Jamais deux sans trois - part 3

Assis en bas des marches du grand escalier, Malefoy observa Harry qui discutait avec Ron, non loin de là, au milieu de la foule matinale en ce samedi matin.

Le petit-déjeuner venait de se terminer et les jeunes sorciers déambulaient dans le hall au gré de leurs humeurs avant de trouver quoi faire de la journée. Pour les élèves de cinquième année jusqu'à la septième, cependant, c'était journée Pré-au-Lard aujourd'hui, mais Malefoy n'avait aucune envie d'y aller.

D'une, il faisait un froid glacial et de deux, à quoi bon endurer la vision des décorations de la Saint Valentin quand son petit-ami ne se souvient même pas que vous existez ?

Malefoy soupira profondément puis se leva et monta les marches. En haut, on le saisit par la manche et il jura en trébuchant sur le côté.

— Granger, mais tu n'es pas bien ? siffla-t-il. J'ai failli me vautrer !

— Ce n'est pas grave, je voulais juste te dire qu'avec Rogue et McGonagall, on a peut-être trouvé un truc pour rendre la mémoire à Harry...

— Ah oui ? Quoi ?

— Un sortilège rare et très dangereux qui force le cerveau à se rappeler ce qu'il a oublié, expliqua Hermione. Rogue m'a dit que c'était extrêmement risqué, que la personne pouvait mourir, mais je sais que Harry est fort, il pourra endurer la douleur et...

Malefoy grimaça et Hermione se tut.

— Je ne veux pas qu'il souffre, dit-il en se détournant.

— Mais moi non plus, répondit Hermione en posant une main sur son bras. Mais je t'en prie, Malefoy, j'en peux plus de te voir souffrir, toi aussi !

Le blond serra les mâchoires. Hermione lui secoua le bras.

— Tu l'aimes ou pas ? demanda-t-elle. Malefoy, est-ce que l'aime ?

— Oui... Oui, bien évidemment, je l'aime, Granger...

Malefoy sembla soudain se dégonfler et il se laissa glisser au sol, le dos contre le mur. Hermione s'agenouilla devant lui et quand elle vit les larmes glisser sur les joues pâles, elle serra les mâchoires.

— Pardon... souffla-t-elle en prenant le blond dans ses bras. Je suis désolée, je ne voulais pas...

Malefoy secoua la tête et se redressa. Il s'essuya les joues et soudain, leva la tête. Hermione se retourna, pensant à un professeur, mais elle se sentit pâlir quand elle vit Harry.

— Qu'est-ce que vous fichez, tous les deux ? demanda le Gryffondor, surpris.

Hermione se releva aussitôt.

— Ce n'est pas ce que tu crois, Harry, je ne... nous ne...

— Et à ton avis, je suis censé croire quoi ? demanda le brun, les sourcils froncés. Dégage, Malefoy, tu n'as rien à faire ici !

Malefoy le regarda puis se releva et renifla en passant ses mains sur ses joues. Hermione regarda Harry, puis Malefoy.

— Non, attend, Malefoy... Harry, s'il te plaît, va-t'en, je...

— Il s'en va et moi je reste, gronda Harry.

Hermione ferma les yeux. Elle se détourna soudain du brun et s'approcha de Malefoy. Quand elle le regarda dans les yeux en hochant la tête, il l'imita en silence. Elle lui sourit doucement, lui caressa la joue, puis lui fit signe de partir.

— C'est quoi le délire ? demanda alors Harry. Tu sors avec lui ?

Hermione regarda le sol et secoua la tête.

— Non, dit-elle. Pas moi...

Harry plissa les yeux.

— Malefoy n'a pas de copine, dit-il alors en croisant les bras. Sinon ça se saurait.

Le rictus qu'il afficha donna aussitôt à Hermione l'envie de lui décocher une gifle. Elle serra le poing et Harry haussa un sourcil.

— Je ne sais pas ce que tu caches, dit-il en lui prenant le bras. Mais on va manquer le départ pour Pré-au-Lard.

Hermione se libéra de sa poigne et il la regarda, surpris.

— Je sais marcher, dit-elle. Et je ne vais pas à Pré-au-Lard, aujourd'hui, j'ai autre chose à faire.

— Du genre ?

— Du genre, travailler avec moi, Monsieur Potter, gronda une voix froide et mielleuse.

Harry pivota et recula d'un pas en découvrant Rogue à deux mètres de lui.

— Travailler avec vous ? demanda le brun en jetant un coup d'œil à Hermione.

— Oui, répondit Rogue. Miss Granger m'aide à préparer mes cours, n'est-ce pas ?

Hermione, d'abord surprise, hocha vivement la tête.

— Ce n'était pas censé se savoir, dit-elle un peu précipitamment. Je... Je ne voulais pas que ça se sache...

Harry grimaça, pas convaincu, mais Rogue ne lui laissa pas le temps de tergiverser.

— Allez donc vous promener à Pré-au-Lard, Monsieur Potter, dit-il. Et laissez les autres personnes en paix.

Harry regarda l'homme, puis Hermione, et finit par tourner les talons. Quand il fut loin, Hermione soupira profondément.

— Merci, dit-elle en regardant Rogue. J'ai cru que j'allais devoir...

— Mentir ? demanda le sombre professeur.

Hermione le regarda, étonnée.

— Ce n'est pas ce que vous venez de faire ? Je ne suis pas...

— À présent si, répondit Rogue. Je vous cherchais justement pour vous le dire. Votre Directrice m'a « offert » vos services, si j'ose dire. Je ne suis pas certain que vous puissiez m'aider en quoi que ce soit, mais ce travail vous donnera l'excuse de passer plus de temps avec les professeurs et donc, au milieu de livres interdits aux élèves ordinaires.

Hermione referma la bouche, qu'elle n'avait pas souvenir d'avoir ouverte. Elle s'ébroua puis regarda le sombre professeur et sourit.

— Bien, dit l'homme. À présent, suivez-moi, nous avons du travail.

