31. « Benjamin Pavard × Marcus Thuram »
— I don't care about what they think. —
Je m'en fout de ce qu'ils pensent.
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⋆ Riyadh
22 Janvier 2024.
L'homosexualité dans le monde du football est un sujet très controversé. Un argument tabou qui déclenche forcément des polémiques lorsque quelqu'un y faut référence.
Comment est-ce qu'un footballeur, virile, fort et agressif, peut-il être homosexuel ? Coucher avec un homme à la place d'une femme, ou voir se trouver lui-même à la place de la femme dans ce genre de relation «impures» ?
C'est le règlement non-écrit du football. En étant des figures publiques, il y a forcément des empêchements. Sur la manière de s'habiller, de parler et de se relationner avec ses coéquipiers dans n'importe quelle circonstances.
Benjamin a reçu de nombreuses critiques sur ces trois différents aspects, en tant que footballeur professionnel depuis des années désormais.
Ses outfits ne rentrent pas dans les standards masculins, selon certain. Les goûts du français ne sont pas adéquats à un homme, car celui-ci fait particulièrement attention à la combinaison des couleurs et aux détails qui font l'ensemble de sa tenue.
Sa manière de se poser, de se tenir en public et d'exprimer son opinion révoquent un aspect féminin. Des standards décidés par une masse qui suit les critères de l'homme cisgender hetero au sein du football.
Et enfin, la proximité qu'avait Benjamin avec certains de ses coéquipiers n'était pas passée inaperçue. Au Bayern Munich tout comme en Équipe de France.
Lewandowski, Griezmann, les frères Hernández... Benjamin avait lié à chacun d'entre eux sans pourtant dépasser les limites imposées par l'amitié.
Cependant, à des moments différents, le cœur de Benjamin s'était mis à battre pour ces hommes avec qui il partageait le vestiaire en club où en équipe nationale.
Quand au Bayern Munich Lewandowski l'avait accueilli chaleureusement et Lucas l'avait aidé à s'intégrer. Quand en Équipe de France Antoine avait ri avec lui et Théo l'avait fait sentir en sécurité à ses côtés.
Benjamin avait compris bien trop tard que ce qu'il cherchait avec des coéquipiers comme eux n'était pas de l'amitié, mais une relation. Il cherchait d'un homme à ses côtés, pas d'une femme.
Le français a essayé de nombreuses fois de se faire plaire les filles. Il regrettait d'ailleurs d'avoir brisé le cœur de certaines d'entre elles tandis qu'il tentait de prouver à lui-même qu'une relation homme et femme était meilleure pour lui.
Mais cette tentative désespérée avait prouvé une seule chose à Benjamin. Qu'il ne pouvait rien y faire. Il ne pouvait pas agir de manière à changer lui-même.
Car cette «maladie» selon certains était bien ancrée dans son corps. Et malheureusement le sport qu'il pratiquait ne permettait pas ce genre de divergences dans les athlètes qui le pratiquaient.
Benjamin se contentait donc uniquement à cacher cet aspect de lui le plus possible. Il jouait au foot, le sport de ses rêves, et ça lui suffisait tant que l'argument qui hantait ses nuits ne revenait pas à la surface.
Il vivait bien, dans l'ombre de lui même. En ignorant son cœur battant lorsqu'un de ses coéquipiers se montrait un peu trop gentil avec lui, ou lui proposait de passer du temps ensemble. En faisant comme si tout de lui était normal.
L'inconvénient était donc survenu lors de son transfert à l'Inter Milan, en Italie. Et le problème, si on peut l'appeler comme ça, était un homme d'1m92 avec un merveilleux sourire, portant le nom de famille Thuram.
Marcus avait été transféré dans l'équipe italienne durant le Mercato Estival tout comme Benjamin, et les deux s'étaient rapprochés bien vite au sein de leur nouveau club.
Bien qu'ils jouaient tous deux en Bundesliga et récemment en équipe nationale, Benjamin n'avait jamais réellement eut de conversation avec le fils ainé de la légende française Lilian Thuram.
Il le trouvait d'ailleurs un peu trop bavard, un peu trop farceur et décidément trop proche de tout le monde. Le contraire de Benjamin, qui lui préférait rester réservé et en solitude à part pour certaines exceptions.
Mais comme l'on dit, les opposés finissent toujours par s'attirer. Deux aimants avec des charges opposés sont toujours destinés à venir l'un vers l'autre, poussés par les forces de l'univers.
Et ce dernier avait fait en sorte que les deux français se retrouvent à jouer dans le même club. D'abord Marcus, et deux mois après Benjamin à l'Inter Milan.
Les deux avaient donc commencé à se parler à l'entraînement, sur et en dehors du terrain, la langue commune jouant un rôle très important au sein de leur amitié naissante.
