Chapitre 1

La nuit était noire et silencieuse. Le vent soufflait assez bruyamment, et la pluie tapait fort contre les vitres.

Dans le salon d'une grande maison à Kamino, un corps masculin gisait sur le tapis rouge et brun. Le sang ne coulait pas, mais ses yeux grands ouverts, sa bouche entrouverte et sa peau froide témoignaient de son état : mort.

Un jeune homme de dix-sept ans vint dans la pièce, un bidon d'essence dans la main. Il avait des cheveux violets qui semblaient flotter au dessus de sa tête, et son visage était vraiment blasé. Il portait un sweat gris, un vieux pantalon délavé, et des gants gris. L'adolescent versa sur le corps sans vie le liquide brunâtre, avant de poser le bidon juste à côté du corps.

_ Que faisons-nous ensuite, monsieur ? Demanda-t-il d'une voix désintéressée en se tournant vers la cheminée.

Devant la cheminée, un homme de la trentaine observait le gamin faire, les bras croisés, une seringue dans la main. Il avait de long cheveux noirs, et un visage aussi blasé que le plus jeune. Il portait un costard élégant, et des gants blancs.

Il désigna une boîte d'allumettes, et ordonna simplement :

_ Fais un petit chemin de flammes avec les allumettes. De la cheminée au corps. Il doit y en avoir assez pour que les flammes se répandent.

_ Et vous ?

_ Je veux voir les progrès que tu as fait. Donc, c'est toi qui fais tout le boulot.

***

Il devait être 2h du matin. Dans un appartement, les deux hommes, debout au dessus d'une table, observaient les photos de personnes dans deux classeurs. Plusieurs croix étaient marquées sur la plupart des photos. Peu de photos n'étaient pas barrées, notamment la première photo de la page de gauche de chaque classeur.

Le gamin prit un marqueur noir, et marquait une croix sur une des photos.

_ Tu as fait du bon boulot, félicita le noiraud en refermant les classeurs.

_ Merci, monsieur, mais c'est vous qui m'aviez dit ce qu'il fallait faire.

_ Cependant, tu as su comment faire ce que je te demandais de faire.

_ Hum... merci, je suppose.

L'homme s'assit confortablement sur un fauteuil, et soupira. Il passa sa main sur son visage, exaspéré.

_ Tout va bien, monsieur ? S'inquiéta le violet en rangeant les classeurs.

_ Oui, oui, ne t'inquiète pas.

_ Vous êtes en manque, c'est ça ?

_ Ouais, sûrement.

_ Pourtant, c'est vous qui l'avez tué. Je n'ai fait que le ménage.

_ Je sais... Ce n'est peut-être pas suffisant...

Il se leva nonchalamment, puis se rapprocha de l'adolescent. Ce dernier recula un peu, gêné.

Mais à une distance peu raisonnable de lui, l'adulte releva son menton de ses doigts, sa main gauche dans la poche arrière de son pantalon. Il s'approcha lentement de son visage, et murmura :

_ J'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi.

_ Je... monsieur...

Le noiraud se rapprocha encore un peu plus de lui. Le violet stressa ; allait-il vraiment le faire ? Cette chose, ce geste qu'il rêvait depuis si longtemps de faire.

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Encore quelques centimètres...

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L'adulte sortit une petite liasse de billets de sa poche qu'il mit juste sous le nez de l'adolescent, surpris.

_ Je veux que tu me cherches un bon coup, Shinso, déclara le noiraud en posant les billets dans la paume du concerné avant de reculer, les mains dans les poches.

_ Ah... oui, compris... monsieur...

_ Merci.

Le violet serra la liasse de billet, légèrement déboussolé.

_ Dis-moi, Shinso, fit l'adulte en se tournant vers lui. Tu pensais sérieusement que j'allais t'embrasser ?

_ Quoi ?! Euh... non, bien sûr !

L'homme émit un rictus, et lui dit :

_ Tu sais mieux mentir que ça, voyons !

Le dénommé Shinso rougit, et détourna le regard en se grattant la nuque.

_ Désolé, bredouilla-t-il.

_ Je ne t'en veux pas, Shinso. C'est moi qui suis désolé de ne pas partager tes sentiments.

_ Ce... ce n'est rien.

_ Donc, je veux que tu me cherches un bon coup, toujours au nom d'EraserHead. Tu connais la règle : une prostituée au masculin, et quelqu'un d'assez correct. Peu importe le lieu, ça me va. Pas un gros lard comme l'autre jour, s'il te plaît.

