Merry Christmas - Larry Stylinson

- Demain on est le combien? Demande une petite voix depuis le salon.
- Le 12 chérie.

Je ne l'a reprend pas sur la faute de temps qu'elle emploie. Je suis fatigué ce soir. Je n'ai même pas la force de la corriger.

- Il me tarde demain pour manger mon chocolat, elle ajoute.

Je sais qu'elle se retient chaque matin pour ne pas dévorer tous les chocolats de son calendrier de l'avent. Elle est gourmande. Le volume du dessin animé qu'elle regarde à la télé résonne dans toute la maison. Et j'ai un mal de tête qui arrive. J'éteins la plaque de gaz sous la poêle d'haricots verts que je viens de faire cuire.

- Ayla baisse le son de la télé, je demande à ma fille depuis la cuisine.

Je l'entend soupirer et contester mon autorité tout bas mais elle finit par obéir. Ayla n'a que 5 ans mais elle a déjà son caractère. Et ce soir je ne suis pas d'humeur à discuter.

- Papa c'est quand qu'on mange?

Je regarde l'heure sur l'horloge accroché sur le mur de la salle à manger. Il est 19h30. Louis devrait être là depuis une demie heure. On est samedi et il va au sport puisqu'il débauche plus tôt ce jour là. Il s'est inscrit à la salle de sport avec son collègue Liam depuis quelques mois. Moi j'ai pris l'habitude d'aller faire un footing dès que j'ai le temps -autrement dit très rarement- mais Louis n'aime pas ça. Il aime le sport mais la course c'est pas son truc.

Et en règle générale il rentre vers 19h pour pouvoir profiter de notre fille.

- Il arrive quand Daddy? Elle soupire. J'ai faim dans mon ventre moi.

Mon couple ne va pas très bien en ce moment alors je respire fort et je regarde ma fille, assise sur une petite chaise en bois face à la télé. Ses longs cheveux châtains tressés dans son dos sont encore humides du bain qu'elle a prit.

- Viens à table, papa est en retard ce soir. Il mangera quand il arrivera, je décide.

Elle se retourne vers moi. Ses yeux bleus me fixent comme si j'avais dit quelque chose de très étonnant.

- J'ai école demain?
- Non c'est dimanche demain mon chat.
- Alors c'est pas grave si on mange en retard, elle m'explique. On peut attendre Daddy, papa.

J'aurais voulu lui dire qu'on pourrait l'attendre parce-que Daddy a travaillé toute la journée et qu'il va rentrer à la maison fatigué, qu'il a envie de passer du temps avec nous. Mais je sais que c'est faux. Enfin non. Il a envie de passer du temps avec elle, il aime sa fille plus que tout, j'en ai aucun doute. Mais il se fout de ma présence.

Et j'ai pas envie de faire des efforts. Je suis fatigué.

- Papa?
- On mange, viens à table.

Elle grimace un peu en me regardant. Puis se lève et me rejoint dans la salle à manger. Elle traîne son doudou à l'effigie de Minnie dans sa main gauche.

- On mange que tout les deux?
- Oui.
- On peut boire du coca à table alors?

Je roule des yeux mais accepte quand même. J'ai pas envie de batailler. Elle sourit toute contente et grimpe sur la chaise à la même place que d'habitude. J'attrape une bouteille de coca dans le frigo et nous sert un verre avant de m'asseoir à côté d'elle. Le dessin animé qu'elle regardait est toujours à l'écran et la pièce ouverte sur le salon nous permet de pouvoir regarder la télé en mangeant. Elle a l'air absorbé.

- Ayla tu vas manger sinon j'éteins la télé.
- Promis papa.

Je remplis son assiette et elle pique dedans sans rechigner. Ses yeux ne quittent pas l'écran mais tant qu'elle se nourrit je la laisse faire. Elle est calme alors j'en profite. Ayla est une vraie pile électrique, je crois qu'elle a hérité ça de Louis. Elle est toujours en train de courir partout, de chanter, de crier...

- Tu manges pas?

Je pose les yeux sur elle, elle regarde mon assiette vide.

- J'ai pas faim ce soir.
- Il faut manger, c'est très zimportant pour la croissance des os.

Je retiens difficilement un petit rire devant sa remarque. C'est ce qu'on lui répète toujours quand elle ne veut pas manger.

- Je sais mon chat mais moi mes os ont déjà grandit alors c'est pas grave si je saute un repas.

Son petit nez en trompette se retrousse. Elle ne dit rien d'autre et enfourne une généreuse fourchette de poulet dans sa bouche.

Ayla termine son repas tranquillement devant un énième épisodes des Looney Tunes. Elle rigole par moment et j'adore la regarder. Je crois que je pourrais passer des heures à la regarder rire ou manger ou même dormir sans jamais m'en lasser. Elle est parfaite à mes yeux, même si elle a un sacré caractère, même si elle nous fait crier parfois. Je l'aime plus que tout au monde. Elle représente tout pour moi. Depuis sa naissance il y a 5 ans, ma vision de la vie a complètement changé. Je ne peux plus m'imaginer sans elle. C'est l'amour de ma vie.

Un bruit de moteur me ramène à la réalité et je relève les yeux vers la porte d'entrée. Je vois les phares de la voiture à travers les rideaux de la fenêtre. Il est là, je regarde ma montre, à 20h10. Une heure de retard. Je soupire.

- J'ai fini papa, elle repose son pot de yaourt vide.

Elle a du yaourt au chocolat partout autour de la bouche.

- Essuie ta bouche t'as du yaourt partout.

Elle se met à rire et essuie sa bouche maladroitement avec sa serviette.

- C'est bon, je peux sortir de table?

Je n'ai pas le temps de répondre que la porte d'entrée s'ouvre sur Louis. J'arrive même pas à le regarder mais Ayla elle, semble contente de le retrouver.

- Daddyy!!

Elle saute de sa chaise, un immense sourire aux lèvres et cours en direction de son père qui l'a réceptionne dans ses bras. Ayla est toujours super joyeuse de nous retrouver dans n'importe quelle circonstance.

- Hey salut ma princesse, il la soulève pour la prendre dans ses bras. Comment ça va ce soir?
- Ça va mais avec papa on a mangé sans toi.

J'ai déjà débarrassé nos couverts, ne laissant que celui de Louis sur la table. Je sens son regard sur moi mais je reste focalisé sur l'écran de la télé.

- C'est pas grave c'est de ma faute je suis en retard.

Oui 1 heure de retard. J'entends un bruit de bisou et le rire de notre fille. Louis est sûrement entrain de foutre son bordel habituel dans l'entrée puisque je vois Ayla tirer sa petite chaise en bois devant la télé pour s'y installer. Je soupire déjà agacé, il faut que je trouve une solution pour le fuir ce soir. Je ne suis pas d'humeur à une nouvelle dispute. Il s'approche mais je me lève de ma chaise.

- Désolé j'ai traîné avec Liam, j'ai pas vu l'heure.
- Hmm, je répond à peine.

Je repousse la chaise à sa place alors qu'il s'avance. Il me barre le passage et s'approche pour m'embrasser mais je tourne la tête et il dépose ses lèvres sur ma tempe.

- Tu fais la tête?

Je ne répond pas, rejoignant la cuisine ouverte pour éteindre la lumière au dessus de l'évier. Il ne proteste pas, ne soupire même pas.

- Désolé j'ai pas vu le temps passer, Liam me coach comme un pro et on a traîné, il dit.

J'ai envie de hurler mais je sais que mon silence lui fera plus de mal que ma colère. Depuis quatorze ans qu'on est ensemble, on s'est toujours promis de se parler, de communiquer quand quelque chose ne va pas. Ça a toujours été notre règle d'or, même lorsque notre couple subissait des hauts et des bas. Mais depuis ces derniers jours je ne respecte plus cette promesse. J'en ai plus le courage, plus l'envie.

Face à mon manque de réponse il s'assoit devant son couvert pour manger, seul. Je peux pas lui tenir compagnie. Pourtant ça me fait mal au cœur quand je le vois manger tout seul comme ça. Mais je peux pas rester avec lui, c'est au dessus de mes forces. Louis est l'homme de ma vie et je ne le dénigrerais jamais parce-qu'il est aussi le père de ma fille. Je l'aime et je l'aimerais toujours mais en ce moment notre couple traverse une très mauvaise période. Et la seule chose qui me ferait du bien c'est d'aller me coucher pour ne penser à rien.

Je profite qu'il soit occupé à manger pour aller prendre ma douche et tenter de me remettre les idées en place.

. . .

- C'est là que Belle se rendit compte qu'elle était amoureuse de la bête. Et c'est grâce à cet amour qu'elle le sauva. La rose reprit vie et le sortilège fu rompu. La bête se transforma en un jeune prince incroyablement beau. Chaque personnages de la maison reprit vie sous forme humaine. Ils passèrent le restant de leurs vies à s'aimer tandis que le père de la belle fut guérit.

Je referme le livre alors que mon bébé me sourit, les yeux presque déjà clos.

- C'est mon histoire préférée.

Je lui souris en remettant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Je sais bien qu'elle adore cette histoire puisqu'elle me l'a demande tous les soirs.

- Je sais mon chat, je me penche pour embrasser son front. Allez c'est l'heure de faire un gros dodo. 

Elle hoche la tête sans protester. Je pense qu'elle est fatigué ce soir. La balade au parc de cette après midi avec ses cousins a du l'épuiser. Elle s'accroche à mon cou et me serre pour un câlin qui fait toujours énormément de bien. J'adore ce moment de tendresse, juste avant le couché. C'est toujours plein de câlins et de bisous. J'en profite un maximum avant qu'elle ne grandisse trop vite.

J'embrasse son front lorsqu'elle me lâche et réajuste sa couverture aux draps rose sur son petit corps.

- Bonne nuit mon amour.
- Tu peux dire à daddy qu'il vienne me faire un bisou, elle me demande doucement.
- Oui il va arriver.

Elle sourit et ferme les yeux alors que je me relève et pose son livre sur l'étagère fixé au mur. Je sursaute lorsque je remarque Louis dans l'encadrement de la porte. Il m'a fait flipper ce con. Je respire fort en posant ma main sur ma poitrine. Depuis combien de temps il est là, à nous espionner? Il fait un pas à l'intérieur tout en me regardant. La petite n'a rien remarqué, je me demande même si elle ne dort pas déjà. Je lance un dernier regard à ma fille et quitte la chambre sans un regard pour Louis.

Il y a encore de la lumière au salon, la télé doit probablement tourner. Il n'est que 21h30, je suppose que Louis va y passer une partie de la soirée. Pour ma part, je suis épuisé et mon mal de crâne ne passe pas. C'est pour ça que je préfère aller me coucher. Enfin c'est pour ça et parce-que je ne veux pas passer la soirée avec lui.

Je pars directement dans notre chambre après m'être laver les dents, fermant les stores au passage et m'installe presque aussitôt dans le lit. Il n'est pas tard alors je traîne un peu sur mon téléphone. Comme souvent je vais avoir du mal à trouver le sommeil. J'essaie de ne pas penser à tout ce bordel dans mon couple. Mais ça occupe toutes mes pensées... Demain c'est dimanche et on a rien de prévu. On va sûrement passer la journée à flemmarder à la maison.

A moins que Louis aille à la « salle ».

La porte s'ouvre lentement quelques minutes plus tard et Louis entre dans la chambre. Il a l'air perdu et soucieux. Pourtant il sait très bien ce qu'il à fait et ce qu'il continue de faire. J'ai pas envie de lui parler. Je verrouille mon téléphone et me tourne dos à lui pour me coucher sous la couette.

- Harry?

Je ne répond pas. C'est inutile qu'il dise quoi que ce soit, c'est voué à l'échec.

- Qu'est-ce que tu as? Il continue.

J'essaie de me concentrer pour ne pas l'écouter mais il n'y a que lui et moi dans la pièce. J'espère juste qu'il va abandonner son idée de vouloir parler le plus rapidement.

- Tu fais la gueule parce-que je suis arrivé en retard?

Sincèrement s'il n'y avait que ça, ça serait plus simple... J'ai besoin de respirer un peu. Je l'entend soupirer et je sens qu'il s'assoit au pied du lit.

- On doit parler non?

Je me retiens tellement fort pour ne pas exploser. Je serre les poings et la mâchoire alors que je sens un noeud dans mon estomac remonter vers ma gorge.

- On s'est promis de toujours se parler quand ça ne va pas, il murmure.

Je bouillonne mais je serre fort les dents pour ne pas lui hurler dessus et réveiller Ayla.

- Ça fait plusieurs mois que c'est un peu plat nous deux...

Comment il ose me dire ça? C'est un cauchemar... Tout ça c'est devenu un cauchemar. Je sais plus quoi faire, j'ai tellement peur d'affronter le problème en face. J'ai peur de tout ce qu'il peut se passer après. J'ai peur qu'on se dise nos quatre vérités, peur qu'on se déchire, qu'on se sépare. Peur pour Ayla et notre famille. Je l'entend soupirer, il bouge et se frotte le visage. Je l'aime je n'ai aucun doute sur mes sentiments. J'en ai sur les siens mais certainement pas sur les miens. On a toujours été un couple très très fusionnel, passionnel. On a toujours vécu notre relation a fond puis on a eu notre bébé. C'était l'extase pour nous. On en rêvait d'avoir notre mini nous, c'était le rêve de nos vies. On s'est battu pour en arriver là, pour avoir notre fille, notre maison, nos carrières. Et on a toujours été extrêmement heureux. Louis est un papa formidable, je pouvais pas rêver mieux pour mon enfant.

Mais la routine a prit place dans notre foyer, la famille, l'école, le travail, le quotidien. Louis à prit du grade au boulot, il est devenu administrateur de bien dans l'agence immobilière où il bosse et tout ça a prit beaucoup de place dans nos vies. Sans s'en rendre compte, on s'est sûrement un peu délaissés pour se concentrer sur tout le reste. Ça s'est fait petit à petit. Les câlins et marques d'attentions ont diminués, nos conversations interminable dans le lit avant de se coucher ont disparus a cause de la fatigue. Les sorties en amoureux ont dû laisser place au repas-télé en famille. Nos délires se sont transformés en moment éducatif pour Ayla. Finalement on s'est abandonnés et on est devenu plus des parents que des amants...

- Harry?

Mais Louis est allé trop loin... Il soupire. Et je pense à tout ce qu'on a traversé. A notre amour. Comment on a pu en arriver là?

- Préviens moi quand tu voudras parler, il souffle et se lève du lit.

J'ai un rire moqueur qui le fait s'arrêter dans sa lancé. Il me regarde quelques secondes alors que je me sens con allongé dans notre lit. Je vois qu'il hésite, il ne sait pas quoi dire.

- Ça remonte à quand la dernière fois qu'on a eu une vraie conversation dans ce lit comme avant, quand on se couchait?
- Sûrement avant que tu rencontres James.

Je ne vois pas son visage mais j'ose espérer qu'il grimace fort et qu'il a envie vomir comme moi quand j'ai lu ce message sur son téléphone, laissé à l'abandon dans la chambre alors qu'il été sous la douche. Je voulais pas me prendre la tête ce soir mais il insiste jamais comme ça d'habitude. Alors voilà, on y est. Il a voulu me faire parler et il va falloir qu'il assume. Vu le silence qui règne dans la chambre je pense qu'il regrette d'avoir insisté.

L'intérieur de ma poitrine tremble en attendant quelque chose de sa part.

Je sens le lit s'affaisser encore et je l'entend souffler fort. Il doit être contrarié que j'ai découvert son petit manège. Je m'allonge sur le dos et effectivement, je le retrouve assit, coudes appuyés sur les genoux et le visage caché entre ses mains. Et l'infime petit doute qui était présent au fond de moi, qui croyait à une supercherie ou un truc genre, disparaît complètement.

- Je... il soupire et cherche ses mots. De quoi tu es au courant?

Je ressens une telle douleur dans mon cœur que j'ai envie de disparaître à mon tour.

- Je peux tout t'expliquer, il cache toujours son visage. Je peux tout expliquer.

C'est trop tard, m'expliquer pourquoi tu m'as trompé n'effacera pas tes actes. Et en réalité, j'en veux pas de ses explications qui puent la merde. Je me sens comme la pire des merdes, a cause de l'homme que j'aime le plus au monde.

- Je peux t'affirmer que c'est pas ce que tu crois , il murmure. Je sais pas comment-
- Ça fait combien de temps? Je le coupe.

Il relève juste la tête lentement. Il ne semble pas cherché à me regarder cette fois.

- Laisse moi te raconter s'il te plaît.
- Ça fait combien de temps que tu me trompe? J'insiste.
- Harry, non je, j'ai jamais... Laisse moi me justifier.

Je rigole nerveusement, parce-que Monsieur a sûrement une bonne raison pour aller voir ailleurs.

- Tu comptais me le dire un jour ou pas du tout?

J'insiste parce-que quitte à parler, autant tout savoir jusqu'au bout.

- Je sais pas, il répond doucement.

Je ressens un déchirement dans ma poitrine. La boule dans ma gorge me fait voir flou. Pourquoi je me sens idiot? Tout est entrain de s'écrouler lentement dans ma tête. J'ai l'impression que tout ce qu'on a vécu n'a jamais compté pour lui...

- Non mais Harry, s'il te plaît écoute moi.
- Je veux simplement savoir ce qu'il s'est vraiment passé, ma voix tremble. Quand, où et depuis quand ça dure. Je veux savoir s'il vit en ville.

Il soupire basculant sa tête en arrière et frottant ses mains contre le jogging qui a remplacé son jeans. Je sais pas comment j'arrive encore à pouvoir parler. Je me suis redressé contre la tête de lit et j'ai replié mes jambes contre mon torse. Mes yeux sont attirés vers lui alors qu'il est mal à l'aise, je le connais par cœur.

