Douleur d'amour
« Je ne peux pas vivre sans toi. »
Cette phrase tourne en boucle dans mon esprit. Il venait de prononcer ces mots comme s'ils étaient évidents, ou bien qu'ils devaient l'être.
"Je ne peux pas vivre sans toi." m'a-t-il dit.
Si je n'avais pas un minimum de respect pour les gens se tenant devant moi, je lui aurais ri au visage sans la moindre compassion.
Autrefois, je buvais ses paroles, me noyant dans ses perles brunes. Je les ai tellement bues, j'ai tellement cru en lui, en nous, en notre destin et notre amour... Et pourtant, il m'a arraché le cœur comme un lâche. Il l'a pris avec une violence sans nom, l'écrasant entre ses deux mains tout en me regardant droit dans les yeux.
Il m'a trahie.
Trompée.
Sali.
Humiliée.
Les synonymes, il y en a une montagne à lui accorder, mais je n'ai pas envie de lui donner de mon temps pour en chercher d'autres.
Il a osé regarder mon père dans les yeux, avec un sourire éclatant, lui promettant pour sa fille mille et une merveilles.
Tu parles.
Mille et une emmerdes auraient été les mots justes.
Juste après ça, il m'a emmenée me balader sur la plage, sous une pluie d'étoiles, dans l'obscurité d'une douce nuit d'été. Le bruit des vagues en contrebas, le léger son de l'eau... Il m'a attrapé les joues, criant sur tous les toits du monde qu'il m'aimait. Que jamais des larmes ne couleraient sur mes pommettes rosies. Que jamais une once de tristesse ne se lirait dans mon regard émeraude.
Il m'a juré respect et fidélité.
Il m'a assuré à maintes reprises qu'il serait là pour me protéger. Qu'il en avait envie. Qu'il avait besoin de me savoir en sécurité.
Plus tard, il nous a imaginé un avenir ensemble.
Un appartement haussmannien en plein cœur de la capitale.
Ou une petite maison près de la plage au Mexique.
Plus un ou deux bambins qui courent de partout les années suivantes.
Il m'a vendu une vie future de rêve, avec un copain, fiancé et mari de rêve.
Un si gros songe que mon nuage a fini par éclater au-dessus de ma tête, me ramenant à la réalité plus vite que prévu.
Tout cela était bien trop irréel et parfait pour que ça dure une éternité.
C'était même voué à l'échec depuis le début.
Lui, sortant de nulle part avec son beau sourire enjôleur, ses boucles et ses fossettes. Son humour à deux balles et ses manières de monsieur parfait.
Cet homme est une illusion à lui seul.
Beau, drôle, romantique, attachant, et j'en passe.
Même vous, vous n'y croiriez pas. Et vous auriez raison.
Ce mec n'est pas et ne sera jamais celui qu'il laisse paraître aux yeux de tous.
Vous vous doutez bien que ce long monologue sur mon état d'esprit n'est pas une déclaration qui lui est destinée, mais plutôt le fond de mes pensées le concernant.
Toutes ses belles paroles n'étaient qu'un tissu de mensonges.
Il n'a tenu aucune de ses promesses. Même celles qu'il s'était faites à lui-même : respect et fidélité.
Oh non, vous ne rêvez pas.
Dès que j'ai eu le dos tourné, il s'est empressé d'aller en voir une autre, sans le moindre scrupule, rayant indéniablement le mot "respect" de son vocabulaire.
En vérité, il connaissait le pouvoir de son charme.
Il est séducteur.
Son physique l'y pousse énormément.
À tel point qu'il a précipité sa propre chute.
Un long saut en parachute... sans parachute.
Il s'en est mordu les doigts.
J'ai coupé tout contact avec lui.
Plus de réseaux.
Plus de messages.
Plus de visu sur ma vie.
Plus de signes.
Le néant total.
Je suis partie quatre mois pour me ressourcer.
Pour arrêter de me morfondre lorsque j'éteignais la lumière.
Pour cesser de broyer du noir à chaque misérable instant de ma vie.
Lorsque nos souvenirs refaisaient surface, lorsque son visage traversait mon esprit et que les larmes recommençaient à couler.
