Jamais deux sans trois - Part 2
— Elle a dit où elle t'attendait ?
— Non, mais je sais où.
— Euh ?
— Ne cherche pas. Tiens, on y est.
— Mais ?
Blaise regarda autour de lui. Ils avaient fait une centaine de mètres, même pas, depuis leur Salle Commune et se trouvaient au beau milieu du hall d'entrée du château.
— Drake, les profs vont nous tomber dessus...
— Non. Tiens, elle est là...
— Où... ? Ah.
Hermione sortit des ombres sous le Grand Escalier et les deux garçons la rejoignirent.
— Qu'est-ce qu'il fiche ici ? grogna la brunette.
— Il sait, répondit Malefoy. Je lui ai tout dit.
— Quoi ? Pourquoi ça ?
— Parce que c'est un truc bien trop lourd à porter tout seul et que je suis son meilleur ami, voilà pourquoi ! répliqua Blaise en croisant les bras.
— Hm ? Oui bon, c'est sans importance.
— Pourquoi tu m'as envoyé ce mot, Granger, sinon ? demanda alors Malefoy.
— Pour qu'on trouve comment rendre sa mémoire à Harry sans que ton père le découvre. Plus je le vois agir comme si de rien n'était, moins je le supporte. Et plus le temps passe et plus ce sera compliqué pour toi de lui faire admettre la vérité, à moins de tout recommencer de zéro.
— C'est à dire le séduire à nouveau ? Pas moyen. Potter est à moi, Granger, ok ? Y a plus besoin de séduction, maintenant.
Blaise baissa le nez, un peu gêné d'entendre son ami parler de ça avec autant de facilité. Il ne dit cependant rien et quand Hermione reprit la parole, il écouta attentivement.
— Malefoy, vous avez caché votre relation pendant presque deux mois, personne ne s'est douté de rien et pourtant Harry est un piètre menteur. Il rougit quand il dit un mensonge et depuis le temps, j'ai appris à le distinguer. Toi aussi tu n'es pas très discret quand tu mens, en général tu mets plus de temps à répondre, tu cherches tes mots, c'est typique du menteur. Mais là, pour le coup, personne n'a rien vu !
Hermione jeta un regard à Blaise qui hocha la tête.
— Carrément, répondit-il. Pourtant Pansy est très observatrice, le moindre pli sur une chemise, elle le remarque, mais là, elle n'a rien vu et je suis certain que si elle avait vu quelque chose, elle l'aurait aussitôt crié haut et fort...
Malefoy eut un mouvement de tête. Pansy Parkinson n'était pas ce qu'on appelle une fille discrète, et quand elle apprenait un potin croustillant sur une de ses camarades, elle n'hésitait pas une seconde à aller le divulguer à tous vents. Par contre, dès que quelqu'un révélait un de ses secrets à elle, elle entrait dans une rage folle...
Hermione invita les garçons à s'asseoir sous le grand escalier de marbre qui desservait les étages du château et elle resta silencieuse un moment, comme si elle cherchait dans sa tête comment aborder le sujet.
— Moi je sais, intervint soudain Blaise, brisant le silence.
— Tu sais quoi ? demanda la Gryffondor en fronçant les sourcils.
— Je sais comment rendre sa mémoire à Potter.
— Moi aussi, triple idiot, grogna Malefoy.
— Alors fais-le !
— Et mon père lui tombera dessus dès qu'il reviendra vers moi ! Je n'ai aucune envie qu'il se fasse tuer ! Ni maintenant ni jamais, du reste. Je dois trouver un moyen de lui rendre la mémoire sans que mon père le sache et avant que les réminiscences de ses souvenirs effacés ne soient perdues à jamais.
Blaise croisa les bras et soupira. Malefoy leva les yeux au plafond.
— Quoi encore ?
— T'es con ou quoi ? Tu lui rends la mémoire et vous faites un serment de Fidélitas, c'est tout ! De toute façon, si Potter t'aime, Drake, il n'ira pas crier à tous vents que vous sortez ensemble !
Malefoy et Hermione se regardèrent d'un air dépité.
