Matteo ou pas Matteo ? 3
- partie 3 -
***
- Et si c'était le cas qu'est-ce que ça te ferait ?
***
Mes lèvres retombent à la seconde où ces mots franchissent ses lèvres. L'idée même qu'il puisse ressentir une once d'amour pour elle me met sur les nerfs. J'en suis conscient, je ne devrai pas réagir de cette manière. Mais j'y peux rien, malheureusement quand il s'agit d'elle ma jalousie a toujours été quelque chose de difficile à gérer.
Voyant ma mâchoire se contracter et ma poigne compresser un peu plus sa main, Luna prit finalement la parole.
- Euh, on peut pas avoir cette discussion ce soir au Roller ?
Il tire un peu sur ses cheveux en bataille en faisant une grimace, et commence à faire les cent pas sans que l'on comprenne vraiment pourquoi. Luna tourne la tête vers moi les sourcils froncés, et je souffle silencieusement en m'impatientant face à l'attitude du brun.
- On peut savoir ce qui t'arrive ? lâchais-je d'un ton lasse
Il s'arrête d'un coup nous faisant face, il me toise dans un premier temps d'un air dur puis son regard passent sur Luna l'air tout à coup plus triste et suppliant.
- Ça fait une éternité que je te cherche Luna ! Et à cause de ce pantin qui n'a pas voulu me dire où tu étais, j'ai pas le droit à une petite minute d'attention de ta part ?
Il pointe sa main sur moi lors du monologue de sa vie morose, et Luna semble totalement déconcertée. Ce n'était pas dramatique, et pourtant à l'entendre on avait l'impression que sa vie dépendait de cette discussion.
- Ethan, c'est juste que là c'est délicat...
- Mais depuis qu'il est arrivé toute discussion est délicate ! Je n'ai pas eu un moment seul à seul avec toi, et je meurs d'envie de te dire quelque chose. Je te demande que quelques minutes, tu ne penses pas qu'il survivra ?
« Tu ne penses pas qu'il survivra ? » J'ai envie de lui faire bouffer son air angélique. Il ne manque plus que les larmes et je serais en plein milieu d'une scène dramatique d'un de ces films hollywoodiens.
- T'es juste arrivé au mauvais moment le coupais-je
- Je me suis adressé à Luna renchéri-t-il
Un nouveau blanc s'installe, durant lequel Luna semble quelque peu gênée. Elle baisse le regard en passant frénétiquement sa main le long de sa cuisse, nos deux regards fixés sur elle.
- Écoute, je dois aller me préparer pour la Roller Jam et j'ai promis à mes parents que je rentrerai avant 17h, alors.. dès que j'arrive au Roller je viens te voir et tu pourras me dire ce que tu veux
La mine du brun semble déçue, mais tout de même heureux puisqu'il affiche un sourire satisfait à notre mexicaine.
Je passe ma main dans mes cheveux en tirant un peu sur mes boucles dans un souffle, avant de me lever du banc. Je lâche Luna pour prendre ma guitare et me retourne finalement vers elle en lui tendant ma main.
- Je te raccompagne ? lui dis-je un sourire en coin
Elle me sourit à son tour, range au plus vite ses affaire au fond de son sac et glisse sa main dans la mienne pour se lever.
- Avec plaisir
- À tout à l'heure Ethan ! renchéri-t-elle
Il lève sa main en l'air en lui souriant, et je passe devant lui non sans un dernier sourire narquois au bord des lèvres.
***
PDV Luna
Je passe les portes du roller en m'embranchant les pieds pour la cinquième fois depuis que je suis partie de la résidence. Je suis arrivée à m'habiller, me coiffer, me maquiller et a apporter des accessoires et tenues pour les filles en un temps records. J'ai aussi faillit mourir à peu près trois fois sur le trajet à cause de mes talons et ma tête en l'air, mais je suis arrivée.
- Luna ! Raconte nous tout ! Comment ça c'est passé ?! s'écrit tout à coup les filles en me voyant entrer
Encore essoufflée de ma course contre la montre, mes pensées embrouillées, je fronce les sourcils en laissant claquer les portes derrière moi.