- Hmm, James c'est un pote de Liam. Il vient avec nous au sport, il renifle, c'est comme ça que je l'ai rencontré. Il me draguait mais je l'ai jamais stoppé, il souffle et passe une main dans ses cheveux. On a échangé nos numéros et on se parlait de temps en temps. Je, j'aimais bien parce-que je voyais que je plaisais encore, il me disait des trucs que j'avais pas entendu depuis des années.
- Abrège, je peine à dire entre mes larmes.
- Il y a trois semaines Liam n'avait pas pu venir et, il soupire. Je me suis retrouvé seul avec lui. A la fin du cours, il m'a embrassé sur le parking mais je l'ai repoussé de suite et, c'était quand je t'ai dit que je voulais arrêter d'aller à la salle. J'y suis pas retourné pendant 3-4 jours après.

Oui je me souviens.

- Il m'envoyait des messages d'amour tous les jours après ça, je savais plus quoi faire. J'en ai parlé à Liam qui m'a dit qu'on n'avait qu'une seule vie. Je, c'est complètement débile, il renifle encore. Je t'aime Harry et je veux-
- Il s'est passé quoi ensuite? Je lui coupe la parole.

Il soupire.

- Après on s'était disputés tout les deux au sujet du boulot, tu te souviens? Je ne répond pas mais je m'en souviens. J'étais énervé et je suis allé me défouler au sport. James était là et je me suis confié à lui. J'ai été faible et j'ai honte, il renifle. Mais on s'est embrassé et je l'ai pas repoussé parce-que j'étais en colère contre toi et qu'il m'accordait tellement d'importance que je me suis laisser aller.
- Vous avez couché ensemble?
- Non! Je ne-
- Il s'est passé autre chose de sexuelle entre vous? Je le coupe.
- Non! Harry-
- Alors c'est des sentiments? T'es entrain de tomber amoureux de lui?
- Mais non, il dit plus fort. C'est toi que j'aime, je t'aime Harry.
- Arrête de mentir.
- J'ai fait une connerie en le laissant m'amadouer. Je ne mens pas. Je dis pas que c'est de sa faute, je suis tombé dans le panneau mais il me donne de l'importance alors que notre couple est en train de prendre l'eau. J'ai mis un terme à tout ça aussitôt mais il continue de m'envoyer des messages comme il a fait la première fois.
- Pourquoi tu as eu une heure de retard ce soir?
- J'ai été boire un verre avec Liam pour lui demandé s'il était possible que James ne vienne plus à ses horaires-ci au sport car c'est les seules qui correspondent avec le boulot. S'il ne veut pas changer ses horaires alors je résilierais mon abonnement à la salle.

Je sais pas comment j'arrive à rester calme. Mon cerveau prend tellement d'informations en même temps que je crois que ma tête va exploser. J'ai tellement honte. Je me sens minable. Louis n'a jamais été un saint, mais il m'a toujours respecté jusqu'à maintenant et je pensais qu'il serait toujours droit et sincère envers moi. Je me suis trompé. Je ne pourrais plus lui faire confiance. Il a préféré écouter les conseils de son collègue, quel connard celui là aussi. Louis est un pauvre con qui m'a manqué de respect. Il s'est confié sur notre couple à un inconnu qui le voulait juste dans son lit.

Puis peut-être que c'est complètement faux et qu'il a bien couché avec ce type. Peut-être même qu'il est amoureux de lui et qu'il ne me dit rien pour me protéger ou pour sauver sa peau. Je ne peux plus avoir confiance en lui.

- Liam m'a dit qu'il lui en parlerait mais lundi j'appelle pour résilier mon abonnement.

Sa voix tremble. Je suppose qu'on est tout les deux malheureux. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas laisser passer ça. Je me redresse sur le lit alors qu'il n'ose plus bouger.

- C'est pas la peine.

Je sors du lit, complètement perdu. Je sais qu'il me regarde, je sens son regard sur mon corps. J'enfile rapidement un jogging et un t-shirt.

- Qu'est-ce que tu fais Harry?

J'entends ses sanglots à travers sa voix et ça me déchire le cœur. Ça me fait mal mais il m'a fait mal lui aussi. On s'est promis de se parler quand ça n'allait pas. C'est lui le premier qui a transgressé la règle. Il aurait dû me dire qu'un mec le draguait au sport. Je suis sûr qu'on aurait trouvé une solution, quelque chose à faire face à ça. Mais il m'a trahit.

Je me dirige vers l'armoire murale et attrape une des valises rangés tout en haut.

- Non. Harry non, qu'est-ce que tu fais? J'entends sa voix complètement paniqué.

Il se lève en s'approchant de moi mais je recule aussitôt.

- M'approche pas, je me retiens de crier.
- Tu peux pas faire ça Harry.

Je me met à rire, d'énervement.

- Et toi! T'avais le droit? T'avais le droit de me faire ça? Tu... Après quatorze ans? je n'arrive plus à retenir mes larmes.
- Harry, je me déteste de t'avoir fait ça. J'arrive même pas à me comprendre... J'étais complètement perdu, je sais que c'est pas une excuse mais j'ai cru que-
- Stop! C'est trop tard. Je, je vais partir c'est mieux pour nous deux je pense.
- Non Harry je vais tout faire pour me rattraper. C'était que deux stupides bisous ça n'a jamais compté! Je te le promet. Pense à Ayla.

Ayla.

- Je vais dormir sur le canapé et demain je ferais ma valise et celle d'Ayla et on ira chez ma mère. Je t'empêche pas de la voir mais elle reste avec moi.

Il me fixe, la bouche ouverte. Je le sens démuni mais il l'a cherché. Ses bras tombent mollement le long de son corps.

- Tu, non. Harry je t'aime et je voulais pas te rendre si malheureux, il essuie sa joue droite remplis de larmes. Je te promet qu'il n'y a rien eu d'autre, ça ne voulait rien dire. Reste à la maison je t'en supplie.

Pourquoi j'arrive pas à le croire? Je l'imagine entrain d'embrasser quelqu'un d'autre et j'ai l'impression que mon cœur meurt à l'intérieur de ma cage thoracique. Il a posé ses mains sur le corps de quelqu'un d'autre. J'ai envie de vomir, d'hurler, de pleurer, de le frapper. Il a tout gâché. C'est l'homme que j'aime le plus au monde et c'est lui qui me fait le plus de mal. Quelque chose s'est brisé entre nous et j'ai peur que ce soit irréversible.

- Je vais me rattraper Harry, mon amour, crois moi, sa voix est pleine de sanglots. C'était stupide, ça n'a jamais compté.
- Arrête. C'est trop tard, je fuis son regard. Je peux plus te faire confiance, je ne sais même pas si ce que tu dis est vrai.
- Harry mes sentiments pour toi n'ont jamais changés et tu le sais. Je t'aime. J'aurais jamais pu aller plus loin et tu le sais.
- Pourquoi t'es allé voir ailleurs alors? Je te reconnais plus ces derniers mois. Tu me fais souffrir. Je te déteste! J'aurais jamais pensé que ce soit toi qui me rende si mal.
- Je suis désolé, tellement désolé. Je sais pas quoi faire pour réparer mes erreurs. Je suis tellement désolé Harry.
- Arrête. Arrête de t'excuser, ça sert à rien. Ma décision est prise, tu savais très bien ce que je pensais de l'infidélité.
- C'était-
- Arrête. Laisse moi, t'en as assez fait. J'ai juste envie d'aller me coucher loin de toi.

Je frotte mon visage, abandonnant la valise au sol. Ma décision est prise demain je partirais chez ma mère, hors de question que je reste sous le même toit que lui. Ayla va être tellement triste que ça me détruit de devoir la faire quitter sa maison, sa chambre et toutes ses habitudes. Elle n'y est pour rien là dedans. Elle va seulement subir les conneries de son père et ça me met dans une telle colère que j'ai envie de frapper Louis. Le fait qu'il me fasse du mal, ça nous regarde. Mais elle est là, juste entre nous. Elle n'a rien demandé. Ça me rend tellement malheureux de détruire cette stabilité. Je pourrais rester ici, et faire comme si rien n'était pour elle mais... ça serait empirer les choses. Ma mère a vécut la même situation quand j'étais gosse et j'ai terriblement souffert de voir mes parents se déchirer. Je préfère lui éviter ça.

Le cœur lourd et les yeux embrumés de larmes, je me dirige vers le lit pour saisir mon oreiller mais Louis me coupe.

- Je vais aller sur le canapé cette nuit, reste ici. Et demain j'irais chez ma soeur. C'est à moi de partir, c'est moi qui ai fait le con. Je dois assumer. Ayla et toi, vous devez rester ici.

Je ne dis rien mais j'apprécie. Pour Ayla.

- Je t'aime sache le. Je vous aime tout les deux, il renifle. Je, il souffle, je m'en veux je suis désolé de t'avoir fait du mal.
- Louis, je soupire.
- S'il te plaît je sais que tu veux pas m'entendre. Mais laisse moi te faire comprendre... Je ne veux pas qu'on se sépare. Je suis rien sans toi, je pourrais pas... T'es toute ma vie, je t'aime tu le sais.

Il attend quelques secondes en voyant que je ne réagis pas. Puis s'approche du lit pour attraper son oreiller.

- On pourrait en reparler demain? Je ne lui répond toujours pas. Je vais me coucher alors, pardonne moi j'aurais jamais dû cautionner ce que j'ai fait...

Je sens son regard sur moi puis il fait demi-tour et quitte la chambre. Mon cœur relâche la pression et je m'écroule sur le lit en étouffant mes pleurs dans mon coussin.

. . .

J'ai pas fermé l'œil de la nuit. Je suis resté allongé à imaginer Louis dans les bras d'un autre. Je l'imaginais embrasser cet homme dans la voiture, sur le parking de la salle de sport, caché quand il se retrouve seul dans les vestiaires. Ce qui me fait le plus mal c'est qu'il était conscient de ce qu'il faisait. Il l'a embrassé plusieurs fois. Et à ce moment là, il ne pensait pas à moi. Je devais sûrement travailler ou m'occuper de notre fille. Je crois que la nuit ne m'a pas vraiment porté conseil. Au contraire, je me suis même sûrement fait des films, ou pas. J'imaginais tellement notre histoire si parfaite que je me sens ridicule. Je pensais vraiment qu'on ne traverserait jamais de crise comme celle là...

J'ai toujours aussi mal à la tête. Pleurer toute la nuit n'a rien arrangé. J'ai entendu Louis pleurer aussi. Et ça me réconforte parce-que je suppose que ça veut dire qu'il s'en veut vraiment. Il a pas arrêté de rentrer et sortir pour fumer sur la terrasse. Mais ce matin c'est ma fille qui me décide à me lever. J'ai pas entendu sa porte s'ouvrir mais sa voix résonne au loin dans le couloir.

Je sors donc de mon lit, mes yeux me brulent. L'heure sur le réveil affiche 7:42. Ayla pourquoi tu peux pas dormir le dimanche? J'ouvre les stores et découvre notre petit jardin tout gelé. La pelouse est recouverte de glace blanchâtre. Ça serait super qu'il neige cette année. Noël approche et Ayla n'a jamais eu la chance de faire un bonhomme de neige.

C'est le cœur lourd que je décide de sortir de la chambre. J'y vais à reculons, de toute façon je ne vais pas rester enfermé ici toute la journée. Je marche lentement le long du couloir, j'entend un dessin animé tourner doucement à la télé. Et lorsque j'entre dans la grande pièce à vivre je découvre Ayla à table en train de déjeuner, encore une fois hypnotisé devant la télé. Va falloir qu'elle ralentisse les écrans. Je découvre que le petit déjeuné est installé sur la table. J'ai dû attendre qu'il me trompe pour qu'il fasse enfin quelque chose à la maison.

- Papa! S'écrit Ayla la bouche pleine de céréales.

J'entre et aussitôt je sens le regard de Louis se poser sur moi. Il est juste à côté d'elle, en bout de table. Ses yeux sont encadré de cernes violette. Je frotte mon visage en m'approchant de ma fille pour l'embrasser.

- Bonjour, il dit timidement.
- Papa t'as vu! C'est daddy qui a préparé le petit déjeuné!

Les yeux Ayla s'écarquillent, même elle a du mal à y croire. J'ignore Louis, je pensais que la nuit m'aiderait à pouvoir lui parler mais non. J'en ai toujours pas envie. J'embrasse le front de mon bébé et contourne la table pour aller boire un verre d'eau du robinet. Ça me fait mal de l'ignorer mais je peux pas faire autrement.

- Papa vient déjeuner avec nous, en plus que daddy il a acheté des croissants et des kiwis, sa petite voix cristalline ressemble tellement à celle de Louis. J'ai déjà mangé mon chocolat du calendrier. 
- Non mon chat, je vais aller me doucher.

Je repose le verre dans l'évier et quand je me retourne, il est là debout. Il a l'air perdu, son regard divague entre Ayla, moi et la table du petit déjeuné. Il a acheté des kiwis, il sait que j'adore manger ça le matin.

- On va devoir parler à Ayla, je tranche.

Il hoche la tête tristement et tourne la tête vers notre fille. J'ai un pincement au cœur. Elle n'a rien demandée et elle va devoir subir tout ça. Je suis tellement triste pour elle.

- Ayla, Louis se r'assoit. Princesse tu m'écoutes il faut qu'on discute tout les trois avec papa.

Il éteint la télé et Ayla regarde son daddy droit dans les yeux.

- C'est pour me dire que le père noël a beaucoup d'enfants à s'occuper? C'est pas la peine je sais déjà.
- Non princesse, c'est pas ça.

Il soupire et attrape la petite main de notre fille dans la sienne. Les larmes me montent. Je ne veux pas qu'elle souffre a cause de nous, elle est si innocente. Je décide de m'approcher et de m'assoir près d'elle.

- C'est quoi alors? Elle attend gentiment en baladant son regard de Louis à moi.
- C'est peut-être un peu compliqué à comprendre, il commence.
- Euh je suis en cp, je suis une grande maintenant.
- Oui tu es une grande mais on doit te parler d'histoire d'adulte.
- D'adulte? Elle fronce les sourcils.
- Oui, je passe une main dans ses cheveux.
- En fait voilà, il prend une grande respiration. J'ai fait une très grosse bêtise, dit Louis.

Ayla écarquille les yeux mais Louis reprend avant même qu'elle n'ose ouvrir la bouche.

- Papa est très en colère contre moi à cause de cette grosse bêtise.
- Mais papa, elle se tourne vers moi. Daddy a pas cassé la voiture...

Elle semble soucieuse et me regarde droit dans les yeux. Il y a plusieurs mois j'ai rayé la voiture, c'était un petit accrochage sur un parking en me garant mais on s'est disputé avec Louis. Ayla nous a vu et elle s'est mise à pleurer, elle était complètement paniqué de nous voir se hurler dessus.

- Non c'est pas la voiture mon chat.
- Non c'est pas la voiture mais je mérite que papa soit très en colère contre moi. Il a raison.

Elle nous regarde à tour de rôle, complètement perdu.

- Avec papa on a prit une décision, il cherche à avoir toute l'attention d'Ayla. Et je vais aller chez tatie Lottie pendant quelques jours.
- Pourquoi?
- Parce-que j'ai fait du mal à papa et qu'il est triste à cause de moi alors il sera mieux si je pars.

Elle fronce ses sourcils en le regardant. Mes yeux suivent les siens et je vois le visage de Louis déformé par la tristesse. Ça me fait mal au cœur mais je tente de garder mon sang froid comme on l'a fait hier soir. Je trouve qu'il a très bien expliqué la situation à Ayla. On attend une réaction de sa part, quelque chose.

- Vous êtes très fâchés alors? Elle demande au bout d'un moment.
- Oui.
- Mais daddy pourquoi tu fais encore des bêtises? Moi je croyais que les adultes c'est des intelligents.
- Non princesse tout le monde fait des bêtises.

Elle souffle et serre son doudou Minnie contre elle. Là je sais que ça va pas. Et Louis le remarque aussi.

- Princesse écoute moi, c'est pas parce-qu'avec papa on s'est fâchés qu'on ne t'aime plus d'accord? On t'aime tout les deux très fort.

Elle se braque et fixe son bol de céréales vide sur le bord de la table.

- Ayla? Je tente. Daddy va aller chez tatie Lottie, il sera pas loin d'accord? Tu pourras le voir quand tu veux.
- Non! Ses yeux sont remplis de larmes. Pourquoi tu veux que daddy il part? Pourquoi tu veux le laisser tout seul? Moi je veux pas qu'il part!
- Ecoute, intervient Louis. Papa est malheureux quand je suis là-
- C'est nul de dire de partir quand on fait des bêtises! Les bêtises ça arrivent des fois, elle me regarde les sourcils froncés et ça me brise le cœur.

Elle crie presque et des larmes s'échappent de ses yeux rougies. Et j'ai du mal à retenir les miennes aussi. Elle m'en veut et ça me déchire le cœur.

- Princesse, ce sont des histoires d'adultes. On est d'accord papa et moi pour cette décision. C'est de la faute de personne, enfin si c'est de la mienne. Si je n'avais pas fait de bêtise, rien de tout ça ne serait arrivé. Tu ne dois pas en vouloir à papa. D'accord?

Ayla s'est mise à pleurer à chaude larmes. Je crois qu'elle est perdu et qu'elle voudrait trouver un responsable à ça.

- Si tu es triste ou si tu veux me voir je viendrais te voir ma princesse, c'est pas loin chez tatie.
- Non je veux pas que tu pars!

Louis soupire, ça nous fait mal de la voir pleurer. Elle a comprit que c'était important. Ayla est une petite fille intelligente et je pense qu'elle a bien compris que c'était pas quelque chose de normal que son daddy parte dormir ailleurs. Ça la contrarie d'être privée de l'un de ses parents, c'est normal.

- Tu vas revenir après? Elle demande après s'être calmé un petit peu.

Louis relève les yeux sur moi mais je reste focalisé sur ma fille. Sa respiration est mauvaise, elle a les yeux rouges et le regard froncé, presque dur. Elle attend une réponse que son père est incapable de lui donner. Je crois qu'elle a comprit que nous aussi on est triste.

- Ayla, c'est toujours la maison de daddy et moi, pour l'instant il va chez Tatie et on verra après pour le reste.

