Si tú supieras
Je regarde mon reflet dans le miroir de cette loge. La propriétaire du bar vient de claquer la porte, c'est à moi dans quinze petites minutes, et chaque membres de mon corps me crient de fuir cet endroit.
J'ai les mains moites, et bientôt les jambes flageolantes. Tout me ramène à me dire qu'il ne faut pas que j'y aille, mais je ne peux pas reculer maintenant même si j'ai atrocement peur, je ne peux pas partir. Je n'ai pas fait toutes ces remises en question, et toutes ces heures d'avion pour rien.
Je ferme les yeux, et souffle un grand coup. C'est maintenant ou jamais. Je regarde l'horloge murale, il est indiqué vingt-deux heures quatorze, il ne me reste plus que dix petites minutes avant de rejoindre la scène. Je replace mes cheveux, pince mes lèvres pour bien appliquer mon gloss et après avoir jeté un dernier coup d'œil à mon reflet, je prends mon courage à deux mains et me lève de cette chaise en bois. Je descends la poignée, claque la porte et rejoins les petits escaliers qui mènent à la scène. Quelqu'un vient m'apporter un micro, je souffle, en essayant de garder en tête les raisons de ma venue ici. Je ne suis pas là pour rien. J'espère simplement qu'il sera présent, comme prévu.
Il est de passage en Italie pour deux mois, j'ai dû contacter pas mal de ses amis pour savoir où je pourrais le trouver, ce bar fait partie des endroits où il vient le plus, un jour sur deux il y fait un tour et j'espère que ce soir ne sera pas une exception.
- C'est à toi dans trente secondes ma belle
Je tourne la tête, l'une des serveuses se tient derrière le rideau noir. Je lui souris en la remerciant. Je ne sais pas si je suis prête, je sais simplement qu'il faut que je le fasse. Alors après une grande inspiration, je monte les quelques marches qui me font face, avant d'atterrir sur la scène. Les lumières s'allument, je salue les musiciens qui vont m'accompagner, puis le public. Je m'attarde certainement un petit peu trop sur les gens, assis face à moi.
Je crois qu'il n'est pas là. Je soupire.
Je m'installe sur le tabouret, accroche mon micro à son trépied, et les premières notes commencent.
Je ferme doucement les yeux.
Si tú supieras, si tú supieras
Que yo te daría la vida entera para
Que me quisieras, que me quisieras
Entre tanta gente, baby, entiende
Que yo solo quiero estar contigo
Quédate conmigo
Tú sabes que sobran las razones para amarnos
Tú eres mi destino
Baby, entiende que yo solo quiero estar contigo
Je réouvre les yeux, et le vois entrer dans la pièce. Un sourire habille ses lèvres, il s'enfonce dans la salle avec sa chemise entre-ouverte et ses mains enfoncées dans ses poches. Il est accompagné, de deux amis à lui, et d'une fille, qui semble déjà être en couple.
Contigo en la cama de noche
Contigo en la calle de día
Pa' que todo mundo lo sepa
Te digo mío, me dice' mía
Il lève soudainement les yeux vers la scène lorsque ma voix résonne dans le bar.
La magia que hay entre nosotros
Vivimos una fantasía
Yo sé que aunque he estado con otros
Hoy siento cosas que no sentía
Nos regards se croisent. Son beau sourire s'efface, peu à peu.
Je le vois me questionner du regard, ses sourcils se froncent.
Sé que no es un sueño, que es amor real
Cuida de mi vida, fluye natural
Y lo que paso entre nosotros
Nunca será pasajero
Cuando me dices muñeca
Siento que muero, siento que muero
Mon coeur tressaute contre ma cage thoracique. Je maintiens son regard. Je veux lui transmettre ces paroles. Qu'il comprenne, que je parle de nous deux à cet instant.
Si tú supieras, si tú supieras
Que yo te daría la vida entera para
Que me quisieras, que me quisieras
Entre tenga, baby, entiende
Que yo solo quiero estar contigo
Quédate conmigo
Tú sabes que sobran las razones para amarnos
Tú eres mi destino
Baby, entiendo que yo solo quiero estar contigo
Une lueur d'espoir me traverse, lorsque je vois son visage se détendre un peu. Il s'appuie contre une table, et me regarde comme s'il voulait entendre la suite de cette histoire.
¿ Cómo te puedo explicar ?
