L'amour
Il y a des choses dans la vie qu'on ne contrôle pas, et l'amour en fait définitivement partie. On nous le conte comme une merveilleuse aventure, semée d'embûches et de pleurs, parfois, mais on le dit beau l'amour.
Je suis peut-être encore trop jeune pour le définir, mais je crois que certaines choses se vivent simplement. Elles se ressentent, pour chaque individus d'une manière différente et c'est ce qui rend cet amour si unique. Comme les papillons dans le ventre, les sourires, les yeux qui pétillent, ou la douleur cinglante qui compresse ton torse. Les larmes qui perlent sur tes joues ne changent en rien cette affliction, ton coeur est brisé, et plus rien ne compte.
Le mien vient de se fendre en deux, à l'instant même où elle me parle.
- Toi et moi on se comprend plus, alors oui, le mieux c'est qu'on se sépare
- Tu ne pense pas ce que tu dis ? je demande comme pour me rassurer
Mais la lueur qui passe dans son regard ne ment pas, elle pense ces mots et elle croit dur comme fer que c'est la seule solution à notre problème.
- Bien sur que si je pense ce que je dis Matteo. Le problème c'est qu'il n'y a que toi qui ne voit pas que ça ne va plus entre nous, ta carrière est devenue ta priorité depuis quelques mois et j'ai beau essayer de te donner des conseils tu fais le sourd. Tu ne veux rien entendre, comme d'habitude, et j'en ai marre que cette relation ne fonctionne qu'à sens unique
- Quoi que je fasse ça ne te convient plus Luna ! J'ai beau t'écrire des chansons d'amour, ou te prouver combien je t'aime devant tout le monde je ferais toujours tout de travers ! Alors je dois faire quoi ?
Un ange passe. Elle baisse la tête en fuyant mon regard, je connais bien trop cette expression, et j'ai l'impression que l'on me broie petit à petit un peu plus le coeur lorsque je la comprends. Elle triture la bague que je lui ai offerte, son regard se plante dans le mien et c'est moi qui n'ose plus la regarder.
- Me laisser tranquille. On est en train de se détruire, alors je préfère partir maintenant avant qu'il ne soit trop tard
Son dernier geste fut de me tendre du bout des doigts son bijoux, comme pour appuyer ses paroles, et accroître ma douleur.
Sans conviction j'attrape tout de même la bague, mais essaye de la retenir lorsque je la vois commencer à prendre le chemin inverse.
- Luna, il n'y a vraiment aucune autre solution ?
- C'est mieux pour nous deux, Matteo me dit-elle avant de tourner les talons
Je jette ma tête en arrière, les larmes me brouillent la vue et pourtant, je l'aperçoit continuer son chemin. S'éloigner de moi à chaque seconde, puis mon coeur se serrer plus le temps passe. Alors c'est ça, de ne rien contrôler. C'est ça, le vrai amour ? C'est avoir la sensation d'être vide, et de ne plus savoir vivre autrement qu'avec cette personne lorsque tout est fini ? Parce que si c'est ça, si l'amour est bien ce que je ressens à cet instant. Je me serais protégé un peu plus tôt de tout ça.
**
- Et tu compte faire quoi maintenant ?
Je hausse les épaules, le regard rivé vers ma boisson.
- La laisser tranquille, même si c'est la dernière chose que je veux je crois que je suis obligé d'accepter ce qu'elle me demande
Je joue nerveusement avec la paille de mon smoothie, malgré la nuit qui s'est écoulée depuis la discussion que j'ai eu avec Luna, une question me taraude l'esprit.
- Gaston, je peux te poser une question ? Et soit honnête
- Ouais bien sûr, vas-y
- Tu pense que j'ai fait passer ma carrière avant Luna ?
Il se pince les lèvres, et se gratte la nuque. Quoi qu'il arrive, je sais qu'il sera franc même si la réponse me fera certainement mal, il me dira la vérité.
- Je pense que tu l'as beaucoup délaissé ces derniers temps, sans forcément le vouloir. Tu sais, je l'ai vu plusieurs fois t'attendre ici à une table et espérer que tu passe le pas de la porte du roller, mais tu étais constamment fourré dans les pattes de Bruno. Il faut la comprendre dans un sens, je crois qu'elle sentait un peu que tu l'abandonnais
Je passe mes mains dans mes cheveux en soupirant.
