Law x Niph | Christmas [ M ]

 Ceci est un OS dédié à AKAGAMI_D_Niphredil parce que j'ai été désigné comme son Secret Santa ! Je me suis dit, autant poster cet OS sur le recueil, c'est fait pour :)

Donc voici un Law x Niph ( l'oc de Niphredil)

  Male

4053 Mots


   — Demain c'est Noël.

   — Et ?

   Tu plissas les yeux en direction de ton capitaine, la mine renfrognée. Il semblait loin, très loin d'avoir saisi le message subliminal que tu tentais désespérément de lui faire passer. Quelque part, cette réaction de sa part ne t'étonnais même pas. Après tout, le tristement célèbre Trafalgar D. Water Law n'était pas du genre à porter attention aux jours de fêtes, et cela valait aussi pour Noël.

   Mais de ton côté, tu n'étais définitivement pas du même avis. Tu avais beau être un pirate, naviguer sur les mers, travailler sous les ordres d'un chirurgien psychopathe, voler des trésors, menacer un Empereur ou n'importe quelle folie de ce genre, Noël restait pour toi un évènement festif que tu affectionnais tout particulièrement. C'est pourquoi tu continuais à t'accrocher à l'espoir qu'aujourd'hui, tu arriverais à convaincre ton capitaine de fêter Noël ne serait-ce qu'une seule fois sur le Polar Tang. Ce qui, soit dit en passant, allait être une tâche difficile à réaliser compte tenu du fait que Law ne s'entichait jamais de banalités et d'absurdités pareilles.
  
   — Vous savez ce qui se passe le jour de Noël, pas vrai Captain ?

   Le tatoué haussa les épaules, le nez toujours enfoui dans les innombrables papiers qui traînaient sur son bureau. Il n'avait clairement pas la tête à s'engager dans une conversation, et le fait que tu sois venu le déranger en plein milieu de son travail l'irritait déjà bien assez.

   — Une fête ridicule où des imbéciles heureux dépensent inutilement leurs argents, tout ça dans le but d'offrir hypocritement des cadeaux à des personnes qui vont poliment l'accepter, n'osant pas dire que ce qu'ils viennent de recevoir est merdique et qu'ils ne vont même pas s'en servir pendant le restant de leur vie ? C'est de cette fête là dont tu me parles ?

   — ...Um.. je suppose ?

   — Et donc ? Où veux-tu en venir ?

   À en voir le ton qu'il prenait et la perspicacité sans faille dont il faisait habituellement preuve, il savait déjà où tu voulais en venir. Actuellement, Law attendait patiemment que tu lui avoues ce que tu projetais de faire, et au point où tu en étais, il n'était plus question de tourner autour du pot. Après une grande inspiration et un élan de courage, ces mots que tu rêvais de prononcer à voix haute passèrent enfin la barrière de tes lèvres.

   — Captain, j'espérais pouvoir fêter Noël demain avec tout l'équipage.

   Pour la première fois depuis votre interaction, Law stoppa ses gestes, sa main désormais en suspend au dessus d'une feuille qu'il s'apprêtait à récupérer. Cette réaction te fit difficilement avaler ta salive, et ta main se resserra un peu plus sur le sabre reposant sur ton épaule.

   Voilà, tu le savais, c'était une mauvaise idée. Rien que le fait de proposer quelque chose d'aussi stupide sonnait déjà comme un plan voué à l'échec. Pourtant tu le savais, tu l'avais déjà anticipé, tu avais passé la nuit entière à inventer des scénarios et à imaginer les issues possibles de cette future conversation, toutes finissant sur une note négative. Et pourtant, tu n'avais pas cessé d'y croire quand même. Mais à cet instant précis, alors que tu étais témoin de son soudain arrêt sur image, tu voyais ta chance et ton optimisme s'envoler par la fenêtre en levant leurs majeurs pour te faire un doigt d'honneur.

   Je savais que c'était stupide, bon sang. Bien sûr qu'il ne va jamais accepter !

   Fêter Noël ? Nous avons des priorités beaucoup plus importantes, pourquoi tu voudrais fêter Noël ? C'est une perte de temps, finit par répondre ton capitaine.

   Bon, au moins, c'est pas un non définitif. Je peux encore gagner cette bataille.

   — J'ai toujours apprécié Noël, c'est un événement important pour moi. Un peu comme une sorte de rituel. C'est pourquoi j'aimerais... avoir votre accord pour pouvoir le fêter comme il se doit.

