Chambre 14
partie 1
Je viens tout juste de sortir de cette soirée, comme tous les 14 février, une soirée banale scintillante de rouge et de cœur un peu partout. Une soirée interminable où tout semblait être soigneusement orchestré, mais où rien ne m'a vraiment touchée. Ce genre de soirée où les couples échangent des sourires polis, tandis que moi, je me contentais de jouer mon rôle de célibataire observatrice.
Mais enfin, c'était terminé.
Je marche dans le couloir de l'hôtel, mes talons résonnant contre la moquette, mon esprit encore noyé par les conversations superficielles de la soirée. Je suis fatiguée, un peu lasse, mais un soupir de soulagement m'échappe en arrivant devant la porte de ma chambre.
Je fouille dans mon sac, sors la carte magnétique et l'insère dans la serrure.
Je pousse la porte et mes yeux tombent sur mon lit. Un bouquet de roses rouges éclatantes, accompagné d'un petit paquet joliment emballé et d'une carte posée juste à côté, trônent, là, juste sur mes draps.
Je suis à Paris seulement pour quelques jours, je ne flirte avec personne et je ne vois pas vraiment qui aurait pu me faire livrer ça un 14 février.
Je m'approche lentement du lit. Mes doigts touchèrent la carte. Je la retourne et lis à haute voix, comme pour m'assurer que ce n'était pas une hallucination.
« Pour toi, j'ai fait livrer ces cadeaux depuis la chambre 14. »
Je fronce les sourcils. La chambre 14 ? Elle devait être dans le couloir, et peut-être que ce bouquet est une surprise de saint-valentin, livrée à la mauvaise chambre.
Je pris le bouquet et le cadeau dans mes mains, avant de décider de ne pas perdre plus de temps à spéculer. Je sors à nouveau dans le couloir, traversant les portes des chambres silencieuses.
Je toque à la porte de la chambre 14. Le silence s'installe pendant quelques secondes avant qu'elle ne s'ouvre doucement.
Un homme se tient derrière, visiblement aussi surpris de me voir que je l'étais de lui.
J'ai l'impression que nous avons le même âge. Ses sourcils froncés, et ses cheveux en bataille semblent avoir été négligemment ébouriffés. Il doit faire une tête de plus que moi, sa chemise légèrement ouverte.
- Hum, je suis désolée de te déranger. Je tends les bras pour lui montrer les cadeaux. Je crois que tu t'es trompé de chambre.
Ses yeux tombent sur mes mains, puis remontent à mon visage.
Il se racle la gorge, se gratte la nuque et ouvre enfin la bouche.
- Non, je me suis pas trompé. dit-il comme distrait.
Je fronce les sourcils.
- Enfin, si reprend-il. J'ai demandé aux réceptionniste de les faire livrer dans une chambre mais, en effet, c'était pas la tienne.
- Alors, je te les rends. Je suppose que ça s'adressait à ta valentine, il n'est pas encore trop tard dis-je en riant.
Il hausse les épaules d'une manière nonchalante, puis s'adosse à l'encadrement de sa porte, les bras croisés.
- Si ça a atterri dans ta chambre, c'est peut-être un signe. Garde les
Je fronces les sourcils, confuse.
- Enfin certainement juste le signe que le réceptionniste s'est trompé.
- Oui, mais il aurait pu se tromper et atterrir dans la chambre d'une fille beaucoup moins canon.
J'explose de rire, étonnée de sa spontanéité.
Je le vois sourire à son tour.
- Il aurait pu, mais je ne suis pas ta valentine, alors, tiens, tes cadeaux dis-je en souriant.
- Tu voudrais ?
- De quoi ?
- Être ma valentine ?
Je souffle un rire.
- Sérieusement ?
Seulement, il me regarde sans ciller, son sourire aux coins des lèvres, et ses bras croisés sur son torse comme si ma question était bête.