Elle se tourne vers moi, le regard perplexe.

- Vous vous aimez plus comme les parents de Maëla?

Les parents de sa copine Maëla ont divorcé il y a quelques mois et ça l'a marqué. Je ne sais pas pourquoi. Maëla n'est pas l'une de ses copines les plus proches. Et pourtant elle a retenu cette histoire.

- Ayla princesse, laisse nous régler ça d'accord? Il demande en tenant ses mains.
- Je veux pas que tu sois triste chez tatie Lottie.
- Je serais pas triste, je te promet.

Il glisse ses mains derrière ses oreilles et approche son visage du sien pour embrasser son front.

- Si toi tu te sens triste et que tu veux me parler, dis le à papa d'accord? Tu pourras m'appeler et je viendrais te voir.

Elle hoche la tête mais une seconde après elle fond à nouveau en sanglot. Je ne peux pas retenir mes larmes. Ça me brise le cœur de la voir comme ça. Elle se lève et rejoins les bras de son père en s'agrippant a son pull pour un câlin réconfortant. Je me tourne pour essuyer mes larmes et leur laisser ce moment à eux. Il lui dit des mots doux, la console, la rassure. Il lui dit qu'il l'aime et qu'il l'aimera toujours. C'est comme si on allait se séparer, divorcer et ne plus jamais se revoir. Je ne sais même pas moi même ce qu'il va se passer. En tout cas, je ne priverais jamais ma fille de son père. Elle a besoin de lui.

. . .

Louis est partit. Je croyais que je me sentirais mieux lorsqu'il serait loin de moi et que je pourrais souffler un peu mais non. J'ai toujours aussi mal, si ce n'est plus. Mon cerveau est tellement dans le flou... Je me sens ailleurs. Louis est l'amour de ma vie, il n'y aura jamais personne d'autre. Je l'ai toujours aimé et je crois que je l'aimerais toujours. C'est ma moitié mais parfois il faut croire que le destin peut nous jouer des tours... Je ne sais pas ce qu'il fait, où il est, avec qui.... C'est une sensation tellement étrange après toutes ces années à vivre ensemble. Je sais qu'il ne reviendra pas demain ou dans 2 jours, c'est ça qui me fait bizarre. J'ai comme un trou béant à la place de mon cœur. Et ça me fait souffrir.

Je lui en veux malgré tout. Je me sens tellement trahit, la sensation est horrible. C'est Louis, mon Louis. Et j'arrive plus a le croire. J'y arrive pas. Qui trompe une fois, trompe deux fois. Et s'il avait vraiment couché avec ce mec? Je peux pas exclure ça de ma tête. J'arrive pas à comprendre pourquoi il a fait ça? On s'est promis de toujours se parler, s'avouer nos doutes, nos tracas. Et même si on traversait une période très monotone dans notre couple, j'aurais pensé qu'il respecterait cette règle. Il faut croire qu'on s'était trop enfoncés dans cette routine, dans ce cocon familiale. Il n'y avait plus de piment, plus de magie côté sentimentale. On s'aime et on le sait mais est-ce que ça suffisait encore? Apparemment non. On ne se prêtait plus vraiment attention, préférant privilégier la vie de notre petite princesse. Enfin il n'y a certainement pas que ça. Et puis c'est la plus belle chose qui nous soit arrivé. Mais je crois que tout simplement on a pas su gérer notre couple, on s'est oublié.

Et pourtant avec Louis on s'est aimés dès le premier regard. Il avait un appareil dentaire, une coupe de cheveux digne de Bieber et un style vestimentaire approximatif. On était encore des gamins quand on s'est rencontré mais pourtant j'ai su qu'il y avait quelque chose. J'étais certains que Louis ferait partie de ma vie de près ou de loin. C'était une rencontre banale de collégien, nos orientations sexuelles étaient sûrement indéterminé à l'époque alors on était copain d'école. De proche copain d'école, comme il en arrive souvent. Puis c'est bêtement, un jour qu'on nous a comparé à un vieux couple. Ça nous a fait rire et Louis s'est mit a dire tout le monde qu'un jour il m'épouserait. Sur le coup, c'était drôle. Mais on a grandit et rien n'a changé, il a répété à nos potes du lycée, nos proches, à mes parents et aux siens que je serais son mari, que je n'avais que des qualités, que j'étais beau et doué et mature... que j'étais l'homme idéal. Je me souviens même plus de tout ce qu'il racontait! Il me recouvrait de compliments et mes hormones ont surchauffés. Je savais plus s'il était sérieux ou s'il plaisantait.

Mon dieu le fait d'y repenser ça me rend tellement nostalgique.

Il racontait toujours ça en rigolant mais au fond il était sérieux. On en a discutés un soir alors que je commençais à en avoir assez qu'il répète ça à tout le monde. Et surtout à mes parents. J'étais jeune et rapidement gêné. Ce soir là, on s'est embrassé nos sentiments étaient mutuels finalement. Et depuis on ne s'est pas quittés. On a profité tout les deux de notre jeunesse, on s'est vraiment mariés, on a eu un bébé.

Et voilà où on en est aujourd'hui. Je ne regrette absolument pas tout ce qu'il s'est passé avant. On a tout construit pour tout détruire... Et si on venait à divorcer après toutes ces années, ça serait une immense défaite et je pourrais sûrement jamais m'en remettre. Je l'aime mais j'espère qu'il a aussi mal que moi en ce moment...

Je sursaute en entendant un lourd fracas provenant de la chambre d'Ayla. Je lâche mes documents et accoure vers elle. Des images d'un accident domestique me traversent l'esprit. Je ne l'entend pas pleurer et je n'aime pas ça du tout. J'ouvre la porte à la volée et mon rythme cardiaque retombe aussitôt. Elle est là, au centre de sa chambre, saine et sauve. Les bras derrière son dos, je suppose qu'elle a fait une bêtise mais sur le coup je suis juste soulagé. Il n'y a rien d'anormal dans sa chambre, mise à part les musiques de noël qui résonne à fond sur son poste mais je vois à son visage qu'il y a quelque chose.

- Ayla! Tu t'es fais mal? Je lui demande paniqué.

Elle secoue la tête, la bouche tordue. Ses long cheveux sont en pagaille, sa veste rouge tombe le long de ses bras et il lui manque une chaussette.

- Qu'est-ce que tu as fait? J'essaie de recouvrir la musique avec ma voix.
- J'ai pas fait exprès, ça s'est cassé tout seul!

Excuse préparé, je retiens un petit rire. Autorité parentale oblige.

- Éteins moi cette musique déjà, on s'entend à peine.

Elle obéit paresseusement.

- Qu'est-ce que tu as fait Ayla? J'insiste pour marquer le coup.
- C'est avec la musique-
- La vérité, je tranche sévèrement.

Je vois qu'elle commence à se braquer et soupire.

- J'ai sauté sur le lit et j'ai cassé les planches tout dessous, elle avoue honteusement.

Je prie pour que ce ne soit que des lattes déboîtées je vois pas comment elle aurait pu les casser avec son poids plume de toute façon. Mes yeux traînent dans la pièce et je me demande comment elle a pu mettre un tel bordel à elle toute seule...

- C'est quoi tout ce bazar dans cette chambre?

Je m'approche du lit et soulève le matelas pour découvrir que les lattes sont belles et biens cassés. Et bien choisies, ce sont les 4 lattes du milieu. Putain mais comment elle a fait?

- Ayla? Je me retourne vers elle. Tu les as cassés! Tu sais combien ça coute un sommier? Où tu vas dormir maintenant?
- Mais j'ai pas fait exprès daddy, elle pleurniche.
- Combien de fois on t'as dit de pas sauter sur le lit? T'écoute rien Ayla.

Je la gronde et je vois son visage se décomposer. Mais je veux qu'elle comprenne la valeur des choses. Il faut qu'elle arrive à prendre soin de ses affaires.

- De toute façon j'ai jamais le droit de faire des trucs ici! C'est chiant!

Je me redresse en lui lançant un regard noir. Elle sait très bien que les gros mots sont interdits. Et surtout ce petit air insolent qu'elle emploie pour me dire ça.

- Tu te fiche de moi là? J'hausse le ton.

J'attrape son bras et mon met à sa hauteur pour qu'elle comprenne que je ne suis pas d'accord.

- Je te laisse jouer dans ta chambre et quand je reviens tu as cassé les lattes du sommier et maintenant tu parles mal, tu dis n'importe quoi. Qu'est-ce qu'il se passe Ayla?

Elle grimace et remue pour se boucher les oreilles avec la paume de ses mains. J'essaie de retirer ses mains de ses oreilles mais rien a faire, elle est têtu. Très têtu.

- Ayla!

Elle secoue ses bras pour se sortir de mon emprise. Qu'est-ce qu'elle a ce soir? Je l'entend geindre alors qu'elle remue dans tout les sens pour que je la lâche. Ce que je fini par faire puisqu'elle n'a pas l'air de vouloir coopérer. Elle me regarde avec ses sourcils froncés.

- Arrête tes bêtises maintenant, tu vas ranger ta chambre et on va manger.
- Non t'es méchant! Elle crie, le regard sombre.

Je me sens tellement nul. Je sais même pas quoi faire... C'est vrai qu'elle a un fort caractère et qu'elle sait faire des caprices mais ce soir je me sens complètement paumé. Et pourtant je ne veux pas céder.

- Je suis méchant? Elle hoche la tête le regard noir. D'accord je vais être vraiment méchant. Tu es puni dans ta chambre, quand je reviens si ta chambre n'est pas ranger tu seras puni de parc avec tes cousins et de calendrier de l'avent.

Elle écarquille les yeux, en soupirant la bouche grande ouverte. Je sais que les conditions seront remplis, elle tient trop à son calendrier de l'avent mais je veux qu'elle réagisse. Et j'espère vraiment qu'elle va ranger parce-que je ne veux pas la punir. À ma grande surprise elle se met à pleurer, elle fond en larme au milieu de sa chambre. Et une vague de regret m'envahit. J'ai été trop dur. Elle a déjà encaissé le choc du départ de son père ce matin et j'en rajoute une couche maintenant.

- Pourquoi tu veux me punir? Elle sanglote.

Elle est toute rouge et je pense que la fatigue prend le dessus alors je glisse une main dans ses cheveux qu'elle retire aussitôt en se plaignant.

- Parce-que tu n'es pas gentille ce soir, je dis tout bas pour essayer de l'adoucir.
- Et toi t'es tout le temps méchant.

J'ai un mouvement de recul. Et je suis partagé entre une partie de moi qui dit « elle est perturbé par le départ de son père » et « une petite fille de 5 ans ne dit pas à son père qu'il est méchant ». J'encaisse son reproche en retenant mes larmes moi aussi. En attendant elle se mâchouille les doigts et lance des grognements en râlant. Elle s'énerve et moi aussi. J'arrive plus à la gérer dès que je veux la toucher elle se décale. Mes nerfs sont à vif mais je ne veux pas craquer. Il faut juste qu'elle se calme. Et moi aussi, sinon je vais craquer.

- Écoute moi mon chat, je tente doucement.

Elle grogne encore en tapant du pied. Putain j'ai pas besoin qu'elle me fasse une crise maintenant. J'en peux plus, il faut qu'elle se calme.

- On est fatigué tout les deux-
- Non!

Je soupire longuement en ignorant sa remarque. Louis aurait déjà sévit depuis longtemps, il ne l'aurait pas laissé parler comme ça et l'aurait assit dans un coin pour qu'elle se calme toute seule. Moi ce soir je peux pas.

- Ayla ma princesse, calme toi.

Je profite qu'elle ne dise rien pour poursuivre. Elle me laisse faire lorsque j'attrape son visage pour essuyer ses larmes en douceur. Mon amour. Je l'attrape dans mes bras et m'assois sur le lit, je fais attention à bien me mettre au bord pour ne pas tomber à travers.

- Calme toi mon chat.

Je la serre contre moi, caressant son visage et ses cheveux. J'embrasse son front à plusieurs reprises et elle se calme plutôt vite.

- Tu m'écoutes? Je demande au bout d'un moment.

Je sens qu'elle hoche la tête.

- Tu es triste parce-que daddy est partit?

Elle hoche la tête à nouveau.

- Tu m'en veux?

Cette fois elle secoue la tête et j'ai l'impression qu'un poids s'envole de mes épaules.

- Je t'aime mon chat.
- Moi aussi, elle me répond avec une voix enrouée.

Mon cœur fond littéralement dans ma poitrine. Je la serre fort contre moi.

- Pardon d'avoir cassé mon lit et d'avoir dit que t'es méchant...

J'embrasse son visage en la réconfortant à mon tour. Je suis très fier qu'elle s'excuse d'elle même. Ayla est une petite fille très intelligente. Je la berce en lui disant que ce n'est rien, que ce soir on est tout les très énervés mais que ça va passer. Elle se calme doucement dans mes bras, moi aussi.

- Tu es d'accord pour manger au salon ce soir? Je lui propose pour lui changer les idées.

Elle relève les yeux vers moi et son regard s'illumine.

- Et comme ton lit est cassé tu peux dormir avec moi cette nuit.
- Ouiiiiiii!

Elle sourit en se redressant, apparemment satisfaite.

- Trop bien papa, je vais ranger ma chambre.
- Oui c'est bien mon amour, je suis fier de toi.

J'embrasse son front et elle s'active déjà à ranger sa chambre. Avant toute chose, je suppose qu'un bon bain lui fera du bien.


. . .


Encore une fois toutes mes pensées sont pour Louis. On mange des croques monsieur au salon avec Ayla, les dessins animés à l'écran. Elle est en pyjama, toute calme et les yeux rivés sur la télé. J'arrive pas à me concentrer sur autre chose que Louis. Est-ce qu'il est vraiment chez sa soeur? Je l'imagine constamment avec un autre homme. Est-ce qu'il n'est pas allé voir ce James? Peut-être qu'il avait besoin de réconfort et ce mec sera sûrement là pour le consoler. Il est peut-être avec lui, dans ses bras... Je crois que je suis fatigué. J'espère que c'est juste mon cerveau qui délire complètement en inventant des scénarios loufoques. C'est déjà assez dur comme ça.

- Papa?
- Hmm, je pose mes yeux sur elle.
- J'ai fini.
- C'est bien mon chat.

Il est 20h10, Ayla a école demain. Elle est en cours préparatoire dans la grande école. Ça l'a rend très fier et elle travaille très bien. L'école ça lui plaît bien apparemment.

- Il fait quoi daddy?
- Je sais pas.
- J'ai envie de lui parler avant d'aller au lit.

J'aurais voulu éviter de l'appeler dès le premier jour mais ma fille passe avant tout. J'attrape alors mon téléphone et appel Louis.

- Tiens c'est daddy, je lui passe le téléphone.

Elle saisit mon téléphone avec ses petites mains et l'apporte à son oreille.

- Allo?
- Attend ça sonne.

Elle tape son front en regardant en l'air. Je vois Louis à travers ses mimiques. Elle fait les mêmes grimaces, les mêmes gestes.

- Daddy?

Étant assit à quelques centimètres d'Ayla, enfoncé dans le canapé, j'arrive à entendre brièvement la voix de Louis.

- Ah coucou ma princesse. Comment ça va ce soir?
- Bien. C'est quand que tu reviens?

Mon cœur loupe un battement lorsque j'entends sa question.

- Je sais pas. Il faut que je répare mes bêtises tu sais mon cœur.
- Hmm. Tu fais quoi?
- Je mange avec tatie Lottie.
- D'accord.

Je n'entend pas Louis cette fois parce-que Ayla toussote en même temps. Mais je comprend qu'il lui demande ce qu'elle a mangée lorsqu'elle lui répond avec enthousiasme que les croques monsieur étaient trop bons. Ils parlent encore un petit moment, Louis lui demande ce qu'elle a fait aujourd'hui et elle lui raconte l'épisode où elle a cassé son lit. Sans surprise il a la même réaction que moi.

- Et papa? Ça va?

Je redresse la tête. Mon cœur s'emballe à nouveau. Je pensais pas qu'il demanderait de mes nouvelles à Ayla. Elle relève les yeux vers moi.

- Oui.
- Oui? Il fait quoi?
- On regarde les dessins animés tout les deux.
- D'accord.
- Et tu sais? Même que je vais dormir dans ton lit avec papa, elle lui dit toute contente.
- Ah bon? J'entends sa voix. Tu vas garder ma place.
- Oui.

Je me relève et laisse Ayla parler à son daddy. Ils ont une très jolie relation tout les deux alors je veux leur laisse ce moment rien que pour eux. Puis entendre Louis me fait mal et je préfère m'éclipser. Je pars dans ma chambre pour fermer les stores et tout préparer pour le couché d'Ayla.
Mais en entrant dans ma chambre je remarque quelque chose sur mon oreiller. En y prêtant plus attention, je découvre qu'il s'agit d'une lettre plié en trois. Je l'attrape, intrigué. Il n'y a rien d'écrit sur le premier pan de la lettre.

Alors je la déplie et je reconnais immédiatement l'écriture de Louis. Evidemment. Je sens mon cœur se mettre à vibrer dans ma poitrine. Pourquoi il a fait ça? Il a du la déposer là juste avant de partir. Mes mains tremblent quand je commence à lire les premiers mots.

« Harry,
J'espère sincèrement que tu vas lire cette lettre et pas la brûler en imaginant que c'est moi à la place. Te dire que je suis profondément désolé n'effacera pas ce que j'ai fait. Mais malgré tout je vais continuer de m'excuser, de te demander pardon parce-que je regrette du plus profond de moi ce que j'ai fait. Même si tu mettras du temps à vouloir entendre mes excuses, je suis prêt à te le répéter-»

- Papa! T'es où?

Je relève la tête, coupé par ma fille. Ma vision est flouté par quelques larmes que j'ai du mal à retenir. Elle entre dans la chambre en même temps

- J'ai raccroché mais j'ai pas pensé si tu voulais parler à Daddy, elle grimace en relevant ses épaules.
- C'est bon. Je voulais pas lui parler, je lui répond en reniflant.
- Ça va? Je vois dans ses yeux qu'elle s'inquiète pour moi.
- Ça va c'est rien mon chat, je me force à sourire.

