ça va aller avec papa? Je lui demande un peu inquiet.
- Oui ne t'inquiète pas, je le laisserai dormir sur le canapé, elle me répond en se tournant vers l'évier.
- T'es sûr que ça va pas l'énerver? Tu veux que je lui dise d'aller se coucher tant que je suis là?
- Non chéri va t'amuser avec tes copains, je m'occupe de ton père.

Elle se tourne vers moi en souriant et m'attrape dans ses bras pour déposer un bisou sur mon front.

- Je peux tu sais, ça me dérange pas, j'insiste malgré tout.
- C'est bon Louis, allez file tu vas les mettre en retard, elle me répond.

J'hoche la tête et enfile mes chaussures. J'embrasse la joue de ma mère et sors de la maison en silence pour traverser la rue et rejoindre la maison d'en face. La voiture est déjà allumer. Je frappe sur la porte d'entrée et Harry m'ouvre aussitôt. Son sourire s'étire.

- Ah Lou, il attrape son manteau sur le porte-manteau juste à l'entrée.

Il referme la porte derrière moi pour ne pas laisser entrer le froid.

- Maman, Gemma on peut y aller! Il cri en enfilant son manteau.

Je sens son regard se poser sur moi et m'examiner discrètement. C'est peut-être mon meilleur ami mais j'oublie pas qu'il est gay maintenant. Il se reprend vite et attrape un paquet cadeau sur la table de la cuisine. Des bruits de pas résonnent et Anne et Gemm' arrivent dans la cuisine.

- Salut Louis, dit Anne en s'approchant de moi. Elle me fait la bise, comment tu vas?
- Salut, ça va, je lui répond.
- Salut! Dit Gemma en me faisant la bise, elle aussi.

Elles me sourient toutes les deux et on sort de la maison. Je m'entends très bien avec Gemma, elle a juste un an de plus que moi. Et puis elle ressemble tellement à Harry que c'est impossible de ne pas l'aimer, elle aussi.
On monte tous en voiture. Harry et moi, derrière. Gemm' devant le volant. Elle fait marche arrière pour sortir de l'allée et Anne commence déjà à stresser.

- Doucement Gemma.

Je vois Harry lever les yeux aux ciel. On verra quand il y sera, lui.

Malgré que nos parents ne s'entendent pas du tout, ils n'ont jamais fait de différence avec nous, les enfants. Quand on était petits, on était vraiment inséparable et je pense que c'est toujours le cas. Mais je n'imagine même pas comme ça serait maintenant si ils nous avaient interdit de se revoir. Anne a toujours été très gentille avec moi.

Après quelques coups de freins non maîtrisé et plusieurs soupires de la part d'Anne, on arrive sain et sauf chez Louise. Il est vingt heures passée mais c'est pas grave. On sort toutles deux de la voiture, alors que Anne baisse sa vitre pour nous rappeler à l'ordre.

- Les garçons vous faites attention à vous et on revient vous chercher à minuit, soyez là si vous voulez pas vous taper la honte et que je vienne vous chercher chez eux, nous préviens Anne en souriant.

On acquiesce tout les deux alors que Gemma tente de redémarrer la voiture. Elle cale est on explose de rire avec Harry. Il l'applaudit et elle lui envoie un doigt d'honneur à travers le pare-brise. Ah l'amour fraternel!
La voiture s'éloigne et on traverse le jardin dans la pénombre. Je pense que la musique est déjà au volume max. On suit le son jusqu'au garage, qui se trouve au bout de la maison. Harry s'agrippe à moi, il a peur du noir depuis qu'il est enfant. Je le tire un peu vers l'entrée du garage qui est entre-ouvert. Je toque sur le portail blanc en aluminium et les regards se retournent vers nous. On entre tout les deux à l'intérieur où la température est légèrement plus haute qu'à l'extérieur. Justement Louise est en train de brancher un radiateur électrique. On s'avance vers elle alors qu'il y a déjà quelques personnes présentes autour de nous.

- Hey! Elle nous salut en se relevant après avoir brancher le radiateur sur une multiprises.
- Tiens, joyeux anniversaire, dit Harry en lui tendant le paquet cadeau.
- Merci Harry! Elle sourit et attrape le paquet.

On s'est déjà vu aujourd'hui en cours. Louise  a passé sa journée à tourner autour de mes potes pour nous rappeler que c'était son anniversaire. Je secoue ses cheveux blonds, ondulés et elle crie alors que je m'éloigne. Je rigole et rejoins mes potes à quelques mètres alors que Louise et Hazza rentrent à l'intérieur de la maison. Il y a une grande table remplis de bonbons et de boissons, installé contre le mur du fond. Des ballons et des serpentins multicolores sont accrochés au plafond. Ouais c'est bien un anniversaire de meuf. Je check Zayn et Liam installé sur un banc.

- C'est quoi cette musique? Demande Zayn, dégoutté.

J'hausse les épaules et m'assoit avec eux. Un groupe de fille discutent juste devant la table en se gavant de bonbons, d'autres sont assises juste en face de nous et elles ont carrément l'air de se faire chier. Tom et Calvin entrent dans le garage accompagnés de Samantha, la soeur de Louise. Ils viennent directement nous rejoindre. Je check les mecs et fait bise à Sam.

- On peut pas changer la musique? Demande Zayn en faisant la gueule.
- Va voir avec Lou, c'est son anniversaire, elle lui répond alors qu'il soupire.

Si Louise ne le laisse pas changer la musique il va passer la soirée assit sur le banc... Zayn et son sale caractère. Louise et Harry reviennent dans le garage par la porte intérieure, les bras remplis de gâteaux tous plus colorés les uns que les autres. Mon Harry a un grand sourire aux lèvres. J'avais pas remarqué qu'il était aussi beau ce soir. Il a mis une chemise et ça le rend très classe contrairement à d'habitude avec ses pulls. J'aime bien, ça change. Ils posent tout sur la table et Zayn se lève, enfin décidé à changer de musique. Louise le laisse s'occuper de la musique et il branche directement son téléphone sur la mini enceinte portable, posé dans un coin.

- J'ai emmené de l'alcool, pas un mot à Louise, ok?

Je tourne la tête vers Calvin. Ils ont ramenés de l'alcool ici? Il me regarde et donne un coup de tête vers l'extérieur.

- J'ai pris deux bouteilles de whisky dans le bar à mon père, dit Calvin. Les filles le savent pas donc si t'en veux j'ai tout laissé dehors.

J'hoche la tête et justement j'aperçois Louise distribuer des verres en plastique. Elle arrive jusqu'à nous et nous tend des verres, toute heureuse. Juste derrière elle, Samantha et Harry nous proposent du coca ou du jus d'orange. Je tends mon verre à Harry pour qu'il me serve du coca, il sourit et sert Calvin. Zayn revient à ce moment là pour remplir son verre de coca lui aussi. Il nous a mis du rap us à fond dans le garage, je pense que les parents de Louise ne devraient pas tarder à venir nous dire baisser le volume.

Mais pour le coup les filles se sont levées pour aller danser au centre du garage. Elles se sont cru en été  avec leurs robes sous les fesses? Même si c'est un plaisir pour les yeux, elles me donnent froid. Je reçois en coup de coude dans les côtes et tourne la tête vers Zayn. Et je comprend tout de suite où il veut en venir quand il donne un coup de tête vers l'extérieur. J'hoche la tête et on sort avec Calvin et Tom. Bizarrement Liam a dit qu'il ne boira pas. C'est sûr que si son père vient le récupérer à minuit et qu'il est bourré, ça va pas être très cool. On contourne la maison de quelques mètres et Calvin sort une bouteille en verre de derrière une plante. Il nous sert et on trinque tout les quatre avant de retourner dans le garage pour ne pas éveiller les soupçons.

. . .

La soirée se passe très bien. Tout le monde s'éclate, surtout nous. Et pour une fois que les filles dansent on peut passer une bonne soirée. Louise a soufflée ses bougies, on a mangé son rainbows cake où je sais plus comment elle appelle ça puis on bu un verre, puis un autre. Harry est venu me voir de temps en temps. Mes potes le kiff pas trop parce-qu'il est un peu efféminé. Normal il est gay. Mais je fais quand même attention à lui. Je voudrais pas qu'il tombe amoureux d'un de mes potes, ils sont pas assez bien pour lui de toute façon. Puis Hazza préfère rester avec les filles.

- Eh les filles ça vous dit de faire un action ou vérité? Propose Tom.

