Jamais deux sans trois - Part 1
— Demain, c'est la Saint-Valentin !
— Oh pitié, épargne-nous cette comédie, Mione...
L'enthousiasme de la brunette retomba comme un soufflé.
— Comédie ? dit-elle, surprise, en regardant Ron. Mais Ron... ?
— Il a raison, renchérit Harry, le menton dans la main, en train de feuilleter un magazine de Quidditch. C'est bon pour les minettes ça, toi tu n'en es pas une, hein ?
— Mais... ? Oh et puis zut ! Vous n'êtes que des idiots !
La jeune femme se détourna alors et ses deux amis se jetèrent un regard surpris.
— Elle est amoureuse ! firent-ils d'une même voix sur un ton entendu, avant de replonger dans leur occupation primaire.
— Ces garçons sont pires que des Trolls !
Hermione shoota dans un morceau de pierre sûrement tombé d'un mur et l'envoya ricocher contre le chambranle d'une porte un peu plus loin... juste sous le grand nez de Rogue qui sortait de la pièce au même moment.
— Bon sang ! Mais qu'est-ce que... ?
— Oh ! Pardon, Professeur ! s'exclama aussitôt la Gryffondor. Je ne savais pas que vous alliez sortir, je...
— Au-delà du fait que j'ai failli être éborgné, Miss Granger, lancer des choses dans les couloirs est interdit, vous devriez le savoir mieux que quiconque !
Hermione rougit et secoua la tête.
— Hum, passons, fit alors Rogue. Comment va Potter ?
— Beaucoup trop bien, si vous voulez mon avis, répondit la brunette, acerbe. Depuis début janvier, il n'a pas regardé Malefoy une seule fois et est redevenu le garçon qu'il a toujours été, et même plus. Le macho en puissance !
— Très bien. Parfait.
Hermione fit volte-face.
— Parfait ? Non ce n'est pas parfait, Monsieur ! répliqua-t-elle. Ça ne va pas du tout ! Malefoy a sacrifié ce qu'il avait sans doute de plus cher au monde pour lui sauver la vie, et depuis il souffre comme pas permis alors que Harry vit sa vie comme avant sans se soucier qu'un jour, il a...
— Chut !
Hermione se tut aussitôt. Des rires se firent entendre au bout du couloir et un petit groupe de filles passa. Rogue entraîna alors Hermione dans la salle d'où il sortait et, déposant un épais classeur sur une table ronde qui se trouvait là, il reprit la parole.
— Miss Granger, je comprends parfaitement que cela puisse vous blesser mais c'est Monsieur Malefoy qui a de lui-même décidé d'effacer la mémoire de Potter. Pour lui sauver la vie. Nous ne lui avons rien suggéré et je pense que c'est mieux ainsi.
— Mieux ?
Hermione se renfrogna. Elle croisa les bras.
— Qu'est-ce que Voldemort a dit à ce sujet ? demanda-t-elle, résignée.
— Que lui seul avait le droit de tuer Potter.
— Mais encore ?
— Il a obligé Lucius à lever la malédiction avant de me demander de les surveiller, Potter et Monsieur Malefoy. Seulement, il n'avait pas prévu que Monsieur Malefoy fasse cela, mais dans un sens, ça arrange le Lord, comme ça, il pourra tuer Potter sans s'attirer les foudres d'un amant lésé...
Hermione remua les mâchoires. Elle soupira puis s'assit sur un banc. Rogue posa une main sur son épaule et elle leva les yeux vers lui.
— C'est si frustrant de savoir mais de ne rien avoir le droit de dire ! gémit-elle.
— Bienvenue dans le cruel monde des adultes, Miss.
La longue main disparu et Hermione fut enjointe à retourner à Gryffondor.
Quand la jeune femme fut partie, Rogue regarda autour de lui. Il posa une main sur le classeur posé sur la table, et pinça les lèvres. S'emparant du classeur, il quitta alors le petit bureau où il avait déplacé ses affaires, le temps que l'hiver passe, et il se rendit aussitôt dans le bureau de McGonagall.