Je passe une main sur mon visage, en essayant de me reprendre.

- Tu as encore 5 minutes avant d'aller te coucher, va te brosser les dents et choisir un livre j'arrive après.
- D'accord, elle répond sans insister.

Elle sort de la chambre en me jetant un dernier regard et je soupire lourdement avant de reposer mes yeux sur la lettre.

« Je trouve pas mes mots pour t'exprimer ce que je ressens parce-que j'ai l'impression d'être une merde. C'est à cause de moi que tu souffres et je me pardonnerais jamais de te t'avoir fait mal. Tu ne le mérites pas. Je suis le pire des cons et je comprend ta réaction mais laisse moi te dire que ce qu'il s'est passé n'a jamais compté.

James m'a charmé et difficilement je t'avoue que ça m'a plu même si je ne ressens rien pour lui. C'est vrai que je ne l'ai pas stoppé mais ce n'est pas parce-que je ressens quelque chose pour lui. J'étais content d'avoir l'attention de quelqu'un. En fait ça m'a plu de voir que je pouvais plaire...
J'aurais du le stopper de suite, je suis marié, c'était mon devoir en quelque sorte. C'est ce qu'on s'est promis en se mariant.
Il m'a embrassé un soir alors que j'étais énervé contre toi. Et comme un véritable abruti je me suis laissé faire. C'était juste avant de partir de la salle, sur le parking.  J'étais pas surpris parce-que j'ai absolument rien ressenti durant ce baiser, mise à part une culpabilité énorme.
Dans la même soirée, je lui ai envoyé un message pour lui dire que c'était une grosse erreur, que j'étais marié et amoureux, que je ne voulais pas faire ça...
Mais il a continué à m'envoyer des messages d'amour.
Depuis ce jour là, je vais moins souvent au sport et tu l'as remarqué. J'y suis allé seul la semaine dernière et quand il est là j'ignore totalement James.
Il n'y a eu qu'un bisous et un autre où je l'ai repoussé, rien de plus, je te le promet. Je n'aurais jamais pu aller plus loin!

Je ressens rien pour ce mec, rien du tout.

Je ne veux plus qu'il y ai de mensonges entre nous. J'aimerais que tout redevienne comme au début, je sais que c'est pas possible. On a traversé tellement de chose tout les deux. On est une famille, ma plus grande fierté. C'est toi que j'aime, c'est toi qui me rend heureux même quand notre couple traverse des périodes de doutes. Tu es ma vie. Même quand on se dispute, on s'aime.
On s'est un peu perdu depuis quelque temps. C'est sûrement qu'on s'est trop habitué à notre quotidien. (De mon côté en tout cas) On s'est laissé aller et on aurait pas dû, c'est notre erreur. Et j'ai tout aggravé.

Harry tu es l'homme de ma vie, je t'aime depuis toujours. Et je t'aimerais toujours. C'est comme ça, c'est le destin... Je pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre que toi. Tu es fait pour moi, sans toi je suis plus rien, je suis perdu. J'ai besoin de toi, de ma boussole, de mon mari, de mon amour. Et je vais me battre pour te récupérer même si tu ne veux pas me pardonner. J'irais au bout pour te retrouver. J'accepterais n'importe quelles conditions. Je suis le pire des cons, je ne te mérite pas. Tu as parfaitement raison de m'en vouloir. T'as le droit de m'insulter, de me frapper. Mais je sais que ton cœur et le mien ne peuvent vivre l'un sans l'autre. J'ai peur que tu ne m'aimes plus. Nous deux, on ne forme qu'un depuis le jour 1. Tu es mon âme soeur. C'est impossible pour moi de vivre dans un monde où tu ne veux plus de moi. J'imagine ne serait-ce qu'une seconde, ma vie sans toi, une séparation, un vie loin de la personne que j'aime... J'ai envie de vomir. C'est toi l'autre moitié de mon cœur et de mon âme. Tu es mon tout.

Pardonne moi mon amour...
Je t'aime plus que ma vie. Je t'aime je t'aime je t'aime.  
Louis »

- Pourquoi tu pleures papa? Je sursaute en entendant la voix de ma fille.

Je reviens à la réalité, Ayla vient juste d'entrer dans la chambre un livre entre les mains et le regard inquiet. J'essuie mes joues d'un rapide revers de main.

- C'est rien mon chat, je souris pour essayer de la convaincre.
- C'est daddy qui te manque?
- Oui c'est pas grave, allez viens au lit.
- Mais tu peux lui dire de revenir. Lui aussi il est triste, il m'a dit qu'on lui manquait fort fort fort.

Je souris à ma fille. Elle est si innocente. Je tapote la place vide à côté de moi et elle s'approche pour s'y installer et enroule ses bras autour de ma taille. Elle me serre fort puis me relâche.

- Tu vas quand même pas aller au lit tout habillé?
- Non, je souris. Installe toi je vais te lire ton histoire.

Elle répond un bref « ok » et soulève les couvertures à la place qu'occupe Louis en temps normal.  Elle se glisse sous les draps et me tend son livre. Une histoire sur les animaux cette fois. Je commence la lecture sans tarder, demain il y a école.

. . .

Ce matin en me réveillant, Ayla était bien évidemment allongé en travers du lit, ses jambes et ses bras en étoile et la bouche ouverte.. Bizarrement j'ai plutôt bien dormi comparé à ma nuit précédente. Elle bouge énormément durant son sommeil et ça peut vite être dérangeant. Mais ça m'a rappelé que Louis n'était pas là, je me suis senti seul. J'ai pensé à cette lettre et je l'ai relu à tête reposé encore et encore depuis hier soir. Je suis plus calme mais je lui en veux toujours. Je me sens trop trahit.

Ayla n'a pas bronché quand mon réveil a sonné alors je l'ai laissé dormir quelques minutes de plus. Je suis allé me préparer et j'ai installé le petit déjeuné pour mademoiselle avant de la réveiller pour aller à l'école. Mon téléphone à vibré a ce moment là. Et c'était Louis. Et ça fait maintenant 2 minutes que je reste là à regarder ce texto.

« Louis: Juste une nuit sans toi et tu me manque tellement... »
« Louis: J'espère que ça va toi et la petite »
« Louis: Je t'aime »

Sa présence me manque aussi, évidemment. Ça fait 14 ans qu'on est ensemble. 12 ans qu'on vit sous le même toit. On a toujours été fusionnel et inséparable mais ça ne fait qu'un jour. C'est rien un jour. Rien comparé à ces derniers mois qu'on a traversé à ne plus prendre soin de l'un et de l'autre. Je ne craquerais pas aussi facilement!  Même si ça fait mal je dois tenir. Prendre de la distance nous fera du bien.

Travailler et prendre soin de ma fille me fera penser à autre chose. Et justement il faut que j'aille réveiller mon petit cœur qui dort encore dans mon lit. Il faut que je trouve une solution pour son lit aussi.

- Bonjour ma princesse, je dis en entrant dans la chambre.

Elle bouge à peine, resserrant la couverture contre elle. Je m'assois près d'elle et caresse ses cheveux avant d'embrasser son front et sa joue et son petit nez.

- Mon bébé il faut se réveiller, j'embrasse encore sa joue.

Elle commence à se réveiller doucement et enroule ses bras autour de mon cou.

- Tu as fait un gros dodo? Je sens qu'elle hoche la tête. C'était bien de dormir dans le lit de ses papas?
- Oui, elle grogne un peu.
- C'est lequel de nous deux qui a pris le plus de place?
- C'est moi, elle sourit les yeux encore fermés.

Je me met à rire comme un papa gâteux et embrasse à nouveau son front.

- On se lève, j'ai préparé le petit déjeuné.

Elle grogne encore sans bouger de sa place, enveloppé dans la couverture. C'est tout les matins comme ça. Elle tient tellement de Louis.

- Et le calendrier de l'avent? La fenêtre d'aujourd'hui à l'air d'être un peu plus grosse...

Cette fois ses yeux sont ouverts et elle peine à se redresser malgré la couverture. Elle tient vraiment de Louis. Je rigole en la voyant se lever pour sortir du lit. Heureusement qu'elle est là pour me remonter le moral. Il faut que je tienne pour elle. La semaine risque d'être longue mais je vais tout faire pour qu'elle ne soit pas triste des erreurs qu'on a commis avec Louis.

. . .

[quelques jours plus tard]

La semaine a été très longue, j'ai fait des heures supplémentaires au boulot pour ne pas me retrouver seul trop longtemps car c'est Louis qui à récupéré Ayla a l'école toute la semaine. On s'est mis d'accord tout les deux là dessus dès lundi. C'est lui qui m'a demandé de pourvoir l'a garder quelques heures chaque soir après l'école, ce que je comprend. Bien évidemment je n'allais pas empêcher Ayla de voir son père. Il me l'a ramène chaque soirs vers 19h, pour le dîner. Je sais même pas comment il a fait pour se libérer a son boulot mais tant mieux. Ça veut bien dire qu'il peut avoir du temps pour lui, ce qu'il ne faisait pas avant, pour nous. Mais bref, tant qu'il n'oublie pas sa fille ça me va.

J'essaie de gérer ma vie au quotidien sans Louis. C'est compliqué mais j'y arrive. Il me manque sa présence à la maison. Ça me fait bizarre même après une semaine. Mais je m'y fait. Je suis à fond au boulot pour ne pas trop penser aux restes... C'est ma façon de me distraire. Je débauche le plus tard possible. Et je suis justement en train de me garer devant la maison. Il est précisément 18h47 sur le tableau de bord quand j'éteins le contact de la voiture. Il fait nuit, Noël approche à grand pas. La fatigue de la semaine se fait ressentir mais j'ai hâte de retrouver ma fille. J'attrape les clefs de la maison en traversant le chemin de gravier mais un immense carton m'interpelle sous l'arche du patio. Qu'est-ce que c'est? J'ai absolument rien commandé. Je retourne difficilement le carton, c'est haut mais pas très lourd. Je ne vois rien d'inscrits qui pourrait me mettre la puce à l'oreille. Après mon inspection, j'ouvre la porte d'entrée et galère quelques minutes à basculer le carton pour le faire rentrer dans la maison. J'aimerais savoir qui a fait rentrer ça alors que le portail était fermé. La chaleur de la maison est nettement meilleure qu'à l'extérieur. Je retire mon duffle-coat et me met à l'aise en me préparant un thé. J'attrape de quoi ouvrir ce carton. Ça m'intrigue. Je commence à déchirer le carton et je découvre tout de suite qu'il s'agit d'un sommier de la taille du lit de Ayla. C'est sûrement mon colis du jour de Louis. Comment j'ai pas pu y penser plus tôt? Peut-être vu la taille?

Louis m'envoie des messages et des cadeaux tous les jours depuis qu'il est chez sa soeur. Bouquet de fleurs, mes cupcakes préférés, boites de chocolat, une boîte de mon thé préféré et aujourd'hui le sommier pour le lit de la petite. J'avais déjà regardé les prix sur internet mais j'aime bien dormir avec elle... Ça me fait du bien de l'avoir près de moi. Je soupire en découvrant qu'il n'est pas monté, bien sûr. Et ben ça attendra, je fais traîner le carton jusqu'à la chambre d'Ayla. On est pas pressé, elle peut encore dormir avec moi une nuit.

Je retourne à la cuisine pour saisir mon thé, c'est mon cadeau colis d'hier. Même si je lui avouerais pas, ça fait du bien de voir qu'il pense à moi. J'allume la télé pour me faire un bruit de fond j'aime pas être seul. Les fêtes de fin d'année approchent et ça me rend triste de faire souffrir ma fille. J'adore la magie de noël c'est une période de l'année qui nous apporte de la joie. J'ai hâte de retrouver mon petit bébé. Mon téléphone sonne, me ramenant à la réalité. J'allais m'occuper de la maison et du linge mais je vois le nom de Louis inscrit sur l'écran. C'est un message.

« Louis: Est-ce que je peux récupérer quelques fringues en te déposant Ayla ce soir? On pourrait discuter 5 min pour savoir où on en est... »

Il ne m'appelle pas parce-qu'il sait que je ne décrocherais pas. Je veux pas entendre sa voix, ça me fait trop mal. Mais je vais devoir lui faire face tôt ou tard. Et je ne sais même pas ce que je vais pouvoir lui dire...

« Harry: ok »

C'est la seule et unique réponse que j'arrive à lui envoyer depuis dimanche. Il m'envoie des messages tous les jours pour me dire qu'il pense à moi, qu'il m'aime, qu'il regrette. Mais je n'y répond jamais vraiment. C'est encore difficile pour moi, d'admettre que je pourrais lui pardonner.

C'est environ une dizaine de minutes plus tard, alors que je suis entrain de lancer une machine que j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

- Papa!! Daddy est là! S'écrit Ayla.

Aussitôt je sens mon ventre se contracter, je suis stressé. Une boule prendre place dans mon ventre et remonte lentement vers ma poitrine. Je sais que lorsque je vais poser les yeux sur lui mon cœur va se mettre à battre à fond dans ma poitrine. Mais à l'instant, c'est plutôt l'angoisse.

- Papa?

Je ferme le hublot de la machine en répondant à ma fille depuis la buanderie. Je serre la panière en plastique entre mes doigts et sort de la pièce. Ayla est dans la cuisine, sa demie couette toujours en place sur le sommet de sa tête et son cartable dans une main.
Louis est quelques mètres derrière elle mais je ne lui prête pas attention. J'ai peur de poser les yeux sur lui.

- C'était bien ta journée mon chat?
- Très bien, j'ai eu sport.
- Ah c'est super quoi comme sport?

Je m'intéresse à sa journée en me baissant à sa hauteur pour avoir mon bisou.

- Du ballon prisonnier.

Je pose la panière sur l'ilot centrale de la cuisine. Ayla adore le sport. Je suis content pour elle et poursuit la conversation, évitant tout contact avec Louis. Elle a plutôt l'air bavarde, ce qui me facile la tâche parce-que je sais pas du tout comment aborder Louis.

- Même que Liv' c'était la dernière. Personne arrivaient a la toucher, même Jaeden qu'il est le plus fort du foot.

Je souris alors qu'elle me raconte ses petites histoires avec un air grave. Tout ça à l'air très sérieux sorti de sa bouche. Puis elle se tait et regarde derrière moi. Je me doute bien qu'elle regarde son père.

- En plus tu devines jamais ce que Daddy m'a acheté!
- Devineras, je la reprend.
- Devineras, elle répète.
- Non c'est quoi?

Elle a un sourire immense scotché au visage et se penche vers son cartable pour l'ouvrir et fouiller à l'intérieur.

- Tadamm!

Elle se relève d'un coup, levant son poing en l'air pour me montrer une poche de bonbons bien garnie. Un trophée pour elle. Je lui sourit, incapable de dire quoi que ce soit. Je sais que Louis est à quelques mètres derrière moi.

- C'est bien mon chat. Tu as fait tes devoirs?
- Oui avec daddy.

Elle le regarde, le suit des yeux. Je sais qu'il s'approche. Mon cœur commence à s'affoler.

- Bonsoir, résonne sa voix à côté de nous.

Je retiens un soupire et contrôle mes émotions au mieux.

- Salut.

Je pose mes yeux sur lui, par obligation et respect. Et surtout par réflexe. Il me sourit faiblement, par politesse aussi. Mais je sais qu'il est aussi mal à l'aise que moi. Je le connais si bien. Ses yeux semblent creusés et son teint plus pâle. Ça ne fait pourtant que moins d'une semaine qu'on s'est quittés et il a des cernes de dix kilomètres.

- Je, j'ai fait faire ses devoirs à la petite, tu seras tranquille pour le week-end , il bégaye. Je, il lève sa main droite tenant un sac de sport. Je viens prendre quelques affaires, j'ai plus de chemise pour le boulot.

J'hoche la tête, m'empressant de regarder ailleurs. Entendre sa voix me fait du bien mais me fait mal en même temps. C'est assez contradictoire. Tout ce que je ressens maintenant est contradictoire. Il m'a manqué mais je repense à lui avec un autre homme. J'ai envie de le gifler comme de l'embrasser.

Voyant que je ne répond pas il se renfrogne et avance vers le couloir pour rejoindre la chambre. Je soupire en glissant une main dans mes cheveux. Merde. Je sais pas quoi faire. Je suis presque prêt à le pardonner en le regardant mais je ne sais plus si je dois lui faire confiance à nouveau.

- Papa?
- Oui mon chat?
- Daddy peut rester à la maison? On peut aller-
- Non. Non il rentre pas à la maison mon chat, je me baisse à sa hauteur et caresse son visage. Daddy vient juste chercher quelques affaires.
- Je sais. Mais il reviens quand?
- Je sais pas.

Elle me regarde très sérieusement mais je ne veux pas lui faire de faux espoirs. Ses yeux brillent et je sais qu'elle retient ses larmes de couler. Je m'en veux tellement de la voir comme ça.

- Je veux qu'il reste à la maison.

Je soupire et frotte mon visage. Ça me détruit de la voir comme ça.

- Je vais le surveiller maintenant, il fera plus des bêtises. Promis papa. Je suis une grande tu peux avoir la confiance  en moi. Hier soir il a pleuré chez Tatie Lottie.
- Ayla, ce sont des histoires d'adultes on te l'a déjà dit.
- Je sais mais je veux qu'il rentre à la maison.

Elle boude, sa petite bouche est toute tordue. Je l'attrape contre moi et la serre fort. J'embrasse son front avant de la regarder dans les yeux.

- Tu es la meilleure fille du monde tu le sais ça? Elle ne bouge pas. Ton daddy sait se défendre tout seul, tu n'as pas besoin de te faire de soucis d'accord?
- Mhh, elle râle un peu.
- Tu as vu le sommier, dit Louis en revenant dans la cuisine.

Je relève les yeux vers lui en me relevant.

- Je vais le monter, j'en ai pour quelques minutes.

