Call Me Maybe (ZoLu)

-Rayleight, s'il te plaît !

Le vieil homme poussa un soupire et accorda une sourire triste au jeune homme qu'il avait pris sous son aile depuis un mois et demi maintenant. Monkey D Luffy se remettait tout juste de ses blessures et du traumatisme causé par Marineford, mais il avait déjà commencé son entraînement, désireux de devenir plus fort.

Honnêtement, dire qu'il s'en était remis était en réalité un mensonge ; la perte d'Ace le faisait encore atrocement souffrir, et il l'entendait bien pleurer et gémir le soir, appelant son équipage et son défunt frère. Il avait besoin de réconfort, mais il ne pouvait pas retrouver ses camarades pour le moment. Il le savait. Et ce n'était pas l'objet de sa requête.

-Je ne te demanderai rien d'autre !

Non, Luffy n'était pas en train de le supplier de l'emmener rejoindre ses amis, mais ça avait bien un lien avec eux. Enfin, avec un homme en particulier. Et cela faisait une semaine qu'il faisait sa demande, et une semaine qu'il lui disait la même réponse.

-Ce n'est pas une bonne idée.
-Mais j'ai besoin de lui parler !
-Luffy, même si par chance j'arrivais à entrer en contact avec Mihawk, et qu'il acceptait de me répondre, je ne suis pas certain que parler avec Zoro par un simple den-den mushi soit une bonne chose.

Le petit brun fit la moue, et serra les poings.

-On ne se parlera pas longtemps...
-Penses-tu que tu seras capable de ne l'appeler qu'une fois jusqu'à vos retrouvailles, de ne pas lui parler beaucoup, et de te retenir d'aller le voir ?
-Oui !
-Et lui, il en sera capable ?
-Il le fera si je le lui demande.

Rayleight éclata de rire, et ouvrit la porte de chez lui, pénétrant à l'intérieur en faisant signe à Luffy de le suivre. Il prit son animal téléphonique, qui reposait sur la table, et le montra au jeune garçon.

-Tu as à ce point confiance en lui ?
-Oui.
-Et tout ça que tu veux, c'est entendre sa voix ?
-Oui, j'en ai besoin.
-Très bien.

Il plaça le den-den mushi dans ses mains et lui indiqua sa chambre du doigt.

-Tu peux aller là pour être tranquille.
-C'est vrai ?!
-Tu peux lui parler autant que tu veux, mais je te préviens : pendant ces deux ans, tu n'auras pas le droit à un autre appel téléphonique.
-Promis !

Il remercia son mentor d'un grand sourire, et courut s'enfermer dans la pièce indiquée. Rayleight soupira tristement et quitta la maison, voulant laisser Luffy seul avec son ami. Quoiqu'il devait y avoir plus entre eux.
Il était sceptique quant à l'effet de cet appel sur lui, mais sa réaction ne laissait pas de doute : il en avait vraiment besoin.

***

Zoro sortit de la salle de bain, nettoyé de toute la sueur perdue pensant sa séance d'entraînement quotidienne qui lui a laissé bon nombre de courbatures. Il ne prit pas la peine de saluer Perona lorsqu'il passa devant sa chambre, et il rejoignit la pièce principale où se trouvait Mihawk, assit dans son fauteuil et buvant un verre de vin. Ils s'accordèrent un signe de tête, et Zoro prit place en face de lui avec une bouteille de saké pour le ressourcer.

Soudain, le den-den mushi se mit à sonner, ce qui les surprit, puisque le noir ne recevait que peu d'appels. Il décrocha donc, espérant que cela finirait vite, et il écarquilla les yeux en reconnaissant la voix à l'autre bout du fil.

-Luffy au chapeau de paille.

Zoro se leva d'un bond à ce nom et s'approcha de lui. Son cœur battait si fort que Mihawk l'entendait, et cela lui rappela quelques semaines plus tôt, lorsque le jeune sabreur l'avait supplié de le prendre en apprentissage. C'était pour Luffy qu'il avait ainsi mit de côté son honneur ; ce gamin serait sa perte, un jour.

-C'est entendu, je te le passe. Je te charge de lui expliquer la situation.

Sans un mot de plus, il donna le téléphone à Zoro, qui le remercia rapidement avant de s'enfuir dans sa chambre. Encore une fois, il ne salua pas Perona, mais elle devina rapidement qu'il avait quelqu'un d'important au bout du fil, et qu'il valait mieux ne pas le déranger.

Zoro ferma la porte derrière lui, et il s'assit sur le lit, posant l'escargot devant lui, le combiné bien en main. Il inspira un bon coup, et l'approcha de ses lèvres.

-Luffy...
-Zoro ! Oh c'est toi, Zoro !
-Oui, c'est moi. Est-ce que tu...hum...
-Je vais bien, et toi ?

Il n'était pas convaincue par ce "Je vais bien" trop faible à son goût, mais il ne dit rien, et répondit qu'il allait bien également.