Assise sur les marches de l'escalier menant à son dortoir, un gros livre sur les genoux – les tables étaient toutes occupées à cette heure-là –, Hermione observa Harry un moment. Le brun était assis sur le tapis, devant la cheminée, en face de Ron, et ils révisaient ensemble pour le devoir de Métamorphose du lendemain.
Avec un bref soupir, la Gryffondor plia ses affaires et disparu dans sa chambre. Là, elle s'installa sur son lit, attrapa une plume et un parchemin dans son sac et entreprit d'écrire à Malefoy. Cela faisait un mois et demi, maintenant, que le Serpentard avait effacé la mémoire de son amant, pour le protéger de la colère de Lucius Malefoy, mais il était hors de question que cette situation dure plus longtemps car, si Harry n'en souffrait pas – normal, il ne se souvenait de rien –, Malefoy, lui, n'avait rien oublié et parfois, dans son regard, lorsque ses yeux se posaient malencontreusement sur Harry, un voile de douleur passait. Et cela, Hermione ne pouvait plus le supporter.
Au fin fond de Serpentard, cependant, Malefoy était étalé sur son lit, sur le ventre, le visage dans son oreiller. Épuisé par la journée qu'il avait eue, enchaînant les cours puis un intensif entraînement de Quidditch en vue du match du week-end suivant, il était littéralement à plat.
— Va prendre une douche et pieute-toi, fit Blaise, assis sur son propre lit, en train de faire ses devoirs.
— Et c'est toi qui va faire mes devoirs, peut-être ? grommela le blond.
— Mais bien sûr ! ricana le Serpentard à la peau noire.
— Bon, alors ne dis pas de trucs stupides.
— La douche, ce n'était pas stupide...
Malefoy marmonna puis se leva et disparut dans la salle de bains. Blaise sourit légèrement. Malgré sa mauvaise volonté évidente depuis la rentrée, son meilleur ami avait encore un peu de bon sens et le bruit de la douche se faisait à peine entendre que, d'une ouverture dans le mur au-dessus des fausses fenêtres qui donnaient sur le parc de Poudlard, un hibou gris apparut.
— Hou ? fit l'oiseau, qui avait marché, le ventre presque contre la pierre, tout le long du boyau de pierre donnant dehors, dont il avait l'habitude maintenant.
— Ah, il est dans la douche, répondit Blaise. Tu as quelque chose pour lui ?
— Hou !
L'oiseau décolla et se posa sur le cahier de Blaise et lui tendit sa patte. Un tube argenté y était fixé et le Serpentard à la peau noire le détacha puis l'oiseau reprit son envol, vola un morceau de pain sec posé à son attention sur le sommet d'une armoire, puis repartit dans le boyau.
Le tube dans la main, Blaise hésita.
— J'ouvrirais bien mais...
Son meilleur ami recevait rarement du courrier sinon de sa mère, et la plupart du temps, il arrivait le matin au petit-déjeuner. Pour qu'une lettre arrive le soir, aussi tard – il était bientôt vingt-deux heures –, et soit apportée directement dans le dortoir, c'était probablement urgent.
— Bon, tant pis, je vais me faire tuer mais...
Tenant fermement le tube dans sa main droite, Blaise brisa le cachet de papier qui scellait l'objet et commença à retirer le capuchon. D'une longueur d'une quinzaine de centimètres, le tube contenait un parchemin fin roulé étroitement. Guettant le bruit de la douche, Blaise glissa un œil dans le parchemin en le cornant délicatement du bout de l'ongle.
— Malefoy... Viens... voir... je... parler... Mince, je ne vois pas !
La douche se coupa soudain et le Serpentard à la peau noire perçut le bruit de la porte de la douche qui s'ouvrait. Jurant, il remit le capuchon sur le tube, le serra aussi fort que possible puis le jeta sur son lit, en haut de ses livres. La porte de la salle de bains s'ouvrit alors et Malefoy apparut, une serviette autour des hanches, torse nu, une autre sur la tête.
— Ah, te voilà ! fit Blaise en saisissant le tube argenté. T'as eu du courrier !
Il le lui lança aussitôt et Malefoy l'attrapa d'une main et le regarda, étonné.
— Qui peut bien m'écrire à cette heure-ci et surtout directement ici ? demanda-t-il.