Benjamin avait donc appris que, au delà de l'homme taquin et débordant d'énergie qu'était Marcus, il y avait une âme sensible et empathique et un caractère doux qui faisait tout son charme.
L'ex munichois connaissait depuis les goûts musicaux variables de son compatriote et coéquipier, la manière dont certaines choses le rendaient joyeux et le faite que voir ses amis heureux lui faisait chaud au cœur.
Marcus était la définition même du soleil, avec son sourire envoûtant et ses manières si aimables. Il transmettait l'essence même du bonheur, et son rire contagieux avait fait fondre le cœur de Benjamin.
Ce dernier regrettait tant de l'avoir jugé sans même pas le connaître totalement.
Le plus grand était devenu pour lui un point de référence, un ami a qui se confier, quelqu'un qu'il commençait à aimer. Jusqu'à la réalisation que ce sentiment était, une fois encore, celui de l'amour.
Ce n'était pas un coup de foudre celui que Benjamin avait eut pour Marcus, mais une douce et chaude flamme se propageant lentement au creux de sa poitrine dès qu'il avait commencé à mieux connaître son nouveau coéquipier.
Et Benjamin se maudissait pour ça. Il se maudissait de ne pas être « normal » comme tout autre footballeur. D'être trop « efféminé » selon certains. D'avoir développé des sentiments pour son ami.
Des sentiments qu'il allait tenir pour lui, bien entendu. Comme il l'avait fait avec Robert. Avec Antoine. Avec Lucas. Avec Théo. Les vieilles habitudes ne doivent pas être changées, en fin de comptes. Surtout si ça lui permettait de rester anonyme et en sécurité.
Cet aspect était d'ailleurs le principal qui distinguait Benjamin et Marcus. Car ce dernier n'avait jamais hésité à exprimer son opinion et ses sentiments.
La vraie preuve de cette attitude se déroula en Arabie Saoudite suite à leur victoire de la Supercoupe d'Italie face à Naples. Cet épisode voyait comme protagonistes les deux français et trois de leurs coéquipiers, Federico Dimarco, Niccolò Barella et Lautaro Martinez.
Assis dans les canapés du hall privé de l'hotel, les deux italiens et l'argentin avaient commencé un discours controversé, tandis que les deux français jouaient à FIFA assis sur le deuxième canapé.
— Je crois vraiment que je vais venir vivre ici en Arabie Saoudite. Si ce n'est pour certains trucs, je suis d'accord sur leurs règles. - Avait dit Dimarco, rongeant un cure-dents qu'il avait récupéré après le dîner.
— Comme quoi ? - Avait demandé Lautaro en arquant un sourcil en direction de l'italien, tout comme Barella qui avait semblé d'un coup tiré de sa contemplation de la télé sur laquelle jouaient Marcus et Benjamin.
— But ! - Avait crié ce dernier en levant les bras lorsque son joueur avait marqué en faisant retourner le score à égalité, 1 - 1, tout en recevant un regard faussement outré de la part de Marcus.
— Je crois que l'Italie devrait commencer à suivre une règle appliquée ici en Arabie Saoudite. Un empêchement qui servirait à améliorer notre pays. - Avait marmonné Dimarco, avec un mi-sourire.
Benjamin, qui écoutait qu'avec une seule oreille, était trop concentré tandis que son compatriote français essayait de le déconcentrer et d'essayer de marquer pour se rapprocher de la victoire.
Les précédents mots de ses coéquipiers n'étaient même pas arrivés à ses pensées pour les élaborer, jusqu'à là.
— Arrête de faire ton mystérieux, j'ai pas que ça à faire moi. - Commenta Barella, en se réinstallant en tailleur sur le canapé aux côtés de Lautaro.
— Second poteau Pavard si tu continues je vais te refaire tomber, comme sur le terrain là dernière fois, quand tu avais ton outfit blanc aveuglant. - Fit Marcus en direction du bouclé lorsque celui-ci récupèra le ballon avec son joueur.
Benjamin laissa échapper un rictus, le souvenir de cet épisode hilarant revenant à son esprit, instant durant lequel Marcus en profita pour récupérer la balle avec son joueur.
— Pour ce qui concerne l'homosexualité. Ils ont tout compris les saoudiens, en interdisant la propagation de cette maladie. - Expliqua Dimarco, d'un ton de voix plus que sérieux.
Benjamin s'arrêta d'un coup de rire, les mots de son coéquipier arrivant comme des flèches se coinçant dans sa poitrine. Il savait bien que certains d'entre eux n'étaient pas tolèrants, mais l'entendre à haute voix faisait un autre effet.
