Dis-Moi (Zoro_Mugiwaras)

⚠ Basée sur la chanson "Dis-moi" de Laety !

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-Zoro-sempai...
-Hn ?
-Dis-moi, pourquoi on vit ?

En soupirant, Zoro baissa les yeux sur le jeune garçon à côté de lui. Le petit, âgé d'à peine sept ans, l'avait supplié de l'entraîner au sabre ce soir, alors que tous les autres élèves du dojo dormaient à point fermé. Il le regarda un instant, puis reposa à nouveau son regard sur l'immensité du ciel au-dessus de leurs têtes.

-On vit pour mourir.
-Alors dis-moi pourquoi on meurt ?
-On meurt pour vivre.
-Je ne comprends pas...
-On vit pour mourir, c'est pourquoi la mort est inévitable. Et si on meurt un jour, c'est pour nous forcer à vivre tant qu'on le peut encore.

Le jeune garçon fit la moue et resserra ses bras autour du sabre qu'il tenait fermement contre sa poitrine. Il commençait à avoir un peu froid.

-Je crois que je ne comprends rien à la vie.
-C'est compliqué.
-Je pense que je suis trop jeune.
-Je suis plus vieux, et je ne suis pas sûr de comprendre mieux que toi.

Il ricana et attrapa la bouteille de sake qui reposait à côté de lui. Il en but une bonne gorgée avant de la reposer, laissant échapper un soupir satisfait. Le garçon leva les yeux vers lui, et demanda tristement :

-Tu mourras un jour, sempai ?
-Oui. Comme tout le monde.
-Mais pas tout de suite, hein ? Tu vas encore nous apprendre des choses, n'est-ce pas ? Et tu vas réaliser ton rêve ?

A ce moment-là, Zoro aurait dû lui répondre que non, s'il voulait être honnête avec lui. Ou plutôt peut-être. Ce n'était pas certain. Il savait qu'il pouvait mourir avant de tenir sa promesse. Il savait que sa vie allait durer bien moins longtemps que celles des autres. Il ne s'en souciait pas vraiment à vrai dire. Qu'est-ce que ça pouvait faire si cette putain de maladie l'emportait aujourd'hui, ou demain ? Il n'avait pas le sentiment d'appartenir à quelque chose. Son rêve seul contrait son envie d'abréger ses souffrances. Voilà le seul truc auquel il pouvait s'accrocher. Alors quand la mort viendrait, il suivrait. C'était tout.

Mais ça, il ne pouvait pas le lui dire. Alors, en lui caressant doucement les cheveux, il lui répondit :

-Bien sûr.

Et ce fut, à son insu, son plus gros mensonge.

***

Le jour où Chopper décela sa maladie, il fut obligé d'avouer qu'il le savait déjà.

Il ne pouvait bien sûr pas savoir comment ils allaient réagir, mais en tout cas, il ne s'attendait pas à ça. Il y était allé simplement : "C'est une maladie incurable. Mon cœur lâchera un jour, quoi que je fasse. Jamais eu les moyens pour une transplantation. J'ai pas cherché. La mort arrivera un jour." Il voyait les choses ainsi, et ne voulait pas se prendre la tête. Ses nakamas n'étaient pas du même avis.

Ils lui avaient reproché son silence, avaient fais des suppositions ridicules, avaient beaucoup pleuré, et lui avaient demandé de ne plus se battre, tout du moins sans réfléchir. Il avait refusé avec force. Il s'était toujours battu sans que ça ne change jamais rien. Alors ça continuera à ne rien changer. Nami proposa d'utiliser un trésor subtilisé à des pirates pour payer la greffe. Ça le surpris de la part de la navigatrice. Mais c'était impossible. Aucun docteur ne sauvera la vie d'un pirate. À part Chopper, peut-être. Ou Law si Luffy le lui demandait. Mais Zoro ne voulait pas le cœur d'un autre. Il avait sa fierté.

