La promesse
J'ouvris les yeux, l'air plus fatigué qu'auparavant, c'est la sonnerie de mon téléphone qui m'a réveillé. J'entreprends de regarder qui avait bien eu l'idée de m'appeler sans aucune grande raison. C'était Simon. Je ne réponds pas et repose mon portable sur le bord du canapé. J'avais pas le moral de discuter avec qui que se soit. Je m'assois et passe mes mains sur l'entièreté de mon visage, encore endormi. Je jette un second coup d'œil à mon écran d'accueil lorsque l'appel se transforme en un message d'appel manqué. 18h23 était écrit en gros chiffres blancs. J'avais dormi 1h30.
Je me relève, éreinté, jusqu'au comptoir de la cuisine où je me servis un verre d'eau. Je m'assis un instant le verre entre les mains. Mes yeux étaient plongés dans le vide, la bouche pâteuse, les doigts sur la parois froide, ma jambe tressautante. Son sac était posé sur l'une des chaises du bar, je ne sais pas ce qu'elle faisait ou si même elle se trouvait dans la maison.
Je me lève et vais mettre mon verre dans l'évier en trainant des pieds. Je m'y accoude trente secondes, la tête dans les mains en soufflant. J'ai envie de me réveiller de ce cauchemar. Qu'elle attende que je me réveille, adossée au comptoir un sourire aux lèvres. Qu'elle me demande si j'ai bien dormi, qu'elle me sermonne d'avoir somnolé plus longtemps que prévu, et qu'elle m'enlace. J'avais besoin de sentir sa chaleur se mélanger à la mienne, de la serrer fort contre mon torse. Je ne fis rien de tout ça, je me suis redressé pour monter à l'étage. Un papier froissé et mis en boule avait été mal jeté et avait atterri à côté de la poubelle. Je le pris et le déplie. C'était son écriture.
" Je suis sortie, Nina avait besoin de moi pour l'anniversaire de Gaston. Est-ce que tu pourrais essayer de me retrouver mon pendentif ? Je ne sais pas où je l'ai mis, j'en ai vraiment besoin...
Bisous, je t'aime"
Puis quelques mots étaient gribouillés et rayés au dos, presque illisiblement.
" Je suis rentrée, c'est plus la peine"
Ses mots étaient rayés, comme si elle était déçut que je n'ai pas pu voir son mot.
Je passe ma main dans ma poche et y ressort son bijoux. La lune pendait au bout de la chaîne en argent. J'aimais l'avoir sur moi quand on était en froid, c'est presque si ce pendentif était plus important pour moi que pour elle. J'avais l'impression de l'avoir avec moi tout le temps, je me sentais moins vide.
Je referme la paume de ma main sur son collier et prends le chemin vers l'étage.
J'ai longé le couloir dans un silence de plomb, aucun bruit ne résonnait dans la maison. Toutes les portes étaient fermées ou entre baillées, j'en ai ouvert quelques unes mais aucune trace de Luna pour le moment. J'entreprends finalement d'ouvrir la dernière porte du couloir, qui s'avérait être notre chambre. Ou la mienne depuis quelques jours. Elle s'endort sur le canapé la plus grande partie du temps, avec tout le travail qu'elle accumule. Et lorsqu'elle vient dans notre chambre, c'est quand elle revient d'un repas avec ses copines vers une, voir deux heures du matin, et elle prend soin de rester de son côté du matelas.
Elle était debout face au lit, et se détachait ses longs cheveux bruns. Ils coulent en cascade jusqu'à ses omoplates, à la vue de sa tenue elle revenait du sport. Elle se tourne et semblait chercher quelque chose, vue le regard divaguant qu'elle affichait. Mais un geste attira mon attention. Elle passe sa main à son cou comme elle le faisait pour attraper son collier, que j'avais dans ma poche. Lui était différent. Je ne lui ai jamais acheté un bijoux de la sorte. La pierre qui y brillait au centre devait coûter un bon prix, toute la parure était très fine, comme une touche d'élégance.
Mon ventre se resserre. Si c'était quelqu'un d'autre qui le lui avait offert ? Si c'était un autre garçon ?
Au lieu de reculer j'ai malencontreusement fait bouger la porte avec mon pied, la faisant grincer pour la même occasion. Elle se tourne vers moi à l'entente du bruit, et je ne pu faire autrement que faire semblant de vouloir entrer dans la chambre.
- Ah Matteo il fallait que je te parle.
Mon ventre se tord en deux, il me fait mal. J'ai pas envie qu'elle m'annonce une quelconque nouvelle.
Elle s'assoit sur le lit, comme pour m'inviter à faire de même. Quand elle se pose pour m'annoncer quelque chose, c'est que le sujet est sérieux.
J'aime pas cette ambiance. Je me triture les mains moites dans tous les sens, jusqu'à me les passer plus de cinq fois dans les cheveux. Et elle qui regarde tout sauf ma direction, cherchant désespérément ses mots. Sérieusement, quand est-ce qu'on va se réveiller ? Quand est-ce qu'on va comprendre que ce n'est pas en se comportant comme deux ados de quinze ans qu'on va y arriver ? Même si maintenant, je doute qu'il y ait besoin de se réveiller...
- Il faut que tu sois compréhensif s'il te plaît.