Hermione n'eut pas d'autre choix que d'accepter...

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Malefoy, après avoir craqué devant Hermione, s'était réfugié dans les serres derrière le château. Il avait besoin d'être seul, de ne plus voir personne et encore moins Harry.

— Monsieur Malefoy ?

Chourave entra dans la serre, intriguée, un pot de fleurs à la main. En la voyant, le blond s'essuya rapidement les joues et se détourna. Chourave posa aussitôt son pot et s'approcha du jeune homme.

— Monsieur Malefoy... Que se passe-t-il ?

— Rien, Madame...

— Allons, un grand garçon comme vous qui vient se cacher dans ma serre pour pleurer, ce n'est pas rien, répondit la botaniste. Quelqu'un vous a fait du mal ?

Malefoy avala sa salive et regarda le sol. Il pivota alors et Pomfresh l'observa.

— Allez, dit-elle alors. Venez boire un peu de thé avec moi, vous allez me dire ce qui ne va pas.

Le Serpentard serra les lèvres puis finit par suivre cette femme à l'air si chaleureux. Elle le fit entrer dans une pièce envahie de pots de terre et de sacs de terreau de dragon, au milieu de quoi un bureau recouvert de bazar, trônait.

— Trouvez-vous une chaise, je vais préparer le thé, dit Chourave.

Malefoy hocha lentement la tête et regarda autour de lui. Il finit par dénicher un coin libre sur un banc qui supportait des jardinières vides empilées au petit bonheur, et il passa sa main sur la planche pour retirer la terre. Chourave revint au même moment et déposa un plateau avec une théière et deux grandes tasses en forme de roses.

— Joli, commenta le blond.

— Oh, oui, je l'aime beaucoup, c'est le service à thé que l'on m'a offert pour mon premier mariage, c'est la seule chose que mon ex-mari n'a pas emmené avec lui en partant. Mais passons.

Malefoy haussa un sourcil. Apprendre que ses professeurs avaient une vie en dehors du collège était toujours très surprenant. Pour beaucoup d'élèves, c'était comme s'ils vivaient au château en permanence, sans famille ni vie sociale, mais pourtant, beaucoup avaient mari et femme et plusieurs enfants voire petits-enfants.

— Bon, dit alors la botaniste. Qu'est-ce qui a bien pu mettre le grand Drago Malefoy dans tous ses états ainsi ?

— Je...

— Non, je pense savoir, c'est Potter, n'est-ce pas ? Je suis au courant de ce qu'il s'est passé entre nous, avant Noël... et après, aussi, répondit la femme. C'est vraiment très triste que vous ayez été contraint de faire une telle chose et je comprends aisément que vous puissiez craquer de temps en temps.

— C'est dur, dit le blond en secouant la tête. Jamais je n'aurais imaginé pouvoir, ne serait-ce que m'entendre un jour avec Potter, mais les faits sont là, nous avons été amants et ça a manqué lui coûter la vie... J'aurais préféré tuer mon père plutôt que jeter un Oubliette à Harry mais...

— Hm, oui, cruel dilemme, comme disent les Moldus... Avez-vous trouvé un moyen de récupérer Monsieur Potter ?

— Il n'existe aucun contresort à l'Oubliette, malheureusement... soupira le Serpentard. La seule chose qui pourrait être utile, c'est le Retour de Mémoire, mais Rogue... le professeur Rogue m'a dit que c'était extrêmement dangereux de forcer le cerveau humain à se rappeler des choses qu'il a oubliées magiquement... Potter pourrait en mourir, comme ça, clac, et...

Malefoy se tut et Chourave hocha la tête.

— Si j'avais eu une plante capable de faire cela, je vous l'aurais proposée, mais il n'y a rien non plus de ce côté-là, malheureusement...

Chourave haussa les épaules puis servit le thé. Le blond prit la tasse en forme de rose ouverte et l'observa un moment. Ce n'était pas courant de voir des tasses qui ne ressemblaient pas à des tasses, et il se surprit à bien aimer cette version-là.

— Je ne sais pas quoi faire, professeur Chourave... soupira alors le blond.

— Et tenter de le reconquérir ?

Malefoy baissa le nez dans sa tasse.

— Je ne saurais pas faire, dit-il. Le début de notre relation a été si brutal, ça s'est passé si vite, que je serais bien incapable de recommencer... Je saurais séduire une fille, mais un garçon ? Pis encore, Potter ?

Chourave se mordit la lèvre. Elle but un peu de thé puis sembla réfléchir.

— Et... Avez-vous songé à revivre ces moments en sa compagnie ?

Malefoy fronça les sourcils et baissa sa tasse.

— Comment ça ?

— Eh bien, vous partagez quelque chose, tous les deux, il l'ignore, mais pas vous. Vous avez des souvenirs liés à ces moments passés ensemble, dit le professeur de botanique. Si vous trouvez le moyen magique de les faire se rejouter devant vous deux, peut-être qu'il se souviendra ?

— Vous croyez ?

— À tester. Parlez-en avec Miss Granger et le professeur Rogue, c'est sans doute beaucoup moins dangereux que ce que vous m'avez dit tout à l'heure... Testez avec l'un de vos amis, montrez-lui un souvenir que vous partagez tous les deux, par exemple, dit Chourave. Si cela fonctionne, testez avec Potter, seul avec lui si possible, puisque vos souveniez partagés sont plutôt intimes, et voyez ensuite le résultat. S'il vous prend pour un malade mental, vous aurez votre réponse, s'il se souvient...

Malefoy hocha la tête puis termina sa tasse de thé et remercia Chourave de l'avoir écouté. Il s'en alla ensuite et le professeur de Botanique soupira en souriant doucement. Elle déplorait ce que le Serpentard avait été contraint de faire pour protéger celui qu'il aimait, mais d'un autre côté, c'était peut-être mieux ainsi, tant qu'ils étaient à Poudlard et que Voldemort était dehors...