- Je sors d'une soirée de saint valentin, franchement pas top, je veux juste aller me coucher.
- La saint valentin n'est toujours pas finie, alors on peut toujours rendre ta soirée plus palpitante
- Elle le sera, quand je serais dans mon lit.
- C'est une invitation ? me demande-il en riant.
Je ris à mon tour.
- Non sérieusement, tu voudrais pas rattraper cette soirée ?
- Qu'est-ce que tu proposes ?
Il hausse les épaules en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.
- Ce que tu veux
- Il va falloir être plus convaincant dis-je en riant. Et dis-moi, tu n'avais pas déjà une valentine ? dis-je en désignant les cadeaux des yeux.
- Elle a pas reçu les cadeaux, alors techniquement, non.
- Écoute, garde les cadeaux. Et si jamais tu changes d'avis et que l'envie te vient de changer ta soirée de saint valentin, viens toquer à ma porte dans 15 min, on remédiera à ça.
Il m'adresse un clin d'œil, un sourire en coin puis referme la porte de sa chambre.
**
Je me laisse tomber sur le canapé de ma chambre, les cadeaux toujours à mes pieds. Mon cœur bat un peu plus fort que d'habitude, mais cette fois, c'est la fatigue qui me gagne. Je prends une grande inspiration, mon regard se posant sur la robe rouge que j'ai laissée négligemment sur le lit. L'idée de tout remettre en question me traverse, mais je me raisonne. Il a été direct, un peu trop même, mais... Je n'ai pas besoin de changer le cours de ma soirée. Ce n'est pas un hasard, pas une grande histoire à raconter.
Ce n'est qu'un garçon de plus, une rencontre éphémère. Rien de plus.
Je me défais de mon maquillage, retire mes talons, puis enfile un pyjama tout simple, confortable, léger. C'est tout ce dont j'ai besoin, surtout après cette soirée interminable. Je m'étale sur le lit, mon esprit vagabondant, un peu entre le sommeil et les pensées qui tournent encore autour de cette rencontre étrange. Je me force à fermer les yeux, mais l'envie de tout effacer et simplement m'endormir s'évapore chaque fois que je repense à sa question, à son sourire en coin. Comme si ce genre de soirée, même un peu folle, pouvait changer quelque chose.
Je me recroqueville sous la couverture et, alors que je commence à me détendre, un bruit sec retentit. Un coup à la porte. Mon cœur rate un battement, mais je me lève, un peu hésitante. Je n'attends personne, et il est bien trop tôt pour que ce soit le service d'étage.
Je tourne la poignée, et là, devant moi, il se tient, comme si de rien n'était. Il me fixe un instant avant de lâcher un petit rire.
- Tu penses vraiment passer ta Saint-Valentin en pyjama ? me demande-t-il d'une voix qui mêle amusement et curiosité.
- Ben, ouais, je crois
- Qu'est-ce que tu fais ici ? je lance une nouvelle fois.
Il hausse les épaules, les mains dans les poches.
- T'es pas venue toquer à ma porte, alors, moi je viens.
- Super, et du coup ? Si je suis pas venue c'est que j'avais pas envie, c'était aussi ça le deal
- Ouais, mais tu vois, je suis ton valentin pour la soirée, alors c'est moi qui décide.
Il me lance un regard appuyé, comme pour ajouter une touche de défi à sa déclaration.
Je le fixe quelques secondes, un mélange de confusion et d'amusement dans le regard.
- Ah d'accord, je vois. J'avais pas vraiment le choix en fait ?
- Exactement, alors vas renfiler ta robe, je vais te sortir de là.
Un rire nerveux m'échappe, mais j'y vois un certain éclat d'opportunité dans ses yeux. Peut-être qu'il a raison, après tout. Cette soirée, il n'y a que lui qui semble y prêter attention. C'est un pari sur l'instant, un défi de sortir de la routine imposée. Je le regarde, l'envie de céder grandissant.
