Matteo ou pas Matteo ?
- Partie 1 -
Une nouvelle journée commençait, sous le soleil de Buenos Aires.
Je passe comme à mon habitude les portes du Jam & Roller, déjà perchée sur mes patins. Pour une fois, je ne fis pas un détour au bar pour saluer un peu tout le monde. J'avais juste besoin de me retrouver seule, seule face à la piste. Moi et mes patins, rien de plus.
Je viens glisser ma main le long de la rembarre froide en fer. Tout ce que j'avais pu vivre dans cet endroit était incroyable. Chaque rencontre comptait, une rencontre comptait.
Je m'avance lentement laissant rouler mes roues sur le sol lisse. Je ferme les yeux et me laisse porter par les mouvements légers de mes jambes.
Voilà maintenant six mois, qu'il était parti. J'avais pris l'habitude de patiner seule, et à cet instant, les yeux clos, j'essayais une chose. Me le sortir de la tête. Ça fait six mois Luna, il reviendra pas. Il ne tiendra pas sa promesse qu'il t'avais fait en début d'année : « Je serais toujours derrière toi la livreuse » m'avait-il dit. Il n'est plus derrière moi depuis bien longtemps. Et j'ai beau me retourner au coin de rue où on avait l'habitude de se croiser, il n'est jamais derrière.
Je tournais en rond, ma toupie durait. J'avais envie de rester dans cette position encore plus longtemps, mais ma tête ne tenait plus. Plus je ralentissais plus ma vision basculait et le sol paraissait former des vagues sous mes pieds. Mon manque d'équilibre me fit basculer en arrière tandis que deux bras viennent me retenir.
« Pour une championne du patin ta prestation n'était pas incroyable » me dit-il un sourire en coin.
Je lève les yeux au ciel.
« Lâche moi Ethan »
« T'es sur ? »
S'il enlevait son bras qui entourait actuellement mon bassin, je faisais un énorme câlin au sol.
« Non, tout compte fait t'es pas
obligé »
Il sourit amusé puis vient me redresser en me collant à son torse. Nos deux visages étaient très proches, à tout moments nos bouches pouvaient se rencontrer. Mes pupilles étaient en contact avec les siennes et mes mains étaient collées à lui. Pendant quelques secondes je m'étais laissée tenter.
« Ne tombe pas sous mon charme princesse » me chuchote-t-il.
Tout chez lui me rappelait sa présence. Ses sourires qui te donnent envie de lui faire bouffer, ses yeux d'un marron profond, ses numéros de charmes à deux balles. J'avais l'impression d'avoir Matteo devant moi. Je ne voulais pas lui répondre, parce que ce n'était pas à lui que j'avais envie de rétorquer une quelconque phrase pour repousser ses avances. Lui n'était pas italien. Il n'était pas lui, tout simplement.
Je le contourne et pars finalement de la piste sans un regard en sa direction. Cette fois j'allais vers le bar, ma tête dans mes pensées, la tête dans les nuages comme à chaque fois. Nina est venue me rejoindre à mi chemin sautillant le sourire aux lèvres, elle me parlait mais je n'entendais rien, je n'écoutais pas. Elle me secouait avec vivacité le bras apparemment heureuse de ce qu'elle venait d'apprendre. Mais sa tête ne cessait d'apparaître dans mon esprit. Les larmes et la peine faisait une nouvelle fois surface, elle vit mon faciès changer et s'arrêta net.
« Luna ça va ? »
Non, ça n'allait pas et ça ne va plus depuis dès mois. J'aimerais le revoir, pouvoir le toucher, lui faire un câlin comme il savait si bien les faire. Revoir son sourire insupportable pendu à ses lèvres, et les faisceaux de lumière passer entre ses boucles parfaites. C'était lui que je voulais, j'avais besoin de sa présence à ce moment précis.
« Luna..vraiment, il faut que je t'amène au
bar »
Je secoue négativement la tête. J'avais pas envie d'y aller. On était pourtant à mi chemin, et voir Simon m'aurait peut-être un peu consolé, mais non. Je refusais catégoriquement d'aller voir les autres. Un caprice, voilà ce que j'étais entrain de faire, un putain de caprice de petite fille de trois ans. Comme si l'on venait de m'enlever mon doudou.
Nina n'était plus seule à mes côtés, quelqu'un l'avait rejoint. J'avais aucune idée de qui ça pouvait bien être, de toute façon ma vue était totalement brouillée par les larmes. La personne me disait quelque chose, et pourtant j'étais actuellement incapable de la reconnaître.
« J'ai toujours préféré quand tu souriais la livreuse »
Mon coeur a faillit rater un battement. Est-ce que j'avais bien entendu ? On me faisait littéralement une blague c'est pas possible. Lorsque sa main vient glisser sur ma peau je pu constater que ça n'en était pas une.