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— Tu veux faire quoi ? C'est risqué, non ?

— Je n'en sais rien, mais actuellement, c'est la seule solution que j'ai.

— Qui t'a donné cette idée ?

— Chourave... Après que Harry m'ait chassé, tout à l'heure, je me suis réfugié dans la Serre et Chourave était là. Elle m'a offert du thé et m'a écouté.

Blaise hocha la tête. Ils étaient tous les deux assis sur le lit du blond et, entre eux, un gros livre montrait quelques sortilèges qui n'étaient plus tellement utilisés.

— Ostentantur Memoriam, lut Blaise à l'envers en butant un peu sur les syllabes. Mon latin est un peu rouillé mais je crois que ça veut dire, montrer la mémoire, non ?

— Oui, afficher les souvenirs, exactement, répondit Malefoy en lisant le texte sous le grand titre. Avec un geste précis et la bonne prononciation, mes souvenirs vont s'afficher à l'endroit que je vais regarder, comme si on diffusait un film à travers mes yeux.

— Glauque...

— Ouais. On tente ?

— Si tu veux mais t'évites de me montrer tes ébats avec Potter...

Malefoy rigola puis saisit sa baguette magique et dessina dans l'air le mouvement à effectuer. Quand il fut sûr de le maitriser, il quitta le lit et se plaça face à Blaise de sorte à laisser un espace entre eux.

Ostentantur memoriam, dit-il alors en effectuant le mouvement en direction de ses jambes.

La fin du mouvement indiqua la zone où diffuser les souvenirs et Malefoy ferma les yeux. Quand il les rouvrit, ils brillaient légèrement d'une lueur dorée et Blaise se redressa.

— Nom du caleçon sale de Merlin ! jura-t-il. Merde, Drago, ça fonctionne !

— Je vois ça, répondit le blond.

Il cligna des yeux et le souvenir changea.

— C'est à midi ! s'exclama Blaise, soudain aussi agité qu'un gosse. Recommence !

Malefoy s'exécuta. Le souvenir qui s'afficha n'eut cependant rien de drôle et le blond détourna brusquement la tête en mettant fin au sortilège.

— C'était quoi ? demanda Blaise, surpris. Drake...

Malefoy se frotta les yeux puis soupira.

— C'était tout à l'heure, dit-il. Granger et moi on discutait dans un couloir quand Potter s'est pointé et m'a chassé comme... comme avant. Ça m'a fait un mal de chien et...

Le Serpentard haussa les épaules puis souffla et se frotta le visage.

— Bon, dit-il ensuite. On sait que ce sort fonctionne. Maintenant, trouver un moyen d'attirer Potter dans un endroit calme où il sera seul avec moi.

— À part vous enfermer dans un placard à balais, je ne vois pas, répondit Blaise.

Malefoy haussa un sourcil et son ami le regarda.

— Tu n'es quand même pas sérieux ! dit-il avec un sourire.

Le blond plissa le nez avec un sourire et les deux garçons se mirent alors en tête de trouver le moyen de coincer Harry dans un placard à balais ou tout autre endroit exigu ne possédant qu'une seule sortie.

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Réfléchi, réfléchi... Comment tu pourrais faire en sorte que...

Malefoy se figea devant une fenêtre du troisième étage. Il se rendait à la Bibliothèque pour trouver Hermione tout en cherchant un moyen de coincer Harry dans un endroit où ils pourraient être seuls.

Oh bon sang, Drago, t'es un génie !

Le blond fit alors demi-tour et retourna à Serpentard mais Blaise n'était plus là. Il le dénicha dans la Grande Salle, en train de faire ses devoirs, seul près d'une cheminée.

— Blaise, j'ai trouvé, dit-il en se jetant près de lui sur la marche de la cheminée.

— Tu as trouvé quoi ?

— L'endroit pour coincer Potter...

Blaise plissa les yeux. Soudain, il ferma ses livres et les posa près de lui.

— Je t'écoute, dit-il.

Malefoy sourit s'assit en tailleur sur le sol.

— Le pire, c'est que ça peut marcher.

Hermione regardait Malefoy. Après avoir parlé à Blaise, le Serpentard avait envoyé un mot à la Gryffondor pour lui faire part de son plan.

— Le week-end prochain, il y a un match, dit Hermione. Donc, vous allez vous entrainer toute la semaine. Le hic, c'est que le match, c'est Gryffondor contre Pouffsouffle, donc tu n'auras pas accès aux vestiaires, ni même au stade pendant les entraînements.

— Ça peut s'arranger, répondit Blaise. On pourrait se faufiler dans les vestiaires pendant l'entrainement de Gryffondor, et attendre que l'équipe parte en faisant en sorte que Potter parte en dernier.

— Comment ?

— Je ne sais pas encore, répondit le Serpentard. Mais on pourrait, je ne sais pas, lui piquer quelque chose sans quoi il ne peut pas quitter le vestiaire... ?

— Des fringues, il en a plein, dit Hermione en haussant les épaules.

Malefoy esquissa soudain un sourire.

— Ses lunettes, dit-il en croisant les bras. Harry est myope comme une taupe, sans ses lunettes, il ne voit plus rien. Si on s'arrange pour lui subtiliser ses lunettes, ou les lui cacher, il restera en arrière et on pourra le coincer.

Hermione hocha lentement la tête.

— Oui, ça peut marcher. Mais je ne pourrais pas vous aider, s'il me voit sur le stade, il ne va pas comprendre.

— Pourquoi ?

— Je n'ai jamais assisté aux entrainements... répondit la brunette en plissant le nez. De plus, je dois bosser avec Rogue maintenant, après les cours alors...

Elle se gratta le cou brièvement puis haussa les épaules. Les deux Serpentard hochèrent la tête puis ils se séparèrent pour aller dîner.