Les filles refusent toutes parce-qu'elles savent comment ça va finir et que la moitié d'entre elles sont trop prude pour se laisser embrasser. Alors je continue de les regarder se remuer au milieu du garage. Liam et Calvin ont réussi à trouver des filles avec qui danser. Et justement je crois que la danse c'est pas leur point fort... J'avale la dernière gorgée de mon whisky, ça brûle légèrement ma gorge mais c'est une sensation vraiment cool. Je me sens léger et capable de faire tout et n'importe quoi. Enfin, pas n'importe quoi non plus mais je me sens plus capable de faire des trucs... C'est une sensation étrange mais vraiment cool.
Harry s'assoit près de moi alors que j'observe Lola danser en bougeant ses fesses.

- Arrête ça! Dit Harry en me fixant alors je ne le calcule même pas.
- Arrêter quoi? Je lui demande sans lever les yeux.
- Ça! Il attrape mon menton et m'oblige à le regarder dans les yeux. De regarder les fesses de Lola.

J'explose rire. Un rire pas contrôlé du tout. Et il me regarde dégoutté.

- Pourquoi? C'est pas interdit que je sache, je lui répond en retournant a ma contemplation, qui n'est pas si extraordinaire que ça.
- Mais j'aime pas, il râle.
- Dommage..

Je l'aperçois croiser les bras du coin de l'œil. C'est bon je vais rien faire avec sa copine, pas la peine de stresser. Je tapote sa cuisse et sourit en le regardant.

- Lola est pas assez bien pour toi, il souffle.
- Je m'en fiche de Lola.

Il me sourit et ses fossettes se creusent. J'adore ça. Ses petits yeux verts s'illuminent et j'ai trop envie de passer ma main dans ses cheveux mais je risque de me prendre une baffe vu le temps qu'il a dû mettre à ce coiffer. Il est trop mignon ce soir. J'ai envie de le prendre dans mes bras aussi. Mais je crois qu'on serait gêné de le faire devant les autres.

- Louis ramène ton verre, cri une voix depuis l'extérieur.

Je reconnais la voix de Zayn. Je sais pas combien de verre il a bu lui mais faudrait peut-être ralentir un peu si on veut pas se faire griller par nos parents. Il est à peine 22h je crois. Je me lève en pinçant la joue droite d'Harry. Il ferme les yeux et je le trouve encore plus chou. J'attrape une bouteille de coca sur la table et sors sous le regard interloqué d'Harry alors que le reste des invités semble ignorer mon vol de coca.
Dehors, je rejoins le groupe des mecs et tends mon verre pour qu'ils le remplissent de whisky.

- Lou? Qu'est-ce que vous faites? C'est la voix d'Harry, juste derrière moi.

Je me retourne en vitesse et j'entends les gars se plaindre autour de moi.

- Putain pourquoi il nous a suivis celui là? Râle Tom.
- Retourne dans le garage Harry, je lui demande.
- Louis...
- Rentre il t'as dit là! Calvin coupe la parole à Harry en lui criant dessus.

J'aime pas quand on lui parle comme ça. Les yeux d'Harry se froncent, il n'insiste pas et fait demi-tour. Je soupire et pose mon verre dans l'herbe avant de le rattraper.

- Attends Harry, je rentre dans le garage et le voit de dos, face à la table au fond de la pièce. Harry, désolé ils ont pas le droit de te parler comme ça, je pose ma main sur son épaule et il se retourne, les larmes aux yeux.

La vision de son visage si triste me serre le coeur et je ne peux pas m'empêcher de le prendre dans mes bras. Tant pis si les autres nous regarde, je dois le réconforter. Je dois lui prouver qu'il compte plus que les autres, qu'il est different. Je frotte son dos lentement.

- Je peux te faire confiance? Je lui demande sans le quitter.

Je sens qu'il hoche la tête contre mon épaule.

- Les gars ont ramenés de l'alcool, je lui avoue. Ne le dis pas s'il te plait.

Il relève la tête, un peu choqué puis on se détache complètement.

- T'inquiète je le dirais pas. Mais tu devrais pas boire d'alcool parce-que ma mère va bientôt venir nous chercher et si elle le répète à ta mère, tu vas te faire tuer.

Je lui souris parce-que je sais qu'il a raison. Il a souvent raison de toute façon. Il est intelligent mon Hazza. Mais j'ai bu que trois verres et je pense que j'arrive encore à me contrôler. Sinon je l'aurais déjà embrassé. Je sais pas si c'est le fait qu'il soit gay ou que j'ai bu qui m'en donne envie mais c'est difficile de résister à ses lèvres pulpeuses. Malgré tout je passe une main dans ses cheveux bouclés en souriant.

- Tu as raison, j'ai pas besoin de boire d'alcool pour m'amuser, j'arrive à admettre.

Je n'ai que 15 ans et l'alcool est encore interdit pour nous. Et si j'ai voulu boire c'est juste parce-que j'aime pas qu'on m'interdise des trucs. Comme boire ou fumer ou embrasser un garçon. Harry me sourit et je le serre contre moi en embrassant sa joue.

. . .

Il est bientôt minuit et j'ai passé la fin de soirée à rigoler avec Harry, Louise et quelques filles. C'était une bonne soirée. Et lorsque Harry me rejoint devant la table où je me goinfre de bonbons, il pose son menton sur mon épaule. Je le reconnais juste à l'odeur de son parfum. Je souris inconsciemment.

- Il est presque minuit on va attendre ma mère dehors? Sinon elle va gueuler? Me propose Harry.

J'hoche la tête en remplissant ma bouche de fraise tagada. Il rigole et se décolle de moi pour aller récupérer nos manteaux, posés sur une chaise dans un coin du garage. Il me balance le mien et on souhaite tout les deux une dernière fois, un joyeux anniversaire à Louise. Je check les gars qui ne sont pas encore tous partis et on sort du garage puis du jardin de la grande maison des parents de Louise. Aucune voiture ne nous attend alors on s'assoit sur le trottoir en grelottant. Harry se réfugie aussitôt dans mes bras et je frotte son dos pour le réchauffer un peu. Il enlace ma main libre et je le laisse faire parce-que je n'ai pas la force de le repousser et puis j'en ai pas envie. Son visage est calé sur mon épaule et l'odeur de ses cheveux est juste parfaite. J'embrasse son front et il relève les yeux vers moi, en souriant. Ses pupilles vertes me fixent et c'est une sensation très étrange. J'ai l'impression que le temps s'arrête autour de nous, il n'y a que nos yeux, nos visages a quelques centimètres. J'arrive pas à me concentrer... Son sourire s'étire légèrement et sans même avoir eu le temps de m'y préparer, ses lèvres se posent sur les miennes. Je ferme les yeux et mon ventre se tord. Mon coeur se gonfle un peu, c'est une sensation agréable mais est-ce que je dois le laisser faire? Je sais qu'il est gay mais moi?
Ses lèvres sont douces et elles ont un goût sucré à cause des bonbons. Il n'exerce aucune pression et c'est très agréable malgré tout.
Un bruit de moteur de voiture résonne au loin et je me sépare d'Harry aussi vite que possible. On se redresse, tout les deux très gênés. Nos regards se fuient, je toussote pour essayer de paraître moins embarrasser. La voiture tourne au coin de la rue. Les phares nous aveuglent alors qu'on se relève en silence. Et c'est bien La voiture d'Anne qui s'arrête à quelques mètres de nous et on monte sans échanger un regard ou même un mot.

. . .

[Deux jours plus tard.]