   Un nouveau silence régna dans la pièce, et ton capitaine daigna enfin poser les yeux sur toi après cet échange verbal. Alors que tu te tenais encore debout en plein milieu de la pièce, ce regard d'acier qui, désormais, te transperçait et te sondait avec persistence sans une seule fois se détourner de ta silhouette, provoqua instantanément ce même effet sur toi. Encore et toujours.

   Depuis votre première rencontre, sa seule et unique présence n'avait jamais cessée de te faire réagir, et la plupart du temps, ces réactions étaient représentées par des regards qui fuyaient, une mâchoire qui se contractait, des épaules qui se crispaient et encore bien d'autres signes, dont la seule explication se traduisait par une nervosité due à tes sentiments inavoués pour ton capitaine.

   Tu ne lui avais jamais dit, et tu ne lui diras sûrement jamais. De un, tu pensais qu'une déclaration sortie de nulle part ne ferait que mettre des bâtons dans les roues de ton capitaine. En avouant tes sentiments, tu te mettrais en travers de son chemin et de ses aventures. Et de deux, il était loin de s'intéresser à tout ce qui touchait à la romance. Amour et Law ? Ces deux mots étaient en guerre, étaient rivaux, n'étaient pas fait pour être ensemble, n'étaient pas fait pour s'accorder, alors tu étais sûr de te faire rejeter même si tu avais le courage de te confesser.

   — Je n'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi c'est si important pour certaines personnes, de fêter Noël. C'est un jour comme un autre. Ni plus ni moins.

   Bien sûr. Comme à son habitude, ton capitaine raisonnait toujours par la logique, par ce qui était pratique, utile, et non futile. Tout ce qu'il entreprenait, c'était pour une raison, pour arriver à un but final. Rares étaient les fois où il agissait impulsivement ou par simple curiosité. Alors une fête de Noël, pour lui, et bien... c'était inutile. Ça ne servait à rien. Ça n'avait pas de sens.

   Cependant, tu ne te laissas pas décourager par son manque évident d'enthousiasme. Après tout, il n'avait toujours pas dit non, n'est ce pas ? Tu savais te montrer persuasif et déterminé quand tu le voulais.

   — J'entends bien que pour vous, Noël n'est pas important et vous ne souhaitez pas y mettre un quelconque effort, alors je vous propose ceci : vous me donnez votre accord pour fêter Noël et je m'occuperai de tout. Vous n'aurez rien à faire. J'en donne ma parole.

   Alors que tu observais sa réaction pour savoir si cette deuxième option lui convenait, une lueur d'espoir commença à réapparaître quand il sembla considérer cette nouvelle option, son index et son pouce frottant silencieusement sa barbe alors qu'il était en pleine réflexion. Il se pinça l'arête du nez et tourna sa tête en direction du plafond, les yeux fermés et un long soupir s'échappant de ses lèvres. Tu attendis patiemment son verdict sans oser le presser ou le déranger. Tu avais bien trop peur qu'il finisse par changer d'avis.

   Après ce qui sembla être une éternité, il posa enfin son regard sur toi. Ton corps se tendit à nouveau, mais à l'extérieur, ton visage n'exprima rien d'autre qu'une émotion neutre. Du moins, tu l'espérais.

   — C'est d'accord. Tu peux fêter Noël. Mais ne compte pas sur moi pour organiser quoi que ce soit, j'espère que c'est clair ?

   — Limpide ! tu répondis tout joyeux, alors qu'un petit sourire que tu ne pouvais pas contenir se frayait un chemin sur tes lèvres.

   — Bien. À présent je retourne travailler. Tu peux disposer.

   — Super !

   Tu sautillas presque à l'extérieur de la pièce avant de refermer la porte. Tu ne croyais même pas ça possible, Law qui avait accepté de fêter Noël. Rien ni personne ne pourrait plomber ton moral à l'heure actuelle, et de toute façon, tu ne pouvais que positiver en pensant à tous les préparatifs que tu auras le loisir de mettre en place pour la journée de demain. Vite, il n'y avait pas une minute à perdre ! Tu savais déjà par quoi tu allais commencer : la bûche de Noël. Sans plus attendre, tu fis ton chemin jusqu'à la cuisine du Polar Tang, prêt à exploiter tes talents en cuisine. Tu n'étais pas non plus un professionnel, mais tu te débrouillais assez bien. Disons que ton niveau égalisait celui de la moyenne, il te fallait juste suivre les instructions et le tour était joué.