J'acquiesce, étant dans l'incapacité de dire quoi que se soit. La peur m'envahissait, c'était plus fort que moi. L'angoisse de l'entendre dire que notre histoire est finie est bien trop grande.
- Ça me concerne majoritairement, toi, t'y es pour rien dans cette histoire.
J'ai mal au coeur. J'ai la gorge sèche, et les mains moites. Elle va le dire c'est sur. Elle va m'avouer qu'elle a trouver quelqu'un d'autre, que je ne m'occupe pas assez bien d'elle, que j'ai pas su le faire...
Elle a trouvé mieux dans les bras d'un autre c'est tout. Et peut-être qu'elle aura eu raison. J'ai pas su en prendre soin comme je me l'étais promis, être à ses côtés à chaque instants de sa vie. J'ai pas su faire tout ça, mais j'avais pas le droit de ne pas tenir la promesse que je m'étais faite.
- Je sais pas comment te dire ça..
Je baisse la tête, les yeux embués. J'ai pas envie de te l'entendre dire tout court. Je veux qu'on retourne dans le passé, je vais arranger les choses, je te laisserais pas seule comme je l'ai fait ces dernières semaines. Je ferais dotant plus attention à toi, je te ferais pas la gueule pour une histoire futile, je te montrerais que je t'aime. Je ferais tout ce que tu veux, mais ne prononces pas ces mots..
- Ambre a insisté pour que je te le dise le plus rapidement possible. elle rit un peu. Parce que me connaissant j'aurais toujours trouvé une excuse pour repousser.
Ma vue était presque brouillée. Ma gorge me faisait un mal de chien, j'avais du mal à avaler, je me concentrais seulement sur un point invisible du carrelage. Et sur sa voix, malgré moi.
- J'ai rencontré quelqu'un à la résidence.
Boum. En plein cœur.
Je resserre mes poings et plisse les yeux avec une douleur infâme. Une goutte cristalline quitte mon œil pour venir s'écraser sur le sol.
Elle a rencontré quelqu'un.
J'étais incapable de prononcer un quelconque mot, ma voix allait dérailler. J'aurais voulu ne jamais ressentir cette douleur au creux de mon cœur. Elle y avait rentré une flèche.
- Une personne que je n'aurais pas du rencontrer à vrai dire..
Je ne la regardais pas, je n'avais pas envie de subir encore ses paroles mais j'étais impuissant, incapable de l'interrompre dans son discours. Je voulais en avoir le cœur net. Savoir si ce mec valait mieux que moi. J'avais ce besoin égoïste de savoir si il était mieux que moi.
- J'ai beaucoup parlé avec elle, on a appris à ce connaître jusqu'au jour où Mme. Benson l'a su. Malheureusement pour elle j'en savais déjà peut-être trop à son goût.
Elle tourne sa tête vers moi, ça faisait peut-être trop longtemps que je n'avais pas dit un mot. Elle me vit, les yeux fermés et la joue légèrement humide. Elle enlace mon bras, pour coller sa tête à mon épaule.
Mais pourquoi le faire alors que son histoire n'allait pas dans mon sens.
- Cette personne c'était son père.
J'ouvre les yeux, mes muscles encore énormément tendus. Elle me regardait du coin de l'œil, et j'attendais juste la suite.
- Sharon m'a caché beaucoup de choses, même trop pendant des années.
Elle passe son index sur ma joue pour effacer les gouttes d'eaux.
- Et j'ai appris que j'étais sa nièce.
Elle fond littéralement en larmes à la fin de sa phrase. Je suis resté stoïque un instant.
Sa nièce ?
Je me tourne vers elle, et la regarde comme pour être sur d'avoir assimilé chacune de ses paroles. C'est comme si c'était un soulagement pour moi. Elle allait pas bien, certes. Mais je pouvais être là pour la réconforter, je pouvais faire quelque chose.
Alors je la pris dans mes bras, prenant encore conscience de sa nouvelle.
- Tu es...Sol Benson ? articulais-je.
Elle acquiesce entre deux larmes.
- Elle me l'a caché toutes ces années Matteo. Elle savait que je cherchais des réponses, et si je n'avais pas rencontré Alfredo je n'aurais rien su.
Je lui frotte le dos comme pour calmer ses pleurs. Les rôles avaient été échangé en l'espace de quelques secondes.
- Mais tu le sais maintenant c'est le principal. tentais-je de la rassurer.
- Et tes parents ? Comment ils ont pris la nouvelle ?
Elle hausse les épaules perplexe.
- Bien, je crois. Ils m'ont dit qu'ils seraient là pour me soutenir.
- Alors t'as pas à t'en faire mon ange, tes parents seront derrière toi comme toujours, tes amis aussi, et je serais là si t'en as besoin.
- Merci. chuchote-t-elle.
- Hey. Je lui relève le menton et attrape l'une de ses mains. Il n'y a pas de melon sans sa livreuse. souriais-je.
Elle rit à son tour et vient m'enlacer tendrement.
Je n'avais peut-être pas su tenir ma promesse correctement jusqu'à maintenant, mais une promesse n'a pas de date de péremption.
Une promesse c'est pour la vie, alors je suis prêt à me rattraper.
__________
Fin.
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