L'ultime choix

Luna

Depuis toute petite, je passe ma vie à m'adapter. Mon enfance se résume à changer de pays, de ville, de maison, d'amis, et de belle-mère. Comme si tout n'était pas assez compliqué comme ça. Mon père choisi une nouvelle femme dans chaque nouvel endroit où nous habitons, et ça, depuis que maman est morte. Je crois que ça a toujours été un moyen pour lui d'enfouir sa tristesse, de faire son deuil, en quelques sortes.

La dernière destination a été l'Argentine. On s'est installé dans une villa, et quelques mois plus tard j'ai accueilli une nouvelle belle mère. Mais cette fois, rien n'a été comme d'habitude. Après un an de relation, mon père l'a demandé en mariage. Ils sont parties en lune de miel pendant une semaine, et cinq mois plus tard, mon père est partie. Lui aussi, rejoindre les étoiles. Me laissant seule avec Victoria, ma belle mère, dans cette grande résidence au milieu de Buenos Aires.
Ça a été difficile au début, on ne peut pas dire qu'elle et moi entretenons une belle relation. Je me suis réadaptée à ma vie, je me suis fais de nouveaux amis, j'ai fait de nouvelles rencontres, pris de nouvelles habitudes, et puis j'ai fini mes deux dernière années au lycée. J'ai eu mon bac et ai envoyé des lettres de motivation dans des écoles d'architecture, comme le voulait Victoria.

Ça fait deux ans que je vis sans mon père. Ma vie est devenue étrange depuis. Je suis bien entourée, et je crois que les moments où je suis le plus heureuse sont lorsque je passe du temps avec mes amis. Mais à la maison rien n'est pareil, l'ambiance est loin d'être chaleureuse, et je vis entre les nombreuses soirées mondaines qu'organise ma belle-mère pour montrer aux gens à quel point elle a de l'argent. En réalité, cette fortune et tout ce dont elle s'approprie était à mon père, et elle fait comme si il n'avait jamais existé.

Elle s'octroie le droit de s'occuper et de gérer toute ma vie, de mon attitude à mon études, puis mes amis et enfin et surtout, de ma vie amoureuse. Elle s'en est toujours mêlée, sans raison apparente, mais elle me donnait son avis, des soit disant conseils, des soit disantes leçons de vie, jusqu'à aujourd'hui. Cette fois, elle ne se contente pas de simplement me donner son opinion. Quand je lui ai dit ne pas vouloir faire les études qu'elle souhaitait que je fasse, et qu'en prime je voulais m'installer dans un appartement avec mon copain à la rentrée, ça a été la goutte de trop pour elle.

- Tu n'iras pas dans cette école, et encore moins t'installer avec ce garçon dans un appartement Luna

- Mais je n'ai aucune envie d'aller dans une école d'architecture, et puis ma vie privée ne te regarde pas Victoria

Elle se retourne vers moi, ses sourcils parfaitement redessiner au crayon se fronces et elle plante ses mains sur ses hanches.

- Tu as toujours voulu faire une école d'architecture, alors tu iras, ce n'est pas une question. Et ta vie privée me regarde lorsqu'elle parle d'habiter avec un garçon jeune fille

- Non, c'est toi qui a toujours voulu faire ces études, je me suis toujours contentée de t'écouter et de ne pas te contrarier mais on parle de mon avenir Victoria

- Écoute tu as reçu des réponses positives pour ces écoles donc tu iras la bas, et puis de toute façon il me semble que ton petit ami ne fera pas des études a Buenos Aires donc la discussion est close

C'est simple, Victoria n'a jamais aimé mon copain. Pour aucune réelle raison, juste comme ça, parce qu'elle n'aime aucune de mes décisions de vie.

- Mais c'est quoi ton problème avec Matteo à la fin ? Il est gentil et bienveillant, il ne t'as jamais manqué de respect, qu'est-ce qui te plaît pas chez lui ?

Elle souffle d'exaspération, puis masse ses tempes avant de tourner les talons vers la cuisine.

- C'est un instinct maternel Luna, ces choses là se sentent et lui il va te faire du mal

- Sauf que c'est ma vie Victoria, et ce n'est certainement pas parce que toi tu ne l'aimes pas que je vais me séparer de lui

Elle dépose calmement sa tasse de tisane sur le comptoir sous le regard de la cuisinière, et se tourne vers moi lentement.

- Mais si il est si parfait que ça, vas le retrouver. Vas habiter avec lui, étudies avec lui, crois à toutes ses promesses et ses mots d'amour. Vas-y, mais surtout, ne reviens pas lorsqu'il t'aura brisé le coeur

Je crois que jamais aucun de ses mots ne m'ont fait autant de mal. Elle a souvent été blessante, crue ou sans coeur dans ses paroles, mais cette fois elle me demande de partir et de ne jamais revenir. Comme si ça ne l'affectait pas, comme si je n'avais pas déjà perdu toute ma famille.
C'est blessant, mais peut-être qu'au fond ça me soulage. Je n'ai plus envie de vivre ça, ses critiques et leçons de morales à longueur de temps, ses soirées, ce manque d'amour qui règne entre les murs froids de cette résidence. C'est peut-être la meilleure solution, celle qui me permettra de me reconstruire, et d'être heureuse.