J'hoche la tête, n'arrivant toujours pas à lui répondre. Il fait demi tour en posant son sac de sport plutôt remplis. C'est Ayla qui me ramène à la réalité en attrapant ma main. Je pose mes yeux sur elle, elle a l'air triste.

- Est-ce que vous allez faire comme les parents de Maëla alors?
- De quoi tu parles chérie?
- Ben vivre chacun dans une maison et faire une semaine chacun...

Je la regarde quelques instants, un peu bouche bée. Ayla est intelligente. Elle a très vite compris que notre couple était remis en cause même si on a jamais parlé de séparation devant elle.

- Ayla, je la soulève pour la prendre dans mes bras et la serrer très fort. Mon amour, j'embrasse sa joue, on en est pas encore là d'accord?

Elle grimace et je la pose sur un tabouret de l'îlot. Ses yeux me fixe tristement, elle est perdu. Je glisse mes doigts dans ses cheveux, il va falloir qu'on l'a rassure.
Parce-que même pour moi, nous imaginer vivre loin, divorcer et faire une semaine chacun, ça me fait bizarre.

- Vous êtes plus amoureux?
- Si, mais c'est compliqué. On a besoin d'un peu de temps.

Elle hoche la tête difficilement. Ça me retourne l'estomac de voir à quel point Louis a foutu le bordel dans notre famille.

- Puis tu as vu daddy a acheté un nouveau sommier, tu vas pouvoir dormir dans ton lit, je lui dis.
- Mh. Je préfère réchauffer la place à daddy pour quand il va revenir, elle me répond innocemment.

Mon cœur se gonfle. Ayla est géniale. J'embrasse son front et c'est à ce moment là que j'entends les pas de Louis dans le couloir. Il se frotte les mains et récupère son sac. Il a l'air sérieux. Je crois que c'est le moment pour nous de discuter.

- C'est bon ton lit est tout neuf princesse, dit Louis en regardant Ayla.

Elle sourit et saute du tabouret avant de se jetter aux jambes de Louis.

- Merci t'es le meilleur daddy du monde, ses bras encerclent les jambes de Louis.

Il sourit et glisse une main dans les cheveux châtains de notre fille. J'aime tellement les voir comme ça tout les deux. C'est la plus belle chose qui nous soit arrivé. Notre bébé. Jamais de ma vie je ne regretterais d'avoir épousé Louis et d'avoir fondé une famille avec lui.

- On peut discuter? Me demande mon mari.

Il est mal à l'aise. Ayla se détache de lui et on ose à peine se regarder dans les yeux. On est gênés. J'hoche la tête timidement.

- Tu vas dans ta chambre princesse, il faut qu'on parle avec papa. 

Elle hoche la tête et me lance un regard remplis d'espoirs avant de rejoindre le couloir pour disparaître dans sa chambre. On se retrouve seul. L'ambiance est plus lourde, personne n'ose vraiment bouger. Je soupire lâchement et m'assois sur un tabouret alors qu'il s'avance de quelques pas.

- Bon, il commence en lâchant son sac une nouvelle fois au sol. Comment ça va?
- J'ai connu mieux.

Il grimace un peu.

- Tu as trouvé ma lettre l'autre jour?
- Oui.

Il ne dit rien d'autre. Je sais que je ne l'aide pas non plus mais je bloque.

- Je, il s'approche encore. Tu me manque.

Il s'assoit sur le tabouret à côté de moi.

- Je m'en veux, je suis tellement désolé. Tous les jours je maudis ce qu'il s'est passé, il secoue la tête. Tu me manque Harry, savoir que tu ne veux même pas de mes nouvelles ça me blesse même si je peux comprendre. Mais moi j'y arrive pas. Je sais pas ce que tu ressens mais moi je t'aime même après 14 ans, je sais plus comment vivre sans toi. C'est vraiment compliqué.

Mes yeux ont divagués ailleurs, j'ai du mal à le regarder. J'y arrive pas parce-que j'ai envie de le serrer dans mes bras, il a les yeux qui brillent et les mains qui tremblent quand il parle. C'est une vraie torture.

- Je comprend que tu ne veuilles pas que je revienne à la maison. Je sais pas encore combien de temps ma soeur va supporter que je squatte chez elle mais je me débrouillerais. J'irais probablement chez Calvin, tu n'as pas besoin de t'inquiéter pour moi, il parle lentement. Le plus important pour moi c'est Ayla et savoir si tu m'en veux encore ou un petit peu moins? Sa voix tremble un peu sur la fin.
- Je t'en veux toujours autant et c'est pas avec tes colis que tu vas réussir à m'acheter, je dis sèchement.

Il hoche la tête lentement et apporte ses deux mains à son visage en soupirant. J'ai été un peu brusque mais j'ai du mal contrôler mes émotions au final. J'essaie de rester froid pour qu'il comprenne que je suis toujours blessé et qu'il ne va pas réussir à se faire pardonner avec des cadeaux. Il frotte son visage et fond en sanglot. Il se met à pleurer dans ses mains et je suis incapable de réagir autrement que d'attraper ses poignets qu'il garde sur son visage pour se cacher. Je me rapproche de lui, retenant très mal cette envie de le consoler. Le voir pleurer m'a toujours remué. Louis pleure vraiment très rarement et je déteste le voir comme ça.

- Arrête Louis, je chuchote.
- Je suis désolé, il arrive à articuler.

Il se laisse emporter par ses sanglots, les yeux rouges. Ça me fait tellement de peine de le voir comme ça. Je sais pas comment le rassurer. Je suis paralysé.

- Arrête de pleurer, je tente de le calmer.
- Excuse moi je voulais pas pleurer, il renifle.

Il a du mal à retenir ses larmes, les essuyant au fur et à mesure. J'attrape la boîte de Kleenex laissé par chance sur le meuble derrière Louis.  

- Tiens, je lui tend la boîte et il attrape quelques mouchoirs.
- Merci.

Je le laisse se reprendre un peu. Il se mouche puis essuie ses larmes d'un revers de main. Ses yeux et son nez sont rouges, ça me fend le cœur de le voir comme ça. Ayla lui ressemble tellement.

- Excuse moi, il se reprend. Je, en fait j'avais prévu de, il se mordille les lèvres. Laisse tomber, je. Comment on fait pour noël?

Il passe une main dans ses cheveux et avec l'autre il frotte sa barbe.

- Louis...
- Excuse je suis fatigué en ce moment, il soupire.
- Évidemment qu'on fait noël tout les trois à la maison, tu pensais quand même pas que j'allais te priver d'elle?
- Non bien sûr que non. Mais je voulais que ce soit clair.

Il renifle et se redresse sur le tabouret. Effectivement, il est fatigué. Pour pleurer comme il vient de le faire je crois qu'il est épuisé.

- En tout cas continue de prendre soin de toi et de notre bébé. Tu... il soupire en baissant le regard. Je suis vraiment désolé de vous faire subir ça.

Il ne dit rien durant quelques secondes. Moi non plus d'ailleurs. Mais je ressens son stresse, son angoisse. Il fait sautiller sa jambe droite, manie qu'il a depuis toujours quand il est en position délicate.

- Je, il souffle en glissant une main dans son cou. Je voulais te proposer un restau ce soir, juste tout les deux pour qu'on puisse se mettre d'accord sur notre futur. J'aimerais avoir une soirée juste toi et moi pour te répéter que je t'aime.

Je le regarde parler calmement, il a voulu attraper mes mains à plusieurs reprises mais il s'est résigné. Pourquoi? J'en ai aucune idée. Je ne sais pas si aller au restaurant sera vraiment nécessaire. Dans ma tête ma décision est déjà prise. Mais il a l'air de vouloir poursuivre ses efforts alors pourquoi pas le laisser faire?

- Lottie est d'accord pour garder Ayla ce soir, elle peut la garder à dormir si tu veux. Enfin elle dormira dans le clic-clac avec moi.

Je fais entièrement confiance en sa soeur, j'ai aucun problème avec ça. Mais pourquoi je devrais accepter d'aller au restaurant avec lui alors qu'il m'a fait souffrir? Sûrement parce-que c'est la personne que j'aime et qu'il vient juste de pleurer et que je ne peux rien lui refuser... Ses yeux sont encore rouges et il renifle de temps en temps. Mais voyant que je ne répond pas, il lève sa main vers la mienne.

- Harry, mon amour, il attrape mes doigts. Juste quelques heures, s'il te plaît.

Je me laisse faire quand il entrelace nos doigts. J'ai pas la force de retirer ma main parce-que son touché me fait beaucoup de bien. Ça m'apaise presque. Il m'a tellement manqué que oui j'ai envie d'aller au restaurant avec lui. J'ai envie qu'il rentre à la maison...

Son pouce se promène sur le dos de ma main. Il est doux. Nos yeux se fixent, son regard bleus me fait du bien. Il me manque et je risque de craquer rapidement.

- Oui.
- Oui? Tu es d'accord? Tu veux bien aller au restaurant avec moi? Il me demande assez étonné.
- Oui.

Il me fixe, apparemment soulagé puis il sourit. J'ai pas envie de débattre en réalité. Je lui en veux, je veux qu'il comprenne que je ne vais pas lui pardonner comme ça mais là je ne peux plus résister. Ça fait déjà une semaine que je me contiens, que je fait tout pour ne pas craquer alors maintenant qu'il est là en chair et en os, c'est plus difficile.

- Merci Hazza, tu le regretteras pas.

Ses mains lâchent les miennes et ils les posent dans mon cou, ses pouces posés sur ma mâchoire pour me tirer vers lui. Il embrasse mon front tendrement. Je ferme les yeux quelques secondes, ces petites attentions me manquent énormément.





Louis a prit la situation en main, il a expliqué à Ayla qu'elle irait chez sa tante ce soir parce-qu'on voulait passer la soirée tout les deux. Elle n'a rien trouvé à y dire, elle a sagement hoché la tête en me regardant. Je sais que dans son regard elle a voulu me faire passer un message. Même si c'était innocent de sa part je sais qu'elle voulait me faire comprendre que son daddy lui manquait beaucoup. Je trouve ça très touchant. Louis a donc réservé une table dans un restaurant, je ne sais pas où, il m'a dit qu'il voulait qu'on passe une bonne soirée malgré tout. Je lui fais confiance. Il veut se rattraper alors je le laisse gérer et ne m'occupe de rien. On est monté en voiture tout les trois, Louis derrière le volant. Jusqu'à présent Ayla occupait le silence qui régnait entre nous mais maintenant qu'il l'a déposé chez sa soeur j'attend qu'il ouvre le dialogue. Seul le volume très bas du poste radio se joue dans la voiture. On roule en direction du centre ville, je ne sais pas encore où il m'emmène. J'en profite pour regarder le paysage défiler derrière la fenêtre. Le soleil s'est couché depuis de longues heures, le ciel noir est remplis d'étoiles et les illuminations de noël éclairent énormément les routes. Cette période est magique. Autant pour nous, les adultes que pour les enfants. C'est sûrement ma période préférée de l'année, les lumières, l'ambiance, les réunions de famille. Tout est magique.

Louis me sort de mes rêveries en toussant. Ça me fait du bien d'être avec lui. Je me sens mieux que tout seul à la maison. Sa présence m'a toujours rassurée et le retrouver après une semaine ça fait du bien. Une chanson de noël joue sur le poste et Louis s'éclaircit à nouveau la gorge en passant une vitesse.

- Tu, t'as finis ta liste de Noël? Il tente de lancer la conversation.

Ma liste de noël? Il n'a que ça en tête dans l'immédiat? Sérieusement les cadeaux de noël cette année, c'est pas ma priorité.

- Mhh...
- Ayla commence à avoir des doutes pour le père noël, il ajoute.

Je le sais. Il y a quelques semaines, elle m'a demandé si il existait vraiment alors que personne n'avait fait d'allusion à ce moment là. Je crois qu'ils se le disent à l'école. Ça sera sûrement la dernière année qu'elle y croit...

- Ça l'a perturbé que je parte, il dit au bout d'un moment. Elle m'a demandé si on allait divorcer tout à l'heure.
- Moi aussi.

Je réalise que Ayla est vraiment perdu. Elle ne sait pas où donner de la tête et ce n'est pas bon pour elle. Elle est dans le même flou que nous. Il lui faut un équilibre familiale sain et en ce moment c'est un peu le bordel.

- Tu lui as dit quoi?  
- Qu'on en était pas encore là.

Je ne le regarde pas mais je sais qu'il sourit. Je le connais par cœur et j'ai reconnu à sa façon de respirer qu'il avait sourit.

- Tu lui as dit quoi toi?
- Je lui ai dit qu'on était fâché mais qu'on allait pas divorcer.

Je veux pas divorcer pour un bisou. Même si ça me fait mal, même s'il m'a manqué de respect en faisant ça je ne pourrais jamais quitter Louis.

- Tu veux pas divorcer toi? Il me demande avec une petite voix juste pour être rassuré.

Je sais qu'il essaie de jongler entre les questions pour avoir mon avis mais je ne me laisse pas attendrir. Ce soir je veux qu'on se dise les choses comme on les ressent. Par conséquent je devrais lui dire que non, je ne veux pas divorcer. Je veux qu'il se batte pour notre couple, qu'il me prouve que j'ai raison d'y croire encore malgré ce qu'il a fait. La soirée promet d'être riche en émotion.

Voyant que je ne répond pas, il passe une main dans ses cheveux et change de sujet.

- J'ai réservé une table au Baroque.

Je tourne la tête vers lui, plutôt étonné. Le restaurant Le Baroque est un lieu ultra romantique, c'est un cadre assez théâtrale un peu comme on voit dans les films à l'eau de rose. Beaucoup de films ont étaient tournés a l'intérieur d'ailleurs et c'est pour ça que ça attire du monde. Le restaurant a une très bonne réputation et par conséquent les menus sont assez chers. J'en avais déjà parlé à Louis il y a plusieurs mois, enfin c'était peut-être l'année dernière. Mais bien sûr ça lui est carrément passé au dessus de la tête. Il est pas trop romantique puis jusqu'à maintenant il ne prenait plus de temps pour nous. Je crois que notre dernière sortie en amoureux date de quelques mois avant la naissance d'Ayla. Autrement dit ça fait environ 5 ans que nous n'avions pas passé une soirée en amoureux.

Je suis donc agréablement surpris, même si la soirée entre amoureux n'en est pas vraiment une.

- Je sais que tu voulais y aller depuis un moment.

Je suis étonné qu'il s'en soit rappelé. Mais j'apprécie.

- J'espère qu'on sera pas déçu.

J'aurais tellement aimé aller dîner dans ce restaurant dans d'autre circonstance. Je sais que c'est très romantique mais ce soir je suis pas du tout d'humeur. J'ai pas envie d'être mielleux et de voir la vie en rose.

Il tente de combler le silence par des banalités durant le restant du trajet. Je l'écoute mais je ne participe pas tellement. Le cœur n'y est pas. Pourtant je vois qu'il y met du sien, je sens qu'il est mal à l'aise et qu'il essaie d'instaurer une meilleure ambiance. Je sais qu'il veut se rattraper c'est pour ça que je le laisse faire. On arrive devant le restaurant et Louis gare la voiture sur une place du parking réservé aux clients de l'établissement. Il éteint le contact alors que j'ouvre ma portière pour descendre de la voiture. Il fait le tour pour me rejoindre après avoir verrouiller la voiture.

- Tu aurais pu me dire de m'habiller plus classe, je râle en tirant sur mon vieux t-shirt blanc sous un pull sombre.
- T'es magnifique comme ça, il dit comme si c'était la phrase la plus banal de la journée. Puis ça va c'est pas non plus tenue chic exigé.

Quand même. J'aurais aimé être plus apprêté. C'est un lieux chic et je débarque avec mon jeans et mon t-shirt banal. Louis porte encore sa tenue du boulot, il a donc une chemise un peu déboutonnée et un jeans. C'est déjà plus habillé.

On se dirige vers l'entrée du restaurant. La façade ressemble à un théâtre sauf que les murs en pierre sont vieillis et salit par les années. Il y a des ornements et des dorures autour de l'entrée principal, c'est vraiment beau. On peut voir à travers les baies vitrées la salle de restaurant déjà bien remplis. Ça a l'air magnifique mais des grands rideaux rouge nous empêche la visibilité.

- C'est trop beau, dit Louis.

Je suis plutôt d'accord. On arrive devant l'entrée principal et Louis pousse l'immense porte en bois pour me laisse passer devant. Mes yeux dérivent partout autour de nous. On se retrouve dans le hall, comme si on attendait pour un spectacle. Il y a un comptoir avec une jeune réceptionniste, cheveux relevés en chignon bas. Elle nous sourit et Louis s'approche d'elle pendant que je m'émerveille a détailler le décor.

- Bonsoir vous avez réservé à quel nom? Nous salue la jeune femme.
- Bonsoir, deux couverts au nom de Tomlinson.

Je pose mes yeux sur la jeune femme, elle tourne les pages de son cahier, un stylo noir dans la main.

- Effectivement, elle sourit.

Elle se redresse, un sourire poli aux lèvres. Son regard passe de Louis à moi et elle fait le tour du comptoir pour venir jusqu'à nous.

- Suivez moi, elle dit en attrapant deux menus sur une étagère.

On l'a suit de près alors qu'il y a presque un mètre qui nous sépare a Louis et moi. On traverse le hall en silence. Mes yeux suivent la réceptionniste et juste devant nous, les grandes portes en bois de la salle de restauration sont ouvertes. Et c'est juste wow. On peut voir la salle, le décor complètement théâtrale. Mes yeux se baladent partout. Il y a même une scène avec les fameux rideaux rouge. La hauteur sous plafond et immense, il y a des moulures qui ornent les murs. C'est vraiment magnifique. L'ambiance est tamisé, les lumières sont feutrés et il y a énormément de bougies. C'est très romantique.

La réceptionniste s'arrête devant une table pour deux et se tourne vers nous avec le sourire.

- Voici, je vous laisse les menus. Bonne soirée messieurs.
- Merci beaucoup.