- De quoi vous parler ? dis-je confuse
- J'ai croisé Matteo, raconte nous tout ! continue Jim
Je laisse un sourire m'échapper en repensant au moment que nous avions passé un peu plus tôt dans l'après midi.
- Ça s'est très bien passé les filles dis-je en riant
Je me fraye un chemin entre les quatre filles, et commence à avancer vers la loge pour me débarrasser des sacs que je trimbalais.
- Tu comptes rien nous raconter ?! s'exclame Yam derrière mon dos
- Luna il me faut ta réaction pour Fab&Chic, es-tu amoureuse de Matteo alias le roi de la piste ?
Jasmin se poste devant moi le sourire aux lèvres, sa tablette en mains attendant avec hâte une réponse.
Est-ce que je suis amoureuse de Matteo ? Bizarrement, je n'ai jamais réellement pensé à cette question. J'ai toujours laissé plus ou moins vivre mes sentiments, et puis notre situation était bien trop conflictuelle pour me poser une quelconque question à ce sujet. Peut-être que je n'avais juste pas envie de me dire que j'étais amoureuse de lui par peur de souffrir. Parce qu'il n'était plus là, et que les choses n'étaient plus pareilles.
- Jasmin ! Laisse la se débarrasser de ses affaires avant de commencer une interview intervient Yam
Elle abaisse sa tablette et je m'empresse de retrouver les loges en évitant cette question le plus possible. Je n'en sais rien, je viens à peine de le retrouver et oui je ressent des choses pour lui, oui j'aime qu'il soit près de moi mais est-ce que c'est suffisant pour appeler ça de l'amour ? J'en sais foutrement rien, on n'a pas encore parlé officiellement d'une quelconque relation et je préfère avoir une discussion avec lui avant d'avancer quoi que se soit au monde entier.
- Il s'est passé quoi ?
- Vous vous êtes embrassés ?
- Il t'as déclaré sa flamme avec une chanson ?
Les filles me font revenir à la réalité en passant à leur tour la porte de la loge pour me mitrailler de questions. Je ris en les entendant déblatérer un nombre incalculable de scénarios possibles et inimaginables à la seconde, je dépose alors les sacs et leur font enfin face.
- Il m'a bien chanté une chanson dis-je pour commencer
Jasmin ouvre en grand la bouche, les yeux pétillants attendant avec impatience la suite de l'histoire.
- Et on s'est embrassés
Les quatre filles sautèrent à l'unisson dans un élan de joie presque instantanément tout en déclarant à quel point Matteo pouvait être romantique quand il s'agissait de moi, et c'était l'occasion de m'éclipser en dehors de la pièce pour éviter un autre questionnaire de trente minutes.
Je profite pour regagner le bar où j'espérai trouver Ethan pour avoir cette fameuse discussion, me connaissant si je ne vais pas le voir maintenant, ça va encore me sortir de la tête. Arrivée vers celui-ci, Pedro me fit un large sourire, mais aucun Ethan à l'horizon, alors je rebrousse chemin et décide de m'avancer plutôt vers la piste.
C'est dans le petit couloir, sur l'un des fauteuils mis à disposition pour les patineurs que je le trouve. En me voyant arriver, il se lève, le sourire aux lèvres et s'approche pour me faire la bise.
- Tu es sublime ce soir
Aïe. Même si je pense que le compliment partait d'une bonne intention, les deux derniers mots n'étaient pas nécessaire.
- Merci répondis-je quelque peu gênée
La discussion n'avait pas commencé qu'elle prenait déjà une tournure étrange. Ethan et moi n'avions jamais eu une quelconque discussion sérieuse, et ce comportement ne lui ressemblait même pas. Je ne me suis jamais sentie complètement à l'aise et moi même avec lui, sans aucune réelle raison apparente.
- Eum, alors ? De quoi tu voulais me parler ?
Il se gratte la nuque frénétiquement soudainement un peu gêné.
- Je.. c'est compliqué, je sais pas comment t'expliquer ça
- Dis le moi c'est tout l'encourageais-je
Il fourra les mains dans les poches de son pantalon comme pour se donner de l'assurance, et commence enfin.
- Je sais pas, je trouve qu'on s'entend plutôt bien tout les deux et je ne voulais pas laisser passer ma chance alors...
