Je descends du bus en traînant un petit peu des pieds. Evidemment, ce matin, je n'ai pas eu le courage d'appeler qui que ce soit pour m'amener au refuge, trop honteux de ma mésaventure d'hier. En même temps, il y a de quoi se moquer de moi ! Voir sa voiture partir avec une dépanneuse sans avoir relevé le nom dudit garage est assez risible... pour toute personne extérieure à la situation.

Parce qu'évidemment, moi ça ne me fait pas rire, du tout !

J'ai bien essayé d'appeler les garages que j'ai contacté dans la nuit, mais avec tous les appels que j'ai passé, c'est comme si je voulais retrouver une aiguille dans une botte de foin. Personne n'a entendu parler de mon sauvetage en pyjama par mon bel homme en salopette. Pourtant, je ne peux pas avoir rêvé cette aventure ! Sinon, j'aurais retrouvé ma voiture sur sa place de parking ce matin ! Il va falloir que je trouve une solution pour régler cette histoire. Mais après tout, nous sommes samedi, il est encore tôt, peut-être que la personne qui m'a dépanné cette nuit ne travaillait pas ce matin !

Je soupire en remontant la rue du refuge. Je bosse ici depuis la fin de mes études, mais j'y étais bénévole bien avant ma majorité. C'est mon grand-père qui a fondé ce refuge, il y a des années et il m'a transmis sa passion pour les animaux. Avec Léticia et Liam, depuis gamins, nous y allons pour donner un coup de main. Nous y passions nos week-end et une partie de nos vacances quand nous étions jeunes. C'est tout naturellement que nous sommes devenus bénévoles en grandissant.... puisque nous avons suivi des formations pour travailler à part entière là-bas.

Léticia a fait un BTS de comptabilité et de gestion. Elle s'occupe des comptes du refuge. Elle a un poste très important. Sans elle, je crois que nous pourrions mettre la clé sous la porte. Qui pourrait croire que cette petite nana serait si à l'aise avec les chiffres ? Quand nous étions encore à l'école, elle passait plus de temps le nez dans les bouquins qu'à faire des équations. Mais nous avions vraiment besoin de quelqu'un à ce poste. Alors elle s'est démenée pour décrocher son diplôme et, depuis, elle travaille là ! Elle s'occupe un petit peu de l'accueil aussi avec son binôme, Emilie. Les deux sont très copines. Même si sa collègue à une bonne dizaine d'années de plus qu'elle, ça ne les empêche pas de s'entendre à merveille. Elles sont au courant de toutes les infos à savoir ... et, évidemment, de tous les ragots sur le refuge.

Avec Liam, nous étions bons élèves en cours. Passionnés par les animaux et leurs petits bobos, nous avons tous les deux fait véto. Aujourd'hui, nous faisons notre dernière année d'internat dans la clinique du refuge. Liam est branché chirurgie et moi j'aime gérer le quotidien. J'aime faire le tour des enclos avec les soigneurs, vérifier que tout va bien et faire les entrées difficiles. Nous nous complétons avec Liam. Avant notre internat, les deux vétérinaires, Patrick et Erick, étaient seuls. Ils avaient du mal à voir le bout de leurs journées. Désormais, nous avons un emploi du temps bien rempli, mais nous nous en sortons bien.

Le refuge est divisé en deux parties distinctes. Nous avons la fourrière d'un côté et le refuge, à proprement parlé, de l'autre. Nous sommes obligés d'avoir une antenne fourrière même si je n'aime pas ce mot. Décemment, nous ne pouvons pas mettre les animaux que nous venons de récupérer à l'adoption sans avoir fait de tests vétérinaires au préalable. En plus, la réglementation veut que chaque animal soit pucé et vacciné avant d'être adopté. Pour éliminer tout virus, nous nous tenons à placer en quarantaine de trois semaines, tous les animaux venant de l'extérieur dont nous ne connaissons pas la provenance et qui ne sont pas à jour dans leur vaccin. C'est une manière de préserver les maladies !

Je pense que Grand-père serait fier de me voir marcher dans ses pas. Il n'a peut-être pas eu la chance de faire des études de vétérinaire, mais c'est lui qui m'a appris tous les petites trucs de base. Il valait bien tous les vétérinaires du monde. Il est décédé l'année dernière. Il m'a demandé de veiller sur son bébé avant de partir. Je ne suis pas le gérant, parce que je me sens encore trop jeune pour m'occuper de tout l'administratif et que j'aime trop le travail sur le terrain. C'est ma mère qui gère ce côté-là. Aujourd'hui, je l'aide comme je peux, mais je sais qu'un jour, je prendrai sa place.

Mais en attendant, je suis plus ou moins un employé comme les autres !

Je pousse la porte de service après avoir contourné le bâtiment d'accueil et je me dirige, la tête basse, vers le vestiaire. Je pose mon sac, enfile mon t-shirt et ma veste polaire et referme la porte du casier d'un geste. J'attrape mon badge, mets mes chaussures de sécurité et sors des vestiaires. Je vais directement vers la salle de briefing qui fait aussi office de salle de repos et y retrouve Liam en compagnie de ma soeur en train de partager un café.