- Très bien. Je fais mes valises aujourd'hui

Je fais demi tour sous son regard surpris, et m'arrête à l'embrasure de la porte pour lui faire face une dernière fois.

- Mais surtout, n'oublies pas que dans quelques mois, tout ça me reviendra de droit

Son visage se décompose à l'instant même où je passe le pas de la porte. Dans quelques mois j'aurais dix-huit ans, et bien que mon père soit partie en me laissant seule face à une femme des plus manipulatrice, il m'a aussi légué tous ses biens. Je crois que Victoria l'a toujours eu en travers de la gorge, puisque à part sa voiture et un peu d'argent, il ne lui a rien laissé d'autre.

**

Je descends ma dernière valise dans le hall de l'entrée, la gouvernante m'adresse un grand sourire de compassion tandis que j'attrape ma veste. Je n'attends pas que Victoria daigne sortir de sa chambre pour partir, de tout façon, ça ne sera pas des au revoir très chaleureux. Je pousse les grandes portes blanches, et empoigne mes valises avant de descendre les grandes marches en pierre. Le soleil tape sur la ville, les oiseaux chantent comme si l'univers me criait que j'avais fait le bon choix. Le chauffeur range tous mes bagages dans le coffre, et il démarre enfin.
La résidence passe sous mes yeux, je détaille chaque recoin du grand jardin que je ne reverrai plus pendant un petit moment, puis j'observe les grilles du portail glisser lentement devant ce paysage. Un poids se retire de ma poitrine, à l'instant où la voiture se retrouver sur la route. J'ai l'impression de respirer à nouveau, même si ça fait mal, ma nouvelle vie est devant moi, prête à m'ouvrir les bras.

On se gare devant une grande Maison Blanche, je descends du véhicule et récupère mes affaires avant de remercier le chauffeur. Il m'adresse un sourire, tandis je m'avance vers l'entrée. Je sonne au grand portail noir et patiente un moment, je prends le temps pour réfléchir à tout ce qu'il vient de se passer. En l'espace de deux heures je me suis disputée avec ma belle-mère, ai prit la décision de ne plus revenir, et suis partie sans vraiment réfléchir. Je ne sais pas où tout ça va m'amener, j'angoisse un peu à vrai dire, maintenant que j'ai eu le temps de prendre consciences de ce que je venais de faire.

Les doigts serrés contre la poignée de l'une de mes valises, le portail s'ouvre enfin face à moi, puis des pas se font entendre dans l'allée de graviers. Mon regard se relève et se plante dans le sien, il passe ses mains dans ses cheveux le sourire aux lèvres. Ses petites fossettes sont apparentes, et les petits éclats de bonheur dans ses yeux scintillent.
Puis tout s'évapore, lorsqu'il aperçoit mes valises.

- Je suis partie dis-je doucement

Il m'adresse un petit sourire de compassion, et vient m'enlacer le plus fort possible. Des larmes silencieuses viennent doucement prendre place sur mes joues. Il fallait qu'elles sortent, que je me débarrasse enfin de cette douleur, pour toujours.
Matteo est au courant de tout ce qui se passe à la résidence, et ça a certainement été le premier à me soutenir quand c'était un peu trop dur pour moi. Il a été le premier à m'encourager pour prendre la voie dans laquelle je voulais vraiment étudier, et tenir tête à ma belle-mère, même si ça voulait dire que notre relation allait encore plus s'effriter.

- Ça va aller, t'as fait le bon choix me rassure-t-il

Je n'ai pas fait le bon choix, j'ai fait le seul choix qui pouvait m'apporter l'opportunité de vivre ma vie autrement que dans l'angoisse permanente.

- J'ai peur Matteo, je ne sais pas du tout où je vais pouvoir aller en attendant. Puis toute cette nouvelle vie sans personne, me stresse

Il se détache un peu et prends mon visage en coupe, il nettoie mes joues de ses doigts, puis replace mes mèches derrière mes oreilles.

- Reste là, il ne reste que trois semaines avant la rentrée, on avisera plus tard, et tu n'es pas seule Luna. Tous tes amis sont là, je suis là, et c'est tout ce qui compte

Je lui souris. Il a raison, tous les êtres qui me sont chers m'épaulent et m'entourent chaque jours. C'est tout ce qui compte.

- Tu as raison dis-je en nichant ma tête dans son cou

Il ressert son étreinte autour de mes hanches, et je lui chuchote :

- Je t'aime Matteo

- Je t'aime aussi, Luna

~~

Fin.

Heyyyy (:

Nouveau one shot, ça sera le seul de cette semaine malheureusement :/ J'ai pris un peu de retard, j'espère pouvoir en poster deux la semaine qui arrive !

Qu'en avez-vous pensé ?

Bizousss <3

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