   Quand tu arrivas enfin dans la cuisine, tu ouvris le frigo pour en ressortir les ingrédients nécessaires. Le livre de recette était ouvert à la page des bûches de Noël et était posé bien en évidence sur la table. À peine avais-tu commencé à lire les instructions que des pas s'approchèrent de la pièce, et bientôt, les deux petites têtes de Penguin et Shachi apparurent dans l'encadrement de celle-ci. Ils ne leurs fallut pas plus de cinq secondes pour se regrouper autour de toi, piqués au vif dans leur intérêt.

   — Niiiiph ? Qu'est ce que tu prépares de bon ? commença celui avec les lunettes.

   — Une bûche de Noël ?! Wow, c'est trop chouette ! J'avais totalement oublié que c'était demain !

   — Attention attention, j'ai la nouvelle du jour les gars ! dis-tu avec un grand sourire, ce qui piqua une fois de plus la curiosité de tes camarades.

   Ces derniers froncèrent les sourcils et t'encouragèrent à continuer.

   — Ouais, j'adore les nouvelles !

   — Dis nous en plus ! Est-ce que par hasard tu nous as trouvé des jolies filles avec qui on pourrait passer du temps ?!

   — Euh.. non. Non non, pas du tout. J'ai convaincu le capitaine de fêter Noël demain !

   Un ange passa. Puis deux. Puis trois. Puis un défilé tout entier. Shachi et Penguin clignèrent répétitivement des yeux, l'information essayant encore de parvenir jusqu'à leur moitié de neurone, avant qu'ils se mettent à te regarder, à se regarder entre eux, à te regarder à nouveau, à se regarder entre eux à nouveau, à te regarder une troisième fois, à se regarder entre eux une troisième fois, à te regarder une énième fois, à se regarder entre eux une énième fois, jusqu'à ce que tu en aies marre.

   — Bon, ok, wow, c'est cool, on arrive à se voir avec nos yeux, c'est bon maintenant ? On peut passer à autre chose ?

   — ... T'as convaincu le Captain de fêter Noël ?

   — ... Oui ?

   — ... Et il a pas protesté ?

   — Je dirais pas qu'il a protesté. Juste qu'il était pas trop partant au début, mais j'ai décidé de m'occuper de tout pour qu'il accepte ma proposition.

   — ... Le Nouveau Monde est vraiment un endroit effrayant.

   — Tu l'as dit mon pote...

   — Vous exagérez pas un peu les gars ? C'est vrai que moi aussi ça m'a étonné au départ, mais c'est pas non plus le miracle du siècle, fis-tu en soupirant.

   — Mais tu déconnes ?! Ça fait des années qu'on lui demande mais il a toujours refusé de le faire !

   — Carrément, il nous faisait toujours dégager de son bureau en nous foutant un coup de pied au derrière ! C'est carrément du favoritisme, la vie est injuste !

   — Du favoritisme ? Mais non, racontez pas n'importe quoi, c'est juste que j'ai réussi à trouver un bon arrangement. Au lieu de bouder dans votre coin, vous devriez pas plutôt l'annoncer au reste de l'équipage ?

   — T'as totalement raison, 'faut prévenir tout le monde ! Viens Shach' !

   — J'arrive Peng !

   Aïe aïe, ces deux-là. Tu ne savais pas quoi faire d'eux, bien que la vie sur le sous-marin était beaucoup plus rayonnante avec ces deux acolytes à tes côtés. De vrais clowns. Mais pas le temps de niaiser, tu avais des responsabilités désormais.

   Tu retroussas tes manches et commença la préparation de la bûche de Noël. Pour commencer, tu séparas les blancs des jeunes d'œufs puis fouettas les jaunes avec du sucre, ainsi que trois cuillères à soupe d'eau tiède pour le faire mousser. Peu à peu, tu rajoutas la farine et la levure, avant de monter les blancs d'œufs en neige pour les incorporer délicatement au mélange précédent. Une fois le four préchauffé à 180°C, tu étalas la pâte dans un moule long et plat recouvert d'un papier cuisson, avant de tout enfourner pour dix à quinze minutes. Pendant ce temps, tu essayas de t'occuper comme tu pouvais en parcourant le livre de recette du regard.