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La semaine s'écoula tranquillement mais la Saint-Valentin arrivait à grands pas, il ne restait plus que quatre jours avant le rendez-vous annuel des amoureux, précisément le lundi suivant, et Malefoy perdait patience, car après deux tentatives ratées pour subtiliser les lunettes de Harry, il commençait à baisser les bras.

— Calme-toi, il reste encore deux entrainements avant le match de dimanche, dit Blaise alors qu'ils se trouvaient tous les deux dans le hall d'entrée après les cours du mercredi matin. On a encore trois chances d'y arriver.

Ils étaient en chemin pour la Grande Salle et devaient avant déposer leurs affaires dans leur Salle Commune.

— La Saint-Valentin c'est lundi et je sens qu'on ne pas y arriver, répondit Malefoy, les mâchoires serrées.

— Si, répondit son ami. Si, on va y arriver, ok ? Bon, d'accord, Potter peut ne pas recouvrer la mémoire après avoir visionné vos souvenirs communs, mais il les aura vus et le processus sera enclenché. Souviens-toi, Drake, on ne peut pas trafiquer les souvenirs, pas même avec la magie. On peut les altérer, les effacer, oui, mais pas en créer. Il sera obligé de te croire, de croire ce qu'il verra de tes propres yeux.

Malefoy déglutit en hochant la tête. Même pour un puissant sorcier, manipuler les souvenirs d'une personne était difficile et très risqué. La mémoire était un outil d'une simplicité déconcertante mais à la fois d'une complexité sans failles. Les Légilimens, par exemple, n'avaient pas le pouvoir de modifier les souvenirs d'une personne, ils pouvaient naviguer dedans, déclencher des souvenirs pénibles que la personne avait archivés, mais pas les modifier et encore moins les effacer. Le sortilège d'Oubliettes pouvait effacer irrémédiablement les souvenirs d'une personne sur un sujet cible, ou bien totalement, le cas échant. Et ceux s'essayaient à modifier des souvenirs, à en créer de toutes pièces, finissaient toujours par échouer.

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Jeudi soir. Avant dernier entraînement des Gryffondors pour le match du dimanche contre Pouffsouffle. Cette fois-ci, Malefoy était tout seul car Blaise avait été collé par McGonagall pour avoir discuté pendant la classe. Il avait récolté une heure de « maintenance » à la Bibliothèque, mais avais promis à son ami de le rejoindre dès qu'il aurait terminé.

Malefoy regarda sa montre. L'entraînement avait du retard. Harry et les Gryffondors étaient sur le stade à discuter vivement, sans doute en train de trouver un accord pour le match prochain, mais la discussion était animée et Malefoy craignait que le Gryffondor ne décide d'annuler l'entrainement, ce qui ferait foirer une énième tentative.

Il n'en fut heureusement rien et quand enfin les joueurs de Gryffondor décollèrent, il était plus de dix-huit heures et la nuit était quasiment complète. Blaise apparut quelques minutes plus tard et les deux Serpentards profitèrent que les joueurs soient occupés, et de l'obscurité, pour se faufiler dans le vestiaire de Gryffondor. Là, ils se jetèrent l'un l'autre un sortilège de Désillusion pour se fondre au décor et, chacun à un bout de la pièce, Malefoy vers les douches et Blaise vers la porte, ils entreprirent de patienter.

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— Miss Granger, vous êtes avec moi ou non ?

Hermione sursauta et se redressa en inspirant.

— Je suis désolée, professeur, dit-elle en se frottant un œil. Je n'arrête pas de penser à Malefoy... J'espère qu'il va réussir ce soir, il ne reste plus beaucoup de tentatives.

Rogue grimaça et posa le livre qu'il avait dans les mains.

— Ce qu'il tente de faire est risqué, et cela pourrait ne pas fonctionner, vous le savez ? Potter pourrait prendre peur et filer ventre à terre, dit-il.

— Je sais, répondit Hermione. Je sais, mais le sortilège que vous avec trouvé est bien trop dangereux, vous en conviendrez.

— Oui, c'est dangereux, mais si c'était l'unique solution ? Prendriez-vous le risque ?

Hermione se mordit la joue.

— Je ne pense pas, dit-elle. Le cerveau est très fragile, il peut cesser de fonctionner pour un rien et je ne pense pas être suffisamment forte pour supporter d'avoir la mort de quelqu'un sur la conscience.

— Oui, vu comme cela, effectivement, dit Rogue. Vous préfèreriez donc vivre en voyant une personne chère vivre sa vie loin de vous sans savoir qu'elle vous connait, plutôt que de tout tenter ? Intéressant.

Hermione ne répondit pas. Elle regarda sa montre et soupira. Elle indiqua dix-neuf heures. Si Malefoy avait réussi à se glisser dans le vestiaire de Gryffondor, alors il devait être en train d'effectuer le sortilège...

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Sur le stade de Quidditch, cependant, l'entraînement touchait à sa fin. Les sept joueurs qui entrèrent dans le vestiaire en parlant fort, firent sursauter les deux Serpentards. Vérifiant qu'ils étaient toujours masqués par le sortilège de Désillusion, ils se préparèrent à refermer le piège sur Harry.

Bien que la tentation soit terrible, Malefoy se retint d'aller jeter un œil dans la cabine de douche de son amant. Il l'imaginait cependant sans aucun problème mais fut obligé de s'ébrouer pour rester concentré.

Comme tout binoclard qui se respecte, Harry ne prenait pas sa douche avec ses lunettes sur le nez. Elles étaient donc posées sur le banc, près de ses affaires, et Malefoy n'aurait qu'à tendre le bras pour s'en saisir. Cependant, les joueurs allaient et venaient dans la petite pièce et s'il se levait, il pourrait se faire bousculer par l'un d'eux. Il eut donc l'idée de se servir d'un sortilège pour faire tomber les lunettes sous le banc. Il n'eut pas l'occasion de mettre son idée à exécution.