Il ne se tourna pas pour ne pas donner l'impression que la chose le touchait, bien que sa main ait légèrement commencé à trembler en serrant à peine la manette de jeu.
— En Italie il y a quelques petits progrès, comme l'interdiction de mariage entre eux, mais c'est pas assez. Car il y en a toujours, des pédés, malheureusement. - Continua l'italien en agitant légèrement la main.
— Je sais pas en vrai... mais au fond tu n'as pas tort. Je ne sais pas comment je réagirait si un de mes enfants venait me dire qu'il était... comme ça. - Approuva Barella, tandis que Lautaro hochait la tête avec conviction pour exprimer son accord.
Le regard de Benjamin s'embruma légèrement, son cœur battant à tout rompre. Il n'était plus du tout concentré sur le jeu. Les paroles de ses coéquipiers l'avaient pris au dépourvu. Tout comme la manière sérieuse qu'ils utilisaient pour en parler.
Comment auraient-ils réagi si jamais Benjamin avait fait coming out un jour ? Peut-être qu'ils le savaient déjà et qu'ils attendaient le bon moment pour le lui faire remarquer.
Peut-être aussi qu'ils avaient remarqué la manière dont il détournait le regard quand ils étaient aux vestiaires tous ensemble, et ses joues légèrement rougies à chaque fois que Marcus lui parlait.
Et peut-être d'ailleurs qu'ils allaient profiter de l'occasion pour dire au buteur que Benjamin l'aimait secrètement. Et peut-être qu'ils allaient tous les quatres le regarder d'un œil méprisant quand Benjamin n'aurait rien nié.
Ce dernier s'imagina le regard dégoûté de Marcus qui le toisait, et les larmes lui montèrent légèrement sous l'effet des propos de ses coéquipiers et des milles paranoïa qu'il s'était fait en quelques secondes.
— But ! La défense aux fraises ! - La voix de son coéquipier en équipe nationale le tira soudainement de ses pensées et son regard légèrement embrumé se posa sur l'écran où s'affichait le résultat désormais en faveur de Marcus.
Ce dernier, souriant, tourna la tête vers Benjamin en attendant une réaction, mais en voyant la mine de ce dernier, son sourire se décomposa aussitôt.
Il pencha légèrement la tête d'un côté, un air préoccupé et interrogateur sur le visage, qui obligea le bouclé à tourner légèrement la tête pour ne pas risquer d'éclater en sanglots face à lui.
— Benjamin, Benjamin ! - L'interpella Dimarco pendant ce temps, en se penchant et en agitant amplement la main devant le visage du français pour attirer son attention.
— Que... quoi...? - Demanda celui-ci en essayant de s'empêcher de bégayer légèrement, son regard se braquant sur ses trois coéquipiers assis sur le canapé, qui le regardaient avec curiosité.
— Tu en penses quoi toi ? - Demanda Lautaro d'un ton sérieux, son regard exprimant une pointe de doute.
— De quoi...? - Fit Benjamin, se feignant à peine surpris comme si il ne venait pas d'entendre les propos de ses coéquipiers qui l'avaient poignardé au cœur.
Mais il se rendit bien trop tard compte de son erreur, car entendre deux fois des choses qui l'avaient mis à terre était tout sauf une bonne idée, au risque de le faire exploser face à ses coéquipiers.
— Du faite que l'homosexualité ne devrait pas être considéré comme quelque chose de normal. - Expliqua brièvement Barella avec légèreté.
— Ce n'est pas normal justement. L'amour traditionnel c'est entre un homme et une femme. Les autres trucs c'est que des deviances de malades mentaux. - Argumenta une nouvelle fois Dimarco, d'un air sérieux.
Benjamin se figea, sa voix restant bloquée dans sa gorge et les mots refusant de s'aligner dans sa tête. Comment aller contre ceci et faire croire à ses coéquipiers qu'il était d'accord avec eux ?
Il avait juste envie de fuir à toute vitesse et s'enfermer dans sa chambre d'hôtel sans plus y ressortir. Mais les regards insistants de ses trois coéquipiers braqués sur lui l'empêchaient de faire quoi que ce soit.
— Moi je ne suis pas d'accord avec vous. - Le cœur de Benjamin reprit a battre légèrement lorsque Marcus prononça ces mots, les sourcils à peine froncés.
Les regards des trois interistes étaient maintenant braqués sur le plus grand des deux français, qui n'avait pas hésité à dire son mot quand l'occasion s'était présentée.
— Je trouve que les gens devraient avoir la liberté d'aimer qui ils veulent. Et que personne ne devrait avoir le droit de juger les choix des autres, surtout si ça ne les concerne pas. - Fit Marcus d'une voix calme, après avoir mis le jeu en pause.