Sans plus faire attention, le blond retira le capuchon et Blaise eut un soupir de soulagement intérieur. Si son ami avait vu le sceau brisé, il lui aurait sans doute fait une scène car il ne supportait pas qu'on lise, ou même tente, de lire son courrier perso.
Retirant le parchemin en tirant franchement dessus, Malefoy le secoua pour le dérouler et il commença à le lire tout en allant chercher des sous-vêtements propres dans sa commode.
— C'est de Granger... dit-il, pensif.
— Granger ? La Granger de Gryffondor ?
— T'en connais trente-six, toi ?
— Euh, non, admit Blaise. Et elle te veut quoi ?
— Me voir, maintenant.
— Ah ouais ? Et ça lui prend comme ça ? Il est presque dix heures du soir, si quelqu'un met le nez dehors maintenant, il est bon pour les heures de colle. Elle dit ce qu'elle te veut ?
Malefoy resta silencieux puis, son caleçon dans une main et la lettre dans l'autre, il plissa le nez et posa la lettre sur la commode. Il enfila ensuite son caleçon et jeta la serviette humide sur le dossier d'une chaise, près du poêle à bois qui assurait que la chambre ne soit pas trop humide.
— Drake ?
En boxer noir, Malefoy s'assit sur son lit et regarda Blaise un moment, pensif.
— Eh oh, il y a quelqu'un ? demanda le Serpentard à la peau noire en agitant la main.
— Ouais, je suis là, je suis juste en train de me demander comment je vais te dire ça...
Blaise haussa un sourcil.
— Me dire quoi ? Oh ! Minute ! Ne me dis pas que tu sors avec Granger ! Non, ce n'est pas vrai ! Tu n'as pas osé ?!
Malefoy sursauta.
— Non, non ! Jamais ! Non, ne n'inquiète pas, ce n'est pas ça, c'est...
Blaise sembla soulagé mais son regard restait abasourdi.
— Une seconde... C'est pire que ça ?
Malefoy haussa un sourcil à son tour.
— Qu'est-ce qui pourrait être pire que sortir avec une Gryffondor ? demanda-t-il. Et puis, personne n'a dit qu'on n'avait pas le droit...
Blaise gonfla ses joues et souffla.
— Euh, non, dit-il. Ouais, en effet... Mais euh, c'est quoi ce gros truc que tu veux me dire ? T'as mis une nana enceinte et c'est Granger qui la protège ? Tu...
— Non, Blaise, pas du tout, ce n'est absolument aucun chose à laquelle tu peux penser actuellement, le coupa le blond. Je ne sors pas avec Granger, personne n'est enceinte, rien.
Il marqua une pause et passa sa langue sur ses lèvres.
— En fait, tout a commencé à la soirée Halloween, tu sais, avec ces fameux masques...
— Ah ouais, j'ai détesté ça ! Je n'ai jamais autant été peloté que ce soir-là ! Brrr... Euh ouais, et donc ?
Malefoy eut un demi-sourire puis il entreprit de raconter comment, dès le début de la soirée, alors qu'il cherchait à échapper à la touffeur de l'endroit et aux mains baladeuses qui touchaient à tout ce qui se trouvait à leur portée, le Serpentard était tombé sur un garçon, assis par terre, qui grignotait en observant les alentours.
— Tu savais qui c'était ? demanda le Serpentard.
— Pas du tout. Mais je n'avais aucune envie de retourner dans la Grande Salle alors je me suis posé à côté de lui. J'ai piqué un truc qu'il y avait dans son assiette puis il m'a proposé une Bierraubeurre. On a trinqué et on a bu en regardant les autres se rassembler en couples et s'éloigner avant que je lui propose d'aller nous promener. J'en pouvais plus de cette scie musicale, ça me vrillait la tête, j'avais besoin d'un peu de silence. Il a accepté, on s'est levé, et j'ai alors proposé ma main, juste pour pas qu'on se perdre dans toute cette foule unicolore.
— T'es hardi, toi, dis donc !
— Beh, tu n'as jamais donné la main à un mec pour l'embarquer quelque part ?