En effet, les deux Batteurs avaient décidé de rejouer l'entraînement et faisaient des grands gestes de bras en traversant le vestiaire tels des cabris. Blaise manqua de se faire piétiner et se rencogna entre deux casiers pour être à l'abri des deux garçons. Malefoy, lui, était recroquevillé sous un lavabo et il observait les deux garçons avec intérêt.

Allez-y, approchez-vous encore un peu... C'est ça !

L'un des deux garçons fit alors un grand geste du bras et sa jambe gauche cogna contre le banc où Harry avait ses affaires. Les lunettes tressautèrent sans tomber. Malefoy jura. Le garçon reprit ensuite son équilibre et marcha sur la manche de la robe de Quidditch du Gryffondor, qui glissa au sol en entraînant tout ce qui était posé dessus... les lunettes en prime.

Yes ! lâcha alors Malefoy mentalement en serrant le poing.

D'un coup de baguette, il chassa les lunettes sous le banc, à la fois pour les cacher, mais aussi pour que personne ne marche dessus. Harry sortit de la douche à ce moment-là et Malefoy recula prestement. Il se mordit la lèvre en voyant son amant simplement vêtu d'une serviette de bain, et ferma les yeux quand il enfila son caleçon. Ce n'était absolument pas le moment de penser à des choses de ce genre ! Il devait garder l'esprit clair pour montrer au Gryffondor les souvenirs qu'ils avaient en commun de la soirée d'Halloween, tout d'abord. Après seulement, si le brun le permettait, il en viendrait aux détails croustillants.

— Les gars, vous ne pourriez pas faire un peu gaffe ? demanda soudain Harry en ramassant ses affaires. Et merde, elles sont où mes lunettes ?

— On ne sait pas ! répondirent les deux batteurs simultanément, morts de rire.

— Aller, on y va, dit alors un autre joueur. Vous venez ?

— J'arrive, marmonna Harry.

Il se pencha sous le banc et tâtonna un moment. Myope comme une taupe, il était incapable de voir des lunettes à monture noire dans l'obscurité sous un ban de bois plein.

Sous son lavabo, Malefoy pria pour qu'il ne les trouve pas par hasard sinon son plan tombait encore une fois à l'eau, mais la main du brun passa à quelques centimètres des lunettes.

— Eh merde, tiens...

Harry se releva et s'habilla. Il chercha alors sa baguette magique mais alors que Malefoy regarda les lunettes, prêt à les faire venir à lui, elles filèrent de l'autre côté de la pièce et Blaise les récupéra. Malefoy hocha la tête. Tous deux attendirent ensuite que les autres joueurs s'en aillent et quand la porte fut enfin fermée, Blaise se jeta dessus pour la verrouiller.

— Qu'est-ce que ? dit Harry en se retournant. Zabini ! s'exclama-t-il.

— Oh, tu me vois ? Tu n'aurais pas perdu ça, par hasard ? dit le Serpentard.

— Rends-moi mes lunettes ! siffla le Gryffondor.

— Dans un petit moment.

Harry pivota aussitôt et serra les poings.

— Qu'est-ce que vous fichez ici, tous les deux ?! s'exclama-t-il. Rendez-moi mes lunettes et laissez-moi partir !

— Attend, Potter, s'il te plaît, dit alors Malefoy en levant les mains. Tu dois m'écouter, d'accord ?

— Et pourquoi je ferais ça ? Je n'en ai rien à faire de toi, sale fils à papa !

Malefoy ferma les yeux, mâchoires serrées.

— Blaise, laisse-nous, s'il te plaît, dit-il alors.

— Yep... Je reste devant la porte.

Le blond hocha la tête et Blaise lança les lunettes à Harry puis fila rapidement. Il referma la porte à clef alors que le Gryffondor se jetait sur la poignée. Il la secoua violemment et donna ensuite un grand coup de pied dans la porte.

— Tu vas te faire, dit Malefoy.

— En quoi ça te regarde ! siffla le brun.

Il lui lança un regard plein de haine mais Malefoy croisa les bras et décida de prendre sur lui. Si tout se passait bien, dans quelques minutes, cette haine aurait disparu.

— Potter, je ne suis pas ici pour te faire du mal ou quoi ce soit d'autres, reprit alors Malefoy. Ça fait des jours que je cherche à être seul avec toi, a vrai dire, des mois, en fait.

— Qu'est-ce que tu me chantes ?

— Je...

Malefoy se mordit la lèvre puis renifla et regarda le brun.

— Si je te dis que nous avons passé la soirée d'Halloween ensemble, tu dis quoi ? dit-il.

— Que tu as fumé.

— Je vois... Et si je t'en apporte la preuve ?

Harry fronça les sourcils.

— C'est quoi ce plan foireux ? dit-il, soudain plus calme, intrigué. Halloween c'était il y a plus de trois mois, si j'avais passé la soirée avec toi, je m'en souviendrais, je pense !

— Justement, c'est là que le bât blesse... Tu l'as oublié.

— Oublié ? Comment ça ?

— Est-ce que tu te souviens ce le collège avait organisé pour Halloween ?

Harry plissa les yeux.

— Je... Une soirée, mais... Je ne sais pas, je ne m'en souviens plus, pourquoi ?

Malefoy hocha lentement la tête. Il tira sa baguette magique et Harry eut un vif mouvement de recul. Malefoy leva les mains.

— C'est juste un sortilège que je vais me jeter à moi, dit-il. Pas de panique. Tu... ajouta-t-il. Tu sais quoi sur les souvenirs et la mémoire ?

Harry croisa les bras.

— C'est-à-dire ? Je suis Occlumens, Malefoy, je sais à peu près tout ce qu'il y a savoir sur le sujet.

— Ok, donc tu sais qu'on ne peut pas trafiquer les souvenirs d'une personne, n'est-ce pas ? On peut les manipuler, les effacer, mais pas en créer de toute pièce. C'est ça, hein ?

— Euh, ouais, mais... Tu veux en venir où ? Et c'est quoi ce sortilège que tu veux te lancer ? On ne fait jamais ça !