— On sait ça, répondit Hermione. Harry ne dira rien, mais les autres ? Tu as pensé aux autres élèves ? Et je ne parle pas que des Serpentards. Il y a des mouchards de partout maintenant, même chez les Gryffondors, j'en suis certaine !
— Ça j'en doute, tu vois... Vous êtes bien trop précieux pour ça !
Hermione serra les mâchoires mais ne répondit pas. Elle décida alors d'ignorer le Serpentard et se tourna vers Malefoy qui semblait réfléchir.
— L'idée du Fidélitas n'est pas mauvaise, dit-il. Seulement, il faudrait le faire à l'échelle du château tout entier, professeurs y compris.
— Ça ce n'est pas possible, assura Hermione. Si ça avait été une potion, on aurait trouvé un moyen de la mettre dans le circuit d'eau potable du château, mais un sortilège ? Et puis, je pense que ça serait prendre trop de moyens juste pour toi, Malefoy...
Le blond serra les mâchoires. Après tout, la Gryffondor avait raison, il n'était ni Roi ni rien du tout, il était juste un garçon normal tombé amoureux de celui que Voldemort veut abattre par tous les moyens...
— On est dans une impasse... dit-il alors en croisant les bras. Rogue n'aurait pas une idée ?
Hermione haussa les épaules.
— Je lui demanderais, mais j'en doute... Depuis que tu as effacé la mémoire d'Harry, on ne se parle plus trop, lui et moi...
Blaise plissa un œil et Hermione soupira par le nez puis tourna la tête dans sa direction.
— Va pas imaginer des trucs, Zabini, lâcha-t-elle. Rogue a aidé Harry à se sortir de son pétrin en allant chez le Lord sans y avoir été convié, à ses risques et périls.
— Mouais, tu m'en diras tant.
Hermione resta silencieuse. Des bruits de pas et des discussions se firent alors entendre et ils se turent aussitôt et s'immobilisèrent. Deux professeurs passèrent alors dans le dos de Malefoy et Hermione attrapa aussitôt les mains des deux garçons en fermant les yeux.
Surpris, Blaise eut un mouvement de recul mais il se figea quand le faisceau lumineux de la baguette de Flitwick balaya la zone sous l'escalier.
— Bon, personne, carillonna le petit professeur. J'ai perdu mon pari, Aurora !
Hermione rouvrit les yeux et regarda Sinistra s'éloigner. Quand les deux professeurs furent loin, la Gryffondor lâcha les mains des deux garçons qui se regardèrent.
— T'as appris ça comment ? demanda Malefoy. C'est super utile !
— Oui, mais je ne t'aiderais pas à l'apprendre.
— Oh, allez !
— Pas moyen. Bon allez, suffit, il est tard, on n'a rien trouvé pour aider Harry, allons dormir.
— Mouais... Je ne te lâcherais pas Granger, je veux apprendre ce sortilège ! ronchonna Malefoy.
La jeune femme lui tira la langue puis ils se souhaitèrent bonne nuit et partirent chacun de leur côté.
Si les deux Serpentards se rendirent à la leur Salle Commune directement, Hermione, elle, décida de ne pas rentrer tout de suite à Gryffondor et emprunta un passage secret qui la conduisit dans les cachots. Là, elle se rendit à la salle de classe de Rogue et fut soulagée de voir de la lumière filtrer sous la porte fermée ; porte qui s'ouvrit au moment où elle levait le poing pour frapper.
— Entrez.
Hermione se glissa sous le bras de Rogue et celui-ci ferma la porte dans son dos.
— Alors ? demanda-t-il.
— Non, rien. Nous n'avons aucune idée de comment faire pour préserver leur couple...
— C'est dommage.
— Oui, très. Zabini a parlé d'un Fidélitas mais ce serait trop compliqué à propager à tout le château, et surtout, je n'ai aucune idée de comment faire !
Rogue plissa la bouche puis haussa une épaule.
— Merci d'être passée, dit-il. Rentrez vite à Gryffondor maintenant.
— Oui...
La porte se referma et Hermione se trouva dans la pénombre du couloir. Elle soupira et reprit la direction de Gryffondor en passant par tous les raccourcis qu'elle connaissait, et ce uniquement afin d'éviter les rondes de professeurs.
