Tonton

Toute cette histoire est vraie, ça m'est arrivé. Et je ne cache pas que ça a été très dur d'écrire ce chapitre, à chaque fois je finissais en pleurs.

Ame sensible ⚠️

Chantant à tue-tête avec ma mère dans la voiture pendant que ma petite sœur rigolait, ma mère perdit vite son sourire suite à la chanson de Lady Gaga. C'était l'une de ses chansons préférées, Shallow. Sauf que ce jour-là, elle ne lui a pas ramené de la joie. Au lieu d'avancer car le feu était devenu vert, ma mère s'est précipitamment garée sur le côté et à mit ses lunettes de soleil, pleurant, tournant la tête pour pas qu'on la voit. 

Ma sœur et moi ne comprenions rien, elle avait juste tourné la tête deux secondes, et sa joie s'était envolée. Je regardais alors ce qui avait causé sa soudaine tristesse et mon cœur se serra, et les larmes me montaient rapidement aux yeux. 

Un homme, pas loin de la cinquantaine, était dehors avec son fils. Sauf que cette personne, pourtant anodine, ressemblait à quelqu'un de cher, qu'on avait perdu quelques mois auparavant. 

Je me rappellerais toute ma vie ce jour-là...

Si j'avais su que ce 12 août 2021, c'était la dernière fois que je le voyais, je lui aurais dis que même si on se voyait une fois par an seulement 3 jours, qu'on était plus très proche lui et moi, c'est vrai, mais je lui aurais dit que parmi lui et ses frères, il était mon préféré. Son sourire et son ''à la prochaine'' ne me semblait pas faux à l'époque, mais maintenant avec le recul, certains mots et gestes me frappe en plein cœur et me font pleurer. 

En cette matinée du 23 août 2021, tout était parfait. Je prenais le petit déjeuner avec mes parents, ma petite sœur et ma grand-mère maternel sur notre terrasse. Soudainement, un appel de ma tante du Jura, sa femme. 

Moi, rigolant : C'est bizarre que tata t'appelle à cette heure là, répond pas, ça va plomber la journée

Si seulement j'avais su...

Tout le monde avait rigolé à ma phrase, car habituellement, ces deux Jurassiens nous appelaient le soir vers 21h les vendredis ou les dimanches. Pas à 9h un lundi matin. 

Ma mère répondit quand même, et elle s'éloignait, vers la cabane à piscine. Nous avions continuer à manger, mais même si je savais que quand ils appelaient, ma mère restait 1 heure au téléphone avec eux, je le sentais pas. 

J'avais remarqué que mon père avait reçu un message de ma mère et il s'était précipiter vers le cabanon, nous intimant de pas venir. La première fois de ma vie que je voyais mon père si pressé et courir comme ça. 

1 heure que mon père était parti, 1h30 pour ma mère. Ma grand-mère regardait tout le temps son téléphone, au cas où que ma tante l'appelle aussi, mais ce n'est jamais arrivé. 

Je comprenais alors que quelque chose de grave s'était produit, mais malgré mes 14 ans, je n'avais pas mesuré la gravité de la situation. 

Je pensais qu'un de mes deux cousins étaient à l'hôpital, car ils étaient tous les deux asthmatiques. 

Ce n'était pas possible qu'un truc trop grave arrive, comme on dit, ça n'arrive qu'aux autres. 

20 minutes plus tard, mon père revenait, un faux sourire aux lèvres. Il se rasseyait, mangeant dans un silence beaucoup plus que pesant. Ma mère arrivait une dizaine de minute plus tard, les cheveux en pagailles, les fringues froissés, mais ce qui me marquait, c'était ses joues rougies, ses lunettes de soleil à moitié cassé sur son visage meurtri. Elle s'asseyait à côté de mon père sur le canapé du salon de jardin. Ma soeur partit lui faire un câlin, et pleura à son tour dans ses bras. 

Du haut de ses 11 ans, ma soeur avait été extrêmement touché de voir notre mère dans cet état. C'était la première fois de notre vie qu'on la voyait comme ça. Je refoulais mes larmes, mon coeur brisé de voir ma mère comme ça. 

Etant l'ainé, je me suis toujours mit une barrière sur mes sentiments. Jamais montré quand ça va pas. Jamais. Et surtout pas à sa soeur et à ses parents.

Je lui faisais des tartines de beurre à la confiture de fraise, ses préférés. Quand ma grand-mère posa sa main sur un genou de ma mère, elle craqua et sanglota. Elle se leva et partit dans la maison, mon père sur ses talons. Je la regardais partir, ne comprenant rien. Ma grand mère avait prit ma soeur dans ses bras, la rassurant, lui disant que sa maman avait besoin d'être seule.