Ça faisait maintenant trois ans que ses compagnons savaient tout ; et seulement un an qu'ils s'étaient retrouvés suite aux événements de Sabaody. Chaque personne qui lui posait des questions sur sa maladie s'exposait à ses regards les plus noirs et à ses réponses les plus cinglantes. Il ne voulait pas qu'on en parle. On ne lui laissait pas le choix.

-Dis-moi pourquoi on rit, Zoro.
-Tu le sais déjà, Capitaine.
-Je ne sais plus.

Zoro soupira ; il avait l'impression que la scène se rejouait : la nuit, la lune, les étoiles, et un gamin à ses côtés qui lui posait des questions. Il devait répondre, Luffy n'était pas patient.

-On rit pour ne pas pleurer.
-Alors dis-moi pourquoi on pleurt.
-Tu poses trop de questions.
-Pourquoi.
-Parce que si on ne pleurait pas, rire n'aurait pas d'utilité.

Une brise marine emmêla les mèches brunes sous le chapeau de paille. Zoro voulait les remettre mais ne fit rien. Luffy ne bougea pas non plus.

-Combien de temps...
-Ne finit pas ta question.
-Tu le sais ?
-On ne peut pas savoir.
-Tu sais moi ça me fait peur.

Zoro quitta l'étendue de l'océan pour poser son regard sur l'homme à côté de lui. Il ne le savait pas encore à cet instant, mais à partir de ce moment, Luffy ne quitterait plus son regard de la soirée.

-Tu n'as pas à avoir peur.
-Si. Tu sais, tous les matins en me levant, je me dis qu'il te reste 24 heures à vivre.
-Pourquoi ?
-Pour pouvoir me dire chaque jour : "Aujourd'hui, il sera encore avec moi."
-Ce n'était pas ma question.

Luffy hocha la tête. Il le savait. Mais il ne voulait pas répondre. Il n'avait pas le choix non plus.

-Je me sens coupable parce que si tu n'étais pas devenu un pirate, alors peut-être...
-Je serais mort.
-On ne peut pas savoir.
-Et on ne peut pas se baser sur des "peut-être".

Ils n'avaient plus rien dis après ça. Ils sentaient que la discussion ne mènerait à rien. Ils n'avaient pas le même avis. Et si Zoro ne devait pas passer 24 nouvelles heures avec ses amis, alors ils ne voulaient pas se disputer. Ils ne pouvaient pas finir l'aventure comme ça.

Ce qu'ils n'avaient pas prévu en revanche, c'était à quel point tout irait vite. Petit à petit, Zoro perdit certaines de ses capacités ; d'abord, il dut arrêter de s'entraîner, et de se battre. Puis, il ne fut plus capable de nager ou de courir sur une longue durée. Et parfois, il faisait des crises. Son cœur s'arrêtait, un temps, et repartait, ce qui lui faisait passer bien trop de temps à l'infirmerie à son goût.

Il voyait bien ce que ses amis en pensaient : il va mourir. Et ils souffraient tellement. Ils ne parvenaient pas à le cacher. Ils n'essayaient peut-être pas.
Au moins, ils ne le prenaient pas en pitié. Ils l'aidaient, s'efforçaient de contenir leur peur pour s'assurer qu'il allait bien. Ils pensaient peut-être qu'il ne voyait pas leurs larmes, et n'entendaient pas leurs cris. Il ne disait rien, jouait l'aveugle et sourd, se laissait faire pour ne pas les inquiéter plus, et même avec le Cook. Sanji aussi pleurait : en silence, en cuisinant, pour que le bruit cache celui de ses sanglots.

"J'me sens tellement seul, vous savez. J'me suis battu mais j'sais pas si j'peux continuer. J'me sens tellement mal vous savez. J'crois qu'la maladie va finir par m'rattraper."
Telles étaient les pensaient qui ne voulaient plus le quitter. Les pensées qu'il s'était juré de ne jamais dire à voix haute. Pas devant eux. Il voulait être fort pour eux. Depuis quand c'était pour eux ? Depuis qu'il les avait vu pleurer pour les résultats d'analyse de Chopper il y avait trois ans ? Non, encore avant ça. Mais il ne l'avait pas remarqué.