Finalement, pourquoi pas ? Après tout, qui d'autre que lui pourrait me donner ce genre de soirée ? Un moment où l'on défie les attentes, les conventions, juste pour voir ce que ça fait.
Je soupire, me dirigeant vers le lit, prenant ma robe avec un sourire résigné.
- Bon ok, je vais me préparer. Reste dans le couloir, j'arrive.
Il hoche la tête en souriant puis referme la porte, le laissant disparaître dans le couloir de l'hôtel.
Je me change en hâte, enfilant à nouveau ma robe rouge. Elle semble maintenant avoir un tout autre sens. Peut-être qu'il y a une magie particulière à briser la monotonie de ce jour, à vivre quelque chose d'imprévu.
Je me maquille une seconde fois, puis renfile mes talons, laissé à l'abandon au pied de mon lit. J'attrape mon sac, et reviens vers lui.
Il me dévisage un instant, visiblement satisfait. Il sourit, l'air satisfait de son influence.
- Bon alors, avant de partir changer la direction artistique de cette soirée, est-ce que je peux au moins avoir le prénom de mon valentin ?
- Matteo, ton valentin d'un soir, enchanté me dit-il un souriant éclatant. Et toi ?
- Luna, ta valentine d'un soir, je suppose.
Il hoche la tête comme pour graver mon prénom dans son esprit, puis me fait signer de passer.
- Bien, maintenant que tu es prête. On y va, Luna.
Nous descendons ensemble dans le hall, hors de l'hôtel, comme deux inconnus décidant de faire une soirée de Saint-Valentin qui ne suit aucune règle. La ville semble presque se moquer de nous, elle continue de tourner comme si le monde se foutait de notre existence éphémère. Mais, pour une fois, je n'y prête pas attention.
Il me fait monter dans sa voiture, côté passager, et lorsqu'il s'installe derrière son volant, je me dis qu'il faut vraiment que j'arrête de faire confiance aux inconnus sous prétexte qu'ils sont beaux. Il pourrait juste me tuer ce soir, et c'est vrai que la saint valentin prendrait définitivement une toute autre tournure.
On roule à travers la capitale, sous les lumières et l'ambiance des amoureux dans l'air. Ce matin, je ne pensais pas vraiment que ma saint valentin se déroulerait avec un inconnu, qui m'a offert le cadeau de sa valentine par erreur.
Mais il faut croire que ça devait arriver.
- Dis-moi, on a précisé que tu devais assurer les frais de toute la soirée ? lui dis-je en me tournant vers lui. Comme je suis ta Valentine...
Il éclate de rire.
- On est en 2025, tu crois pas que ton discours est un peu arriéré ?
- Mmh non, c'est toi qui a voulu me tirer de ma chambre, donc, tu payes.
- J'ai oublié ma carte.
Je souffle un rire en tournant mon regard vers la route.
- Pas à moi cette excuse.
- T'es difficile en affaires rit-il.
- Ma compagnie a une saint valentin, se mérite, Matteo.
Au même moment, il gare sa voiture et nous sortons à l'unisson. Mes talons claquent sur les pavés, puis ferme la porte alors que Matteo apparaît devant moi. Il attrape mon sac, réouvre la porte et le jette sur le siège passager.
- Tu n'auras pas besoin de ça ce soir.
- Hein ?
- C'est moi qui paye non ? Alors, à part être ma valentine, tu n'as rien à faire.
Je lève les mains en guise de capitulation. Et il me fait signe de passer.
Nous atterrissons vite dans le jardin des tuileries, là où des stands de barbe à papa et de pommes d'amour envahissent nos narines. Il s'approche d'un d'entre eux et commande une de chaque puis me la tend.
- Vue l'heure, je suppose que tu as déjà mangé alors j'ai oublié le resto, mais il te reste une place pour une barbe à papa non ?
- Oui, j'avoue. Tu marques un point.