C'est dimanche. Il est environ 14h et je cherche mon pull Adidas dans ma chambre. Je le trouve pas. Mon père m'attend en bas et je suis plutôt stressé. Il veut qu'on discuter "entre hommes" et je sais déjà de quoi il veut parler. J'en ai pas envie. Je veux juste rester dans mon lit et pleurer comme une merde.
Ce matin mon père s'est mis dans une colère noire. Il est entré dans ma chambre alors que j'aidais une des jumelles à s'habiller et je l'ai entendu m'appeler en criant. Je l'ai vu dans ma chambre avec le mot d'Harry entre les mains. Petit mot que Gemma est venue me passer hier soir, puisque je n'ai pas vu Harry depuis vendredi soir à l'anniversaire de Louise. On s'est embrassés et depuis on ne s'est pas adressés la parole...
Sur le papier que m'a passé Gemm', Harry explique qu'il croit qu'il est amoureux de moi depuis des années et qu'il n'arrête pas de penser à moi depuis qu'on s'est s'embrasser. Il a peur que notre amitié se brise à cause de ça et qu'il n'aime pas quand on est en froid ou qu'on ne se parle pas pendant plus de 4 heures... J'ai trouvé son petit mot juste trop mignon.
Mais quand j'ai vu le regard de  mon père, le papier entre ses mains... J'ai paniqué. Il m'a poussé sur le lit en hurlant. Il m'a secoué en attrapant le col de mon pull pour me balancer les pires insultes qu'un père puisse dire à son fils. Je savais pas comment réagir. C'était la première fois qu'il agissait comme ça avec moi.
Mais malgré tout, il s'est excusé aussitôt en disant qu'il m'aimait et qu'il faudrait qu'on discute puis il est partit se calmer.
Voilà pourquoi je suis assez stressé. Il me fait peur maintenant.. Peut-être qu'il peut lever la main sur moi et pas que sur ma mère. Elle, elle a appris à gérer ces colères avec le temps. Elle le déteste mais reste avec lui pour nous, pour mes soeurs et moi. Jusqu'à maintenant il n'avait jamais levé la main sur moi, ni sur mes petites soeurs. Mais je sais qu'il boit et il n'arrive pas à ce contrôler. Il est malade... Mais c'est mon père putain! J'en ai qu'un. Je sais qu'il fait du mal à ma mère mais au fond s'il ne buvait pas je sais qu'il serait une bonne personne. Il faut qu'il se soigne. Mais le premier qui osera lui en parler se prendra un poing au milieu du visage...

Je finis par trouver mon pull sous mon lit et je descends les escaliers pour retrouver mon père dans la cuisine. Ma mère est là, les yeux rouges d'avoir trop pleuré. Elle a tenté de calmer mon père, je les ai entendu hurler. Mon père lui a dit qu'il était hors de question qu'il ai un fils pédé, que ça serait la honte de notre famille. Mais moi, je pense que c'est plutôt lui, la honte de notre famille parce-qu'il est adulte et qu'il ne veut pas soigner son alcoolisme. Maman ne m'a pas encore parlé du mot d'Harry mais je pense qu'elle m'acceptera quoi qu'il arrive.
Mon père a été élever comme ça avec son propre père, il était très sévère et n'hésitait pas à frapper lui aussi ses enfants. Il leur a donné une éducation très stricte et mon père a prit quelques coups de ceinture durant sa jeunesse... C'est pour ça aussi qu'il ne voulait pas frapper ses enfants... Pour ne pas reproduire ce que lui a fait subir son père. Enfin je suppose que c'est pour ça...

- Tu es prêt? On va au hangar nettoyer le vieux bateau, je le met à vendre la semaine prochaine, dit mon père en ouvrant la porte d'entrée.

J'hoche la tête et regarde maman. Je sens qu'elle s'inquiète alors je dépose un bisous sur son front et sort avec mon père en enfilant mon manteau. On a pas encore eu le temps de s'expliquer mais je redoute le moment où il va me parler d'homosexualité.

- Ferme ton manteau Louis, il fait froid.

Je ferme mon manteau sans protester et on traverse le jardin pour rejoindre le hangar en longeant le chemin près du bois. Ce bateau est là depuis des années et il s'est enfin décidé à le vendre. Je crois qu'il appartenait à son oncle, qui est décédé depuis au moins dix ans. On avance dans le plus grand des silences. J'ai peur et je sais pas comment on va aborder le sujet. Bizarrement, il a l'air très calme. On arrive au hangar et mon père tire sur la bâche bleue qui recouvre le bateau, posé là depuis des années.

- Aide moi à le tirer, il dit en se plaçant de l'autre côté de la coque du bateau.

Je le suis et on pousse l'arrière de la coque pour le sortir de sous le hangar. Il frotte un peu le safran poussiéreux puis attrape un seau à l'intérieur du bateau pour le remplir d'eau au robinet derrière le hangar. Je soupire en attendant ma sentante. Il revient et me jette une éponge. Je la rattrape au vol et il me montre le seau avec son menton. Ok. On plonge tout les deux nos éponges dans l'eau pour frotter la coque sale.

- Je suis désolé pour tout à l'heure, je voulais pas agir comme ça avec toi, il commence par dire sans me regarder. J'ai pas réfléchis mais ça m'a tellement surpris. Tu es grand maintenant et tu comprends les choses, je sais que tu prends soin de maman. Et j'ai de la chance d'avoir un fils comme toi. Sincèrement tu es mon espoir dans la vie. Depuis que tu es née, tu es ma plus belle réussite, avec tes soeurs aussi, il marque une pause puis reprend en arrêtant de frotter le bateau. Tu sais que j'arrive pas à me contrôler quand j'ai bu. Et je voudrais vraiment m'excuser pour ça parce-que je sais que je suis difficile à vivre à la maison et que toi et tes soeurs subissent mes mauvaises humeurs.

Je ne sais même pas quoi lui répondre, mais je vois qu'il est vraiment mal. Il est sincère et il sait qu'il est malade.  Mais ça n'excuse pas tout ce qu'il nous fait subir. A nous et surtout à maman.

- Je sais que toi, tu es un bon garçon. Et je te remercie d'être là pour ta mère même si je ne t'ai rien demandé pour elle... Il se rend peut-être compte que je prends plus soin de notre famille que lui même devrait le faire. Tu es une fierté pour moi.

Je frotte de plus en plus fort sur la coque blanche, ça m'aide peut-être à extérioriser ma colère envers lui.

Louis, tu es mon fils et quoi qu'il arrive je me battrais toute ma vie pour que toi et tes soeurs aient la meilleure vie possible, il dit un air déterminé. Quand j'ai réalisé ce que je faisais ce matin, quand je me suis vu en te secouant je me suis dégoutté. J'ai réalisé que j'étais un putain de mauvais père, une personne horrible, il avoue.

Je remarque que ses yeux brillent. Et même si je garde en mémoire ce qu'il m'a fait, à moi mais surtout ce qu'il fait à ma mère chaque jour, je ne peux que être touché. C'est tout de même mon père. C'est aussi grâce à lui que je suis ce que je suis. Il a prit soin de moi lorsque j'étais petit. C'est grâce à lui que j'ai un toit et malgré tout, il m'a apporté de l'amour.

- J'ai eu un déclic, je vais me soigner. Je vais tout faire pour arrêter de boire et d'être violent. Je te le promet mon fils. Je vous dois bien ça, me promet mon père.

Je vois ses yeux embrumés de larmes alors qu'il me regarde. Cette vision me serre le coeur, je ne l'ai jamais vu comme ça. Et je suis heureux qu'il prenne enfin conscience de son comportement.

- J'espère ne pas vous décevoir, il termine enfin.

Une larme glisse sur sa joue et je pars directement le serrer dans mes bras. C'est une situation vraiment étrange, je crois que je ne l'ai jamais pris dans mes bras. Enfin pas depuis très longtemps. Et ça fait tellement de bien. J'ai l'impression de retrouver mon père. C'est comme si je n'étais plus seul. Il me serre fort contre lui et dépose un bisou sur le sommet de mon crâne.

- Je t'aime mon fils, il murmure en se détachant de moi.

Je lui souris, je ne sais pas si il attend une réponse mais je ne suis pas encore capable de lui répondre. Même si je pense la même chose. Il passe une main dans mes cheveux et plonge à nouveau son éponge dans le seau d'eau pour continuer le nettoyage du bateau. Je le suis et c'est comme si on avait toujours fait ça. J'ai l'impression que c'est normal de faire des activités tout les deux alors que c'est tout nouveau. On frotte la coque en poursuivant sur une conversation différente. Il me parle de l'école, du foot, de mes amis et cette fois je lui réponds. On discute et tout se passe pour le mieux. Et ça fait du bien. Je retrouve enfin mon père! J'attendais ça depuis tellement longtemps. Passer un bon moment avec lui... Jusqu'à ce qu'il en vienne au fait. À Harry et à cette lettre.

- Alors comme ça, le petit voisin est pédé? Il me demande en nettoyant l'hélice. Et en plus il est amoureux de toi?
- Apparemment.