Elle parvint à sa Salle Commune sans encombre et quand elle se glissa dans son lit, ses pensées étaient toujours tournées vers Harry et Malefoy. Du reste, ils ne l'avaient pas quittée depuis que, début janvier, le Serpentard avait préféré effacer les souvenirs de son amant plutôt que de risquer de le faire tuer...
C'est quand même horrible, quand on y pense... songea la jeune femme en regardant le plafond. Être contraint d'effacer la mémoire de la personne qu'on aime pour la protéger... Je n'imagine même pas ce que Malefoy doit ressentir chaque fois qu'il voit Harry...
Se tournant sur le flanc, Hermione soupira. Après le bal de Noël, en quatrième année, elle avait entretenu une correspondance avec Viktor Krum, le champion Bulgare de Quidditch, pendant quelques mois, mais elle avait vite mis fin à cela car au fil des lettres, elle avait compris que Krum l'appréciait tout au plus comme une petite sœur, même s'il avait montré un certain attrait pour sa personne pendant leur séjour à Poudlard.
Décidant de remettre toute cette histoire au lendemain, Hermione changea de position et ferma les yeux. Le sommeil la trouva rapidement mais ses rêves furent peuplés de Harry et Malefoy, de sortilèges, et de scènes loufoques sorties tout droit de son esprit trop sollicité.
.
La Saint Valentin approchait à grands pas et malgré ses convictions, Malefoy commençait à perdre espoir. Aucun des livres de la bibliothèque de Poudlard ne parlait d'un contresort à l'Oubliette. Persuadé que tout sort à un contresort, le Serpentard avait écumé une centaine de livres sur les sortilèges, du plus récent au plus ancien, mais il n'avait rien trouvé. Il n'avait certes pas demandé à McGonagall de l'aider dans ses démarches, mais au fond de lui, il savait qu'il s'escrimait pour rien...
Fermant un énième bouquin, Malefoy soupira profondément. Il posa ses bras dessus et regarda autour de lui, dépité. Son regard rencontra alors la tignasse hirsute de Harry, assis non loin en compagnie d'Hermione et Ron, et le Serpentard éprouva un vif pincement très douloureux au creux de ses entrailles. Mâchoires serrées, il alla ranger le livre puis quitta la bibliothèque.
Hermione le suivit du regard et regarda ensuite Harry qui montrait quelque chose sur son livre, à Ron, de la pointe de son crayon à papier. Les deux garçons se mirent à rire et la jeune femme soupira profondément. Elle ferma alors son livre et Harry la regarda.
— Tu t'en va ? demanda-t-il, étonné.
— Oui, je dois voir quelqu'un. On se retrouve au déjeuner.
— Qui ? demanda Ron.
— Rogue, répondit Hermione en haussant les sourcils. Je dois lui demander quelque chose sur la dernière leçon, ça te va ?
Harry leva les mains et la jeune femme quitta la Bibliothèque. Dans le couloir, elle chercha Malefoy des yeux mais il devait sans doute être déjà loin. Dépitée, Hermione ajusta la sangle de son sac sur son épaule, puis se rendit aux cachots. Elle devait absolument trouver un moyen de rendre sa mémoire à Harry, peu importe la manière.
.
— Peu importe la manière ? Vous en êtes sûre, miss ?
Hermione se mordit les lèvres en regardant le sol puis hocha la tête.
— Oui. Je sais que je ne devrais pas cautionner ça, mais Malefoy est détruit, Monsieur. Il est amoureux de Harry, et le voir l'ignorer ainsi, me fait mal à un point que vous n'imaginez même pas.
Rogue inspira, appuyé contre son bureau, les bras croisés.
— Si, dit-il. Je sais à quel point cela fait souffrir, de voir la personne que l'on aime nous ignorer...
Il tourna la tête et Hermione l'observa un moment puis souffla par le nez.
— Ce que je vais dire va peut-être vous paraître fou mais... Voldemort n'a-t-il pas un moyen de renverser un Oubliette ?
Rogue regarda aussitôt la Gryffondor et fronça les sourcils.
