Un été a feu doux

partie 1

Je n'avais jamais imaginé passer mon été dans une cuisine professionnelle.

Et encore moins avec lui.

Tout a commencé quand ma mère m'a annoncé, avec son sourire ravi, qu'elle m'avait trouvé un job d'été. « Tu vas apprendre tellement de choses ! » avait-elle dit. Sauf que dans ma tête, un job d'été, c'était vendre des glaces à la plage ou distribuer des flyers. Pas me retrouver en plein coup de feu dans un restaurant branché, entourée de chefs à la voix tonitruante, les cheveux collés par la chaleur et les mains couvertes de farine.

Mais ce n'est pas le pire.

Le pire, c'est Matteo Balsano.

Quand j'étais arrivée, stressée et légèrement en retard (bon, peut-être plus que légèrement), il avait levé les yeux au ciel en me voyant. « C'est une blague ? » avait-il lâché, une spatule à la main, avant de siffler entre ses dents.

Matteo, je le connais depuis longtemps. Toujours trop sûr de lui, avec ce sourire de mec qui sait qu'il est beau et ce regard qui semble toujours vous juger. Évidemment, il était déjà bien installé dans la brigade. Il s'occupait des dressages avec une précision agaçante et se la jouait petit prodige des fourneaux.

Et moi, j'étais la nouvelle qui ne savait même pas découper un oignon correctement.

Dès le premier jour, j'avais réussi l'exploit de faire tomber un plateau de verrines que Matteo venait de dresser. Silence de mort. Tous les regards sur moi.

Lui, il avait juste fermé les yeux un instant, avant de souffler :

- Valente... rappelle-moi, tu es là pour apprendre ou pour saboter le service ?

Autant dire que ce n'était pas le début d'une grande amitié.

Mais je refusais de me laisser impressionner. Même si Matteo passait son temps à corriger mes gestes avec une patience condescendante, même s'il levait un sourcil chaque fois que je ratais un tournedos, travailler avec lui me donnait une envie irrésistible de lui prouver que j'étais capable.

Alors j'ai persisté. J'ai appris à tenir un couteau correctement, à enchaîner les commandes sans paniquer, à résister à la pression des soirs de rush. Et bizarrement, plus les jours passaient, plus Matteo et moi trouvions un rythme. On s'envoyait des piques, oui, mais je sentais une différence. Son sourire n'était plus juste moqueur. Parfois, il était presque... fier.

Et un soir, alors que je dressais un plat avec plus d'assurance, il s'est penché vers moi et a murmuré, pour que seul moi l'entende :

- Pas mal, rookie. Tu deviens presque supportable.

Presque.

J'aurais pu le frapper avec ma cuillère en bois. À la place, j'ai simplement souri.

Peut-être que cet été ne serait pas si terrible, finalement.

Le service du soir battait son plein. Les commandes s'accumulaient, les plats s'enchaînaient à une vitesse folle, et moi... j'essayais de ne pas perdre pied.

- Luna, plus vite !

C'était la voix du chef, un homme à la patience plus courte qu'un soufflé raté. Je me jetai sur l'assiette que je devais dresser, mais mes mains tremblaient encore sous la pression. J'avais l'impression que tout allait trop vite, que je n'aurais jamais le rythme.

Et puis, à côté de moi, Matteo m'observait.

Je le sentais, même s'il ne disait rien. Il travaillait avec une aisance naturelle, ses gestes précis et rapides, comme une machine parfaitement huilée. C'était frustrant. Insupportable.

Et surtout... un peu fascinant.

Il me lança un regard et, sans un mot, attrapa une pincée de micro-pousses pour les disposer sur mon plat.

- Tu as oublié la finition.

J'ouvris la bouche pour protester, mais il enchaîna :

- Avant que tu râles, c'est ton assiette. C'est toi qui l'envoies.

Je fronçai les sourcils. C'était la première fois qu'il me laissait totalement responsable d'un plat.

J'inspirai profondément et me forçai à me concentrer. Mon plat partit en salle. Quand le chef l'accepta sans critique, un soulagement m'envahit.

Matteo m'adressa un sourire en coin.

- Pas mal. Finalement, tu n'es pas un cas désespéré.

Je levai les yeux au ciel.

- Et toi, tu es toujours aussi insupportable.

Il rit doucement avant de retourner à son plan de travail. Mais quelque chose avait changé.

Cette rivalité entre nous n'était plus seulement une suite d'échecs et de moqueries. C'était un défi. Et j'avais bien l'intention de prouver que je pouvais tenir tête à Matteo Balsano.

Les jours passèrent, et je sentais que je gagnais en confiance. Chaque service était une bataille, mais je commençais à m'adapter au rythme, à comprendre les gestes et l'importance du détail.

Et Matteo... restait Matteo.

Toujours moqueur, toujours un peu trop sûr de lui, mais... il m'aidait, parfois de manière détournée. Un conseil murmuré au passage, une remarque sarcastique qui cachait une vraie leçon.

Un soir, alors que nous terminions le nettoyage de la cuisine après le service, il croisa les bras et me regarda avec ce petit sourire suffisant que je détestais autant que j'en dépendais.

- Alors, rookie, toujours envie d'abandonner ?

- Tu plaisantes ? J'ai bien l'intention de te dépasser.

Il haussa un sourcil, amusé.

- Ah oui ? Et comment comptes-tu t'y prendre ?

Je pris une inspiration, puis déclarai avec un sérieux absolu :

- Je vais cuisiner un plat meilleur que le tien.

Matteo éclata de rire.

- Tu rêves, Valente.

- On parie ?

Son regard s'illumina d'un défi.

- Marché conclu.

Et c'est ainsi que notre été en cuisine prit une tournure encore plus intéressante.


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hello ! hâte de lire la partie 2 ?

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