J'ai pris des taffes, trop de taffes, pour enfumer mon stress.
J'ai passé des nuits blanches à me remettre en question.
À relire nos messages.
À réécouter ses propres chansons, celles qu'il m'avait adressées.
Pourtant, ce mec ne valait pas que je me bousille les poumons au point de ne plus pouvoir respirer décemment.
Il ne méritait pas mes larmes non plus.
Ni mes nuits.
Ni mon temps.
Ni mon énergie.
Alors pourquoi je m'entêtais à le garder au chaud dans mon esprit ?
J'ai décidé de reprendre ma vie en main.
Je suis revenue à Buenos Aires, retrouvant mes amis à mon plus grand bonheur.
J'ai jeté mon dernier paquet de clopes.
Effacé ses musiques de mon téléphone.
Repris le cours de ma vie.
Tout allait beaucoup mieux.
J'avais l'impression que cette étape était incontournable après une rupture.
Après la tempête, arrive le beau temps.
Mais le beau temps n'a pas duré longtemps.
- Tu as très bien pu te passer de moi ces derniers mois, alors fais pareil toute ta vie.
- Tu me manques, Luna. J'ai été con, j'en suis conscient. C'est la plus grave erreur que j'ai jamais commise, mais jamais je n'arriverai à tourner la page.
Le voir se lamenter sur sa pseudo-souffrance devant moi me donnait la nausée.
Comment osait-il penser si égoïstement ?
Car lorsqu'il m'a trompée, c'est ma douleur et ma peine qui passaient en dernier.
C'est mon bonheur qui a été détruit.
C'est mon cœur qui a été trahi.
- J'en ai plus rien à foutre, Matteo, dis-je dans un souffle.
À une autre époque, j'aurais fondu en larmes.
Je me serais réfugiée dans les coins les plus sombres de mon esprit, m'injuriant de l'avoir devant moi et d'avoir cru en lui.
Mais j'avais bien trop souffert pour ça.
Il ne me faisait plus aucun effet.
J'étais vide, en fait.
Dépourvue de toute émotion possible à son égard.
Je m'en foutais de son état, de savoir s'il souffrait ou pas, s'il regrettait ou non son acte.
Peu m'importait.
J'avais réussi à avancer.
- Regarde-moi dans les yeux et dis-moi que tu ne ressens plus rien pour moi. Dis-moi que je ne te fais plus rien. Que tout est fini. Dis-moi que tu ne m'aimes plus, dit-il, vidé de toute énergie.
Un moment de silence s'installe.
Je le regarde intensément.
Une dernière fois, je me noie dans ses perles brunes.
Ses pupilles se voilent lorsque, dans mon regard, il comprend.
- Je ne t'aime plus, Matteo.
- Il n'y a rien à faire ? Je ne pourrai jamais réparer cette erreur ?
- Si, ton erreur, bien sûr que tu pourras la réparer.
Une lueur d'espoir éclate dans son regard.
- Mais pas mon cœur, Matteo.
- Luna, je t'aime, tu le sais, hein ? S'il te plaît, crois-moi, je te dis la vérité... Je t'aime de tout mon cœur.
- Matteo, je te crois. Mais je t'ai tellement cru que tu m'as brisé le cœur.
Son visage est devenu livide à la seconde où ces mots ont franchis la limite de mes lèvres. Il semblait vide, sans émotion, mais pourtant encore rempli de sentiments qui n'attendaient qu'une permission de sortie.
Je me revis quelques mois auparavant, encore pleine d'espoir et d'amour.
Peut-être qu'il regrette ses actes, qu'il s'en veut, que la culpabilité l'a rongée ne serait-ce qu'un court instant. Peut-être que je devrai lui donner sa chance, une chance de se rattraper et de me prouver les choses, mais je n'ai plus la force.
Alors souffre Matteo, pleure, culpabilise, énerve toi, fais ce que tu veux mais moi je n'ai plus le courage de te suivre une nouvelle fois. Je suis passée par bien trop d'épreuves pour arriver à t'oublier et à passer à autre chose en restant vivante et en bonne santé.
Alors, tu verras, ces mots ne sont que le début de ta souffrance, mais moi je ne céderai pas.
Fin.
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