- Mais elle n'avait pas à te rabâcher sans cesse ce que tu faisais de mal aussi, vous êtes deux fautifs dans cette histoire. Peut-être qu'elle a pensé faire le bon choix en rompant, mais ça ne veut pas dire que c'était le meilleur
- Et alors ça veut dire quoi ? Si elle a prit cette décision, c'est peut-être qu'elle le voulait au fond
Je l'entends soupirer, tandis que mon regard s'attarde une nouvelle fois sur la boisson encore pleine. Je ne sais pas ce que je suis sensé faire, ou si même je dois essayer de la récupérer. Je suis perdu. C'est vraiment compliqué l'amour.
- Excusez-moi les gars, est-ce que vous avez vu Luna ?
Mon agacement se lit sur mon visage, lorsque la voix grinçante de Sebastian me parvient. Il tombe à pic lui aussi tiens.
- Non on l'a pas vu dis-je d'un ton un peu trop sec
Il ne semble pas se préoccuper de ma réponse, un grand sourire s'est dessiné sur ses lèvres, et après nous avoir salué il est partie dans une direction qui lui semblait précise. Je hausse les sourcils, mes doigts pianotent la table en bois sans but. Puis Gaston me donne un petit coup de coude, et m'indique quelque chose d'un mouvement de menton. Mes yeux tombent instantanément sur le grand brun, puis sur sa main posée délicatement sur les épaules de Luna.
- Ça veut dire que tu ne dois pas la laisser s'enfuir sous tes yeux
**
- Luna attends !
Sous son uniforme et ses longs cheveux bruns, elle continue sa marche d'un pas décidé.
- J'ai pas le temps Matteo, désolée
Je trottine jusqu'à elle en emboîtant son pas. Comme à son habitude elle semble dévariée, elle tente tant bien que mal de ranger ses livres dans son sac, tout en évitant les passants et en essayant de ne pas tomber. Cette image me fait doucement rire, et elle me lance un regard derrière son épaule.
- Je t'ai dit que je n'avais pas le temps, qu'est-ce que tu veux ?
- Te parler, est-ce que c'est possible ?
- Je suppose que tu ne vas pas vraiment me laisser le choix, alors vas-y
Elle remet convenablement son sac sur son épaule, dégage son visage des mèches qui s'étaient faites la malle et attend que j'entame la conversation.
- Je crois que cette séparation était une erreur
Un rire nerveux lui échappe.
- Et je peux savoir pourquoi ?
- Luna..on s'aime encore, je suis même prêt à faire des efforts pour que ça s'arrange s'il le faut
- Ça fait des semaines que tu me promets de faire des efforts concernant ta carrière Matteo, permets moi de douter
- Mais la c'est différent..
Elle s'arrête d'un seul coup, et me fait face les bras croisés contre sa poitrine.
- Pourquoi tu attends toujours que tout aille mal pour vouloir faire de vrais efforts Matteo !? La seule différence aujourd'hui c'est qu'on est plus ensemble, mais une personne ne change pas définitivement parce qu'elle s'est séparée. Et toi, tu es bien trop obnubilé par ta carrière pour changer ça
- Tu es bien plus importante que ma carrière Luna, c'est juste nouveau pour moi et j'ai du mal à gérer je soupire Qu'est-ce que je peux faire pour arranger ça ?
- J'en sais rien, mais la prochaine fois n'attends pas que je parte pour agir
Elle m'adresse un dernier regard, avant de tourner les talons et de s'enfuir loin de là. J'ai des milliers de questionnements, et je ne sais répondre à aucun d'entre eux. Je veux la récupérer, et je ferais les efforts qu'il faut, mais je doute savoir comment m'y prendre cette fois.
**
Après quelques jours passés à me marteler le cerveau de centaines de questions, j'ai fini par me dire que Gaston avait raison. Je ne dois pas la laisser partir sans rien faire, il faut simplement que je sache comment m'y prendre.
Avec le temps, j'ai compris que l'amour n'est pas seulement douloureux, il est aussi imprévisible. Il te tombe dessus sans prévenir, ou alors il part sans raison. Lui est incertain, mais les regards, eux, ne trompent pas. Luna et moi avons un lien, c'est comme ça, ça l'a toujours été. Il est là, il nous tient et nous ne sommes jamais arrivés à le briser. Nos regards s'aimantent même sans le vouloir, nos sourires s'accrochent l'un l'autre sans le chercher, et puis nos cœurs. Nos cœurs s'appartiennent à tout jamais. Même après une semaine sans se parler, elle continue à me regarder passer dans les couloirs du lycée, et je continue à la regarder patiner sans jamais me lasser.