Malefoy pinça la bouche et regarda le sol un instant.

— Potter, toi et moi, on a passé la soirée d'Halloween ensemble, il y avait une soirée et on avait tous un masque magique à poser sur notre visage qui nous enroulait dans une grande cape noire et faisait de nous des êtres quelconques sans relief.

Harry fronça les sourcils. Malefoy leva alors la main et fit apparaître le masque en question qu'il avait gardé.

— Il ne fonctionne plus, dit-il en le regardant. Est-ce que ça te dit quelque chose ?

Le Gryffondor s'approcha prudemment et prit le masque. Il fronça les sourcils en le regardant puis grimaça.

— Possible, dit-il. J'en ai un dans ma chambre, mais je ne me souviens pas d'où il vient...

— Celui-là, c'est le mien... On avait tous les deux ce masque sur le nez quand on est allés dans un endroit moins bruyant pour échapper à la foule de la Grande Salle. J'étais content de m'en éloigner, tout le monde était identique, on ne savait plus qui étaient nos amis... ou nos ennemis.

Harry fronça les sourcils.

— Tu veux dire que nous deux... ?

— Ouais. Le hasard s'est amusé à nous mettre ensemble pour la soirée. Mais je vais te montrer, ce sera plus simple que d'expliquer.

Harry était perplexe. La colère d'avoir été piégé était passée et avait fait place à l'étonnement et la curiosité car Malefoy ne montrait aucun signe de son comportement habituel en face de lui.

— Viens de ce côté, dit alors Malefoy en tendant le bras.

Harry s'exécuta et se posta près du blond.

— Souviens-toi, dit celui-ci. On ne peut pas créer de souvenirs avec la magie. Tout ce que tu vas voir est la réalité, mais tu l'as oubliée, et je te dirais pourquoi après.

Un peu perdu le Gryffondor s'assit au bout du banc le plus proche et regarda alors Malefoy souffler, sa baguette à la main. Il ferma ensuite les yeux et agita sa baguette en prononçant une formule.

Harry eut un sursaut quand le Serpentard rouvrit les yeux et que, à l'instar d'un projecteur, une image en 3D ne se forme devant lui, comme si le film était projeté directement depuis son cerveau.

— Mais qu'est-ce que... ?

Au milieu du vestiaire, Harry pouvait voir, comme s'ils étaient réels, les élèves de Serpentard dans leur Salle Commune. Ils venaient de découvrir l'accessoire clef de la soirée d'Halloween et discutaient à son sujet.

— Il n'y a pas son ? demanda le Gryffondor, intrigué.

— Ce sont mes souvenirs, Potter, répondit le blond. Je ne peux pas me rappeler de toutes ls discussions que j'ai entendues à ce moment-là.

— Très juste...

— Est-ce que tu te souviens de quelque chose ?

— Vaguement... Tu peux me montrer autre chose ?

Malefoy tourna les yeux vers Harry et hocha la tête. Il cligna alors et le souvenir changea. Il en fut ainsi pendant plusieurs minutes mais le Gryffondor ne semblait montrer aucun signe de retour à la normale, il était intrigué par ce qu'il voyait, mais plus par le fait qu'il puisse voir des souvenirs de la même manière que s'ils étaient diffusés dans un cinéma, que par leur contenu réel.

Au bout d'une dizaine de minutes, Malefoy ferma les yeux et les souvenirs s'arrêtèrent. Il se tourna vers Harry et soupira.

— Tu ne te souviens de rien du tout ? demanda-t-il. Rien ne te revient ?

Harry secoua la tête. Il plissa le nez puis regarda le Serpentard et soupira.

— Dis-moi clairement ce qui s'est passé, dit-il alors. Pourquoi est-ce que je n'ai aucuns souvenirs de tout ça alors que toi si ? Dans mon esprit, la soirée d'Halloween a été quelconque, comme les six autres avant elle.

Malefoy hésita. Il posa ses mains sur ses hanches et regarda le sol.

— Potter, si... Ce soir-là, il s'est passé quelque chose entre toi et moi et...

Le Serpentard renifla, serra les mâchoires et regarda le plafond.

— Il... On a passé la soirée tous les deux, sans le savoir, on avait nos masques, on a discuté de nos vies sans même nous reconnaître, on a...

Malefoy ferma les yeux et se détourna. Il s'appuya contre un lavabo et baissa la tête. Harry fronça les sourcils.

— Montre-moi, dit alors Harry.

Malefoy secoua la tête.

— Montre-moi, répéta le Gryffondor en se levant. Je te connais assez bien, maintenant, Malefoy, pour être convaincu que tu ne joues pas la comédie, alors montre-moi ce dont tu veux me parler !

— Tu vas prendre peur et t'enfuir, répondit le blond. Granger avait raison, ce n'est pas une idée, ce...

— Hermione ? Elle est au courant ?

— Blaise et Rogue aussi, et quelques professeurs.

Harry regarda autour de lui puis s'éloigna alors en nouant ses mains sur sa nuque. Soudain, il se figea et pivota vers le blond qui le regardait via le miroir au-dessus du lavabo.

— Malefoy... Ne me dis pas...

Le Serpentard se retourna.

— Qu'est-ce que tu as compris ? demanda-t-il.

— Est-ce que... Non, ce n'est pas possible, c'est impossible ! On n'a pas... On...

Harry porta une main à sa bouche et se laissa glisser sur le sol. Malefoy s'agenouilla devant lui et lui prit les poignets. À sa surprise, il découvrit des larmes sur les joues du Gryffondor.

— Malefoy, dis-moi que ce n'est pas vrai, dis-moi que...

Le blond l'attira alors contre lui et Harry appuya son visage contre son épaule.

— Pourquoi ? demanda-t-il soudain en se redressant. Pourquoi je ne m'en souviens pas ! Réponds-moi !