Je réponds sans conviction. J'ai pensé à Harry et sa lettre toute la nuit. Quand je l'ai lu hier, j'ai cru que mon coeur aller exploser! C'était vraiment étrange mais en même temps agréable. Et j'avoue que j'ai apprécié embrasser Harry vendredi. C'était vraiment... bien. J'ai adoré. Mais maintenant que mon père vient de réapparaître dans ma vie avec toutes ses résolutions, mes priorités changent. Il y a encore quelques heures j'aurais appelé Harry pour lui dire que ce baiser ne pourrait jamais changer notre relation parce-qu'il est trop important pour moi. Mais maintenant, je pense que ma famille est plus importante.

- Ça te dégoûte pas? Il me demande en riant.
- Si un peu, je mens.

Je ne dis pas la vérité parce-que je viens de retrouver mon père. J'ai des étoiles dans les yeux. C'est comme si un nouveau futur s'offrait à moi. Tout change soudainement maintenant qu'il m'a promis qu'il allait se faire soigner.

"✉ : viens au hangar maintenant stp."

Mon père fait une grimace mi-dégoûté, mi-amusé. Et même si je ne suis pas d'accord avec ça, je ne dis rien parce-que je viens de le retrouver.

- J'suis pas pédé, t'inquiète pas, je dis.
- Je me doute bien que mon fils préfère draguer les jolies filles, il me répond en riant.

"✉️ Harry: J'arrive. "

Je me desteste de faire ça à Harry. Mais si il faut faire un choix entre mes amis et ma famille alors ma famille vaincra toujours.
On fait tous des erreurs et mon père veut réparer les siennes. Alors je lui donne sa chance.
Je monte à l'intérieur du petit bateau et commence à nettoyer la barre à roue alors que mon père vérifie la boîte de jonction. J'aime bien ce bateau, j'aurais bien aimé en faire un jour.

- Je ne sais même si il fonction encore, ça fait des années qu'il n'a pas tourné, se demande mon père en touchant le compteur.
- Tu devrais peut-être essayer de le mettre à l'eau, je lui propose.
- J'y connais rien, autant qu'il serve à quelqu'un d'autre.

Il hausse les épaules en soufflant sur la petite boîte du compteur.

- Ah tiens c'est pas le voisin là bas? Me demande mon père en regardant vers le chemin qui mène à la rue derrière chez moi.

Je relève la tête et aperçois Harry. Mon coeur bat aussitôt plus vite dans ma poitrine. Il avance, les mains dans les poches. Sa petite bouille timide. Il est trop mignon. C'est la première fois qu'on se revoit depuis notre bisou. Et je vais devoir lui briser le cœur pour prouver à mon père que je ne suis pas gay mais je préfère être le digne fils de mon père, celui qui fait toujours des erreurs.

- Ouais je vais lui montrer si j'suis pédé, je dis en sautant du bateau.

J'entends mon père rire en continuant de toucher le compteur. Je respire un grand coup et pars vers Harry. Il me voit arriver et sourit en baissant un peu la tête, sûrement gêné. Je m'arrête à quelques mètres de lui... Ok il faut que je me concentre pour réussir à lui dire ce que je dois lui balancer en pleine gueule...

- Tu te prends pour qui toi? Je lui demande en gueulant. T'as cru quoi? Que j'étais qu'un pédé de merde comme toi?

Il s'arrête et son visage se referme d'un coup. Il semble surpris mais ne réagis pas pour autant. Je sens mon cœur se briser au fur et à mesure de mes mots. Je suis minable. J'arrive pas à croire que je lui fais ça. J'ai toujours voulu le protéger depuis qu'on est gosses.
Ses yeux se froncent, il sait que je ne blague pas. Pas là dessus.

- Que tu sois pédé, ça je m'en branle mais moi tu me mets dans tes histoires toutes pourries. J'suis pas une tapette ok? Il ne réagit toujours pas et je vois du coin de l'œil que mon père nous observe. Maintenant tu me fous la paix ok? Je pousse une de ses épaules en fuyant son regard.

Il se laisse faire.. Je sais qu'il est au bord des larmes, je le connais. J'ai toujours été là pour le défendre quand les autres lui disaient les mêmes conneries sur sa sexualité. J'entends mon père rire et j'ai envie d'exploser, de tout casser et de me barrer loin d'ici. Parce-que j'ai l'impression de faire la pire connerie de ma vie.

- Maintenant barre toi! Je veux plus jamais te revoir!

Je vois dans ses yeux qu'il est perdu. Il ne s'attendait certainement pas à ça... Pourtant je ne peux pas laisser tomber mon père. Je soupire en évitant son regard. Il ne bouge pas et ses larmes coulent le long de ses joues rougis.

- Vas t'en Harry, je lui dis plus calmement.

Je l'entend renifler et je vois dans ses yeux que quelque chose s'est brisé. Il me tourne le dos sans même m'avoir adressé un mot. Mon coeur éclate en mille morceaux dans ma cage thoracique. Je suis le pire idiot que la terre ai porté... Malgré ça, je fais comme si ça ne m'atteignait pas et me retourne pour rejoindre mon père qui lui, semble fier de moi.





Mars 2009
(point de vue Harry)

Il est environ 18h40 et la nuit commence à peine à tomber. J'ai hâte d'être au printemps. Je déteste le froid et les journées qui raccourcissent. Mais je ne me plains pas parce-que je sors de mon cours de chant comme tous les mercredis soir. J'aime tellement ça. La musique est devenue une vraie passion! Je passe des heures et des heures dans ma chambre à créer des mélodies sur mon piano numérique. J'essaie d'écrire quelques textes qui pourraient se poser sur la mélodie et parfois ça marche bien. Parfois j'arrive à en faire une chanson. En quelque sorte c'est devenu mon jardin secret depuis deux ans maintenant. Et sincèrement je voudrais faire ça toute ma vie.

Je rentre à pied ce soir, j'ai oublié ma carte de bus... Pour une fois ça ne pourra pas me faire de mal de rentrer à pied. Et puis il y a à peine 20 minutes de marche jusqu'à la maison. Même si il fait frais, c'est supportable. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et monte un peu le volume. Le temps est assez nuageux ce soir et je n'ai même pas de capuche. Je traverse le passage piéton pour rejoindre la rue d'en face. Deux silhouettes se distinguent au loin dont une qui me semble familière. Mon coeur chauffe à l'intérieur de moi et je baisse les yeux aussitôt. Louis est juste au bout de la rue. Et avec une fille, je crois que c'est sa copine. Je continue ma route le long du trottoir sale en tentant de ne pas les regarder. Mais lorsqu'ils ne sont qu'à quelques mètres de moi je ne peux pas m'empêcher de regarder Louis. Nos regards se croisent une demie-seconde avant que leurs mains s'enlacent. Je ressens les battements de mon coeur à travers ma poitrine. J'ai envie de me cacher sous terre. J'ai toujours honte quand je le croise. J'accélère mes pas en vitesse jusqu'à les dépasser. Même au bout de deux ans, j'arrive pas à croire qu'on en soit arrivé là, lui et moi. J'ai toujours pensé qu'il ferait partie de ma vie pour toujours. Je me retourne furtivement pour le voir s'éloigner. On est juste des inconnus maintenant. Mais à part quelques regards au hasard et notre rue, nous n'échangeons plus rien. Je n'aurais jamais du lui avouer que j'étais amoureux de lui. C'est à cause de ça si il ne veut plus me parler. Il me déteste et je le comprends. C'est pour ça que je n'ai pas insisté. Il aime les filles, pas moi.

J'ai jamais vraiment réussi à l'oublier. Je crois que je l'ai toujours aimé d'un certain côté. Et ça me fait mal de le voir avec cette fille mais je peux pas lui reprocher d'être amoureux. Si il est heureux comme ça... C'est difficile pour moi parce-que j'arrive pas à passer à autre chose. Louis a toujours était le garçon idéal pour moi. Et quand je veux tenter de trouver un autre garçon, c'est les qualités de Louis que je recherche. C'est son physique que je recherche. C'est même ses défauts que je recherche. Mais personne n'est aussi bien que lui. Alors j'ai arrêté de chercher parce-que je voudrais une copie conforme de Louis et qu'il n'y a qu'un seul modèle sur terre.

. . .

[quelques jours plus tard]

- Harry s'il te plait, descend on mange, crie ma mère depuis le rez-de-chaussé.

Je soupire et retire mon casque audio de mes oreilles. Elle a eu de la chance de m'appeler entre deux musiques sinon je ne l'aurais même pas entendu. Je coupe mon piano numérique et sors de ma chambre pour aller rejoindre ma famille en bas. Ils sont tous installés à table et ont déjà commencé à manger. Je m'assois à ma place habituelle près de Gemma, ma grande soeur.