Il faut se rendre à l'évidence, et je suis prêt à faire tous les efforts qu'il faut, on s'aime encore et ni elle ni moi ne voulons de cette séparation. Je refuse d'y croire.
- T'as prévu quelque chose ?
Je secoue la tête de gauche à droite face à la scène de l'open.
- Pas vraiment, j'espère juste qu'elle ne me laissera pas seul
Je vois mon meilleur ami froncer les sourcils face à mon aveu.
- Tu compte faire quoi ?
- Le moment est venu d'écouter notre dernier participant, on applaudit bien fort Matteo !
- Tu verras bien dis-je en adressant un clin d'œil à Gaston
Il me regarde, perdu, tandis que je me lève de ma chaise pour rejoindre Pedro au micro. Je lui souffle mes intentions à l'oreille, et il hoche la tête pour me faire comprendre que tout est bon pour lui et qu'il me laisse faire. Alors je prends mon courage à deux mains, attrape le micro et me place devant le public.
- Je ne vais pas chanter tout seul ce soir, j'ai écris cette chanson il y a quelques semaines et il n'y a qu'une seule personne qui peut m'accompagner
Pedro m'envoi un clin d'œil, comme pour m'encourager et je pose mon regard sur son visage au fond de la salle. Jim et Yam secouent son bras un grand sourire aux lèvres, tandis qu'elle attend patiemment que j'annonce le prénom de la personne en question.
- Toi, Luna
Des applaudissements retentissent, entre les cris de joie de ses amies. Elle leur fait les gros yeux, en leur disant qu'elle ne peut pas faire ça, et durant un instant, je perds espoir qu'elle monte avec moi sur scène. Je me mordille la lèvre nerveusement, et ne la lâche pas des yeux. Jusqu'à ce que j'aperçoive Gaston quitter sa chaise à son tour, il roule des yeux et alors que je pensais qu'il me sauverait de ma solitude, il se dirige vers Luna. Il pose ses mains sur ses épaules et la fait se lever, pour l'accompagner vers la scène. Pedro lui tend un micro, et les deux garçons la poussent à côté de moi.
- Merci de m'accompagner la livreuse je lui chuchote
Elle sourit au public, crispée.
- C'est pas comme si j'avais vraiment eu le choix
Je souris, et Pedro lance la musique.
No lo puedo evitar
Yo no te dejo de pensar
Y las noches son frías
Si tú no estas
No lo puedo entender
¿Cómo no te has dado cuenta?
Como te pienso no es normal
Pero tengo miedo de pensar
Que no te vayas a enamorar
Y que me digas que te olvide
Es complicado intentar
Quiero verte sonreír
Quiero verte junto a mí
No puedo, ya no quiero
No es fácil ocultar mis miedos
Quiero verte sonreír
Quiero verte junto a mí
No puedo, ya no quiero
No es fácil aceptar que no te tengo
Que no te tengo
Poco a poco pasa el tiempo
Y tienes muchos recuerdos que no te dejan olvidar
Que no dejan de lastimar
Pero yo te prometo
Junto a ti cumplir tus sueños
Y al despertar
Volverte a enamorar
Quiero verte sonreír
Quiero verte junto a mi
No puedo, ya no quiero
No es fácil ocultar mis miedos
Quiero verte sonreír
Quiero verte junto a mí
No puedo ya no quiero
No es fácil aceptar que no te tengo
Que no te tengo
Que no te tengo
Quiero verte sonreír
Oh no, oh no no
Eh, no puedo
Quiero verte sonreír
Quiero verte junto a mí
No puedo, ya no quiero
No es fácil aceptar que no te tengo
Que no te tengo
No es fácil aceptar que no te tengo
Uh uh uh
Que no te tengo
Que no te tengo
Que no te tengo
Parfois, je sais qu'il nous suffit seulement de quelques mots chantés pour nous rapprocher. La musique est plus forte que quelques mots, l'alchimie est là, puis on se dévore du regard. On se retrouve là sur scène, face à face, nos souffles mélangés et mon coeur qui bat au rythme du sien. Je crois qu'elle comprend ce que je veux lui dire lorsqu'elle me regarde, que je veux juste tout effacer et tout recommencer, en mieux. Et quand nos lèvres se frôlent enfin, elle comprend, à quel point je l'aime.
Parce que c'est ça aussi l'amour, comprendre l'autre sans parler.
~~
Fin.
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