Et le moment vint.

En se réveillant au milieu de la nuit, il avait senti qu'il était temps. Comme il le savait ? Seulement une intuition. Alors il a appelé tout le monde. Il les voulait à ses côtés au moment de son dernier souffle. Il n'avait besoin que d'eux.

Il était allongé dans le lit de l'infirmerie. Luffy se tenait tout contre lui, sa tête reposant sur celle du sabreur qui était nichée au creux de son cou. Chopper et Nami étaient assis sur le lit, tout à bout. Usopp et Robin étaient debout à côté. Franky appuyé contre le mur, près de la porte. Brook se tenait dans un coin, pas trop éloigné. Et Sanji était derrière la navigatrice, ses mains sur ses épaules pour la rassurer par ses caresses.

Ils ne savaient pas trop quoi dire, ils ne voulaient pas parler de ce qu'il se passerait dans quelques minutes. Ou quelques secondes. À la place, ils faisaient des projets pour le lendemain. Ils devaient arriver sur une île. Une île réputée pour ses sources thermales. Ils voulaient y emmener Zoro dans l'espoir que ça lui fasse se sentir un peu mieux. Ils auraient tellement aimé pouvoir faire quelque chose, pouvoir repousser l'échéance, pouvoir le garder encore avec eux, même un tout petit peu.

En fait non, un petit peu n'aurait pas été assez.

Zoro se sentait de plus en plus fatigué. Il avait cruellement envie de fermer les yeux, mais il savait ce que ça impliquerait s'il le faisait. Il ne pouvait plus se battre. Il ne pouvait que se laisser aller. Laisser sa carapace se briser, et ses larmes coulées.

Un sanglot lui échappa, et ses amis se turent. Ils le regardèrent, un peu surpris. Le sabreur secoua la tête, serra les poings, tenta de se retenir. Les autres aussi essayaient, depuis le début, de ne pas pleurer. C'était si dur de faire comme si ça irait.

Et puis, Zoro craqua. C'était la première fois que ça lui arrivait, mais il n'était qu'un homme après tout. Il éclata en sanglots, et leva la tête vers son Capitaine, lui murmurant d'une voix tremblante :

-Luffy...j'y arrives plus...j'arrives plus à avancer...
-C'est pas grave Zoro...
-Je voulais pas vous le dire, j'voulais pas...
-On est là Zoro, tu n'es pas seul.

L'épéiste hocha la tête, et regarda un à un tous ses amis. Ils pleuraient tous. Ça faisait très mal de les voir ainsi. Encore plus mal que de se dire que sa vie allait bientôt se finir. Il regarda à nouveau Luffy, et avoua ce qu'il avait sur le cœur.

-J'ai tellement peur, Luffy. J'ai peur de mourir et...et j'ai peur qu'on m'oublie...
-On t'oubliera jamais Zoro ! Jamais, je te le jure !
-Comment tu peux croire qu'on le fera, pleura Nami. T'es notre ami !

Zoro lui sourit, mais ça lui fit mal, parce qu'il ne lui avait jamais sourit comme ça avant. Ce serait le seul qu'elle verrait, et c'était dommage ; il lui allait bien. Le jeune homme se glissa un peu plus sous les draps, et posa une main sur sa poitrine.

-J'ai l'impression...que j'arrives plus à respirer...
-Ça ira Zoro, dit Luffy d'une voix calme.
-Qu'est-ce qui ira ? Je vais mourir.
-

Ne le dis pas. Ça ira, parce qu'on sera là. On part pas, même si toi tu pars.

Zoro lui chuchota un remerciement, et se blottit contre lui. Ça ne lui ressemblait pas, mais à ce stade, pourquoi s'en soucier. Il fixa ses yeux sur ses mains, et parla assez fort mais calmement pour que tous ses compagnons puissent l'entendre.

