Cicatrices (Zoro)

On pense connaître quelqu'un simplement en le regardant attentivement. On apprendra beaucoup sur moi de cette façon.

Je m'entraîne énormément, tous les jours, et ça se voit à mes muscles. Je me bats et je n'ai pas peur des conséquences physiques, ça se voit à mes cicatrices. On ne connaît pas l'histoire derrière, mais j'avance comme si elles n'étaient pas là, même quand elles sont toutes fraîches. Si j'ai du sang au coin de la bouche, je n'en suis que plus terrifiant, mais mon regard à lui seul en a fait trembler plus d'un.

À ma posture, à mon ton de voix et à mon regard, on sait qu'il ne faut pas se frotter à moi, que je suis un dur à cuire. On cherche le souvenir derrière mes marques, on ne se doute pas de la profondeur de l'histoire qui se cache. Je pourrais la raconter, mais je ne suis pas comme ça. Je ne dis que le nécessaire à mon sujet, le reste ne regarde que moi.

Les gens pensent me connaître en un regard approfondi, et parfois ils cherchent plus loin. On s'aperçoit que je suis loyal, et que ça couplé avec l'honneur est ce qu'il y a de plus important à mes yeux. On apprend mon rêve, sans le comprendre forcément, et parfois on espère que j'y arriverai. On me voit m'entraîner, on découvre que je dors beaucoup la journée, et que j'ai un problème avec les rues qui changent de place et les indications peu précises. Mais je finis toujours par arriver là où je dois être.

Je sais que beaucoup diront me connaitre par cœur, sur le bout des doigts. Et peut-être qu'ils se rendront compte de la vérité : personne ne me connaît.
Ni mon sensei, ni mon équipage, ni même mon capitaine. Ils savent le minimum, ils savent ce que je veux montrer. Ils savent qui je suis, mais ils ne savent pas ce qu'il se passe sous mon armure. Une armure que j'ai forgée dans mon enfance, une armure que je ne briserai jamais pour qui que ce soit.

Sous l'armure, je suis un homme.

Je me suis dressé contre les ennemis et je me suis battu sans chercher à savoir : tu es contre moi, alors je t'éclate. Ça ne va pas plus loin.
Je suis tombé parfois, et je me suis relevé. Pour ma famille, pour mon rêve, pour le rêve de Luffy. J'ai progressé pour tout ça, mais que pensent les gens de ça ?

Roronoa Zoro ne se bat que pour lui-même. On ne pourra pas me forcer à me battre, et seul un ordre de mon capitaine me convaincra de me laisser faire. J'ai un rêve, et dans l'esprit de tout le monde, c'est pour lui que je me lève chaque matin, et que des cicatrices parsèment petit à petit mon corps.

Personne ne se doute des cicatrices qui sont à l'intérieur.

J'ai des démons, comme tous les hommes. Mais je ne les leur dirai jamais. Que penseront-ils de moi ? Que se diront-ils s'ils apprennent que j'ai des blessures dans mon cœur que je ne pourrais jamais panser ?

J'ai des regrets, c'est vrai. Je peux en citer : à Kokoyashi, je regrette de m'être laissé entraîné par l'action au lieu de chercher à sauver Usopp. Quand j'ai revu Saga, je regrette de ne pas avoir compris ce qui se passait au point d'en blesser mes amis. Contre Mihawk, je regrette d'avoir inquiété mon capitaine en me précipitant, bien que la réalité m'a frappé de la plus bénéfique des façons. Je regrette de ne pas avoir été en mesure de sauver mon équipage à Sabaody, tout comme je regrette de leur avoir causé du souci. Je regrette de ne pas avoir été présent quand Luffy avait le plus besoin de moi.

Ces regrets sont des cicatrices que je ne pensais pas porter un jour, mais elles sont là. Et elles sont plus blessantes que toutes les autres. Elles sont accrochées à des souvenirs dont la douleur est plus vive encore que l'absorption de toute la douleur et la fatigue de mon capitaine.

Je joue toujours les insensibles que rien n'atteint, et j'essaie de rester fort pour ceux qui comptent : je dois les protéger. Ils sont ma famille, mon moyen de parvenir à mon rêve, et les leurs sont devenus les miens sans que je ne m'en rende véritablement compte. Pourtant ce n'est pas grave. L'important est que je reste debout pour eux, avec eux.

Je ne cache pas que des cicatrices au fond de moi, mais aussi un sentiment trop grand, qui pourrait être ma perte. Ça le sera sans doute, mais ça serait une belle fin. Une fin qui ne me déplairait pas, je suis préparé à mourir depuis longtemps.
Pourquoi je le cache, ce sentiment ? Je ne sais pas vraiment. Je préfère ne pas l'exprimer, ils n'ont pas besoin de le savoir. Peut-être l'ont-ils deviné ? Non, je ne pense pas. Ils n'y croiraient pas si on le leur disait.

Mais je les aime, ces abrutis de compagnon avec qui je voyage depuis des années. Je les aimes plus que toi, plus que moi, plus que la vie elle-même. Et je serai prêt au plus grand des sacrifices, à la plus grande douleur, à la plus énorme cicatrice juste pour que les sourires ne quittent pas leurs visages. Même avec ce Baka de cuistot du dimanche.

On pense me connaître en m'observant, d'un regard approfondi ou d'une analyse précise de mon caractère. Ce qui frappe le plus chez moi : mes cicatrices. Mais elles ne me dérangent pas.

Elles permettent de cacher celles qui sont dans mon cœur.

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