La soirée se poursuit dans ce jardin tranquille, entre rires et discussions légères, la chaleur du moment contrastant avec la brise froide de février qui effleure ma peau. Ce vent, frais mais doux, me rappelle qu'ici, ce soir, je fais confiance à un inconnu. Une confiance silencieuse, presque irréelle, et pourtant, tout autour de moi semble étonnamment léger, comme si le monde se faisait plus tendre, plus calme, juste pour nous deux.
Les lumières tamisées de la ville, qui commencent à se mêler à l'obscurité de la nuit, dessinent les contours parfaits de son visage. Il rit à une blague que je viens de faire, un éclat de rire qui résonne dans l'air, et chaque instant passé dans cet instant suspendu semble s'étirer dans une dimension parallèle. Comme si tout ce qui se passe ici n'était rien d'autre qu'un rêve, une scène sortie d'un livre, une histoire d'amour que l'on lit à voix basse. Et en même temps la situation s'y prête, j'ai choisi de lui faire confiance un soir de saint valentin, comme si nous sortions tout droit d'un roman d'amour.
Distraire par mes pensées, et en croquant un peu trop fort sur le sucre de ma pomme d'amour, elle tombe parterre. Littéralement.
Le bâton m'échappe, et ma pomme rouge s'écrase juste devant mes talons.
Matteo explose de rire en voyant la scène et ma mine mi choquée mi frustrée de ne pas l'avoir fini.
- Je ne payes pas les désagréments dit-il en riant.
- Tu es un pitoyable valentin dis-je faussement outrée.
- Peut être en tant que Valentin, mais en tant que Matteo, je suis parfait.
Je lève les yeux au ciel, en souriant.
- On a fini notre tour de toute façon, c'est pas grave lance-t-il en quittant le jardin.
À quelques mètres de la, il s'arrête devant des velib. Je le scrute un instant.
- Prends ton carrosse ma belle, notre virée dans paris n'est pas finie.
Je le regarde monter sur un vélo, et je me demande s'il se moque de moi. Je suis en talons, et puis on a une voiture.
- Matteo, je suis en talons.
- Ça tombe bien, les vélos ont un panier, mets les dedans.
Et comme de toute façon la soirée est déjà assez étrange comme ça, je hausse les épaules, et fais ce qu'il me dit.
- Tu peux m'expliquer où on va ? je crie en slalomant les voitures.
Le vent nous fouette le visage, et depuis que nous sommes partis, Matteo ne m'a absolument pas dit combien de temps je devrais encore pédaler à travers la ville, pieds nus.
- Tu verras, on en n'a pas pour longtemps ! crie-t-il à son tour.
En arrivant sur une route piétonne plus calme, il laisse échapper un cri de joie, lâchant son guidon et levant les bras vers le ciel comme un enfant qui aurait conquis le monde. Un éclat de rire, léger et libre, s'échappe de mes lèvres, et je me surprends à sourire sans raison apparente. Je souris simplement parce que cet inconnu, un parfait étranger pour qui le monde semble encore un terrain de jeu, est là, sur son vélo, en plein cœur de Paris. Le rythme effervescent de la ville se calme autour de nous, et tout prend une allure irréelle.
Quelques mètres plus loin, comme pour souligner sa déclaration, il abandonne son vélo, s'approchant de moi d'un pas déterminé. Il me fait un signe de tête, indiquant que notre destination est atteinte. Devant nous, la silhouette majestueuse de la Tour Eiffel s'élève, plus resplendissante que jamais, comme un phare d'acier qui brille dans la nuit. Ses lumières scintillent, comme des milliers d'étoiles qui se seraient posées sur elle, à la fois imposante et intime dans ce moment suspendu.