— Euh si... Mais je devais avoir cinq ou six ans quoi, pas dix-sept... Et donc ?
— Ouais... Donc, on a filé et on s'est mis à la recherche d'un endroit calme mais visiblement, je n'avais pas été le premier à avoir l'idée si bien qu'on a dû monter jusqu'au quatrième étage pour trouver un balcon de libre et du calme. On s'est posés et il voulut retirer son masque mais, je ne sais pas, j'ai dit non, que ce serait dommage de se reconnaître maintenant...
Blaise haussa les sourcils.
— Eh ben...
— Ouais je sais...
— Continue ?
— Ouais, il m'a alors demandé pourquoi et m'a dit que si j'étais son ennemi et qu'on commençait à discuter, je pourrais un jour ressortir des choses sur lui pour le déstabiliser, blablabla, mais finalement, il a gardé son masque. Un hurlement de loup s'est alors fait entendre et il m'a dit que ça lui faisait penser à son parrain qui est un Lycan. On a ensuite vu des chauves-souris masquer la lune un moment puis après un silence, il m'a dit que ce soir-là, il avait perdu des êtres chers...
— Ah ouais ? Et... euh, je ne sais pas toi mais moi je ne connais qu'un seul loup-garou...
— Ouais, Lupin, je sais, mais sur le moment, je n'ai pas pensé à ça, moi...
— Ok, continue...
— Il m'a donc dit qu'il avait perdu des êtres chers, j'ai été navré pour lui puis il m'a dit que c'était il y a seize ans, que c'était ses parents et que parfois, ils lui manquaient.
Blaise fronça les sourcils.
— Minute, c'est...
— Laisses-moi finir.
— Ok...
— Sur le coup, je n'ai pas calculé et là, il s'est levé en disant qu'il avait faim, alors on est retournés dans la Grande Salle chercher à becqueter, reprit Malefoy. Seulement, on y était à peine qu'il m'embarquait à l'opposé du buffet ! Je l'ai stoppé et il m'a expliqué qu'il y avait une nana, juste là-bas, sans son masque, une rouquine, et qu'apparemment, il venait d'apprendre, en la voyant avec un autre garçon, qu'il s'était fait plaquer... Sur le coup, je l'ai pas reconnue, mais en y repensant, je crois que c'était la Weasley...
— La Weasley... Elle avait un copain ?
— Apparement...
— Et après ?
— Après, il est parti, je l'ai suivi et on a un peu discuté. Il n'avait pas l'air bien du tout...
— Tu m'étonnes !
Malefoy fronça les sourcils et Blaise agita la main.
— Je disais donc qu'il n'allait pas bien, il s'est assis par terre et je me suis baissé devant lui. Là, il a relevé la tête et il m'a fixé de ses yeux verts. J'ai alors eu comme un flash, je ne sais pas d'où ça sortait mais j'étais sûr d'avoir déjà vu ces yeux auparavant. J'ai voulu lui enlever son masque pour dissiper mes doutes mais il a retenu ma main et a dit que si je faisais ça, la soirée serait terminée. Je n'ai pas insisté.
— Vous avez fait quoi après ?
— On a continué à parler un peu de la fille avant de se demander ce qu'on allait faire du reste de la soirée. Visiblement, il n'avait pas envie de me laisser partir, mais étrangement, moi non plus. J'avais l'impression d'être en... comment dire ?
— En harmonie avec lui ? demanda Blaise.
— Ouais, voilà. Je me sentais bien, j'avais envie de tout lui dire sur moi, qu'il sache tout, et pourtant, je ne savais pas qui c'était... Enfin bref ! On est repartis dans les couloirs du château, côte à côte, sans rien dire, et dans un couloir, sur le chemin de la Grande Salle – on avait fait le tour de l'étage –, on a été violemment bousculés par des crétins qui se couraient après, une sorte de chasse à l'homme.
Blaise rougit soudain.
— Sérieux ? fit Malefoy. T'en faisais partie ?
— Ouais, j'avais enlevé mon masque après avoir trouvé une fille pour la soirée, et quand un mec a hurlé qu'il avait une bourse de dix Gallions dans sa poche et qu'il la donnerait à celui qui l'attraperait en premier, ni une ni deux, on a commencé à le pourchasser...