-Oh Zoro, je suis si heureux de pouvoir t'entendre !
-Moi aussi, je ne m'attendais pas à ce que tu m'appelles.
-Je n'ai le droit qu'à un seul appel, mais Rayleight a été gentil de m'accorder le droit de te parler au moins une fois.
-Tu n'as qu'un appel...et tu m'appelles moi...

Il se sentit extrêmement fier de ça, mais en même temps, il avait une petite pensée pour les autres, qui auraient sans doute aimer avoir des nouvelles.

-Je négocierai pour envoyer des lettres aux autres.
-Tu vas finir par mener le vieux par le bout du nez.
-Shishishi, sans doute !

Un silence s'installa, qu'ils voulurent tous deux briser ; ils voulaient s'entendre, s'imaginer l'un en face de l'autre, penser aux lèvres de l'autre bougeant pour articuler des mots qui leurs faisaient tant de bien et tant de mal en même temps.

Finalement, c'est Luffy qui reprit.

-Tu me manques, Zoro. Tu me manques beaucoup.
-Toi aussi tu me manques. Je ne pensais pas ressentir ça un jour, mais j'ai envie de tous vous revoir au plus vite.
-On a bien changé depuis nos débuts, hein ?
-Ouais, c'est le cas de le dire.

Il ricana légèrement, ce qui fit battre le cœur de Luffy.

-Qu'est-ce que tu fais Zoro ?
-Je te parle, rien à part ça. Et toi ?
-Pareil, je suis content de ne pas t'avoir coupé dans quelque chose.
-Ça n'aurait pas été grave, vraiment.
-Tu t'entraînes ?
-Ouais, je dois devenir plus fort pour être à la hauteur du Seigneur des Pirates.

Il entendit le petit rire de Luffy, et imaginea quelques rougeurs apparaissant sur ses joues. Adorable. Mais maintenant qu'il l'avait au téléphone, il devait lui dire quelque chose, même s'il savait que ça n'entraînerait pas une discussion agréable.

-Luffy...
-Oui ?
-Toutes mes condoléances.

Pas besoin de préciser pour qui.

-J'aurais aimé être là pour toi. Si j'avais été assez fort, si j'avais pu rester à tes côtés...
-C'est pas ta faute, Zoro.
-Je te l'avais promis, mais je ne l'ai pas fais. J'ai osé te laisser seul dans un moment aussi horrible, et je te laisse encore seul aujourd'hui. Je m'en veux...

Il souffla ces derniers mots, incapable de les dire à voix haute. Luffy serra plus fort le combiné.

-Zoro...tu ne me quitteras pas, toi ?
-Jamais.
-Même si je suis un mauvais capitaine ?
-Tu ne l'es pas.
-Tu resteras toujours mon second, hein ?! Et mon amoureux aussi ?! Tu vivras, Zoro, n'est-ce pas ?!
-Je te le jure, Luffy.

Des larmes coulèrent sur les joues du brun, et Zoro entendit les tremblements dans sa voix.

-Je voudrais que tu sois là, Zoro ! Je...je veux te prendre dans mes bras, et que tu m'embrasses, et que...
-Eh Luffy, ça arrivera, je te le promets.
-Mais...mais je le veux maintenant ! J'ai besoin de toi, je...je...

Il eut un hoquet, et ses épaules se mirent à trembler à cause de ses sanglots.

-Zoro, je...
-Je sais que c'est très long, et que tu en as marre. Mais on va se retrouver, Luffy, dans moins de deux ans. Je viendrais en avance, si tu veux ! Et tu verras, je ne me perdrai pas !
-Tu y arriveras, tu crois ?
-J'y arriverai pour toi.

Il sourit en entendant Luffy renifler doucement, et il devina un petit sourire amusé sur ses lèvres.

-Zoro est trop bête, il se perdra forcément.
-Eh, je te prouverai que non ! On sera tous bien plus fort, et on pourra t'emmener jusqu'au One Piece. Tu pourras attendre jusque là ?

Un gémissement lui répondit, et il comprit que c'était un "Oui, je vais essayer".

-Tiens le coup, Luffy. Pense à tout ce qu'on fera quand on sera réunit. On va vivre plein d'aventures, on va découvrir beaucoup de choses extraordinaires, et on va bien rire. Pense à la nourriture du Cook et à tous ces jeux que tu feras avec Usopp et Chopper. Pense aux fêtes qu'on organisera, et aux musiques qu'on jouera. Pense à tout ça, et dis-toi que si tu veux le vivre à nouveau, alors tu dois devenir fort, et attendre patiemment que l'heure arrive. Comme ça, tu seras heureux et fier d'y être. Et nous, on retrouvera notre capitaine plus en forme que jamais.

Luffy hocha vivement la tête, et sécha ses larmes avec sa manche.

-D'accord Zoro, je vais y penser très fort.
-Je ferai pareil de mon côté. Ça nous aidera à tenir.
-Tu penseras à moi ?
-Je le fais déjà, qu'est-ce que tu crois ? Tu auras beaucoup à me raconter quand on se reverra.
-Toi aussi ! On va parler pendant des heures !
-Haha j'ai hâte.