   Après les minutes enfin passées, à la sortie du four, tu posas un torchon propre humide sur le biscuit pour le démouler dessus et le rouler. Par la suite, tu tentas encore une fois de t'occuper, les instructions te précisant qu'il fallait laisser refroidir le tout. Enfin, tu brisas les tablettes de chocolat et les fit fondre au bain-marie, volant quelques carrés au passage. Lorsqu'il fut enfin fondu, tu ajoutas le beurre moue et tu mélangeas. L'étape suivante fut le déroulage du gâteau afin d'y étaler les deux tiers de chocolat, puis le nouveau roulage de celui-ci sur lui-même.

   Tu avais presque réalisé la dernière étape et même si le résultat n'était pas final, tu étais déjà fier de ce que tu avais fait. Pour te donner du courage dans la dernière ligne droite, tu commença à fredonner l'air d'une musique de Noël, précisément Jingle Bell, alors que tu recouvrais le biscuit du reste de chocolat.

   — Umi o watari~ kumo o koeteee~ Fune wa susumu~ yume no hou eee~

   Tu continuas à chantonner joyeusement avec un sourire innocent sur les lèvres, occupé à strier le dessus du biscuit avec une fourchette.

   — Tanoshii kao~ atsumete goran~ tadashii nakama no tsukuri kata sa~

   Emporté par la chanson et l'ambiance du moment, tu apportas la fourchette à tes lèvres pour mimer un micro et chanta à tue-tête :

   — Jingle Bell, Jingle Bell, Merry Christmas ! Kore ga konya no okurimono sa, Sing !

   Tes hanches bougeant désormais au rythme de la musique, tu performas comme si tu faisais ton propre concert au milieu de la cuisine, accompagné d'un faux public n'existant que dans ta tête. Pour rentrer encore plus dans ton personnage, tu fermas les yeux et essayas de t'imaginer la scène, acclamé par une foule d'admirateurs rêvant que tu leur signes des autographes. Tu te retournas, toujours en train de danser et chanter dans ton micro improvisé.

   — Jingle Bell, Jingle Bell, Happy New Year ! Owaranai uta kikoeru- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!

   Quand tu ouvris enfin les yeux et que tu tombas sur la silhouette de Law, bras croisé et dos calé contre les murs jaunes de la pièce, tu laissas échapper un cri de surprise et lâcha brusquement la cuillère que tu avais dans les mains. Celles-ci se posèrent automatiquement sur ton cœur qui battait à tout rompre, prêt à bondir hors de ta poitrine tellement ta cage thoracique ne pouvait pas supporter ce tambourinement violent soudain. Ta respiration était toujours aussi irrégulière et tu essayas de te calmer, ton cerveau prenant petit à petit conscience de la situation dans laquelle tu te trouvais.

   Oh.. oh non.. oh non non. Il m'a totalement vu danser et chanter ! C'est une blague ?? Pourquoi je l'ai pas entendu arriver ?!

   Tu risquas un petit coup d'œil en direction de ton capitaine, et ton cœur rata un autre battement quand tu le vis à la même place que tout à l'heure, ses lèvres décorées par un sourire en coin qui ne faisait que s'agrandir. La preuve que tu venais bien de te donner en spectacle devant lui, et qu'il n'en avait pas raté une miette. Ça avait même eu l'air de lui plaire, en réalité. Attend, il était totalement en train de se foutre de toi là, non ? Oh, cet enfoiré...

   Tu ne savais même plus où te mettre, tu étais tellement embarrassé. Tu n'avais même pas besoin de te placer devant un miroir pour comprendre que tes joues chauffantes présageaient des rougissements plus que conséquents.

   — Tu t'amuses bien à ce que je vois. Tu es sûr que c'est comme ça que tu arriveras à finir la bûche de Noël ? À moins que ça soit une nouvelle méthode dont j'ignore l'existence, on sait jamais.

   Oh, l'enfoiré 2.0. Tu n'aimais définitivement pas le ton taquin qu'il venait de prendre. Enfin, c'était un demi-mensonge. À la fois parce qu'il se moquait, et que c'était négatif, mais aussi parce que ce n'était pas méchant, et qu'il le faisait dans le seul but de te taquiner, alors ça te faisait de l'effet. Donc tu ne détestais pas totalement.