Que aunque nuestro amor parece que vive en canciones
Es mucha más grande ya está en muestras corazones
Yo sé que me entiendes, lo sé, yo lo sé
A veces peleamos, ¿qué le vamos a hacer?
Pero yo te amo y me amas también
Si tú supieras, si tú supieras
Que yo te daría la vida entera para
Que me quisieras, que me quisieras
Entre tenta gente, baby, entiende
Que yo solo quiero estar contigo
Quédate conmigo
Tú sabes que sobran las razones para amarnos
Tú eres mi destino
Baby, entiende que yo solo quiero estar contigo
Puis mes espoirs s'estompent, quand ses yeux quittent les miens. Il baisse le regard, son comportement a soudainement changé. Il tripote ses doigts, il ne semble plus très présent mentalement.
Uh, no soy capaz, no soy capaz
De vivir mi vida si te vas
Yo soy capaz, yo soy capaz
De quererte como nadie más, eh
Et lorsque je chante mes dernières paroles. Sans un regard en arrière, il quitte la pièce à toute vitesse.
Mon coeur se serre.
Je remercie le public, et descends le plus rapidement possible de la scène. Je joue des coudes entre les personnes attablées, en essayant de ne pas le perdre de vue, sans grand succès. Il m'échappe plus vite que ce que je n'aurais voulu.
Je pousse enfin la porte de sortie, la chaleur me frappe de plein fouet. Les rues sont sombres à cette heure de la nuit, j'aperçois simplement sa silhouette longer le trottoir du bar. Je m'élance derrière lui, en essayant tant bien que mal de le rattraper.
- Rugge !
Il accélère le pas dès qu'il m'entend l'interpeller. L'air chaud sur mon visage, le bruit des voitures en contre bas, et le coeur qui palpite contre ma poitrine. Je ne peux pas le laisser partir de cette façon, il faut que je le vois, que je le regarde dans les yeux une seconde fois.
- Attends s'il te plaît ! tentais-je une seconde fois
Il se retourne subitement. Je marque un temps d'arrêt, surprise.
- Tu ne peux pas faire ça ! crie-t-il
Sa voix résonne dans la ruelle devenue silencieuse.
- Tu ne peux pas revenir dans ma vie comme si de rien n'était, apparaître ici et chanter une putain de chanson en me regardant dans les yeux !
Ses yeux brillent dans la nuit. Mais ce n'est pas de bonheur, du moins, je ne crois pas.
- Il fallait que je te revois...avouais-je
- Arrête, ça ne fonctionne plus tout ça
Il me tourne une nouvelle fois le dos, et continue sa marche.
- Je suis sérieuse. Ça te manque pas toi ?Je veux dire, le temps où on était heureux. Il ne te manque pas ?
- Non. répond-il sèchement
Je sens mon coeur rebondir dans ma cage thoracique, mes mains sont moites, je me sens mal. Il s'éloigne sous mes yeux, longeant la route humide à grandes enjambées. Et je reste seule, plantée sur ce bout de trottoir à le regarder partir, encore une fois.
Je prends une grande inspiration et mon courage à deux mains, avant de tenter le tout pour le tout.
- Moi si ! m'écriais-je
Je cours en sa direction, et je le vois se retourner une seconde fois.
- Moi ça me manque
Je me retrouve à quelques centimètres de lui. Il me regarde de sa hauteur et pour la première fois, je vois une lueur brillante qui traverse ses yeux. Quelques gouttes de pluies viennent faire retomber ses boucles, le long de son front. Il dévie son regard aux alentours.
- Je veux plus vivre comme ça lâchais-je
Il lève les yeux au ciel.
- Ruggero je suis sérieuse
Je le force à me regarder à l'aide de mes doigts. Nos regards se croisent, et je glisse mes mains sur ses joues les yeux humides.
- S'il te plaît, laisse moi une seconde chance. Je t'aime dis-je dans un souffle
Il me regarde un instant, tandis que la pluie continue de ruisseler sur nos deux peaux éclairées par la lumière de la lune.
- Non. Tu m'aimes uniquement parce que tu m'as perdu Karol
Il baisse le regard et d'un simple geste, il laisse retomber mes mains le long de mon corps, puis tourne les talons. Et cette image de lui qui marche sous le clair de lune, entouré de la chaleur et de la pluie d'Italie, restera à jamais, gravé dans mon cœur et mon esprit.
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N'hésitez pas à regarder le post annonce juste après, c'est très important. Je vous attends dans les commentaires :)
Fin.
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