- Harry, je t'ai appelé au moins dix fois, c'est pénible maintenant, se plaint ma  mère.
- Désolé j'avais mon casque, je lui répond en m'excusant.

Elle soupire et attrape la spatule pour me servir des légumes. J'ai même pas faim. Je pousse mon assiette près de la poêle sans conviction. Elle me sert et je mange doucement. Tout le monde discute de leur journée, ma soeur à donné des cours de soutien à un garçon de sa classe. Je crois qu'elle l'aime bien. Il s'appelle Matt, je crois. Je sais plus trop sûr. J'essaie de suivre leur conversation mais je décroche vite. C'est pas que je m'intéresse pas à ce que fait ma famille mais en ce moment j'ai l'impression de les décevoir... Je reste souvent enfermé dans ma chambre et ça nous éloigne. C'est bizarre, ils n'arrêtent pas de me le reprocher mais c'est le seul endroit où je me sens bien. J'ai ma musique, mon téléphone pour ne pas être coupé du monde et c'est tout ce dont j'ai besoin. Si, il me manque juste Louis. Même si ses sentiments ne sont pas réciproques j'aimerais le retrouver, en tant qu'amis. Et justement Louis n'était pas là aujourd'hui au lycée... Ça m'inquiète, il ne loupe jamais les cours. Il est peut-être malade. Peut-être que Louise pourra se renseigner pour moi auprès de ses potes.

. . .

[le lendemain]

Tous les matins, j'attends le bus au bout de la rue pour aller au lycée. Et tous les matins, Louis arrive les mains dans les poches, son sac sur une épaule et ses écouteurs dans les oreilles. Mais ce matin, il n'était pas là, comme hier. Ça fait seulement deux jours qu'il est absent mais il me manque. Pourtant je ne fais que l'observer, on ne se parle plus, donc...
Mais c'est mon rituel. Je sais à quelle heure il sort de chez lui pour prendre le bus, je l'observe attendre, rejoindre sa bande de potes devant le lycée et fumer une cigarette. Quand il change de salle au lycée, quand il fait la queue au self ou encore quand il retrouve Lola, sa copine sur le banc en face du lycée. Je passe ma vie à l'observer. Alors quand il n'est pas là, je m'ennuie. Puis je ne sais pas ce qu'il a et ça, ça m'énerve. Louise n'en sait pas plus que moi, ni même Niall, mon nouvel acolyte en chimie.

Il doit être malade. Mais ce qui est bizarre c'est que même sa soeur n'a pas prit le bus pour aller au collège.

✉️ Louise: Ils déménagent peut-être..
✉️: ça m'étonnerait, Charlotte me l'aurait dit.. Puis j'aurais vu un camion devant chez eux?
✉️ Louise: c'est peut-être rien.
✉️: j'espère :)

Je soupire et descends du bus. La journée se termine enfin, il est 17h30 et j'ai hâte d'aller m'enfermer dans ma chambre comme tous les soirs pour faire ma musique. J'avance jusqu'à la maison et je vois que ma mère traverse la rue. Elle revient de chez Louis? Elle m'attend devant le pas de la porte.

- Salut chéri, elle me dit en souriant faiblement.
- T'étais chez Louis? Je lui demande sans lui dire bonjour.

Je fronce les sourcils et elle hoche la tête.

- Tu sais pourquoi il ne vient pas en cours depuis deux jours? Je poursuis.

Maman sait que Louis et moi, on ne se parle plus. Mais elle ne se mêle pas de nos affaires, elle m'a juste dit que c'était bête de gâcher une amitié comme la nôtre quelque soit la raison. Et je suis d'accord avec son raisonnement mais je ne peux pas forcer Louis à être amis avec moi s'il n'en a pas envie.

- Oui rentre, on va en discuter, elle me répond faiblement et ça m'inquiète fortement.

Je déglutis difficilement, j'ai l'impression qu'elle va m'annoncer quelque chose de grave.
Je pose mon sac dans l'entrée et m'asseois directement autour de la table de la cuisine.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Je demande.
- C'est le papa de Louis, il est décédé, elle me dit doucement. Il a fait un infarctus la nuit dernière...

Mon cerveau bug une demie-seconde. Le père de Louis est mort? Je m'y attendais pas mais... Louis doit être anéantit. Même si son père était quelqu'un d'autoritaire, il restait son père.

- L'enterrement à lieu demain matin, enchaîne maman. Tu veux venir?

Je ne répond pas parce-que je me demande comment va Louis et ses soeurs. Et sa maman, aussi. Je m'imagine perdre mon père, je pourrais jamais m'en remettre.

- Je sais que c'est pas cool les enterrements mais Louis est très triste et peut-être que ça lui ferait du bien de parler à quelqu'un. Comme vous étiez meilleur ami, peut-être que si tu essaie d'aller lui parler... Tu vois? Me demande maman maladroitement.

J'hoche la tête. Louis a peut-être besoin de soutiens mais est-ce qu'il acceptera mon aide? Il a une petite amie, je suppose que c'est aussi son rôle de le réconforter? Et puis est-ce qu'il voudra bien que je m'approche de lui? On se fuit depuis 2 ans... Est-ce que j'aurais le courage d'aller lui parler? Il doit être dévasté et je pense que j'aurais du mal à supporter de voir son visage aussi triste...
Je me demande surtout si cette distance n'a pas totalement détruit nos liens. Nos vies ont changés, il a la sienne et j'ai la mienne maintenant. Pour ma part, il y aura toujours une place pour lui. Mais lui, je ne sais pas...

. . .

Je suppose que si les rôles étaient inversés et que je me retrouvais à la place de Louis, j'aurais aimé qu'il vienne me soutenir dans un moment pareil. Alors j'ai enfilé des vêtements noirs, j'ai pris mon courage à deux mains et avec maman et Gemm' on est partit à l'église pour l'enterrement du papa de Louis. On est resté au fond de l'église parce-que Mark et mon père ne se parlaient plus depuis des années, on était juste là pour soutenir Johannah, Louis et les filles.
Je n'ai pas compris tout de suite de quoi était mort le père de Louis. Un infarctus? Mais c'est quoi? Est-ce que c'est héréditaire? Louis et ses soeurs peuvent, eux aussi, avoir un infarctus? Finalement ma mère m'a avoué que Mark était alcoolique. Ses artères se sont bloqués de sang et son coeur à lâché à cause de ça...

Justement je ne les aient pas vus entrer à l'intérieur de l'église mais peu de gens étaient là. J'ai reconnu Agathe, la tante de Louis. C'est la soeur de Mark. Elle venait souvent chez eux quand on était petit.
C'était un moment assez pénible et je suppose que Louis devait être très mal. J'aurais tellement aimé pouvoir le serrer dans mes bras et lui dire qu'il n'est pas seul et que si il se sent mal, je serais là pour lui, toujours...

Pour le moment, on se dirige vers le cimetière lentement. La famille du père de Louis est là pour lui porter un dernier hommage. Le temps est glacial et il commence à pleuvoir quelques gouttes. Ma mère déplie son parapluie noir en avançant. Le temps est vraiment morose... On contourne les tombes tout les trois. La famille est déjà devant le caveau. J'aperçois Johannah pleurer silencieusement en tenant les deux jumelles. Mon coeur se serre. Je me sens impuissant, j'aimerais pouvoir les aider, leur dire que ça va aller. Mais je pense que ça serait déplacé... Rien ne peut soulager la perte d'un membre de sa famille. Mes yeux divaguent, passent des jumelles, à Charlotte. Elle a un regard triste et semble absente. Une main se pose sur son épaule, c'est celle de Louis. Je pourrais la reconnaître n'importe où. Une boule se forme dans ma gorge quand je pose mes yeux sur son visage. Il est pâle, le regard vide, fixe sur la pierre tombale. Les larmes me montent mais je tente de résister. Je ne peux pas m'empêcher de le trouver magnifique, il porte une chemise noire, ses yeux brillent et ses cheveux ne sont pas coiffés. Je n'ai jamais vu une expression pareil sur son visage. Et ça me fait tellement de peine de les voir comme ça.
On reste en retrait silencieusement en écoutant le discours du prêtre.

Puis certaines personnes commencent à partir petit à petit. C'est un moment assez intime et maman pose sa main sur mon épaule pour nous faire comprendre qu'il serait temps de partir pour nous aussi. J'hoche la tête et on se retire discrètement. Je ne sais même pas si il m'a vu... J'aurais aimé qu'il sache que je suis venu, pour les soutenir. Je voudrais juste qu'il sache que, quoi qu'il arrive je suis toujours là. On sort du cimetière, maman soupire.