-Quand j'repense à ma vie...j'avoue que je ne sais pas quoi en penser. Je réaliserai pas mon rêve...je me suis toujours battu pour ça. Est-ce que ça a servi à quelque chose tous ses efforts ? Est-ce que ma vie a vraiment eu un sens ? Est-ce que j'aurais pas dû faire autre chose ? J'aurais peut-être pu être heureux en faisant autre chose. Mais d'un autre côté, j'aime bien le bonheur que je ressens quand je suis avec vous. Est-ce qu'en faisant autre chose, je vous aurais rencontré quand même ? Je suis content de pas avoir couru le risque...

Il se sentit étonnement bien ; cela lui fit se demander si c'était ce que l'on ressentait en mourant. Sans doute que oui.

-Je sens que j'vais partir.
-Oh mon dieu...

Nami avait laissé échapper ces mots. Zoro soupira calmement, et lui adressa un doux regard se voulant rassurant.

-Je vais sans doute pas m'envoler vers le paradis. J'espère que vous non plus, comme ça on se reverra.
-Si tu te perds en route, rit Sanji, on arrivera peut-être en même temps.
-Si les couloirs de la mort se ressemblent tous...

Quelqu'uns parvinrent à en rire. Ça faisait un petit peu de bien, mais aussi un peu mal. Zoro pencha sa tête en arrière, et la tourna vers son Capitaine, toujours à côté de lui.

-Luffy, tiens-moi la main.

Luffy hocha la tête et entrelaça leurs doigts avec tendresse. Il plongea son regard dans celui de son ami, qui l'observa attentivement pour imprimer son visage. Le dernier qu'il voulait voir avant de mourir.

-Je m'endors, Capitaine. Alors serre-moi la main et parle-moi.
-D'accord. Que veux-tu que je te dise ?
-Dis-moi ce qui t'attends tout là-bas, à l'autre bout du monde.
-Tout là-bas...il y a le One Piece. Il y a des îles plus belles que dans nos rêves. Il y a des trésors et...et des aventures incroyables...tout là-bas...

Les larmes dévalèrent ses joues, l'empêchant de poursuivre. Il essaya de se reprendre, mais c'était difficile.

-Dis-le-moi, chuchota Zoro.
-Tout là-bas...il y a nos rêves...et le tien aussi. Il y a Mihawk qui t'attend...et qui...ne te verra jamais...

Doucement, les yeux de Zoro se fermèrent, et son pouls ralentit. Le cœur de Luffy manqua un battement, et brusquement, il se redressa et se plaça à califourchon sur lui. Il pleura sans retenue et le frappa du poing sur le torse, son autre main serrant toujours fermement celle de son second. Ses amis tentèrent de le retenir, de le calmer, mais ils savaient d'avance qu'ils n'y arriveraient pas. Qu'il souffrait trop pour s'arrêter.

-Pourquoi Zoro ?! Pourquoi tu ne viens pas avec moi ?! Pourquoi tu me laisses maintenant, tu m'avais promis de m'accompagner !
-Luffy, pleurnicha Usopp. Zoro est...il est...
-Je veux pas ! Sans toi, moi je n'veux pas ! Je n'veux pas ! Je n'veux pas aller là-bas !

Subitement, il cessa de donner des coups, et se laissa tomber sur le corps de Zoro. Il serra sa main plus fort et se nicha au creux de son cou pour pleurer.

Zoro s'est éteint.

Chopper courut se blottir contre lui à son tour, laissant son cœur hurlé de douleur. Tous les autres se joignirent à l'étreinte les uns après les autres, blessés et apeurés. Et ils restèrent là des heures à pleurer leur camarade perdu.

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J'ai adoré l'écrire, parce que j'aime beaucoup cette chanson. Allez l'écouter si ce n'est déjà fais.

Ouais j'ai encore tué Zoro, désolée...

Les phrases en gras sont les paroles de la chanson. Quelques unes ont été modifiées pour coller au texte.

J'espère que ça vous a plu ! J'ai essayé de mettre vraiment tous les Mugiwaras, pas juste Luffy, même si bon j'ai pas où m'empêcher de le mettre plus.

N'hésitez pas à laisser votre avis en commentaire !

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