Luffy prit alors une petite voix timide et pleine de sous-entendus dont il espérait qu'ils feraient rougir son second.

-Et, on se fera des bisous aussi ?
-Oui.
-Et des câlins ?
-Si tu veux.
-Et d'autres choses ?
-Eh...eh bien je suppose que o...oui...
-Shishishi !

Luffy se laissa tomber allonger sur le lit, une bouffée de bonheur l'envahissant. Il était heureux d'avoir pu parler à Zoro, mais il allait devoir raccrocher. Ça avait été bien trop court, et il aimerait pouvoir l'appeler tous les jours. Mais Zoro avait besoin de se concentrer, et lui aussi avait à faire. Il doit mettre fin à la conversation, et lui dire ce qu'il avait de plus important sur le cœur.

-Zoro, il va falloir que je raccroche.
-Ah, oui.
-Mais Zoro...
-Hum ?
-Je t'aime. Je t'aime fort, et de tout mon cœur. Et je t'aimerais encore dans deux ans, encore plus fort.

Le vert sourit, et il murmura sa réponse sans prendre la peine de cacher sa joie dans son ton.

-Je te répondrai à ce moment-là alors. Ça nous donne une bonne raison pour vite nous retrouver.

Luffy accepta en riant, et ils durent couper la communication. Le brun resta un moment avec le téléphone, avant de quitter la pièce.

Lorsqu'il rendit l'escargot à Rayleight, ce dernier guetta un signe de tristesse ou de déception, s'attendant presque à ce qu'il le supplie d'avoir droit à un autre appel. Mais Luffy déclara seulement :

-Zoro et moi avons promis de nous revoir dans deux ans. Il aura quelque chose à me dire. Je dois être fort pour ça.
-Eh bien, ne tardons pas dans ce cas.

En souriant, ils partirent en direction de la forêt, prêts à faire face au dur entraînement qui les attend. Luffy sait qu'il arrivera à tenir le coup, parce que la voix de Zoro est encrée en lui, et il pensera à tout le monde, et à tout ce qu'ils feront quand ils se renverront. Il hâte que ce jour arrive !

-Dit Rayleight, je peux envoyer des lettres ?
-Oh là là...

***

Rayleight termina son verre d'une traite, le regard posé sur Luffy, qui fixait la porte du bar depuis une heure déjà. Sa réaction était amusante, son excitation était si forte qu'on l'a voyait presque à l'œil nu.

-Luffy, tu sais qu'il est dix jours trop tôt pour qu'ils arrivent ? Je ne sais pas pourquoi tu as tenu à venir en avant d'ailleurs.
-Zoro a dis qu'il viendrait plus tôt, et qu'il ne se perdrait pas.

Le vieil homme haussa un sourcil, et éclata de rire.

-Quel sketch, vous alors ! Vous êtes si pressés que ça ?
-On s'aime.
-Ceci explique cela.

Luffy eut soudain envie d'aller aux toilettes, et il s'excusa rapidement avant de s'y précipiter. Rayleight eut juste le temps de commander un autre verre qu'il entendit s'ouvrir, dans son dos, les portes du bar. Il sourit jusqu'aux oreilles et se tourna vers le nouveau venu.

-Pile en avance, Monsieur Roronoa.
-J'avais rendez-vous.
-Tu t'es perdu ?
-Non, on m'a accompagné. Je ne voulais pas prendre le risque d'arriver le jour J.

Il accompagna sa remarque d'un sourire, remarque qui fit rire son interlocuteur.

-Il va être heureux de te voir, en tout cas.
-Luffy est là ?
-Il est aux toilettes, il devrait bientôt...
-ZOROOOOOOOOOO !!!

Un éclair noir bondit sur le sabreur, qui ayant l'habitude, enroula immédiatement ses bras autour du petit corps contre lui. Ils éclatèrent de rire et se serrèrent si fort qu'une personne normale serait morte étouffée dans l'étreinte.

-Zoro, tu es là ! Tu es venu en avance !
-Je te l'ai dis, Captain ! Tu m'as beaucoup manqué !
-Tu m'as manqué aussi !

Il se pencha vers lui pour l'embrasser, mais un doigt sur ses lèvres l'arrêta, et il jeta un regard d'incompréhension à son petit-ami. Le bretteur avait un sourire espiègle et une rare lumière de joie dans les yeux.

-Pas de baiser tout de suite.
-Mais on avait dis qu'on...
-J'ai quelque chose à te dire d'abord.

Il le reposa au sol, et lui prit les mains en plongeant ses yeux dans les siens.

-Luffy, je t'aime. Je t'aime fort, et de tout mon cœur. Et je t'aime encore plus fort, même deux ans après.

Le sourire sur les lèvres de Luffy fut le plus beau de tous, et Zoro fut triste de l'effacer lorsqu'il joignit enfin ses lèvres aux siennes. Enfin, presque triste.

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