- Ça doit vraiment être difficile pour eux, les jumelles sont encore jeunes... Elle souffle. J'inviterais certainement Johannah à boire un thé dans la semaine maintenant que Mark n'est plus là pour lui interdire.

Depuis que Mark et mon père s'étaient disputés, nos parents ne se parlaient plus. Nos mères se disaient bonjour mais ça s'arrêtait là. Mark était très autoritaire.

- Vous devriez peut-être allez voir Louis et les filles? Pour leurs changer les idées un peu, ajoute maman.
- J'emmènerais les filles faire du shopping le week-end prochain, dit Gemma en remettant une mèche derrière son oreille. Tu sais je pense que Louis serait content de te retrouver, elle dit en se tournant vers moi.
- Je sais pas... J'ai peur qu'il me regarde de haut en bas si j'arrive pour lui parler, j'avoue. Toi, vas le voir plutôt, vous vous parlez encore.
- Il serait peut-être temps de remettre les choses à plat entre vous maintenant et de tirer un trait sur le passé, tu ne crois pas? Me demande maman.
- Il ne voudra jamais.
- J'en serais pas si sûr à ta place, répond Gemma.

J'hoche les épaules en continuant de marcher vers la maison. Gemma et Louis, sont toujours amis. Ils se parlent de temps en temps et elle a déjà fait plusieurs soirées avec lui depuis qu'il ne me parle plus. Je n'en veux pas à Gemma mais je suis dégoutté parce-qu'à la base Louis et moi on était inséparable.

- Je pense que le décès de son père va changer beaucoup de choses, ajoute ma mère alors qu'on arrive à la maison.

Peut-être. Mais pour le moment j'ai peur qu'il me rejette. Il l'a déjà fait il y a 2 ans... Alors pourquoi ça changerait maintenant? Parce-que son père est mort? Je ne pense pas.

On arrive à la maison. Je soupire en retirant mes chaussures. J'arrête pas de penser à lui. Il s'était beaucoup rapproché de son père ces derniers temps... J'aimerais au moins savoir comment il va.

- Je sais que c'est pas évident pour toi, que tu es encore amoureux de lui et qu'il a préféré ne plus avoir de contact avec toi mais il va mal et je pense que tu es une des seules personnes qui sache comment lui rendre le sourire, m'explique maman en passant une main sur mon visage.

J'hoche la tête un peu perturbé qu'elle me parle avec tant de franchise mais... J'en sais rien. Je sais pas quoi faire. Je veux qu'il aille bien évidemment mais est-ce que c'est vraiment à moi de faire ça? Il a une petite amie, c'est certainement son rôle à elle, de lui redonner le sourire.

Maman a très vite deviné que j'étais amoureux de Louis lorsqu'il a arrêté de me parler. Je pense que c'est l'instinct des mamans... Ou alors c'est Gemma qui il lui dit. Mais ça m'étonnerait.

. . .

Il est 19 h30, je crois. J'ai réfléchi à Louis toute la journée et je ne sais toujours pas quoi faire. Gemma m'a dit de ne pas me prendre la tête avec ça et que je devais le faire que si j'en avais envie. Et, ouais, j'en ai envie. Ça fait 2 ans que je veux le retrouver. 
Maman prépare à manger dans la cuisine et j'ai voulu lui donner un coup de main. J'en profite pour jeter des coups d'œil par la fenêtre qui donne sur la maison de Louis. Il est sortit plusieurs fois pour téléphoner, pour fumer...

- Tiens met les épluchures à la poubelle, s'il te plait, me demande maman.

Je le fais sans pour autant quitter Louis des yeux, en regardant par la fenêtre. Il est debout sur la dernière marche du perron de sa maison. J'ai l'impression qu'il regarde par ici alors je détourne le regard. Ça m'angoisse.
Mais il mérite que je fasse un effort, non? Il mérite tout... Je prend une grande respiration et sors de la maison sans prévenir ma mère. Elle a déjà compris que j'étais obsédé par la fenêtre depuis une heure.

Je suis dehors, il fait nuit. Il fait froid et je suis en pull. J'ai pas pensé à prendre mon manteau, j'étais tellement concentré à lutter pour sortir de la maison que je ne m'en suis pas aperçu. Évidemment, Louis a relevé la tête directement  vers moi. La rue est silencieuse... Nos yeux sont en contact et des tonnes de frissons parcourent mes bras et mon dos. Qu'est-ce que je suis supposé faire maintenant? Attendre ou aller le rejoindre? Je pense que je l'attends depuis déjà assez longtemps. Je prends mon courage à deux mains et traverse la rue. Nos yeux ne se quittent pas pour autant. Je crois que j'ai jamais été aussi lent. L'angoisse monte au fur et à mesure de mes pas, c'est atroce. Je m'arrête à environ deux mètres de lui. Je ne veux pas le brusquer ou le faire fuir. Il doit déjà se demander ce que je fais là. Personne n'ose parler mais nos yeux restent toujours encrés l'un dans l'autre. Ça m'avait tellement manqué... Je remarque que son torse se souleve à mesure de sa respiration. Il lève la main pour balance le mégot de sa cigarette quelques mètres plus loin. J'ai envie de le prendre dans mes bras mais j'ai peur qu'il me repousse. Je crois que ses yeux commencent à briller.

Puis finalement, c'est lui qui s'avance et tombe dans mes bras. Mon coeur explose et j'ai envie de pleurer avec lui. Je le serre aussi fort que possible. Je sais qu'il en a besoin et moi aussi. Son odeur m'avait tellement manqué. Ses bras m'agrippent comme si sa vie en dépendait. Et j'essaie de le rassurer en le serrant contre moi. Je passe une main dans ses cheveux alors que son visage se bloque dans mon cou. Son souffle contre ma peau me donne le double des frissons habituels.

- Je suis désolé... Me murmure Louis en se redressant.

Nos yeux se retrouvent à nouveau. Mais je ne comprends pas pourquoi il est désolé. Je fronce les sourcils et il essuie ses larmes en vitesse.

- C'est moi qui suis désolé pour ton père... Je lui répond.
- Ça va, il me répond avec un faible sourire.

Bizarrement, aucun de nous n'est vraiment mal à l'aise. Il respire un grand coup et s'assoit sur la marche. Je l'observe et il m'incite à faire pareil. Je le rejoins alors et m'installe à quelques centimètres de lui.

- Merci d'être venue à l'enterrement, dit Louis en me regardant dans les yeux.
- C'est normal.
- Tu n'étais pas obligé... Surtout que... Enfin, tu vois, on se parlait plus, répond difficilement Louis.

Je grimace un peu, oui je n'étais pas obligé mais je voulais lui montrer que j'étais là quand même.

- Je sais... J'arrive pas à trouver une réponse correcte.

Il hoche la tête sans rien dire en baissant les yeux vers ses pieds. J'aimerais tellement qu'il me reprenne dans ses bras. Finalement on ne sait pas quoi dire... Peut-être que nos présences suffisent mais j'aimerais savoir où on en est. S'il va bien, si on redevient amis?
Je l'entends soupirer et c'est très difficile pour moi de rester si distant.

- Je suppose que tu m'en veux pour ce que je t'ai fait, dit Louis en tripotant les coutures de son jeans noir. On était inséparable et j'ai tout gâché...
- Non je comprend, tu avais tes raisons, je lui répond.
- J'ai jamais voulu ça...

Je ne comprend pas tout mais je le laisse parler et prendre son temps.

- Tu te souviens la lettre que tu m'as fait passer par Gemm' pour me dire que... Il hésite mais ne termine pas sa phrase. Tu vois ou pas?

J'hoche la tête. Je me souviens très bien, c'était le lendemain de l'anniversaire de Louise. La soirée où on s'est embrassé. J'étais fou de joie parce-qu'il ne m'avait pas repoussé... Puis finalement il ne m'avait pas non plus envoyé de messages ni quoi que soit le lendemain alors j'ai pris ça pour de la timidité. J'avais décidé de lui écrire une lettre en lui expliquant que j'étais amoureux de lui. Je pensais que ça allait être réciproque puisqu'il ne m'avait pas repoussé mais non.
Je m'en suis tellement voulu parce-qu'il avait accepté mon homosexualité et j'ai tout gâché avec cette putain de lettre.

