Il descendit sur le quai, posa ses baguages à ses pieds et inspecta le hall de la gare à la recherche d'un visage familier. C'est quand ses yeux balayèrent les voyageurs pressés qu'il la vit face au panneau d'affichage qui annonçait les vas et viens des trains. Elle porta la cigarette qu'elle tenait entre son index et son majeur droit à ses lèvres, inspira, puis expira en laissant s'échapper un nuage de fumée qui s'envola au dessus d'elle et se dissipa presque immédiatement. Elle pianotait de sa main libre sur son sac ; un tic qu'elle avait depuis sa plus tendre enfance et qui le faisait toujours sourire. Signe évident de son stresse, bien qu'il ne fut pas le seul. Elle avait également pour habitude de mordre sa lèvre inférieure, ce qui la rendait irrésistiblement séduisante.
Il resta un moment ainsi, à la détailler. Elle n'avait pas changé, mis à part le fait qu'elle semblait embellir d'année en année.
Elle faisait maintenant les cents pas et se déplaçait de manière si élégante... Sa démarche était légère, comme si elle ne faisait que frôler le sol de ses longues jambes élancées.
Il se décida enfin à s'approcher, ne résistant plus à l'envie de la serrer dans ses bras qui l'avait pris à la seconde même où il l'avait reconnue. Il s'avança vers elle mais s'arrêta à une cinquantaine de mètres de son but, soudainement assailli par les pensées qui le tracassaient une heure plus tôt dans le train, voire même depuis qu'il avait à nouveau entendu sa voix après une si longue absence. Serait-elle contente de le voir ? N'avait-elle pas une affreuse nouvelle à lui annoncer ? Elle semblait si soucieuse lorsqu'il l'avait eu au téléphone la veille, quand elle l'avait supplié de revenir la voir... Il avait alors empaqueté le strict nécessaire dans une valise et avait sauté dans le premier train à destination de Lyon.
Elle tourna la tête dans sa direction et il sentit son cœur se serrer quand les yeux d'un marron espiègle de la jeune femme se posèrent sur lui. Lorsqu'elle le reconnut, son visage s'illumina et elle courut vers lui, laissant les doutes qui le préoccupaient une dizaine de secondes plus tôt s'évanouir pour laisser place à une joie qu'il n'avait jamais éprouvée auparavant. Il lâcha tout ce qu'il avait dans les mains, courut à sa rencontre et l'accueillit au creux de ses bras, s'abandonnant à elle comme envouté par ce parfum qui lui avait tant manqué. Ils étaient enfin réunis et peu importe la raison pour laquelle elle l'avait fait revenir, il comptait bien ne plus jamais la quitter.