— Mouais... Enfin bref, donc, je disais, on a été brutalement bousculés, enfin lui, et il m'a atterrit dessus. On s'est écrasés contre un mur et j'en ai eu le souffle coupé. Et là... Et là il s'est passé un truc bizarre...
— Bizarre ? Du genre, totalement bizarre ou juste... bizarre ?
— T'es un marrant toi... grimaça Malefoy.
Blaise lui tira la langue. Le blond soupira alors profondément et se frotta la nuque de sa main.
— C'était bizarre, on s'est retrouvés contre ce mur, à quelques centimètres l'un de l'autre et là, il a reculé en bafouillant mais moi... Je sais pas, je n'ai pas réfléchi, je me suis vu tendre le bras et lui saisir la main en lui demandant d'attendre, de rester, mais il a dit qu'il ne pouvait pas, que ce n'était pas lui, que... Bref, il était tout troublé...
Blaise plissa les yeux. Malefoy l'observa un moment. Il pouvait presque voir ses neurones tricoter sous son crâne et quand son meilleur ami le regarda fixement, les yeux agrandis, Malefoy rougit brutalement et plongea son visage dans ses mains.
— Non ! s'exclama soudain Blaise. Putain Drake, tu n'as pas... T'as fait ça ?!
— Blaise, bon sang... Je ne sais pas, je ne sais plus... Tout ce que je sais c'est que ça a été fantastique, un pur moment de bonheur...
Livide, Blaise s'agita, cherchant visiblement à reprendre le cours de ses pensées mais il semblait avoir bien du mal à assimiler ce qu'il venait de comprendre. Il se racla soudain la gorge et souffla longuement.
— T'as... T'as baisé... un mec... le soir d'Halloween... T'as baisé un mec le soir d'Halloween alors qu'on était tous masqués et impossibles à identifier !
Malefoy releva la tête.
— Non, Blaise, dit-il alors d'un ton plat.
Le Serpentard noir le regarda, surpris par le changement dans la voix de son meilleur ami.
— Non ? Merlin soit loué, vous n'avez pas... commença-t-il.
— Si, on l'a fait, reprit le blond. Mais le soir d'Halloween, Blaise, je n'ai pas baisé un mec, j'ai couché avec lui, on a couché ensemble, sur le sol d'un placard à balais, certes, mais ça a été extraordinaire, à un tel point que tu n'es même pas capable de l'imaginer...
Blaise était presque transparent, sur le point de faire une syncope, mais il s'accrocha et, déglutissant, il souffla longuement.
— Tu... Hem, eh bien, tu sais qui c'est alors maintenant, non ?
— Oui, je le sais.
— Et ? Je le connais ?
Malefoy hocha la tête. Il raconta ensuite, passant les détails à un Blaise au bord de la défaillance, qu'alors qu'ils achevaient leur coït, l'autre garçon étant sur lui, il est venu l'embrasser puis, leurs regards se sont accrochés et ils ont retiré simultanément le masque de l'autre...
Un silence profond et terriblement lourd pesait sur la chambre ronde des septièmes années de Serpentard. Blaise Zabini, assis sur son lit, blanc comme ses draps, venait d'apprendre que son meilleur ami avait couché avec un garçon la nuit Halloween et qu'en plus, il avait pris un pied d'enfer. Seulement, le garçon en question n'avait pas été n'importe qui et quand Malefoy avait révélé son nom à son meilleur ami, celui-ci avait tourné de l'œil, littéralement, et s'était effondré sur son lit.
— Blaise... Parle-moi...
Assis en tailleur, Blaise était muet. Pâle, il était en état de choc. Soudain, ses lèvres remuèrent et un sifflement les franchi. Malefoy se tendit un peu en avant.
— Je n'ai pas entendu ce que tu as dit... dit-il. Blaise...
— Po... Potter... souffla le Serpentard à la peau noire.
Son regard vitreux se braqua soudain sur Malefoy qui se sentit brusquement mis à nu. Il croisa les bras instinctivement et baissa le nez.