— Je... Je l'ignore, dit-il après un moment de silence. Pourquoi avez-vous pensé à cela, êtes-vous à ce point désespérée ?
— Je ne sais pas, mais plus les jours passent et moins je vois de solution.
— Et... Je n'en reviens pas de dire cela, dit Rogue en levant les yeux au plafond. Mais Monsieur Malefoy ne peut-il pas recommencer de zéro ?
— Il ne veut pas, Monsieur... Je pense que leur relation a débuté tellement brutalement qu'il ne se voit pas devoir le séduire pendant des mois et surtout, encaisser des échecs. Je sais que demander à Voldemort une solution est une très mauvaise idée mais...
Hermione haussa les épaules et Rogue grimaça. Un silence s'installa puis le sombre professeur se redressa.
— Je vais tout de même demander, dit-il. Cela ne me coûtera rien. Du moins, je l'espère...
La Gryffondor serra les lèvres.
— Ne prenez aucun risque pour moi, dit-elle alors. Je n'aimerais pas avoir votre mort sur la conscience.
Rogue ronfla dédaigneusement.
— Je suis un Mangemort, Miss Granger, dit-il avec un rictus.
Hermione ne répondit rien et quand la cloche sonna, elle récupéra son sac et quitta la salle de classe glaciale. Elle remonta dans le château et, en arrivant dans le hall d'entrée, elle tomba sur Malefoy et Zabini qui se dirigeaient vers la Grande Salle. Jetant un rapide coup d'œil autour d'elle, la jeune femme déchira un bout de parchemin dans son sac, en fit une boule, et la lança sur Blaise. La boulette lui rebondit sur la tête et alla s'échouer un peu plus loin. Aussitôt, le Serpentard se retourna et Hermione hocha la tête avant de s'éloigner et de sortir dans le parc.
.
— Tu as une étrange façon de héler les gens, tu sais ? dit Malefoy quand les deux garçons l'eurent rejointe, quelques minutes après.
— Je n'allais pas vous appeler ou vous siffler, quand même, si ? dit Hermione en croisant les bras.
— Mouais. Tu veux quoi ? demanda alors Blaise.
— J'ai demandé à Rogue de demander à Voldemort s'il avait un moyen de renverser un Oubliette.
Malefoy devint immédiatement pâle comme la mort.
— Tu as fait quoi ? demanda-t-il. Tu te rends compte que c'est stupide et terriblement dangereux ?
— Je le sais, et je lui ai demandé de ne prendre aucun risque, mais écoute-moi, Malefoy, nous n'avons aucun moyen de rendre sa mémoire à Harry. Je sais que tu pensais bien faire alors, mais à moins que tu ne prennes le risque de recommencer de zéro, il n'y a pas d'autre moyen...
Malefoy ferma les yeux et serra les mâchoires.
— Je ne saurais pas le faire... Ce que j'ai... j'avais avec Potter, a commencé de façon si brutale, imprévisible, je ne saurais pas le séduire à nouveau...
Hermione pinça les lèvres. Elle joua un moment avec la fermeture de son sac puis soupira.
— Je n'arrive pas à croire que je dis ça, mais j'espère que le Lord aura quelque chose, dit-elle alors. Sinon, tu vas devoir faire ton deuil...
Le Serpentard secoua lentement la tête puis soudain, tourna les talons. Blaise le laissa partir sans rien dire puis se tourna vers Hermione.
— Tu crois vraiment qu'il va aider Potter à retrouver la mémoire ? demanda-t-il.
— Je n'en sais rien, probablement pas, mais je n'ai plus aucune idée... Je ne vois pas comment Harry pourrait se souvenir de morceaux de sa vie qu'on a magiquement effacés...
Blaise regarda alors lors, pensif, puis il regarda à nouveau et Hermione et plissa les yeux.
— Tu as bien parlé de se souvenir de souvenirs, c'est ça ?
— Oui, mais... Oh...
Blaise esquissa un sourire et Hermione se redressa puis tourna les talons et fila.
.
— Revivre des souvenirs ?
— Oui ! Je ne sais pas si c'est possible, mais est-ce qu'il existe un sortilège du même genre de la Remontée des Sortilèges, mais pour les souvenirs ?