Je dépose mon vélo, renfile mes talons avec une petite grimace, et m'avance vers Matteo. Il s'est déjà dirigé vers le muret qui borde l'esplanade, et je le rejoins lentement, le regard plongé dans la silhouette imposante de la Tour Eiffel. L'air est frais, doux, presque magique, et tout autour de nous, les lumières de la ville brillent doucement. Nous sommes seuls, ou presque, dans ce petit coin de Paris où le monde semble s'être arrêté. L'espace est à nous, presque comme un secret, une découverte intime dans cette ville qui ne dort jamais. La Tour Eiffel se dresse devant nous, grandiose, chaque rayon de lumière lui donnant une nouvelle dimension, et tout dans l'air ici, à cet instant, semble parfait.
- Je ne me lasserai jamais de ce paysage dis-je le regard perdu vers ce monument.
- Tu n'es pas d'ici ?
- Non, je viens que de temps en temps et j'aime toujours autant certains paysages.
- Je comprends.
- Tu es d'ici toi ?
- Oui, j'ai du rendre mon appart il y a quelques jours et le propriétaire de celui dont j'ai fait une offre ne m'a pas répondu, alors je suis à l'hôtel pour quelques temps.
Je hoche la tête.
C'est aussi ça qui fait le charme de cette soirée : j'ai rencontré un parisien que je ne reverrai plus jamais de toute ma vie.
Derrière nous, un musicien commence une chanson. La musique du bar d'en face résonne et les bruits de la ville animées par ce jour spécial s'entrechoquent. Un brouhaha dans lequel une musique de Britney Spears s'échappe.
J'ouvre grand la bouche et Matteo semble me prendre pour une folle.
- Tu n'es pas fan de Britney ? je lui demande scandalisée.
- Euh...
Je ne lui laisse pas vraiment le temps de répondre.
- Sois mon paparazzi, britney n'attend pas.
Il rit et sort son téléphone bien plus sérieux que moi.
- Ben qu'est-ce que tu attends ? Défile, Britney.
Baby One More Time résonne et sous son regard sérieux, au milieu de cette nuit étrange, je laisse mon corps suivre le rythme. Dans ma robe rouge en soie, les jambes nues et les mains sur les hanches, mes escarpins me guident. Matteo se prête au jeu bien plus que ce que je n'aurais imaginé, le flash de son téléphone attaque ma rétine et lorsque je suis obligée de me cacher le visage avec une main, j'explose de rire.
- Pose, Luna par ici !
Je prends la pose devant son objectif, la Tour Eiffel se dressant majestueusement derrière moi. La lumière chaude de la soirée caresse ma peau, et l'air frais de la nuit se mêle à l'effervescence de la ville. Je sens la vibration de la musique encore dans mes veines, les dernières notes résonnant dans mon esprit alors que je maintiens mon regard fixe, la caméra capturant chaque détail.
Les gens autour de moi semblent s'effacer dans l'obscurité, comme une toile floue qui n'a plus d'importance. Tout est centré sur moi. Le décor, les lumières, les voix lointaines... tout converge vers cette image parfaite. Je me sens à ma place, presque détachée du monde, comme si cette scène m'appartenait entièrement.
La musique touche à sa fin, mais l'écho de la mélodie semble suspendu dans l'air, amplifiant l'instant. La brise légère fait frémir les tissus de ma robe, qui danse doucement autour de mes jambes. Je sais que chaque mouvement, chaque regard capturé sur cette pellicule va créer une image qu'on se souviendra longtemps. Mais plus que ça, je sens que mon rôle de star, même éphémère, est gravé en moi. Ce n'est pas juste l'instant qu'on immortalise, c'est moi, c'est cette version de moi qui brille sous les projecteurs.
Dans cette ambiance féerique de Paris, avec la Tour Eiffel comme témoin silencieux, je suis au centre de l'univers. Rien ne me semble plus important que cet instant précis.
~~
votre one shot de saint valentin est là !
et il y a plusieurs parties 🙂↔️
qu'imaginez vous pour la suite ?
n'hésitez pas à voter & commenter :)
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