Benjamin tourna la tête vers lui sentit une bouffée d'amour montant pour son ami, un sourire prenant place sur son visage. Sourire que Marcus lui rendit aussitôt, faisant chavirer le cœur du bouclé.
— Bon... chacun son opinion. - Répondit Dimarco en haussant les épaules et en se levant, ne trouvant pas de réplique assez argumentée pour pouvoir faire face aux arguments bien placés de Marcus. - Je vais aller me coucher moi.
Barella et Lautaro, eux, ne dirent rien. Ils se contentèrent de murmurer un faible « bonne nuit » en se levant à leur tour du canapé pour monter les escaliers menant aux chambres en suivant Dimarco.
Les deux français restèrent ainsi seuls dans la pièce en silence sur le canapé large, les manettes à la main et le jeu toujours en pause depuis que Marcus l'avait mis.
— Je t'admire. - Fit finalement Benjamin, en se laissant retomber contre le dos du canapé, Marcus se tournant vers lui pour l'écouter. - Car tu as le courage de dire ce que tu penses sans forcément blesser les autres. Et c'est une qualité extraordinaire.
Le plus grand souria légèrement, se laissant retomber lui aussi contre le canapé.
— Je n'aime pas quand l'on tient des propos dans le genre. - Fit-il, fixant le plafond. - Dimarco parle d'opinions mais l'homophobie n'en est pas une. Si deux hommes ou deux femmes s'aiment, je ne vois pas où est le problème. Tant qu'ils sont heureux, c'est l'important.
Benjamin resta le regarder avec des yeux légèrement brillants. Son cœur battant à tout rompre lui dictait de se lancer, de dire à Marcus qu'il était totalement d'accord avec ça, en trouvant un moyen d'arriver à lui avouer ses sentiments.
— Pardon, peut-être que tu ne penses pas de la même manière que moi. - Fit soudainement Marcus en se redressant dans le canapé, son regard croisant brièvement celui de Benjamin.
— Si ! Bien sûr que si. - Répondit ce dernier en se redressant à son tour, remettant en jeu le contact entre leurs yeux. Il voulait que leurs iris restent ancrés tant que la vie le lui permettait.
— J-je... je ne trouvais juste pas le courage de parler. - Reprit le bouclé, hésitant. - C'est toujours compliqué quand les choses me regardent directement... comme dans ce cas là. Je sens que ça ne va pas le faire si j'essaye de parler.
Marcus cligna les yeux, son regard parcourant chaque centimètre du visage du plus petit, qui détourna légèrement le regard avec les joues légèrement rougies.
— Je suis fait comme ça, je ne sais pas pourquoi. C'est bizarre. - Continua-t-il en posant la manette à ses côtés. - J'ai pas le courage de parler et pourtant je garde bien trop de préjugés envers les autres.
Son regard se leva petit à petit en direction du plus grand, qui ne l'avait pas quitté du regard et le laissait parler en le fixant comme si chacun de ses mots valait de l'or.
— Si je n'avais pas appris à te connaître lorsqu'on a commencé à se parler à Milan, je n'aurais pas toutes les certitudes que j'ai aujourd'hui par rapport à toi. - Fit-il légèrement gêné, se passant une main au milieu de ses mèches bouclées.
— Quel genre de certitudes ? - Lui demanda Marcus, en penchant à peine la tête d'un côté.
— La certitude que tu es une personne incroyable. Celui qui es devenu le soleil de chacune de mes journées. Celui avec qui je me sens immédiatement mieux... - Benjamin marqua une pause, son cœur battant à tout rompre. - ...la certitude que tu es l'homme que j'aime.
⋆
Coupé !
J'espère que vous n'allez pas trop me détester après cette interruption en beau milieu de la déclaration de Benjamin... mais vous avez une bonne raison pour le faire.
Pour la réaction de Marcus et la suite de cette aventure, rendez-vous la semaine prochaine !
En tout cas, laissez-moi fuir l'Italie et son gouvernement d'extrême-droite ( normalement je devrais pas parler de politique mais booon ) qui est le seul pays de l'union européenne à ne pas avoir approuvé le mariage LGBT.
Certains sont encore restés avec une mentalité médiévale, apparemment. Et une ultérieure preuve se trouve dans les commentaires d'idiots sur Insagram en dessous de certaines publications de Benjamin.
C'est ce qui a principalement inspiré la première partie introductive.
Mais bon, ce chapitre est aussi une dédicace à mes amis qui n'aiment pas Benjamin. Les personnes concernées sont trois ( oui oui, bien vous ), mais j'en vise principalement UN.
Mon objectif est de lui faire aimer Benji. Et je vais y parvenir.
Ainsi dit, j'en finis là en vous donnant rendez-vous à la semaine prochaine pour la suite !
Bisous bisous !
— Lily Camavinga
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