Le reste de la journée se déroula rapidement, mais elle était très morose. On avait pas vu ma mère de la journée, et le soir elle allait chez un de ses frères, celui avec qui elle ne s'entend plus depuis des années, mon parrain alcoolique. Ma grand mère allait avec elle.

Ma soeur était parti dans sa chambre et moi j'étais sur le canapé avec mon père, et je regardais des photos sur l'ordi de ma mère. Mais pas n'importe lesquels. Instinctivement, j'avais cliqué sur le dossier "Mariage Higgins". Je me regardais sur les photos, toute souriante en train de danser avec tous mes oncles, reprenant l'exemple sur le marié. J'avais 10 ans à l'époque, et je tuerais pour retourner à ce mariage.

Mon père me disait de fermer cet ordi et d'aller le ranger, sans oublier de bien fermé le dossier. Je faisais ce qu'il me demandait, perdue. Enfin, au plus profond de mon être, je savais que quelqu'un était mort. Mais je ne l'acceptais pas. Au début je pensais que c'était ma tante ou un de mes cousins, mais jamais j'aurais pensé à mon oncle. Pas lui.

Quand ma mère et ma grand mère arrivaient à la maison, elles étaient comme ailleurs. Ma grand mère avait le regard perdu, pâle, et ma mère voulait rester forte devant nous.

Je leur proposais de jouer au Bac, comme on faisait à chaque fois que ma mamie venait dormir à la maison, mais elles avaient refuser.

Le lendemain la sœur de ma mère était venu avec mes petits cousins, et c'est pas normal, parce que d'habitude elle vient les mercredis, pas les mardis.

La journée se déroula rapidement, où j'étais en train de faire la folle avec ma sœur et mes cousins. Ma mère, ma marraine et ma grand-mère à l'intérieur, en train de parler.

Quand ils sont tous les 4 partit, j'ai demandé à ma mère ce qu'il se passait, parce que si y'a bien une chose dont j'ai horreur, c'est d'être mise à l'écart et de ne pas savoir ce qu'il se passe.

Moi : Maman, tu vas nous dire ce qu'il se passe ?

Ma mère ne répondait pas.

Ma soeur : On va pleurer ?
Maman : Moi oui

Les larmes commençaient déjà à couler sur ses joues. Et c'est là que le monde des Bisousnours se finissait pour moi. Que j'allais perdre ma famille parce que j'allais rentrer dans la cours des grands.

Maman : Tonton est mort

Je regardais ma mère, puis quand je vis ses larmes couler, je compris que c'était vrai, mon oncle est partit. J'ai pleurer longtemps dans les bras de ma mère. Puis je suis partie dans ma chambre quand je ne supportais plus de tenir sur mes jambes.

Ma mère m'a dit qu'il était mort d'une maladie dont il n'était pas conscience durant la nuit. J'ai appris quelques jours plus tard, en entendant des bribes de conversation ou en voyant rapidement les messages sur le téléphone de ma mère. Il s'est suicidé, en laissant sa femme, et deux beaux garçons de 5 et 7 ans.

Je lui ai avoué que je le savais quelques jours plus tard, lors d'une écoute d'une chanson qui parlait de suicide. Pourquoi tout perdre de Lenni Kim.

Tu as été incinéré un jour avant l'anniversaire de tata, le 26. Et tu as été au cimetière le 23 octobre 2021, dans ton village d'enfance. Tu as séjourné pour la dernière fois chez nous la nuit du 22 octobre. Ça faisait mal de te voir tenir dans une urne. Le lendemain, quand maman a été au cimetière pour t'y emmener et nous emmener chez une copine à nous, je t'avais attaché, au cas où.

Maman voulait pas qu'on vienne le jour de ton enterrement. Elle voulait pas qu'on la voit pété un plomb. Je suis venu te voir pour la première et dernière fois le 25 octobre 2021. J'ai pleurée dans les bras de maman. Ça a été dur de te voir comme ça. Je ne suis jamais revenu jusqu'à ce jour, mais quand j'ai besoin de te parler ou te dire un truc, je le fais d'où je suis.

Tu nous manques chaques jours. Beaucoup de merde à été faite depuis ta mort. Et maman a toujours défendu tata et les cousins, quitte à se mettre toute sa famille à dos, ce qui est le cas. Et c'est mieux comme ça.

Aujourd'hui tonton, ça fait 3 ans que tu es parti. Tu aurais eu 48 ans cette année. On t'aime.

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