Il le repoussa des deux mains et Malefoy bascula sur le côté. Harry se releva alors et se mit à faire les cents pas. Le blond se releva ensuite et jeta un regard vers la porte du vestiaire qui s'était entrouverte. Il hocha la tête à l'attention de Blaise qui referma la porte.

— Potter... commença alors Malefoy. Harry...

Le brun se figea et se retourna. Il se rua alors sur lui et l'adossa au mur avec brutalité.

— Pourquoi ?! s'exclama-t-il, tenant le blond par sa robe de sorcier. Pourquoi je ne m'en souviens pas ! Qu'est-ce que tu m'as fait ?!

Malefoy, les paupières serrées et le dos douloureux, prit les mains du Gryffondor et le repoussa doucement. Il le regarda ensuite et lui effleura la joue.

— Tu... Tu allais mourir... dit-il doucement, les yeux brûlants. Tu allais mourir... Je devais faire quelque chose...

— Mourir ? Comment ça ?

La colère du Gryffondor était brusquement retombée et Malefoy passa ses paumes sur ses yeux et renifla. Il entreprit alors de tout raconter à Harry, sans omettre aucun détail, ou si peu, et quand il en vint au moment où, à la rentrée de janvier, dans le Poudlard Express, il avait découvert sur son bras des marques étranges, Harry était planté devant lui, abasourdi.

Refermant la bouche, le brun déglutit.

— Je... Ton père... Il m'a...

— Oui... Il t'a jeté un sort, pour me punir... Mais quand Rogue a compris, il est allé voir le Lord et celui-ci a obligé mon père à briser le sortilège... Tu t'en es tiré mais je ne pouvais pas permettre qu'on te menace encore, je ne pouvais pas autoriser quelqu'un à te faire du mal simplement parce que toi et moi...

Malefoy renifla et se mordit les lèvres. Il leva les mains et prit le visage du brun. Il posa son front contre le sien puis le prit dans ses bras et Harry l'enlaça.

— Je suis désolé, mon amour... souffla alors Malefoy. Je suis désolé... ! J'ai été obligé de le faire ! Je le devais !

Il fondit en larmes dans le cou de Harry qui resserra sa prise avant de le repousser.

— Tu as dû tellement souffrir... dit-il en le regardant. Toutes ces semaines à me voir t'ignorer et agir comme avant, toutes ces semaines à...

Harry secoua la tête. Il tendit alors le menton et embrassa le Serpentard qui lui rendit son baiser avant de le reprendre dans ses bras. Il recula ensuite et le fit asseoir sur le banc le plus proche.

— Est-ce que tu me pardonneras ? demanda-t-il en lui tenant la main. Je sais que tu ne te souviens de rien mais... On a souffert tous les deux, on a tellement souffert de cette soirée d'Halloween, parce qu'on s'était juré de ne pas recommencer...

Harry passa sa langue sur ses lèvres.

— Je ne pourrais pas te pardonner, dit-il alors. Mais tu avais tes raisons malgré tout. Tu as pensé bien faire, mais tu...

Harry soupira profondément et secoua la tête.

— Tu pensais bien faire, répéta-t-il. Tu... Tu m'aimes, n'est-ce pas ? Je veux dire, ce n'a pas été qu'une histoire de cul, tu es amoureux de moi, j'ai raison ?

Le Serpentard hocha la tête sans répondre.

— Je t'aime oui, et ça été atroce de me dire qu'à cause de ça, qu'à cause d'une faiblesse d'un soir, j'ai été contraint de t'effacer la mémoire... Tu ne te souviens de rien, Harry, mais les deux nuits que nous avons passées ensemble, c'était tellement magique... Quand je suis déprimé, je repense à ces moments, et après, je me dis qu'il n'y en aura plus jamais d'autres, que je dois oublier tout ça et faire comme si ça n'avait jamais existé...

Malefoy baissa la tête et Harry se mordit la joue. Il n'avait aucun souvenir de tout ce que lui racontait le Serpentard, et même s'il l'avait embrassé, s'il l'avait enlacé, il ne se souvenait pas.

— Je ne sais pas ce que je dois faire, dit-il alors. Je sens bien que tu es sincère, que ce n'est pas une comédie, un jeu ou je ne sais quoi d'autre, je te connais et tu ne t'abaisserais pas à faire une chose pareille. Je... J'ai besoin de temps, pour digérer et...

— Va parler avec McGonagall, répondit Malefoy. Elle connait l'histoire, elle saura te conseiller.

— Tu crois ?

— Oui... Elle m'a aidé, elle, et Chourave aussi... Aussi étrange que ça puisse paraître, moi, Leader de Serpentard qui fait tomber toutes les filles en pamoison, que je tombe amoureux d'un garçon, pis encore, de mon ennemi, ça ne les a pas surprises...

Le Gryffondor esquissa un sourire. Il caressa le dos de la main du blond de son pouce puis soupira profondément. La cloche du château sonna soudain vingt heures et les deux garçons se regardèrent.

— Avec toute cette histoire, on a manqué le dîner, dit Malefoy avec un sourire en coin. Tu dois avoir faim après l'entraînement, en plus...

— Oui, plutôt, mais si tu veux, on peut aller quémander quelque chose à la cuisine, Dobby nous donnera tout ce que nous voulons.

Malefoy haussa un sourcil puis il hocha la tête. Côte à côte, ils sortirent ensuite des vestiaires et Malefoy nota que Blaise n'était plus là. Les deux garçons regagnèrent alors le château et notèrent que la Grande Salle était déserte. Néanmoins, quand ils passèrent la tête par les portes, ils eurent la surprise de voir qu'au bout de la table de Serdaigle, un couvert pour deux avait été installé.

— Il y a un mot, dit Harry en s'approchant. C'est McGonagall... Elle nous laisse notre repas ici après ne pas nous avois vus au dîner, et quand nous aurons faim, il nous suffira de taper sur la table pour faire monter le dîner. Elle précise quand même que c'est exceptionnel et elle ajoute qu'elle espère que nous nous sommes réconciliés.