- Tu penses que tu accepterai de venir boire un verre avec moi ?
Je fis la grimace, parce que je sais qu'elle allait être ma réponse, et que je sais ce que je ressens également. Et mes sentiments pour lui sont tout sauf de l'amour, j'en suis certaine.
- C'est que.. c'est délicat.. repris-je en me balançant d'un pied à l'autre
- Laisse tomber j'ai compris souffle-t-il
Un peu confuse, je le regarde. Il passe une main dans ses cheveux ébouriffées dans un souffle presque inaudible.
- Comment ça ? demandais-je alors
- C'est ce pantin c'est ça ?
Je roule des yeux, exaspérée par son comportement lorsque nous parlons de lui.
- Il s'appelle Matteo
- Oui peu importe, c'est à cause de lui ?
J'acquiesce timidement en me frottant le bras, les yeux baissés vers mes chaussures. C'est évident en réalité je crois, il est là et je sais que peu importe le garçon qui m'invitera à sortir, s'il n'est pas italien et qu'il ne s'appelle pas Matteo ma réponse sera non.
- Pourquoi c'est différent avec lui ? Qu'est-ce que j'ai fait pour que tu me porte aussi peu d'attention ?
- Ma relation avec lui a toujours été comme ça. C'est comme un lien, je le contrôle pas
- Mais qu'est-ce qu'il a de plus que moi ? Pourquoi le choisir lui si on se ressemble autant que tu le dis ?
Un ange passe. Et je me remémore toutes ces similitudes que j'ai constaté durant plusieurs mois, toutes ces mimiques ou ces bouts de phrases qui ont été à deux doigts de me faire flancher. Juste parce que ça me ramenait à lui.
C'est peut-être stupide. Mais la réponse était évidente, je la connaissais, depuis déjà un bon moment.
Qu'est-ce qui les différencie ? Beaucoup de choses. Deux personnes peuvent se ressembler, mais ça ne fait pas d'elles deux personnes identiques. Deux jumeaux ne seront jamais les mêmes aux détails près, il y a toujours quelque chose qui vous fait dire que ce n'est pas pareil. L'amour fonctionne comme ça aussi. Tu peux aimer deux personnes très forts, il y aura toujours quelque chose qui retiendra plus ton attention qu'une autre. Un détail, un mot, une phrase. Et c'est à ce moment là, que tu sauras qui choisir, ou qui aimer toute ta vie.
- Lui je l'aime, elle est là toute la différence
Son visage me parut tout à coup plus vide, même la lueur d'espoir qui voilait ses yeux quelques secondes auparavant avait disparu. Je crois que je m'en veux. Je m'en veux parce que malgré le fait que je passais la plus part de mon temps à éviter sa présence, je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas un mauvais garçon. Je le sais, parce que j'ai vécu la même situation avec Matteo au début de notre rencontre. Sa manière d'être, sa façon de parler, ses sourires en coin, ses réflexions, tout chez lui m'irritait au plus au point. Mais au fond de moi je savais que tous ces artifices étaient seulement le fruit d'un grand manque de confiance et d'amour. La nuance, c'est qu'avec Matteo on a toujours eu cette alchimie qui faisait que même lorsqu'on ne s'entendait pas tellement on s'attirait quand même malgré nous. Je n'ai jamais pu me tenir bien loin de lui, même quand on se disputait pour une histoire de taquinerie continuelle. C'était comme ça, et ça l'a toujours été. Lorsque je ne le croisais pas une fois au Black ou au Roller je m'inquiétais, ou je savais que ma journée n'allait pas être la même. Quand je ne croise pas Ethan, ce sentiment n'entoure pas mon coeur.
Alors je m'en veux de lui dire que je ne ressent pas la même chose que lui, parce que je sais au combien ça fait mal.
- Je suis sincèrement désolée Ethan
Il secoue la tête de droite à gauche, le visage plutôt neutre.
- C'est comme ça. J'espère juste qu'il prendra soin de toi
- Merci soufflais-je
Je lui adresse un léger sourire puis il tourne les talons dans la direction opposée. Il n'y a que de cette manière qu'il pourra tourner la page, m'oublier, si tenté qu'il ait des sentiments assez développés pour le faire.
