Ils se trouvaient dans une clairière à l'écart de leurs campements respectifs. Isolés de ce monde qui les séparait. Isolés des gens qui, ne désirant que de les voir se combattre, les poussaient à faire semblant de se haïr. Leurs seuls instants de paix, loin de cette guerre qu'ils étaient obligés de mener, loin de cette guerre qui les opposait, se passaient la nuit, quand le voile nocturne leur permettait de s'aimer à l'insu de tous. Seulement, ce soir-là était différent des précédents. L'un d'entre eux était blessé. L'autre se sentait coupable qu'il soit blessé.

« Est-ce que... ça te fait encore mal ?

- Un peu, mais c'est supportable.

- Je... Je suis désolé...

- Tu n'as pas à l'être.

- C'est de ma faute si tu es blessé. J'aurais dû... fuir ce conflit avant qu'il n'éclate.

- Tu n'as pas à t'en vouloir. Tu as fait attention. Tu ne m'as pas blessé gravement. Tu sais très bien que tu aurais été incapable d'éviter cet affrontement. Personne ne te l'aurait permis, parce que le fait que nous appartenions à des camps opposés ne nous laisse pas d'autre choix que de nous combattre.

- ... Je ne veux plus avoir à te blesser... Sais-tu seulement comment je me suis senti, en te voyant souffrir de la blessure que je venais de t'infliger ? Sais-tu seulement... à quel point j'ai eu peur pour toi... ? À quel point j'ai eu peur de te perdre... ?

- Je le sais, mais je...

- J'aurais pu te tuer ! Ou... Ou te causer une blessure si grave que tu en aurais souffert toute ta vie... Ou bien, tu aurais pu être capturé et... et torturé... ou tué...

- Regarde-moi.

- On... On m'aurait demandé de le faire... p-parce que c'est mon rôle... en tant que Gardien de Liyue...

- Regarde-moi. » insista-t-il, se saisissant de sa main. « Je vais bien. Tu ne m'as pas blessé parce que tu le voulais. Tu m'as blessé parce que ce monde doit continuer de croire que nous sommes ennemis, jusqu'à ce que notre amour puisse exister en plein jour autant qu'il existe en pleine nuit. Le comprends-tu, Xiao ?

- Je... Je le comprends. J'ai juste... tellement peur de faire une erreur... parce que je ne suis pas assez fort pour te protéger...

- Tout le monde fait des erreurs. Cela ne rend personne faible, juste comme n'importe qui d'autre. Personne n'est infaillible. C'est pour cela qu'il est nécessaire d'avoir près de soi des gens prêts à nous soutenir. Je veux que tu sois mon soutien. Je veux être ton soutien. Pour l'éternité. »

Les joues de Xiao se couvrirent d'une légère teinte écarlate, révélée par la lueur de la nuit.

« Tu as toujours su... ce qu'il fallait dire pour m'apaiser.

- Je l'ai appris à force de te côtoyer. Tout comme j'ai appris à voir au-delà de ton air renfrogné et de notre situation d'ennemis en guerre. J'ai découvert une personne affectueuse, capable d'aimer sincèrement et de m'étreindre tendrement. J'ai découvert ton amour, ta joie, ton sourire et tes magnifiques yeux dorés.

- Tes yeux sont semblables aux miens, mais bien plus beaux.

- Mes yeux... Ils sont loin d'égaler les tiens. Ton regard est plus doux que le mien. En cela... Tes yeux seront toujours les plus beaux. »

Xiao le fixa, se perdant dans les joyaux dorés de ses iris. Il y vit de la tristesse, de la peur, de l'amour, de la joie, de la haine et de la violence. Cette haine et cette violence étaient si grandes qu'il craignait sans cesse qu'elles ne finissent par avoir raison de son âme sœur. Il craignait qu'elles ne causent sa perte, qu'il ne soit pas en mesure de le sauver des traumatismes de son passé.

« Aether. »

Il sut ce qu'il devait dire.

« Ce soir, à la seule lueur de la lune et des étoiles... »

Il avait pris sa décision.

« Aimons-nous. »

Rien ne pourrait jamais le faire changer d'avis.

« Aimons-nous pour l'éternité. Oublions ces horribles journées où des inconnus nous obligent à nous combattre et nous haïr. »

Il serait à ses côtés, quoiqu'il advienne.

« Oublions ce monde de sang, de conflits et de colère. Vivons pour nous. Vivons pour notre amour. Laissons la lune être témoin de nos sentiments. Le soleil la jalousera. Lorsque que ce moment arrivera, nous n'aurons plus à nous cacher. D'ici là, aimons, soyons heureux et oublions tous ces imbéciles armés qui ne songent qu'à se détruire. »

Aether eut les larmes aux yeux. Jamais encore on ne lui avait fait une telle déclaration. Mi-joyeuses, mi-angoissées, ses larmes coulèrent sur ses joues, tandis qu'il arborait un sourire ravi. Xiao avait raison. Tout ce qui comptait, c'était eux deux, c'était leur amour. Rien d'autre n'importait.

« J'accepte ton amour. Laissons-le briller de milles feux, pour le plaisir de la lune et des étoiles. »

Loin de tout, loin des conflits qui divisaient les civilisations, Xiao et Aether s'aimèrent toute la nuit et restèrent ensemble toute leur vie.