Malefoy sourit puis s'assit côté Serpentard et tapota sur la table du bout de la main. Aussitôt, les deux assiettes se remplirent du plat principal du dîner et un saladier apparut avec de la salade verte. Un plat se rempli ensuite de sauce de viande, et un autre, de crème dessert.

— Notre premier repas en tête à tête, dit alors le Serpentard, le menton dans la main. Crois-tu qu'il y en aura d'autres ? Quand bien tu ne te souviennes pas, seras-tu capable de me supporter à l'avenir ?

Harry serra les lèvres puis haussa les épaules.

— Je n'ai rien à perdre dans l'histoire, dit-il en s'asseyant. Toi si, mais je pense que tu as assez souffert, tu ne crois pas ?

— Je crois, oui, mais si tu veux vraiment savoir, parles-en avec Granger, elle saura mieux que moi te décrire ce que j'ai ressenti ces derniers mois...

Harry pencha soudain la tête et fronça les sourcils.

— L'autre jour, dit-il alors. Quand je vous ai surpris dans ce couloir, à discuter... Vous parliez de moi, c'est ça ?

— Oui. Nous cherchions un moyen d'inverser le sort d'Oubliettes mais il n'y en pas, ou alors c'est très risqué pour la personne visée. Je t'avais perdu une fois, je ne voulais pas prendre le risque de te tuer par inadvertance.

— Qui t'a donné l'idée de me montrer tes propres souvenirs ?

— Chourave. J'ai dû chercher un peu à la Bibliothèque mais j'ai fini par trouver un vieux sortilège qui n'est plus beaucoup utilisé depuis l'apparition des Pensines. J'ai tenté plusieurs fois de te coincer dans un endroit pour faire ça, mais ça ratait à chaque fois. Ce soir, c'était la dernière tentative, j'aurais abandonné après.

Harry resta silencieux.

— Je sais pourquoi, dit-il alors en servant un morceau de poulet et de la purée.

— Pourquoi quoi ?

— Pourquoi tu voulais y parvenir ce soir, dit le brun en le regardant. Parce que lundi, c'est la Saint-Valentin et que tu n'aurais sans doute pas supporté de la passer sans moi, je me trompe ?

Malefoy secoua la tête. Harry posa alors sa main sur la sienne.

— Je vais faire de mon mieux, dit-il. Je sens qu'il y a quelque chose qui émane de toi, et ça me touche énormément, alors je vais tâcher de faire de mon mieux pour que tu retrouves le Harry que tu as connu le soir d'Halloween, mais même si je sais que ces souvenirs que tu m'as montrés sont vrais, j'ai du mal à y croire et je suis très déçu que tu aies dû m'effacer la mémoire pour me protéger. Je suis Harry Potter, j'ai affronté pire qu'un amour interdit, pire qu'un vieux Mangemort possessif envers son fils et homophobe. Nous aurions fait face ensemble, et tu le sais, n'est-ce pas ?

— Oui... Maintenant oui, je le sais, avec le recul, mais à l'époque, non, répondit Malefoy. J'étais terrifié à l'idée que mon père débarque un jour au château et te tues comme ça, sans semonce... Aujourd'hui, je réalise que c'était stupide de ma part, que tu as été affecté dans ta chair et que tu ne me le pardonneras pas.

Il marqua une pause pour se servir à dîner puis repris :

— Je comprendrais que tu ne veuilles plus rien avoir à faire avec moi, tu sais ?

— C'est évidemment une solution, mais je ne pense pas que ce soit la bonne. Ceci dit, si ça a marché entre nous l'année passée, pourquoi ça ne fonctionnerait pas aujourd'hui ? J'ai tout oublié depuis Halloween, tout ce qui nous lie, mais je peux réapprendre, je peux réapprendre à te voir comme un ami, comme un amant, comme un amoureux, plutôt que comme un ennemi. Qui sait, peut-être qu'à force, les souvenirs reviendront ?

— Il y a peu de chances, mais je suis ravi que tu veuilles essayer, répondit le Serpentard. Et puis, si cela ne fonctionne pas, on se séparera en bons termes et ce sera terminé. Mais je sais que je n'aurais pas pu rester plus longtemps à Poudlard dans cette situation. Si j'avais échoué ce soir, j'aurais demandé à être transféré à Durmstrang.

— Vraiment ?

— Oui. Tu n'as pas idée à quel point c'est douloureux de voir celui qu'on aime vivre sa vie sans se soucier de toi, pis encore, en ayant le même comportement qu'avant... Mon cœur est salement amoché à cause de ma précipitation, et j'en paie les conséquences maintenant. Mais puisque tu es là, devant moi, apparemment dans de bonnes dispositions, alors j'ai espoir que si tu me serres suffisamment fort dans tes bras, les morceaux de mon cœur vont finir par se recoller.

— Oh, c'est joli, ça, dit Harry avec un sourire. Tu es poète avec ça, on dirait.

Malefoy rigola doucement en secouant la tête. Ils entreprirent ensuite de dîner, en silence, échangeant de temps en temps quelques mots, puis ils quittèrent la Grande Salle et se séparèrent dans le hall pour rejoindre chacun leur Salle Commune.

En arrivant devant Serpentard, Malefoy découvrit Blaise qui l'attendait.

En arrivant devant Gryffondor, Harry découvrit Hermione qui l'attendait.

L'un et l'autre s'étaient prévenus de la conclusion de l'entreprise de ce soir, et ils étaient tous deux prêts à être là pour leurs amis. Après une accolade, ils rentrèrent chacun dans leur Salle Commune et le silence se fit dans le château.


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Et voilà ! Enfin fini ! Je n'avais aucune idée de la taille de ce chapitre ! Vraiment, je suis assez surprise car j'ai vraiment essayé de ne pas trop m'étaler et de ne pas faire de l'inutile mais quand même, il est plutôt balaise !

Merci d'avoir lu ! A bientôt sur une autre histoire !

Bises, Taery 

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