— Tu... Tu as couché avec Potter, Drake, tu... Tu t'es payé un Gryffondor, et pas n'importe lequel, leur leader, ton pire ennemi, celui que le Maître veut voir mort !
La colère montait en lui comme la lave d'un volcan prêt à exploser et Blaise remua soudain la tête, mâchoires serrées, pour se calmer un peu. Les mains crispées sur ses couvertures, il inspira profondément puis expira.
— Résumons, dit-il. Le soir d'Halloween, alors que nous sommes tous masqués, enveloppés dans des capes qui masquent magiquement tout signe externe de qui nous sommes, toi, tu te dégottes un compagnon de soirée, pris totalement au hasard. J'ai bon jusque-là ?
— Oui...
— Ok, donc après, vous allez vous promener dans le château, ok, jusque-là pas de soucis, mais explique-moi un truc maintenant parce que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris... Quand est-ce que ça a dérapé ?!
Malefoy sursauta et rentra la tête dans les épaules. Il serra les paupières et songea alors que ce qu'il venait de passer dix minutes à raconter n'était que le début de l'histoire, qu'elle continuait à Noël encore...
— Blaise, je... Arrête, ne me cries pas dessus, ok ? Ne me juge pas, ce qui est fait ne peut être défait, maintenant, c'est fini, il n'y a plus moyen de revenir en arrière.
— Je suis d'accord, mais pitié, dis-moi que ça ne s'est plus reproduit, nom de Merlin !
Malefoy baissa le nez.
— Je... Une fois, pendant les vacances de Noël, dit-il alors en rabattant ses cheveux humides sur sa tête. Ce... C'était trop dur de faire comme si de rien n'était, on a tenu aussi longtemps que possible mais on se faisait du mal pour rien et...
— Quoi ??!
Le cri de Blaise aurait pu réveiller tout le château, et Malefoy le fit taire en agitant les mains.
— Pitié, tais-toi ! supplia-t-il alors. T'es mon meilleur ami, tu devrais me soutenir au lieu de m'enfoncer, tu... eh merde !
Malefoy détourna la tête et cligna rapidement des paupières. Il écrasa alors les paumes de ses mains contre ses yeux et eut un hoquet.
— Drake... ? hésita alors Blaise, sa colère brusquement retombée, comme un soufflé malmené. Drake, mais tu pleures !
— Ouais ! répliqua le blond, la voix chargée de larmes. Ouais je pleure parce que quand Potter et moi on s'est retrouvés pour la deuxième fois, on avait juré que ça arriverait plus ! Et on n'a pas tenu, on se faisait plus de mal qu'autre chose à s'ignorer dans les couloirs, alors on a remis ça et c'était aussi bon que la première fois, même encore mieux ! Seulement, seulement, y a eu un hic et...
— Et ?
Blaise tendit un mouchoir au blond qui le prit, s'essuya les yeux puis renifla.
— Je... Potter et ses amis sont retournés chez les Weasley pour le Nouvel An, et moi, je suis rentré chez mes parents, répondit le blond, un peu plus calme. Je... J'allais bien, mais j'avais besoin de parler et le matin du trente-et-un, j'ai pris ma mère à part dans la cuisine et je lui ai tout déballé. Seulement, je ne pensais pas que mon père était dans les parages, je l'avais vu sortir dans le jardin pour jouer un moment avec le chien, je pensais qu'il y était encore mais...
Malefoy se moucha et reprit la parole :
— Le jour de la rentrée, tu as dû te rendre compte que je n'étais pas dans le train, hein ?
— Ouais, je me suis posé des questions mais j'ai pensé que ton père t'emmenait, comme il l'avait fait une ou deux fois, déjà... D'ailleurs, Potter m'a même posé la question, mais je n'ai pas percuté...
— Mon père l'a fait, mais... Blaise, il existe un sortilège qui tue les gens...
— Hin, non, tu crois ? railla le Serpentard noir en grimaçant.