Je suis vraiment émerveillé par ce décor.

- Harry, je repose mes yeux sur Louis.

Il tient la chaise, attendant probablement que je m'y assois. Je le regarde un peu surpris, il a prit ses leçon de romantisme peut-être? Je ne cherche pas plus loin et m'assois, pas du tout habitué à ce qu'il me tire ma chaise. Il s'installe face à moi, regardant autour de nous.

- C'est beau, il avoue.

J'hoche la tête. J'adore cette ambiance, ça me détend beaucoup plus d'être face à lui dans un cadre pareil. Il tire le col de sa chemise dont les trois premiers boutons sont défaits. Je profite du fait qu'il attrape le cahier des menus pour le regarder. J'ai fuis son regard toute la soirée mais ses yeux bleus me manquent. Il est très beau, comme toujours.

- Tu veux boire quelque chose en particulier? Il me demande.
- Je sais pas, j'attrape le cahier des menus.
- Du vin?
- Mh, j'hoche la tête.

On se met d'accord sur un vin blanc assez rapidement. Il me connaît et j'aime bien le vin blanc. Je commence à jeter un coup d'œil aux menus, j'ai pas très faim mais ça donne envie. Justement je pense que je vais choisir un plat qui ira bien avec le vin qu'on a choisit. On prend plusieurs minutes pour choisir, il me demande ce qui me fait envie. Il tente une première approche.

Et finalement on est silencieux jusqu'à ce qu'un serveur s'approche de notre table. C'est un homme d'une vingtaine d'année passés. Il est vêtue d'un costume noir très classe et nous sourit poliment.

- Bonsoir messieurs, il nous salut.
- Bonsoir, je répond.

Louis relève la tête et répond à son tour.

- Désirez-vous un apéritif? Il demande en sortant une petite machine tactile de sa ceinture.
- Oui, répond Louis. Tu as choisis amour?

Je relève les yeux vers lui en entendant le surnom qu'il vient de me donner. Mon ventre s'est serré subitement. Il a les yeux rivés sur la carte, comme si rien ne s'était passé.

- Ehm, je cherche mes mots un peu perdu. Euh oui.

Je pose mes yeux sur le serveur qui attend, un indécollable sourire aux lèvres. J'essaie de me reprendre rapidement et lui annonce le vin que j'ai choisi. Par la suite nous commandons nos plats que le serveur coche sûrement sur sa tablette. Après avoir récupéré les menus et échangé quelques politesses, il repart sûrement vers les cuisines.

Louis me regarde, ses yeux bleus encrées dans les miens. Il ne sourit pas, j'ai l'impression qu'il est triste.

- Comment tu te sens? Il me demande.

Bête et trahit? Qu'est-ce que je suis censé lui répondre? J'hausse simplement les épaules parce-que je n'ai pas envie de lui montrer à quel point ce qu'il a fait m'a fait mal. Il grimace en voyant que je ne suis pas si réceptif que ça. Je jette même un regard ailleurs pour détailler la scène magnifique.

- J'aimerais tellement retourner en arrière et effacer ce que j'ai fait, il avoue doucement.
- Tu sais très bien que c'est impossible, tu l'as fait et ça restera toujours dans un coin de ma tête.

Il soupire.

- Je sais et j'ai pas d'autre choix que d'assumer mes responsabilités. Mais je veux être sûr que tu saches que j'aimerais que tout ça soit effacé de nos mémoires.

On entre enfin dans le vif du sujet. C'est maintenant que tout ce joue. Il a les cartes en mains et je veux qu'il me prouve par tout les moyens que j'ai raison de l'aimer encore. C'est à lui de me convaincre. Il a déjà fait beaucoup depuis une semaine, les messages tous les jours, les colis tous les jours, il a prit l'initiative de faire un restaurant tout les deux. Je sais qu'il regrette, qu'il s'en veut mais son acte m'a fait trop mal.

- Harry, répond moi franchement, il dit. Est-ce que tu m'aimes encore? Ou est-ce que tu m'aimes moins maintenant?

Il pose un coude sur la table, l'air paumé. Ses questions me font mal au cœur, j'ai été dur avec lui je le sais. Mais je lui en veux tellement que je sais pas comment agir autrement.

- Non, je finis par dire.

Il fronce un peu les sourcils, le regard dans le vague.

- Non dans le sens où rien n'a changé malgré ce que tu m'as fait, je rectifie.
- C'est à dire? On va pas divorcer alors? Il insiste avec cette histoire de divorce.
- Non on va pas divorcer.
- On va pas divorcer, il répète tout bas.
- Et voilà pour vous, le serveur réapparaît la bouteille de vin blanc dans les mains. Voici, il nous tend la bouteille pour nous présenter l'étiquette.

Il sort un limonadier de sa ceinture et commence à ouvrir la bouteille sous nos yeux. Louis a l'air distrait, ce que je comprend. Mais finalement ça fait une éternité qu'on a pas été au restaurant tout les deux alors ça me fait plaisir. Le serveur nous serre et repose la bouteille dans un bac de glace.

- Merci beaucoup.

Il me sourit et repart d'où il vient.

- Je, j'ai passé la semaine à t'imaginer avec quelqu'un d'autre. A imaginer qu'on allait divorcer, que tu ne voudrais plus me voir, que tu me détesterais pour le restant de mes jours, il dit en ignorant complètement la venue du serveur. Je chialais rien qu'en y pensant, Lottie m'a dit que je l'avais bien cherché.

Il soupire et glisse une main dans ses cheveux.

- Je t'aime Harry. Je suis tellement désolé, il frotte son front. J'espère que tu pourras me pardonner parce-que moi je me le pardonnerais jamais. Je sais qu'il va te falloir du temps pour digérer tout ça et je suis prêt à attendre même si tu me manques. J'avais pas conscience de tout ce qu'on représente l'un pour l'autre. Tu es mon repère dans la vie de chaque jour, j'ai besoin de toi. C'est quand on perd quelque chose qu'on se rend compte de son importance, mais là j'étais à des kilomètres de la réalité. Je peux pas vivre sans toi. J'y arriverais pas.
- Louis, calme toi s'il te plaît.

Je sais qu'il est à deux doigts de craquer, ses yeux brillent et les larmes sont à la limite de glisser sur ses joues. J'ai bien compris qu'il était mal lui aussi, je le sais. Ça se voit. Il est pas comme d'habitude, il est triste et ça se voit sur son visage de toute façon. Louis ne sait pas faire semblant. Son discours me touche. Et ce qui me touche d'autant plus c'est qu'il n'a pas enlevé son regard du mien depuis qu'il a ouvert la bouche.

- Excuse moi, il se reprend en fermant les yeux. Ça va aller.
- Je sais que tu t'en veux, j'ajoute plus pour le calmer qu'autre chose. Mais met toi à ma place... il hoche la tête.
- Oui je comprend.

J'attrape mon verre de vin et il fait pareil en soupirant doucement.

- Excuse moi, il répète encore une fois.

Il relève son verre en clignant des yeux plusieurs fois pour se remettre un peu.

- Je sais que c'est pas vraiment la soirée pour trinquer mais ça fait longtemps qu'on a pas passé une soirée juste tout les deux alors, il relève son verre.

Je le regarde, hésite quelques secondes et lève mon verre pour le cogner doucement au sien avant d'en boire une gorgée. Il me regarde et boit à son tour. Ça aurait pu être une très belle soirée.

- Je suis prêt à tout pour que tu me laisse me rattraper, il dit en posant son verre.

Je pose mon verre, m'éclaircissant la gorge. Cette soirée va être longue et rempli d'excuses et c'est pas vraiment ce que j'attendais de ce soir. J'aimerais qu'il m'explique ce qui ne va pas dans notre couple pour que ça lui donne envie de s'intéresse à quelqu'un d'autre.

- J'ai l'impression que plus rien ne sera comme avant.
- Tu ne peux t'en prend qu'à toi même Louis, je dis calmement.
- Je sais mais je voudrais te retrouver comme avant. J'ai l'impression que t'es loin alors que t'es juste là.
- Tu m'as déçu, j'arrive plus à avoir confiance en toi Louis. Qu'est-ce qui me dit que tu vas pas recommencer?
- Harry, ça fait une semaine que je chiale tous les jours. Être loin de toi c'est comme si on m'arrachait la moitié de mon cœur.
- Encore une fois on en serait pas là si t'avais garder ta langue dans ta bouche.

Il ferme les yeux en expirant.

- Ça laissera des séquelles dans notre couple à vie, j'ajoute.
- Je voulais pas, je te promet.
- Pourtant tu l'as fait. Tu l'as fait alors qu'on est marié. On est censé s'aimer depuis quatorze ans, depuis qu'on est ados. On s'est battu pour avoir notre famille et toi tu fous tout en l'air.

Il laisse tomber son visage entre ses mains, coudes sur la table. Il est blessé mais sûrement pas autant que moi. Je sais très bien qu'il s'en veux et que j'en rajoute mais moi, son discours j'en veux pas. Je veux des actes, des preuves dans le long terme.

- Depuis qu'Ayla est arrivée t'as arrêté de faire des efforts. T'as arrêté de vouloir me plaire, tu m'as pris pour acquis. T'as été voir ailleurs. Maintenant assume, moi je suis toujours resté droit envers toi. Je pensais que tu m'aurais respecté toute ma vie, que tu étais l'homme qui me respecterais le plus sur terre. Je me suis trompé. Tu m'as humilié et ma dignité en a pris un coup.
- Je suis vraiment désolé Harry.
- Après quatorze ans, tu me fais ça... Je comprend pas pourquoi... J'ai tellement eu honte.
- Je m'en veux tellement, je sais que je suis impardonnable d'avoir brisé 14 ans, il dit en reniflant. J'ai pas réalisé tout ce que mes actes pouvaient engendrer et c'est minable de ma part.

Je l'entend renifler grossièrement dans ses mains. Son visage est toujours caché derrière ses doigts. Il soupire lentement puis retire ses mains pour se réinstaller sur sa chaise. Nos yeux se retrouvent et je peux facilement voir ses larmes étalés et briller sous ses yeux.

- Messieurs, voici, le serveur revient à notre table.

Le serveur réapparaît devant notre table. Ses yeux passent de Louis à moi, il a l'air un peu gêné de nous déranger. Il nous présente nos plats et pose le mien juste devant moi.

- Bonne dégustation, il dit en s'éclipsant.
- Merci.

Louis n'a pas bougé, les yeux dans le vide, fuyant mon regard et ne prenant pas la peine de regarder son assiette.

- Louis pleure pas s'il te plaît...
- Désolé, il frotte son nez et secoue un peu la tête. 

Je sais pas combien de fois il m'a dit qu'il était désolé ce soir... Je crois que j'ai compris qu'il était désolé. Juste en voyant l'expression de son visage je sais qu'il est malheureux. Il ouvre la bouche à nouveau mais je le devance.

- Et si on mangeait? Je propose.

Il me regarde et hoche la tête timidement en attrapant sa fourchette. Il soupire mollement et regarde son assiette sans grand intérêt.

- C'est moi qui ai honte. J'ai honte de moi et de t'avoir fait ça, j'ai toujours cru en nous et voilà... J'ai cru que rien ne pourrais nous séparer, qu'on serait ensemble pour la vie. J'étais persuadé que jamais je serais capable de faire ce que j'ai fait.

Il soupire et se serre de l'eau dans son verre vide puis dans le mien.

- C'était... notre couple c'était devenu... Enfin on va pas remettre ça sur le tapis.
- Non c'est une mauvaise excuse ça Louis, je m'empresse de dire. Pour moi aussi c'était devenu chiant et monotone et je suis pas allé voir ailleurs.
- Je sais. J'ai pas d'excuse j'ai fait une connerie et j'ai regretté au moment même où je l'ai fait.

Il s'arrête et bois une gorgée d'eau, il n'a toujours pas touché à son plat. Moi non plus, j'ai l'estomac noué. Parler de tout ça me rend malade.

- Moi aussi j'ai cru que notre couple était invincible, j'avoue. Je pensais qu'on s'aimait tellement qu'on ne serait pas capable de se tromper. On ne faisait plus d'effort pour se plaire, je suppose qu'on a des tords tout les deux. Ce qui me fait le plus mal s'est que tu ai fais ça alors qu'on est ensemble depuis si longtemps. Je sais pas comment te croire, te faire confiance à nouveau...
- J'espère sincèrement que tu pourras me pardonner. Je vais faire des efforts pour toi, pour faire du renouveau dans notre couple, éviter la routine. Je ferais tout pour retrouver notre complicité.

Je souris doucement. J'espère que ce ne sont pas des paroles en l'air. Des promesses il m'en a faites des tonnes et celle de me rester fidèle il l'a faite quand on s'est mariés. J'aimerais ne pas être déçu à nouveau...

- Je t'ai imaginé coucher avec lui. J'ai cherché son nom sur Facebook. Je hais ce mec et il m'a obsédé pendant toute cette semaine.
- J'ai pas couché avec lui Harry, il s'empresse de dire. Je te le promet sur tout ce que j'ai de plus chère, il me regarde dans les yeux. J'ai eu un moment d'égarement lorsqu'il m'a embrassé mais j'aurais jamais été plus loin. Ça ne signifiait rien, je.. j'aurais du le repousser. Ça aurait pu être n'importe qui d'autre, le fait que ça soit lui n'a pas fait changer les choses parce-que je m'en fou de ce mec, je ressens rien pour lui, ça n'a rien à voir avec des sentiments Harry, d'accord? Il insiste bien en soutenant mon regard. Je le connais à peine, et ça fait longtemps que je l'ai bloqué de partout. Crois moi Harry, il... je m'en fou complet de ce gars.

Je crois qu'il est sincère. Je connais Louis et je crois que je sais reconnaître quand il dit la vérité mais le problème maintenant c'est ma confiance en lui. Il maintient mon regard et j'hoche la tête. Ma poitrine se décompresse lentement et je soupire doucement.

- Crois moi Harry.

J'hoche à nouveau la tête et il glisse une main dans ses cheveux en respirant fort.

- Et si on mangeait? Je lui demande à nouveau.

Il revient à la réalité en me souriant distraitement.


Nous commençons à manger après avoir échangé un long regard. Heureusement il y a une musique d'ambiance, un style jazz piano qui rend le lieu encore plus romantique. Nos plats sont bons, ce n'est pas non plus de la très haute gastronomie mais c'est bon. Le décor compte plus que la nourriture mais c'est acceptable. Et surtout ça faisait longtemps qu'on avait pas autant discutés durant un repas je crois.

Parfois nos yeux se croisent et c'est vraiment difficile parce-que j'ai l'impression qu'il est à deux doigts de s'effondrer et de s'excuser encore une bonne dizaine de fois. Ça me fait mal au cœur de le voir comme ça même si une voix au fond de moi me crie qu'il ne peut s'en prendre qu'à lui même, que tout ça est de sa faute. Mais je l'aime malgré tout.

- Et Ayla? Comment ça a été? Il me demande après quelques minutes.
- Comme tu le sais elle a été perturbé. Elle m'a fait plusieurs caprices tout le long de la semaine.

Il hoche la tête en grimaçant et place ses couverts dans l'assiette. Il n'a pas finit son plat mais je crois qu'il a terminé.

- Je suis désolé pour ça aussi.
- Ça va, arrête de t'excuser toute les cinq minutes.

Il grimace. Je crois que c'est compliqué pour lui.

- Et pour Noël? Il ajoute.
- Je te l'ai dit que j'ai annulé le dîner chez ma mère? Il secoue la tête. Si on restait que tout les 3 cette année? Devant la cheminée, des Disney, des chocolat. Je ferais un bon repas et le lendemain Ayla découvrira ses cadeaux au pied du sapin.
- C'est un très bon planning ça, il sourit doucement.

Je suis sûr que ça nous permettra de se retrouver un peu. En famille. En temps normal on passe les fêtes chez nos familles, soit chez mes parents soit chez ceux de Louis. Cette année je pense que ça nous fera du bien d'être juste nous.

Je termine mon plat, en buvant une gorgée de mon vin.

- Tu veux récupérer Ayla ce soir?
- Oui, je répond du tac au tac.

Elle est chez sa tante ce soir et je suppose qu'elle dormira quand on rentrera mais elle sera sûrement mieux avec nous à la maison. Il hoche la tête.

- Elle sera contente de voir ses deux papas à la maison, j'ajoute.

Il relève la tête et pose ses yeux dans les miens, avant de soulever ses sourcils.

- Je, tu veux que je rentre? Il bégaye.
- Oui. Ça veut pas dire que je vais tout oublier mais on devrait se comporter en adulte avant tout et le plus important c'est le bonheur de notre fille non?
- Oui, il hoche la tête.
- C'est Noël donc, je ne termine pas ma phrase laissant le sourire de Louis prendre toute la place.
- Merci mon amour, il sourit les yeux pétillants.

J'espère que c'est la meilleure décision à prendre. J'ai mal vécu cette semaine sans lui alors on verra ce que donne celle-ci. Rien ne vaut sa présence près de moi. Je me sens inutile sans lui, plus rien n'a de saveur à mes yeux. Alors que maintenant même si on est fâché et que je lui en veux, je me sens a ma place.

Je lui souris et il avance sa main pour venir frôler nos doigts sur la table. Son index caresse doucement le mien, de mon ongle à ma bague. Puis ses doigts viennent caresser le dos de ma main quand il voit que je ne bouge pas.

- Je t'aime, il se répète.

C'est plus fort que moi, je relève mes doigts pour les entremêler aux siens. Ce contact fait battre mon cœur. Ça fait tant de bien.

- Tu mérites tellement mieux que ce que je t'offre, j'espère pouvoir faire plus.
- Louis arrête, tu m'as offert beaucoup depuis qu'on est ensemble, je le coupe.
- Et quoi?
- Ma plus belle histoire d'amour, un mariage de rêve, un enfant, de l'amour, de la joie, du bonheur, je continue?
- Mais je t'ai fait souffrir aussi...
- Donc à toi de réparer tes erreurs et de me prouver que tu ne veux plus me faire souffrir.