Ah oui ! Parce que je ne vous l'ai pas dit...

Mais la nana qu'il a suivi l'été dernier au lieu de nous suivre en vacances n'était autre que... Gemma, ma soeur. Depuis, ils filent le parfait amour ces deux-là ! Ça m'a fait bizarre de voir mon meilleur pote avec ma soeur, mais en définitive, ils vont bien ensemble et c'est assez rassurant.

Gemma ne travaille pas au refuge. Elle est avocate d'affaires dans un cabinet en ville. Elle nous aide quand le juridique s'en mêle mais elle n'avait pas envie de s'investir, comme je le fais. Elle a adopté ses trois chats ici, elle vient de temps en temps quand elle le peut pour aider, mais son soutien auprès du refuge s'arrête là ! Je ne lui en veux pas, je la comprends. Ça demande beaucoup de sacrifice de travailler ici mine de rien.

« Tu es en retard, Hazza ! s'exclame Liam en regardant sa montre.

-Ouais... on s'est couché un petit peu tard avec Léti hier soir, je réponds simplement en me versant une tasse de café avant d'aller serrer la main à Liam et d'embrasser la joue de ma soeur.

Il n'est pas question que je leur raconte mon sauvetage raté. Je les connais par coeur, ils vont se moquer de moi pendant des jours après ! On m'appelle Harry La Poisse ici ! Il m'arrive toujours des histoires à dormir debout ! Ce qui amuse beaucoup mes amis et ma famille... Évidemment, moi, ça ne m'amuse pas du tout ! Donc, cette histoire de dépannage ne m'étonne pas vraiment avec du recul.

« Et toi, qu'est-ce que tu fais là ? je demande à Gemma en me tournant vers elle.

-Liam m'a dit qu'il vous manquait du monde pour la chatterie aujourd'hui, je me suis dit que j'allais filer un coup de main ! » me dit-elle simplement en souriant.

Je souris en hochant la tête et porte ma tasse de café à mes lèvres. Depuis qu'elle sort avec Liam, elle vient beaucoup plus souvent. Ce qui n'est pas vraiment étonnant... ça fait plaisir à Maman de la voir ici ! Nous ne la voyons pas souvent sinon parce qu'elle travaille beaucoup et qu'elle consacre son temps libre à son amoureux.

« Qu'est-ce que vous avez fait de votre soirée ? Tu as une tête de zombi, on dirait que tu n'as pas dormi depuis une semaine ! me fait remarquer Liam en arquant un sourcil.

-Des choses pas très catholiques si tu veux mon avis, me taquine Gemma en souriant en coin.

-J'en peux plus de vouuuus ! Combien de fois je vais devoir vous dire que nous sommes simplement amis avec Léti ! »

Et ils rigolent. Ca fait quelques mois que Gemma et Liam se sont mis en tête de nous caser avec Léticia, mais je ne comprends pas pourquoi. C'est idiot parce qu'il n'y a jamais eu aucune attraction entre elle et moi. Je n'ai jamais été attiré par elle et je ne crois pas me tromper en disant que c'est la même chose de son côté. En plus, je suis bi à tendance gay. Les dernières personnes avec qui je suis sorti sont des mecs, la dernière nana que j'ai embrassé remonte au lycée ! Alors je ne sais pas pourquoi ils ont cette idée-là !

« Bon, maintenant que je suis là, on va peut-être pouvoir se mettre à bosser ? » je demande en les regardant tour à tour avant d'arrêter mon regard sur Liam.

Les deux roulent des paupières, Gemma termine son café et s'éclipse après avoir pris le badge pour entrer dans la chatterie. Je me retourne ensuite vers Liam et il propose que nous nous installions dans son bureau à la clinique.

Normalement, nous ne travaillons pas le week-end, mais nous sommes obligés d'assurer un service d'urgence. En temps normal, nous le faisons de chez nous et sommes appelés en cas de besoin. A nous quatre, nous travaillons un week-end par mois en astreinte pour nous occuper des urgences vétérinaires. Mais ce matin, nous avons décidé de venir, sur notre temps libre pour travailler sur un dossier qui nous tient particulièrement à cœur avec Liam.

Depuis notre arrivée en tant qu'interne au refuge, nous avons mis en place un nouveau protocole de réadaptation pour les chiens de laboratoire. Depuis son lancement, nous avons réussi à sauver et placer une centaine de chiens en un petit peu plus de deux ans. C'est un projet ambitieux qui nous prend beaucoup de temps. Si nous souhaitons continuer de le mener à bien, nous allons devoir trouver quelqu'un pour s'en occuper à pleins temps. Car des animaux comme ceux-là demandent beaucoup de temps. Nous faisons aussi très attention aux familles à qui nous les confions. C'est un processus long et fastidieux qui, parfois, est douloureux lorsque nous nous voyons l'état de certains animaux.