   Pour fuir son regard moqueur, tu récupéras la cuillère, te retourna, la passas sous l'eau pour la nettoyer et vaqua à nouveau à tes occupations, continuant les préparatifs de la bûche.

   — Pas du tout... je.. c'est um.. oui, en fait c'est ça, c'est une nouvelle méthode ? On dit bien qu'il faut parler aux plantes pour qu'elles grandissent ? Et bien moi je m'éclate avec la bûche de Noël.. pour qu'elle ait bon goût..

   — Mh, oui, bien sûr, c'est une méthode répandue, tout le monde sait ça, continua le tatoué d'un air toujours aussi narquois.

   — Oui, voilà, totalement... ça tombe bien, j'ai fini. Juste à mettre tout ça dans le réfrigérateur.

   Tu te dépêchas de finir la bûche pour t'enfuir de cette situation le plus vite possible. Hors de question de se torturer ici, sous le regard jugeur de ton capitaine et crush. Aussitôt dit aussitôt fait, tu plaças le tout à l'intérieur du grand rectangle blanc refroidissant les aliments, et te hâtas pour nettoyer les ustensiles et récipients que tu avais utilisés. Quand tu n'entendis plus de bruit, tu pensas que Law était enfin parti, c'est pourquoi tu risquas un petit coup d'œil par dessus ton épaule. Mais ta tête se retournas à nouveau bien vite en remarquant qu'il était toujours là bas, en train de t'observer, ses iris grises scrutant toujours tes moindres faits et gestes.

   Mais pourquoi il reste là bon sang ? Il a pas quelque chose à faire ? Ses papiers dans le bureau ?

   — Um, vous avez pas quelque chose à faire Captain ?

   — Non. J'ai terminé tout ce que j'avais à faire.

   — Super...

   — Pourquoi ? Je te dérange ?

   OUI.

   — Non, pas du tout.

   — Super.

   Un silence affreusement gênant – du moins de ton point de vue – prit à nouveau place. Seul le bruit de l'éponge qui grattait contre les couverts, les ustensiles et autres types de récipients résonnaient dans la pièce. Et seuls toi et ton capitaine étaient dans cette pièce, justement.

   Pourquoi ça met autant de temps à se nettoyer du chocolat ? L'univers me déteste, c'est pas possible autrement !

   C'était la crise. Mais, enfin, après ce dur labeur en compagnie d'un capitaine qui apparemment ne voulait plus quitter la cuisine, tu finis par y arriver. La vaisselle venait d'être nettoyée, les ingrédients étaient rangés et la bûche était préparée. Elle refroidissait dans le réfrigérateur, et il ne restera plus qu'à la ressortir le jour de Noël. Tu frottas tes mains ensemble, assez satisfait de ton travail. Tu passeras enfin à la célébration en compagnie de ton équipage le lendemain.

   Sans plus de cérémonie, tu te retournas, et croisas à nouveau le regard du chirurgien.

   OK. Je sais absolument pas ce qu'il veut. Il commence à me rendre nerveux.

   Tu essayas d'ignorer son comportement plus qu'étrange et te racla timidement la gorge avant de le dépasser pour quitter la pièce. Cependant, une large main s'encercla soudainement autour de ton poignet, t'empêchant de continuer plus loin dans ta course. Ton souffle se coupa et tu te laissas gentiment tirer en arrière sans chercher à te débattre, incapable de réagir. Qu'est-ce que tu pouvais bien y faire de toute façon ? OK, ton capitaine venait de te rattraper pour te ramener d'où tu venais, peut-être que c'était pour te parler d'une mission importante ? Pourquoi fuir après tout ? Partir en courant ferait de toi la personne suspicieuse.

   Quand tu fus enfin placé devant lui, tu risquas un coup d'œil dans sa direction en plantant tes pupilles dans les siennes. Enfin, seulement pour quelques secondes, parce que tenir son regard n'était pas chose aisée. Il avait vraiment le don de paraître intimidant, même sans essayer. Par moments, tu ne savais plus s'il le faisait exprès ou si c'était tout simplement naturel. Sûrement un savant mélange des deux.

   — Vous vouliez me parler, Captain ?

   — Mh. Ça me perturbe depuis tout à l'heure.

   — ... Comment ça ? Qu'est ce qui vous perturbe ?