- Il a beaucoup de chance
Sa voix retentit derrière mon dos alors que j'étais de nouveau plongée dans mes pensées. Je me retourne, et entre en contact avec ses orbes marrons.
- Qui ça ?
Les mains dans les poches, il est adossé à l'ouverture qui se dresse face à moi. Et malgré mes nombreuses tentatives pour ne pas le détailler de la tête au pied, je ne pu empêcher mon regard de descendre un peu plus bas. La chemise qu'il porte est ouverte de trois boutons, et celle-ci est rentrée dans un pantalon en toile noire. Il tient entre ses doigts un médiator bleu qu'il tripote sans cesse.
- Le mec dont tu parlais
Un sourire dessine doucement mes lèvres.
- Tu disais que tu l'aimais. Il rattrape son médiator et le fourre dans sa poche en s'avançant. Il a beaucoup de chance
- Mmh il se pourrait que tu le connaisse
Il fit un fausse mine surprise en levant ses deux sourcils, dévoilant un peu plus son regard.
- Vraiment ? Qui c'est ? J'aimerai aller féliciter ce veinard
Je ris en le laissant s'approcher encore un peu. Son torse me fait maintenant face, il n'est plus qu'à quelques centimètres de moi et je peux déjà sentir son odeur me chatouiller les narines.
- C'est toi idiot
Son sourire en coin s'élargit, et je cru défaillir en découvrant son regard après mes mots. Il est doux, et me transperce le cœur sous toutes ses coutures. Je ne saurais d'écrire la manière dont il me regarde à cet instant, parce que c'est indescriptible. Et soudain la phrase de sa chanson prend tout son sens « Je vois dans tes yeux le reflet de mon amour pour toi ». Au début, je pensais qu'elle illustrait simplement l'amour qu'il disait me porter, mais je viens de me rendre compte à quel point cette phrase est vraie. Quand je le regarde, je vois combien je l'aime, et c'est beau à voir.
- Alors c'est moi le chanceux ?
Il dépose délicatement sa main contre ma joue, le bout de ses doigts viennent replacer une mèche rebelle de ma chevelure, et petit à petit son souffle s'écrasa sur mon visage.
- Et c'est moi la chanceuse dis-je doucement
Je comble le peu d'espace qui séparait son corps du mien en enroulant mes bras autour de son cou. Matteo m'a toujours plus ou moins intimidé, lui et son air si confiant. Pourtant, lorsque nous étions si proches, j'avais l'impression d'être celle qu'il protégerait à vie.
Il prit doucement mon menton entre ses doigts, me rapprochant encore un peu plus de lui. Son nez vient frôler le mien à plusieurs reprises, et nous arracher un sourire. Nos lèvres jouent ensemble, elles se cherchent comme pour faire durer ce moment et ces sentiments un peu plus longtemps. Puis finalement, à bout de force, je les scelle comme si ma vie en dépendait et se fut l'explosion au creux de mon ventre. Les papillons virevoltent tous en même temps, à une allure folle, mon coeur bat un peu trop vite et mon cerveau semble ne voir que lui.
On se détache à contre coeur, et nos regards se plantent l'un dans l'autre. Le souffle court, la chemise à demi ouverte, ses boucles dégoulinantes sur son front, il est beau. Il est incroyablement beau, et je l'aime de tout mon être.
- Arrête de baver mon ange rit-il
Mon coeur fit un bon dans ma poitrine et je reste en apnée durant un instant. Déjà tout ça était incroyable, et le simple fait de me dire que nous étions ensemble me remplissait de joie, mais l'entendre m'appeler mon ange était la goutte qui fit déborder mon coeur.
Les bras encore enroulés autour de son cou, je pousse sur la pointe de mes pieds pour me lover encore un peu plus dans ses bras et nicher ma tête dans son cou.
- Je t'aime Matteo soufflais-je
Ses deux bras s'enroulent tels deux serpents autour de mon bassin et il pencha sa tête jusqu'à mon oreille, laissant apparaître une traînée de frissons sur son passage.
- Moi aussi je t'aime mon ange
***
Fin.
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