- Quand je l'ai lu, je sais pas, ça m'a rendu fou. J'étais vraiment super heureux, il avoue alors que je ne suis pas sûr de tout suivre. Mais mon père est tombé dessus...

Je fronce les sourcils. J'imagine la merde que j'ai du foutre ce jour là...

- Et tu sais mon père était... il buvait pas mal, tu vois, ses yeux s'embrument et je ne peux pas me retenir de lui attraper la main pour la serrer dans la mienne. Il relève les yeux vers moi et m'offre un faible sourire, il frappait ma mère parfois, une larme glisse le long de sa joue. Et ce jour là, il a voulu me frapper aussi mais il s'est ressaisit à temps.

Mon coeur se brise et je m'en veux encore plus d'avoir écrit cette putain de lettre. Personne n'a le droit de frapper Louis... Et sûrement pas son père alcoolique. Les larmes me montent alors qu'il essuie les siennes rapidement.

- Il m'a promis qu'il ferait des efforts, qu'il verrait des médecins pour arrêter de boire. Et je l'ai cru bien sûr, c'est mon père. Il m'a dit qu'il m'aimait et qu'il ferait tout pour notre famille... J'hoche la tête. Et il a tenu parole, il a tout fait. Il a arrêté de boire, il ne frappait plus ma mère. J'étais heureux.

Je le laisse me raconter tout ça parce-que je sais qu'il en a besoin. Il faut qu'il évacue tout ça. Je suis accroché à ses lèvres et j'attends la suite parce-que je veux savoir ce qu'il s'est passé durant mon absence.
Nos mains sont entremêlés et ses doigts caressent ma peau lentement pendant que mon ventre se tord.

- Ça a mis du temps mais ça a duré seulement deux ou trois mois, puis il a replongé. C'était trop dur pour lui d'arrêter...

Je ne sais pas ce que c'est d'avoir un père alcoolique mais Louis et sa famille ont eu beaucoup de courage d'avoir vécu ça.

- Et tu vois c'est cruelle de dire ça parce-que c'est mon père et je l'aime malgré tout mais... C'est un soulagement qu'il ne soit plus là. On a plus peur à la maison, il avoue en laissant ses larmes couler.
- C'est pas cruelle si c'est ce que tu ressens.

Il hausse les épaules, perplexe. Il n'a pas à se sentir mal pour quelqu'un qui a ruiné la vie de sa famille. C'est vraiment injuste parce-qu'ils n'ont pas mérités ça!

- C'est vraiment injuste Louis. Vous ne méritez pas ça avec tes soeurs et ta mère. Tu n'es pas cruel crois moi, je lui dis.

Il renifle en resserrant ma main dans la sienne et entremêlant nos doigts.

- En tout cas je suis désolé si je t'ai fait souffrir en m'éloignant de toi, je voulais juste que mon père soit fier de moi, tu vois. Je.. Je voulais pas qu'on devienne deux inconnus... Mais sur le coup, j'ai pensé qu'à moi. Mon père venait de me promettre de changer et...
- Ça va, ce qui est fait est fait maintenant, je le coupe.
- Je suis vraiment désolé, si j'avais su jamais j'aurais fait ça... Il soupire en baissant la tête.
- Je ne t'en veux pas Louis, ça va.
- Oui mais moi je m'en veux, ajoute Louis. J'ai vraiment lutter pour ne pas venir te voir pendant deux ans, c'était vraiment dur! Mais je me disais que mon père devait voir que je ne suis pas... Gay? Il dit timidement.

Gay? Je me demande, l'espace d'une demie-seconde, si il plaisante mais vu les traits de son visage je suis sûr que non. J'ai vraiment du mal à comprendre. Louis, gay? Il aurait pu m'en parler, j'aurais pu l'aider. Attends mais, et sa copine?

- Et Lola? Je lui demande, surpris.
- C'était pour prouver à mon père que je pouvais avoir une copine, j'ai rompu hier, il m'annonce en haussant les épaules.

J'ai l'impression que le moment n'est pas réel. Je ne sais même pas ce que je dois faire. Je suis gêné et triste que son père l'ait empêché de vivre sa vie comme il le voulait. En fait Louis s'est inventé une vie pour plaire à son père. Ça me dégoutte. Il a gâché sa vie pendant deux ans par amour ou par peur de son père...
Je suis écœuré...

- Je suis désolé, je lui dis en réalisant qu'on vient de lui rendre sa liberté finalement.
- C'est pas ta faute tu sais, il me répond.
- Oui mais j'étais juste en face et j'ai rien fais...
- Tu pouvais pas savoir c'est moi qui t'ai dit des trucs horribles pour que tu ne veuilles plus jamais me revoir, il souffle.

J'hausse les épaules. C'est du passé, ce qui m'importe le plus maintenant c'est qu'on puisse redevenir amis.

- C'est du passé Louis, je lui répond.

Il hoche la tête en me regardant, la bouche tordu. Puis un sourire timide apparaît sur ses lèvres. Je crois qu'il a l'air d'aller bien et je ne veux plus le lâcher maintenant.

- Comment vont tes soeurs et ta mère? Je lui demande tout de même au bout d'un moment.
- Mes soeurs sont inconsolables, surtout les jumelles. Et ma mère est triste même si je sais qu'elle s'en veut d'être heureuse sans lui...

J'hoche la tête en silence et il soupire légèrement. Je me doute que l'ambiance doit être pesante chez eux. Un silence s'installe entre nous, il fait froid mais sa main dans la mienne me réchauffe assez, bizarrement. Seulement la lumière du lampadaire de la rue éclaire nos visages. J'observe son visage fin, ses longs cils, ses joues saillantes, ses lèvres fines. Il m'a tellement manqué...

- Tu sais tu peux venir me voir si tu veux te changer les idées, je lui propose, j'habite juste en face, je termine en souriant.

Il sourit puis rit en entendant la fin de ma phrase. Nos yeux se rencontrent encore et mon ventre se tord, encore. Il hoche la tête. J'ai du mal à dégager mon regard du sien, j'en ai pas envie et lui non plus, je crois. Je prend une grande inspiration puis Louis pose son front contre mon épaule. Je frisonne et me retourne un peu plus vers lui. J'ai envie de le serrer contre moi mais j'ose pas. Ça fait tellement longtemps...
Puis finalement c'est lui, encore une fois qui se colle à moi et je passe mes bras autour de lui comme si c'était naturel. Ses bras s'enroulent autour de ma taille alors que je resserre les miens autour de son cou en enfonçant mon visage dans son cou. Je respire à nouveau son odeur réconfortante. Je me sens tellement bien. Enfin.

. . .

[le lendemain]

- Ah ça a pas changé ici, dit Louis en entrant dans ma chambre.

Je souris. Non en effet ma chambre n'a pas beaucoup bougé depuis 2 ans. Mis à part un peu plus de bordel qui traîne...
Il observe un peu autour de lui comme si ça lui avait manqué. On s'installe sur mon lit et je vois ses yeux parcourir les murs, mon bureau et mon clavier numérique.

- Tu fais du piano? Il me demande distraitement.
- Ouais vite fait, je répond sans trop m'étaler sur le sujet.

Il a l'air impressionné et étonné. Je lui souris. Hier on s'est quitté très difficilement mais au bout d'un moment il faisait vraiment très froid dehors. Alors je lui ai proposé de venir aujourd'hui et il a accepté. Nos mères et nos soeurs en ont profités pour passer du temps toutes ensemble en ville.

- En tout cas merci de m'avoir invité, c'est super gentil mais j'espère que tu ne te sentais pas obligé par rapport à mon père, il dit soudainement.
- Pas du tout Louis! Je répond surpris. Ne dis pas des trucs comme ça tu risquerais de me vexer...

Il sourit aussitôt et hoche la tête.

- D'accord.

Je lui souris. Je suis super heureux de pouvoir enfin le retrouver. Louis m'avait beaucoup manqué et apparemment c'est réciproque. On a pas mal discuté hier soir et ça m'a fait du bien. C'est comme si on reprenait notre relation là où elle s'était arrêté. Mise à part que je suis encore un peu gêné par moment... J'avais l'habitude d'être très tactile avec lui.

- Tu pourrais me montrer comment tu joue du piano? Il me demande.

J'hoche la tête timidement. J'aime pas trop jouer devant les autres mais lui c'est différent. C'est lui. Seulement Gemma m'a déjà vu jouer et chanter.
Je me lève du lit et m'installe devant mon piano numérique. J'allume l'ordinateur et branche le clavier.