_ Bien, monsieur.

L'adulte se dirigea vers la salle de bain, et déclara :

_ Et si tu réussis, je te présenterais quelqu'un qui devrait être à ton goût. Peut-être que tes sentiments envers moi disparaîtront avec le temps.

_ Vraiment, monsieur ?

_ Oui. Sur ce, je vais prendre une douche.

_ B-bien. Que voulez-vous manger, monsieur ?

_ Ce que tu veux, ça me va.

_ Compris.

Sur ces mots, EraserHead partit à la douche. Shinso en profita pour faire de la ratatouille, ou plutôt pour essayer d'en faire. Éplucher et couper des légumes étaient plutôt simples, mais les faire revenir et pouvoir avoir une sauce convenable fut plus compliqué que prévu. Il était clair que manipuler une poêle, une spatule et une plaque chauffante était le comble de sa maladresse. Surtout qu'il était encore sous le choc du rapprochement physique avec son maître.

Car EraserHead, ou plutôt Shota Aizawa l'avait recueilli alors que son père venait de détruire sa famille, sous ses yeux : sa sœur avait péri sous les coups de son père, puis ce dernier a étranglé sa mère jusqu'à la mort. Ce soir-là, il avait fui de sa maison, ce tyran à ses trousses, et s'était retrouvé à errer dans des ruelles pendant des heures.

Et ce fut ce soir-là qu'Aizawa l'avait recueilli. Ce soir où Shinso avait assisté à un autre meurtre, sous ses yeux pour la troisième fois en quelques heures.

Ce soir où un homme blasé en costard avait pointé son arme à feu devant son visage effrayé, dans le but de se débarrasser des potentiels témoins ; et l'adolescent reconnut l'arme : un silencieux, comme celui de son oncle. Ce soir où il aurait pu mourir, si son cœur ne s'était pas mis à battre illogiquement pour ce tueur. Ce soir où son véritable avenir avait pu commencer.

_ Apprenez-moi, je vous en supplie !

Ces mots étaient sortis de sa bouche inconsciemment, ce jour-là. Il voulait faire payer son père. Il voulait venger sa famille. Et de toute façon, son père en avait après lui à présent.

_ T'apprendre quoi ? Lui avait répondu l'homme sans rien laisser paraître.

_ À tuer ! Comme vous !

_ Pourquoi ?

_ Je veux tuer mon père ! Je veux qu'il paye pour ses actes ! Je veux venger ma famille !

Le temps qu'il ressasse son passé, Shinso n'avait pas remarqué que le plat qu'il ne cessait de remuer commençait à noircir. Mais lorsqu'il sentit enfin l'odeur du brûlé, il jura à voix haute et s'empressa d'éteindre la plaque. Il goûta son chef d'œuvre : c'était définitivement mauvais. Il ne pouvait pas faire manger ça à son maître.

_ Tu es vraiment nul en cuisine, commenta Aizawa qui apparut derrière lui, le faisant sursauter.

Il était vêtu d'un tee-shirt ample et d'un jogging noir, et ses cheveux étaient attachés ; c'était ainsi que Shinso le trouvait plus beau, clairement.

_ Au lieu de me fixer, va prendre une douche, ordonna-t-il en lui prenant la spatule des mains. Je m'occupe du repas.

_ Euh, oui, monsieur. Excusez-moi.

_ Vite, avant que je te laisse le choix entre ton plat et mes compotes.

Shinso sourit, puis partit prendre sa douche à son tour. Sous l'eau, il repensa à ce fameux soir.

_ Je ne prends pas de gamin, lui avait répondu l'homme face à lui, ce soir-là.

_ Je vous en supplie ! Laissez-moi une chance !

Il avait réfléchi longuement, avant de tirer une balle frôlant de très près l'oreille de l'adolescent en guise de menace, et de répondre :

_ À la moindre erreur, je te tue.

_ Promis !

Cela faisait maintenant trois ans qu'Hitoshi Shinso était devenu l'apprenti, mais aussi l'associé de Shota Aizawa, assassin professionnel. Cela faisait trois ans qu'ils faisaient payer les personnes qui les avaient malmené durant leur vie. Et leur cible à chacun était leur père respectif.

