Jodidamente


Le bruit des vagues, le vent frais qui souffle depuis la mer, tout ça me semble plus flou ce soir. Comme une brume qui envahit tout, me rendant aveugle et perdu. L'air salé me colle à la peau, mais je ne le sens même plus. Tout ce que j'ai en tête, c'est elle. Tout ce que je vois, c'est elle. Elle qui ne me parle plus de la même manière, elle qui m'échappe à chaque instant. J'aurais voulu lui dire tant de choses, mais j'ai laissé passer le temps, et maintenant, il est trop tard.

Il y a des moments dans la vie où tout semble se dérober sous tes pieds, où tu réalises que les choses n'ont jamais été aussi claires et floues à la fois. C'est ce qui se passe pour moi. Je suis là, sur cette plage, me demandant où tout a dérapé, me demandant pourquoi je n'ai pas eu le courage de lui dire ce que j'avais sur le cœur.

Je la vois encore, Luna, mon amie. Ou peut-être pas. Parce qu'en réalité, je ne suis plus sûr de ce que nous sommes l'un pour l'autre. Nous avons été amis, c'est ce qu'on s'est toujours dit. Mais à l'intérieur de moi, il y a cette certitude que ça n'a jamais été que de l'amitié. Cela a toujours été plus, mais nous avons décidé de jouer à ce jeu dangereux, de nous dire qu'il valait mieux laisser les choses en l'état, ne pas briser cette bulle.

Je sais ce qu'elle pense, je sais comment elle ressent tout ça. Et pourtant, je continue à me taire, je continue à la regarder, en silence, alors qu'elle parle d'autres hommes, alors qu'elle s'éloigne, alors que je suis là, presque paralysé par l'idée de la perdre définitivement.

Le premier pas avait été facile. On était jeunes, insouciants, et tout ce qui comptait, c'était le plaisir. Juste être là, ensemble. Rien de plus. Mais à un moment donné, tu sens que quelque chose change. Ce n'est plus juste de l'amitié. C'est plus fort, plus lourd, plus compliqué. Mais on a choisi de fermer les yeux, de faire comme si tout allait bien.

Je me souviens du premier baiser. Ce n'était pas prévu. C'était juste une impulsion, un moment où nos lèvres se sont effleurées sans y penser, juste parce que ça faisait du sens. Et puis, tout a dérapé. Nous avons continué à nous voir, à nous parler, à rire ensemble, mais il y avait toujours cette tension invisible. Ce n'était plus simplement être amis, c'était être proches de manière presque intolérable.

Et alors, ce qui s'est passé, c'est que je suis devenu fou d'elle. Fou de son regard, fou de son rire, fou de ses gestes. Chaque fois qu'elle me souriait, chaque fois qu'elle se penchait vers moi, je perdais un peu plus le contrôle. Mais je n'ai rien dit. J'ai joué le jeu. Je me suis dit que je devais la laisser prendre son temps, que si je lui montrais trop, ça allait tout gâcher.

Mais au fond, je savais que j'étais en train de perdre le contrôle de mes propres émotions.

Elle m'a dit qu'elle ne voulait pas que ça change. Que nous étions mieux ainsi, amis, et qu'il n'y avait rien d'autre. Mais je voyais dans ses yeux qu'elle mentait. Comme moi. Et quand elle a commencé à parler d'autres hommes, de ceux qui la faisaient sourire, de ceux qui la comprenaient, j'ai eu cette sensation insupportable dans la poitrine. J'ai essayé de ne rien dire. Mais à l'intérieur de moi, je voulais hurler. Je voulais qu'elle me remarque, qu'elle sache que c'était moi, que ça a toujours été moi. Mais je ne lui ai jamais dit. Pas une seule fois.

"Tu as peur d'être blessée," lui ai-je dis. Bien sûr, elle a peur. Elle ne veut pas que tout se brise, qu'on perde cette complicité, cette amitié fragile qu'on avait construite. Mais je sais aussi que j'ai peur. Peur de tout perdre. Peur de tout gâcher. Parce que ce que je ressens pour elle, ce n'est plus de l'amitié.

Et si elle me rejette ? Si tout ça la détruit ?

Alors je l'observe, je la regarde vivre sa vie, sourire à d'autres, parler d'autres hommes comme si c'était eux qui la comprenaient, eux qui la méritaient. Et je suis là, de l'autre côté, complètement figé, en train de me battre avec mes sentiments, de lutter pour ne pas exploser, pour ne pas tout lui dire et tout effacer d'un coup.

Et puis il y a ce moment où je perds le contrôle. Cette nuit-là, après une soirée où nous avons ri, dansé, partagé des histoires et des souvenirs. Elle était là, juste devant moi, si proche. Nos regards se sont croisés, et j'ai su, j'ai su que c'était le moment. C'était le moment où je ne pouvais plus faire semblant, où je ne pouvais plus nier ce que je ressentais.

Je me suis approché d'elle. Tout semblait se figer autour de nous. Il n'y avait plus rien d'autre, plus de bruit, plus de distractions. Juste elle et moi. Ses yeux brillaient sous les lumières tamisées. Je pouvais sentir son cœur battre à l'unisson avec le mien.

Mais je ne pouvais pas.

Je ne pouvais pas franchir ce pas, ce foutu pas qui changerait tout. J'ai essayé de me convaincre que ce n'était pas le bon moment. Que si elle me repoussait, ça détruirait tout. Mais au fond, je savais que je ne pouvais plus attendre.

Elle m'a regardé, sans comprendre, sans savoir où j'allais. Et c'est là que j'ai perdu le contrôle. Je l'ai embrassée. Pas comme un ami. Mais comme un homme qui aime une femme, comme un homme qui ne peut plus se retenir.

Elle s'est figée. Et puis, elle m'a repoussé. Elle m'a dit que ce n'était pas ce qu'elle voulait, qu'elle ne voulait pas tout gâcher. Que tout était mieux ainsi, que si on commençait à changer ce qu'on avait, on risquait de tout perdre. Et j'ai compris. Je l'ai compris. Mais je ne pouvais pas. Je n'ai pas pu m'arrêter là. Je suis devenu un fan d'elle, un fan du moindre de ses gestes, un fan du moindre de ses regards.

Et tout a dérapé, une fois de plus.

Ce n'était pas censé arriver. Ce n'était pas censé être comme ça. Mais la vérité, c'est que je n'ai jamais été prêt à la laisser partir. Et maintenant, je suis là, avec cette amertume dans la bouche, avec cette sensation de vide dans le cœur. Si elle veut que je parte, je partirai. Mais je sais que je ne serai jamais capable de m'éloigner complètement.

Parce que je suis tombé. Complètement. Et je n'ai plus aucun contrôle sur ce que je ressens.

Je m'excuse en silence, sans lui dire un mot, en espérant qu'un jour, elle me comprendra.
Mais, il est peut-être déjà trop tard.

~~

fin.

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