- Tu sais jouer quoi? Il me demande
- En fait j'essaie de créer moi même mes propres morceaux... Je lui avoue doucement.
- Sérieux? Il dit surpris alors que j'hoche la tête. Joue un morceau pour moi s'il te plaît.

Il semble enthousiaste, ça me fait sourire alors j'accepte volontiers. Je prends une grande inspiration et commence à jouer doucement. Je sens le regard de Louis sur moi, j'avoue que ça me stresse mais j'essaie de ne pas y prêter  attention pour ne pas me tromper dans mes notes. La mélodie résonne lentement et un sourire apparait sur ses lèvres. Il reste attentif tout le long du morceau et applaudit même lorsque je termine. Je rougis et hausse les épaules.

- T'es trop doué Harry! Franchement je suis trop étonné. Ça fait combien de temps que tu en fait? Il me demande intrigué.
- Je prends des cours depuis l'année dernière, je lui répond.
- C'est pour ça que je t'ai croisé l'autre jour en ville? Il me demande soudainement.
- Je revenais de mon cours de chant cette fois, je lui avoue.
- En plus tu chantes? Il répète étonné.

Je hoche la tête en rougissant.

- Mais t'es parfait ou quoi? Il me demande. Il y a deux ans tu étais un garçon tout timide qui avait peur de tout et maintenant je te retrouve et t'es juste le mec grand, fort et passionné. Je sais pas t'as changé de fou... En bien, bien sûr, il ajoute.
- J'ai juste grandi Lou...

Il grimace parce-que c'est la première chose qu'il a remarqué quand il est entré dans la maison, c'est ma taille. Je suis plus grand que lui maintenant. Et ça le fait chier. Mais il ne perd pas son sourire pour autant.

- Dans le sens, muri. Je suis plus mature juste, tu vois... Je rectifie en essayant de ne pas rire.

Il sourit encore plus fort et passe sa main dans mes cheveux comme avant. Ça m'avait manqué ça. Je me relève et le rejoint sur mon lit. Il ne me quitte pas des yeux, c'est stressant mais j'apprécie.

- Au faite, il commence par dire en s'affalant un peu sur mon lit. T'as un copain?

Je sens que mon coeur oublie de battre une ou deux fois. Je m'y attendais pas et je dois être aussi rouge qu'une tomate alors que lui, il a l'air d'aller bien.

- Non non j'ai pas de copain, je lui répond rapidement.

Il hoche la tête en souriant.

- Je le savais déjà mais je voulais être sûr.
- Comment ça tu le savais? Je lui demande.
- Je demandais toujours de tes nouvelles à ta soeur quand on se voyait, il m'explique.
- Elle me faisait toujours un résumé de ce que tu lui avais dit... Je lui avoue moi aussi  en rougissant.
- Ok donc, tout les deux on s'espionnait avec l'aide de Gemma et elle, ça l'a jamais dérangé? Dit Louis en écarquillant les yeux.
- Apparemment.

On explose de rire. C'est ridicule on a passé 2 ans à s'espionner. Et même si j'admets que j'ai eu un peu honte de lui avouer, je suis trop heureux qu'il ait demandé de mes nouvelles à Gemm'.
Il voulait savoir comment j'allais, il s'intéressait toujours à moi.

- Puis de toute façon on était jamais loin. Tu vis en face de chez moi, on est dans le même lycée... Dit Louis.
- Oui on était obligé de se croiser..
- Heureusement, il répond.

Je lui souris et m'adosse au mur alors qu'il allongé ses jambes sur moi. C'est ça. Rien n'a changé entre nous, c'est toujours aussi naturel qu'avant.

- J'aurais pas supporté de ne plus pouvoir te parler et d'être loin de toi... Il soupire. C'était assez dur comme ça...

Je rougis encore et j'ai envie de lui dire que maintenant on va rattraper le temps perdu et que plus personne ne pourra nous empêcher de nous voir. Mais j'ose pas, je sais pas pourquoi ... Et puis il y a ses yeux bleus qui me fixent et ses lèvres qui s'étirent. Je sais plus comment réagir parce-que j'ai juste envie de me coller contre lui et de ne plus bouger. Mais je ne peux pas faire ça, on se retrouve à peine... Et puis il vient de perdre son père. Il est en train de vivre un grand changement dans sa vie et maintenant je veux en faire partie quoi qu'il arrive. Il se redresse et s'assoit sur ses genoux, près de moi. Nos yeux ne se quittent plus. Il sourit et j'ai l'impression que l'ambiance change. Mon pouls s'accélère sans que je m'en rende compte...

- Tu voudrais pas chanter? Il me demande timidement.
- Non, je suis trop timide.
- Allez, juste pour moi. T'as pas besoin d'être timide avec moi Hazza...

Je souris en entendant mon surnom. Ça fait du bien de l'entendre m'appeler comme ça.
Il essaie de m'amadouer en faisant une moue trop adorable. Et ça marche tellement.

- Bon ok, je réponds alors que ses lèvres s'étirent. Je chante quoi?
- Les paroles qui vont que le morceau que tu m'as joué, il me répond, s'il te plaît.
- Tu veux que je joue en même temps?
- Ça serait parfait.

J'hoche la tête. Je pourrais jamais rien lui refuser de toute façon. Il a l'air fier et je frôle sa main pour me relever et sortir du lit. J'ignore mes frissons et m'installe derrière le clavier pour rejouer ma chanson. C'est une des premières chansons que j'ai réussi à écrire et composer. J'en suis très fier parce-qu'elle vraiment au point et puis elle parle de Louis. Je l'ai écrite à peine quelques semaines après notre dispute au hangar... Je ressentais tellement de sentiments. Un mélange de nostalgie, de tristesse et de colère...

Je commence la mélodie au piano alors que Louis s'installe et me regarde attentivement. Je suis plutôt stressé et j'ai l'impression de lui adresser un message. Et je suis sûr qu'il comprendra.

- "Hard not to fall on the way home. You were trying to wear me down, down. Kissing up on fences, and up on walls. On the way home. I guess it's all working out, now. 'Cause there's still too long to the weekend. Too long till I drown in your hands. Too long since I've been a fool, oh. Leave this blue neighbourhood. Never knew loving could hurt this good, oh. And it drives me wild... *

Je fais une fausse note. J'ai du mal à terminer la chanson, son regard me transperce tellement. Mes mains tremblent légèrement et j'ai du mal à me concentrer.

- Désolé... Je toussote.
- Non c'était génial, tu as une voix magnifique Hazza, me dit Louis, j'adore.
- Merci, je répond timidement.

Je souris bêtement.

- C'est une très belle chanson, il me dit, c'est vraiment toi qui a écris ça?

J'hoche la tête en rougissant et il tapote le matelas près de lui. Je le rejoins et m'installe près de lui. Son sourire me déstabilise...

- Ça parle de toi.. Je lui avoue.

Il sourit faiblement et je crois qu'il pourrait rougir, lui aussi...

- J'avais deviné, il chuchote.

Ses mains rejoignent les miennes. La chaleur de sa peau me rassure et je me sens déjà mieux. Maintenant qu'il est enfin là. Comment j'ai fait pour vivre sans lui durant 2 ans? Son sourire et ses yeux, son visage et son corps. Tout refait surface. Mon ventre se tord encore. On est proche et mon coeur bat de plus en plus vite. Sa main droite frôle ma mâchoire et passe dans les cheveux lentement. Puis finalement le faible espace entre nous se réduit. Nos visages se rapprochent, sa bouche n'est qu'à quelques centimètres. Je tente de calmer les battements de mon coeur en fermant les yeux. Ses lèvres se posent sur les miennes délicatement et j'ai l'impression de ressentir une décharge électrique dans le ventre. Le baiser est très doux, ça me fait frissonner. Je me resserre encore plus fort contre lui et passe mes mains autour de sa taille. Ses lèvres sont douces et c'est tellement tendre que je ne veux pas que ça se termine. Mais je ressens une pression autour de ma lèvre inférieure alors qu'on se sépare lentement.
Je suis tellement troublé par ce baiser que je ne réagis même pas. Mes yeux sont clos et je sens la main de Lou caresser ma joue. Son rire me sort de mes rêveries et j'aperçois son sourire et ses yeux brillants. Je souris et me colle contre lui en enfouissant mon visage dans son cou.

- Me laisse plus... Je murmure contre sa peau.
- Jamais Hazza, on est libre.










* chanson de Troye Sivan - Wild

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