McGonagall regarda Hermione avec étonnement.
— Eh bien... Je l'ignore, mais... Écoutez, miss, je dois faire des recherches, il se peut que cela existe, mais je n'en ai pas connaissance. Je vous tiens au courant.
— Merci, Madame.
Hermione quitta le bureau de la Directrice et retourna à Gryffondor. Elle voulait tellement discuter de cette nouvelle solution, mais Ron n'était pas au courant pour la relation entre son meilleur ami et Malefoy, et il ne devait pas l'apprendre car alors il ferait un scandale. Elle fut donc contrainte de ne faire que l'écrire dans son journal intime, mais rien que cela lui permit de décompresser un peu.
.
— Severus... Que me vaut ta visite aussi tard ?
Rogue s'inclina devant Voldemort. Le Mage Noir était en train de lire, assis près de la grande cheminée de sa demeure. Nagini, son serpent de compagnie, somnolait sur un tapis, enroulé sur elle-même.
— Tu as perdu ta langue ?
— Non, Maître, je... Je cherche comment vous poser ma question.
Voldemort fronça les sourcils et ferma son livre.
— Que se passe-t-il ?
Rogue releva la tête et inspira profondément. Il expliqua ensuite ce qu'il s'était passé juste après Noël, et en apprenant que le fils Malefoy avait effacé la mémoire de Potter pour le protéger de son père, Voldemort afficha une expression difficilement déchiffrable, à mi-chemin entre la colère et la déception.
— Maître, on m'a chargé de vous demander si vous aviez connaissance d'un moyen pour renverser le sortilège d'Oubliettes... Je suis conscient que cette information pourrait ne pas être gratuite et je suis prêt à négocier, mais...
— Mais ? demanda Voldemort. Mais rien du tout, Severus, car il n'existe absolument aucun moyen pour renverses les effets d'un Oubliette. Le seul procédé qui pourrait être utilisé, mais avec un succès très incertain, d'intenses douleurs pour la personne, voire même la mort, c'est un sortilège de Retour de Mémoire.
Rogue pencha la tête, intrigué.
— Donc, ça existe bien... dit-il. Je me souviens maintenant avoir lu un court récit sur ce sortilège, mais ce procédé est très loin d'avoir de bonnes critiques... Beaucoup de cobayes sont morts à cause de l'effort nécessaire pour se remémorer des souvenirs perdus...
Voldemort inclina le menton puis Rogue s'excusa et transplana. Le Lord posa alors son menton sur son poing et soupira. Il n'avait aucune raison d'aider son ennemi à recouvrer la mémoire, mais si cela fonctionnait, alors il serait en mesure de le titiller sur sa relation avec le fils Malefoy, tout en empêchant Lucius de tuer le jeune homme, bien entendu...
.
Rogue reparut à Londres, dans une boutique magique indépendante qui avait tendance à pouvoir dénicher tout ce qu'on lui demandait, même si ce n'était pas légal.
— Un Retour de Mémoire ?
L'homme derrière le comptoir regarda Rogue comme s'il avait proféré une énormité.
— Vous vous rendez compte, Monsieur, de ce que vous demandez ? Et ce serait pour faire quoi, rendre la mémoire à une personé sous sortilège ?
— En quelque sorte, répondit Rogue. Cette personne a été victime du sortilège Oubliettes et avec le temps, nous nous sommes rendus compte que ce n'était pas la chose à faire. Ça a été fait sous le coup de l'émotion et aujourd'hui, beaucoup de gens souffrent de voir cette personne se comporter comme si de rien n'était.
L'homme grimaça et contourna son comptoir.
— L'Oubliette est un sortilège puissant, auquel il n'existe aucun contresort, dit-il en s'approchant de hautes bibliothèques. Il y a néanmoins des solutions, comme le Retour de Mémoire, mais ce sort est extrêmement dangereux, il peut provoquer un œdème cérébral, une rupture d'anévrisme voir même provoquer l'extinction complète du cerveau, comme si on avait débranché la personne...
Il soupira, embêté, puis regarda ses livres et finit par en tirer un, minuscule, coincé entre deux ouvrages énormes en comparaison.