Il hoche la tête.

- Je vais tout faire pour retrouver ta confiance.
- J'attend de voir ça. 
- Merci de m'accorder une chance de me rattraper.

Si je le fait c'est parce-que je l'aime, parce-qu'il est ma famille. C'est l'amour de ma vie. J'imagine pas d'être sans lui alors j'espère qu'il va vraiment se rattraper et faire les choses bien. Jusqu'à maintenant Louis ne m'avait jamais fait souffrir à ce point, il m'a toujours respecté alors j'espère que je ne regretterais pas.









. . .

[24 décembre]

- C'est combien de temps déjà? S'élève la voix de Louis.
- J'en sais rien.

Il n'ajoute rien de plus et enfourne la dinde dans le four. C'est la plus petite que j'ai trouvé, cette année on sera que nous trois. Il a tenu à m'aider en cuisine. J'apprécie, même s'il n'a pas vraiment d'expérience dans ce domaine et que je suis obligé de surveiller tout ce qu'il fait parce-que tout ce qui passe entre ses mains finit souvent par bruler. Je le vois regarder à travers la vitre du four. Ça va pas cuire en 10 min non plus.

- Daddy, les pas d'Ayla traverse la cuisine. Tiens j'en ai fait un autre pour toi.

Elle tend une feuille à Louis et regarde sa réaction.

- Wow c'est magnifique ma chérie. Très beau ton dessin, il sourit en se baissant à sa hauteur.

Il embrasse le front de notre fille, suivit par ses joues puis son nez et son menton et il l'attaque de bisous. C'est trop mignon à voir. Elle rigole en se débattant un peu.

- Merci ma princesse.

Elle sourit et repart tranquillement vers sa chambre. C'est l'anniversaire de Louis, c'est sûrement le sixième dessins qu'elle lui offre depuis ce matin. Il tourne la feuille vers moi et après avoir dessiné une maison avec un jardin dans un cœur, un chien tout noir (je suppose que c'est plus une demande qu'un cadeau d'anniversaire), un père Noël, un sapin de Noël. Maintenant elle vient de nous dessiner. Nous trois dans une maison. Louis me regarde, une moue complètement attendrit accroché au visage. 

- Elle est trop mignonne, il rêvasse.

Je souris, oui elle le gâte depuis ce matin. Plus on découvre ses dessins, plus on arrive à savoir ce qu'elle pense. Je crois qu'elle se sent beaucoup mieux depuis que Louis est revenu à la maison. Moi aussi d'ailleurs. Je me sens, je sais pas, plus protégé. 

Notre relation est encore un peu froide. Ça fait seulement une semaine qu'il est revenu à la maison mais ça pourrait être pire. Il fait beaucoup d'effort et a délaissé un peu le boulot pour être un peu plus présent à la maison et il a même réussi à avoir une semaine et demi de vacance pour les fêtes. J'avoue que rien que ça, j'apprécie énormément. Mais il y a encore une barrière. Ça vient de moi, j'ai pas envie de faire comme si rien ne s'était passé et par moment je suis méchant avec lui juste parce-que je viens de repenser à ce qu'il a fait. Parfois je culpabilise, parfois non.

- Harry? Il me fait revenir à la réalité.
- Euh oui?
- Je te demandais si on mangeait au salon pour ce soir? Il me demande en me regardant avec des yeux doux.
- Eumh comme tu veux.
- Ça sera pas super pratique.
- On mange à table alors, j'hausse les épaules.
- Je voulais faire une jolie table, c'est Noël quand même.

Je souris. C'est Noël mais c'est aussi son anniversaire. Il a 32 ans aujourd'hui. On vieillit et comme chaque année ça fait mal de prendre de l'âge. Louis n'a jamais aimé ça, vieillir. Il préfère dire qu'il fait la fête pour Noël que pour son anniversaire, même s'il adore souffler ses bougies. C'est impossible de le comprendre parfois. Quoique cette année il n'a pas demandé à ce que je lui fasse un gâteau. En règle général on fête toujours ça en famille et Louis me supplie de lui faire un gâteau parce-qu'il est super mégas gourmand comme dirait Ayla.

- Très bien, fait donc.

Il sourit en essuyant ses mains sur un torchon en boule lâchement abandonné au bord l'évier sur l'îlot centrale.

- Tu sais que t'es beau aujourd'hui? Il dit.

Je lève les yeux au ciel. C'est vrai que depuis une semaine les compliments ont doublés.

- Non sérieux, t'as fais un truc à tes cheveux? Il insiste.

Je me mord la joue, fort. J'ai changé ma routine capillaire depuis quelques jours mais... enfin moi aussi j'ai trouvé qu'ils étaient plus beau mais... ça faisait longtemps que Louis ne m'avait pas regardé à ce point.

- J'ai changé d'huile et je les sèche plus comme avant, j'avoue un peu stupéfait.
- Ah tu vois j'ai remarqué que quelque chose avait changé.

J'en rougirais presque. C'est flatteur. Il s'approche de moi un regard doux, un sourire aux lèvres. Maladroitement ses bras viennent autour de ma taille sans trop me coller, il y a encore cette barrière entre nous mais il essaie vraiment de la briser. Je ne participe pas à son rapprochement mais je ne le repousse pas non plus. Il embrasse ma tempe en douceur.

- Ça te va bien.

Il vient frôler ma joue avec une de ses mains et sourit. J'aime bien cette attention. Ça fait du bien.

- Merci.

Il sourit et recule voyant que je ne poursuis pas son câlin. Je suis pas froid avec lui aujourd'hui, c'est son anniversaire mais j'ai du mal à me laisser aller et oublier ce qu'il s'est passé. Il jette un coup d'œil au four.

- Ça va pas cuire en 10 min Louis...
- Ouais mais j'ai peur, il dit aussitôt.

Je ne retiens pas un petit rire parce-qu'il est conscient qu'il est maudit en cuisine. Ça le fait sourire à son tour et je préfère cette ambiance que celle de la semaine dernière. C'est un jour spécial alors je n'ai aucune envie de tout gâcher.

- Je vais mettre la table, dit Louis. Où tu met les nappes?

Cette question signifie bien qu'il ne fait pas grand chose à la maison. Je soupire et me dirige vers l'étagère où je range tout. J'attrape tout le nécessaire et le dépose sur l'îlot centrale. Il me remercie l'air un peu bête et commence à mettre la table dans son coin. Je le laisse faire, je sais qu'il pensera a tout.

- Va prendre un bain, me conseille Louis. Tu veux que je t'en fasse couler un?
- Non continue de mettre la table moi je vais préparer Ayla.

Depuis une semaine j'ai droit à pleins de petites attentions je ne m'en plaint pas c'est plutôt agréable. Mais parfois c'est trop. En une semaine, j'ai eu plus d'attention que les 5 années passées.
Il y a longtemps on prenait des bains tout les deux, avant qu'Ayla soit là. Et j'avoue que ça ne serait pas déplaisant de réitérer ce petit moment à 2 mais pour l'instant, il faut préparer la table, garder un œil sur le repas et s'occuper d'Ayla. Ce que je vais faire de ce pas.











- Papa monte le son c'est ma chanson préférée!  S'écrit Ayla les yeux rivés sur la télé.

Je crois qu'on a jamais fêté Noël et l'anniversaire de Louis à trois. C'est une grande première. On est toujours entourés de nos familles pour ce jour spécial, généralement la famille de Louis. Même si cette année, exceptionnellement on allait le fêter chez la mienne. C'est toujours la même soirée on dîne, Louis souffle ses bougies, on attend minuit pour les cadeaux du père Noël... C'est tellement différent cette fois.

J'augmente un peu le volume de la télé, les voisins de l'autre côté de la rue n'entendrons pas grand chose je suppose. Nous sommes encore à table, la salle à manger étant ouverte sur le salon. Nous nous sommes mis tout les trois face à la télé pour regarder les dessins animés Disney qu'Ayla a choisie elle-même.

- Libérée, délivrée je ne mentirais plus jamais...

Ses yeux ne quittent plus l'écran, la cuillère plantée dans sa tranche de bûche au chocolat.  Elle chante à tue-tête les paroles de la chanson d'une génération entière. Louis me regarde en se retenant de rire, évidemment la situation nous attendrit. Ayla est assise entre nous deux, complètement absorbé par la télé mais on la laisse faire. C'est Noël. D'ailleurs je voudrais freiné un peu la télé lors des repas parce-que c'est vrai c'est pas toujours génial. J'aimerais qu'on se retrouve dans le calme pour discuter à ce moment là.

La chanson se termine et Ayla se décide à terminer son dessert. Je commence à tout rassembler pour débarrasser les couverts dans le lave vaisselle. Louis me suit, les bras chargés du plat et de la bouteille de vin que l'on a ouvert pour nous deux. Le repas était très bon et c'est lui qui a cuisiné plus de la moitié du repas. Il fait vraiment beaucoup d'efforts et j'ai eu droit à toute son attention.

- C'était très bon, je dis en déposant la vaisselle sur le plan de travail.
- Oui tu m'as beaucoup aidé, il sourit.
- Pas tant que ça. Tu fais des progrès depuis la dernière fois, je lui fais remarquer.

Il se met à sourire aussitôt. La dernière fois qu'il a voulu tenter de faire un repas complet, un peu comme ce soir, c'était une réelle catastrophe. Le poulet avait cramé, l'eau avait débordé de la casserole et il me semble qu'il avait même cassé une carafe à vin.

- Oui mais bon t'étais quand même pas loin aujourd'hui.

Il range la bouteille dans le frigo et se retourne vers moi, un joli sourire aux lèvres. Je suis appuyé sur le plan de travail et il est juste à un mètre de moi. Personne ne bouge durant quelques secondes. Ses yeux sont encrés dans les miens, c'est eux qui me parlent. Son regard voit à l'intérieur de moi et cette sensation est juste incroyable parce-qu'on a pas besoin de mot. C'est comme si on était connecté. Comme si nos âmes savaient. Ce genre de moment ça nous arrive que lorsqu'on prend le temps d'apprécier un instant comme celui là tout les deux. Là tout de suite, notre fille est occupé par la télé, on s'évite depuis 2 semaines et c'est son anniversaire. Mon mari vieillit. Et malgré tout ce qu'on a traversé je reste toujours amoureux de lui, de cet homme qu'il est devenu, de celui qu'il à été et de celui qu'il sera. Je sais avec certitude que je l'aimerais toute ma vie quoi qu'il arrive. Et à ce moment précis, je sais qu'il a envie de s'excuser encore et encore. Il se retient parce-qu'on s'est déjà disputé à ce sujet il y a 2 jours. Ce n'est pas que je n'apprécie pas ses excuses mais à force de les entendre ça deviens pénible.

Un mètre nous sépare et j'ai très envie qu'il vienne me prendre dans ses bras. Je ne ferais pas le premier pas, pas après tout ce qu'il s'est passé.

- Je t'aime, c'est Louis qui vient juste de lâcher ça.

Je souris en respirant bruyamment parce-que j'avais tellement envie d'entendre ça. J'en ai marre d'être loin de lui. Il me manque. Et ce soir plus fort que d'habitude.

- Tu sais que je t'aime et que je m'en veux toujours.
- Tais toi, je le coupe. Je m'en fiche, d'accord? Si on faisait une trêve pour ce soir?

Il fronce d'abord les sourcils mais sa grimace se change en sourire quand il voit le mien.

- Tu veux dire-
- C'est Noël, j'ai pas envie de passer la soirée a te faire la gueule. C'est ton anniversaire et c'est la première fois que tu ne me demande pas de te faire un gâteau pour fêter ça. C'est la tradition tu sais?

Il se met à rire en regardant en l'air, contenant ses gestes.

- Je me suis dis que tu m'enverrais chier, ce qui m'aurait parut normal.
- Je t'ai fais un gâteau.
- C'est vrai? Il est surpris. 
- Oui, c'est juste un fondant au chocolat dans un ramequin pour chacun. T'as pas encore soufflé tes bougies.

Il sourit.

- Merci mon amour, t'es parfait, il sourit sans bouger.
- Même si je pense que t'auras pas la place de mettre 32 bougies sur ton gâteau...

On se met à rire tout les deux.

- Non c'est sûr, il soupire. Je suis un vieux...

Oui mon vieux à moi. Mais je parle pas trop vite parce-que j'aurais 30 ans dans moins d'un mois et demi...

On est beaucoup plus détendu depuis le début du repas et j'espère que le reste de la soirée se déroulera aussi bien.

- Tu l'as fait quand? Je t'ai même pas vu...
- Quand tu es parti faire quelques courses ce matin.

Il sourit en gardant ses yeux dans les miens.

- J'ai jamais cuisiné aussi vite, ça le fait rire.
- Merci d'avoir fait ça pour moi.
- C'est normal, t'es mon mari.

A la fin de ma phrase, Louis s'approche de moi. Il est hésitant parce-que je l'ai repoussé toute la semaine mais cette fois j'ai très envie d'un câlin. Noël me rend fleur bleue. Il relève ses bras pour passer ses mains derrière mon cou et venir embrasser mon front délicatement. Il laisse quelques centimètres entre nous mais je les comble en me collant contre lui. Dommage que je ne puisse pas voir son visage à ce moment là. Mais après une seconde je sens ses bras se refermer autour de ma taille et me serrer fort. Son souffle chaud atterrit dans mon cou, c'est très réconfortant cette sensation. Il empoigne presque ma chemise entre ses mains pour me garder contre lui. Depuis des années on a perdu l'habitude de se prendre dans nos bras comme ça. Juste un smack avant d'aller au boulot et un autre avant d'aller se coucher. Nos contacts affectifs avaient quasiment disparus depuis que l'on est devenus parents. Et j'ai très envie que cette habitude revienne car je suis quand même assez tactile. Avec Louis du moins.

Et cette fois je l'enlace en retour, pas comme cette dernière semaine. Je crois que ça le surprend un peu. Mais il ne bouge pas. Je suppose qu'il ne rompra pas le câlin tant que je ne l'aurais pas fait. Puis j'ai envie d'en profiter, il m'a beaucoup manqué. Ses lèvres se posent doucement dans le creux de mon cou juste au dessus de ma clavicule gauche. Mon ventre s'électrise. Même au bout de 14 ans, il arrive à me faire ressentir ses putains de papillons.

- Je t'aime, il souffle dans mon cou. 

Ses lèvres laissent une traînée de baisers dans mon cou. J'entends qu'il respire plus fort et mon cœur bat si vite que j'ai l'impression d'avoir à nouveau 16 ans comme lorsqu'on s'est mis ensemble.

- Papa, Daddy! C'est fini!

On sursaute tout les deux lorsque la voix de notre fille résonne dans la maison. Déjà? On se sépare lentement et à contre cœur. Ça fait vraiment beaucoup de bien d'avoir partagé cette étreinte. Ses yeux sont brillants et humides, ça me fait de la peine de le voir comme ça. Je pose alors mes mains contre sa mâchoire pour l'attire vers moi et embrasser ses lèvres tendrement. Nos bouches ne sont pas toucher ainsi depuis plus de deux longues semaines, ça m'a semblé une éternité. Le baiser est d'une douceur sans nom. Juste nous, nos retrouvailles et ça me fait frissonner. Et le bruit de poing sur la table que fait Ayla.

- On ferait mieux d'y aller avant qu'elle s'impatiente trop.

J'hoche la tête encore étourdit par ce baiser. Mais il revient et pose ses lèvres sur les miennes juste quelques secondes.

- Merci, il ajoute.

Sa main glisse dans la mienne et on avance vers le séjour pour découvrir notre fille debout sur sa chaise, vêtue de sa jolie robe bleue qu'elle a elle-même choisie.

- Assis toi tout de suite Ayla, dit aussitôt Louis.

Elle obéit sans rechigner.

- Mais c'est fini...
- Oui on va en mettre un autre. On va s'installer sur le canapé tout les trois? Je lui propose.
- Oui, elle s'écrit en sautant de sa chaise.

Je jette un coup d'œil à l'heure, il est à peine 22h. On a encore le temps de regarder un Disney.

- On regarde quoi maintenant? Demande Louis.
- Peter Pan parce-que c'est le préféré de Daddy!

Elle s'accroche à la jambe de Louis et lorsqu'elle voit nos deux mains attachés elle vient entre nous pour agripper nos jambes.

- Ça y est? Vous êtes re-amoureux ?

Sa question nous met mal à l'aise et on ne sait pas quoi répondre. Alors on échange un regard, de toute façon j'ai jamais arrêté d'être amoureux de lui.

Ayla impatiente de regarder la télé, n'attend pas de réponse de notre part. Et heureusement car je crois qu'on est encore trop gêné pour se dire à quel point on s'aime. Elle se jette sur le canapé, froissant sa jolie robe mais ni moi, ni Louis ne la reprenons.

- Peter Pan alors? Je demande.
- Ouiiiiiii, s'écrit Ayla.
- Ok.

Je m'exécute et pars directement mettre le dvd dans le lecteur. On a fait une collection de dvd Disney depuis la naissance d'Ayla. Je crois qu'on est resté des grands enfants Louis et moi. Je lance la lecture du film et rejoins ma famille. Ils sont installés au fond du canapé, Louis a une extrémité, appuyé contre le dossier et l'accoudoir et Ayla est à moitié allongé au centre, un coussin sous sa tête. Je souris en voyant cette scène. Ma famille est parfaite. Ma plus grande fierté.

- Ayla chérie fais une place à papa, dit Louis en tapotant les jambes de notre filles.

Elle replie ses jambes qui étaient à moitié sur Louis et me laisse une place au centre du canapé.

- Attendez on a oublié quelque chose dans le four, je leur fais remarquer.
- C'est vrai? Dit Louis en se retournant pour vérifier le four.

Je ne dis rien et me dirige vers la cuisine. J'ai mis les fondants dans le four tout à l'heure pour qu'il soit bien coulant. Il n'a toujours pas soufflé ses bougies.

- Qu'est-ce que tu fais papa?

Ayla s'est redressée pour regarder vers la cuisine pendant que je sors les gâteaux du four pour y planter les bougies.