Cette semaine, nous devons accueillir dix chiots. Les petits beagles sont issus de l'industrie pharmaceutique. Ils ont été utilisés pour des tests de médicaments. D'après notre contact sur place, ce sont des animaux qui n'ont peu ou pas été en contact avec l'homme et n'ont jamais eu la chance de voir la lumière du jour ni de fouler l'herbe fraîche d'une belle pelouse. J'ai hâte de les accueillir et de leur offrir une nouvelle vie. C'est toujours un plaisir de les voir évoluer, grandir et s'adapter à la vraie vie.

Nous nous installons dans le bureau de Liam et commençons à organiser leur arrivée. Nous avons présélectionné les familles qui les accueilleront, mais nous ne savons pas encore quand est-ce qu'ils seront mis à l'adoption. Le souci de ces animaux est que nous ne savons jamais réellement dans quel état nous les accueillons. Ils peuvent parfois passer jusqu'à trois mois avec nous, le temps de se remettre sur pied et de s'adapter. Puis, nous pouvons les confier. C'est un petit peu la surprise pour chaque vague de chien en fait.

Je ne sais pas depuis combien de temps nous sommes-là à travailler, mais lorsque nous entendons frapper à la porte de son bureau, je prends conscience que j'ai faim. Nous nous retournons tous les deux vers Gemma qui passe la tête par la porte en souriant :

« On commande des pizzas. Ça vous dit ?

-Yep ! On finit ça et on arrive d'ici quinze minutes ! » répond Liam en souriant.

Gemma sourit et nous retournons à notre travail. A la fin de notre session, nous sommes contents car nous avons assez bien avancé. Il ne nous reste plus qu'à espérer que tout se passe bien et que les animaux soient en bon état.

Nous quittons le bureau de Liam en discutant de sujets plus légers et arrivons à la salle de repos quelques minutes plus tard. Maman et Niall discutent tranquillement dans un coin pendant que Gemma téléphone. Je vois Sophia, Perrie et Danielle, qui font partie de nos soigneuses à temps plein qui se racontent leur soirée de la veille. Je souris à Maman que je n'ai pas encore vu de la journée et vais la saluer. Elle me prend rapidement dans ses bras et nous interroge avec Liam sur l'avancée de notre projet :

« Nous n'avons plus qu'à attendre l'arrivée des chiots mardi midi, je réponds fièrement.

-Vous avez des infos sur leur état ? interroge Maman en nous regardant.

-Pas vraiment, nous savons que ce sont des beagles et qu'ils ont entre trois et six mois, mais ça s'arrête là, réponds Liam en se pinçant les lèvres.

-Et les adoptant ? continue-t-elle en nous regardant.

-Nous avons fait la présélection et les avons tous rencontrés. Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre qu'ils rencontrent les chiens. » je réponds.

Nous aimons que les futurs maîtres soient impliqués dans la réhabilitation de ces chiens. C'est une manière de tranquilliser les animaux et de créer un lien fort avec leurs futurs adoptants.

« J'espère que ça se passera bien. » je souffle en inspirant profondément.

L'échec de ce genre de projet me fait toujours mal au coeur. Mais parfois, nous devons nous rendre à l'évidence. Certains animaux sont malheureusement irrécupérables.

« Vous restez cet aprèm ? nous interroge alors ma mère. Meryl est malade. Gemma est seule avec Eva à la chatterie. On est samedi, on risque d'avoir du monde pour des adoptions.

-Je vais rester, je n'ai rien de prévu, y'a pas de soucis. Harry ? » interroge Liam en se tournant ensuite vers moi.

Il va falloir que j'essaie de retrouver ma voiture cet après-midi. Même si je n'ai pas envie de partir et que je préférerais rester ici, avec eux et les aider, je dois me rendre à l'évidence : je dois vraiment retrouver ma voiture !

Alors je réponds en secouant lentement la tête :

« Non, j'ai déjà des plans. Léti a dit qu'elle venait de toute façon !

-Oui, j'ai vu qu'elle était dans le planning des bénévoles. » répond ma mère en hochant la tête.

Depuis qu'elle travaille dans les bureaux, Léticia passe moins de temps avec les animaux. Elle aime revenir quelques heures le samedi pour aller avec les soigneurs s'occuper des animaux ou bien elle tient l'accueil des adoptions pour gérer les entrées et sorties.

« Je mange la pizza et je me sauve. »

BONSOOOOIR. Je pense, que beaucoup ne s'attendait pas à un thème comme celui-ci. Pourtant, quand j'ai commencé à écrire avec Léti dans les personnages, il me semblait EVIDENT que j'allais devoir aborder un sujet du genre ! Pour ceux qui la connaissent, vous comprenez pourquoi ! :) Bref, je me suis perdue sur Youtube l'autre jour devant une chaîne qui a fait une web-série sur un refuge et je me suis dit : ça c'est pour mon OS licorne ! Nous reparlerons du projet de Harry et Liam dans les parties à venir... :) le sujet des chiens de laboratoire était important à mes yeux et je voulais vraiment l'aborder mais je n'avais pas assez de matière pour le faire sur une fiction entière dooooonc c'est dans cet OS. 

Merci à mes correctrices ! 

Allez, le bisooooous. 

Love, 

Phil.