   Il ne répondit rien et se contenta de fixer un point en particulier sur ton visage. Plus précisément, le coin de ta bouche. En t'aperçevant de ce constat, tu te sentis à nouveau piquer un fard, complètement tendu et immobile, n'osant pas bouger un seul petit doigt de pied. Ton arrêt sur image et la pulsation de ton rythme cardiaque empirèrent quand Law prit la liberté de prendre ton menton entre sa main droite, et d'incliner ta tête légèrement à gauche.

   — Niph, je sais pas si t'as remarqué mais... tu as du chocolat. Juste ici.

   — O... Oh... j'avais.. pas remarqué...

   — Mh. Tu devrais faire plus attention quand tu cuisines.

   Tu allais répondre quelque chose mais les mots moururent dans ta gorge quand le pouce de Law vint délicatement enlever le chocolat restant sur le coin de tes lèvres. Incrédule, ton regard suivit ce même pouce s'introduire dans la bouche de son propriétaire, qui le lécha éhontément en goûtant ta création de ce soir. Il sembla réfléchir quelques instants, les yeux dans le vide et sa main frottant sa barbe, alors que ton cerveau venait de quitter la terre et de voler en éclats. Aussi dévasté que la zone 51, actuellement.

   — Mh. Le chocolat a l'air bon. Mais si tu veux mon avis, Niph...

   Le chirurgien posa à nouveau sa main, sur ta joue cette fois. Ce geste sembla ramener un semblant de conscience dans ton corps et ton esprit, puisque tu relevas à nouveau les yeux vers lui, toujours aussi perturbé et choqué par ce qui venait de se passer. Ce rêve semblait beaucoup trop réel. Est-ce que tu étais encore dans ton lit, en train d'imaginer des scénarios ?

   — On ne peut pas vraiment reconnaître la qualité de quelque chose en ayant pris une aussi petite portion. J'aurais besoin de plus, tu vois ce que je veux dire, Niph ?

   Parce que, si c'était bien un autre de tes scénarios, alors tu pouvais te permettre des folies, te laisser aller ? Tout cela n'était pas réel, après tout. Alors... inutile de résister à la tentation ?

   — Il faut que je goûte une nouvelle fois. Tu sais que je suis perfectionniste et que j'aime que tout soit fait de manière professionnelle.

   Le pouce de Law se permit encore des folies, descendant jusqu'à tes lèvres avant de glisser à travers pour les entrouvrir. Ton souffle se fit irrégulier et tu le laissas faire sans rien dire, sans intervenir. Dire que ça ne te plaisait pas serait un énorme mensonge. Et puis, tu n'avais jamais fait un rêve aussi réaliste. Tu n'oserais jamais t'enfuir d'une fantaisie qui avait l'air aussi authentique.

   — Et parce que j'aime que tout soit parfait, je veux aussi que ce chocolat soit parfait. C'est pour ça que je me dévoue pleinement pour t'assister. Quel type de capitaine je serais, si je ne vérifiais pas après mon équipage ? finit-il par murmurer en rapprochant lentement son visage du tien.

   Avant que tu n'aies le temps de voir arriver quoi que ce soit, une langue inconnue glissa à travers la fine ouverture de tes lèvres, s'invitant généreusement dans ta bouche. Celle-ci rencontra vigoureusement la tienne, allant et venant, s'entourant fiévreusement en accélérant la cadence. Un mélange de saveurs à la fois sucré et amer roulait sur vos papilles gustatives, bénéficiant tous les deux d'un avant-goût du morceau de bûche que tu avais testé plus tôt. Law finit par se reculer, alors que tu t'accrochais désespérément à un meuble pour éviter que tes jambes devenues frêles te fassent tomber. Le tatoué sembla remuer sept fois sa langue dans sa bouche, avant de se remettre à parler.

   — Verdict : c'est un chocolat réussi.

   Il t'offrit un sourire. Pas un de ces sourires innocents, non, ces sourires en coin à la Trafalgar Law qui traduisait un côté fourbe, sadique, narquois, comme s'il savait très bien ce qu'il venait de faire et qu'il connaissait les effets que ce baiser produira sur toi plus tard, quand tu te rendras enfin compte que ce n'était pas un simple rêve.

   — Oh, et je ne sais pas si tu es au courant, mais il est déjà minuit. Ce qui veut dire qu'on est le 25. Alors... joyeux Noël, Niph.

   Et il te planta là, sans rien ajouter de plus, alors que tu étais en train d'agoniser debout en plein milieu de la cuisine.

   Quel chouette début de journée.



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