- Daddy a pas soufflé ses bougies, je lui rappelle.
- Ah oui!!! Elle s'écrit. Daddy ton anniversaire!

Je place les ramequins dans un plateau et retourne dans le salon. J'allume les bougies avec le briquet de Louis après m'être installé près de lui sur le canapé.
Louis me sourit, presque reconnaissant de cette attention. Ça me fait plaisir, je trouve ça normal.

- Allez on chante joyeux anniversaire à daddy, je chuchote à ma fille.

Elle sourit en regardant les flammes danser sur les mèches de bougies et se lève directement pour rejoindre son daddy et s'installer sur ses jambes. On commence à chanter joyeux anniversaire pour Louis qui a le regard qui brille. Il paraît presque timide à ce moment là.

Ayla l'aide a souffler ses bougies une fois la chanson terminé et elle a l'air aussi heureuse que lorsque c'est son anniversaire. Elle applaudit et embrasse son père en le serrant de toutes ses forces entre ses petits bras.

- Merci mes amours, dit Louis. Je vous aimes.

Il embrasse le front de sa fille et elle attrape directement un ramequin.

- Attention c'est chaud mon chat.
- Oui t'inquiète pas, je suis une grande.

On sourit en la regardant s'installer devant la table basse. Louis se retourne vers moi.

- Merci mon amour, ses yeux brillent encore.
- C'est normal, je souris.

Il pose une main sur ma cuisse.

- Non, vraiment, je mérite pas tout ça alors merci beaucoup.

J'hoche la tête en souriant doucement. Nos yeux parlent pour nous, encore une fois.

- Oulala il y a de la fumée, ronchonne Ayla en voyant la fumée s'échapper du fondant.
- Oui souffle mon cœur, je la préviens.

Louis me regarde toujours alors je place ma main sur la sienne qui est posé sur ma cuisse.

- Mange ton dessert, je lui sourit.

Il hoche la tête et rompt difficilement le contact visuel avec moi pour attraper un ramequin.




Après voir dégusté nos fondants au chocolat on s'installe au fond du canapé pour regarder la fin de Peter Pan. Ayla s'est allongé à côté de moi, ses jambes étalés sur les miennes. Elle somnole.

- Eh t'endors pas mon chat sinon tu vas louper le père noël, je lui dis en la voyant bailler.
- Non t'inquiète pas papa, je l'attend.

Je suis sûr que d'ici 15 minutes elle sera endormie. Il n'est même pas 23h alors je pense qu'on ouvrira les cadeaux demain matin. De toute façon on avait pas de père noël sous la main... Louis a quand même eu le temps de lui enfiler son pyjama après son dessert. Il est installé près de moi, son bras repose sur le dossier du canapé derrière mon dos. Je sens qu'il fatigue un peu, moi aussi d'ailleurs. Quand j'y pense ça fait une semaine qu'il dort sur le canapé et je ne suis pas sûr qu'il soit bien confortable. Il s'étire un peu et nos jambes se collent l'une à l'autre. Je me demande même si ce n'était pas calculé.

Je lance un coup d'œil vers Ayla, ses yeux sont fermés. J'en étais sûr.

- Elle s'est endormie? Il se penche pour regarder notre fille.
- Ouais je crois.

Il l'observe quelques secondes, les yeux en cœur.

- Qu'est-ce qu'elle est belle, il chuchote.
- Oui.

Je suis bien d'accord avec lui, c'est notre petite merveille.

- Elle te ressemble, ajoute Louis.
- Moi je trouve que c'est à toi qu'elle ressemble le plus.
- Non elle a ta joie de vivre, ton regard pétillant, elle est toujours souriante et elle est tellement gentille et adorable...
- Et elle a ton sale caractère, je ne peux pas me retenir de dire.
- Faut bien qu'elle sache s'affirmer.
- Ça je m'inquiète pas pour elle.
- Elle est parfaite, sourit Louis.

Oui il n'y a pas plus parfait que notre petite humaine à nous. Je souris en respirant bruyant. On reste comme ça quelques minutes, seule la voix de Peter Pan comble le silence. 

Louis près de moi observe Ayla puis je sens son regard sur moi. Il semble un peu gêné et remue un peu ses jambes.

- Hazza? Il s'installe plus droit sur le canapé. Eumh je, juste, je veux pas gâcher cette soirée mais.. enfin je voulais juste te remercier pour ce soir. C'était vraiment super, il me regarde droit dans les yeux.
- De rien Louis.
- Je voudrais te retrouver comme avant. Je sais que c'est encore compliqué et que ça le sera un moment mais je sens que tu n'es pas à l'aise, pas vraiment toi même. Alors encore une fois excuse moi d'avoir fait que tu n'es plus le même depuis ce qu'il s'est passé, il glisse timidement une main sur mon visage tout en douceur. Je t'aime mon amour, pour toujours. Toi et Ayla vous êtes tout pour moi. Je te promet que je vais faire des efforts pour améliorer notre quotidien.

Il termine avec les yeux embrumés. Il me fixe mais semble tellement perdu... Je ne peux pas retirer mes yeux des siens. Je n'arrive même plus à trouver mes mots, je ne sais plus quoi lui dire. C'est vrai que je suis toujours distant avec lui.

- J'ai tellement peur de te perdre, il murmure. Tu es là et tu me manque quand même car je sens que quelque chose a changé... N'oublie jamais que je t'aime et que je suis le même que lorsqu'on était ado et que j'avais qu'une seule idée en tête; me marier avec toi.

Je lui sourit difficilement en fuyant son regard. Ça me fait du bien d'entendre ça. Je sais qu'il n'a pas tord car je ressens ce malaise moi aussi. J'ai du mal à gérer toutes mes émotions et sensations mais à moi aussi il me manque.

- Ne sois pas-
- Toi aussi tu me manque.

Son visage se fige. Il paraît désarçonné, comme s'il ne s'attendait pas à ce que je lui dise ça. Pourtant c'est la vérité. Il me manque énormément depuis ces 2 dernières semaines et même plus longtemps que ça. C'est très compliqué pour moi, je suis partagé entre deux sentiments immenses, celui de la rancoeur et celui de l'amour.

Je connais Louis, on est ensemble depuis des années, on se connaît depuis l'adolescence. C'est pour ça que je me sens si trahit. Mais je sais aussi qu'il est profondément bienveillant et aimant. Je sais qu'il m'aime... mais je me sens trahit et j'arrive pas à faire disparaître ce sentiment...

Mais aussi je l'aime.

- Laisse moi un peu de temps, je t'aime aussi, je lui chuchote. Mais je veux plus jamais revivre ça.
- Je te promet que plus jamais ça se reproduira, il dit sincèrement. Tu peux me croire Harry.

Je lui souris difficilement. J'ai envie de le croire. C'est vrai que tout ça va mettre du temps à cicatriser mais c'est Louis. Et puis... ce n'était qu'un bisous... Enfin c'est déjà bien assez. Mais ça m'a fait mal alors je lui laisse une chance de se rattraper.

- Je peux te faire un câlin?

Il me demande ça avec tellement d'appréhension que s'en est mignon. Évidemment j'hoche la tête et il glisse ses bras autour de mes épaules pour venir me coller à lui. Je suis complètement serré conte son torse. J'entoure sa taille moi aussi, pour participer au câlin. C'est tellement réconfortant. On reste comme ça l'un contre l'autre. Il caresse mon dos en douceur. Ma tête est posé contre sa poitrine et j'entends son cœur battre. Je me sens tellement bien dans ses bras. Cette étreinte me fait énormément de bien.

Je sais pas combien de temps on reste comme ça, l'un contre l'autre. Même le dessin animé s'est arrêté et on pas bougé. C'est Ayla qui vient de bouger dans son sommeil qui nous fait relever la tête.

- Tu veux que j'aille la coucher? me propose Louis.
- Hum ouais, s'il te plaît.

Il chuchote un « ok » et on se sépare lentement non sans difficulté. Il embrasse ma tempe avant de se lèver du canapé pour attraper Ayla et la soulever dans ses bras. J'en profite pour rejoindre la cuisine et nettoyer tout ce qu'il reste de notre repas. La grosse vaisselle attendra peut-être demain... Je garde les restes dans des boîtes Tupperware et donne un coup d'éponge sur la table de la salle à manger. Louis me rejoins et finalement la vaisselle est terminer pour ce soir. 




Il est bientôt minuit, la fatigue de la journée s'accumule dans mon corps et je baille sans me retenir. C'était une journée forte en émotions. Mais c'était une très bonne journée. J'ai adoré cette soirée, juste nous trois. C'était vraiment parfait.
J'éteins les bougies qui traînent un peu partout dans le salon. Il va falloir déposer les cadeaux au pied du sapin maintenant.

Louis, derrière moi dans la salle à manger, commence à faire un bordel pas possible. Je me retourne pour le voir avec un oreiller sous le bras et sa couverture dans l'autre.

- T'es pas obligé d'aller te coucher maintenant si tu veux pas, il me préviens. Je vais juste les déposer là, il dit en les posant sur le fauteuil à côté du canapé. Comme ça j'ai juste à tendre le bras.

Il me fait rire même si c'est malgré lui. Je crois qu'il est fatigué lui aussi et dormir sur un canapé ne doit pas être très réparateur. La semaine dernière il dormait sur un clic-clac chez sa soeur, ça fait plus de deux semaines qu'il n'a pas dormi dans un vrai lit... Il doit sûrement avoir mal au dos.

Je le regarde s'étirer légèrement les jambes et passer une main dans ses cheveux pour les pousser en arrière de sa tête. Ses yeux sont encore un peu cernés mais le bleu des ses pupilles brillent tellement qu'on dirait qu'il est heureux. Il est vraiment magnifique.

- Dors avec moi dans le lit, je sors bêtement après ma contemplation.

Il me regarde un peu surpris, ne trouvant pas ses mots je le vois bégayer.

- Tu dois avoir mal au dos et ça doit pas être très confortable, j'ajoute.

Il sourit doucement.

- Non c'est vrai que c'est pas génial, il baisse un peu la tête. Mais je veux pas que tu te sentes obligé parce-que c'est mon anniversaire surtout...
- Je me sens pas obligé. On a décidé de surmonter cette épreuve tout les deux non? J'ai envie que tu reviennes partager notre lit.

Il hoche la tête et se gratte la joue en essayant de camoufler un large sourire.

- Merci beaucoup mon amour, il pose ses yeux sur moi. On va y arriver, crois moi.

Il s'approche doucement pour déposer ses mains dans mon cou et embrasser mon front.

- Je t'aime tellement.

J'ai envie de lui répondre que moi aussi. J'espère que notre couple est sur la bonne voie. J'y crois.

Il se recule et je saisis une de ses mains en me levant du canapé. Il me suit sans rien dire et nous rejoignons notre chambre. 



. . .


- Papa!!! Papa réveillé toi le père noël est passé!! Lève toi!

Je me réveille presque en sursaut par les cris de joie d'Ayla. J'ai tellement bien dormi que je met quelques minutes à me resituer. J'ouvre les yeux, Ayla est à mes côtés sur ses genoux en remuant ses bras dans les airs.

- Papa, le père noël est passé, elle dit plus calmement cette fois.

Je lui souris en me relevant. Je réalise que Louis n'est plus dans notre lit. On a tellement discutés cette nuit... Mon cœur se gonfle en y repensant. Ça faisait si long qu'on avait pas fait ça. On a tenu jusqu'à environ 3h40 du matin et on s'est endormi dans les bras l'un de l'autre.

- Coucou mon amour, je lui souris en glissant une main dans ses cheveux.

Elle se penche vers moi et embrasse ma joue.

- Viens vite voir papa!

Je soupire légèrement mais repousse la couverture. Ayla se relève aussitôt hors du lit. Elle ne tient pas en place. Je souris, attrape mon peignoir au passage et l'enfile avant de rejoindre ma famille au salon. Effectivement lorsque j'entre dans la pièce à vivre, je remarque tout de suite les cadeaux au pied du sapin. On a dû se lever à 2h du matin cette nuit car on avait complètement oubliés de les mettre avant de se coucher. Heureusement qu'on ne dormait pas encore.

Ayla tourne autour comme un lion en cage. Je relève la tête à la recherche de Louis. Il est dans la cuisine en train de préparer le petit déjeuner. Je le regarde faire, ses cheveux sont en bataille, un torchon sur l'épaule. Il a un petit sourire nous voyant, Ayla et moi. Mon cœur se ramolli, je l'aime c'est indéniable.

- Papa!! Y'en a pour toi! On peut ouvrir?! S'impatiente Ayla en sautillant.
- On attend Daddy d'abord, je répond.
- Daddy vient vite!

Il rit en posant la bouteille de lait. Attrape les deux tasses fumantes devant lui et nous rejoins rapidement. Il me sourit et me tend une tasse alors qu'on s'installe dans le canapé.

- Bien dormi? Il me demande timidement.
- Oui très bien dormi même, je lui souris. Et toi?
- Ça faisait un moment que j'avais pas si bien dormi.

J'ai l'impression qu'il a l'air heureux à ce moment. Ses yeux pétillent presque. Je repense à nos conversations d'hier soir, dans notre lit. Ça a été plutôt intense, on a pleurés et on a rit. Mais on s'est tout dit. On a tout repris depuis le début, on a parlé de nous, de tout. De sa demi tromperie, des répercussions que ça engendre, de ses tords et de mes tords. De notre famille, de notre fille. De notre amour.
On est arrivé à en tirer la conclusion qu'on s'aime et qu'on ne veut et peut pas vivre l'un sans l'autre.

Je me penche vers lui et embrasse ses lèvres tendrement. Ça ne dure que quelques secondes, nos visages ne sont encore qu'à quelques centimètres. Il a un sourire magnifique et ses yeux brillent de bonheur, sûrement comme les miens. Alors j'embrasse à nouveau ses lèvres et nos langues se retrouvent dans un baiser tendre et fougueux. Mon cœur s'emballe ça fait tellement de bien. On se sépare à contre cœur mais Louis saisit nos tasses, les déposent sur la table basse et vient me prendre dans ses bras, embrassant ma tempe au passage. Il me souffle un « je t'aime » et on s'installe face au sapin pour observer notre fille qui nous regarde pour le moment.

- Vous êtes re amoureux? Elle nous demande.
- Oui, je lui répond.
- C'est vrai? Elle a l'air super heureuse.

Elle s'approche de nous, nous sautant dessus.

- Oui c'est vrai, j'affirme.

On fait un câlin à trois. Je savoure ce moment, c'est un bonheur sans nom. Ayla a un bras autour de ma taille et l'autre autour de celle de Louis. Je glisse une main dans le dos de ma fille et Lou caresse ses cheveux. Mon cœur est gonflé de bonheur. Je repose ma tête contre l'épaule de Louis et je le sens embrasser mon crâne.

- Je vous aimes, c'est Ayla qui parle.
- Nous aussi on t'aime fort fort fort mon cœur, répond Lou.
- Oui on t'aimera toujours.

Je la sens hocher la tête. Et on échange un long regard avec Louis, tout passe par les yeux encore une fois. On s'embrasse tendrement mais un peu trop rapide à mon goût.

- Allez va ouvrir tes cadeaux petite impatiente! Dit mon mari.

Ayla se redresse aussitôt et sautille jusqu'au sapin. Louis me reprend dans ses bras tout de suite après et on observe notre fille ouvrir ses cadeaux de noël. On l'a peut-être un peu gâtée cette année. Elle se met à sautiller à chaque découverte, de la dernière poupée qu'elle espérant tant, au jeux de société ou même le dernier dvd Disney qui vient de sortir. Ses yeux pétillent et rien n'est plus précieux qu'à cet instant; ma fille heureuse et les bras de son père autour de moi.

Alors pour s'imprégner encore plus de noël, j'attrape mon téléphone et lance une playlist de noël sur la télé.

- Papa il y a un cadeau pour toi, dit me Ayla en me tendant une jolie enveloppe.

Je fronce les sourcils, je me demande bien ce que ça peut être. Je n'ai même pas fait de cadeau à Louis, avec tout ce qu'il s'est passé je me suis imaginé qu'on ne serait pas réconcilier à noël ou même pire encore je nous imaginais séparé.
Je regarde Louis, il a un petit sourire en coin.

- Louis, pourquoi tu m'as fait un cadeau? J'ai pas-
- C'est un cadeau pour nous deux.

Je retiens un soupire, je suis jamais très à l'aise quand on me fait des cadeaux. Louis embrasse ma joue et me dit s'ouvrir.

Je déchire l'enveloppe et sort le papier pour lire une réservation, pour un voyage à Hawaï. Je louche carrément sur le pays! Hawaï. Je relève la tête vers Louis, les yeux ronds comme des billes. Ça le fait rire apparemment. Mais, Hawaï quoi!!

- C'est vrai ça? Je lui demande quand même pour être sûr.
- Oui on part à Hawaï dans 4 mois. Bon l'avion ça va être long on aura plusieurs escales mais on reste 8 jours à Hawaï alors on pourra en profiter.
- Mais t'es complètement fou!
- Fou de toi, oui, il dit en souriant.

Je me met à rire en levant les yeux au ciel. Il me surprendra toujours. Je ne m'attendais pas du tout à ça!

- Merci beaucoup, je lui dit en le prenant dans mes bras. Merci c'est fou! J'ai du mal à y croire!
- Si ça te plaît c'est le principale!

Il rit et je l'embrasse refermant mes bras autour de son cou.

- Merci ça va être incroyable! J'embrasse encore une fois ses lèvres. J'ai pas de cadeaux pour toi je suis désolé mais j'ai pas du tout eu la tête à ça et-
- Ne t'inquiète pas mon amour. C'est un cadeau pour nous deux. Et puis tu m'as offert cette deuxième chance avec toi. C'est le plus beau cadeau que tu pouvais me faire.

Il me sourit sincèrement, je le vois je le sens. Alors je lui sourit en retour et vient me blottir contre lui, ses bras réconfortant m'enveloppent et mon cœur bat de bonheur. Pour la vie je l'espère.

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