Ces pères qui n'ont pas été capable de s'occuper de leurs enfants, de leur famille, qui ont même fait tout le contraire. Ces pères qui devaient payer pour leurs actes. Et même la souffrance la plus horrible de ce monde ne serait pas suffisante pour les punir. Pas même la mort.

___

[1 355 mots]

Je n'ai pas pour habitude d'écrire un petit mot post chapitre, mais là, je me dois de le faire, et de vous expliquer certaines choses.

Je crois que vous avez assez bien cerné les sentiments de Shinso à l'égard de Shota, et je peux vous le dire clairement : je me vois, je me reflète en lui.

Il y a cinq ans, je suis tombée amoureuse non pas d'un, mais d'une professeure : ma prof de physique, et prof principale de l'époque. Ce n'est pas un simple coup de foudre ou un simple crush, c'est vraiment l'aimer. Je le sais pour être tombée amoureuse d'un gars en primaire. Et que je l'aime encore aujourd'hui.

Aimer quelqu'un alors qu'on sait que cette relation est tout bonnement impossible est irrationnel, et ce, pour plusieurs raisons : elle a 36 ans, j'en ai 17, bientôt 18 ; elle est mariée, et a deux enfants en plus. J'ai souffert pendant longtemps, surtout que je n'ai jamais rien dit à personne de ça. J'ai mis du temps à accepter ces sentiments, beaucoup de temps même. Et honnêtement, je n'assume pas du tout. En plus, j'avais 11 ans quand c'est arrivé, ce qui veut dire que j'étais encore immature, et j'avais des fantasmes tous aussi débiles qu'illogiques.

Je l'ai eu une seconde fois en prof principale l'an dernier. Et on s'est rapprochées au sens amicale. Elle m'apprécie beaucoup, et elle sait que je l'aime beaucoup, pour lui avoir confié pas mal de mes problèmes et de mon stress ; mais elle ne sait pas que je l'aime comme je le pense moi, et elle n'en saura sûrement jamais rien. Tout simplement parce que je n'ai pas envie de dégrader notre relation actuelle, et que je voudrais rester en contact avec elle, même après la fin d'année.

J'ai eu de la chance d'avoir des amies en or, qui ne m'ont pas jugé sur les choix ridicules de mon foutu cœur. Elles s'amusent même à se foutre de moi parfois à la fin des cours de physique, surtout quand on a des contacts physiques 😅 (l'exemple dans Je t'aime... - Hizashi's story est une situation que j'ai réellement vécu, cette année même). Et je sais que, lorsque je quitterais le lycée, mes sentiments envers elle disparaîtront. Je le sais.

Si je vous dis ça, d'abord, je ne vous le souhaite pas. Clairement. Car aimer un de ses profs alors qu'on sait qu'une quelconque relation est quasi impossible est un sentiment horrible à ressentir, et c'est pire quand ce prof est du même sexe que soi.

Ensuite, le couple Aizawa × Izuku est un couple que je ship peut-être, certes, cependant, je ne l'approuve pas pour autant. Si je fais du Aizawa × Izuku, c'est d'abord parce que je me sens assez à l'aise d'en parler, de l'écrire, mais aussi et tout simplement parce que c'est et ça restera un fantasme. C'est tout.

Tout comme j'ai fantasmé cinq ans auparavant sur ma prof. Et que je me suis fait des histoires, que je dois assumer, et que j'aimerais écrire, en tant que jeune fille, non, jeune femme encore immature mais qui se doit d'assumer ses fantasmes. Et aussi, parce que je ne veux pas l'oublier. Je ne veux pas oublier ce monde parallèle dans lequel j'ai vécu durant ces cinq ans. Je ne veux pas oublier cette réalité.

Alors, à tous ceux qui lisent ça, et qui comptent écrire du Aizawa × Izuku, réfléchissez bien : vous devez y avoir réfléchit mûrement, notamment sur les conséquences sur la vision d'autrui, et ne surtout pas faire ça sur un coup de tête.

Peut-être que je vous dévoilerais un jour ce fantasme que j'ai eu depuis cinq ans, même si les débuts sont vraiment écrits... mal.

Voilà, c'est tout ce que je voulais vous dire. Et j'ai enfin trouvé le moment pour le faire. J'ai peur des réactions quand on apprend ce que j'ai fait. Cependant, si je veux grandir un minimum (je ne parle pas de ma taille, 1m42 pour presque 18 ans, mdr) je dois assumer cette partie de moi.

Je vous souhaite bonne lecture pour la suite.

Reality_Master 😊

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