Je relève la tête, et son putain de sourire infernal était bien présent sur son visage. Ma main vient à l'encontre de ma bouche, et mes pleurs redoublent. Je ne pouvais pas y croire, moi qui n'attendais que son retour maintenant qu'il était devant moi j'étais incapable d'en placer une. Je me mords la lèvre et viens me jeter dans ses bras après quelques secondes de réflexion. Ses deux bras viennent entourer fermement ma taille sous ses rires. Les larmes coulaient à présent sur son torse, et putain qu'est-ce que son odeur m'avait manqué.
« Je savais que je t'avais manqué »
J'affiche un sourire contre lui.
« Là je suis incapable de te contredire » dis-je en riant.
Sa tête vient loger dans mon cou, son souffle chaud vient s'abattre contre ma peau.
« Ton rire m'a terriblement manqué » me chuchote-t-il.
Une vague de frisson me parcours l'échine. Il dégage sa tête pour venir me planter un bisou sur la joue gauche. Qu'est-ce ce que ce sentiment était agréable.
« Princesse je t'offre un smoothie ? »
Mon moment de gloire avait atteint le bout. Ethan venait de quitter la piste pour venir me retrouver.
« C'est mon surnom ça » me dit Matteo.
Je me détache à contre coeur de lui, et tourne la tête.
« Oh salut » dit-il en s'approchant de nous.
Il tend sa main vers Matteo, qui le toise du regard. Il avait à présent son bras sur mes épaules et sa main dans sa poche.
« Salut » dit-il simplement.
La conviction du melon n'avait pas changé. Ethan referme sa main confus. Enfin quelqu'un qui allait pouvoir lui faire fermer son clapet.
« Bon la patineuse, tu viens le boire ce smoothie ? »
Matteo me regarde calmement de sa hauteur tandis que mes yeux n'avait pas quitté Ethan.
« Je pense qu'elle avait d'autres plan »
La voix de Matteo avait retentit plus vite que la mienne.
« Mais c'était pas à toi que je posais la
question »
« Mais ma réponse est là même Ethan »
« Quoi ? Attend ce mec arrive comme un cheveux sur la soupe et t'es déjà dans ses
bras ? »
Je lui souris.
« Bah ouais » dis-je en haussant les épaules.
Je vis un sourire vainqueur s'afficher sur le visage de Matteo. Il passe sa main dans ses cheveux tandis qu'Ethan me regardait encore.
« Je dois aller enlever mes patins, tu m'attends à une table ? » demandais-Je à Matteo.
Il acquiesce en me faisant un clin d'œil. Et je le vis s'avancer vers les tables.
« Il est pas super poli ton petit ami la
patineuse »
« C'est pas mon petit ami Ethan » dis-je en roulant des yeux.
Je tourne aux casiers et m'installe sur le banc afin de retirer mes patins. J'enfile désormais mes baskets et essuie mes larmes sèches. Je respire un bon coup. Il était là maintenant, vas le retrouver.
~<>~
« Oh mon dieu tu vas bien, ne fais plus jamais ça »
Je faisais à présent face à une Nina soulagée accoudé au bar.
« T'inquiètes pas Nina, je vais bien » dis-je en riant.
« Oui, parce que ton cher melon est venu à ta rescousse. À croire qu'il sait quand tu te sent mal » fît-elle accompagnée d'une danse des sourcils.
« Ouais si tu le dis, je dois aller boire mon smoothie cupidon. Je peux y aller sans risquer un interrogatoire ? »
« Tu n'échapperas pas à l'interrogatoire » me dit-elle en riant.
Je roule des yeux amusée et finis par l'abandonner et rejoindre Matteo à la table. Il était apparemment absorbé par son téléphone.
« T'écris à ta copine ? »
Je m'assois sur la chaise d'en face le sourire aux lèvres. Il relève la tête un rictus semblable sur le visage.
« Une jolie italienne » dit-il en s'enfonçant dans sa chaise.
« Ah ouais ? » dis-je amusée.
Je savais que son but était de voir ma réaction. Mais à vrai dire j'étais persuadée qu'il n'avait pas vraiment rencontré de jolie italienne.
« Ouais. Elle aussi elle aime le smoothie à la fraise »
Il fit glisser mon verre vers moi, et je le stoppe en le joignant à ma bouche.
« Elle a de bons goûts » dis-je en sirotant ma boisson.
Il me sourit et passe une seconde fois sa main dans ses cheveux avant de s'adosser à sa chaise.
« Pourquoi t'es revenu ? »
Cette question me brûlait la langue. Pourquoi n'était-il pas revenu avant surtout.
« J'ai réussi à convaincre mon père de revenir. Il m'a dit que si je travaillais un peu et si il voyait que je pouvais me débrouiller seul, il accepterais de me faire revenir à Buenos Aires. C'est aussi pour ça que je ne t'ai pas appelé »
« Alors le melon sait se débrouiller seul ? »
« Comme un grand »
Mes lèvres s'étirent. Mon regard toujours fixe sur lui. C'est fou comme en l'espace de cinq minutes il avait pu me faire passer d'un désespoir le plus total, à un bonheur absolu.
~<>~
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