— Dans ce petit ouvrage, vous trouverez des informations sur ce que vous me demandez, mais ce n'est pas gratuit, loin de là... dit-il.
— Je comprends et je vous donnerais ce que vous demandez, répondit Rogue.
— Vous êtes désespéré à ce point ?
— Moi non, la personne qui a jeté ce sortilège, oui...
— Je vois...
— Combien en voulez-vous ? demanda alors Rogue.
L'homme de la boutique regarda le petit livre usé et poussiéreux puis le posa sur son comptoir.
— Combien avez-vous, sur vous ? demanda-t-il.
Rogue haussa un sourcil, surpris. Il avait certes toujours de l'argent sur lui, surtout quand il sortait, mais c'était la première fois qu'on lui demandait une telle chose.
— Quatre-vingt Gallions, seize Mornilles et trois Noises, dit-il alors en tirant sa bourse d'une poche de sa cape. Est-ce le prix de ce manuel ?
— Non, répondit l'homme. Mais si vous me dites à qui ce sortilège est destiné, je vous le laisse à ce prix-là.
— Votre boutique est censée respecter l'anonymat des gens, dit Rogue en fronçant les sourcils.
Il tira sa baguette magique et rajouta trois bourses identiques près de la première.
— Trois cent vingt Gallions, cela est suffisant ? demanda-t-il, un poil mauvais.
Le boutiquier serra les mâchoires puis donna le livret à Rogue tout en embarquant les quatre bourses. Rogue transplana ensuite et reparut à Pré-au-Lard. Il jeta un regard vers les rayons du soleil qui émergeait de derrière la Forêt Interdite, puis il remonta au château, pressé d'aller se coucher.
.
— Le Retour de Mémoire... Je n'en ai jamais entendu parler...
— C'est un sortilège très rare et extrêmement dangereux. Potter peut mourir s'il n'est pas assez fort pour le supporter, dit Rogue.
Hermione était debout devant le bureau du Directeur de Serpentard.
— Vous en avez parlé à la Directrice ? demanda alors la jeune femme.
— Pas encore, je suis rentré à l'aube... Je voulais vous en parler d'abord, pour que vous me donniez votre avis sur les capacités mentales de Potter.
— Il est fort, c'est indéniable, répondit Hermione en secouant la tête. Il combat Voldemort et ses visions empoisonnées depuis plusieurs années, et c'est un solide Occlumens maintenant.
Rogue haussa un sourcil.
— Vous le lui avez enseigné ? demanda-t-il.
— Non, il a appris tout seul... Je ne suis pas capable de faire cela, je suis trop concentrée sur plein de choses en même temps... De toute façon, qui pourrait avoir envie d'aller fouiner dans l'esprit d'un rat de bibliothèque ?
Rogue esquissa un rictus et Hermione se mordit la lèvre.
— Pour en revenir à ce livre, dit-elle. Explique-t-il le mouvement ou la formule à prononcer ?
— Oui. Normalement.
Rogue prit le livret et l'ouvrit délicatement. Le cuir usé de la couverture crissa et Hermione contourna le bureau et se pencha.
— Merlin que c'est écrit petit... dit-elle.
— Oui, en effet, et l'encre s'efface par endroits... Je vais le confier au professeur Flitwick pour qu'il le restaure.
— Et vous allez lui donner quoi comme excuse ? demanda Hermione en se redressant.
— Que j'ai trouvé ce petit bouquin aux puces et que j'aimerais savoir de quoi il cause, répondit Rogue du tac au tac. Flitwick connaît ma passion pour les livres, Miss Granger, il sait que j'ai des bibliothèques pleines à craquer chez moi...
Hermione haussa les sourcils.
— Ah oui ? Intéressant, dit-elle en s'éloignant.
Rogue l'observa un moment puis se leva avec le livret dans la main.
— Retournez à Gryffondor, maintenant, dit-il. Je vous tiens au courant.
— D'accord. Merci, Monsieur.
La jeune femme quitta la salle de classe, pensive, en espérant qu'enfin, ils aient trouvé une solution au problème de Harry.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top