— Non, je veux dire... Mon père, en apprenant que j'avais eu une relation avec Potter, il lui a lancé un sort, un vieux sortilège de Magie Noire qui ressemble à une griffure de chat puis qui s'étend pour atteindre le cœur et tuer le malade. Potter a été infecté mais Rogue est allé voir le Lord et a tout révélé. Quand mon père a révélé à son tour qu'il s'était occupé de Potter pour ne plus qu'il ne « m'embête », le Lord est entré dans une fureur sans nom et il a menacé mon père de le tuer s'il ne défaisait pas le sortilège.
— Ton père a obéit, je pense, sinon Potter ne serait plus là...
— Ouais, il a obéi, il était terrifié, mais quand je suis arrivé à Poudlard, je ne savais rien de tout ça. Quand j'ai appris pour Potter, je suis devenu comme fou. J'avais envie de tuer mon père, sur le champ, et j'y serais allé si Potter ne m'avait pas retenu...
Malefoy tritura le mouchoir entre ses doigts. Il inspira profondément puis souffla.
— En comprenant que mon père n'accepterait jamais ma relation avec Potter, j'ai pris une importante décision qui m'a brisé le cœur...
Blaise fronça les sourcils.
— Qu'est-ce que tu as fait ? demanda-t-il. Tu as rompu avec Potter ou...
Le blond inspira de nouveau et se mordit la lèvre. Il serra les mâchoires et deux larmes glissèrent sur ses joues.
— J'ai... Blaise, je...
— Hé, hé ! Qu'est-ce que tu as fait, Drake ?
— Je... Oh, nom de Merlin, j'ai effacé la mémoire de Potter pour le protéger, je... Je lui ai lancé un Oubliette, alors qu'il était à peine guéri, je lui ai demandé pardon et j'ai lancé le sortilège, je...
Malefoy s'effondra alors dans le mouchoir et son corps fut secoué de violents sanglots. Incapable de supporter ça, Blaise se propulsa sur le lit de son meilleur ami et le prit dans ses bras farouchement.
— Calme-toi ! dit-il. Calme-toi, ce n'est pas grave, ça se défait ce genre de sortilèges, reprends-toi, Drake !
Malefoy eut un violent hoquet puis se redressa et regarda Blaise dans les yeux.
— Blaise, je suis amoureux de lui et prendre la décision de lui effacer la mémoire, qu'il oublie tout ce qu'il s'était passé entre nous depuis la soirée d'Halloween, a été la plus atroce de toutes les décisions que j'ai eu à pendre dans ma vie ! Tu ne te rends pas compte ce que c'est de vivre jour après jour sous le même toit que la personne pour qui bat ton cœur, mais qu'elle, elle ne te regarde même pas, pis encore, qu'elle te charrie et te détestes comme avant !
Le Serpentard était complétement anéanti et Blaise le consola du mieux qu'il put pendant quelques minutes, ne sachant pas vraiment quoi faire d'autre. Soudain, il se rappela de la lettre d'Hermione et regarda sa montre.
— Drake, il est vingt-deux heures vingt, on va aller voir Granger, ok ?
Les sanglots du blond cessèrent aussitôt et il se redressa, le visage ravagé.
— Q-Quoi ? dit-il. Mais pourquoi ?
— Parce qu'elle ne t'a pas envoyé cette lettre ici, dans notre dortoir, pour rien. Elle doit avoir quelque chose à te dire et si elle va probablement criser que t'es en retard et que je suis là, ça vaut peut-être la peine d'aller écouter ce qu'elle a à dire.
Malefoy déglutit puis recula et s'essuya le visage avec le mouchoir.
— Je... Tu crois ? demanda-t-il.
— Ouais, aller, enfiles des fringues, on y va.
— Et les profs ?
— Tant pis, on se fera coller. Mais tu as l'air de dire que Rogue et Pomfresh sont au courant donc McGo aussi, donc dans la logique des choses, la punition devrait être moins lourde.
Malefoy resta silencieux. Blaise le secoua alors et le blond se hâta d'enfiler un jean et un pull à col roulé. Il se drapa ensuite dans sa cape et tous deux se faufilèrent dans leur Salle Commune encore bondée. Lorsqu'ils franchirent la porte de pierre, personne ne leur jeta un regard, n'ayant aucune envie de se faire rabrouer par le leader de leur maison qui, vu son pas raide, devait avoir une chose urgente à faire...
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